« Continuation des Amours (1555) » : différence entre les versions
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'''I '''
<poem>
Thiard, chacun disoit à mon commencement Que j'estoi trop obscur au simple populaire:
Aujourd'hui, chacun dit que je suis au contraire,
Et que je me dements parlant trop bassement.
Toi, qui as enduré presqu'un pareil torment,
Di moi, je te suppli, di moi que doi-je faire?
Di moi, si tu le sçais, comme doi-je complaire
'A ce monstre testu, divers en jugement?
Quand j'escri haultement, il ne veult pas me lire,
Quand j'escri bassement, il ne fait qu'en médire:
De quel estroit lien tiendrai-je, ou de quels clous,
Ce monstrueux Prothé, qui se change à tous cous?
Et nous rire de lui, comme il se rit de nous.</poem>
'''II '''
<poem>
Jodelle, l'autre jour, l'enfant de Cytherée Au combat m'apela, courbant son arc Turquois,
Et lors comme hardi, je vesti le harnois,
Pour avoir contre luy ma peau mieus asseurée.
Il me tira premier une fleche acerée
Droict au coeur, puis une autre, et puis tout à la fois
Il decocha sur moi les traicts de son carquois,
Sans qu'il eust d'un seul coup ma poictrine enferrée.
Mais quand il vit son arc de fleches desarmé,
Tout dépit s'est lui-mesme en fleche transformé,
Puis se rua dans moi d'une puissance extreme:
Quand je me vi vaincu, je me désarmé lors:
Car, las! que m'eust servi de m'armer par dehors,
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'''III '''
<poem>
Ce pendant que tu vois le superbe rivage De la riviere Tusque, et le mont Palatin,
Et que l'air des Latins te fait parler latin,
Changeant à l'étranger ton naturel langage,
Une fille d'Anjou me detient en servage,
A laquelle baisant maintenant le tetin,
Et maintenant les yeux endormis au matin,
Je vy (comme lon dit) trop plus heureus que sage.
Tu diras à Maigni, lisant ces vers ici,
Et, quoi! Ronsard est donq encores amoureus?
Mon Bellay, je le suis, et le veus estre aussi,
Et ne veus confesser qu'Amour soit malheureux,
Ou si c'est un malheur, baste, je delibere
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'''IV '''
<poem>
Peletier mon ami, le tems leger s'enfuit, Je change nuit et jour de poil et de jeunesse:
Mais je ne change pas l'amour d'une maistresse,
Qui, dans mon cueur colée, eternelle me suit.
Toi qui es des anfance en tout savoir instruit,
(Si de nottre amitié l'antique neud te presse)
Comme sage et plus vieil, donne moi quelque adresse
Pour eviter ce mal qui ma raison detruit.
Aide-moi, Peletier, si par philosophie
Ou par le cours des cieus tu as jamais apris
Un remede d'amour, di-le moi je te prie,
Car, bien qu'ores au ciel ton cueur soit elevé,
Si as-tu quelquefois d'une dame esté pris.
Et pour dieu! conte-moi comme tu t'es sauvé.</poem>
'''V '''
<poem>
Aurat, apres ta mort, la terre n'est pas digne Pourrir si docte cors, comme est vraiment le tien.
Les Dieux le changeront en quelque vois: ou bien,
Si Echon ne sufist, le changeront en cigne,
Ou, en ce corps qui vit de rosée divine,
Ou, en mouche qui fait le miel hymettien,
Ou, en l'oiseau qui chante et le crime ancien
De Terrée au printemps redit sus une épine.
Ou, si tu n'es changé tout entier en quelqu'un,
Tu vétiras un cors qui te sera commun
Avecques tous ceus-cy, participant ensemble
De tous (car un pour toi sufisant ne me semble)
Et d'homme seras fait un beau monstre nouveau
De voix, cigne, cigalle, et de mouche, et d'oyseau.</poem>
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Le trop d'esprit ne me seroit domage,
Et ne pourrois comprendre mes ennuis.
</poem>
==Sonetz en vers heroiques ==
<poem>'''XL '''
D'une belle Marie en une autre Marie,
Belleau, je suis tombé, et si dire ne puis
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