« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Balustrade » : différence entre les versions
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s. f. <i>Chancel, Gariol</i>. Le nom de balustrade est seul
employé
plus souvent à jour, qui couronnent les chéneaux à la chute des combles,
qui sont disposés le long de galeries ou de terrasses élevées, pour garantir
des chutes. On ne trouve pas de balustrades extérieures surmontant les
corniches des édifices avant la période ogivale, par la raison que
cette époque les combles ne versaient pas leurs eaux dans des chéneaux,
mais les laissaient égoutter directement sur le sol. Sans affirmer
ait eu des balustrades sur les monuments romans, ne connaissant aucun
exemple à citer, nous nous abstiendrons. Mais il convient de diviser
les balustrades en balustrades intérieures, qui sont destinées à garnir le
devant des galeries, des tribunes, et en balustrades extérieures, disposées,
sur les chéneaux des combles ou à
édifices.
Ce
édifices une circulation facile, à tous les étages, au moyen de chéneaux ou
de galeries, et que
danger que présentaient ces coursières, étroites souvent, en les garnissant
de balustrades; mais avant cette époque, dans les intérieurs des églises ou
de grandes salles, on établissait des galeries, des tribunes, dont
public, et
que ces garde-corps furent souvent, pendant
bois;
balustrades. La tribune du porche de
dont la construction peut être comprise entre 1150 et 1160), est munie
Les galeries intérieures des deux pignons du transept de la même église,
construit pendant les dernières années du XII<sup>e</sup> siècle ou au commencement
du XIII<sup>e</sup>, possèdent de belles balustrades pleines ou bahuts décorés
sur lesquels sont posées les colonnettes de ce triforium. Nous
donnons ici (2) la balustrade de la galerie sud, dont le dessin produit un
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[[Image:Balustrade.eglise.Vezelay.2.png|center]]
<div class=prose>
Mais on ne tarda pas, lorsque
à évider les balustrades; un reste des traditions romanes fit que
conserva pendant un certain temps les colonnettes avec chapiteaux dans
leur composition. Les balustrades
construites au moyen de colonnettes ou petits piliers espacés, sur lesquels
venait poser une assise évidée par des arcs en tiers-point. Les restes du
triforium primitif de la nef de la cathédrale de Rouen (1220 à 1230) présentent
à
portant la grande arcature formant galerie, afin
résistance (3). On concevra facilement, en effet,
sur des points
longueur, sans quelques renforts qui pussent lui donner de la rigidité.
Mais
un rôle important à partir du XIII<sup>e</sup> siècle, car, ainsi que nous
plus haut,
chéneaux et des galeries de circulation à tous les étages. Les balustrades
exécutées pendant cette période présentent une extrême variété de formes
et de constructions. La nature de la pierre influe beaucoup sur leur composition. Là où les matériaux étaient durs et résistants, mais
et faciles à tailler, les balustrades sont légères et très-ajourées; là où la
pierre est tendre, au
Ligne 78 :
contraire, les vides sont moins larges, les pleins plus épais. Leur dimension est également soumise aux dimensions des matériaux,
car on renonça bientôt aux balustrades composées de plusieurs
morceaux de pierre placés les uns sur les autres, comme
Champagne, où la pierre ne
petite dimension, les balustrades sont basses et
très-dure, difficile à tailler, et ne
les balustrades sont rares et
imposa les formes
toutes les provinces environnantes,
Les bassins de la Seine et de
de matériaux très-propres à faire des balustrades; aussi est-ce dans ces
contrées
décoration des édifices. Comme
bancs naturellement assez peu épais, pour permettre
légères. Le cliquart de Paris, le liais de
Tonnerre et de Vernon, qui pouvaient
0,2O centimètres
des balustrades construites en grands morceaux de pierre posés de champ
et évidés. Partout ailleurs les architectes
combiné de manière à suppléer à
et ces appareils ont eu, comme on doit le penser, une grande
influence sur les formes adoptées. Il en est des balustrades comme des
meneaux de fenêtres, comme de toutes les parties délicates de
ogivale des XIII<sup>e</sup> et XIV<sup>e</sup> siècles: la nature de la pierre commande la forme
circonspection que
ogivale
Dans
