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l’occident, conduit au port ; la troisième, au Sud, dite de la Marine, s’ouvre en face de l’étang de la ville. C’est à l’ouest de cette porte qu’on voit ces fameux anneaux de fer scellés dans le mur, un des principaux argumens invoqués pour affirmer qu’Aigues-Mortes était jadis au bord de la mer. Une dernière porte enfin, celle de la Reine, correspond à la Camargue du côté de l’est. Toutes ces portes sont en ogive; elles étaient munies de herses et sont surmontées de moucharabis ou flanquées de grosses tours accouplées, les unes rondes, les autres carrées. Quelques-unes, rondes en dehors, sont carrées en dedans. D’autres tours sont isolées, ne correspondent à aucune porte, mais occupent les angles ou commandent la ligne des courtines. Toutes sont munies d’échauguettes, surmontées de lanternons, et communiquent entre elles par un chemin de ronde qui fait le tour des remparts à la hauteur des créneaux. Les tours sont au nombre de seize, et quelques-unes renferment des corps de garde pour le logement des troupes : elles se terminent par une plate-forme d’où les soldats pouvaient observer et inquiéter l’assiégeant. La tour de Constance, la plus remarquable de toutes, et la seule qui ait été construite par saint Louis, correspond à l’angle coupé du parallélogramme des remparts : elle est séparée du corps de la place et communique avec elle par un étroit pont en pierre qui aboutit au château, converti depuis en caserne de douaniers. C’était la citadelle d’Aigues-Mortes, le dernier refuge de la garnison dans le cas où la ville eût été prise. Arrivant par le pont, l’assiégeant avait à enfoncer une lourde porte bardée de fer pendant que les assiégés l’accablaient de projectiles, ou versaient sur lui de l’huile et de l’eau bouillantes. La porte ouverte, elle fermait elle-même l’entrée de l’escalier tournant qui mène aux étages supérieurs. Si l’ennemi s’avançait, il se trouvait dans une grande salle circulaire de 10m,42 de diamètre, dominée par une galerie supérieure, également circulaire, d’où les défenseurs de la citadelle pouvaient l’accabler. Si l’assaillant essayait de monter l’escalier, il était toujours exposé aux coups de ses adversaires, et, parvenu dans la salle supérieure, un grand trou circulaire percé au milieu du plafond permettait encore aux défenseurs de la tour de l’écraser de projectiles de toute nature, et entre autres de gros boulets en pierre, dont quelques-uns ont été retrouvés. La plate-forme elle-même avait ses moyens défensifs. Rien ne donne mieux l’idée de ces luttes corps à corps des guerriers du moyen âge que toutes ces dispositions défensives contre un ennemi combattant avec la masse, l’épée et la flèche, et risquant sa vie pour l’ôter à son ennemi. On comprend quelle était alors la valeur de la force et du courage personnels, devenus des élémens secondaires dans les sièges modernes, où un ennemi invisible et hors de portée réduit une place