« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Croix » : différence entre les versions

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| width=33% style="background: #ffe4b5" | <center>[[Dictionnaire raisonné de l'architecturel’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index alphabétique - C|Index alphabétique - C]]</center>
| width=33% style="background: #ffe4b5" | <center>[[Dictionnaire raisonné de l'architecturel’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Crossette|Crossette]] ></center>
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| width=33% style="background: #ffe4b5" | <center>[[Dictionnaire raisonné de l'architecturel’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index Tome 4|Index par tome]]</center>
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s. f. <i>Crois</i>. Pendant le moyen âge, on plaçait
des croix de pierre
ou de métal au sommet des édifices religieux, sur les chemins, à l'entréel’entrée
des villes et dans les cimetières. Il est bon d'observerd’observer, tout d'abordd’abord, que
l'imagel’image du Christ ne fut suspendue à la croix que vers le VI<sup>e</sup> ou
VII<sup>e</sup> siècle;
jusqu'alorsjusqu’alors, l'instrumentl’instrument de supplice, devenu sous Constantin le signe
symbolique des chrétiens, fut représenté nu. Dans les catacombes de
Rome, il existe des représentations de la croix, ornée de gemmes;
aux deux bras sont suspendues des lampes. Mais nous ne pensons pas qu'ilqu’il
existe une seule représentation peinte ou sculptée du crucifix avant le
VI<sup>e</sup> siècle, et encore, à dater de cette époque jusqu'aujusqu’au XII<sup>e</sup>
siècle, ces images
sont-elles fort rares (voy. [[Dictionnaire raisonné de l'architecturel’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Crucifix|Crucifix]]). Nous n'avonsn’avons à nous occuper, dans
cet article, que des croix qui tiennent à l'architecturel’architecture, qui sont attachées
à des monuments, ou qui constituent elles-mêmes de petits monuments
isolés.
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Les plus anciennes croix sculptées sont presque toujours à quatre
branches égales: elles décorent le sommet des pignons, les tympans des
portes d'églisesd’églises, les faces des contre-forts ou des piliers; on les retrouve
aussi parfois dans les chapiteaux et les clefs de voûtes.
</div>
[[Image:Croix.cathedrale.Beauvais.png|center]]
<div class=prose>
L'égliseL’église cathédrale primitive de Beauvais, connue sous le nom de
<i>Basse-œuvre</i>, existait déjà en l'anl’an 990. Cet édifice, qui paraît remonter au
VIII<sup>e</sup> siècle, présente, sur son pignon occidental, une croix de pierre incrustée
dans la maçonnerie, parementée de petits moellons cubiques. Cette
croix, que nous donnons (1), est échancrée sur ses bords et munie d'und’un
pied terminé en pointe. Le pignon de l'églisel’église du prieuré de Montmille,
élevée, dès le commencement du XI<sup>e</sup> siècle, près de
</div>
Ligne 51 :
<div class=prose>
<br>
Beauvais, est orné d'uned’une croix incrustée qui rappelle, par sa forme, celle de la Basse-œuvre;
mais
à la croix de Montmille est attachée, déjà, la figure du Christ nimbé (2)<span id="note1"></span>[[#footnote1|<sup>1</sup>]].