connaissions est celle qui couronne la galerie des Rois de la façade occidentale
de la cathédrale de Paris; elle appartient aux premières années du
Ligne 115 :
[[Image:Balustrade.cathedrale.Paris.png|center]]
<div class=prose>
Avant la restauration du portail, cette balustrade
droit des deux contreforts extrêmes, ainsi
est construite en plusieurs morceaux, au moins dans la partie à jour, et se
compose
renfort par derrière, et
décorées de fleurettes en pointes de diamant. Il existe encore sur les galeries
intermédiaires des tours du portail de la Calende à la cathédrale de
Ligne 129 :
<br>
superposés (5). Ici les colonnettes reposent directement sur le larmier de la corniche formant passage, et laissent entre elles
les eaux
1230 que
comme à la cathédrale de Chartres à la chute des grands combles; mais
ces balustrades, composées de petits piliers ou colonnettes isolées et
scellées sur le larmier, conservaient difficilement leur aplomb. Les
constructeurs avaient tenté quelquefois de les réunir à leur base au moyen
Chartres (6); mais ce moyen ne faisait que rendre le quillage plus dangereux
en multipliant les lits, et ne donnait pas à ces claires-voies la rigidité
nécessaire pour éviter le bouclement; on dut renoncer bientôt aux
colonnettes ou petits piliers isolés réunis seulement par
continue, et on se décida à prendre les balustrades dans un seul morceau
de pierre; dès lors les colonnettes avec chapiteaux
pas à des assises superposées.
qui dirigeaient les architectes de ces époques, leur commandaient de
changer les formes des détails, comme de
à mesure
construites,
assise de couronnement, on remarquera que la partie supérieure des
balustrades est, comparativement aux points
Il était nécessaire en effet de charger beaucoup ces points
pour les maintenir dans leur aplomb.
</div>
Ligne 160 :
Quand les balustrades furent prises dans un seul morceau de pierre, au contraire, on donna de la force, du
pied à leur partie inférieure, et de la légèreté à leur partie supérieure,
car on
des lits horizontaux. Les balustrades des grandes galeries de la
façade et du sommet des deux tours de la cathédrale de Paris sont taillées
conformément à ce principe (7); leur pied
prolonge le glacis du larmier de la corniche; un ajour en quatre-feuilles
donne une décoration continue
Ligne 170 :
<div class=prose>
<br>
qui
un seul morceau de pierre; un appui saillant, ménagé dans
la pierre, sert de larmier et préserve la claire-voie. Aux angles, la balustrade
de la grande galerie est renforcée par des parties pleines ornées de
gros crochets saillants et de figures
monotonie de la ligne horizontale de
extérieure du triforium de la même église, plus légère parce
un ouvrage de moindre importance, est encore munie de
inférieur nécessaire à la solidité. Cet empattement, pour éviter les dérangements,
est posé en feuillure dans
</div>
[[Image:Balustrade.cathedrale.Paris.3.png|center]]
Ligne 186 :
faudrait pas cependant considérer les principes que nous posons ici comme absolus; si
les architectes du XIII<sup>e</sup> siècle étaient soumis aux règles de la logique, ils
de la forme,
savaient au besoin faire plier un principe à ces lois du goût qui, ne pouvant
être formulées, sont
et non au raisonnement.
commandés par un besoin et nécessaires en même temps à la décoration,
que le goût doit intervenir et
donner à leurs balustrades prises dans des dalles découpées
objet taillé dans une seule pièce, il fallait que ces parties importantes de la
décoration ne vinssent pas, par leur forme, contrarier les lignes principales
de
juxtaposés convenaient à des balustrades continues non interrompues
par des divisions verticales rapprochées, ces ajours produisaient un
mauvais effet
pinacles ou des points
divisions multipliées et dans lesquelles la ligne verticale était rappelée,
surtout si les balustrades servaient de couronnement supérieur à
quatre-feuilles étaient impérieuses, ne pouvaient se rétrécir ou
volonté; si une travée permettait de tracer cinq quatre-feuilles par exemple,
une travée plus étroite ou plus large de quelques centimètres dérangeait
cette combinaison, ou obligeait le traceur à laisser seulement aux extrémités
de sa travée de balustrade une portion de trèfle ou de quatre-feuilles; ce
qui
verticales permettaient au contraire
complets, et il était facile alors de dissimuler les différences de largeur de
travées.
