« Page:Revue des Deux Mondes - 1874 - tome 1.djvu/650 » : différence entre les versions

ThomasBot (discussion | contributions)
m Zoé: split
(Aucune différence)

Version du 6 mai 2011 à 05:33

Cette page n’a pas encore été corrigée

le reste de ses forces en arrière de la ville, sur les hauteurs du Geisberg, en ayant soin de maintenir ses communications par le Pigeonnier, qui était aussi occupé. A vrai dire, malgré toutes les précautions possibles, c’était une position des plus risquées, d’autant plus qu’après avoir laissé à Seltz le 16e bataillon de chasseurs et un bataillon du 50e de ligne, après avoir envoyé trois bataillons du 78e vers le Pigeonnier, le général Douay restait avec 4,900 hommes, trois batteries d’artillerie et la brigade de cavalerie du général de Septeuil, qui ne pouvait lui être guère utile dans un pays aussi accidenté. C’est dans ces conditions que quelques heures après son arrivée il allait être brusquement assailli dans son camp.

Premier et terrible choc de la guerre, qui n’était que la conséquence inévitable et la révélation émouvante d’une situation! Au moment même où le général Douay était envoyé à Wissembourg, le prince royal de son côté, ayant ses forces prêtes au jour fixé sous Landau, recevait l’ordre définitif d’attaquer, et il attaquait. Dès l’après-midi du 3 août, il avait pris ses dispositions. La division de Bothmer du IIe corps bavarois devait prendre la tête de la marche directe sur Wissembourg. Le Ve et le XIe corps prussiens étaient chargés de passer la Lauter au-dessous de Wissembourg, l’un à Altenstatt, l’autre au moulin de Bienwald. Les Wurtembergeois et les Badois, réunis sous le général de Werder, devaient s’avancer par la gauche sur Lauterbourg. Le résultat de ce mouvement était la bataille du 4. Avant huit heures du matin, les Bavarois, arrivant les premiers par les hauteurs de Schweigen, engageaient l’action par l’attaque de Wissembourg.

C’était, si l’on veut, une surprise au camp français, où l’on ne savait rien de l’ennemi. Le général Douay pouvait d’autant moins s’attendre à une si prompte irruption que dès les premières heures du jour il s’était fait éclairer jusqu’au-delà de la Lauter par deux escadrons de chasseurs qui n’avaient rien découvert. Si peu préparé qu’on fût, cependant la petite division française n’était pas tellement en défaut qu’elle ne reçût chaudement l’ennemi sans se laisser ébranler. Les Bavarois, repoussés à leur premier assaut, étaient obligés de se borner à canonner la ville en attendant l’arrivée du Ve et du XIe corps prussiens, qui bientôt entraient successivement en ligne par la Lauter, faisant face au Geisberg et menaçant de tourner la position. C’est dans cette première période de l’action, vers neuf heures et demie, que le général Douay, faisant simplement et bravement son devoir, était tué auprès d’une batterie de mitrailleuses sur le Geisberg, sur un mamelon couronné de trois peupliers qui se dessinent à l’horizon. Le commandement de l’action restait alors au général Pelle. Pendant cinq heures, cette division isolée, livrée à elle-même, bientôt assaillie de toutes parts, disputait