« Anthologie des poètes français contemporains/Louis Bouilhet » : différence entre les versions

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Louis Bouilhet a collaboré à la ''Revue de Paris'', etc.
 
Louis-Hyacinthe Bouilhet, né à Cany (Seine-Inférieure) le 27 mai 1822, mort à Rouen le 18 juillet 1869, était fils d’un médecin des armées de l’Empire qui fut chef des ambulances dans la campagne de 1812, passa la Bérézina à la nage en portant sur sa tête la caisse du régiment, et mourut jeune par suite de ses blessures. Après de brillantes études classiques au collège de Rouen, Louis Bouilhet fut l’un des internes du père de Gustave Flaubert, auquel le lia de bonne heure une amitié fraternelle, mais il renonça bientôt à la chirurgie pour donner des répétitions de grec et de latin, qui lui laissaient le loisir de se livrer aux lettres. L’éclatant succès de ''Melaenis'', publiée par la ''Revue de Paris'', puis tirée à part (1851), signala son début dans la nouvelle carrière qu’il s’était choisie, « et révéla d’abord Louis Bouilhet, dit M. André Lemoyne, comme un vrai dilettante dans les scènes antiques de la vie romaine... » Plus tard, dans ''les Fossiles'', « il s’affirma comme un puissant virtuose dans un ample
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cordécor du monde antédiluvien ». C’est dans ''Festons et Astragales'' (1859) et dans ''Dernières Chansons'' (1872) que nous trouvons de petites toiles magistralement brossées, où le dessin et la couleur rivalisent de justesse et de précision. Ces œuvres de patience et de lumière nous rappellent les riches éventails chinois et les fines laques japonaises où les artistes du Levant traduisent leurs plus chères fantaisies. À côté de ces petites toiles heureuses, Louis Bouilhet aime à nous peindre des scènes humoristiques qui nous font ressouvenir des trumeaux galants où s’épanouissaient les belles rieuses d’autrefois, nos aïeules du siècle dernier : bergères et bergers mondains, reines amoureuses et tourterelles roucoulantes, sur des pelouses de haute lisse dans leurs panneaux fleuris. »
 
Véritable précurseur du ''Parnasse'', Louis Bouilhet a le constant souci de la pureté de la forme, de la « perfection » ; on a pu dire de lui, comme de Sully Prudhomme, que « la moindre de ses pièces a une composition » ; il possède tous les secrets de la métrique. Ajoutons que Louis Bouilhet s’est toujours proclamé partisan de la poésie objective et impersonnelle, quoique quelques-uns de ses meilleurs vers soient précisément ceux où il a trahi le sentiment qui l’obsédait en les écrivant.
 
Louis Bouilhet a fait représenter avec succès plusieurs pièces de théâtre, telles que ''Madame de Montarcy'', ''Hélène Peyron'', ''La Conjuration d’Amboise'', etc.
 
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Quand chassés, sans retour, des temples vénérables,
Tordus au vent de feu qui soufflait du Thabor,
Les grands Olympiens étaient si misérables
Que les petits enfants tiraient leur barbe d’or ;
 
Durant ces jours d’angoisse où la terre étonnée
Portait, comme un fardeau, l’écroulement des cieux,
Un seul homme, debout contre la destinée,
Osa, dans leur détresse, avoir pitié des dieux.
 
C’était un large front, — un Empereur, — un sage,
Assez haut sur son trône et sur sa volonté
Pour arrêter du doigt tout un siècle au passage,
Et donner son mot d’ordre à la Divinité.
 
Or, un soir qu’il marchait avec ses capitaines,
Incliné sous ce poids de l’avenir humain,
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