Ligne 59 :
<div class=prose>
<br>
Berri, le Nivernais et l'Auvergnel’Auvergne, on trouve des croix, non plus incrustées dans les tympans des
pignons des églises, mais couronnant leur sommet. La façade occidentale
de l'églisel’église d'Ébreuild’Ébreuil, qui date de cette époque, laisse voir encore, derrière
le clocher du XII<sup>e</sup> siècle, une croix de couronnement, en pierre, curieuse
par sa forme. En voici (3), en A, la face antérieure; en B, la face postérieure,
et en C, la face latérale. Il y a lieu d'admettred’admettre que ces croix, se
détachant sur le ciel au sommet des pignons, étaient très-fréquentes dans
les édifices religieux de la période romane; mais la fragilité de ces pierres
Ligne 74 :
Dans les bas-reliefs des XI<sup>e</sup> et XII<sup>e</sup> siècles, où sont figurés
des pignons
d'églisesd’églises, les sommets des clochers sont toujours terminés par une
croix, le plus souvent à branches égales, posée sur une boule, ou bien
sur une colonne issant d'und’un ornement. Le dais qui protège la Vierge
assise du tympan de la porte Sainte-Anne à Notre-Dame de Paris (XII<sup>e</sup>
siècle)
porte, à la base de sa coupole, une croix de ce genre (4). À la fin du
XII<sup>e</sup> siècle, les croix servant d'amortissementd’amortissement aux pignons ont toujours le
pied plus long que les trois autres branches, ou elles sont supportées sur
une sorte de socle qui les isole du pignon: telle est la curieuse croix
trouvée dans des fouilles faites par M. Millet dans l'églisel’église
Notre-Dame
de Melun, lorsqu'illorsqu’il entreprit la restauration de cette église. M. Millet pense,
avec raison, que cette croix (4 bis) était placée sur le pignon de la façade
occidentale; nous croyons qu'ellequ’elle appartient à la fin du XII<sup>e</sup>
siècle. L'égliseL’église
de Montréale, près Avallon, qui date de cette époque, possède encore,
sur ses quatre pignons, de belles croix variées de forme, et dont la gracieuse
silhouette termine parfaitement, à l'extérieurl’extérieur, la construction si
simple de cette église. Nous donnons (5) l'unel’une de ces croix taillées dans
de grandes dalles de calcaire dur de Coutarnoux. Celle-ci n'an’a que
0,135<sup>m</sup>
d'épaisseurd’épaisseur à sa base, ainsi que l'indiquel’indique le profil A; le pied est fiché
dans la pierre du couronnement du pignon, et le centre de la croix est
ajouré.
Ligne 102 :
<div class=prose>
Pendant le XIII<sup>e</sup> siècle, la statuaire était en honneur, et les architectes,
toutes fois qu'ilsqu’ils le pouvaient, amortissaient les pignons par des statues
plutôt que par des croix; cependant les pignons du transsept de l'églisel’église
de Saint-Urbain de Troyes ont conservé encore en place les restes de croix
de la fin du XIII<sup>e</sup> siècle, assez riches et d'uned’une grande dimension. Nous reproduisons (6) l'unel’une d'ellesd’elles, qui est taillée dans de la pierre de Tonnerre
dure. Cette croix se compose de six morceaux: un pied A, une bague B
en
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goujon également en cuivre en *[?I]; un autre goujon en cuivre maintient le
bras supérieur, la traverse et le montant. Tous les joints et goujons sont
coulés en plomb avec beaucoup de soin. Deux têtes d'évêquesd’évêques ornent le
centre de la croix, et ces deux têtes, avec les consoles et supports, contribuent
à donner de l'assiettel’assiette à la traverse sur le montant. Là, comme
toujours dans l'architecturel’architecture de cette époque, la décoration est la conséquence de la construction, et cette décoration n'enn’en est pas plus mauvaise.
Nous avons dit cela bien des fois, et nous le répéterons encore, car il faut
insister: si la vérité ne se montre ou ne parle qu'unequ’une fois, personne ne
l'al’a vue ni entendue; il faut qu'ellequ’elle se répète; quand les gens la traitent
de radoteuse, alors c'estc’est qu'ilsqu’ils ont entendu.
</div>
[[Image:Croix.eglise.Saint.Urbain.Troyes.png|center]]
Ligne 134 :
les croix de cimetière ou de chemin, faites pour être vues de près.
 
Les pignons des églises de campagne, cependant, où l'onl’on ne pouvait
prodiguer la sculpture, étaient terminés par des croix de pierre comme
dans les siècles précédents. Ces croix sont simples, habituellement portées
par une colonne courte cylindrique, terminée par une bague formant
chapiteau. Telle est la petite croix de l'églisel’église de Saint-Thomas (Charente-Inférieure) (7). Le profil rampant recouvrant le pignon ressaute pour lui
faire un pied et donner de l'empattementl’empattement à sa base.
</div>
[[Image:Croix.eglise.Saint.Thomas.png|center]]
<div class=prose>
On sait comme l'ordrel’ordre de Cîteaux était opposé, dans les églises qu'ilqu’il
bâtissait pendant le XII<sup>e</sup> siècle et au commencement du XIII<sup>e</sup>, aux sculptures
prodiguées dans les édifices de l'ordrel’ordre de Cluny (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 1, Architecture monastique|Architecture Monastique]]). Les tympans des portes des églises de l'ordrel’ordre fondé par
saint-Bernard ne sont habituellement décorés que d'uned’une simple croix
en bas-relief. Nous donnons (8) celle que
l'onl’on voit encore au-dessus du linteau de la
porte de l'églisel’église de Pontigny, et qui date
de la fin du XII<sup>e</sup> siècle; elle est d'uned’une
grande simplicité; ses quatre branches
sont d'égaled’égale longueur.
