« La Case de l’oncle Tom/Ch XLIV » : différence entre les versions

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« Henri, mon garçon, comment t’y es-tu pris pour faire cette addition ? » demande Georges posant sa main sur la tête de son fils.
 
Ce n’est plus l’enfant aux longues boucles soyeuses ; mais il a conservé les veux brillants, les cils épais et longs, le front haut et hardi qui se colore d’orgueil comme il répond : « Je l’ai faite tout seul, papa, tout seul : ''personne'' ne m’a aidé.
 
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Georges suivit quatre ans à Paris les cours de l’université avec un zèle assidu. Il prit des maîtres, et son éducation se compléta de façon à faire de lui un homme tout à fait supérieur. Les troubles politiques survenus en France à cette époque décidèrent le retour de la famille en Amérique. Ce que l’instruction et la fréquentation des hommes lettrés apportèrent de maturité dans les sentiments et les vues de Georges se fera mieux comprendre par les fragments d’une lettre qu’il écrivit à cette époque à un de ses amis :
 
« Je me sens fort combattu quant à mes plans d’avenir. Il est vrai que je puis, comme vous m’y engagez, faire partie de la société des blancs de ce pays. Le mélange de couleur, chez moi à peine perceptible, disparait tout à fait pour ma femme et mes enfants. Il ne tient donc qu’à moi de me faire passer pour un blanc ; mais, à vous parler vrai, je ne le souhaite point.
partie de la société des blancs de ce pays. Le mélange de couleur, chez moi à peine perceptible, disparait tout à fait pour ma femme et mes enfants. Il ne tient donc qu’à moi de me faire passer pour un blanc ; mais, à vous parler vrai, je ne le souhaite point.
 
« Mes sympathies ne sont pas pour la race de mon père. Qu’étais-je pour lui ? Ce qu’est un beau chien, un beau cheval, peut-être. Pour ma pauvre chère mère, j’étais un fils, et sa race est la mienne. Jamais je ne l’ai revue depuis la cruelle vente qui nous sépara : elle est morte sans m’embrasser ; mais je sais, je le sais par mon propre cœur, jusqu’au bout elle m’a chèrement aimé. Quand je songe à ce qu’elle a souffert, aux angoisses de mon enfance et de ma première jeunesse, au désespoir, aux luttes de mon héroïque femme, de ma sœur vendue dans un marché d’esclaves à la Nouvelle-Orléans, — sans manquer de charité chrétienne, je l’espère, je puis dire que je ne souhaite nullement passer pour être Américain, et que je n’adopte point l’Amérique pour patrie.