Ligne 219 :
ici. Soit A B (9) une travée de balustrade comprenant trois quatre-feuilles;
si la travée suivante A C est un peu moins longue, il faudra que
divisée en cinq arcatures, la travée A C pourra
sera pas choqué. Les divisions verticales permettent même des différences
notables dans
en exécution; leur dessin est plus facile à comprendre dans des espaces
resserrés qui ne permettraient pas à des combinaisons de cercle de se développer
en nombre suffisant, car il en est de
comme des mélodies, qui, pour être comprises et produire tout leur effet,
doivent être répétées. La balustrade supérieure de la nef et du chœur de Notre-Dame
de Paris, exécutés vers 1230, est divisée par travées inégales de largeur,
et
</div>
[[Image:Balustrade.XIIIe.siecle.png|center]]
Ligne 236 :
<br>
distance en distance, au droit des arcs-boutants et des gargouilles, un pilastre surmonté
balustrade, et maintient le déversement qui, sans cet appui, ne manquerait
pas
le remarquer, si cette balustrade a quelque rapport avec celles qui, peu
au moyen de morceaux de pierre superposés; cela est si vrai, que
cherché à éviter dans les ajours les évidements à angle droit qui peuvent
provoquer les ruptures. Le pied des montants retombe sur le profil du
bas, non point brusquement, mais
empattement destiné à donner de la force à ce pied et à faciliter la
taille (11). On voit ici en A la pénétration des montants sur le profil formant
Ligne 256 :
séparées des lignes verticales, cependant, soit par instinct, soit par raison,
on a cherché à éviter ici toute forme pouvant faire supposer la présence
savaient, sans renoncer aux principes basés sur la raison, faire à
large part, se soumettre aux lois délicates du goût. Si nous croyons devoir
nous étendre ainsi sur un détail de
importance, en tant que couronnement.
que la balustrade fasse partie de la corniche; on ne saurait la plupart du
temps
ses divisions, sa décoration, doivent être combinés avec la largeur des
travées, avec la hauteur des assises et la richesse ou la sobriété des ornements
des corniches. Telle balustrade qui convient à tel édifice et qui fait
bon effet là où elle fut placée, semblerait ridicule ailleurs. Ce
pas <i>une</i> balustrade
de ce monument; aussi ne prétendons-nous pas donner un exemple de
chacune des variétés de balustrades exécutées de 1200 à 1300, encore moins
faire supposer que telle balustrade de telle époque, appliquée à tel édifice
époque et de cette province. Nous voyons ici (fig. 10) une balustrade
exécutée de 1230 à 1240. Cette balustrade est posée sur une corniche
grand édifice, où tout est conçu largement et sur une grande échelle. Aussi
ses espacements de pieds-droits sont larges, ses trilobes ouverts, pas de
Ligne 281 :
pour produire un effet net et facile
à saisir à une grande distance. Or,
voici
ans de distance peut-être, on élève
la Sainte-Chapelle du Palais, édifice
petit, dont les détails par conséquent
sont fins, dont les travées, au lieu
de Paris, sont étroites et coupées
par des gâbles pleins surmontant les
archivoltes des fenêtres.
fera-t-il la faute de placer sur la
corniche supérieure une balustrade
lâche, qui par les grands espacements
de ses pieds-droits rétrécirait
encore à
dont on saisirait difficilement le dessin,
visible seulement entre des pinacles
et pignons rapprochés? Non
pas; il cherchera, au contraire, à
serrer
à la rendre svelte et ferme cependant
pour soutenir son couronnement;
Ligne 314 :
ses accessoires importants et la richesse des corniches et fenêtres; mais il
aura le soin de laisser à cette balustrade son aspect de dalle découpée, afin
gâbles et pinacles. Dans le même édifice,
porche couvert en terrasse par une balustrade. Prendra-t-il pour modèle
la balustrade du grand comble? Point; conservant encore le souvenir de
ces belles claires-voies du commencement du XIII<sup>e</sup> siècle, composées de
colonnettes portant une arcature ferme et simple comme celle que nous
avons donnée (fig. 4); comprenant que sur un édifice couvert
terrasse il faut un couronnement qui ait un aspect solide, qui prenne de
la valeur autant par la combinaison des lignes et des saillies que par sa
richesse, et
sur les arêtes ne peut satisfaire à ce besoin de
ornée de chapiteaux supportant une arcature découpée en trilobes,
refouillée, dont les ombres vives viendront ajouter à
en la complétant, à celui des pinacles en les reliant (13). Mais nous sommes
au milieu du XIII<sup>e</sup> siècle; et si la balustrade du porche de la
Ligne 334 :
<br>
Sainte-Chapelle est un dernier souvenir des primitives claires-voies construites au
moyen de points
comme construction, une balustrade de son époque,
colonnettes reliées à leur base par une traverse, et les arcatures trilobées,
seront prises dans un même morceau de pierre évidé. La tablette
A sera seule rapportée.