</div>
[[Image:Croix.eglise.Pontigny.png|center]]
<div class=prose>
Souvent aussi, dans l'intérieurl’intérieur des
églises, sur les piliers, et même à l'extérieurl’extérieur,
sur les parements des contre-forts,
on sculptait, pendant la période romane,
Ligne 163 :
ces croix (celles intérieures du moins) étaient des croix de consécration.
On voit une de ces croix incrustée
aujourd'huiaujourd’hui sur un des contre-forts
de l'églisel’église de Saint-Palais (Gironde).
Bien que cette église date du XIII<sup>e</sup> siècle,
la croix (9) appartenait certainement
à un édifice du XI<sup>e</sup> ou XII<sup>e</sup> siècle,
et elle a tous les caractères d'uned’une
croix de consécration. Il existe encore,
sur la façade de l'églisel’église de
Saint-Ciers-la-Lande (Gironde), trois
croix gravées et peintes: l'unel’une sur
la clef de la porte, et les deux autres
des deux côtés des pieds-droits.
Voici quelle est la forme de ces croix (10): ce ne sont que des traits
gravés en creux et remplis d'uned’une couleur
noire<span id="note2"></span>[[#footnote2|<sup>2</sup>]].
</div>
Ligne 195 :
<div class=prose>
Il arrivait parfois que les croix de consécration des églises, pendant les
XIII<sup>e</sup> et XIV<sup>e</sup> siècles, étaient portées par des figures d'apôtresd’apôtres peintes ou
sculptées. En 1851 on découvrit, dans l'églisel’église de Saint-Hubert de Waville
(Moselle), sous le badigeon, des
peintures murales parmi lesquelles
Ligne 207 :
publiée par M. de Caumont.
Tout le monde connaît les statues
d'apôtresd’apôtres qui, à la Sainte-Chapelle
du Palais à Paris, portent des croix
de consécration (voy. [[Dictionnaire raisonné de l'architecturel’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 1, Apôtres|Apôtres]]). Sur
les piliers qui forment tête des chapelles
de la cathédrale de Troyes,
Ligne 215 :
carrées incrustées, la pointe en
bas, sur lesquelles sont gravées et
peintes des figures d'apôtresd’apôtres portant
également des croix de consécration.
</div>
Ligne 223 :
toujours des croix de fer au sommet
des clochers de bois recouverts
d'ardoised’ardoise ou de plomb, et quelquefois
même à la pointe des pyramides
de pierre qui terminaient les
tours des édifices religieux. Les
croix de fer étaient surmontées
d'und’un coq ou d'uned’une simple girouette.
Il existe un petit nombre de ces
croix de métal anciennes, renversées
Ligne 234 :
par le temps et la main des
hommes. Elles étaient, la plupart,
d'und’un riche dessin, dorées et d'uned’une
grande dimension. Leur embase se
composait ou d'uned’une boule, ou d'uned’une
bague figurant souvent un dragon,
symbole du démon, ou encore
d'uned’une couronne de feuillage. Des
reliques étaient habituellement déposées
dans la boule qui leur servait
de base, ou dans le coq qui les surmontait (voy. [[Dictionnaire raisonné de l'architecturel’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Coq|Coq]]). Le système
d'assemblaged’assemblage de ces croix d'amortissementd’amortissement mérite d'êtred’être étudié avec soin
par les constructeurs; car ces pièces de fer,
posées à une grande hauteur, plus lourdes au
sommet qu'àqu’à la base, étaient exposées aux
ouragans et ne tardaient pas à se rompre, à
se fausser ou à fatiguer leurs attaches. Si ces
croix étaient scellées dans la pierre, il fallait,
pour éviter l'ébranlementl’ébranlement causé dans le scellement
par l'effortl’effort du vent sur le corps de la
croix, procéder avec des précautions extraordinaires.
La tige principale se composait de
trois ou cinq pièces: une âme et deux ou
quatre arcs-boutants. Supposons un sommet
de flèche en pierre composé d'assisesd’assises (12).
La partie évidée de la pyramide s'arrêtes’arrête en B.
La tige principale en fer carré CD traverse les
assises pleines du sommet de la flèche, formant
Ligne 267 :
contre un épaulement de la tige en G; de
sorte que si le vent pousse la tige centrale
d'und’un côté, son effort est neutralisé par la résistance
qu'opposentqu’opposent les arcs-boutants,
résistance qui se résout en une pression en
F ou en L. Quant aux deux branches de la croix, elles ne sont pas
assemblées à mi-fer, ainsi que cela se pratique dans la serrurerie moderne,
et ce qui est fort mauvais, mais au moyen d'uned’une emboîture renforcée,
avec trou pour passer un boulon ou un gros rivet, ainsi que l'indiquel’indique
la fig. 13.
