« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Construction -- Développement » : différence entre les versions

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Voyons d'autres applications mieux raisonnées encore de ces principes.
Le chœur de la cathédrale d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], bâti quelques années avant celui de
Beauvais, est, au point de vue de la construction gothique, un
chef-d'œuvre,
surtout dans les parties basses<span id="note7"></span>[[#footnote7|<sup>7</sup>]]. Examinons d'abord les piles
du sanctuaire de Notre-Dame d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]]. Ces piles donnent en plan une
grosse colonne cylindrique ayant 1<sup>m</sup>,20 de diamètre, cantonnée de quatre
colonnes, dont trois d'un diamètre de 0,45 c. et une d'un diamètre de
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encore fallait-il la trouver; mais voici qui indique la sagacité extraordinaire
des maîtres de l'œuvre de cette partie si remarquable de la cathédrale
d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]]. Les bas-côtés et chapelles rayonnantes du rond-point de cet
édifice donnent en plan horizontal, au-dessus des bases, la fig. 97. Les
arcs-boutants qui contre-buttent la poussée des voûtes supérieures sont à
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[[Image:Coupe.arc.boutant.cathedrale.Amiens.png|center]]
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À [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], la théorie et la pratique ont eu raison des difficultés que
présentait l'érection d'un vaisseau ayant 15<sup>m</sup>,00 de largeur d'axe en axe
des piles sur 42<sup>m</sup>,50 de hauteur sous clef, flanqué de collatéraux de
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atteindre. Nous avons donné, à l'article [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 2, Cathédrale|Cathédrale]], fig. 22, le plan du
chœur de Beauvais. Ce plan, si on le compare à celui de la cathédrale
d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], fait voir que les deux travées parallèles voisines des piles de la
croisée sont plus étroites que les deux suivantes; le constructeur évitait
ainsi des poussées trop actives sur les deux piles des transsepts formant
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fondation du chœur est admirablement faite. Les chapelles portent sur
un massif plein, circulaire, revêtu de pierres de taille, comme à la cathédrale
d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], présentant à l'extérieur un puissant empattement également
revêtu de libages bien dressés et posés à bain de mortier. Cette
précinction de maçonnerie pleine se relie au mur qui porte les piles
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[[Image:Fondation.cathedrale.Amiens.png|center]]
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<span id="Amiens73">À la cathédrale d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], où nous avons pu examiner la fondation
jusqu'au bon sol, nous avons trouvé, en dehors, le profil (100). En A est
une couche de terre à brique de 0,40 c. d'épaisseur posée sur l'argile
vierge; en B est un lit de béton de 0,40 c. d'épaisseur; puis, de C en D,
quatorze assises de 0,30 à 0,40 c. d'épaisseur chacune, en libages provenant
des carrières de Blavelincourt près d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]]. Cette pierre est une
craie remplie de silice, très-forte, que l'on exploite en grands morceaux.
Au-dessus, on trouve une assise E en pierre de Croissy, puis trois assises
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nous faut revenir sur les détails de cette construction; on verra comme
l'architecte de ce chœur tenta de dépasser l'œuvre de son confrère
d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]]. Cependant ces deux absides sont bâties en même temps, celle
de Beauvais est peut-être plus récente de quelques années. Nous supposons,
ainsi que nous venons de procéder pour un arc-boutant du chœur de
Notre-Dame d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], une coupe faite sur l'axe des piles de l'abside de
Beauvais (101). Il est intéressant de mettre en parallèle ces deux coupes;
aussi les donnons-nous à la même échelle. À [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], les piles du sanctuaire
ont 14<sup>m</sup>,00 de hauteur du pavé du collatéral au tailloir des chapiteaux
recevant les arcs des voûtes des bas-côtés; à Beauvais, ces mêmes
piles ont 15<sup>m</sup>,90. Mais, à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], les chapelles absidales ont toute la
hauteur du collatéral, tandis qu'à Beauvais elles sont beaucoup plus
basses, et, entre les terrasses qui les couvrent et les voûtes de ce collatéral,
il existe une galerie, un triforium F. À [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], c'est la pile intermédiaire
qui possède la résistance passive, rigide, grâce à sa masse et au
système de construction des piles inférieures, ainsi que nous venons de
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de légèreté dans l'ensemble de sa construction, plus de hauteur et plus de
solidité. Ainsi que nous venons de le dire, les piles E du sanctuaire ont plus
de champ, sont plus épaisses que celles d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], dans le sens des poussées.
Les faisceaux de colonnettes portant l'arc ogive et les formerets des
voûtes hautes sont posés en encorbellement sur le chapiteau inférieur G.
L'assiette HI est donc plus grande, et le contre-fort K du grand triforium
porte d'aplomb sur la pile inférieure. Sur ce contre-fort du triforium, ce
n'est plus une seule colonne qui s'élève, comme à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], pour recevoir la
tête de l'arc-boutant: ce sont deux colonnettes en délit jumelles, comme
le fait voir la section horizontale A' faite sur AB. Ces colonnettes jumelles
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ne portent pas la tête de cet arc-boutant, mais un pinacle dont
nous indiquerons tout à l'heure la forme et la structure. Cet ensemble se
rapporte à peu près à ce que nous avons vu à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]]. Nous observons
cependant que tout ce système de construction double porte d'aplomb sur
la pile inférieure, la partie intérieure étant construite en assises et celle
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hauteur. L'architecte ne crut pas pouvoir se contenter d'un seul
arc-boutant,
comme à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], fût-il surmonté d'une claire-voie rigide; il avait
raison, car à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], dans les parties parallèles du chœur qui reçoivent
trois nerfs de voûtes au lieu d'un seul, ces arcs-boutants, avec claires-voies,
se sont relevés par suite de la pression des voûtes, et, au XV<sup>e</sup> siècle,
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exemple et en même temps d'une sagacité rare. On voit que la pile O
intermédiaire ne porte pas d'aplomb sur la pile P, tête de chapelle, comme
à la cathédrale d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], mais que son axe est à l'aplomb du parement
intérieur de cette pile P. Disons tout de suite que cette pile O, dont nous
donnons la section horizontale sur CD en C', présente plus de poids vers
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la résoudre.
 
<span id="footnote7">[[#note7|7]] : Voyez, au mot [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 2, Cathédrale|Cathédrale]], le résumé historique de la construction de Notre-Dame d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]]. Les parties hautes du chœur ne purent être terminées qu'avec des ressources insuffisantes.
 
<span id="footnote8">[[#note8|8]] : Il en est de ces pilotis de Notre-Dame de Paris, de Notre-Dame d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], comme
de tant d'autres fables que l'on répète depuis des siècles sur la construction des édifices
gothiques. Il ne serait pas possible de construire une grande cathédrale sur pilotis. Ces