« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Sculpture » : différence entre les versions
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=== SCULPTURE ===
s. f. Nous comprendrons dans cet article la <i>statuaire</i> et la
<i>sculpture
du moyen âge aussi bien que dans celle de
branches du même tronc; et si, dans les temps modernes, les sculpteurs
statuaires se sont isolés, ont le plus souvent pratiqué leur art dans
en ne tenant plus compte, ni de
sein des académies. Jadis les sculpteurs statuaires
<i>imagiers</i>.
Ce titre ayant paru maigre, on
pour un monument, dans les chantiers de ce monument, concouraient
directement à
leurs ouvrages (
<i>immeubles par destination</i>.
une pareille servitude: les imagiers, devenus statuaires, ont prétendu
travailler chez eux et
faire des chefs-
et
années cependant, on a cherché à rendre à la statuaire une destination
fixe, on a tenté de revenir aux anciens errements; quelques statuaires
ont été appelés à travailler sur le <i>tas</i>,
même des parties de sculpture, suivant une donnée générale
définie, arrêtée. Mais, malgré ces tentatives dont nous apprécions la
valeur,
sculptures semblent, le plus souvent, des hors-
décoratifs apportés après coup, et
rapports
ici le plus ou moins de valeur de la sculpture moderne. Nous avons
seulement tout
que la sculpture statuaire et la sculpture
liées,
de
Cette histoire de la sculpture du moyen âge exige, pour être comprise,
que nous jetions un regard rapide sur les œuvres de
ont influé sur
tantôt par des voies détournées, très-étranges et généralement
peu connues.
La sculpture, dans
forment deux divisions principales. Il y a la sculpture hiératique et la
sculpture qui, prenant pour point de départ
à se perfectionner dans cette voie, et sans
montée à
décadence. Les peuples orientaux,
certains types consacrés. La Grèce seule
énervant, est partie des types admis chez des civilisations antérieures,
pour les amener, par
par une suite de progrès, soit dans le choix, soit dans
beau absolu. Mais, par cela même
les Grecs
sont descendus. Toutefois, en descendant, ils ont semé sur la route des
germes qui devaient devenir féconds.
supériorité du progrès sur le respect absolu à la tradition, sur
en le supposant arrivé dès
Égypte, est supérieur au progrès,
possible sur ce sommet, tandis que la voie progressive atteint la
perfection un jour, pour descendre aussitôt une pente opposée à celle
de
jour, à partir du point de départ, pour se perdre peu à peu dans le métier
vulgaire,
Il est impossible de ne pas être frappé
devant les sculptures des premières dynasties égyptiennes. Il semble
que cet art si complet, si élevé, dont
doive fournir aux artistes de tous les temps un point
non à de nouvelles créations. Cet art, si beau
formulé comme un dogme; on ne peut rien en retrancher, rien y
ajouter:
(
passe le mot), est au contraire un métal ductile, dont on peut sans
cesse tirer des produits nouveaux. Pourquoi certaines civilisations ont-elles
produit des arts fixés, pour ainsi dire, dans un hiératisme étroit?
Pourquoi
raison humaine, les passions mobiles, les sentiments, la philosophie,
le besoin de la recherche du mieux?
Ligne 95 :
Cela serait difficile à expliquer en quelques lignes, et nous reconnaissons
que le sujet est délicat à traiter. Cependant il est une observation
que nous croyons devoir faire ici,
nous aidera plus tard à expliquer les singulières évolutions de
de
la sculpture pendant le moyen âge.
admettre en ces matières, non plus que dans toute autre,
du hasard, puisque nous voyons
est-elle? Nous croyons
races. Remarquons
est ici en première ligne--ne se produit dans
deux races différentes. Il semble que
d’aptitudes
diverses. Examinons donc
développent
les arts.
Tous les hommes, ou plutôt toutes les races humaines ne sont pas
également portées vers le besoin
unes, il suffit de croire et
autres, les croyances ne dépassent jamais une sorte de règle de conduite
et ne sont pas aux prises avec les aspirations vers
philosophie
appartient à ces races privilégiées qui examinent, analysent
et veulent comprendre pour croire; à celles-là aussi appartient
tel que les Grecs
Occident.
Mais, phénomène singulier! chacune des trois grandes races humaines qui se partagent le globe terrestre
à produire ce
blanche par excellence, est pourvue
les héros; elle domine, elle gouverne; elle établit les premières religions,
elle règle leur culte; elle méprise le travail manuel et forme des
Ligne 129 :
de tout gouvernement. Cette autre, la race jaune, la plus nombreuse
peut-être sur notre planète, est industrieuse, se livre au commerce, au
calcul, à
les métaux; elle se prête facilement à tout labeur, pourvu
au bout un bien-être purement matériel; dépourvue
élevées, de base philosophique, ne se souciant guère de
demeure stationnaire du jour où elle a, grâce à son travail et à son industrie,
élevé un ordre social passable. La troisième, la race noire, est
ardente, violente, ne reconnaissant
superstitieuse, guidée par ses besoins physiques ou son
imagination
mobile et déréglée. Aucune de ces trois races principales, bien
distinctes,
se prêter à ce
les races jaunes ne peuvent les élever
Quant au noir, dépourvu de ce régulateur qui
l’esprit
du blanc, incapable de fixité dans ses idées, il laisse son
imagination
Il est adroit, subtil, ingénieux, mais trop fantasque pour être artiste,
comme nous
lois, sans principes. Le noir
intelligence
si le blanc et le noir (ce dernier en proportion minime) se trouvent
réunis,
Dans le mélange de
penche vers
Nous ne prétendons montrer ici que certaines grandes divisions
faciles à apprécier; car, dans
sont pas aussi simples et tranchées: ainsi, par exemple, la philologie
a démontré de la manière la plus évidente que les races dites sémitiques
ne sont pas des Aryans,
se rapprochent encore moins des jaunes ou des races mélaniennes, mais
cependant elles tiennent par un point à ces dernières par la vivacité et
la mobilité de leur imagination. Pas plus que le blanc ou le noir, le
Sémite seul
relativement faible du blanc,
Au contraire, si un noyau aryan considérable se trouve en contact
avec un peuple sémitique, le ferment intellectuel qui en résulte produit
un développement
progrès. La civilisation grecque en est la démonstration la plus évidente.
On ne manquera pas ici de nous accuser de matérialisme. Mais
pourrions-nous faire? Il y a si longtemps que
vides
qualités, que
à
On
ne le ferait pas à propos des arts. Quand vous
sont <i>dociles au souffle de
que Minerve les protège, si vous ne nous dites pas de quoi
procède, nous ne serons guère avancés. En ajoutant que telle
statue est <i>remplie
comment un sentiment religieux se traduit sur la pierre ou le marbre,
votre observation ne nous importe guère,
gens très-religieux font des statues qui prêtent à rire, et que des artistes
passablement sceptiques en sculptent qui vous font tomber à genoux.
Pérugin, ce peintre par excellence de sujets religieux, et qui parfois est
si touchant, «avait peu de religion et ne voulait pas croire à
de
pas chercher dans cet article sur la sculpture
à
nous garderons de médire, mais qui, en ne nous faisant part que de
leurs impressions, peuvent nous intéresser, mais ne sauraient nous faire
avancer
plus ou moins favorables au développement de
Il
statuaire, naît ou renaît au sein
éléments,
développement spontané; comment il se développe et progresse, et comment il décline.
Nous avons parlé de
plus nous trouvons les arts, et la statuaire notamment, voisins de la perfection.
Les dernières découvertes faites par
mis en lumière des statues de
dépassent comme exécution les figures anciennes de Thèbes, mais possèdent
un caractère individuel très-prononcé.
était arrivé à une grande élévation. Ce ne pouvait être par
mais au contraire par un effort humain, une suite
progrès.
atteint déjà une grande perfection. Nous voyons le même phénomène
se produire chez les populations de
par quelle suite
on prétend désormais le fixer. Ce sont ces arts fixés que rencontrent
les Grecs
de fixité, mais les font, pour ainsi dire, sortir de leur chrysalide pour
les pousser avec une ardeur et une rapidité inouïes vers un idéal qui
prend pour point
Supposons un instant que ces quelques tribus
venues
les arts des peuplades de
leur hiératisme,
même,
pour les générations futures le véritable symbole de ces arts,
une énigme. Les Grecs, en secouant cette immobilité, nous en font deviner
les secrets, nous permettent de supposer les efforts qui
En effet, les premières infusions aryanes en Asie, en Égypte, au
contact des races aborigènes,
au développement des arts, et ceux-ci avaient atteint rapidement
une supériorité extraordinaire; mais
plus en plus, ces arts
certains liquides par
Ceci peut passer pour une hypothèse; mais ce qui
Ils prennent les formes hiératiques de
voyons
mythologie. Des grands mythes asiatiques, ils font des héros, des personnalités;
en un mot, se fait jour. La divinité ou ses émanations se personnifient,
non plus par une sorte de superposition
Asiatiques, mais par des qualités ou des passions humaines. En même
temps, la philosophie se dégage du cerveau humain,
dans le dogmatisme. Car, observons bien ceci,
de
toujours côte à côte de la philosophie. Lorsque celle-ci
à la recherche des problèmes humains,
énergie et ses produits sont merveilleux; lorsque la philosophie, haletante,
ballottée au milieu de systèmes opposés, se jette, comme pour se
fixer sur quelques points, dans la scolastique,
et arrive par une autre pente à cet hiératisme dont il avait si bien
su
sublime
formulaire hébétant, sans issues. Avec le christianisme, nous le voyons
abandonner entièrement la statuaire, comme
abusé et que ses recherches ne
vulgaire.
On peut donc constater
les développements des idées métaphysiques,
la recherche
de la nature, le progrès par conséquent, mais aussi les erreurs et les
chutes.
Ligne 277 :
certaine
latitude? que les arts se forment comme les compositions chimiques,
Non; mais dans
la philosophie, des mouvements de
autre chose
connaître et de constater les conditions favorables ou défavorables à cette
éclosion, par conséquent de signaler les courants, leurs mélanges et les
produits successifs de ces mélanges.
On
fugitive, et qui a le grand inconvénient
des causes, des origines, de
Le sentiment, admettant
point
sentiment, si
faculté de sentir, à la hauteur
accepter nos jugements par le public impartial.
est-il pas
un peu du sentiment comme de la foi, qui accepte, mais ne crée pas.
À la raison humaine seule est réservée la faculté de créer;
qui conduit à
et la conscience du beau et du bon;
par les mêmes procédés. On
connaissaient
un peu,
dans la pratique des arts, soit dans les jugements que
sur leurs productions. «Toutes choses étaient ensemble;
les divisa et les arrangea», dit Anaxagore<span id="note1"></span>[[#footnote1|<sup>1</sup>]]. Si la foi et le sentiment
font des miracles, ce
montagnes peut-être, mais elle ne sait ni ne
sont faites, ni pourquoi elles sont montagnes. Si elle le savait,
elle se garderait de les déranger de leur place.
des choses?
Ce serait trop sortir de notre sujet que de nous étendre plus longtemps
sur ces influences qui ont dirigé les arts de
hiératique, soit dans la recherche du mieux. Il nous suffit
quelques-uns de ces courants, avant de présenter le tableau de
la statuaire pendant le moyen âge, tableau à peine entrevu, bien
développe chaque jour devant nos yeux.
Ce
le sait. Des types antiques perfectionnés par les Grecs, répandus sur
tout le continent occidental de
une population
vulgaire, il nous reste des fragments nombreux. Laissant de côté
archéologique qui
apparence
travaillent à la tâche pour gagner leur salaire. Reproduisant des
modèles déjà copiés, ne recourant jamais à la source vivifiante de la
Ligne 338 :
de la même ornementation banale, des mêmes bas-reliefs mous et
grossiers
porter les airs
La sculpture dans les Gaules, au moment des grandes invasions,
au IV<sup>e</sup> siècle,
chaque jour. Au point de vue de
plus vulgaire, plus négligé. Mais comme composition, comme invention,
on trouve encore dans ces fragments une sorte de liberté,
d’originalité
qui
Constantin
laisse percer quelque chose qui lui est particulier dans cette sculpture
chargée, banale, sans caractère, et
romain en pleine décadence. Ainsi, par exemple, il ne
à des reproductions identiques
variés. Les types admis pour les ordres se modifient; il y a
comme une tentative
nous étendre sur la valeur de ces symptômes qui, au total,
considérable mais cependant nous devons les signaler, parce
connaître que la Gaule ne restait pas absolument sous
de la tradition des arts romains. Des fragments existant à Autun, au
Mont-Dore, à Auxerre, à Lyon, à Reims, à Dijon, dans le Soissonnais,
Ligne 366 :
provenant
du portique de clôture du temple de Champlieu, près de Compiègne,
qui présente une disposition particulière et
dans les édifices italiens de la même époque (III<sup>e</sup> siècle). Or, les autres
chapiteaux appartenant au même portique ne sont pas taillés sur le
même modèle. Cette variété, dans un temps où la sculpture
qu’un
travail
de
supposer que ces Gaulois romanisés des derniers temps étaient fatigués
de ces reproductions abâtardies des mêmes types, et
les abandonner.
</div>
[[Image:Chapiteau.temple.Champlieu.Compiegne.png|center]]
<div class=prose>
Cette tendance,--en admettant
Gaules,--se perdit dans le flot des invasions.
nous restent de
quelques
fragments de sculpture, ils sont arrachés à des monuments
gallo-romains.
Sous les Carlovingiens, des tentatives sont faites pour renouer
la chaîne brisée des arts, mais ces tentatives
qu’à
de pâles copies des types de
plus ou moins prononcée. Charlemagne ne pouvait songer à
autre chose, en fait
pour y retrouver quelques étincelles; il essayait une renaissance des
formes et des moyens pratiques oubliés. De semblables tentatives
n’aboutissent
des lois, des institutions ou des règlements; il faut
pour les rendre viables et les faire pénétrer dans une nation. Or, sous
les Carlovingiens,
sonnée. Les ferments apportés par les peuplades conquérantes étaient
depuis trop peu de temps mêlés à la vieille civilisation gallo-romaine
pour
Ce
premiers embryons de cet art de la sculpture française, qui, cent ans
plus tard, devait
XI<sup>e</sup> siècle, les seules provinces de la Gaule qui eussent conservé des traditions
romaine
gouvernaient encore <i>intra muros</i>, comme sous
possédaient leurs corps
il est vrai, mais encore vivantes. Toulouse, entre toutes ces
anciennes villes gallo-romaines, était peut-être celle qui avait le mieux
conservé son organisation municipale. Les arts, chez elle,
subi une lacune complète, ils
dès le commencement du XII<sup>e</sup> siècle, le centre
et dont
Dans une autre région de la France,
commencement
du X<sup>e</sup> siècle, avait pris, au milieu du XI<sup>e</sup>, un développement
prodigieux<span id="note2"></span>[[#footnote2|<sup>2</sup>]].
À cette époque, les clunisiens étaient en rapport avec
des maisons dans ces contrées, mais encore ils entretenaient des
relations avec
nous pouvons constater un véritable mouvement
moitié du XI<sup>e</sup> siècle.
la chute
de
comme un art déjà complet, possédant ses principes, ses moyens
d’exécution,
son style. Un art ne pousse pas cependant comme des champignons;
il est toujours le résultat
possède une généalogie.
rechercher.
En 1098, une armée de chrétiens commandée par Godefroi, le comte,
Baudouin, Bohémond, Tancrède, Raymond de Saint-Gilles et beaucoup
1268, cette ville resta au pouvoir des Occidentaux. Antioche fut comme
le cœur des croisades; prélude de cette période de conquêtes et de
revers,
elle en fut aussi le dernier boulevard.
Syrie, bien plus que dans la cité impériale de Constantinople, que les
arts grecs
était encore une ville opulente, industrieuse, et possédant des restes
nombreux de
grecques abandonnées depuis les invasions de
debout,
villes dans lesquelles on trouve encore
de notre architecture romane. Antioche devint une base
principal de réunion des religieux envoyés par les établissements monastiques
de la France, lorsque les chrétiens se furent emparés de la Syrie.
de Pierre
gens de toutes sortes, ouvriers, marchands, aventuriers, qui bientôt,
avec cette facilité
nouvelles qui attirent leur attention, se façonnèrent aux arts et métiers
pratiqués dans ces riches cités de
premières années du XII<sup>e</sup> siècle que nous voyons
transformer sur le sol de la France, mais avec des variétés
signaler. Les monuments grecs des VI<sup>e</sup> et VII<sup>e</sup> siècles qui remplissent les
villes de Syrie, et notamment
sculptée
de la Grèce antique<span id="note3"></span>[[#footnote3|<sup>3</sup>]], mais sont absolument dépourvus de statuaire.
Cependant il y avait eu à Constantinople, avant et après les fureurs des
Ligne 474 :
ne paraît pas toutefois que les artistes byzantins se livrassent à la grande
statuaire, et les exemples dont nous parlons ici sont, à tout prendre, de
petite dimension et
même pour la peinture: les Byzantins avaient produit dans cet art des
œuvres tout à fait remarquables, et dont nous pouvons nous faire une
Ligne 480 :
manuscrits de la Bibliothèque impériale.
Or, parmi ces croisés partis des différents points de
les uns rapportent, dès le commencement du XII<sup>e</sup> siècle, de nombreux
motifs de sculpture
et de la statuaire.
Nous voyons, par exemple, à cette époque, le Poitou, la Saintonge, la
Normandie,
édifices, des rinceaux, des chapiteaux, des frises
style,
immédiatement inspirés par
semble pas faire un progrès sensible. Mais si nous nous transportons en
Bourgogne, sur les bords de la Saône, dans le voisinage des principaux
monastères clunisiens,
au commencement
du XII<sup>e</sup> siècle, un progrès aussi rapide que
sculptée, et rappelle moins encore par son style les diptyques byzantins,
que les peintures qui ornent les monuments et les manuscrits grecs.
Ceci
la Syrie septentrionale, ils ne pouvaient copier des statues ou
bas-reliefs
à sujets, qui
sculptée, et restaient gaulois quant à la statuaire. Pour transposer dans
les arts, il faut un certain degré
seuls alors possédaient. Les clunisiens firent donc chez eux une
renaissance de la statuaire, à
pour quiconque est familier avec cet art. Si nous nous transportons,
par exemple, devant le tympan de la grande porte de
de Vézelay, ou même devant celui de la grande porte de la cathédrale
ces deux pages et particulièrement dans la première, une influence byzantine
prononcée, incontestable, et cependant cette statuaire ne rappelle
Ligne 518 :
autant elle est bornée dans les moyens, conventionnelle, autant
la peinture se fait remarquer par une tendance dramatique, par la composition,
par
se retrouvent à un haut degré dans les bas-reliefs que nous venons de
signaler. De plus, dans ces bas-reliefs, les draperies sont traitées comme
Ligne 526 :
des peintures grecques; on y remarque plusieurs plans, des
agencements de lignes, un mouvement dramatique très-prononcé. Mais
par cela même que les clunisiens transposaient
tout en laissant voir la source
recourir, pour une foule de détails, à
Aussi
les habits mêmes, sauf ceux de certains personnages sacrés, qui sont évidemment
copiés sur les peintures grecques, sont les habits portés en Occident,
mais ils sont byzantinisés (
la manière dont ils sont rendus dans les détails. Quant aux têtes, et cela
est digne de fixer
rappellent nullement les types admis par les peintres grecs. Les sculpteurs
occidentaux ont copié, aussi bien
ampleur très-remarquables.
Nous avons souvent entendu discuter ce point, de savoir si ces bas-reliefs de Vézelay,
par des artistes envoyés
occidentaux travaillant sous une influence byzantine. Longtemps nous
avons hésité devant ce problème; mais, après avoir examiné beaucoup
Ligne 547 :
surtout des vignettes de manuscrits; après avoir réuni des dessins et des
photographies en grand nombre pour établir des comparaisons immédiates,
notre hésitation a dû cesser.
été appelés en France pour exécuter ces sculptures, ils auraient trahi
leur origine sur quelques points, une inscription, un meuble, un ustensile.
Rien de pareil ne se rencontre sur aucun de ces bas-reliefs. Tout est
occidental, et encore une fois la sculpture des Byzantins à cette époque
Dans cette statuaire française que nous regardons comme dérivée de
Ligne 558 :
manuscrits servaient de types aux clunisiens, et ces manuscrits pouvaient
être très-antérieurs au XII<sup>e</sup> siècle,--une des qualités qui frappent le plus
les personnes qui savent voir,
geste. Or, quand on se rappelle à quel degré de barbarie était tombée la
statuaire au X<sup>e</sup> siècle, et combien cette qualité était oubliée alors, les
artistes sortis des écoles de Cluny avaient dû recourir à des modèles
Mais il en est de ce fait historique comme de bien
garder
vrai ici peut être erroné là. Si les clunisiens sont parvenus, au commencement du XII<sup>e</sup> siècle, à former une école de sculpteurs avec les éléments
que nous venons
avant les premières croisades, et avait permis de constituer des écoles de
sculpture relativement florissantes. Sur les bords du Rhin, les efforts que
Charlemagne avait fait pour faire renaître les arts avaient porté quelques
fruits. Ce prince
et de Syrie des présents considérables en objets
les traditions introduites par les artistes orientaux, les objets réunis dans
les monastères, dans les palais, avaient permis de former une école
pseudo-byzantine, qui ne laissait pas
En Provence, dans une partie du Languedoc, et à Toulouse notamment,
une autre école
exemples si nombreux
de la Méditerranée.
</div>
Ligne 585 :
<div class=prose>
Au X<sup>e</sup> siècle, les Vénitiens avaient des comptoirs dans un certain
nombre de villes du Midi et
bijoux, de coffrets et ustensiles
à Damas, à Antioche, à Tyr. Il suffit de voir les sculptures,
du XI<sup>e</sup> siècle qui existent encore autour du chœur de Saint-Sernin de
Ligne 594 :
Pierre, de marbre, est très bas-relief. On retrouve là, non-seulement le
caractère des sculptures de Byzance, mais le faire, le style hiératique
maniéré, et
que les artistes qui taillaient ces images ne regardaient ni la nature, ni
même les nombreux fragments de
dans cette contrée, mais
byzantins
sans cesse de Constantinople. Tout dans cette sculpture est de
convention;
on
plus que par recettes. Mais de cette sculpture qui sent si fort la décadence,
à celle
provinces,
il y a toute une révolution; car cette dernière a repris
jeunesse
qui appartient à un art naissant. Ce
empêchèrent cette école languedocienne de
nous
les diverses natures des influences byzantines en France pendant
le XI<sup>e</sup> siècle et les premières années du XII<sup>e</sup>. Ces artistes de Provence, du
Languedoc, du Rhin, par cela même
grand nombre
comme les clunisiens, à transporter
aussi leurs produits
qui, procédant de la peinture à la sculpture, devait mettre
beaucoup du sien dans les imitations byzantines.