</div>
Ligne 279 :
<div class=prose>
Ces menus détails ne sont pas à dédaigner; trop souvent, de nos jours,
on abandonne leur exécution à un entrepreneur qui, à son tour, s'ens’en
rapporte à un chef d'atelierd’atelier, qui se fie à l'intelligencel’intelligence de l'ouvrierl’ouvrier. Un
accident arrive, on s'ens’en prend à l'architectel’architecte, qui rejette la faute sur l'entrepreneurl’entrepreneur,
qui fait retomber le blâme sur le chef d'atelierd’atelier, qui accuse
l'ouvrierl’ouvrier, lequel a quitté le chantier depuis six mois!...
</div>
[[Image:Structure.croix.de.fer.2.png|center]]
<div class=prose>
Si la croix de fer est posée au sommet du poinçon d'uned’une flèche en bois,
sa tige forme, sous l'embasel’embase, une fourchette à deux, trois ou quatre
branches, suivant le degré de force que l'onl’on veut donner à la croix et la
résistance qu'ellequ’elle doit opposer au vent. Les branches de la fourchette,
clouées sur le bois, sont, en outre, munies de frettes serrées à chaud, afin
de maintenir puissamment l'armaturel’armature. Si la croix est d'uned’une très-grande
dimension (une croix d'uned’une flèche comme celle d'Amiensd’Amiens ou de
Notre-Dame
de Paris ne peut avoir moins de huit mètres de hauteur), elle se
compose d'und’un nombre considérable de pièces que nous décomposons
ainsi (14): 1º l'âmel’âme A (voir la section horizontale P), avec son renfort
pour recevoir la traverse; 2º B, la traverse; 3º les quatre équerres C, plus
ou moins décorées et maintenues au moyen de rivets indiqués dans le
détail C'C’ (ces équerres sont destinées à empêcher la traverse de fatiguer
le tenon, le boulon central, et, par suite, de s'incliners’incliner d'und’un côté ou de
l'autrel’autre); 4º D, les quatre renforts à crémaillères formant branches de fourchettes
clouées et frettées sur la tête du poinçon de bois; 5º E, les trois
frettes façonnées comme le fait voir le tracé E'E’, avec clavettes, de manière
à pouvoir être fortement serrées; 6º F, l'embasel’embase, et G, les embrasses;
7º H, le boulon maintenant la traverse contre l'âmel’âme dans sa mortaise:
en tout dix-sept pièces de fer. En M est figurée l'extrémitél’extrémité du montant
de la croix, avec la broche sur laquelle tourne le coq-girouette; en L,
l'extrémitél’extrémité forgée de l'unl’un des croisillons. L'âmeL’âme est indépendante et n'estn’est
maintenue dans une ligne verticale que par les quatre branches D fixées
sur le sommet du poinçon. Une pareille armature d'uned’une hauteur de quatre
ou cinq mètres peut conserver l'élasticitél’élasticité nécessaire pour ne pas être
rompue par un ouragan, car les quatre renforts tenant lieu de fourchettes
agissent toujours en sens inverse: si l'unl’un est chargé par l'actionl’action du vent
au moyen du talon I, l'autrel’autre renfort opposé agit en tirant par la résistance
qu'opposequ’oppose la crémaillère K. Il n'estn’est pas besoin de dire que le poinçon est
recouvert de plomb jusque sous l'embasel’embase F. Si la croix atteint des dimensions
plus grandes (sept ou huit mètres), il est prudent d'avoird’avoir des renforts
doublés avec doubles talons, doubles crémaillères, de faire l'âmel’âme en deux
pièces juxtaposées, boulonnées ou rivées ensemble et moisant la traverse.
Une armature ainsi combinée peut être enrichie au moyen de tigettes,
d'ornementsd’ornements de
</div>
[[Image:Structure.croix.de.fer.3.png|center]]
Ligne 333 :
[[Image:Ornementation.croix.de.fer.png|center]]
<div class=prose>
La fig. 15 donne l'idéel’idée de ce genre d'ornementationd’ornementation rapportée.