par une transition, un progrès
presque toujours rendre justice au goût sûr de ces praticiens du XIII<sup>e</sup> siècle
qui savaient si bien tempérer les lois sèches et froides du raisonnement
par
Longtemps les balustrades furent évidemment
ogivale sur lesquels on apporta une attention particulière; mais il
faut convenir
ingénieuses, belles souvent, on ne les trouve plus liées aussi
intimement à
ne participant plus à
leurs compartiments ne paraît pas toujours avoir été fait pour la place
Beauvais en est un
</div>
Ligne 356 :
<div class=prose>
<br>
exemple (14);
maigre pour sa place, les ajours en sont trop grands, et, de loin, elle ne
prête pas assez de fermeté au couronnement. Sous cette balustrade, la
corniche, bien que délicate, paraît lourde et pauvre en même temps. Nous
retrouvons cette combinaison de balustrades, amaigrie encore, au-dessus
des chapelles de
</div>
[[Image:Balustrade.eglise.Saint.Ouen.Rouen.png|center]]
Ligne 367 :
<br>
défauts sont encore plus choquants ici, malgré que cette balustrade, en elle-même, et
comme taille de pierre, soit un chef-
placée sur des côtés de polygones peu étendus, elle ne donne que quatre
ou cinq compartiments; leur dessin ne se comprend pas du premier coup,
parce que
si elle se développait sur une grande longueur.
cette balustrade lui donne
XIII<sup>e</sup> siècle, on ne rencontre plus guère de balustrades composées
suite de petits montants avec arcature; on semble préférer alors les
balustrades formées de trèfles, de quatre-feuilles, de triangles, ou de
carrés posés sur la pointe avec redents, comme celle qui couronne le
chœur et la nef de la cathédrale
à la Sainte-Chapelle du Palais on avait heureusement rompu les lignes
inclinées des gâbles couronnant les fenêtres par une balustrade à points
balustrade haute pour
et gâbles. Cette balustrade, indépendante de ces pinacles et gâbles, passe
derrière eux, ne fait que
parait ce
part, et
supprimée en laissant à
architectonique. On ne
De 1290 à 1310, on construisait à Troyes
fenêtres supérieures du chœur de ce remarquable édifice sont surmontées
de gâbles à jour qui viennent, non pas comme à la Sainte-Chapelle de
Ligne 396 :
que les deux pentes de ces gâbles et les cercles appareillés dans les
écoinçons portent cette corniche formant chéneau comme le feraient des
liens en charpente. Il y avait à craindre que ces gâbles à jour qui
pas reliés au mur, et cette corniche-chéneau qui reposait seulement sur la
tête de ce mur, sans être retenue dans sa partie engagée par une forte
Ligne 405 :
<div class=prose>
<br>
maintenir ce dévers (16); et voici comment il
prenant ce pinacle ou contre-fort comme point fixe (il
chacune, et, ayant eu le soin de poser ses pinacles sur un plan plus avancé
que celui dans lequel se trouvent les gâbles, il maintint le sommet de
ceux-ci en les étrésillonnant avec les balustrades, ainsi que
plan (16 bis). Soit B le pinacle rendu
</div>
Ligne 418 :
<br>
fixe par sa base portant chéneau fortement engagée dans la construction, et C C les têtes des gâbles; les
demi-travées de balustrades B C étant
formant en plan un angle rentrant en C, viennent étrésillonner et butter
les têtes des gâbles C C, de manière à rendre impossible leur déversement
en dehors. Mais pour rendre sa balustrade à jour très-rigide, tout en la
découpant délicatement,
suite de triangles chevauchés réunis par leurs côtés, et formant comme
autant de petits liens inclinés se contre-buttant mutuellement de manière à
éviter les chances de rupture.