Voici donc, à la fin du XI<sup>e</sup> siècle, quel était
dans les différentes provinces de la France actuelle. Les traditions romaines
que de faibles lueurs dans les villes du Midi. En Provence, les restes des
monuments romains étaient assez nombreux pour que
sculpture
renaissante à cette époque
antique, tandis
tradition romaine, et
exemples sculptés rapportés de Byzance:
compromis entre les traditions gallo-romaines et les exemples venus de
Byzance. Dans les provinces rhénanes
dominait dans la statuaire et
le Périgord, la Saintonge, la statuaire était à peu près nulle, et
plan byzantin. À Limoges et les villes voisines, vers
proximité des comptoirs vénitiens avait donné naissance à une école assez
florissante, appuyée sur les types byzantins. En Auvergne, le Nivernais
et une partie du Berry, les traditions byzantines inspiraient la statuaire,
tandis que
ces provinces étaient en rapport par Limoges avec les Vénitiens, et recevaient
dès lors un grand nombre
dans le Lyonnais,
valeur originale, et comme statuaire, et comme ornementation, par les
motifs déduits plus hauts. Dans
valeur, et
compositions byzantines, à cause de la grande quantité
qui pénétraient dans ces provinces par le commerce des Vénitiens et des
Génois. En Poitou, la statuaire était également tombée dans la plus
grossière barbarie, et
gallo-romaines et
les ustensiles
Si
les mêmes foyers que ceux de
normande au commencement du XI<sup>e</sup> siècle, et il
proprement parler,
de
première
moitié du XII<sup>e</sup> siècle. Si
se fait sentir au commencement du XII<sup>e</sup> siècle
Châlons-sur-Marne,
la sculpture des bords du Rhin ne pénètre pas si loin vers
Toulouse, qui
locale, possède déjà une puissante école de sculpture.
développée au XI<sup>e</sup> siècle dans les provinces occidentales, ne possède des
écoles de sculpture dignes de ce nom
compter vers 1100, en France, cinq écoles de statuaire: la plus ancienne,
provençale, et la dernière née,
allait promptement en former de nouvelles sur la surface du territoire, et
renouveler entièrement la plupart de celles qui lui étaient antérieures,
en les poussant en dehors de la voie hiératique, à la recherche du vrai,
vers
clunisiens au commencement du XII<sup>e</sup> siècle, la sculpture acquiert une
supériorité marquée, soit comme ornementation, soit comme statuaire.
Le témoignage
si vivement contre ces écoles de sculptures clunisiennes et qui essaya de
combattre leur influence, serait une preuve de
avaient acquise au XII<sup>e</sup> siècle, si les monuments
parce
dirons-nous,
des types consacrés, à se soustraire peu à peu à
grecs des bas temps, et
modèle, celui qui avait conservé les allures les plus libres, la
peinture.
La peinture byzantine, en effet,
types uniformes consacrés. Les vignettes de manuscrits grecs du VI<sup>e</sup>
au
X<sup>e</sup> siècle présentent, non-seulement des compositions empreintes
liberté que ne conservent pas les sculptures des ivoires et objets
mais qui reproduisent évidemment des portraits. Ces vignettes
tiennent compte de la perspective, de
par la lumière; quelques-unes même sont profondément empreintes
Nous allons montrer comment les clunisiens avaient introduit dans la
sculpture, imitée comme <i>faire</i> et comme style de
ces éléments de liberté et
reproduction
vraie du geste, soit par
les yeux.
les plus remarquables de cette statuaire pseudo-byzantine des
clunisiens,
Ligne 717 :
[[Image:Sculpture.porte.principale.eglise.abbatiale.Vezelay.png|center]]
<div class=prose>
On remarquera, tout
mouvement,
une <i>mise en scène</i>, qui
de la même époque ou antérieures.
milieu de ces groupes de personnages auxquels
vie et le mouvement. Voyons les détails: voici fig. 3, deux des figures 3/4
nature, sculptées sur le pied-droit de droite;
avec un autre apôtre attentif et paraissant se disposer à donner la
réplique. Le geste du saint Pierre est net, bien accusé, et sa tête prend
une expression
de ce <i>réalisme</i>, le <i>faire</i> des draperies, la manière dont elles sont disposées,
ces plis relevés par le vent, sentent
attentivement les types des têtes de ces statues, on reconnaît
se sont inspirés de ce
présentent
des caractères individuels, ce ne sont plus des types de convention.
Sur des chapiteaux de la même porte, des personnages fournissent des
types variés;
les yeux grands, à fleur de tête,
bouche petite, la lèvre inférieure saillante, le menton rond et la barbe
soyeuse.
et la mâchoire développée. La tête du premier est longue, celle du second
ronde. La tête de femme C présente un autre type. Cette femme, vêtue
seulement
à son bras gauche est attaché une sorte de bouclier orné
derrière lequel elle semble se cacher.
au désert, pour pourvoir à sa nourriture. Un gros oiseau est devant
elle. Le sculpteur a-t-il voulu donner à cette tête un caractère
supposait oriental? Ce qui est certain,
diffèrent des types admis dans les sculptures du monument. Les yeux
sont longs, les pommettes saillantes, le menton et la bouche vivement
Ligne 755 :
pouvons
constater également une étude déjà fine de la nature, on a recours
à elle, et
les plis des draperies, dans certains procédés adoptés pour faire
les cheveux, les accessoires; la même observation pourra être faite
sur
le bas-relief de la cathédrale
Vézelay de vingt ou trente ans au plus, et
dans cette œuvre de sculpture, les types des têtes ont un caractère bien
prononcé et qui
</div>
[[Image:Sculpture.porte.principale.eglise.abbatiale.Vezelay.2.png|center]]
<div class=prose>
avoir entre les mains parce
des plâtras, lorsque ce bas-relief fut muré à la fin du dernier siècle, reproduit
un des types généralement admis dans cette sculpture. Ce type tout
à fait particulier,
caractère asiatique prononcé; il semble appartenir aux belles races
caucasiques. Les lignes du front et du nez, la délicatesse de la bouche,
la longueur des joues, le peu
extrême de
qui
verre bleu et le sourcil est accusé par un trait peint en noir. Ce type de
tête ne se rencontre nulle part dans les figures de Vézelay, où
généralement
les fronts sont hauts et développés, la distance entre la bouche
et le nez grande,
qui est à remarquer,
du Morvan, sur les points les plus éloignés de la circulation, on
rencontre
assez fréquemment ce beau type chez les jeunes paysans.
Voici donc dans deux monuments très-voisins,--puisque Autun
pris pour point de départ
types variés que fournissent ces localités. Mais si nous pénétrons dans
également
à cette époque,
</div>
[[Image:Sculpture.porte.principale.eglise.abbatiale.Vezelay.3.png|center]]
<div class=prose>
On comprendra
seul, un ouvrage étendu. Nous devons nous borner à signaler quelques
points saillants afin
des anthropologistes, sur ces questions dont la valeur est trop
dédaignée.
Nous avons parlé de
siècle.
Comme ses sœurs, au XII<sup>e</sup> siècle cette école abandonne en partie
grec des bas temps pour chercher
Le petit hôtel de ville de Saint-Antonin (Tarn-et-Garonne)<span id="note8"></span>[[#footnote8|<sup>8</sup>]] est
un des plus jolis édifices du milieu du XII<sup>e</sup> siècle,
Il appartient à
et une perfection rares.
</div>
[[Image:Sculpture.hotel.de.ville.Saint.Antonin.png|center]]
<div class=prose>
Entre autres figures, sur
étage de ce monument est sculpté un roi dont nous donnons ici le
masque
(fig. 6).
pris sur la nature,
grands, ces arcades sourcilières éloignées du globe de
cambré, serré à la racine et près des narines, celles-ci étant minces,
relevées; ces lèvres fermes et nettement bordées; cette barbe en
Ligne 827 :
mèches, ces oreilles écartées du crâne, ces cheveux longs et soyeux
ne présentent-ils pas un de ces types slaves comme on en trouve en Hongrie
et sur les bords du bas Danube<span id="note9"></span>[[#footnote9|<sup>9</sup>]]. À côté de cette tête il en est
qui présentent un caractère absolument différent et qui se rapproche
des types les plus fréquemment adoptés dans la statuaire de Toulouse.
Poursuivons cette revue avant de reprendre
suivre dans cet article.
Transportons-nous à Chartres. Le portail occidental de la cathédrale
présente une suite de statues
grandes figures longues qui semblent emmaillotées dans leurs vêtements
comme des momies dans leurs bandelettes et qui sont profondément
pénétrées
de la tradition byzantine comme <i>faire</i>, bien que les vêtements
soient occidentaux. Les têtes de ces personnages ont
et de portraits exécutés par des maîtres. Nous prenons
que connaissent toutes les personnes qui ont visité cette
cathédrale<span id="note10"></span>[[#footnote10|<sup>10</sup>]]
(fig. 7). Ces statues de Chartres datent aussi de 1140 environ. À coup
sûr
donnée
byzantine sous certains rapports,
nous venons de présenter les œuvres, au point de vue de
nature. Des types que nous venons de présenter, celui-là seul a un
caractère
vraiment français ou gaulois, ou celte si
plat, ces arcades sourcilières relevées, ces yeux à fleur de tête, ces
longues joues, ce nez largement accusé à la base et un peu tombant,
droit sur son profil, cette bouche large, ferme, éloignée du nez, ce
bas du visage carré, ces oreilles plates et développées, ces longs cheveux
ondés
grande relativement au crâne,
cette bouche dédaigne et raille. Il y a dans cet ensemble un mélange de
fermeté, de grandeur et de finesse, voire
dans ces sourcils relevés, mais aussi
du péril. Les masques des autres statues de ce portail ont tous un
caractère individuel;
autour
Ce fait mérite
XII<sup>e</sup> siècle, ainsi que nous le démontrerons tout à
admet un type absolu
préoccupe plus de
</div>
[[Image:Sculpture.portail.occidental.cathedrale.Chartres.png|center]]
<div class=prose>
Il existe encore dans
transportées par Alexandre Lenoir au Musée des monuments français et
provenant de
époque
que celles du portail occidental de Chartres. Longues comme
celles-ci,
exécutées avec un soin extrême, remarquables
très-intéressantes au point de vue des vêtements, rendues avec une grande
finesse, elles nous fournissent des types de têtes qui ne rappellent en
rien ceux de Chartres. Voici (fig. 8) celle du roi. Ce masque
reproduction
portrait ou plutôt un type de race, un individu par excellence. Les
grands yeux, fendus comme ceux des plus belles races venues du
Ligne 891 :
<div class=prose>
la lèvre supérieure étant saillante; le front très-large et plat, les
arcades sourcilières charnues et suivant le contour du globe de
barbe souple et les moustaches prononcées, les cheveux abondants et
longs; tous ces traits appartiennent au caractère de physionomie donné à
la race mérovingienne. Que
la figure 7 et
le mérovingien ou les dernières peuplades venues du nord-est, du vieux
sang gaulois. Le dernier type, celui figure 8, est évidemment plus
beau,
plus noble que
hardiesse tenace, dans cette bouche fine quelque chose
on comprend que le type nº 8 domine par la hardiesse et la
conscience
de sa dignité le type nº 7; mais on comprend aussi que ce dernier, dans la physionomie duquel perce un certain scepticisme, finira
par redevenir le maître. Il y a dans les traits du roi, et dans la bouche
notamment, une naïveté qui est bien éloignée de
de Chartres. La tête de la reine provenant du portail de Notre-Dame de
Corbeil et qui faisait pendant à la statue du roi
XII<sup>e</sup> siècle en France reproduisaient les caractères des types humains
statue de femme du portail de la cathédrale de Chartres et celui de la
statue provenant de Corbeil (fig. 9).
Ligne 916 :
[[Image:Sculptures.cathedrale.Chartres.et.Notre.Dame.Corbeil.png|center]]
<div class=prose>
Si
la servante, personne ne
de Corbeil, une distinction, un sentiment de dignité, une gravité intelligente
qui ne se trouvent pas dans la tête B, de Chartres. Mais si nous
mettons en parallèle la tête de femme de Chartres avec celle de
(fig. 7), ces deux types appartiennent bien à la même race; si nous
voyons ensemble les têtes du roi et de la reine de Notre-Dame de
Corbeil,
il est évident que ces personnages appartiennent tous deux aussi à
une même race. Ce
expression de bonhomie malicieuse. Les yeux de ces deux masques
sont fendus de même, les paupières couvrent en partie le globe; le nez
Ligne 934 :
Entrons dans une autre province; en Poitou vers la même époque,
Cette statuaire est fortement empreinte du style byzantin, mais
cependant
Voici (fig. 10) la tête
représentant
la naissance du Sauveur, sur la façade de Notre-Dame-la-Grande,
Poitiers. Qui ne reconnaîtrait là un de ces types si fréquents dans le
Poitou?
avec le front une ligne continue, le front est bien fait mais bas, la
partie supérieure du crâne plate, la bouche près du nez et les lèvres
charnues, la mâchoire ronde et développée, les joues grandes, les
cheveux
lisses. Mais nous devons limiter cet examen de
types humains à quelques exemples et reprendre
diverses
écoles de sculpture du sol français.
Ligne 955 :
[[Image:Sculpture.cathedrale.Notre.Dame.la.Grande.Poitiers.png|center]]
<div class=prose>
Les influences byzantines
était tombé.
Il est certain que des éléments
avaient été introduits par les envahisseurs des V<sup>e</sup> et VI<sup>e</sup> siècles. Les Burgondes,
entre tous ces barbares venus du nord-est, semblent avoir apporté
Ligne 965 :
de la Rome antique et même de Byzance.
Il existe dans les cryptes de
Dijon, rebâtie en 1001 par
du VI<sup>e</sup> siècle. Ces fragments consistent en débris de moulures et de sculptures,
lesquels ont à nos yeux un intérêt particulier.
retrouvés dans les massifs du commencement du XI<sup>e</sup> siècle et qui par
conséquent ne peuvent avoir appartenu
nous donnons (fig. 11) un dessin, se rapprocherait plutôt de certains
types
</div>
[[Image:Sculpture.rotonde.Saint.Benigne.Dijon.png|center]]
<div class=prose>
des serpents. Certaines sculptures anciennes de Scandinavie et
ont avec ce chapiteau des rapports de parenté non contestables. On y
retrouve cette abondance de monstres, ce travail par intailles, ces ornements
Ligne 984 :
«La conquête des provinces méridionales et orientales de la Gaule
par les Visigoths et les Burgondes fut loin
celle du Nord par les Francs. Étrangers à la religion que les
Scandinaves
propageaient autour
avec femmes et enfants sur le territoire romain.
«
Gaule ils étaient chrétiens comme les Gaulois, quoique de la secte
arienne, et se montraient en général tolérants, surtout les Burgondes.
Il paraît que cette bonhomie, qui est un des caractères actuels de la
race germanique, se montra de bonne heure chez ce peuple. Avant
leur établissement à
étaient gens de métiers, ouvriers en charpente ou en menuiserie. Ils
gagnaient leur vie à ce travail dans les intervalles de la paix et étaient
ainsi étrangers à ce double orgueil du guerrier et du propriétaire civil,
qui nourrissait
les Burgondes et les Visigoths que nous pouvons signaler un sentiment
que les écoles de sculpture se développent plus particulièrement
avant le XII<sup>e</sup> siècle, tandis que les provinces occupées par les Francs demeurent
attachées aux traditions gallo-romaines
premières croisades. Les Normands ne laissèrent pas
quelques ferments
retrouve chez les peuples scandinaves et ne concernait point la statuaire
qui semble leur avoir été tout à fait étrangère. Si les monuments
normands
les plus anciens,
traces de sculptures, celles-ci se bornent à des entrelacs grossiers, à
des imbrications et des intailles; mais la figure
monstrueux; encore est-elle rare.
Les invasions scandinaves qui eurent lieu dès le VI<sup>e</sup> siècle sur les côtes
de
XI<sup>e</sup> siècle sur les monuments du bas Poitou et de la Saintonge?
que nous ne saurions décider. Quoi
ne conserve plus le caractère gallo-romain abâtardi que
entier dans le Périgord, le Limousin et une bonne partie de
l’Auvergne
pendant le XI<sup>e</sup> siècle et qui ne cessa de se reproduire en Provence
jusques au XIII<sup>e</sup>.
Nous avons montré par un exemple (fig. 2) ce
statuaire
au XI<sup>e</sup> siècle dans les villes
par les négociants en Occident. Cependant cette province, comme
celles du Nord et de
effort pour abandonner les types hiératiques; elle aussi cherche le dramatique,
la nature. Le musée de Toulouse et
de très-beaux spécimens de ce passage de
de Byzance à un art très-développé bien
données grecques byzantines.
</div>
Ligne 1 048 :
partie du musée de Toulouse date de la première moitié du XII<sup>e</sup> siècle. La
figure est trois quarts de nature. Il y a dans cette sculpture un mouvement,
une recherche de
peintures grecques mais point dans les sculptures. Il semblerait donc que
la méthode adoptée par les clunisiens, consistant à
plutôt que des sculptures byzantines, était désormais admise par
les principales écoles de la France. Mais on peut distinguer dans le
centre
remarquable, deux écoles,
admis chez les peintres grecs,
nature. Un certain nombre de chapiteaux déposés au musée de Toulouse et provenant des cloîtres de Saint-Sernin bâtis vers 1140, sont
finesse
représentées sur ces chapiteaux sont, au point de vue de
et notamment du geste, en avance sur les écoles des provinces
voisines
Ligne 1 065 :
[[Image:Chapiteau.cloitre.Saint.Sernin.png|center]]
<div class=prose>
Voici (fig. 13) un fragment
Salomé,
la fille
un festin et en dansant devant lui, la tête de saint Jean-Baptiste. Les gestes
de ces deux personnages sont exprimés avec délicatesse, indiquent le
sujet non sans une certaine grâce maniérée. Les draperies, les détails des
vêtements,
vivacité et un style que
sculpture engourdie des Byzantins.
Ces belles écoles toulousaines du XII<sup>e</sup> siècle dont il nous reste de si
remarquables fragments,
les Albigeois. Cependant si
Moissac, à Saint-Antonin, à Saint-Hylaire<span id="note13"></span>[[#footnote13|<sup>13</sup>]], à Saint-Bertrand de
Comminge<span id="note14"></span>[[#footnote14|<sup>14</sup>]], on peut admettre
écoles du Nord pendant le XII<sup>e</sup> siècle. Faire sortir un art libre, poursuivant
le progrès par
comme point de départ,
succès
les Athéniens de
empreintes encore profondément
sculptures de Phidias, il y a vingt-cinq ou trente ans. Or nous voyons en
France le même phénomène se produire. Des statues de Chartres, de
Ligne 1 093 :
(Seine-et-Marne), à la statuaire du portail occidental de la cathédrale de
Paris il y a un intervalle de cinquante ans environ et le pas franchi est
immense. Dans cette statuaire des premières années du XIII<sup>e</sup> siècle il
a plus rien qui rappelle les données byzantines pas plus
de traces de la statuaire éginétique, toute empreinte de
Cela, si nous envisageons
mérite
une sérieuse attention et tendrait à détruire une opinion
généralement
répandue, savoir: que
du progrès
enfermé
dans des formules hiératiques. Les Hellènes cependant se saisirent des
arts déjà engourdis de
En peu de temps avec ces éléments, desquels
savait tirer
ils surent tout exprimer.
Comment ce phénomène put-il se produire?
considéré
un degré déjà franchi au-dessous duquel il était inutile de
redescendre. Quand leurs artistes eurent appris le <i>métier</i> à
arts, très-développés au point de vue de
ils furent assurés de
encore de la comparaison de tout à
de la grammaire, alors seulement ils cherchèrent à manifester
leurs propres idées à
certains de ne pas tomber dans une exécution matérielle inférieure à
celle des arts asiatiques, ils
mais se tournant du côté de la nature, étudiant ses ressorts
physiologiques
et psychologiques avec une finesse incomparable, ils
à la recherche de
qui leur servent de modèles, ils en viennent à chercher
types vivants qui les entourent. Cet effort est visible dans les sculptures
doriennes de la Sicile, de la grande Grèce et dans celles de
plus anciennes. Comme chez les Égyptiens et les Assyriens, le portrait
sinon de
immédiatement après des essais informes.
Mais au lieu de faire comme
ces reproductions de types, arrivait à les exprimer
conventionnelle; qui possédait des formules, des poncifs pour
faire un Lybien, un Nubien, un Ionien, un Mède ou un Carien, le Grec
réunit peu à peu ces types divers
fait subir une sorte de gestation dans son cerveau, pour produire un
être idéal,
le Sémite pur ou
Cherchant une abstraction parfaite il ne saurait
sans cesse ce modèle abstrait qui est une création éternellement remise
dans le moule, et par cela même
lui, étant monté aussi haut que
redescendre.
Ce phénomène dans
fin du XII<sup>e</sup> siècle sur une grande partie du territoire français. Si les éléments
sont moins purs, les résultats moins considérables, la marche est
la même.
Les statuaires du XII<sup>e</sup> siècle en France commencent par <i>aller à
des Byzantins; il faut avant tout apprendre le <i>métier</i>,
modèles byzantins que se fait ce premier enseignement. Cependant
dès
frappent; il commence par copier des types de têtes, tout en
conservant
Ligne 1 165 :
Bientôt de tous ces types divers, il prétend faire sortir un idéal,
le beau, il y parvient. Que ce beau, que cet idéal ne soit pas le beau et
des causes semblables ne produisent deux fois des effets identiques; que
cet idéal soit inférieur à celui rêvé et trouvé par le Grec, en considérant
le beau absolu, nous le reconnaissons; mais ce mouvement
pas moins un des faits les plus remarquables des temps modernes.
Les conditions faites à
été
les mœurs, tout semblait concourir au développement de
statuaire. Si les Athéniens ne se promenaient pas tout nus dans les rues,
le gymnase, les jeux, mettaient sans cesse en relief, aux yeux du peuple,
les avantages corporels de
pouvaient distinguer la beauté physique du corps humain, comme de
nos jours le peuple de nos villes distingue à première vue un homme bien
mis et portant son vêtement avec aisance,
plus se développer en observant et reproduisant avec distinction le côté
plastique du corps humain devait se faire jour
les gestes, dans la façon de porter les vêtements, de les draper. Et ainsi
limité, il atteignit encore une grande élévation.