 
Sur des flèches d'uned’une dimension ordinaire, les croix en fer n'avaientn’avaient
pas besoin d'êtred’être combinées et fixées avec ce luxe de précautions. Il
en
est qui sont forgées de façon à ce que les bras et l'arbrel’arbre vertical ne
forment qu'unequ’une pièce dont les parties sont soudées ensemble. La petite
croix en fer du clocher de Puybarban, près la Réole, est ainsi fabriquée.
Cette croix, bien qu'ellequ’elle ait été reposée sur une flèche du XVII<sup>e</sup>
siècle, est
de la fin du XIII<sup>e</sup> ou du XIV<sup>e</sup><span id="note3"></span>[[#footnote3|<sup>3</sup>]]. Nous en présentons (16) le dessin d'ensembled’ensemble
et les détails. Les fleurs de lis sont doubles, c'estc’est-à-dire posées sur
deux sens, comme l'indiquel’indique le tracé perspectif (16 bis) d'und’un des bouts de
la croix. Une petite girouette, roulant sur le bras supérieur, remplace ici
le coq traditionnel. Les redents qui décorent le carré central sont simplement
rivés aux côtés de ce carré. Malgré son extrême simplicité, cette
croix ne laisse pas d'êtred’être d'uned’une forme gracieuse; et, dût-on nous accuser
d'indulgenced’indulgence en faveur des arts du moyen âge, nous ne saurions lui
préférer les croix en fonte que l'onl’on place aujourd'huiaujourd’hui au sommet des
flèches. Cette opinion n'estn’est pas partagée très-probablement, puisque la
plupart des vieilles croix de fer qui avaient résisté aux orages de la fin du .
dernier siècle ont été descendues et vendues au ferrailleur, en échange de
ces modèles en fonte que l'onl’on trouve sur les quais de Paris en compagnie
de poêles et de bancs de jardins. En Bretagne et en Normandie, on signale
encore quelques croix de flèches en fer, qui datent des XV<sup>e</sup> et XVI<sup>e</sup> siècles.
Ligne 367 :
==== CROIX DE CHEMINS ET DE CIMETIÈRES ====
À quelle époque commença-t-on à
élever des croix dans les carrefours, à l'entréel’entrée des villes ou villages, et
dans les cimetières? Je ne saurais le dire. On peut constater seulement
que cet usage était fort répandu dès les premiers temps du moyen âge.
Parmi les monuments encore debout, nous n'enn’en connaissons aucun qui
soit antérieur à la fin du XII<sup>e</sup> siècle ou au commencement du XIII<sup>e</sup>. Il est à
croire que beaucoup de ces croix antérieures au XIII<sup>e</sup> siècle, en pierre ou
en bois, étaient recouvertes par un auvent; car, dans un écrit de cette
époque, on lit ce passage: «... et en cascune chité de nostre empire a
ij. crois à l'entréel’entrée; et desus la crois n'an’a point d'arcd’arc volu (archivolte),
pour çou que chil ki vont par desous l'enclinentl’enclinent, que nous l'avonsl’avons en
tele remenbrance que nous ne volons que nule riens soit pardesus ki ne
soit bénéoite ou sacrée...<span id="note4"></span>[[#footnote4|<sup>4</sup>]]» Il existait donc des couvertures sur les
croix de chemins, puisque le prêtre Jehan ne veut pas qu'onqu’on en pose sur
celles élevées sur son territoire, afin qu'auqu’au-dessus de la croix il n'yn’y ait rien
qui ne soit bénit ou sacré. Cette idée semble prévaloir, en effet, pendant
le XIII<sup>e</sup> siècle, car on ne trouve
pas de traces anciennes d'auventsd’auvents
ou d'édiculesd’édicules recouvrant
les croix de chemins, à cette
époque, dans le nord de la
Ligne 391 :
[[Image:Croix.cimetierre.Baret.png|center]]
<div class=prose>
Il y a lieu de croire, d'ailleursd’ailleurs,
que les croix n'étaientn’étaient
protégées par des auvents
qu'autantqu’autant qu'ellesqu’elles portaient le
Christ, ou lorsqu'elleslorsqu’elles étaient
faites de matière périssable, ou
peintes et dorées; car on voit
encore des croix romanes de
cimetières et de carrefours qui
n'ontn’ont certainement pas été
faites pour être placées sous
un édicule. La croix de pierre
Ligne 406 :
qui est encore placée dans le
cimetière de Baret près
Barbezieux (Charente), est d'und’un
travail trop grossier pour qu'onqu’on
ait jamais eu l'idéel’idée de la couvrir.
Cette croix paraît appartenir
à la fin du XI<sup>e</sup> siècle.