de charpente
aussi que la pierre à laquelle on imposait cette fonction anormale est de la
pierre de Tonnerre,
qui lui donnent, une fois taillée,
était ingénieux et bien raisonné comme appareil; il était impossible de
dominer la matière
savant architecte de Saint-Urbain (voy. [[Dictionnaire raisonné de
parler que de la balustrade dont il est ici question, cette suite de petits
triangles semblables aux grands triangles formés par les gâbles est
fâcheuse au point de vue de
géométriques semblables mais inégales;
de la similitude des diverses parties
est détruite. Ici, comme dans toutes les formes de
à partir de cette époque, le raisonnement, la combinaison géométrique
prennent une place trop importante; le sentiment,
disparaissent étouffés par la logique.
dans leur application vinrent encore ôter aux balustrades leur sévérité de
formes. Les architectes du XIII<sup>e</sup> siècle, mus par ce sentiment
retrouve à toutes les belles époques, avaient compris que plus les membres
de
être largement composées, afin de ne pas détruire
doivent avoir les édifices; car en multipliant les détails sans mesure, on
rapetisse au lieu de grandir
quelques monuments exécutés avec un grand luxe, on
faire des balustrades très-riches par leur combinaison et leur sculpture,
sentiment de la grandeur apparaissait toujours, et les détails ne venaient
Ligne 458 :
<div class=prose>
<br>
(17), élevée en 1257. Il est impossible de grouper plus
une balustrade, et cependant on remarque
de ce portail, avait compris que
espace pouvait détruire
relier cette balustrade aux divisions générales de
engagées qui viennent la pénétrer et la forcer, pour ainsi dire, à
participer à
les architectes du XIV<sup>e</sup> siècle arrivèrent promptement à la maigreur ou à la
lourdeur (car ces deux défauts vont souvent de compagnie dans les compositions
plus surprenantes que belles. Ils cherchèrent souvent des dispositions
neuves et ne se contentèrent pas toujours de la claire-voie percée dans une
Ligne 473 :
se découpaient vivement au sommet des édifices, et donnaient déjà, par
leur simple silhouette, une décoration. On se servit parfois, pendant le
XIV<sup>e</sup> siècle, de cette forme générale, pour
ainsi que fut couronnée la corniche supérieure du chœur de la cathédrale
de Troyes<span id="note4"></span>[[#footnote4|<sup>4</sup>]]. Cet exemple de balustrade
crénelée ne manque pas
ne le donnons
</div>
[[Image:Balustrade.cathedrale.Troyes.png|center]]
Ligne 484 :
exception (18). Les merlons de cette balustrade crénelée sont alternativement pleins et à jour; les appuis
des créneaux sont tous à jour. Derrière chaque merlon plein est un
renfort A qui donne du poids à
son dévers. On remarquera que cette balustrade est composée
pierre
avons dit au commencement de cet article: que les matériaux et leurs
dimensions exerçaient une influence sur les formes données aux balustrades.
Ligne 493 :
posées en délit. Il fallait les faire venir de Tonnerre; elles devaient être
chères, et ces réparations faites au XIV<sup>e</sup> siècle à la cathédrale de Troyes
sont exécutées avec une extrême parcimonie. À
même ville, presque contemporaine de ces restaurations de la cathédrale,
mais où la question
au contraire, comme
des pierres de Tonnerre, pour faire des balustrades minces et
composées de grands morceaux.
Ligne 502 :
[[Image:Balustrade.eglise.Saint.Benigne.Dijon.png|center]]
<div class=prose>
Il
XIV<sup>e</sup> siècle des balustrades pleines, décorées
ne se prêtait pas aux dégagements délicats des redents, et ne conservait
pas ses arêtes, que ces sortes de balustrades ont été adoptées. Dans
la haute Bourgogne, par exemple, où le calcaire est
et difficile à évider, on ne fit des balustrades à jour que fort tard, et
lorsque le style
voisines,
alors les tailleurs de pierre se contentèrent-ils souvent de balustrades
pleines, de dalles posées de champ, décorées de compartiments se détachant
sur un fond.
deux chapelles du transept de
cloître de
premières années du XIV<sup>e</sup> siècle, est couronné
de la même manière comme compartiments et comme appareil, ce qui est
motivé par la nature grossière de la pierre du pays, qui est un calcaire
alpin poreux, tenant mal les arêtes. Seulement ici (18 ter)
</div>
[[Image:Balustrade.cathedrale.Beziers.png|center]]
<div class=prose>
<br>
rapporté sur le corps de la balustrade.