Si donc nous voulons considérer
antiques et dans le moyen âge du côté historique et en oubliant les redites
de
que les habitudes introduites par le christianisme étant admises, les
statuaires du moyen âge en ont tiré le meilleur parti et ont su développer
leur art dans le sens possible et vrai. Au lieu de chercher, comme nous
le voyons faire
grecque, ils ont pris leur temps tel
art intelligible, vivant, propre à instruire et à élever
Un pareil résultat mérite bien
aussi étroites, ces artistes ont atteint le beau,
à eux
Apollon et Vénus
les Grecs eux-mêmes ne se sont pris
plastique dépouillée de tout voile. Mais la nécessité de vêtir la statuaire
étant une affaire de mœurs, savoir donner au visage de beaux traits, une
expression très-élevée, aux gestes un sentiment vrai et toujours simple,
aux draperies un style plein de grandeur,
plus souvent, et dont on a tant abusé
de ces ouvrages; mais cela ne saurait les faire estimer davantage de
la foule, aussi la statuaire de nos jours est-elle devenue affaire de
luxe
entretenue par les gouvernements, ne répondant à aucun besoin, à aucun
penchant de
soit,
À Athènes toute la ville se passionnait pour une statue. À Rome, au
contraire, les objets
Rome impériale
statuaire. Pendant les beaux temps du moyen âge
était compris,
quantité
cet art était entré dans les mœurs. Il faut considérer
toutes ces sculptures ne sont pas des chefs-
qui soit vulgaire;
pensée, ne font jamais défaut. La statuaire remplit un objet, signifie quelque
chose, sait ce
mettre au défi de trouver dans un monument du moyen âge une figure,
une seule, occupant une place sans autre raison, comme cela se fait tous
les jours au XIX<sup>e</sup> siècle, que de loger quelque part une statue achetée par
Un statuaire dans son atelier fait une statue pour une exposition
publique;
cette statue était il y a trente ans un Cincinnatus, ou un Solon,
ou une nymphe;
métaphysique,
en France, ou
où la place-t-on? Dans un jardin?.. Dans un musée de province? Dans
la niche vide de tel ou tel édifice? Dans une chapelle ou dans le vestibule
Or, comment une statue conçue dans un atelier, sans savoir quelle
sera sa destination, si elle sera éclairée par les rayons du soleil ou par
un jour intérieur, comment cette statue, achetée par des personnes qui
ne
comment cette statue, disons-nous, produirait-elle une impression sur
le public? Excepté quelques amateurs qui pourront apprécier certaines
qualités
Si des Athéniens voyaient ces niches vides dans nos édifices, attendant
des statues inconnues, et ces statues dans des ateliers demandant des
places qui
idées sur les arts, et
de Paris,
le peuple, dispersé
répondions, ainsi que de raison, que ces maîtres passés étaient nos ancêtres,
nos ancêtres barbares... et que nous, gens civilisés, nous pratiquons
prétendus tels; que
ces produits académiques développés à
chaude, les Athéniens nous riraient au nez.
Le grand malentendu,
un est attaché à une seule forme; or, la forme que revêt le beau et
du beau ce sont deux choses aussi distinctes que peuvent
une pensée et la façon de
ils reproduisent
composer, parce que
rendît sa pensée et
idées, ni les aspirations intellectuelles qui guidaient
que dans ce cadavre va venir se loger un souffle,
étrange que serait celle du fabricant de fleurs artificielles attendant
Le merveilleux,
fait
indéfinie
nous croire spiritualistes au contraire lorsque nous disons: «Ou ayez
sur les forces de la nature, sur les émanations de la divinité les idées des
Grecs, vivez dans leur milieu, si vous voulez essayer de faire de la statuaire
comme celle
impressionnent des croyants, il est fort possible que Phidias ne fut nullement
dévôt, mais il faut vivre dans un milieu
pouvoir leur donner une valeur compréhensible et pour pouvoir animer
le bloc de marbre ou de pierre. Un athée payen pouvait être saisi de respect
devant la statue de Jupiter
homme, tout athée
Grec attachait au Zeus et vivait au milieu de gens qui
L’intelligence
se séparait en lui de
le dirons-nous encore,
de produire une impression, de donner le souffle à sa création.--Il est entendu que nous prenons ici
de
pas.--Il en est de cela comme de
d’autant
plus
exprime,
non parce
est-il possible
des Grecs du temps de Périclès? Peut-il y avoir entre le public et nous
cette communauté
savants--qui existait entre Phidias et son public? Cette communauté
statuaire grecque peuvent-elles avoir une âme, émaner
compréhensible pour la foule? Certes non, dès lors ces œuvres sont purement
matérielles. Ne portons donc pas
ceux qui cherchent autre chose dans la statuaire
types qui
la première condition
Nous allons voir comment
tentatives faites par les écoles de statuaires du XII<sup>e</sup> siècle. Nous avons
essayé de faire sentir comment ces statuaires instruits par les méthodes
byzantines, avaient peu à peu laissé de côté
avaient cherché
des types
Nord passaient de
les méthodes et le <i>faire</i> du byzantin à une imitation scrupuleuse
dans les nus, les têtes, les pieds, les mains,
de plus en plus délicate, étudiait avec scrupule le geste, les
draperies,
sculpture gallo-romaine se dégageait bien difficilement de ces modèles
si nombreux sur le sol. Une autre école faisait des efforts pour épurer
les méthodes byzantines sans chercher la préciosité de
toulousaine
ni pencher vers le réalisme des écoles du Nord.
Cette école a laissé des traces
demi-cercle dont une branche naît dans la Charente, se développant
vers Angoulême, Limoges, Uzerche, Tulle, Brives, Souillac et Cahors.
Sur ce point, elle joint à Moissac
une époque fort reculée du moyen âge il y avait à Limoges des comptoirs
vénitiens. Il ne serait donc pas surprenant que les villes que nous venons
de signaler eussent eu des rapports très-étendus et fréquents avec
et de noblesse
l’influence
byzantine fût plus pure ou du moins
elle eût donné le temps aux artistes locaux de se développer avant la
réaction de la fin du XII<sup>e</sup> siècle. En effet, à Cahors, sur le tympan de la
porte septentrionale de la cathédrale qui paraît appartenir au
commencement
du XII<sup>e</sup> siècle, il existe un grand bas-relief
laissant assez loin les sculptures de la même époque que
et dans les provinces de
Christ (fig. 14) qui en occupe le centre dans une auréole allongée. Cette
belle sculpture contemporaine, ou peu
Vézelay,
sans accuser les tendances au réalisme des écoles du Nord, ni
de celle de Toulouse, elle indique un état relativement avancé sur une
voie très-large, une recherche du beau dans la forme qui
part ailleurs sur le sol français à la même époque.
</div>
Ligne 1 365 :
<div class=prose>
En effet, la sculpture ne peut être considérée comme un art que du
jour où elle se met à la recherche de
de préparation; les artistes sont occupés à apprendre leur état,
mais--grâce à cette liberté
prendre le dessus,--tentent de se soustraire à
qui lui manquent dans la statuaire, puis en recourant à la nature.
Cette évolution de
important;
le développement de
monastique et
prépondérante prise par le pouvoir royal.
appartient aux laïques; il
vers la fin du XII<sup>e</sup> siècle, de la tutelle monastique.
Il y a ici des questions complexes qui ne semblent pas avoir été
suffisamment
appréciées. Les historiens sont peu familiers avec
pratique des arts plastiques et les artistes ne vont guère chercher les
causes
particulier de la société. Aussi vivons-nous sous
nombre
valeur.
Pour que les arts arrivent à une sorte de floraison rapide, comme
chez les Athéniens, comme au commencement du XIII<sup>e</sup> siècle chez nous
comme dans certaines villes italiennes pendant le XIV<sup>e</sup> et le XV<sup>e</sup> siècle, il
faut
nommerons, faute
circonstances politiques, des cités sont entraînées à faire leurs affaires
elles-mêmes,
ont, comme nos villes du nord de la France, pu obtenir une indépendance
relative entre des pouvoirs également forts et rivaux, en donnant leur
appui tantôt aux uns, tantôt aux autres; comme les républiques
italiennes
en
très-rapidement un noyau compact, vivant dans une communion intime
de
solidaires, des corporations que les pouvoirs ne peuvent dissoudre et
comme en France, en présence
une puissance monarchique qui cherche à se constituer, obtiennent
bientôt les priviléges qui assurent leur existence.
de prendre un rang important dans la cité, de marcher en avant, de
dépasser
Ligne 1 413 :
de manifester extérieurement ce progrès, deviennent un stimulant
très-propre
à ouvrir aux artistes une large carrière. Il ne
copier dans des cellules de moines des œuvres traditionnelles, sans
de ce qui se passe au dehors, mais au contraire de rivaliser
et
puissant, riche et composé
advienne,
il faille compter avec lui.
Ligne 1 423 :
Au commencement du XIII<sup>e</sup> siècle, les moines ne sont plus maîtres
ès-arts,
ils sont débordés par une société
ont élevés, mais qui ont laissé de côté leurs méthodes surannées. La
cour
un goût, comme cela
toute occupée de ses luttes intestines, de combattre les empiètements
du haut clergé, des établissements monastiques, et du pouvoir royal, ne
songe guère à gêner le travail qui se fait dans les grandes cités
dans un semblable état une classe comme celle des artistes jouisse
liberté intellectuelle très-étendue; elle
académie; elle
à une cour; ce
seul et dirige sa marche.
laïque et des établissements religieux, en
communal tendant à
définitivement tombés dans les mains des laïques. Ces prélats pensant
un moment établir une sorte de théocratie municipale, ainsi que cela
avait eu lieu à la chute de
magistrats
suprêmes des grandes cités,
la hiérarchie féodale, avaient puissamment aidé à ce développement des
arts par
Ces monuments, qui rivalisaient de splendeur furent, de 1160 à 1240,
là un chantier ouvert dans chaque cité et sur lequel ils conservaient toute leur indépendance; car les prélats, désireux avant tout
d’élever
des édifices qui fussent la marque perpétuelle de leur protection
sur le peuple des villes, qui pussent consacrer le pouvoir auquel ils
aspiraient, se gardaient de gêner les tendances de ces artistes. Loin de
là, la cathédrale devait être, avant tout, le monument de la cité, sa chose,
son bien, sa garantie, sorte
et la commune;
la cathédrale ressemblait à une église conventuelle et plus
devait
se flatter de voir
considérait comme le seul moyen
la féodalité. Le rôle que joue la statuaire dans ces cathédrales est considérable.
Si
Chartres, on est émerveillé, ne fût-ce que du nombre prodigieux de statues
et bas-reliefs qui complètent leur décoration.
À dater des dernières années du XII<sup>e</sup> siècle,
non-seulement
a rompu avec les traditions byzantines conservées dans les
Ligne 1 474 :
et la manière de les exprimer.
Au lieu de
légendaires dans la statuaire, comme cela se faisait dans les églises conventuelles,
elle ouvre
pour les encyclopédies, et cherche à rendre saisissables pour la foule
certaines idées métaphysiques. Il ne semble pas que
à ce mouvement
intellectuels les plus intéressants de notre histoire.
ce
empressés, avant cette époque, de vanter les moindres travaux dus aux
moines, qui relatent avec un soin minutieux et une exagération naïve,
les embellissements de leurs églises; qui voient du marbre et de
où
aux laïques, même dans les monastères. Ils subissent le talent de ces
nouveaux venus dans la pratique des arts, ils acceptent
quant à la vanter ou à mettre en lumière son auteur, ils
Pour les cathédrales, si la chronique parle de leur construction, elle
montre des populations entières mues par un souffle religieux amenant
les pierres et les élevant comme par
Or imagine-t-on des populations urbaines concevant, traçant, taillant et
dressant des édifices comme la cathédrale de Chartres, comme celles de
Paris ou de Reims, et ces mêmes citadins prenant le ciseau pour
sculpter
ces myriades de figures?
que beaucoup jugent ces arts; comme
si pure
construction,
Dans les églises clunisiennes du XI<sup>e</sup> et du XII<sup>e</sup> siècle, la statuaire ne
Ligne 1 507 :
de saint Benoît, de sainte Madeleine, ou même de personnages moins
considérables, et il faut reconnaître que dans ces légendes les imagiers,
qui certes alors travaillaient dans les couvents
choisissaient les sujets les plus étranges. Pour des portails, on
reproduisait les grandes scènes du Jugement. On faisait les honneurs du
lieu saint aux personnages divins et aux apôtres, mais partout
ailleurs
les scènes de
petite place. Saint Bernard en
représentations
sculptées
mises sous les yeux du peuple, sut interdire
l’ordre
institué par lui. Les cisterciens du XII<sup>e</sup> siècle sont de véritables iconoclastes.
Soit que le blâme amer de saint Bernard ait porté coup sur les
esprits, soit que
centres, toujours est-il que
à 1230,
celle admise
empruntés
aux légendes disparaissent presque entièrement. La sculpture
va chercher ses inspirations dans
elle adopte tout un système iconographique sans précédents. Elle
devient
une encyclopédie représentée. Si les scènes principales indiquées
dans le Nouveau Testament prennent la place importante, si le Christ
assiste au Jugement, si le royaume du ciel est figuré, si
sainte Vierge se développe largement, si la hiérarchie céleste entoure le
Sauveur ressuscité, à côté de ces scènes purement religieuses apparaissent,
figures symboliques, la Synagogue,
sages et folles, la Terre, la Mer, les productions terrestres, les Arts libéraux.
Puis les prophéties qui annoncent la venue du Messie, les ancêtres
Ligne 1 545 :
système étranger à celui qui avait été admis dans les églises
conventuelles.
Mais à côté de cet ordre, il y a
tout nouveau alors, mais qui pour cela
vif. Dans les représentations des vices condamnés à la géhenne
éternelle, les rois, les seigneurs, ni les prélats ne font défaut. Les vertus ne
sont plus représentés par des moines, comme sur les chapiteaux de
quelques portails
Liberté (<i>Libertas</i>).
de Saint-Sernin de Toulouse et de Sainte-Madeleine de Vézelay, par un
homme portant au cou une énorme sacoche et tourmenté par deux démons hideux, est représentée au portail de la cathédrale de Sens par une femme les cheveux en désordre, assise sur un coffre
avec un mouvement plein
matérielle par une pensée philosophique. Plus de ces scènes repoussantes,
si fréquentes dans les églises abbatiales du commencement du XII<sup>e</sup>
siècle. Le statuaire du XIII<sup>e</sup> siècle, ainsi que
de Paris,
de terreur données aux personnages, par leurs mouvements étranges,
ou ridicules. Le côté de damnés sur les voussures de la porte
principale de Notre-Dame de Paris est empreint
et désordonné qui contraste singulièrement avec le style calme de la
partie réservée aux élus. Toutes ces figures des élus expriment une
placidité, une douceur quelque peu mélancolique qui fait songer et
ne trouve pas dans la statuaire du XII<sup>e</sup> siècle, ni même dans celle
de
moraux, si vivement sentie par ces artistes du XIII<sup>e</sup> siècle et qui les
classent au premier rang. Nos lecteurs voudront bien croire que nous
de
époque grecque, en refusant à cette dernière
de
tomber
dans ces exagérations qui ne prouvent
ni vu, ni étudié les œuvres dont on parle. Les artistes qui, au XVII<sup>e</sup> siècle,
prétendaient faire de la statuaire expressive, étaient aussi éloignés de
du moyen âge que de
de la force, les grimaces pour
le dramatique. De toutes les figures de Michel-Ange, à nos yeux la plus
belle est celle du Laurent de Médicis dans la chapelle de
Ligne 1 591 :
grecques et ne dépasse pas certaines productions du moyen âge.
Expliquons-nous.
La statuaire
terre ou en marbre une <i>académie</i>,
heureusement choisi, car ce ne serait alors
mise au point. Tout le monde est, pensons-nous,
chapitre;
tout le monde (sauf peut-être quelques réalistes fanatiques) admet
idéalisé la nature?
De même que, dans un poëme, un auteur peut réunir toutes les vertus
qui se trouvent éparses chez un grand nombre
chacun, en particulier, a la conscience sans les pratiquer à la fois; de
même sur un bloc de marbre ou avec un peu de terre, le statuaire grec
a su réunir toutes les beautés empruntées à un certain nombre
choisis. La conséquence morale et physique de cette opération de
intellectuelle. Par conséquent, si violente que soit
laquelle se livre ce type, si vifs que soient ses sentiments, du moment
que
la pondération), la grimace, soit par le geste, soit par
des traits, est exclue. Les Lapithes, qui combattent si bien les
Centaures
sur les métopes du Parthénon, expriment parfaitement leur
action, mais ce
ni par un jeu outré des muscles. Le geste est largement vrai dans son
ensemble, finement observé dans les détails, mais ces hommes ne font
point des contorsions à la manière des personnages de Michel-Ange. Si
les traits de leurs visages paraissent conserver une sorte
le mouvement des têtes, un léger froncement de sourcil, expriment
la lutte bien mieux que ne
lignes de la face. On ne saurait prétendre que les têtes, malheureusement
trop rares, des statues de la belle époque grecque, soient dépourvues
faut pas plus les regarder après avoir vu celles du Puget
goûter un mets délicat après
pimentée. Mais pour retrouver cette expression si fine des types de têtes
grecques, il ne
brutal et copier le premier modèle venu, voire le mouler, ce qui est
plus simple. Est-ce à dire que ces types du beau, trouvés par les Grecs,
fussent
quatre ou cinq têtes de Vénus, réparties dans les musées de
qui datent de la belle époque, bien que
sur leur qualité divine, y en a-t-il deux qui se ressemblent? Parmi ces
têtes qui semblent appartenir à une race
intellectuelle supérieures,
d’inflexibilité
jalouse, une troisième sera dédaigneuse, etc.; mais toutes,
comme pour conserver un cachet appartenant à
à la fatalité inexorable, qui jette sur leur front comme un voile de sérénité
pensive et grave. Retrouvons-nous ce milieu qui nous permette de
reproduire ces expressions si délicates? Voyons-nous autour de nous des
gens subissant ces influences de la société antique? Les cerveaux
songent-ils aux mêmes choses? Non, certes. Mais nos physionomies
ne disent-elles rien?
procéder
au milieu de notre société comme les Athéniens ont procédé chez
Ligne 1 652 :
sentiments
moraux dominants, des types beaux qui, dans deux mille cinq
cents ans, produiraient sur les générations futures
puisque cela
avec la société grecque.
Cette école du XIII<sup>e</sup> siècle qui
Occident et qui en soupçonnait à peine la valeur, se développe comme
matérielle de
de seconde main,
compose en regardant autour
qu’elle
abandonne entièrement des errements admis, pour recourir à la nature
comme à une forme toujours vivifiante. Apprendre le <i>métier</i>, le conduire
quitter peu à peu ce guide pour étudier matériellement la nature, puis un jour se lancer à la recherche de
des ailes assez fortes,
les écoles du XIII<sup>e</sup> siècle. Et de ces écoles, la plus pure, la plus élevée
est, sans contredit,
de près, puis
en dernier lieu, parce
Dès les premières années du XIII<sup>e</sup> siècle, la façade occidentale de
Notre-Dame de Paris
en 1223, elle était construite
Donc--toutes
les sculptures et failles étant terminées avant la pose--les trois
Ligne 1 685 :
Sainte-Anne, est en grande partie refaite avec des sculptures du XII<sup>e</sup> siècle,
mais celle de gauche, dite porte de la Vierge, est une composition
complète et
tout observateur attentif et non prévenu--car beaucoup
convaincus que cette sculpture est sans valeur
de la regarder<span id="note17"></span>[[#footnote17|<sup>17</sup>]]--que les statuaires auteurs de ces nombreuses figures
ont abandonné entièrement les traditions byzantines, dans la conception
comme dans les détails et le <i>faire</i>,
et
(fig. 15) une tête
voussures de cette porte. Certes, cela ne ressemble pas aux types grecs;
ce
cette tête toutes les conditions de la beauté et
sur ce visage
les traits des statues grecques. Ce front large et haut, ces yeux très-ouverts,
à peine abrités par les arcades sourcilières, ce nez mince, cette
bouche fine et un peu dédaigneuse, ces longues joues plates, indiquent
ce
portrait
noblesse ni de beauté. Nous donnerions trop
évidemment à un type de beauté admis, mais qui ne se ressemblent
pas plus que ne se ressemblent entre eux les visages des personnages
Ligne 1 712 :
[[Image:Sculpture.porte.de.la.Vierge.Notre.Dame.Paris.png|center]]
<div class=prose>
Si nous nous attachons à
ce <i>faire</i> large, simple, presque insaisissable des belles œuvres grecques;
même souplesse et la même fermeté à la fois dans la façon de modeler
les nus.
égale presque celle du marbre de Paros.
serré et le mieux choisi.
</div>
[[Image:Sculpture.porte.de.la.Vierge.Notre.Dame.Paris.2.png|center]]
<div class=prose>
Nous avons décrit à
du portail de Notre-Dame de Paris. Ce
noble des têtes
composition
elle accuse un art très-profondément étudié et senti. Le bas-relief de la mort de la Vierge est une scène admirablement entendue
Ligne 1 731 :
de la Mère du Christ, dont nous présentons figure 16 un tracé
bien insuffisant, fait assez connaître que ces artistes savaient composer,
agencer les lignes
et par
belles par la simplicité des attitudes et la pureté de
est question de cette statuaire du XIII<sup>e</sup> siècle, de ce
religieux et
des personnages vivant dans les cloîtres et tout attachés aux plus étroites
pratiques religieuses. Mais sans prétendre que ces artistes fussent des
croyants tièdes, il serait assez étrange cependant que ce sentiment religieux
se fût manifesté
de la statuaire, précisément au moment où les arts ne furent plus guère
pratiqués que par des laïques et sur ces cathédrales pour la construction
desquelles les évêques se gardaient bien de
établissements
religieux. Il ne serait pas moins étrange que
pendant tout le temps
que des œuvres possédant certaines qualités entre lesquelles ce
peut appeler le sentiment religieux
purement traditionnelle, ainsi que des exemples précédents ont pu le
faire voir.
Voici le vrai. Tant que les arts ne furent pratiqués que par des moines,
la tradition dominait, et la tradition
moins rapprochée de
progrès à cet état de choses, ce
de la nature. La pensée était pour ainsi dire dogmatisée sous certaines
formes;
matériel. Mais lorsque
entrer
dans
d’exprimer
ses aspirations longtemps contenues, ses désirs et ses espérances.
nous passe
presse</i>, un exutoire pour les intelligences toujours prêtes à réagir contre
les abus de
où elle pouvait jeter hardiment ses pensées sous le manteau de la
religion; que cela fut réfléchi, nous ne le prétendons pas, mais
un instinct.
porte ouverte. Les évêques, au sein des villes du Nord qui avaient dès
longtemps manifesté le besoin de
dans ce
à ce développement des arts, sans
fois entre les mains laïques, allaient devenir un moyen
de critique intellectuelle dont ils ne seraient bientôt plus les
maîtres.