Ligne 418 :
Les croix de carrefours sont habituellement posées sur un socle
formant comme un petit autel, avec quelques marches en avant; les croix des
cimetières s'élèvents’élèvent sur un emmarchement plus ou moins grand; une
tablette est posée devant ou autour de la colonne portant la croix. Dans
le cimetière de Mezy (Marne), il existe encore une croix de ce genre dont
la colonne passe à travers une tablette d'auteld’autel portée sur quatre figures
d'évangélistesd’évangélistes adossées à des colonnettes (19). Nous donnons, en A, la
coupe sur l'axel’axe de la colonne. Le sommet de cette croix de pierre n'existen’existe
plus; la colonne est brisée au niveau B. Pour le compléter, nous donnons
(19 bis) les fragments d'uned’une belle croix de la même époque (1230 environ),
qui se trouvent déposés sous le porche de l'églisel’église de Rougemont
(Côte-d'Ord’Or).
D'unD’un côté, sur cette croix, est attaché le Christ; de l'autrel’autre, dans le
médaillon du centre, est sculptée une main bénissant. La coupe de la tige
est tracée en A et celle des bras en B. Vers le milieu du XIII<sup>e</sup> siècle, les
croix de chemins ou de cimetières présentent souvent, sur la face, le
Christ attaché, et, sur le revers, une figure de la sainte Vierge portant
l'Enfantl’Enfant; ou bien encore la statue de la Vierge est adossée à la colonne,
sous la croix, et le crucifix est double. On voit à Fouchères, près de
Troyes, les restes d'uned’une charmante croix de ce genre, qui était placée
autrefois à la tête du pont. Elle reposait sur un socle et des marches. À la
colonne est adossée une statue de la sainte Vierge, de 1<sup>m</sup>,40 de haut; elle
est debout sur un groupe de trois colonnettes tenant à l'arbrel’arbre principal.
Du chapiteau qui termine la colonne sort un ange à mi-corps, disposé de
telle façon que ses ailes et son corps forment dais au-dessus de la tête de
la statue (20). Autrefois, un crucifix de pierre de 1<sup>m</sup>,80 environ surmontait
le chapiteau; la figure du Christ était sculptée sur chacune de ses
faces: l'unel’une tournée vers l'Orientl’Orient, l'autrel’autre vers l'Occidentl’Occident; les extrémités
des bras de la croix étaient terminées par des fleurons feuillus. Ce crucifix
est détruit aujourd'huiaujourd’hui, et le petit monument n'existen’existe que jusqu'aujusqu’au chapiteau
supérieur. La Vierge tourne son regard vers la terre et sourit; elle
est coiffée d'und’un voile et d'uned’une couronne fleuronnée. Chaque année, pendant
la moisson et les vendanges, les paysans attachent des épis de blé et
des raisins aux pieds de la mère du Sauveur<span id="note5"></span>[[#footnote5|<sup>5</sup>]]. Du socle au crucifix, l'arbrel’arbre
se compose de trois pierres, dont les lits sont marqués en L. La section
horizontale au-dessous de la Vierge donne le plan A. On comprend que
Ligne 458 :
<div class=prose>
La plupart de ces croix de chemins avaient été élevées pour conserver
le souvenir d'und’un fait mémorable ou en signe d'expiationd’expiation. Sur la route
qu'avaitqu’avait suivie Philippe le Hardi de Paris à Saint-Denis, en portant sur
ses épaules les restes du roi saint-Louis, on avait élevé, à chaque
station de la procession, des croix de pierre, qui passaient pour de fort
Ligne 471 :
tout en conservant toujours les dispositions primitives. Dans nos musées
de province, on voit encore quantité de débris des croix de chemins; elles
s'étaients’étaient multipliées à l'infinil’infini, car on ne renversait pas les anciennes et
on en élevait chaque jour de nouvelles; mais il est rare aujourd'huiaujourd’hui d'end’en
trouver qui n'aientn’aient pas été brisées pendant les guerres de religion ou à la
fin du dernier siècle. Il en existe cependant dans des localités oubliées
par les iconoclastes: elles sont d'und’un travail grossier, car les plus belles se
trouvaient près des grands centres, et ce sont les premières qui ont été
détruites; toutefois ces monuments, d'uned’une exécution barbare, sont des
copies ou des réminiscences des œuvres qui passaient pour être remarquables,
et, à ce point de vue, elles doivent être étudiées avec soin. Parmi
ces imitations grossières, nous pouvons citer la croix de Belpech (Aude)
(21). La croix, découpée et fleuronnée, porte, d'und’un côté, le Christ ayant à
sa droite la Vierge et saint-Jean à sa gauche. Au bas de la croix, deux
petites figures reçoivent le sang du Sauveur dans un calice. Deux têtes,
au-dessus des bras du Christ, personnifient le soleil et la lune. Le revers
porte, au centre, une figure de la sainte Vierge avec l'Enfantl’Enfant. Deux anges
tiennent la couronne de la mère de Dieu: à sa droite est un saint-Jean
précurseur; à sa gauche, saint-Jacques pèlerin. Le chapiteau porte quatre
figurines nimbées très-frustes, mais parmi lesquelles on distingue saint-André.