taillée dans une pierre
et (fait qui doit être noté) cet appui porte une dentelure, sorte
fleuronné couronnant la balustrade. Celle-ci, étant pleine, terminait
lourdement les arcades du cloître; sa ligne horizontale se détachant sur le
ciel (car ce cloître est couvert par une terrasse), reliait mal les pinacles qui
terminent les contre-forts; et
de cette ligne horizontale, à laquelle la balustrade pleine
allégement, que fut ménagée cette dentelure supérieure. On trouve plusieurs
exemples de ces balustrades fleuronnées, même lorsque celles-ci sont
à jour, dans quelques églises de Bretagne, surtout pendant les XV<sup>e</sup> et
XVI<sup>e</sup> siècles (voy. fig. 27). Ce qui caractérise les balustrades exécutées
pendant le XIV<sup>e</sup> siècle,
percés chacun de leur ajour, séparés par un montant le long du joint, et
recouverts
succession de divisions verticales séparant chacun des panneaux juxtaposés
ôtait aux balustrades
couronnement continu,
horizontales leur simplicité calme; nécessaire dans des monuments de cette
étendue pour reposer les yeux, que les divisions régulières verticales, trop
répétées, fatiguent bientôt.
Les architectes étaient conduits à sacrifier
perdaient cette liberté qui avait permis à leurs prédécesseurs de mêler les
inspirations du goût aux nécessités de la construction ou de
avait fait place au calcul, aux méthodes, dès le commencement du
XIV<sup>e</sup> siècle, dans tout ce qui tenait à
un exemple
de croix méridional de
construction de cette balustrade remonte à 1325 environ. Il faut dire
cependant que les formes des balustrades adoptées par les architectes du
XIII<sup>e</sup> siècle furent longtemps employées; on les amaigrissait, ainsi que
nous
de moulures et de redents évidés; mais le principe était souvent
conservé; toutefois, on préférait les formes anguleuses aux formes engendrées
par des combinaisons de demi-cercles; les courbes brisées étaient en
honneur; et des voûtes, des fenêtres, elles pénétraient jusque dans les
plus menus détails de
était seul destiné à produire des jeux
</div>
[[Image:Balustrade.cathedrale.Carcassonne.png|center]]
<div class=prose>
<br>
balustrades, parut trop simple, lorsque tous les membres de
se subdivisèrent à
eurent deux plans de moulures;
<i>thème</i>, le second était destiné à former les redents, la <i>broderie</i>. Un
exemple est nécessaire pour faire comprendre
mode.
Voici (20) la balustrade qui couronne la corniche du chœur de
génératrice de cette balustrade, le <i>thème</i>, pour nous servir
rend parfaitement notre pensée, est une suite de triangles équilatéraux
curvilignes.
Ligne 584 :
<div class=prose>
Si nous examinons la coupe sur A B de cette balustrade, nous
voyons que le bizeau C est divisé par un arrêt résultant
à angle droit D. Cette coupe produit un listel, parallèle à la face de la
balustrade.
du bizeau qui leur donne leur modelé. Mais les parties pleines de
les points
des moulures, des colonnettes; les meneaux des fenêtres
chaque jour sous la main de constructeurs; les balustrades
chargées de ce double bizeau taillé suivant un angle de 45 degrés, et de ce
listel du second plan, recevaient trop de lumière; elles paraissaient lourdes
comparativement aux autres membres de
renfoncés découpaient seulement quelques lignes fines de lumière, sur des
ombres larges. Dès lors on renonça aux bizeaux coupés suivant un angle
Ligne 601 :
<div class=prose>
<br>
balustrades, et
sur le bizeau E F, lui étant parallèle, il le frisera et ne produira
demi-teinte. Mais si, fig. D, le bizeau E F donne un angle moindre de
45 degrés, le même rayon lumineux B C laissera toute la partie E F dans
Ligne 610 :
autant que possible, la coupe de ces surfaces fuyantes de la ligne horizontale,
afin de les dérober à la lumière; et comme on ne donne de la finesse
aux parties éclairées que par
éclairées, dans les formes de
produisent, suivant la largeur ou la maigreur de leurs surfaces, la lourdeur
ou la finesse, les architectes, voulant obtenir la plus grande finesse possible
Ligne 623 :
<div class=prose>
<br>
(22) qui donnent plus
tellement les dalles à jour,
remédier à cet inconvénient, ils leur donnèrent plus
balustrades qui, en moyenne, au XIII<sup>e</sup> siècle,
Par
ou de côté, présentaient de si larges surfaces de champ,
à peine voir les ajours. Il fallut encore dissimuler ce défaut, et, pour
y arriver, on profila les balustrades en
dedans comme en dehors. On avait voulu
fuyantes des épaisseurs pour obtenir des
ombres accentuées; par ce dernier moyen,
Ligne 641 :
[[Image:Balustrade.XIVe.siecle.2.png|center]]
<div class=prose>
On nous pardonnera la longueur
théorie
afin de faire comprendre les motifs des
diverses transformations que
aux balustrades
accessoire de
est
nos anciens architectes, et cela avec
raison.