Si
du XIII<sup>e</sup> siècle, si on
bien autre chose que ce
y voit,
de traiter les programmes donnés, une haine de
se fait jour partout, et ce qui est plus noble et ce qui en fait un art digne
de ce nom, le dégagement de
féodaux. Considérez ces têtes des personnages qui garnissent les
portails
de Notre-Dame,
de la puissance morale, sous toutes les formes. Celle-ci est pensive et
sévère; cette autre laisse percer une pointe
méditative et intelligente finit, si on les considère de près et pendant un
certain temps, par vous embarrasser comme un problème. Plusieurs,
animés
plus expriment un doute, posent une question et la méditent? Aussi nous
expliquons-nous
dans certains esprits,
surtout si nous les déclarons françaises. Au fond, cette protestation est
raisonnée. Longtemps nous avons pensé--car tout artiste possède une
dose de naïveté--
ignorance des œuvres, présomptions ou préjugés
pourrait vaincre à la longue. Nous nous abusions complètement. La
question,
ne <i>faut pas</i> que cet art soit admis comme beau, parce
profonde de ce que peut obtenir
et des développements que cet affranchissement peut prendre. Une école
qui, élevée sous des cloîtres, dans des traditions respectées,
brusquement, pour aller demander la lumière à sa propre intelligence,
à sa raison et à son examen, pour réagir contre un dogmatisme
séculaire
et courir dans la voie de
exemple
seront permises en fait
seule époque de notre histoire où les artistes affranchis ont su trouver,
en architecture, des méthodes et des formes toutes nouvelles, ont su
Ligne 1 816 :
ni italiens, ni quoique ce soit qui ait paru dans le champ des arts
depuis le siècle de Périclès, qui puisent dans leur propre fond en détournant
les yeux du dogmatisme en fait
en tutelle
Mais il est plus difficile
personnes
en France, dévouées aux idées
protéger
les cendres refroidies de la féodalité et de la théocratie, si bon vous semble;
il
réchauffer,
mais pourquoi écraser du même talon le système oppressif et
ceux qui ont su les premiers
intellectuel au moyen âge? Cela est-il équitable, courageux et
habile?
Le monument religieux était à peu près le seul où
exprimer ses idées, ses sentiments, il le fait
hardie même. Il repousse
société gouvernée par un despotisme quelconque, théocratique ou
monarchique.
Pourquoi lui refuseriez-vous ce rôle de précurseur dans la voie
de l’émancipation de l’intelligence?
On peut reconnaître les qualités
détracteurs. Les admirations
de parti pris et le côté
précieux.
Si vous voyez un siècle tout entier
temps antérieur, vous pouvez être assuré que les idées qui ont dominé
dans cet art vilipendé sont en contradiction manifeste avec les idées de
la société qui le repousse. Si vous voyez un corps, une association, une
coterie
de cet art sont en opposition directe avec les méthodes et les façons
de ses productions, vous pouvez être assuré que
amèrement par elle se distinguait par
et
ce
soupçonnée
de partialité,
Dans un temps comme le siècle de Louis XIV où
guère
roi, subissant tous les caprices
pour plaire, à toutes les flatteries pour vivre (car on flatte avec le
ciseau comme avec la plume), il
XIII<sup>e</sup> siècle avec son caractère individuel, indépendant, dût paraître barbare.
Placez un de ces beaux bronzes étrusques comme le Musée
britannique
en possède tant, sur la cheminée
de chinoiseries, de biscuits, de vieux Sèvres, de ces mièvreries tant recherchées
de la fin du dernier siècle, et voyez quelle figure fera le
bronze antique? Il était naturel que les critiques du dernier siècle qui
mettaient, par exemple, le tombeau du maréchal de Saxe au niveau
des plus belles productions de
sculptures hardies des beaux temps du moyen âge. Le clergé lui-même
mit un acharnement particulier à détruire ces dénonciateurs
permanents
de
de lutter contre
courage et la force, profitent de ce relâchement moral,
à tout ce qui fait un contraste avec
cette société. Quand les chapitres, quand les abbés du dernier siècle jetaient
bas les œuvres
à ces œuvres le seul hommage
leur rendre; ils ne pouvaient souffrir
platitudes dont on remplissait alors les édifices religieux.
instinctive de
la société des honnêtes gens. Les statues pensives et graves de
nos portails
abbés de salon ou à ces chanoines qui, afin
vendaient les enceintes de leurs cathédrales pour bâtir des échoppes.
défiance
se manifester
âge. Il y a là dedans des hardiesses, des tendances indépendantes
fâcheuses;
ces figures de pierre ont
les saints à
à des bonnes décentes, ces anges affadis et toutes ces pauvretés
auxquelles
compromettent
rien. Beaucoup de personnages respectables--et nous plaçant
à leur point de vue, nous comprenons parfaitement
pas vu sans une certaine appréhension ce mouvement archéologique
qui poussait les intelligences vers
âge si soigneusement tenus sous le boisseau; ils ont senti que la critique,
entrant sur ce terrain du passé, allait remettre en lumière toute une série
facile</i>
élevé avec tant de soin depuis le XVII<sup>e</sup> siècle; celui de
qui,
tout travail intellectuel comme une hérésie.
Tout
fait
puissante condamnât
personnalité, à une soumission aveugle, à une direction morale dont on
ne devait même pas chercher le sens et la raison, cette société devait
bientôt voir
semblable, ennemi acharné de tout ce qui pouvait signaler
l’individualisme,
le respect pour le dogme qui prétend le diriger.
Ce qui frappe toujours dans les œuvres grecques,
respecte son art. On subit la même impression
les bonnes productions du XIII<sup>e</sup> siècle; que
cela nous importe peu; mais il est évidemment croyant à son art, et il
manifeste toute la liberté
ne pas mentir à sa conscience.
Nous avouons que, pour notre part, dans toute production
nous saisit et nous attache,
qui
nous charme tant que nous entrevoyons
que nous pouvons, sur le marbre
désirs,
plus
par-dessus tout dans la statuaire du moyen âge, même la plus ordinaire,
profondément gravée sur la pierre. Dans ces figures innombrables du
XIII<sup>e</sup> siècle, on retrouve les joies, les espérances, les amertumes et les
déceptions de la vie.
qui a dirigé son ciseau; et comme pour
neuf,
œuvre, nous sommes plus touchés que si
revêtissant une belle forme.
le beau, suivant un <i>canon</i> admis, ou le beau est-il une essence se développant
de différentes manières suivant des lois aussi variables que
sont celles de
ne saurait être douteuse; le beau ne peut être que
principe et non
âme qui
pas nous qui
disons cela, mais un Grec. Et à ce propos
ressortir une de ces contradictions entre tant
de
point artistes, nos artistes ne sont rien moins que philosophes; de sorte
que ces deux expressions de
trompent le public sur
Il est évident que Socrate était fort sensible à la beauté plastique; il
avait quelque peu pratiqué la sculpture. Il vivait dans un milieu--que
jamais il ne voulut quitter, même pour échapper à la mort,--où la
beauté de la forme semblait subjuguer tous les esprits, et cependant
ainsi
véritablement et, pour ainsi dire, collée au corps, est forcée de considérer
les choses non par elle-même, mais par
comme à travers les murs
reconnaissant que toute la force du cachot vient des passions qui
font
que le prisonnier aide lui-même à serrer sa chaîne; la philosophie, dis-je
recevant
délivrer;
et pour cela elle lui montre que le témoignage des yeux du corps est
plein
elle
de se recueillir et de se concentrer en elle-même, de ne croire
elle-même, après avoir examiné au dedans
de sa pensée ce que chaque chose est en son essence, et de tenir pour
faux tout ce
varie selon la différence des intermédiaires: elle lui enseigne que ce
même,
Épicharme
</div>
<center>
«
</center>
<div class=prose>
Donc ces Grecs
comme absolument dévoués au culte de la beauté extérieure, de la forme,
possédaient au milieu
qui chantaient et professaient quoi?
détachement
de
de
christianisme
Socrate, taillaient les marbres du Parthénon et du temple de Thésée, ils
alliaient difficilement les théories du philosophe avec cette importance
merveilleuse donnée à la beauté extérieure... Socrate fut condamné à
mort. Phidias fut exilé; ce qui tendrait à prouver
civilisation athénienne une lutte sourde commençait entre ces deux
principes, de la prépondérance de la matière sur
matière. Et en effet Phidias
cette statue de Zeus,
pensée la
plus profonde. Déjà donc, à
grec
suprématie de cette beauté sur
lui-même
appelle la vérité née de la raison humaine.
statuaires de notre belle école laïque primitive, si ce
voie ouverte par les Grecs eux-mêmes et de chercher, non point par
une imitation plastique, mais dans leur pensée, tous les éléments de
dont ils nous ont laissé de si beaux exemples?
Les statuaires du XIII<sup>e</sup> siècle ne pouvaient avoir les idées, les sentiments
des statuaires du temps de Périclès; ayant
sentiments, il était naturel
moyens différents de ceux employés par les artistes grecs et en cela ils
étaient
Platon. Mais, objectera-t-on: «nous ne contestons pas cela; nous
n’accusons
pas les artistes du moyen âge de
aussi bonnes que le permettait le milieu social où ils vivaient. Nous tenons
à constater seulement que leurs œuvres ne sont pas et ne pouvaient
être aussi belles que celles de
il est bon
Nous
répondrons: «Il est utile
en même temps de
parce que cet art est en harmonie avec cet état social et que sa forme sensible est parfaitement belle; mais notre état social moderne étant différent
de celui des Grecs, il est utile de savoir comment à
dans des conditions nouvelles étrangères à celles de la société
grecque, des artistes ont su aussi développer un art sans imiter les Grecs
et en conservant leur caractère propre; parce
connaître les moyens sincères
manifester.» Nier que
le milieu le plus favorable au développement des arts plastiques qui ait
jamais existé, ce serait nier la lumière en plein midi; mais prétendre
que ce milieu puisse être le seul, ou plutôt que ce
sans cesse être reproduit, même dans
de
et considérer les aspirations vers des horizons nouveaux comme
les bouffées
la beauté plastique de la statuaire grecque, alors la conclusion devrait
être de chercher une autre face non développée de la beauté.
ce sens que les efforts des statuaires du XIII<sup>e</sup> siècle se sont dirigés. Dans
leurs ouvrages la beauté purement plastique est certainement fort
au-dessous
de ce que nous a laissé la Grèce; mais un nouvel élément intervient,
statuaire
sublime
apparence matérielle, elle devient un être révélant toute une suite
présent--et
que ce passé est bien loin--tandis que les statues du moyen âge des
bons temps manifestent une pensée qui est de
semblent vouloir deviner
mélancolique et découragé, mais le doute audacieux, investigateur;
ce
Ligne 2 077 :
Newton, les Descartes. La statuaire des Grecs est sœur de la poésie;
celle du moyen âge pénètre dans le domaine de la psychologie et de la
philosophie. Est-ce un malheur?
son parti et profiter du fait au lieu
plupart de nos statuaires ne sont-ils pas un peu comme des scribes
à recopier sans cesse des manuscrits enluminés et refusant de
reconnaître
Il ne faudrait pas croire cependant que ces statuaires du XIII<sup>e</sup> siècle
glorieuse qui est le propre de la foi. À Paris, à Reims, bon nombre de
figures sont empreintes de ces sentiments de noble béatitude, que
prête aux êtres supérieurs à
eux un motif de compositions remarquables, soit comme ensemble, soit
dans
On peut voir dans les voussures de la porte principale de Notre-Dame
de Paris deux zones
sont
quantité de ces représentations
mérite. Les anges posés sur les grands contreforts et qui sont de dimensions
colossales sont presque tous des œuvres magistrales.
un peu plus ancienne,
1225 et qui sont adossés aux angles des chapelles absidales, sous la corniche,
ont des qualités qui les mettent
avec la statuaire grecque du bon temps. Nous donnons (fig. 17) la tête
le bonheur calme et sûr, et cependant dans ces traits intelligents,
rien de niais ou de mignard.
temps puissant et sain. Nous inviterions les personnes qui, sans avoir
jamais regardé la statuaire du moyen âge que sur des bahuts flamands
couverts de magots difformes ou sur quelques dyptiques, ne voyent dans
cet art
Chartres ou à Amiens et
statues colossales de ces églises et les deux ou trois mille figures des
voussures et bas-reliefs; peut-être leur jugement serait-il quelque peu
Ligne 2 115 :
[[Image:Sculpture.cathedrale.Reims.png|center]]
<div class=prose>
Si cette tête
ressemble-t-elle
à celle des beautés grecques? Nullement. Le front est haut et large,
les yeux longs, à peine enfoncés sous les arcades sourcilières, le nez est
petit, le crâne large aux tempes, le menton fin.
Champenois idéalisé, qui
pas là un tort, à nos yeux, mais une qualité. Idéaliser les éléments que
que de reproduire cent fois la tête de la Vénus de Milo, en lui enlevant,
à chaque reproduction, quelque chose de sa fleur de beauté
originale<span id="note20"></span>[[#footnote20|<sup>20</sup>]].
Nous
le beau se développait chez les Athéniens entre tous les Grecs. Si élevée
que soit la doctrine de Platon, si merveilleux que soit le <i>Phédon</i>, comme
grandeur et sérénité de la pensée, il ressort évidemment de
l’argumentation
de Socrate que la fin de
y a dans le <i>Phédon</i> et dans le <i>Criton</i> particulièrement, une des plus belles
définitions du devoir que
du devoir envers la patrie;
pensées
exprimées par Socrate.
de la sagesse et par cette recherche il se détache autant du prochain que
de son propre corps. La recherche de la beauté dans les arts, suivant les
Athéniens, procédait de la même manière;
l’humanité
lui reprochent le défaut
le défaut de sensibilité humaine, ce qui serait plus près de la vérité.
Tout <i>individu-statue</i>, plus il est parfait chez
l’humanité,
détaché, absolu dans sa perfection, Aussi, voyez la pente: de
a là un véhicule puissant pour arriver à la beauté, mais est-ce à dire que
ce véhicule soit le seul et surtout
Et cela est particulièrement propre aux Athéniens, non point à
toute la civilisation grecque. Les découvertes faites en dehors de
nous démontrent
trop absolues. Les Grecs pris en bloc ont été des artistes bien plus
<i>romantiques</i>
visiter le Musée britannique, mieux fourni de productions de la statuaire
grecque que le Musée du Louvre. Ce qui ressort de cet examen,
par exemple, qui certes datent
ressemblent plus à de la statuaire de Reims
Nous en sommes désolés pour les classiques qui se sont fait un petit art
grec commode pour leur usage particulier et celui de leurs prosélytes;
était fort prisé par les Grecs,
septième merveille des arts. Pouvons-nous admettre que les Grecs ne
connaissaient pas?
</div>
Ligne 2 174 :
tête; et tout le personnage rappelle singulièrement une des statues du portail
de Reims que nous donnons ici (fig. 18), en engageant les sculpteurs à
aller la voir.
Or, quand on songe que cette statue du roi Mausole est postérieure
de soixante ans à la statuaire de Phidias, on peut assurer que les statuaires
grecs ne se recopiaient pas et
voies, sans craindre
source vivifiante. Au Musée britannique on peut voir
exemples de cette statuaire grecque des côtes de
moyen âge elle-même de la statuaire de
étaient des établissements sérieusement affectés à
dehors des systèmes exclusifs,
salles spéciales, des moulages de la statuaire antique et du moyen âge
comparées. Rien ne serait plus propre à ouvrir
et à leur montrer comment
serait-il pas plus libéral que de repaître notre jeunesse de banalités et
ainsi, nous fera honte en Europe<span id="note21"></span>[[#footnote21|<sup>21</sup>]]? Si dans des salles on plaçait parallèlement des figures grecques de
XII<sup>e</sup> siècle de la statuaire française, on serait frappé des analogies de
ces deux arts, non-seulement quant à la forme, mais quant au <i>faire</i>. Si
plus loin on mettait en regard des figures de
grec et du XIII<sup>e</sup> siècle français, on verrait par quels points de contact
nombreux se réunissent ces deux arts, si différents dans leurs
expressions.
Mais cela tendrait à émanciper
reconnaître
empêcher à tout prix, parce que ce serait la mort du protectorat académique
en matière
qui
conséquent.
Ce
reproduction
assez adroits, au XVI<sup>e</sup> siècle, en France, sous
François I<sup>er</sup>, se sont dégrossis au contact des Italiens et ont produit des
œuvres qui ne manquent pas de charme. Mais
coordonner tous ces éléments et
lumière, à tout jamais, doit jaillir. Si on laisse entrevoir que la France a
possédé un art avant cette inoculation italienne du XVI<sup>e</sup> siècle, si bien réglée
par
et à
en face de nous-mêmes,
reconnaissons
sans <i>villa Medici</i>. Nous
notre talent, notre étude, notre génie propre et notre courage. Il
plus de gouvernement possible dans
est perdu pour les gouvernants comme pour une bonne partie des
gouvernés
et surtout pour la classe des censeure,
le lierre vit du chêne en
</div>
<center>
Le vrai peut quelquefois
</center>
<div class=prose>
Si
siècle: «Bonnes
gens, qui faites de la sculpture comme nulle part on
temps, qui formez
artistes partout, qui pratiquez votre art avec la foi en vos œuvres et une
parfaite connaissance des moyens matériels, qui couvrez notre pays
monde de statues égal, au moins, au monde de statues des villes
grecques;
Ligne 2 246 :
de vos écoles, où des hommes, Français comme vous, nieront votre
mérite,--cela vous importe peu,--mais essayeront de faire croire que
vous
dues à un hasard protecteur, et donneront, comme preuve, que vous
à la prédiction. Cependant le prophète eût bien prophétisé.
Nous ne demanderions pas mieux ici que de nous occuper seulement
de nos arts anciens; mais il est bien difficile
comparaisons, si
possède plus
comme
comme la peinture dont les ressources sont tellement variées, infinies,
il y a mille routes, mille sentiers, mille expressions diverses et mille manières
différentes de les employer. Faire
époque,
la qualité que nous appelons <i>dramatique</i>, dans la statuaire du moyen âge,
sans chercher
en avons fait
Il est nécessaire
calme dans son geste, dans
posséder des qualités dramatiques et une scène violente
aucune. Telle statue antique, comme
par exemple (admettant même
représente), est éminemment dramatique, en ce sens que dans sa pose
affaissée, dans
devine tout une histoire funeste, tandis que le groupe de Laocoon est
bien loin
modèles, et les serpents ne sont-ils
de pose et de muscles. Nous choisissons exprès ces deux exemples dans
une période de la statuaire où
dramatique, et où on ne
de
exécution.
Tel bas-relief des métopes de Sélinonte, quoique
primitive, roide, telle sculpture du XII<sup>e</sup> siècle qui présente les mêmes imperfections, sont profondément empreints de
ces sculptures transportent
restreint rempli par
dramatique dans la statuaire semble
de la haute antiquité,
profonde que
Dans les arts du dessin et dans la sculpture particulièrement,
dramatique ne se communique au spectateur que si elle émane
matérielle du fait, mais par une sorte de traduction idéale ou poétique,
ou par
à un héros des dimensions supérieures à celles des personnages
combat,
physionomie impassible pendant une action violente,
la seconde. Représenter un personnage colossal lançant du haut de son
char, entraîné par des chevaux au galop, des traits sur une foule de petits
ennemis renversés et suppliants,
poétique
de telle sorte
vague, exempt de passion ou de colère,
spectateur une impression de grandeur morale qui produit
instinctivement
Nous ne possédons malheureusement
grandes compositions de la statuaire grecque et il serait difficile de suivre
la filiation du dramatique dans cet art. La composition des frontons
du temple
diverses
poses, un fait matériel,
sentiment du dramatique est profondément gravé dans
assez haute antiquité, si
Sélinonte déjà indiqués, et par les peintures des vases. Le sentiment
dramatique (la vérité du geste mise à part) est très-développé dans la statuaire
du Parthénon et du temple de Thésée, mais développé dans le sens
purement matériel.
et
ce
vibrer et la difficulté est de réunir dans un même objet et la beauté
plastique qui saisit
transporte
deux résultats sont atteints dans
statuaire du moyen âge, semble gêner le développement du beau
plastique
et le statuaire, tout pénétré de son idée,
beauté de la forme. Il
tenir compte.
Quelques bas-reliefs de la fin du XII<sup>e</sup> siècle de
sont très-fortement empreints du sentiment dramatique. Nous
citerons entre autres celui qui sur le tympan de la porte centrale de la
cathédrale de Senlis représente la mort de la Vierge, et là
belle. Dans cette scène, à laquelle assistent des anges, il y a une pensée
rendue avec une grandeur magistrale.
célestes
plus peut-être que les apôtres, et dans cette émotion des anges, il
y a comme un air de triomphe qui remue le cœur, en enlevant à cette
scène toute apparence
Christ
le ciel.
parmi les apôtres, recevant dans ses bras, sous la figure
élevé, touchant, et cette idée a souvent été rendue avec bonheur par les
artistes du commencement du XIII<sup>e</sup> siècle.
des tendances dramatiques dès le XII<sup>e</sup> siècle, mais avec une certaine recherche
qui fait pressentir les défauts de cette école inclinant vers le
Ligne 2 369 :
sous une arcature, des apôtres groupés deux par deux qui accusent bien
les tendances de cette école rhénane si intéressante à étudier. La
figure 19 donne
expressions de ces personnages qui discutent, un sentiment dramatique
prononcé, penchant vers le réalisme,
dans aucune autre école. Mais ce sentiment dramatique manque de
on veut se rendre compte du développement de la statuaire soit comme
pensée, soit comme exécution.
Ligne 2 381 :
<div class=prose>
Nous avons parlé déjà des scènes qui garnissent les voussures de la
porte centrale de Notre-Dame de Paris (côté des damnés) et de
terrible de ces scènes mises en regard de la béatitude et du calme
des élus.
bandés,
tenant un large coutelas dans chaque main; elle est à cheval et
derrière elle tombe, à la renverse, un homme dont les intestins
par une large blessure. Voyez figure 20. «Et en même temps je
vis paraître un cheval pâle; et <i>celui</i> qui était monté dessus
s’appelait
<i>la Mort</i> et
partie de la terre, pour y faire mourir les hommes par
famine, par la mortalité et par les bêtes sauvages»<span id="note23"></span>[[#footnote23|<sup>23</sup>]].
quatre chevaux de
d’édifices
religieux de cette époque, à la cathédrale de Reims notamment;
mais quelle différence dans la manière dont est exprimée cette scène!
