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Toujours comme du sable écraser des corps d’hommes |
Toujours comme du sable écraser des corps d’hommes, |
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Toujours du sang jusqu’au poitrail ; |
:::Toujours du sang jusqu’au poitrail ; |
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Quinze ans son dur sabot, dans sa course rapide, |
Quinze ans son dur sabot, dans sa course rapide, |
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Broya les générations ; |
:::Broya les générations ; |
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Quinze ans elle passa, fumante, à toute bride, |
Quinze ans elle passa, fumante, à toute bride, |
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Sur le ventre des nations ; |
:::Sur le ventre des nations ; |
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Enfin, lasse d’aller sans finir sa carrière, |
Enfin, lasse d’aller sans finir sa carrière, |
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D’aller sans user son chemin, |
:::D’aller sans user son chemin, |
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De pétrir l’univers, et comme une poussière |
De pétrir l’univers, et comme une poussière |
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De soulever le genre humain ; |
:::De soulever le genre humain ; |
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Les jarrets épuisés, haletante et sans force, |
Les jarrets épuisés, haletante et sans force, |
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Près de fléchir a chaque pas, |
:::Près de fléchir a chaque pas, |
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Elle demanda grâce à son cavalier corse ; |
Elle demanda grâce à son cavalier corse ; |
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Mais, bourreau, tu n’écoutas pas ! |
:::Mais, bourreau, tu n’écoutas pas ! |
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Tu la pressas plus fort de ta cuisse nerveuse ; |
Tu la pressas plus fort de ta cuisse nerveuse ; |
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Pour étouffer ses cris ardents, |
:::Pour étouffer ses cris ardents, |
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Tu retournas le mors dans sa bouche baveuse, |
Tu retournas le mors dans sa bouche baveuse, |
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De fureur tu brisas ses dents ; |
:::De fureur tu brisas ses dents ; |
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Elle se releva : mais un jour de bataille, |
Elle se releva : mais un jour de bataille, |
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Ne pouvant plus mordre ses freins, |
:::Ne pouvant plus mordre ses freins, |
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Mourante, elle tomba sur un lit de mitraille |
Mourante, elle tomba sur un lit de mitraille |
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Et du coup te cassa les reins. |
:::Et du coup te cassa les reins. |
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{{droite|(''Iambes.'')}} |
{{droite|(''Iambes.'')}} |
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MICHEL-ANGE |
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Que ton visage est triste et ton front amaigri, |
Que ton visage est triste et ton front amaigri, |
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Sublime Michel-Ange, ô vieux tailleur de pierre |
Sublime Michel-Ange, ô vieux tailleur de pierre ! |
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Nulle larme jamais n’a mouillé ta paupière : |
Nulle larme jamais n’a mouillé ta paupière : |
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Comme Dante, on dirait que tu n’as jamais ri. |
Comme Dante, on dirait que tu n’as jamais ri. |
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Hélas ! |
Hélas ! d’un lait trop fort la Muse t’a nourri, |
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L’art fut ton seul amour et prit ta vie entière ; |
L’art fut ton seul amour et prit ta vie entière ; |
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Soixante ans tu courus une triple carrière |
Soixante ans tu courus une triple carrière |