Une balustrade de couronnement complète heureusement ou gâte un
édifice, selon
pas, dans son ensemble et ses détails, à
de cet édifice,
de décoration. Une balustrade bien liée à la corniche qui lui sert de
base, en rapport de proportions avec le monument
rappelle ses formes de détail sans les reproduire à une plus petite échelle,
dont les divisions font valoir les dimensions de ce monument, est une
œuvre assez rare pour
écueils de
restés.
verticaux dans
terminaisons en forme de fleurons ou
architectes du XIII<sup>e</sup> siècle et, à plus forte raison, du XIV<sup>e</sup> siècle
pas dans les formes de
certaine largeur sans le couronner par quelque chose. Pour eux, le <i>pilastre</i>
venant se perdre dans une moulure horizontale était un membre tronqué.
Mais
panneaux séparés par des montants verticaux le long du joint, furent
adoptées sans exception. Les compartiments à jour dont elles se composaient
Ligne 681 :
mais ne sont pas les seules. Ce sont alors les losanges, les
triangles rectilignes qui dominent dans la composition des balustrades. Il
faut remarquer que ces formes se prêtaient mieux à
en pierre, étaient plus solides que les formes curvilignes; et au XV<sup>e</sup> siècle,
Un morceau de balustrade, taillé suivant la fig. 24, présentait beaucoup
de résistance et
Lorsque, pendant le XV<sup>e</sup> siècle, les balustrades étaient composées de
panneaux, les montants verticaux étaient parfois saillants en forme de
petits contre-forts, ainsi que
</div>
[[Image:Balustrade.XVe.siecle.png|center]]
Ligne 698 :
[[Image:Balustrade.XVe.siecle.3.png|center]]
<div class=prose>
Ce fut aussi pendant le XV<sup>e</sup> siècle que
ajours des balustrades, des attributs, des pièces principales
Nous donnons (25) des panneaux de la balustrade couronnant la nef de
la cathédrale de Troyes, et dans lesquels les tailleurs de pierre du XV<sup>e</sup> siècle
Ligne 707 :
une belle et grande fleur de lis inscrite dans un cercle (26). Un
grand K couronné tenu par deux anges se détache au milieu de cette
balustrade;
(Karolus), qui la fit refaire (voy. [[Dictionnaire raisonné de
par Louis XI sur le flanc sud du même édifice, porte également un grand L
couronné. Cet usage de placer des chiffres, des lettres dans les balustrades
fut assez généralement adopté à la fin du XV<sup>e</sup> siècle et au commencement
du XVI<sup>e</sup>; le château de Blois porte, sur la façade élevée par François I<sup>er</sup>, des balustrades dans lesquelles on voit des F couronnées et des
salamandres. On alla même
jour, comme au chœur de
au château de Josselin en Bretagne, sur les balustrades duquel on lit la
devise: A PLUS (27)<span id="note7"></span>[[#footnote7|<sup>7</sup>]].
Ligne 720 :
[[Image:Balustrade.chateau.Josselin.png|center]]
<div class=prose>
Dans
XVI<sup>e</sup>, on fit souvent aussi des balustrades aveugles qui
appuis des fenêtres, que des bandeaux larges formant une riche décoration.
Telles étaient les balustrades qui réunissaient les alléges des fenêtres du
premier étage de
toutes variées soit comme dessin, soit comme division; car il
de trouver une grande variété dans la composition
de la fin du XV<sup>e</sup> siècle et du commencement du XVI<sup>e</sup>.