Ici, à Notre-Dame,
la figure
semble
que du même coup elle ait éventré cet homme dont la tête traîne dans
la
poussière. Cette façon
en sculpture, le geste de <i>la Mort</i> dont les jambes étreignent fortement
le cheval, le mouvement abandonné de
de la tête de
un ensemble terrible. Il est difficile
dramatique.
renversé,
sont des œuvres de sculpture remarquables et dont notre figure
ne peut donner
dramatique dans un grand nombre de bas-reliefs de la même époque,
du portail de la cathédrale
de Chartres, possèdent ces qualités indépendantes de
et prenaient le plus court chemin pour les exprimer. Aussi, comme les
Grecs, atteignaient-ils souvent la véritable grandeur; car il faut bien reconnaître
que la sculpture ne possède pas les ressources étendues de la
peinture, surtout de la peinture telle
XVI<sup>e</sup> siècle; elle
la coloration, la différence des plans. Elle
dramatique, que le geste et la composition des lignes. La pénurie
de ces moyens exige une grande netteté dans la conception. Or, on doit
Ligne 2 428 :
degré très-élevé.
Il ne faudrait pas croire cependant que dans leurs œuvres
matérielle ne tînt pas une grande place. Il ne
mécanique qui consiste à tailler et ciseler adroitement la pierre,
le marbre ou le bois; ils ont prouvé que, sous ce rapport, ils ne le cédaient
à aucune école, y compris celles de
cette exécution si rarement comprise de nos jours, et qui tient à
à sa place, à sa destination. Les sculpteurs du moyen âge ont composé
de très-petits bas-reliefs et des colosses. Si nous nous reportons à la belle
antiquité grecque, nous observerons que les infiniment petits en sculpture
sont traités comme les œuvres
Les procédés admis pour le modelé
de hauteur sur une pierre intaillée grecque, sont les mêmes que ceux
appliqués à un colosse. En effet, pour
suffit pas de lui donner une dimension extra-naturelle; il faut sacrifier
quantité de détails, exagérer les masses, faire ressortir certaines parties.
Il en est de même si
oblige à sacrifier les détails, à faire valoir les masses principales. Aussi
les pierres gravées grecques donnent-elles
si
de hauteur, il
procédés de
Ptolémées, ont mieux
dont ils ne sont point avares, sont traités en raison de la dimension;
les points saillants de la forme générale sont sentis, prononcés. Aussi
les colosses égyptiens paraissent-ils plus grands encore
réellement, tandis que les grandes statues que nous faisons
ne donnent guère
Les artistes de la première moitié du XIII<sup>e</sup> siècle ont sculpté
quantité de
colosses et en les sculptant ils ont observé cette loi si bien pratiquée dans
plus grand et
</div>
[[Image:Sculpture.galerie.des.rois.cathedrale.Amiens.png|center]]
<div class=prose>
Voyons, par exemple, comme sont traitées les statues colossales de la
galerie des rois de la cathédrale
assez médiocres, mais toutes produisent leur effet de grandeur par la
manière dont elles sont traitées; quelques-unes sont très-bonnes. Les
draperies sont
mouvements nettement accusés, accusés même souvent à
d’outrages
faits à la forme réelle.
vue de la place occupée par ces statues qui sont posées à 30 mètres du
sol. Prenons une tête de
comme les traits sont coupés en vue de la hauteur à laquelle sont placées
ces statues.
dans certains colosses de la haute Égypte. Il est incliné vers le sol. Le
nez est taillé hardiment avec exagération des saillies à la racine. La liaison
Ligne 2 484 :
saillants du visage. Les mêmes procédés sont employés pour les
draperies, pour les nus; sacrifice des détails, simplicité de moyens,
exagération des parties qui peuvent faire ressortir
Très-fréquemment voit-on dans les monuments de la première moitié du
XIII<sup>e</sup> siècle des statues qui produisent un effet excellent à leur
place et qui moulées, posées dans un musée, sont défectueuses. Le contraire a
trop souvent lieu
à savoir
et de quelques amis qui la voient dans
dans
moyen âge
œuvres pour les faire voir isolées, sous un aspect qui
définitif. Ils pensaient avant tout à la destination des figures
à
Ils se permettaient ainsi des irrégularités ou des exagérations que
en place justifie pleinement, mais qui les feraient condamner dans une
salle
À notre avis,
on la destine, est un piége pour
exhibition isolée, partielle, et alors il ne tient pas compte de
du milieu définitif; ou il satisfait à ces dernières conditions et il ne saurait
contenter les amateurs qui vont voir sa statue comme on regarde un
meuble ou un ustensile dont la place
produire
une œuvre de statuaire charmante, possédant en elle-même sa
valeur, et plusieurs de nos statuaires modernes ont prouvé que cela était
possible encore
conditions
peuvent pleinement satisfaire dans
âge avaient acquis une grande expérience de ces effets, en raison de la
place et de
On pourrait même soutenir que sous ce rapport les statuaires du moyen
âge sont allés bien au delà des Grecs, soit parce
édifices un nombre beaucoup plus considérable de figures, soit parce que
ces édifices étant de dimensions incomparablement plus grandes, ils devaient
tenir compte de ces dimensions
certains effets que
Il est évident, par exemple, que les Parques du fronton du Parthénon,
ces incomparables statues, ont été faites bien plutôt pour être vues dans
un atelier que sur le larmier du temple de Minerve. À cette place, la
plupart des détails
devaient presque entièrement être masquées par la saillie de la
corniche.
Ligne 2 532 :
éclairés de reflet, pouvaient difficilement être appréciés, bien que le
sculpteur, par la manière dont sont traités les figures, ait évidemment
pensé à leur éclairage. Mais comme dimension,
Parthénon comparé à la cathédrale de Reims?
statuaires du moyen âge. Les statues qui garnissent les grands pinacles
des contreforts et qui ont plus de 4 mètres de hauteur produisent un effet
complétement satisfaisant, vues
toutes ont les bras trop courts, le col trop long, les épaules basses, les
jambes courtes, le sommet de la tête développé en largeur et en hauteur.
Cependant la pratique la plus ordinaire de la perspective fait
reconnaître que ces défauts sont calculés pour obtenir un effet satisfaisant du point
où
règles que dans des cas pareils les statuaires doivent observer;
une affaire
par exemple, que les statues sont encadrées,
des fonds clairs ou obscurs, sur un nu ou sur le ciel,
ou accompagnées
les œuvres de ces maîtres qui avaient su acquérir une si parfaite
connaissance des effets de la statuaire monumentale et qui ont tant produit dans
des genres si divers.
Il est admis que les statuaires du moyen âge
allongées, sortes de gaines drapées en tuyaux
sans vie et sans mouvement, terminés par des têtes à
et maladive.
Un critique, un jour, après avoir vu les longues figures du XII<sup>e</sup> siècle
de Notre-Dame de Chartres, a fait sur ce thème quelques phrases et la
foule de les répéter, car observons
de
nombre
gaines
et de têtes qui
maladive.
Que les artistes du moyen âge aient cherché à faire prédominer
l’expression,
le sentiment moral sur la forme plastique, ce
sentiment moral, empreint sur les physionomies, dans les gestes, est plutôt énergique
que maladif, plutôt indépendant et ferme
ne saurait nier, par exemple, que les statues qui décorent la façade de
la maison des Musiciens, à Reims<span id="note24"></span>[[#footnote24|<sup>24</sup>]], statues forte nature,
bien loin de ce type banal que
siècle. Et à propos de cette statue posée à 6 ou 7 mètres au-dessus du pavé
étroite, nous observerons comment le sculpteur a tenu compte de la place.
Vue à son niveau, cette figure a le corps trop développé pour les jambes,
mais de la rue, à cause du peu de reculée, les jambes prennent de
et le corps diminue, si bien que
proportion. Et ce
même cas. De même, on pourra remarquer que les statues posées à
quelques mètres au-dessus du sol, dans les monuments du moyen âge, ont,
les bras relativement courts et très-rarement abandonnés le long du
corps.
grâce aux mouvements. Vestris, le célèbre danseur, disait
passé dix ans de sa vie à raccourcir ses bras. Et en effet, les bras sont
parfois aussi gênants dans la statuaire que dans un salon. La plupart des
Ligne 2 594 :
ont ainsi un avantage en échappant par ce côté à la critique, mais celles
qui en sont pourvues, font très-bien voir que les statuaires grecs ne se
faisaient pas faute de dissimuler la longueur des bras de
par des artifices, des raccourcis, ou une diminution de la dimension
réelle.
Ligne 2 602 :
Mais il est une qualité, dans la bonne statuaire du moyen âge, dont
on
ne saurait trop tenir compte.
lumière sur les compositions ou les figures isolées, afin
effet, une pondération des masses. Les sculpteurs grecs des bons temps
possédaient cette qualité; ils savaient faire des sacrifices pour donner de
la valeur à certaines surfaces lumineuses; ils agençaient les mouvements
de leurs figures en laissant toujours des larges parties éclairées. En effet,
il faut, dans la sculpture monumentale, reposer
sur des masses simples, lumineuses, pour faire saisir un sujet ou le
mouvement
bas-reliefs
ou les statues de notre école du XIII<sup>e</sup> siècle, nous observerons
milieu de la plus riche façade, fût-on éloigné du monument, ces
bas-reliefs
ou statues
du moyen âge ne savaient pas faire de bas-reliefs et
toujours par la ronde-bosse. Cela
ils procédaient en effet par juxtaposition de statues, ainsi que
Phidias
lorsque les sujets étaient placés près de
pas faute
de Paris, on voit sur les soubassements des portes de la façade
occidentale, des bas-reliefs très-caractérisés et très-habilement composés.
Ceux qui sont placés dans les tympans de
la Vierge sont, entre autres,
style.
les qualités de la meilleure statuaire. Excellente composition de lignes,
pondération des masses, mouvement bien senti et exprimé, sobriété de
moyens, noblesse de style. Cette composition peut rivaliser avec les belles
œuvres de
ni enveloppée de ces plis en tuyaux
statuaire grecque, on ne saurait trouver là ces gestes théâtrals, ces mouvements
outrés, ces poses académiques, auxquels nous nous sommes habitués
et que nous prenons trop souvent pour de
Or, tous les bas-reliefs de cette arcature se valent et datent des premières
années du XIII<sup>e</sup> siècle. Plus tard, nous retrouvons, avec un style moins
large mais avec une observation plus fine de la nature, ces mêmes qualités
dans les bas-reliefs. Témoins ceux de la porte Sud du transsept de la même
église qui représentent des épisodes de la vie des étudiants de
de Paris et qui sont de véritables chefs-
cathédrale
bien comprises comme bas-reliefs et
ainsi
</div>
[[Image:Bas.relief.facade.occidentale.Notre.Dame.Paris.png|center]]
<div class=prose>
Cependant, comme il arrive toujours au sein
déjà développée, on inclinait à admettre un <i>canon</i> du beau. Ce canon qui
était loin
grecque, avait un mérite, il nous appartenait; il était établi sur
est-il aisé de reconnaître, à première vue, une statue appartenant à
types ont un charme; leur exacte observation, après tout, donne des
résultats supérieurs à ceux que peut produire
déjà; le beau
nature a su répartir le beau partout;
vulgaire, à
du milieu
Les statuaires grecs
de Milo est belle, on ne saurait admettre que toutes les femmes qui ne
ressemblent pas à la Vénus de Milo sont laides. Le beau, loin
à une certaine forme, se traduit dans toute créature par une harmonie,
une pondération, qui ne dépendent pas essentiellement de la forme. Il
nous est arrivé à tous, devant un geste vrai, une certaine liaison parfaite
entre le sentiment de la personne et son apparence extérieure,
et son enveloppe que la belle école du moyen âge
particulièrement
attachée. Dans les traits du visage, comme dans les formes et les
mouvements du corps, on retrouve
possède
son caractère personnel, qui reste gravé dans la mémoire comme le
souvenir
parlons ici que des œuvres ayant une valeur au point de vue de
œuvres qui
des porches de Notre-Dame de Chartres, des portails des cathédrales
explique pourquoi ces statues produisent sur la foule une si vive impression,
si bien
une idée, souvent même une légende. Telle est, entre autres, la belle
statue de la Vierge de la porte Nord du transsept de Notre-Dame de
Ligne 2 694 :
une intelligence ferme et sûre, une fierté délicate, des qualités de
grandeur
morale qui rejettent dans les bas-fonds de
religieuse dont on remplit
aux gestes de convention, à
le <i>joli</i> pour plaire à une petite église de boudoir.
La statuaire qui mérite le nom
suite des tendances du clergé français depuis le XVII<sup>e</sup> siècle. Il ne
plus dès lors de tremper
quelquefois sauvages de
empreintes
de passions ou de sentiments robustes, mais de
contraire par un régime doux et facile à suivre.
</div>
Ligne 2 712 :
donnons
la tête (fig. 24), est une femme de bonne maison, une noble dame.
cette figure délicatement modelée. À coup sûr, rien dans cette tête ne
rappelle la statuaire grecque comme type.
française, qui respire la franchise, la grâce audacieuse et la netteté de
jugement.
tirer parti de ce
figures de cette époque--son ciseau docile savait atteindre les
délicatesses
Ligne 2 725 :
Si impuissante que soit une gravure sur bois à rendre ces délicatesses,
nous espérons néanmoins que cette copie très-imparfaite engagera les
statuaires à jeter en passant les yeux sur
Nous trouvons toutes ces qualités dans les bas-reliefs du portail Sud
de Notre-Dame de Paris qui représentent la légende de saint Étienne et
qui datent de la même époque (1257). La composition et
ces bas-reliefs les placent parmi les meilleures œuvres du milieu du
XIII<sup>e</sup> siècle.
Ligne 2 736 :
du XIII<sup>e</sup> siècle, quelques figures tombales des églises abbatiales de
Saint-Denis<span id="note25"></span>[[#footnote25|<sup>25</sup>]], de Royaumont; les apôtres de la Sainte-Chapelle du Palais à Paris; certaines statues du portail occidental de Notre-Dame de
Reims et des porches de Notre-Dame de Chartres<span id="note26"></span>[[#footnote26|<sup>26</sup>]]. Il résulte toutefois de cet examen
statuaire était celle de
particulièrement, les ébrasements des portes du nord sont décorés de statues
du plus mauvais travail; sauf deux ou trois qui sont bonnes.
de
travaux intellectuels et
Ce
champenoise,
une belle carrière, possédaient leur caractère particulier.
souvent près de la laideur. Cette disposition de
les opinions que
trouvent de notre centre, beaucoup de personnes qui
les yeux sur la statuaire des cathédrales de Paris,
ne voulant pas que leurs frais de déplacement fussent perdus, ont
regardé avec quelque attention la statuaire de Strasbourg ou de Fribourg.
moyen âge inclinait vers la recherche du laid, ou tout au moins était maniérée,
maigre, dépourvue de grandeur. Ce jugement est cependant téméraire,
même sur les bords du Rhin. Il est quelques statues de la cathédrale
de Strasbourg qui sont des œuvres capitales; les deux statues de
et de la Synagogue placées à la porte Sud et qui sont du commencement
du XIII<sup>e</sup> siècle sont remarquablement belles. Plusieurs des statues des
vierges sages et folles de la porte droite de la façade occidentale, datant
de la fin du XIII<sup>e</sup> siècle, sont des chefs-
dans du grès rouge, sont
ont une très-belle tournure. Ces artistes rhénans, comme leurs confrères
de
plus là les physionomies que nous retrouvons à Paris, à Reims ou à
Amiens, mais bien le type alsacien. Malheureusement beaucoup de
ces statues ou bas-reliefs de la cathédrale de Strasbourg ont été refaits à
diverses époques, car jamais on
édifice. Une
statue, un bas-relief étaient-ils détériorés par le temps ou la main des
hommes, on les remplaçait. Il ne faut donc pas
porter un jugement sur
Strasbourg, à
mais discerner, au milieu de ces restaurations successives, les ouvrages
qui réellement appartiennent au beau moment de cette école.
Ligne 2 779 :
[[Image:Sculpture.cathedrale.Strasbourg.png|center]]
<div class=prose>
Que de fois des critiques, peu familiers avec la pratique de
établi des jugements, voire des théories ou des systèmes, sur des œuvres
de sculpture qui ne sont que de faibles copies ou des pastiches
maladroits. Il en est de la statuaire du moyen âge comme de la statuaire
grecque; il est bien des ouvrages mal restaurés ou refaits, bien des copies
grossiers de mauvais pastiches et jugent ainsi toute une école,
dû à quelque ciseau maladroit, à quelque pauvre praticien ignorant. Il
est une qualité de cette statuaire du moyen âge du bon temps qui se
fait toujours reconnaître, même dans les œuvres de second ordre,
de la physionomie, du jet des draperies. Cette qualité ne
de longues études, aussi ne la trouve-t-on pas dans les pastiches,
surtout lorsque ceux-ci ont été faits par des artistes qui, prétendant ne trouver
dans cet art
œuvres de la statuaire du moyen âge on reconnaît bientôt que ces
imagiers ne sont rien moins que naïfs. On
arts et particulièrement dans la sculpture,
une longue expérience et une observation scrupuleuse de principes définis.
la pratique des arts et
ont conçu et exécuté les bonnes statues de notre XIII<sup>e</sup> siècle, remarquables
par la distinction et la simplicité de leur port, de leur physionomie,
de leur ajustement, fussent de pauvres diables, ignorants, superstitieux,
grossiers. Tant vaut
et jamais
œuvre plate. Pour faire des artistes, faites des hommes
artistes français du moyen âge aient très-rarement signé leurs œuvres,
cela ne prouve pas
prouve seulement
nom, au bas
des gens de goût; ceux-ci
pour juger une œuvre. En cela ils étaient simples, comme les gens qui
comptent plus sur leur bonne mine et leur façon de se présenter pour
être bien reçus partout, que sur les décorations dont ils pourraient orner
leur boutonnière. Nous avons changé tout cela, et
des Italiens, de tous temps grands tambourineurs de réputation,
une célébrité, qui donne de la valeur à
a gagné à cela?
Quelques-uns veulent voir dans cette rareté de noms
notre statuaire une marque
sur lesquelles on trouve le plus de noms sont des sculptures romanes,
dues à des artistes moines, ou sur
donc les meilleurs artistes et les artistes laïques eussent-ils pu montrer
plus
petites villes? Non, ces consciencieux artistes du XIII<sup>e</sup> siècle voyaient
dans
passait dans leurs ouvrages. Ils
qui les avaient sculptées
ni le peintre, ni le verrier, ne se séparaient de
gens à aller regarder <i>leur</i> statue, ou <i>leur</i> vitrail, ou <i>leur</i> peinture, indépendamment
du monument auquel
considéraient comme les parties
chacun
voisin, mais à produire un ensemble harmonieux et complet. Mais nous
expliquerons plus loin les motifs de cette absence de noms sur les
œuvres
Nous
tirés de ces grands ensembles, afin de faire apprécier leur valeur absolue.
Il est temps de montrer comme la statuaire sait se réunir à sa sœur,
cette réunion est la plus intime, et ce
de
Dans les monuments de
de la statuaire qui les décorait, celle-ci ne se lie pas absolument avec
ne se mêle point avec elle. Ce sont des métopes, des frises
d’entablements,
des tympans de frontons, des couronnements ou amortissements,
pris entre des moulures formant autour
de sertissure.
dans ses édifices, des niches pour des statues, de larges espaces pour
des bas-reliefs, comme dans les arcs de triomphe par exemple. Mais à
la rigueur, ces sculptures peuvent disparaître sans que
général du monument perde ses lignes.
âge. Il ne serait pas possible, par exemple,
cathédrale de Chartres, la statuaire, sans supprimer du même coup
Dans des portails comme ceux de Paris,
il serait bien difficile de savoir où finit
commence celle du statuaire et du sculpteur
se retrouve même dans les détails. Ainsi, compose-t-on un riche soubassement
sous des rangées de statues
elles); ce soubassement sera comme une brillante tapisserie ou les
compartiments géométriques de
d’ornement
et la statuaire seront liés ensemble comme un tissu sorti de la
même main.
portail de Notre-Dame
portes de
siècle, et beaucoup
Entre ces soubassements, ceux
Les sujets sculptés sont pris dans
y voit la Création,
Ce sont des bas-reliefs ayant peu de saillie, très-habilement agencés
dans un réseau géométrique de moulures et
général, par le peu de relief, est solide, brillant, vivement senti; les
sujets sont traités avec une verve sans égale.
La figure 26 est un fragment de soubassement tapisserie, représentant
on voit
banquetant.
Le médaillon 26 est la moralité de ces passe-temps profanes. Une
femme allaite deux dragons. Cette figure
de hauteur,
passablement mutilée, comme tous ces bas-reliefs de soubassements,
par les enfants, que
indifférence, bien
publics<span id="note27"></span>[[#footnote27|<sup>27</sup>]].
</div>
[[Image:Sculpture.soubassement.cathedrale.Auxerre.png|center]]
<div class=prose>
Mais, tout à
Chartres comme réunissant
la sculpture. En effet, les piles qui portent les voussures de ces porches
appartiennent plutôt à la statuaire
porche du nord présente un des exemple les plus complets de cette
alliance intime des deux arts. Il suffit pour le reconnaître de feuilleter
la monographie de cette cathédrale publiée par Lassus et les planches de
les colonnes qui leur servent de dossier, forment un tout dont la
silhouette est des plus heureuses, et dont les détails sont du meilleur
style.
œuvres, séduits par les combinaisons géométriques, tendaient à
restreindre le champ du statuaire.
Dès les premières années du XIII<sup>e</sup> siècle, il
sculpture
alors de lien, de transition naturelle entre les formes géométriques
et celles de la figure humaine, en ce que déjà elle recourait à la flore
des bois et des champs pour trouver ses motifs, au lieu de
aux traditions des arts romains et byzantins. Il nous faut ici revenir un
peu en arrière afin de faire connaître par quelles phases les différentes
écoles françaises avaient fait passer la sculpture
exceptions, telles que celle présentée figure 11, la sculpture
d’ornement
reproduisait
gallo-romaine. Nous
aux Visigoths, aux Burgondes, aux Scandinaves (Normands), parce
est difficile
de monuments assez nombreux. Mais, au moment des premières croisades, la sculpture
une abondance telle que bientôt les modèles orientaux qui avaient servi
de point de départ sont dépassés quant à la variété et à
modèles, les croisés occidentaux les avaient trouvés dans les villes de la
Syrie centrale et à Constantinople. Mais cette sculpture gréco-romaine
est plate, un peu maigre, découpée, et sa composition pêche par la
monotonie.
nature. Le bel ouvrage sur les églises de Constantinople, par M. Salzenberg<span id="note29"></span>[[#footnote29|<sup>29</sup>]];
le <i>Recueil
publié par M. le comte Melchior de Vogüé avec les dessins de M.