Des écussons se voient entre les figures. Ce monument date de la
fin du XIV<sup>e</sup> siècle; il était entièrement peint et recouvert d'und’un auvent, car
il semble qu'àqu’à la fin du XIV<sup>e</sup> siècle on revint à cet usage de couvrir les
croix de carrefours.
 
On voit encore, sur la place de Royat (Puy-de-Dôme), en face de
l'églisel’église, une jolie croix en lave, du XV<sup>e</sup> siècle. Nous en donnons une
vue (22). Les figures des douze apôtres sont sculptées sur le montant
principal entre quatre petits contre-forts. Une inscription donnant le
millésime de 1481 est gravée au pied de l'arbrel’arbre, du côté de la Vierge.
Sur les faces du socle, dans de petites niches, on remarque huit figurines,
probablement des prophètes.
Ligne 504 :
[[Image:Croix.Royat.png|center]]
<div class=prose>
Les croix de chemins, de carrefours et de cimetières n'étaientn’étaient pas
toujours taillées dans de la pierre, du marbre ou du granit; on en
élevait en bois, fichées dans un socle de pierre. Il n'estn’est pas besoin de
dire que celles-ci sont détruites depuis longtemps; on n'enn’en peut constater
l'existencel’existence que par la présence de ces socles de pierre percés d'und’un trou
carré que l'onl’on rencontre encore dans la campagne et dans les cimetières.
Il existait aussi des croix de bronze et de fer forgé. Ces objets de métal,
particulièrement ceux de bronze, ont été fondus à la fin du dernier
siècle, et nous n'enn’en possédons plus un seul exemple en France. La forme
de ces croix de bronze différait de celles données aux croix de pierre et de
bois; elles étaient plus sveltes, plus détaillées, plus riches, et se divisaient
souvent en plusieurs branches pour porter des personnages. Dans l'l’<i>Album</i>
de Villard de Honnecourt, on voit une de ces croix dont la partie supérieure ne peut avoir été exécutée qu'enqu’en cuivre fondu<span id="note6"></span>[[#footnote6|<sup>6</sup>]]. Elle se compose
d'uned’une colonne, peut-être en pierre, posée sur des marches. De la colonne
sort la croix avec le Christ et deux crosses amplement découpées portant
la Vierge et saint-Jean. Si nous tenons compte de la manière conventionnelle
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croquis en proportion, nous obtenons la fig. 23, qui donne un bel exemple
de croix en pierre du sol au niveau A, et en métal depuis le niveau A
jusqu'aujusqu’au sommet; cette croix appartient au temps où vivait Villard, c'estc’est
dire qu'ellequ’elle est de la première moitié du XIII<sup>e</sup> siècle. Villard, sauf quelques
rares exceptions, ne fait pas d'archéologied’archéologie, et ne remplit son <i>Album</i> que de
dessins pris sur des monuments contemporains. «Dans le XV<sup>e</sup> siècle, dit
Courtalon, il existait à l'églisel’église Saint-Remy de Troyes une nombreuse
confrérie de la Croix à l'autell’autel de ce nom. Des oblations qu'onqu’on y faisait,
les confrères firent ériger, en mars 1495, proche l'églisel’église Saint-Jean,
dans la Grande-Rue, un très-beau monument en l'honneurl’honneur de la Croix,
que l'onl’on appela la <i>Belle-Croix</i><span id="note7"></span>[[#footnote7|<sup>7</sup>]].»