</div>
[[Image:Balustrade.hotel.Tremoille.Paris.png|center]]
<div class=prose>
Lorsque le goût de
milieu du XVI<sup>e</sup> siècle, les derniers vestiges des formes adoptées par le
moyen âge dans les détails de
balustrades composées
à la base du pignon de la petite église de Belloy près Beaumont;
suite de colonnettes doriques surmontées
soffites sculptés entre les chapiteaux. À Saint-Eustache de Paris, on voit
des balustrades formées de petits pilastres doriques ou composites séparés
par des arcades portées sur des pieds-droits avec leurs impostes<span id="note8"></span>[[#footnote8|<sup>8</sup>]]. Mais
cette succession de lignes verticales données par les colonnettes ou
pilastres rapprochés prenait trop
décoration, et avait
et décorations de
majeur, qui ne manqua pas de frapper les architectes de la renaissance; on
voulut rendre aux balustrades leur <i>échelle</i>, et pour que les colonnettes
formant la partie principale de leur décoration ne parussent pas un
diminutif des ordres de
qui les fait ressembler à un potelet de bois tourné au tour. Les profils de
ces supports se divisent en bagues, gorges, panses, etc. Quelquefois même
les renflements des colonnettes ainsi galbées furent décorés de sculptures;
celles-ci prirent dès lors le nom de balustres qui leur est resté. Peu à peu ces
balustres
et de lourds appuis, couronne assez désagréablement depuis le XVII<sup>e</sup> siècle
la plupart de nos édifices. Il faut croire que ces morceaux de pierre
tournés parurent être la dernière expression du goût, car, une fois adoptés,
les architectes ne se mirent plus en frais
des balustrades en harmonie avec leur architecture; que celle-ci fut simple
ou riche, plate ou accusant de fortes saillies, basse ou élevée, religieuse ou
civile, la balustrade fut toujours la même ou peu
architectes du XVII<sup>e</sup> siècle aient prétendu la diviser en balustrade toscane,
ionique, corinthienne, etc. On ne se contenta pas
besoin demandait une barrière à hauteur
romaine antique que
ni comme emploi ni comme forme. Il faut dire même que la corniche
saillante de
pierre tournés, posés à
moyen âge, posée sur
chéneau, est non-seulement un garde-corps pour ceux qui passent dans ces
chéneaux, mais elle arrête la chute des tuiles ou des ardoises, et est une
sécurité pour les couvreurs qui sont obligés de poser des échelles sur la
pente des combles
la corniche, car le glacis du larmier demande un couronnement; tandis
que la balustrade moderne, posée sur
la frise, est un grossier contre-sens, puisque,
cet entablement, le chéneau se trouverait en dehors de la balustrade et non
en dedans. Aussi, jamais les architectes Romains, qui possédaient cette
qualité précieuse
de placer des balustrades sur les corniches supérieures de leurs édifices,
faites pour porter les premières tuiles des combles.
Ligne 786 :
Nous ne devons pas omettre de parler des balustrades de bois fréquemment
employées pendant les XV<sup>e</sup> et XVI<sup>e</sup> siècles. Quant aux balustrades en
métal, il en est fait mention dans le mot GRILLE.
édifices ou à couvert
au XVI<sup>e</sup> siècle, sont
toujours de petits potelets assemblés haut et bas dans deux traverses,
ainsi que le démontre la fig. 29, copiée sur une balustrade du XV<sup>e</sup> siècle,
posée encore
Flavigny (Côte-
parfaitement aux balustrades de bois;
et les architectes ne
</div>
[[Image:Balustrade.eglise.Flavigny.png|center]]
Ligne 802 :
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<span id="footnote1">[[#note1|1]] : Cette balustrade est rétablie
remplace celle qui avait été refaite au XIV<sup>e</sup> siècle et qui tombait en ruine.
<span id="footnote2">[[#note2|2]] : Cette balustrade
<span id="footnote3">[[#note3|3]] : Il
<span id="footnote4">[[#note4|4]] : Le chœur de la cathédrale de Troyes fut construit de 1240 à 1250, mais tous les couronnements extérieurs furent refaits au XIV<sup>e</sup> siècle.
<span id="footnote5">[[#note5|5]] : Toutes les fois que nous aurons à parler des édifices du XIV<sup>e</sup> siècle, on ne
<span id="footnote6">[[#note6|6]] : Voir
<span id="footnote7">[[#note7|7]] : Cette balustrade est taillée dans des dalles de granit; elle est surmontée
<span id="footnote8">[[#note8|8]] : Voy. <i>
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