Duthoit<span id="note30"></span>[[#footnote30|<sup>30</sup>]], nous font assez connaître que déjà, au V<sup>e</sup> siècle, il existait dans
toute cette partie de
de monuments dans lesquels la sculpture
caractère particulier, évidemment issu de
modifié par les influences romaines et asiatiques. Aussi dans
son <i>Avant-propos</i>, M. le comte Melchior de Vogüé, reconnaissant combien
notre art du XII<sup>e</sup> siècle se rapproche de cet art gréco-romain de
Syrie, termine-t-il par ce passage: «Tandis
de
Orient, en Syrie du moins, il existait une école intelligente qui maintenait
les bonnes traditions et les rajeunissait par
Dans quelles limites
quelle mesure ses enseignements ou ses exemples contribuèrent-ils à
la renaissance occidentale du XI<sup>e</sup> siècle? Quelle part enfin
eut-il dans la formation de notre art français du moyen âge?...»
M. le comte Melchior de Vogüé nous fournit une partie des pièces
nécessaires à la solution de ces questions, en ce qui touche à
et à la sculpture. Celle-ci ne se compose que
toujours adroitement composée, mais sèche et plate; la figure humaine
et les animaux font absolument défaut, sauf deux ou trois exemples, un
agneau, des paons, très-naïvement traités. Ce sont presque toujours des
feuilles dentelées, découpées vivement, cannelées dans les pleins de
manière à obtenir une suite
VI<sup>e</sup> siècle, ce genre
empruntée à une flore toute de convention se mêlent parfois--surtout dans les édifices les plus éloignés de la chute du paganisme--des
combinaisons géométriques, des entrelacs obtenus par des pénétrations
de cercles ou de lignes droites suivant certains angles. En examinant
ces jolis monuments, si habilement entendus comme structure,
conçus si sagement en vue du besoin et de
toujours
de dispositions originales, on est surpris de trouver dans
cette sécheresse, ce défaut
ressources.
Les églises, couvents, villas, bains, maisons, qui témoignent
ornementation
pendant
pierre, <i>enfoncé</i> de quelques millimètres dans les intervalles des feuilles
ou brindilles, des fruits ou rosettes, et uniformément modelés à
de ce coup de ciseau en creux vif.
de
peu plus
de recherche dans les détails. Les artistes occidentaux, à dater des premières
croisades,
ressortir à
ne se bornent pas à cet emprunt: ils prennent aussi des procédés de
structure, des dispositions de détails et cette ornementation sèche et
Ligne 3 000 :
mêmes goûts, des mêmes aptitudes. Ce sont des Provençaux, des
Languedociens, des Poitevins, des Bourguignons, des Normands, des
Auvergnats, des Berrichons. En allant à
voient ces monuments à travers des traditions fort appauvries, mais
assez vivaces encore pour que, revenus chez eux, les traductions
Ligne 3 007 :
comme les Provençaux, copient presque littéralement cette
ornementation
des édifices syriaques et la placent à côté
gallo-romains;
décorations les combinaisons géométriques:
Berrichons, font un mélange de ces ornements syriaques et de ceux que
les Gallo-Romains ont laissé sur le sol. Les Poitevins, en les imitant, leur
donnent une ampleur particulière. Mais toutes ces écoles, sans
exception,
mêlent bientôt la figure à ces imitations
Cela tient au génie occidental de cette époque; et, si grossiers que soient
ses premiers essais, ils ne tardent guère à se développer
tout à fait remarquable.
plus tard à ces compositions
un rôle important.
Voyons donc comment procèdent les principales écoles françaises
après les
grossiers tâtonnements des X<sup>e</sup> et XI<sup>e</sup> siècles.
que partielle, est
les bandeaux, les frises, les chapiteaux mêmes, pourraient figurer sur
de la France<span id="note31"></span>[[#footnote31|<sup>31</sup>]]. Nous en donnons ici même un exemple frappant,
figure 27, tiré
près Arles. Dans un grand nombre de monuments du XII<sup>e</sup> siècle,
de la Provence, à côté
sculpture
romano-grecque de Syrie, se développe une frise, se pose un
chapiteau, que
gallo-romaines.
Ce mélange des deux arts, ou plutôt des deux branches de
Syrie sous
sans caractère propre, sans originalité. Ce
prend pas une allure libre entre deux influences également puissantes.
Les cloîtres de saint Trophyme
Saint-Gabriel près Tarascon; de Saint-Gilles, du Thor près Avignon,
présentent dans leur sculpture
des réminiscences de deux arts sortis
qui
préoccupent
différentes ou un art ancien dans des principes nouveaux, mais
deux branches
mal et laissent dans
au moins produite par des artistes isolés, fort surpris de trouver leurs
œuvres mêlées.
Ligne 3 061 :
[[Image:Sculpture.eglise.Sainte.Croix.Montmajour.png|center]]
<div class=prose>
Tout autre est
au XII<sup>e</sup> siècle,
gallo-romaine; mais
en
combinaisons géométriques, ses compositions, elle conserve un
caractère
local, dû très-vraisemblablement aux émigrations qui se répandirent
dans le Languedoc à la chute de
s’émancipe
et produit des ouvrages très-supérieurs à ceux de
provençale.
Il faut reconnaître
ce sont moins les monuments de Syrie ou de Constantinople que
la vue
étoffes; tout lui est bon, tout devient pour elle un motif
d’ornement
sculpté. Les Byzantins ne représentent, dans leur sculpture
monumentale,
ni des animaux, ni des figures humaines; en revanche leurs
étoffes en sont amplement remplies; beaucoup
de Toulouse reproduisent, au milieu
animaux
affrontés, ou se répétant sur une frise comme ils se répètent sur
un galon fait au métier. Le musée de Toulouse est rempli de ces
bandeaux
ressemblant fort à de la passementerie byzantine,
curvilignes,
de ces rinceaux perlés empruntés à des menus objets rapportés
a bien quelques rapports avec celui des peuplades indo-européennes du
Nord. Les figures 28, 28 <i>bis</i> et 28 <i>ter</i> donnent des exemples de ces ornements
où le byzantin se mêle à cet art que nos voisins
appellent saxon et dont nous aurons tout à
</div>
[[Image:Sculpture.ecole.Toulouse.png|center]]
Ligne 3 101 :
[[Image:Sculpture.ecole.Toulouse.2.png|center]]
<div class=prose>
Mais où
est emprunté au chapiteau corinthien gallo-romain et dont les
détails rappellent, avec une délicatesse de modelé mieux sentie, certains
ornements si fréquents dans la sculpture byzantine<span id="note32"></span>[[#footnote32|<sup>32</sup>]];
dans ces compositions toutes pleines
tordus, des rinceaux, des animaux,
se découpent puissamment, formant ainsi des reliefs brillants, des ombres
vives
de ces sortes de compositions; mais
tandis que
même parfois
de Saint-Sernin (fig. 29), dans lequel
art, après les molles sculptures de la Provence, son énergie charme et
attire
aspirant à se délivrer de traditions abâtardies. Cette ornementation
de
ne présente,
altérés par une longue suite
Un peuple se peint dans sa sculpture lorsque celle-ci ne lui a pas
été imposée par
rien ne pourrait mieux exprimer le caractère de cette population toulousaine
qui sut résister avec tant
que ces nombreux objets
languedocienne ou dans quelques villes environnantes, telles que Moissac,
Saint-Antonin, Carcassonne.
Ligne 3 132 :
[[Image:Sculpture.portail.occidental.cathedrale.Saint.Sernin.Toulouse.png|center]]
<div class=prose>
Cette dernière ville possède des sculptures
cathédrale de Saint-Nazaire, antérieures à celles de Saint-Sernin,
qui datent des dernières années du XI<sup>e</sup> siècle. Ce sont principalement
des chapiteaux. Là on peut retrouver les traces mieux marquées
imitation de
elle se traduit avec une puissance supérieure à
de ces chapiteaux (fig. 30), dont les feuillages retournés, les caulicoles,
semblent copiés sur quelques fragments syriaques du V<sup>e</sup> siècle, mais avec
un appoint énergique tout local. Il y a là les éléments
développer, non les symptômes
sont simples, tracées
dans les arts qui commencent en recourant à
</div>
[[Image:Sculpture.cathedrale.Saint.Nazaire.Carcassonne.png|center]]
<div class=prose>
Bien que ces sculpteurs occidentaux aient été chercher la forme typique
dont ils
dans les arts, trouver un point de départ--ils renouvellent ces motifs
flétris, par un apport juvénile, une verdeur qui apparaissent dans le tracé
des lignes principales. Ce que nous leur avons vu faire dans la statuaire,
ce compromis entre la tradition de
et
pour la sculpture
élément vivace, jeune, et le produit qui résulte de ce mélange est plus
fertile en déductions, plus logique que ne
lui-même.
Les conséquences rigoureuses de cette disposition intellectuelle des artistes
français au XII<sup>e</sup> siècle, ont été déjà expliquées à propos de la
statuaire;
elles sont plus sensibles encore dans la sculpture
celle-ci
humaine, et laissant un champ plus vaste à
si
Mais il est nécessaire, avant
aux artistes de la fin du XII<sup>e</sup> siècle, de suivre notre revue des diverses
écoles au moment où
premières expéditions en Orient. Cette influence est très-puissante en
Languedoc, partielle en Provence; elle prend un caractère particulier au
centre des établissements de Cluny. La sculpture
de Vézelay
pas <i>byzantinisée</i>, soit par
elle
sur un sol si bien préparé que, dès ses premiers essais, elle atteint
Nous avons cru voir, à la naissance de la statuaire clunisienne,
une transposition de
premier jet, presque à la hauteur
de Cluny. La peinture grecque
clunisienne du commencement du XII<sup>e</sup> siècle ne la rappelle pas.
romane du XI<sup>e</sup> siècle des provinces du centre et de
rien préparé pour cette école clunisienne.
semble être comme une graine semée dans une terre vierge,
et produisant, par cela même, un végétal
mieux développé et surtout
Malheureusement les premiers essais de cette transformation nous
manquent,
puisque les parties les plus anciennes de
ont été démolies. Nous ne pouvons la saisir que dans son entier développement,
de
par exemple, que celle de ce triple chapiteau du trumeau de la porte
centrale de cette église<span id="note33"></span>[[#footnote33|<sup>33</sup>]]; chapiteau destiné à soutenir deux piédroits et
un pilastre décorés de statues, figure 31 (voyez [[Dictionnaire raisonné de
dans le faire de cette sculpture, dans ces feuilles découpées, aiguës,
vivement retournées,
profils et le parti
leur modelé délicat,
Le passage du pilastre rectangulaire au tailloir curviligne du
chapiteau central est tracé avec adresse. On reconnaît déjà un art contenu,
qui se possède, et qui a su trouver sa voie en dehors de
autre chapiteau de la nef de Vézelay, avec ses larges feuilles terminées
par des sortes de grappes et des grosses gouttes pendantes (fig. 32), bien
et par M. Duthoit,
un galbe
Mais, dans la plupart de ces chapiteaux, la statuaire se mêle à
avec un rare bonheur, fait que
occidentales, né de leur initiative.
</div>
Ligne 3 218 :
<div class=prose>
Il y avait donc au centre des établissements de Cluny une forte école
de statuaire et
qui ne fit que croître
qui se recommandait par
de ses compositions, la beauté relative de
clunisienne du XII<sup>e</sup> siècle sur les confins de la Bourgogne,
rapport avec celle de Provence et celle du Languedoc à la même époque,
bien que toutes trois se fussent inspirées des arts romano-grecs de
l’Orient.
</div>
[[Image:Chapiteau.nef.eglise.Vezelay.png|center]]
<div class=prose>
Si nous pénétrons dans les provinces de
encore la présence
est tout local. Là évidemment aussi,
premières croisades se fait jour sur quelques points, mais cette influence
est sans grande importance, au moins
Quelques localités de cette partie du territoire français possédaient des
monuments gallo-romains en grand nombre, comme Périgueux, entre
autres. Là
antique, et le renouvellement par
Mais en Saintonge, en Poitou, des influences qui ne sont dues ni aux
traditions romaines, ni aux voyages
influences,
nous les croyons, en partie, dues aux rapports forcés que ces
contrées auraient eu, dès le X<sup>e</sup> siècle, avec ces hordes que
sous le nom de Normands, et qui ne cessèrent, pendant près de deux
siècles,
étaient certes de terribles gens, grands pillards, brûleurs de villes et de
villas, mais il est difficile
son système
dans les îles des fleuves, sur des promontoires, qui sait
maintenir, qui possède une marine relativement supérieure, qui déploie
une sagacité remarquable dans ses rapports politiques,
un certain degré de civilisation,
industries. Ces peuplades ont laissé en Islande quelques débris
curieux; elles venaient du Danemark, des bords de la mer du Nord, de
la Scandinavie, où
grand intérêt, en ce
frappants
et qui datent des X<sup>e</sup>, XI<sup>e</sup> et XII<sup>e</sup> siècles, manuscrits fort beaux pour la plupart,
présentent un grand nombre de vignettes dont
ressemble fort, comme style et composition, à ces fragments de sculpture
dont nous parlons. Ces hommes du Nord, ces Saxons, hommes aux longs
couteaux, paraissent appartenir à la dernière émigration partie des plateaux
situés au nord de
Indo-Germains,
à tout prendre, ils sortent
souche aryenne. Les objets
les Gaules, en Danemark, et
leurs sépultures, attestent tous la même forme, la même ornementation,
et cette ornementation est, on
nord-orientale. Or, les manuscrits dits saxons, exécutés avec une rare perfection,
nous présentent encore cette ornementation étrange, entrelacement
plus harmonieuses couleurs. Comme exemple, nous donnons ici (fig. 33),
une copie de deux fragments de ces vignettes<span id="note34"></span>[[#footnote34|<sup>34</sup>]]. Pour qui a visité les monuments du Poitou et de la Saintonge, il est impossible de méconnaître les
rapports qui existent entre la sculpture
provinces et certaines peintures de manuscrits saxons, ou encore les objets
ciselés que les peuplades émigrantes du nord ont laissés dans leurs sépultures.
Ligne 3 283 :
pseudo-byzantine de
la Provence, du Languedoc ou de Cluny. Ces artistes du Poitou ont subi
par la voie de mer.
</div>
Ligne 3 289 :
<div class=prose>
Dans cette province, comme dans les autres qui composent la France
actuelle,
siècle.
Le Poitou, la Saintonge, les provinces de
le mouvement général provoqué par les premières croisades,
seulement
leurs artistes ont chez eux un art à
développent. Comme la Provence mêle à ses imitations de
gréco-romain
de Syrie, les traditions gallo-romaines locales, les Poitevins, en
apprenant leur métier de sculpteurs à
les éléments indo-européens
les éléments gallo-romains. De tout cela ils composent des mélanges
dans lesquels parfois
traditions
recueillaient en Orient, il existe des points de contact, certaines relations
ces rudiments
les premiers siècles du moyen âge, par les derniers venus entre les grandes
émigrations aryennes, était plus facile à opérer
byzantin
et
même de la Normandie, le byzantin
nos voisins appellent saxon, tandis
traces de
se fait de manière à composer presque un art original.
</div>
[[Image:Sculpture.corniche.Notre.Dame.la.Grande.Poitiers.png|center]]
<div class=prose>
Ce chapiteau (fig. 35), provenant de la nef de
Melle (Deux-Sèvres), est un de ces exemples où les trois éléments se retrouvent. La composition des rinceaux rappelle ces entrelacs, ces nattes,
des ornements nord-européens. Il y a une influence byzantine dans la
forme générale du chapiteau, dans
il y a du gallo-romain dans le modelé et les dentelures des feuillages,
</div>
[[Image:Chapiteau.nef.eglise.Saint.Hylaire.Melle.Deux.Sevres.png|center]]
<div class=prose>
En commençant cet article, nous avons dit combien il est périlleux, en
archéologie, de prétendre classer
transitions, et,
qui indiquent nettement des centres, des écoles, il existe une
quantité
de points intermédiaires où se rencontrent et se mêlent, à diverses
doses, plusieurs influences. Dans
de signaler ces points de contact où plusieurs écoles se réunissent et
forment des composés
Il
quitte à reconnaître quelques-uns des points de jonction ou des mélanges
se produisant et qui déroutent souvent
avons une école; à Poitiers, nous en voyons une autre; or, sur le parcours
entre ces deux centres, quantité de monuments possèdent des sculptures
qui inclinent tantôt vers
mélangent leurs produits de telle façon
de chacune des deux influences. Cela
province établissait une fille dans une province voisine. Elle y
envoyait ses architectes, peut-être quelques artistes, mais elle prenait
aussi les ouvriers ou artisans de la localité, élevés à une autre
école
que celle de
chapiteau
toulousain, là un chapiteau poitevin ou saintongeois. Un bas-relief
à figures
donc quels scrupules, quelle circonspection il faut apporter dans
de ces œuvres du XII<sup>e</sup> siècle, si
sous quelles influences elles se sont produites. Depuis vingt-cinq ans, il
a été beaucoup écrit sur
période de
comment et pourquoi elle agit. Plusieurs archéologues en prenant
quelques
exemples pour le tout, ont prétendu que cet art roman est tout
inspiré
du byzantin,
aborigène,
après la pluie, quelques-uns, considérant, par exemple, certains
édifices de la Provence, ont soutenu que le roman
repris et brassé par des mains nouvelles. Ces opinions différentes,
en leur enlevant ce
nous appartient sans nul doute, mais partout il a un père étranger. Ici
romain, là byzantin, plus loin nord-hindou. Nous
le romain, de
avons vu parfois quelques personnes
chapiteaux du XII<sup>e</sup> siècle avaient des rapports de ressemblance frappants
avec
Cependant il
partent tous
peuplé une partie de
à un ornement sorti de
Lorsque
connue depuis les plus anciennes
toutes les productions
et pourvues du même génie,
grand courant une <i>race latine</i> et
Belges, Normands, Burgondes, Visigoths, Francs, tous Indo-Européens,
dans cette race dite latine,
des peuples. Une conquête, un traité, une délimitation de frontières,
politiques, des affinités de races ou tout au moins des relations
couvert ses provinces de monuments; or, dès que le trouble des grandes
invasions est passé, est-ce aux arts romains que le Gaulois recoure? non,
Ligne 3 404 :
On nous dit: «La langue française est dérivée du latin, donc nous
sommes Latins.»
passablement
modifié ce latin; que le génie de la langue française diffère
essentiellement
du génie de la langue latine; puis, après une possession non
contestée pendant trois siècles, le Romain avait eu le temps
sa langue,
Le latin étant admis comme langue usuelle sur la surface des Gaules, on
ne cessait pas de parler, ne fut-ce que pour se plaindre, dans ces contrées
ravagées par des invasions, mais on cessait de bâtir, et surtout de sculpter
et de peindre; du V<sup>e</sup> au VIII<sup>e</sup> siècle on eut le temps
des arts. Cependant
ce chaos,
et des maisons,
populations gauloises ne prennent-elles pas tout simplement
romain où
on
la sculpture) vont-elles
avait un génie local, à
disions tout à
à la première occasion, cherchait à se développer suivant sa nature. Ce
souvent répété, mais une question de tempérament.
Par instinct, sinon par calcul, ces artistes romans
ressouder à
étrange, en effet, que ces architectes et sculpteurs romans du
commencement
du XII<sup>e</sup> siècle qui avaient autour
de monuments gallo-romains, les aient négligés pour
avidité de
instinctive
pour le romain bâtard de la Gaule et une affinité pour le romain
grécisé de
était sympathique? Avaient-ils tort? Et le XVII<sup>e</sup> siècle a-t-il eu raison en nous
romanisant de nouveau par des motifs fort étrangers à
absolu comme Louis XIV ait trouvé commode
particulier à notre pays pour assurer, croyait-il, le pouvoir monarchique
en France, on le conçoit sans peine, mais que le pays lui-même se rendit
Ligne 3 451 :
les arts furent un des mieux constitués, monopole académique, <i>protection</i>
immédiate du gouvernement sur les artistes, art officiel, centralisation des
ouvrages
ne faillit à ce mécanisme que
liberté,
Au commencement du XII<sup>e</sup> siècle, il
prélats qui pussent prendre ce pouvoir exhorbitant de confisquer le génie
suivant ses traditions, ses penchants, son esprit, acceptait les
influences
extérieures dans la mesure qui convenait à ses goût ou à ses
sentiments;
et si dur
prétention de contraindre les artistes à se soumettre à telle ou telle école
mêmes;
puissant? Si, comme à
surface du territoire français, sur mille monuments divers, le même
chapiteau, la même composition décorative, le même principe de
statuaire
ou de sculpture
de cet état de choses? On luttera de richesse, nous le voulons
bien; si
on en mettra pour 200 000 à Marseille. Nous aurons pour 200 000 fr.
ferait mieux notre affaire. Or,
retrouver la trace des goûts de ces provinces diversement pourvues de
traditions et
les contrées habitées ou colonisées par les races grecques, de découvrir en
Attique, dans le Péloponnèse, en Sicile, en Carie, en Ionie, en Macédoine
et en Thrace, des expressions très-diverses de
vraie satisfaction pour
trouver en Poitou, en Normandie ou en Languedoc des styles différents,
des écoles variées, reflétant, pour ainsi dire, les génies divers de ces
peuples. Dans chaque monument même, les masses contentées, ces
chapiteaux
de compositions diverses
l’esprit
et les yeux que ces longues files de chapiteaux romains, tous
copiés
sur le même moule. La symétrie, la majesté,
commandent cette répétition
nullement la variété, il
variété; quant à la symétrie et à la majesté, que nous importent ces qualités,
purement de convention, si elles nous fatiguent et nous ennuient.
Les Grecs des bas temps pensaient ainsi, car dans ces monuments de
Syrie
dans les ornements des linteaux, des tympans et frises
monument.
Bien entendu, nos artistes occidentaux suivirent en cela leur
exemple, et se gardèrent de recourir à la majestueuse monotonie de
main la pratique des arts.