</div>
[[Image:Croix.XIIIe.siecle.png|center]]
<div class=prose>
La description de cette croix, que l'onl’on trouve tout entière dans le
<i>Voyage archéologique dans le département de l'Aubel’Aube</i><span id="note8"></span>[[#footnote8|<sup>8</sup>]], donne l'idéel’idée d'und’un
monument d'uned’une grande importance. Cette croix, entièrement de bronze,
sauf le socle, était décorée de nombreuses figurines, parmi lesquelles on
distinguait Satan et Simon le Magicien, que les Troyens appelaient <i>Simon
Magut</i>. Au pied du Christ, on voyait la Madeleine embrassant le pied de
l'arbrel’arbre de la croix; de chaque côté, saint-Jean et la Vierge;
au-dessous,
saint-Pierre, saint-Loup, saint-Louis, des prophètes, parmi lesquels on
distinguait Mahomet. Un mémoire dressé en 1530 sur ce monument, et
rapporté par Grosley, nous fait connaître qu'ilqu’il était, dans l'originel’origine, surmonté
d'und’un baldaquin ou dôme en maçonnerie, porté sur de très-hautes
colonnes, «le tout fort triomphant et étoffé de peintures d'ord’or et d'azurd’azur, et
garni d'imaigesd’imaiges et autres beaux ouvrages à l'avenantl’avenant... Que cette
croix en remplaçait une de pierre dure, garnie d'imaigesd’imaiges, laquelle étant
venue en ruyne et décadence, fut démolie et transportée au cimetière
de l'Hôtell’Hôtel-Dieu-Saint-Esprit, et fut illec colloquée et dressée attenant
de la sépulture de noble homme NIC. BOUTIFLART, en son vivant bourgeois
de Troyes...» Le mercredi 5 décembre 1584, un ouragan
renversa la coupole sur la croix, qui fut rompue, bien qu'unqu’un gros arbre
de fer la traversât du haut en bas. «La chute de la belle croix, ajoute
M. Arnaud, facilita la visite des reliques qu'ellequ’elle renfermait; on trouva
dans la tête de l'imagel’image de la Vierge qui est derrière le crucifix une
petite boîte de laiton fermée et attachée avec un fil d'archald’archal...»
L'annéeL’année suivante, en 1585, la belle croix de Troyes fut rétablie, mais sans
la coupole qui la couvrait. Ce monument fut fondu en 1793; la fonte
rendit huit mille cent quarante-deux livres de bronze; sa hauteur était de
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[[Image:Croix.Troyes.png|center]]
<div class=prose>
Nous donnons (24), d'aprèsd’après un ancien dessin et un vitrail de 1621,
représentant «l'entréel’entrée du Roy Henry le Grand en sa ville de Troyes en
1595», l'ensemblel’ensemble de ce monument de bronze privé de la coupole qui le
couvrait et sur la forme de laquelle nous ne possédons aucun renseignement
graphique.
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En Bretagne, on voit encore un grand nombre de croix de pierre des
XV<sup>e</sup> et XVI<sup>e</sup> siècles, qui rappellent les dispositions de ces croix munies de branches portant des personnages (voy. le <i>Voyage pittoresque dans
l'anciennel’ancienne France</i>, par MM. Nodier et Taylor).
 
<br><br>
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<span id="footnote1">[[#note1|1]] : Voy. <i>Archéol. de l'ancienl’ancien Beauvoisis</i>, par le D<sup>r</sup> Woillez.
 
<span id="footnote2">[[#note2|2]] : Ces renseignements nous ont été fournis par M. Alaux, architecte à Bordeaux.
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<span id="footnote4">[[#note4|4]] : <i>Additions aux Œuvres</i> de Rutebeuf; <i>Lettre de
Prestres-Jehans</i>, pub. par Jubinal, t. II, p. 464. Il existait une belle croix de grès au haut de la rue Saint-Bertin à Saint-Omer; cette croix, qui fut détruite il y a peu d'annéesd’années, remontait, dit-on, au X<sup>e</sup> siècle. (Voy. <i>les Abbés de Saint-Bertin</i>, par M. Henri de Laplane, I<sup>re</sup> partie, p. 118. Saint-Omer, 1854.)
 
<span id="footnote5">[[#note5|5]] : Nous devons ce dessin à M. Millet, architecte diocésain
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<span id="footnote6">[[#note6|6]] : Voy. <i>Album</i> de Villard de Honnecourt, arch. du XIII<sup>e</sup> siècle, p. 85, pl. XIV. Impr. impér.,1858.
 
<span id="footnote7">[[#note7|7]] : La place qu'occupaitqu’occupait cette croix à Troyes porte encore le nom de la <i>Belle-Croix</i>.
 
<span id="footnote8">[[#note8|8]] : Curieux ouvrage, publié par M. A. F. Arnaud, peintre. Troyes, 1837.