Avant de passer outre, il nous paraît utile de définir,
cet art byzantin auquel nous faisons appel à chaque instant; comment,
en effet, observer la nature de son influence si nous
les éléments divers, ni le caractère propre? Nous serions heureux de recourir
à
science. Mais
Tous les documents épars que nous pouvons consulter ne montrent
face de la question, ne considèrent
groupant ces travaux, nous ne pensons pas
de le constituer, car les arts byzantins connus, les conséquences que nous
pouvons tirer de leurs influences sur
particulier, sembleront naturelles.
sculpture.
Voir dans
Romains du bas-empire et quelques traditions de
pas se tromper, mais
sommaire
un phénomène complexe. Il faudrait,--
connu,--savoir ce
le Bosphore au IV<sup>e</sup> siècle. Cet art grec était romanisé déjà avant
de la capitale de
romanisé en passant par des filières diverses. Or, comme les Romains, en
fait de sculpture,
à Constantinople
tout
prendre,
organisateur
en fait de grands travaux publics, leur structure, leur goût pour
le faste et la grandeur, mais ils
Grec. Mais ces Grecs de
Avaient-ils
suivi rigoureusement les belles traditions de
des colonies ioniennes, cariennes? rappelaient-ils par quelques côtés ces
petites républiques de
comme des barbares tous les étrangers? non certes; ces populations, au
milieu desquelles
connus
même
ennemis, mais qui avaient fini par se fondre. Le génie grec dominait encore,
au sein de ce mélange assez pour
Dorénavant maître de
Nord (le croyait-il du moins) depuis les guerres de Trajan, et depuis
qu’il
avait organisé comme une sorte de ligue germanique dévouée à Rome;
du côté de
partie, dans lequel ses armées pénétraient en rencontrant chaque jour,
et des obstacles naturels et des populations guerrières innombrables.
Byzance était (la situation de
IV<sup>e</sup> siècle) la base
anciennes conquêtes que pour en préparer de nouvelles.
et
monde connu alors. Or, il est inutile de dire que
tous les produits du globe et
vulgaires, depuis les épices
de Constantin à Byzance, cette ville, ou plutôt les villes du
Bosphore, étaient le rendez-vous des caravanes venant du nord-est par le
Pont, de
et
Avec ces caravanes arrivaient non-seulement des objets
fabriqués dans ces contrées éloignées, mais aussi des artisans,
cherchant
fortune et attirés par la consommation prodigieuse que
faisait
de tous les produits de
grec
qui existait et avait pu dominer sur les bords du Bosphore fût
Ligne 3 581 :
même, que ces caravanes faisaient affluer sans cesse vers Byzance.
Constantinople devint plus encore, après
dans ses murs, une ville orientale cosmopolite. Le luxe de la cour des
empereurs, le commerce étendu qui se faisait dans cette capitale si admirablement
située, donna aux arts que nous appelons byzantins un caractère
qui, bien
curieux à étudier de
même de
M. le comte Melchior de Vogüé, que nous avons cité déjà souvent, sur
les villes du Haouran, et celui de M. W. Salzemberg sur les plus anciennes
églises de Constantinople, Sainte-Sophie comprise.
Les monuments du Haouran,
villes qui, entre Alep et Antioche,
les caravanes qui venaient du golfe Persique par
auxquels nous avons donné la qualification de gréco-romains, datent du
IV<sup>e</sup> au VI<sup>e</sup> siècle. Leur sculpture est fortement empreinte de style grec,
sans représentations humaines, sans influences persiques, les dernières
en date seulement présentent quelques réminiscences des sculptures
arsacides et sassanides. Mais il
Constantinople qui date des V<sup>e</sup> et VI<sup>e</sup> siècles<span id="note35"></span>[[#footnote35|<sup>35</sup>]], celle-ci est bien plus persique, quant au style, que grecque ou gréco-romaine. Les arts des Perses
avaient profondément pénétré la sculpture
point que certains chapiteaux ou certaines frises de Sainte-Sophie, par
exemple, semblent arrachés à des monuments de la Perse et même de
celle du Haouran, qui ne servaient que de lieux de repos, que
pour les caravanes se dirigeant sur Antioche, ne pouvaient pas recevoir
de ces caravanes quantité de produits ou
négociants à destination. En un mot, et pour employer une expression
vulgaire, ces caravanes ne <i>déballaient</i>
en chemin ne pouvait être que des objets de peu
propres à être échangés contre la nourriture et le logement
dans ces villes. Mais Constantinople était un entrepôt où venaient
les caravanes qui remontaient le Tigre, passaient par la petite
Arménie,
par la Cappadoce, la Galatie et la Bithynie. À Constantinople, ces
objets étaient vus de tous; des artisans ou artistes perses
dans le voisinage de ces anciens centres grecs de Lycie, de Carie, de
Cilicie,
primitifs, était
étouffé sous
Ainsi donc, si nous entendons par art byzantin
au VI<sup>e</sup> siècle, nous devons,--en ce qui regarde la sculpture,--considérer
cet art comme un mélange dans lequel
essentiellement, non-seulement
celui même des Arsacides, et dans lequel
étouffé. Si, au contraire, nous entendons par art byzantin
de la Syrie du IV<sup>e</sup> au VI<sup>e</sup> siècle, nous admettrons que
surtout si nous prenons la Syrie centrale.
Les croisés, à la fin du XI<sup>e</sup> siècle et au commencement du XII<sup>e</sup>,
s’étant
répandus en Orient depuis Constantinople
en Mésopotamie, il ne faut point être surpris si dans les éléments
grecques prononcées, et des influences persiques, et des influences produites
par des mélanges de ces arts déjà effectués antérieurement. Si
Ligne 3 644 :
rappellent
le faire, le style même de quelques bas-reliefs de Persépolis,
qu’ils
avaient eu sous les yeux des objets, des monuments même, peut-être,
qui étaient inspirés de
Reprenons
Bordeaux,
mais en remontant la Garonne elle ne va pas au delà du Mas
du centre toulousain.
chapiteaux, les uns appartiennent à
un mélange des deux écoles, et se rapprochent de celle de Toulouse.
Tel est par exemple celui-ci (fig. 36).
au roman empreint des arts gréco-romains. Les figures
statuaire de Toulouse.
</div>
Ligne 3 665 :
<div class=prose>
Cahors présente également, au XII<sup>e</sup> siècle, en ornementation comme en
statuaire, un mélange
méridionales. Mais où ce mélange est bien marqué,
Souillac, sur
qui décorent
qui tient à la fois du génie nord-hindou dont nous avons trouvé des traces
à Poitiers et des arts byzantins. Dans la composition bizarre du pilier de
gauche tenant à la porte de
signaler certains rapports avec le système de composition de la figure 33,
copiée sur un manuscrit saxon du British Museum et, dans la statue A qui
décore
qui agit si puissamment à Moissac dont la sculpture dérive de
et se battent, ne se rencontrent ni dans la sculpture gallo-romaine, ni
dans la sculpture ou la peinture gréco-romaine de Syrie. Pour trouver
Ligne 3 682 :
nord-européens, islandais, ou à ces manuscrits dits saxons de Londres,
ou encore à certaines sculptures hindoues; toutefois, il faut reconnaître
que dans
marquée à imiter la nature. Quelques-uns de ces animaux ont une
apparence de réalité et ne sont plus agencés régulièrement pour former
ornement. Les artistes avaient donc vu très-probablement un certain
nombre de ces produits nord-européens, mais ils ne faisaient que
inspirer,
Il serait difficile de donner la signification de cette sculpture étrange.
Le bas-relief du tympan, dont ces piliers supportent
un sujet légendaire dans lequel un abbé et le démon se trouvent traiter
de certaines affaires qui finissent au détriment du tentateur. Deux statues
assises de saint Pierre et
ne saurions indiquer une corrélation entre ces bas-reliefs et les piliers, si
toutefois les artistes y ont songé.
Ligne 3 698 :
[[Image:Pilier.eglise.abbatiale.Souillac.png|center]]
<div class=prose>
À Moissac, on retrouve, sur le trumeau de la grande porte de
des réminiscences de cet art nord-européen ou nord-hindou, dans ces
lions entrelacés, superposés, compris entre deux dentelures curvilignes.
Ainsi donc
Moissac, à Souillac, avec
celle-ci semble avoir reçu des éléments orientaux
antiquité par des expéditions scandinaves ou normandes, tandis que
de Toulouse
profondément modifiées par un apport byzantin.
Ligne 3 713 :
complexe, de laisser de côté des exemples qui tendraient à modifier ces
aperçus généraux sur les origines des arts français du moyen âge. Il
reste peu de fragments
suite de
l’architecture,
Saint-Front de Périgueux en est la preuve. Mais en ne considérant
que la sculpture
retrouve quelques traces
celui de Toulouse. Cet art décoratif paraît plus
par la vue et
les Vénitiens rapportaient, non-seulement de Constantinople, mais de
Damas, de Tyr,
trouvons
une trace évidente dans un édifice de la fin du XII<sup>e</sup> siècle,
Saint-Martin
de Brives; les chapiteaux de la porte occidentale présentent cette
composition
plus byzantins, mais arabes,
</div>
[[Image:Chapiteau.eglise.Saint.Martin.Brives.png|center]]
<div class=prose>
Ses parties les plus anciennes datent des premières années du XII<sup>e</sup> siècle,
mais la nef et la porte, dont proviennent les chapiteaux (fig. 38), ont été
Ligne 3 739 :
voûtés à la même hauteur. Des colonnes cylindriques très-élancées
portent ces voûtes. Un passage relevé règne intérieurement au niveau
des appuis des fenêtres des bas-côtés. La sculpture, sobre
affecte, dans ces constructions de la fin du XII<sup>e</sup> siècle, un caractère
oriental très-prononcé.
Ligne 3 746 :
<div class=prose>
Les monuments du XII<sup>e</sup> siècle dans le Limousin, ou plutôt dans cette
contrée
Haute-Vienne et de la Corrèze, sont rares. Ceux qui restent debout sont
lors des guerres de religion,--
existait un centre
en Languedoc et en Poitou. Si, au contraire, nous nous rapprochons du
centre, si nous entrons en Auvergne et dans le Vélay, nous trouvons
les nombreuses traces
ni celui du Poitou, ni celui du Limousin. Là, jusque vers le
commencement
Ligne 3 760 :
datent de la première moitié du XI<sup>e</sup> siècle, sont des sculptures romaines
mal copiées; mais vers 1130, un nouvel art, fin, recherché, souple, se
développe. On en pourra juger par ce chapiteau (fig. 39)<span id="note39"></span>[[#footnote39|<sup>39</sup>]], qui
gallo-romain, mais qui
par le faire. À côté de ce morceau, des portions de corniches de la même
époque (fig. 40), accusent, au contraire,
présence de ces objets du Levant apportés par les Vénitiens, soit par la
vue des monuments de
de palmettes arrondies et perlées, entremêlées
persane que byzantine. Plus tard, au contraire, vers 1180, alors que
dans les provinces du Nord les écoles laïques ont complétement laissé de
côté les influences gréco-romaines, les artistes
mais évidemment de seconde main.
byzantinisé
du Languedoc, du Lyonnais, qui vient se mêler aux débris des
traditions gallo-romaines et à ces éléments orientaux reçus du Limousin.
Ce fragment du porche méridional de la cathédrale du Puy, dont la
construction
ces influences diverses et leur mélange qui, malgré
des sculpteurs, choque par le défaut
soit dans les détails.
</div>
[[Image:Corniche.cloitre.cathedrale.Puy.png|center]]
<div class=prose>
Par sa situation géographique même,
reste indécise entre ses voisines puissamment établies. Elle reflète tantôt
siècle, moins
elle sait prendre un parti entre ces influences différentes. Elle rachète,
il est vrai, cette incertitude par la finesse
des détails, mais elle ne parvient pas à constituer un style propre. Aussi,
quand
sculpteurs de
rien par eux-mêmes, et ce
arts du Nord.
</div>
Ligne 3 799 :
[[Image:Sculpture.porche.meridional.cathedrale.Puy.2.png|center]]
<div class=prose>
Il
celles qui, à côté de traditions gallo-romaines assez puissantes, admit
certains éléments byzantins très-purs. Nous en avons un exemple des plus
caractérisés à Bourges même. Il existe dans cette ville une porte du
monastère de Saint-Ursin qui date de la fin de la première moitié du
XII<sup>e</sup> siècle et que
porte est
un linteau appareillé supportant un tympan et déchargé par un arc
plein cintre. Le tympan, en reliefs très-plats, représente, au sommet, des
fabliaux; au-dessous, dans la seconde zone, une châsse qui paraît copiée
Dans la zone inférieure, les travaux des mois de
linteau appareillé se développe un enroulement quasi romain. À côté de
ces sculptures, qui sont évidemment imitées des fragments antiques si
nombreux à Bourges au XII<sup>e</sup> siècle, se trouvent des pieds-droits, des chapiteaux
et colonnettes engagés que
de Constantinople, si bien que plusieurs ont cru longtemps que cette
porte, élevée au XII<sup>e</sup> siècle, avait été complétée à
regardant de près, les figures sont vêtues
la taille, les inscriptions, appartiennent à cette époque.
le tympan, un cartouche contient cette légende:
Voici (fig. 42) une partie de cette porte qui indique clairement ces
juxtapositions des styles gallo-romain et byzantin. On voit même que
supérieure de
il abandonne cette exécution lourde et molle pour adopter le style
serré, plat, en façon de gravure, de
entièrement sculptée dans ce style oriental. Nous en donnons un
fragment en B.
Ligne 3 835 :
On voit apparaître dans le Berry, à Châteauroux (église de Déols), à
Saint-Benoît-sur-Loire, à Saint-Aignan, à Neuvy-Saint-Sépulcre, etc., dans
la sculpture
non douteuses de ce rapprochement entre
et
que de ce mélange il résulte tout
dans le roman du Midi, celui de Cluny ou celui de
tâtonnent pendant presque toute la première moitié du XII<sup>e</sup> siècle, sans
parvenir à fondre entièrement ces deux éléments. À côté
très-fine de la sculpture byzantine est un morceau lourdement inspiré
des restes gallo-romains, comme dans
rapproche
de 1150. Cependant les fragments anciens de la cathédrale de
Bourges<span id="note40"></span>[[#footnote40|<sup>40</sup>]] qui garnissent les deux portes nord et sud et notamment le
linteau à grands enroulements
présentent un caractère de sculpture assez franc, se rapprochant
beaucoup
de
Par le fait, vers cette époque,
une surface de territoire étendue qui comprend
proprement
dite, une partie de la Normandie Séquanaise, le Beauvoisis, le
Berry, le pays Chartrain et la Basse-Champagne. Cette école, de 1130 à
1145, avait, de ces éléments, su mieux
toulousaine
exceptée) composer un style particulier qui
une corruption du gallo-romain, ni une réminiscence de
nord-européen,
mais qui tient un peu de tout cela et qui, au total, produit de
Ligne 3 866 :
Midi, et
surtout que la grande école de Cluny, peut-être a-t-elle profité des efforts
de ses devancières, a-t-elle pu mieux
complet de ces styles divers.
Cependant, quand on remonte aux premiers essais de
foyer est
gallo-romaines
restées sur le sol, on ne peut méconnaître que cette école réagit plus
réveil
comprendre
commencement
du XII<sup>e</sup> siècle, manifeste pour tout ce qui rappelle le style romain.
Dans les autres provinces, au fond de toute sculpture, on retrouve quelque
chose de
les pays de langue
apparaissent.
Cette école de
XII<sup>e</sup> siècle, relativement barbare.
datant de cette époque que nous donnons ici (fig. 43), tiré de
abbatiale de Morienval (Oise)<span id="note41"></span>[[#footnote41|<sup>41</sup>]], est bien éloigné de la belle et large sculpture
de Vézelay, de celle de Toulouse, de celle du Quercy. Mais on ne
peut voir là seulement de grossières réminiscences des arts antiques. Le
cheval sculpté sur
de monnaies gauloises antérieures à la domination romaine. Cette
ornementation
inspirée
que romaine. Il
qui décore certains ustensiles de nos aïeux. Pourquoi les souvenirs des
arts romains auraient-ils laissé moins de traces dans ces provinces que
dans
de Soissons et de Compiègne, étaient couverts
gallo-romains
très-importants et dont on trouve des débris à chaque pas.
Comment, après onze cents ans, les habitants de ce territoire en seraient-ils
revenus aux formes
Comment auraient-ils conservé ces formes à
tradition nationale? Ce sont là des problèmes que, dans
historiques, nous ne pouvons résoudre. Les poser,
chose,
</div>
[[Image:Sculpture.eglise.abbatiale.Morienval.Oise.png|center]]
<div class=prose>
Sans se lancer dans le champ des hypothèses, on en sait assez
aujourd’hui
déjà, pour reconnaître: que les traditions
traces presque indélébiles à travers les conquêtes, les invasions, les délimitations
territoriales, comme pour donner un démenti perpétuel à
nationalités</i>
reparaît à certaines époques pour déconcerter les combinaisons de la politique
qui semblent les plus solidement conçues. Dans
monde, les peuples, leurs goûts, leurs affections, leurs aptitudes, jouent
certainement un rôle bien autrement important
a encore un demi-siècle. Nous pensons donc
large à
domination sans troubles,
des racines peu profondes, que le régime féodal et
identiques à ceux de la vieille Gaule celtique, au V<sup>e</sup> siècle,
que raviver le génie national comprimé pendant la période romaine et
ce génie national considère comme un temps
période
de domination et de désordre comprise entre le I<sup>er</sup> siècle et le XI<sup>e</sup>.
Si dans les monuments qui nous restent de
nous voyons la sculpture, dans les Gaules,
arts antiques, copier grossièrement des ornements romains, pourquoi à
la fin du XI<sup>e</sup> siècle abandonne-t-on ces traditions sur la partie du territoire
qui est destinée à former le noyau de
cinquante ans avant notre ère? Pourquoi les arts de ces provinces françaises, entourant Paris, après avoir produit les grossiers essais
dont nous venons de donner un fragment (figure 43),
au delà de la Loire, soit les restes des édifices gallo-romains dont
ils étaient entourés? Et comment se trouvant dans une situation
relative au commencement du XII<sup>e</sup> siècle, si on les met en parallèle
avec les écoles des Clunisiens et celles du Midi, atteignent-ils au contraire,
dès 1150, une supériorité marquée sur ces écoles de
Ce serait donc que le génie national, mieux conservé dans ces
provinces voisines de Paris, plus ombrageux à
étrangères, se trouvait, par cela même, plus propre à concevoir un art
original?
commencement
du XII<sup>e</sup> siècle, est relativement barbare, ce
mais en peu
ne progresse plus et tend au contraire à
du XII<sup>e</sup> siècle, indécise entre le respect pour des traditions diverses et
école qui ne rappelle plus la sculpture gallo-romaine, qui refond,
pour ainsi dire,
ces traces éparses de
mais qui sait tirer de tous ces éléments étrangers des traditions locales,
chercherions vainement ailleurs sur le sol gaulois. Cette école préludait
ainsi à
si original aussi bien dans la structure des édifices que dans la manière
toute nouvelle de les décorer.
Ligne 3 972 :
Voici (fig. 44) des chapiteaux jumelés du tour du chœur de
Saint-Martin
des Champs, à Paris, dont la sculpture atteint à la hauteur
art complet. Certes, on retrouve bien là des éléments byzantins, mais non
de cet art byzantin des monuments de Syrie. Cette sculpture rappellerait
plutôt celle des dyptiques et des reliures
Le sentiment de la composition est grand, clair, contenu. Dans des
fragments déposés à
de Saint-Loup (Marne), dans quelques édifices du Beauvoisis, on
retrouve ces mêmes qualités. Il
qui distinguent cet art des arts romans du Midi et du Centre;
ces derniers, quelle que soit la beauté de certains exemples, restent à
du Quercy. Elle se retrouve davantage dans
quelle lourdeur, quelle monotonie et quelle confusion, en
comparaison de ces compositions déjà claires et bien écrites du roman de
Veut-on un exemple, examinons ces fûts de colonnettes qui, au portail
Ligne 3 995 :
(fig. 45). Si la composition de ces entrelacs est charmante, bien
entendue,
sans confusion, à
rinceaux sont dans le mouvement, largement traités,
</div>
[[Image:Colonnette.portail.occidental.Notre.Dame.Chartres.png|center]]
<div class=prose>
Où les sculpteurs français avaient-ils pris ces exemples? Partout et
nulle part... Partout, puisque depuis
sculpté des fûts de colonnes, notamment dans les Gaules, puisque dans
les provinces de
décorés. Nulle part, parce que dans cette sculpture de fûts antiques ou
du moyen âge on ne retrouve ce principe neuf,
enveloppant la colonne comme le ferait une branche tordue à
Des ustensiles rapportés
pouvaient
avoir donné au sculpteur chartrain
décoration;
mais le style de
Remarquons que ces colonnettes placées entre des statues
simple comme masses, sinon comme détails, font admirablement ressortir
la statuaire en formant, dans les intervalles qui les séparent, comme une
riche tapisserie modelée.
Mais ce qui, à cette époque déjà, distingue
de toutes les autres écoles romanes de la France,
de
Lyonnais
au Poitou, sur la Loire et en Normandie, à Vézelay même,
souvent très-remarquable, est bien rarement à
monument. Rarement encore y a-t-il concordance
des chapiteaux couverts de détails
chapiteaux dont les masses sont larges. À Vézelay, où la sculpture est si
belle, nous signalerons aux portes latérales de la nef, des archivoltes dont
les ornements écrasent tout ce qui les entoure, des chapiteaux délicats
couronnés par des tailloirs dont la sculpture est trop grande. En Provence,
ce sont des détails infinis sur des moulures dont
voisinage
Bourges (fig. 42) donne exactement
dans les rapports
sont évités dans le roman développé du domaine royal, et
en fait déjà un art supérieur, car il ne suffit pas
beau, il faut
fragment posé au hasard sur un édifice.
Cependant il se faisait, vers 1160,
dans
comme dans la statuaire, une révolution.
Les artistes se préparaient à
abandonner entièrement ces influences,
ces traditions qui
les avaient guidés; influences, traditions
conservées dans les cloîtres,
véritables écoles
la statuaire passe, par une rapide
transition, à
nature; il en est de même pour la
sculpture
la tête des arts, les laïques semblent
fatigués de cette longue suite
plus ou moins heureux, tentés
pour établir un art sur des éléments
antérieurs. Dorénavant, instruits dans
la pratique, ils vont puiser à la source
toujours nouvelle de la nature.
précisément à
de Louis le Jeune et de Philippe-Auguste,
que
renaissance des arts en Occident provoquée
par
les artistes français rejettent, soit
dans le système
dans la sculpture, toutes les influences
orientales qui avaient eu, au commencement
Ligne 4 074 :
grande action sur le développement
de nos diverses écoles. Mais ce mouvement
du territoire des Gaules; il ne se
fait sentir que dans les provinces du
domaine royal, en Bourgogne, en
Champagne et en Picardie. La prédominance
de
sur
de ce moment. De même que la langue
les autres dialectes français à
de patois, de même les écoles
écoles provinciales si brillantes encore au milieu du XII<sup>e</sup> siècle. Nous
expliquons ailleurs<span id="note42"></span>[[#footnote42|<sup>42</sup>]] comment les sculpteurs laïques de la fin du XII<sup>e</sup> siècle
Ligne 4 094 :
orientales ou les traditions gallo-romaines; mais comment, enfin, cette
observation de la nature se formule en des principes invariables au sein
de
Il ne semble pas toutefois que cette école ait, la première, repris la
voie à peine entrevue et bientôt abandonnée par quelques artistes, près
vers 1170; et si elle est bien vite dépassée par
laïques de
Entre autres qualités et défauts,
En Allemagne, on discutera pendant des siècles sur la caducité
système ou la vitalité
détruire le premier et à adopter le second; en France, à Paris surtout,
on passera bien vite de la discussion théorique aux effets. Si dans le
domaine de
ce courant logique qui conduit de la théorie à la pratique, comme elles
aient prétendu prendre ce rôle, il
laïque, nouvellement formée alors, se soit jetée avec passion dans cette
application de principes nouveaux à
la féodalité monastique, dont elle ne voulait plus, dont saint Bernard
avait diffamé les arts, et que les évêques tendaient à détruire.
Cîteaux,
ne tenait pas moins à conserver le rang élevé
prendre dans la pratique des arts. À ce point de vue, elle prétendait marcher
avec le siècle et le devancer au besoin. Vers 1130, ses relations avec
dont
Syrie que ne
construisait la salle capitulaire de la même église, dont la sculpture est
si fortement empreinte de
la plupart des chapiteaux et culs-de-lampe, des fragments arrachés à ces
villes gréco-romaines du Haouran. Dans cette voie
plutôt, on ne pouvait aller plus loin sans tomber dans les pastiches
ou la monotonie, car cette ornementation gréco-romaine, de même que
clunisienne fit donc un temps
nouveaux qui lui manquaient dans
éléments, elle les trouva dans les végétaux de ses champs; elle pensa
lieu
chapiteaux de la Syrie, au lieu
de
campagne, et
Désormais cette école, rompue aux difficultés du métier, habile de la
main, grâce à ce long apprentissage, était capable de rendre avec délicatesse
ces plantes qui allaient remplacer
Vers 1160, on ouvrit dans la salle capitulaire de Vézelay, bâtie depuis
dix ans, trois arcades donnant sur le cloître. Ces trois arcades sont décorées
de chapiteaux et
et
la forme romane, mais les détails imités de la flore des champs sont composés
avec une grâce, une délicatesse de modelé que la main la plus
Ligne 4 157 :
Voici (fig. 46) un fragment de ces groupes de chapiteaux taillés dans
de la pierre qui a la dureté et la finesse de grain du marbre. Ces sculpteurs
avaient cueilli quelques tiges
</div>
[[Image:Archivolte.salle.capitulaire.Vezelay.png|center]]
<div class=prose>
Ce morceau
progrès
que
composition des ornements. La tradition romane
feuillages inspirés par la flore plutôt que copiés.
On observera cependant que les critiques de saint Bernard ont porté
coup. Dans la sculpture de Vézelay <i>innaturelle</i>, comme disent les Anglais,
la figure humaine, les animaux, les bestiaires, abondent. Déjà,
dans la sculpture de la salle capitulaire, un peu plus moderne, ces figures
disparaissent presque entièrement.
trois arcs ouverts de 1160 à 1165 dans cette salle
Déjà la flore naturelle
romans et, entre tous, des clunisiens. Mais
portait,
à Vézelay, cette sculpture déjà naturelle, était encore toute romane;
elle ne devenait <i>gothique</i>,
Le mouvement
Saint-Denis,
en France.
de
du chœur et le narthex.
était donc achevé en 1141. Or, si la structure de
Suger est complétement gothique<span id="note43"></span>[[#footnote43|<sup>43</sup>]],
comme passagèrement, à imiter la flore.
appelaient les auteurs arabes, sont arrivés à
en Orient: «
Mésopotamie,
provinces de Syrie, Alep, Emesse, Hamah et Damas, avaient pu seules
se soustraire à leur joug. Leurs troupes
de
laisser
aux habitants ni effets ni argent.»
de 1125 à 1135, que la structure de nos monuments
rappelle le mieux les divers styles orientaux dont nous avons
indiqué plus haut la provenance. Dès 1137, Zenghi avait pris un bon
nombre de places aux chrétiens,
firent que
commencée par Zenghi. Cependant, en 1164 et en 1167, les armées
chrétiennes de Syrie envahirent deux fois la basse Égypte, et
attaquer à la fois le royaume de Jérusalem par le nord,
Pour les chrétiens, à dater de 1170,
bataille où chaque jour il faut se défendre. Plus de commerce, plus
sûrs, plus de relations avec les caravanes venant de la Perse.
Acculés à la mer, ils ne devaient plus songer
peu de villes voisines du littoral qui leur restaient, et
Occidentaux, qui affluaient en Syrie et en Palestine trente ans auparavant,
que des armes pour défendre les débris de leur domination. Cette source
était tarie;
nous donner.
Indépendamment des invasions à main armée que les Francs avaient
tentées en 1164, il existait entre
relations fréquentes; ces invasions mêmes
des rapports, quelquefois amicaux, plus souvent hostiles, qui
établis entre les successeurs de Godefroy de Bouillon et les khalifes
était le boulevard des Égyptiens en face des armées de Syrie. Vers le
même temps, une flotte partie des côtes de la Sicile
ville de Tanis, non loin de la ville de Damielle. Ainsi les Occidentaux,
qui, de la fin du XI<sup>e</sup> siècle jusque vers 1125, occupaient principalement
les villes du nord de la Syrie et de la Syrie centrale, avaient peu à peu
étendu leurs possessions, malgré bien des revers,
Leurs établissements, répartis sur une ligne peu profonde, mais
très-allongée,
gréco-romains et byzantins, puis, plus tard, avec ceux de la Palestine,
et enfin de la basse Égypte,
khalifes, et même peut-être des Ptolémées. Il ne faut pas oublier
que les Occidentaux furent en Orient des destructeurs de villes et de
monuments bien autrement actifs que ne
ne
enlevaient les richesses et les populations, mais laissaient subsister les
monuments. Nous en avons la preuve dans le Haouran. Mais les chrétiens
rien debout.
Il y a tout lieu de croire
Palestine et dans la partie nord-orientale de
renversés pour élever ces châteaux et ces murs dont
on trouve des débris si nombreux et si imposants. De précieux
monuments
pour
démolisseurs acharnés ne laissaient pas, en Orient, comme partout, de
profiter des arts dont ils anéantissaient ainsi les modèles. Il y a, entre
sculpture, de 1140 à 1160, est peut-être un reflet affaibli de
dans nos monuments occidentaux des traces non douteuses de
ces arts orientaux. Le mélange a pu se faire chez nous, il est vrai, mais
Ligne 4 268 :
des bords de la mer Morte aux bouches du Nil.
Il est certain que la sculpture romane
chartrain,
au commencement du XII<sup>e</sup> siècle, en Languedoc, en Provence, dans le
Lyonnais, une partie de la Bourgogne et de la haute Champagne.
Ligne 4 277 :
[[Image:Chapiteau.eglise.abbatiale.Saint.Denis.Paris.png|center]]
<div class=prose>
Ce chapiteau (fig. 48), provenant de
Saint-Denis<span id="note45"></span>[[#footnote45|<sup>45</sup>]]
ceux des villes du Haouran, tandis
grand portique de
à
la basse Égypte, ou sur les confins de la Syrie, des chapiteaux analogues?
chapiteaux du grand portique de
formes, usage assez répandu dans quelques édifices de la même époque,
mais contraire aux principes de la bonne antiquité égyptienne. Cette variété
se retrouve plus marquée dans les chapiteaux de nos monuments
datant du milieu du XII<sup>e</sup> siècle que dans ceux
Les chapiteaux de
les détails, mais aussi par les formes générales, fait qui ne se retrouve ni
au commencement ni à la fin du XII<sup>e</sup> siècle. Nous ajouterons que tous
les chapiteaux du collatéral de
pas
La plupart ressemblent plutôt à la sculpture dentelée des
gréco-romains;
Ligne 4 302 :
les sculpteurs prennent un peu partout, en Syrie, en Égypte peut-être,
dans les édifices gallo-romains; ils ont aussi recours à leur inspiration et
à
Il est un autre monument qui, par sa sculpture, mérite toute notre
attention, pour préciser le moment où les artistes abandonnent les
traditions romanes.
scientifique
«premier
des monuments gothiques».
saurions partager cette opinion. Par le système
mais plus encore par le style de la sculpture, la cathédrale de Sens doit
être postérieure de quelques années à
Saint-Denis.
«Il me paraît très-douteux, dit M. Félix de Verneilh<span id="note46"></span>[[#footnote46|<sup>46</sup>]], que
cathédrale de Sens) ait été commencé avant le chœur de Saint-Denis,
et, dans tous les cas, il a été bâti beaucoup plus lentement. En 1163,
on en parle comme
au culte, car, au lieu de consacrer le chœur entier, comme à
Saint-Germain
des Prés, le pape Alexandre
Sens
de 1143 à 1168, a «beaucoup travaillé» à la cathédrale et
«presque
achevée»;
commencé.»--Mais
le chroniqueur qui
il pouvait ignorer si
cathédrale au début ou à la fin de son administration, ou même
restait quelque chose de ses constructions. Pour Henri comme pour
Hugues, on mentionne la part
œuvre, celle que
fois à peu près contemporain, car il
1122. <i>Obiit Daimbertus, successit Henricus. Hic incipit renovare
ecclesiam
sancti Stephani. Eidem successit Hugo</i> 1143.
On est donc libre de croire que, loin
1122 ou 1124, la cathédrale de Sens
dans les dernières années de Henri de France, ou, ce qui revient au
même,
Nous ajouterons que le système de structure, les profils (détail si essentiel
pour constater une date précise), ne sauraient appartenir à 1124, ni
même à 1130, date de la construction du narthex de Vézelay; que la sculpture,
enfin, est plus avancée que celle de
tracée,
naturels et à
à 1140. On ne saurait douter de la lenteur apportée dans la construction
de la cathédrale de Sens, quand on examine les œuvres hautes. Les
chapiteaux
des arcs-doubleaux des grandes voûtes, ceux du triforium, sont
déjà empreints, en grande partie, de
par leur composition, les chapiteaux de
que ceux de
Ainsi, le chapiteau de
(fig. 49)
il est plus adroitement évasé, plus délicat; ses feuillages, bien
et rappelant encore le faire de la sculpture gréco-romaine, sont
plus libres, plus souples. Puis les oiseaux qui surmontent les feuillages
ne sont plus des volatiles fantastiques, si fréquents dans les sculptures de
1130: ce sont des perdrix copiées avec une attention minutieuse;
le port de ces oiseaux, sont observés même avec une extrême délicatesse.
</div>
[[Image:Chapiteau.choeur.cathedrale.Sens.png|center]]
<div class=prose>
Sans monter
arcs collatéraux du chœur de Saint-Étienne de Sens affectent des formes
de feuillages qui appartiennent presque à
chœur de Notre-Dame de Paris,
de
décoratif de la fin du XII<sup>e</sup> siècle. Tous les chapiteaux du sanctuaire de
Saint-Étienne de Sens
dentelés. Mais, à toutes les époques de transition
il y a des retardataires et des artistes avancés parmi les exécutants; le
même fait peut être constaté à Notre-Dame de Paris. Il faut choisir les
exemples parmi ceux qui appartiennent aux écoles nouvelles, ce sont
ceux qui donnent la note juste. Suger était plus à même que personne
de
pour ce qui concerne la structure de son église. Comment alors sa sculpture,
si près de la capitale du domaine royal, serait-elle plus romane
Ligne 4 393 :
antérieur
au sien? Il nous est donc difficile de placer la sculpture de la cathédrale
de Sens avant 1150.
Saint-Denis et de Notre-Dame de Paris.
</div>
[[Image:Chapiteau.cathedrale.Saint.Etienne.Sens.png|center]]
<div class=prose>
On peut
deux époques et du progrès déjà accompli à Sens, en examinant dans
les deux édifices deux ornements composés de même et placés
manière identique. Le portail nord de
quelques mutilations; or les deux pieds-droits de la baie sont décorés
de rinceaux
fragment<span id="note47"></span>[[#footnote47|<sup>47</sup>]].
</div>
Ligne 4 423 :
(fig. 52), on y trouve déjà ce style que nous avons vu adopter dans les
reprises de la salle capitulaire de Vézelay en 1160. Même imitation, quoique
plus archaïque, de la feuille
en spatule, pour exprimer le dedans des feuilles<span id="note49"></span>[[#footnote49|<sup>49</sup>]]. Les tiges ne sont
plus, comme celles de
sont nervées en longues spirales, ce qui indique une étude attentive de
la nature; car si
ses nervures décrivent forcément des spirales pour se prêter à la courbe
senties,
cherchant le naturel. Ce bel ornement ne saurait être antérieur
à celui de Saint-Denis; il en est le développement,
nature aidant. La date de
1137 à 1140. La date de la reprise faite à la salle capitulaire de Vézelay
ne peut varier
était bâtie après le narthex, qui date de 1130 à 1132, et
les années 1135 et 1155 les moines de
à faire
capitulaire ne permet pas de placer sa construction, ni avant 1155, ni
après 1165. Donc, admettant même que la reprise dont nous parlons
ait été faite immédiatement après
qui
pourrait dater que de 1160 à 1165 au plus-tôt. Le rinceau de Sens (fig. 52),
se rapprochant beaucoup du style des chapiteaux et archivoltes (fig. 46
et 47), quoique
remonter
plus loin que
une date plus récente (1165 à 1170), si nous le comparons à
l’ornementation
de la Bourgogne, de la basse Champagne et de
dont la date est bien constatée.
Il est certain
cette adresse et cette entente de
peu travaillée, des compositions byzantines, avait été un enseignement
assez puissant pour donner à nos artistes une première impulsion; quand
ils mêlent à cet acquis
rapide, mais que
Dans le rinceau de Sens, à côté de
encore comme un dernier reflet de
malgré
ornementation conviendrait plutôt à du métal fondu et ciselé
de la pierre. Le sentiment de
développé; on sent la recherche de
qui ne reçoit pas encore
tous les détails
Du moment que la sculpture
convention, reproduisant des types traditionnels ou enfantés par des réminiscences
la flore, une harmonie plus parfaite pouvait
aux
artistes des facilités nouvelles pour obtenir cette harmonie cherchée vainement
par les diverses écoles pendant les deux premiers tiers du XII<sup>e</sup>
siècle.
le recours aux productions végétales.
futur de la nation française que se développe avec rapidité ce nouvel art
de la sculpture décorative, dont nous avons fait ressortir
dans
Il semble que
finir avec les traditions accumulées pendant la période romane. En peu
passementeries
et
désormais et est le point de départ de
entraînement, elles sont si rares, si apparentes,
Ainsi, bien que le chœur de la cathédrale de Senlis
que de 1150 à 1165;
cherchassent à
sculpture de ce chœur de Senlis, le travail
pénétrés des idées nouvelles alors. La sculpture des chapiteaux des chapelles
et du sanctuaire est presque byzantine (fig. 53)<span id="note50"></span>[[#footnote50|<sup>50</sup>]], sinon par la forme
générale, au moins par les détails.
de Paris, commencé en 1163 et achevé avant 1190, que la nouvelle école
semble avoir admis pleinement ce nouveau principe de sculpture
Ligne 4 508 :
aspect monumental, et le sculpteur ne se borne pas à une imitation réelle;
il compose, il recherche de préférence les bourgeons des plus petites
plantes, et, à
des œuvres de sculpture
galbe large et gracieux, qui les placent au niveau des meilleures
conceptions
Ligne 4 517 :
<div class=prose>
En adoptant un principe nouveau, étranger aux traditions, quant à la
composition des détails de
donne à la sculpture sa place. Désormais elle ne se répand plus
au hasard et suivant la fantaisie de
cela
un rôle défini aussi bien pour la statuaire que pour
que soit un monument,
tranquilles. La sculpture se combine avec la structure, aide à la
faire comprendre, semble contribuer à la solidité de
avons dit, dans
de
laïque, à son origine, les composent de façon à leur donner
non-seulement
nécessaire. Pour les bandeaux, pour les corniches, pour les encorbellements,
ce principe est suivi avec rigueur, et ce
mérites de cette architecture française, logique dans sa structure, mais
logique aussi dans la décoration dont elle est revêtue, sobre toujours,
appelé par une nécessité.
On peut recourir aux articles [[Dictionnaire raisonné de
[[Dictionnaire raisonné de
[[Dictionnaire raisonné de
[[Dictionnaire raisonné de
[[Dictionnaire raisonné de
les monuments de
plus évident de la stérilité
de la sculpture.
habituellement,
ainsi le regard du passant, on dissimule des pauvretés ou des défauts
choquants dans la composition, voire des maladresses et des oublis
dans la structure.
Sincères, les maîtres de notre belle époque
l’emploi
de
bâtisse; cette ornementation
des misères et des vices de la conception. Sachant bien ce
dire, et ayant toujours quelque chose à dire, ils ne cachaient pas le vide
des idées sous des fleurs de rhétorique et des lieux communs. Souvent la
sculpture
sait où finit le travail du tailleur de pierre, où commence celui du sculpteur.
Le sculpteur, comme le tailleur de pierre, concouraient à
ensemble, sans que
deux ouvrages. Ces sculptures
faites sur le chantier <i>avant la pose</i>, et non sur le tas. Il fallait donc que le
maître eût combiné tous ses effets, avant que la bâtisse fût élevée, en
raison de la place, de la hauteur, de
avait encore
faire, attrayante; de permettre de
et ennuyeux à
machine,
sur nos façades modernes. Chaque artisan était intéressé ainsi
à ce que son morceau se distinguât entre tous les autres par une exécution
plus parfaite; et, en effet, sur nos monuments du moyen âge de
monuments de
corniche,
certains chapiteaux, qui sont, entre tous les autres,
couper gauchement un ornement; cela était impossible, puisque le
travail
du sculpteur se faisait <i>avant la pose</i>. Rien
et la sculpture; rien ne donne mieux
mûrie et raisonnée,
contre-forts de la façade occidentale de Notre-Dame de Paris au niveau de
la grande galerie, comme ces larges crochets, ces animaux, cette corniche
et sa balustrade surmontée de figures, se combinent intimement avec
les lignes de
peut se demander si jamais
été poussé plus loin; si jamais union plus complète exista entre les deux
arts de
bien voulu à
taillés sur le chantier avant
hauteur.
En présence de pareils résultats, ne paraissons-nous point de
pauvres
apprentis montant nos bâtisses un peu à
à les décorer après coup à
leurs parois; défaisant ce que nous avons fait, rajoutant des
contre-forts
Ligne 4 607 :
imprimés depuis deux siècles!
Nous disions tout à
XII<sup>e</sup>
siècle, en cherchant dans la flore les éléments
nouvelle,
originale, savait donner à ses imitations un aspect monumental
monumental éloigné
encore du réalisme. Ces essais sont déjà systématiquement suivis
dans
des colonnes isolées monostyles, tandis que ceux des colonnes
engagées du deuxième bas côté sont encore pénétrés du style roman
Ligne 4 621 :
Le chapiteau dont nous donnons ici une moitié (fig. 54), et qui
appartient
à
la méthode admise par ces précurseurs de la grande école laïque du
XIII<sup>e</sup> siècle. La composition générale dérive du chapiteau corinthien romain
Ligne 4 629 :
byzantins ou du commencement du XII<sup>e</sup> siècle, se divisent en folioles enroulées
et en larges tiges qui rappellent les premiers développements des
bourgeons
</div>
[[Image:Chapiteau.cathedrale.Paris.4.png|center]]
<div class=prose>
La manière grasse adoptée dans
rendue des tiges,
de pierre, tout cela est évidemment le résultat
passionnée des végétaux. Et
tout
à la même époque,
imitations délicates et recherchées de la flore des champs, comme sur les
ornements de Sens et de la salle capitulaire de Vézelay, ou ce sont des
Ligne 4 645 :
Les sculpteurs de Notre-Dame ont été puiser leurs inspirations
aux champs, et composent ainsi un style qui est généralement adopté
dans tout le nord de la France
Bientôt
ornements
empruntés à la flore printanière, elle développe les bourgeons
de pierre; mais en prenant la feuille,
développement, elle conserve à ses traductions la physionomie
monumentale.
Ligne 4 656 :
[[Image:Detail.archivolte.porte.Vierge.Notre.Dame.Paris.png|center]]
<div class=prose>
Ainsi, ce rinceau
la façade occidentale de Notre-Dame de Paris (fig. 55), rappelle encore la
composition du rinceau de Sens (fig. 52). Mais ici
large, la disposition des masses plus claire, les détails moins recherchés;
de plus, la tradition romane est absolument abandonnée, la nature mieux observée et serrée de plus près. Ce
la flore, et cependant
à un objet composé toute
réel,
même observation à propos des bestiaires. Quoique les sculpteurs de la
fin du XII<sup>e</sup> siècle fussent déjà plus avares de représentations
dans leur ornementation que leurs devanciers<span id="note51"></span>[[#footnote51|<sup>51</sup>]], quand ils croient
nécessaire
à ce point
nature, bien
Pour nous,
du moyen âge, se trouve placé à ce moment où la tradition romane
a disparu, et où la recherche de la réalité
exigences. Cette période brillante de
vingt-cinq
ans environ, de 1190 à 1215.
et de la partie inférieure de la façade de Notre-Dame de Paris, de la cathédrale
de Laon, de
Saint-Remi de Reims, de Saint-Leu
</div>
[[Image:Chapiteau.cathedrale.Lisieux.png|center]]
<div class=prose>
Il y eut en effet, à ce moment, un développement
La nouvelle école étendait son influence dans toute la partie de la France
au nord de la Loire, de la Bourgogne et du Nivernais aux confins du
Ligne 4 692 :
son originalité. La sculpture décorative, tout en suivant une impulsion
générale, se développait suivant les aptitudes particulières à chaque
contrée. Large, plantureuse dans
la Normandie. Ces beaux ornements qui proviennent de la cathédrale
de Lisieux (fig. 56) révèlent le goût délicat qui régnait alors au
sein de
ces dernières provinces<span id="note52"></span>[[#footnote52|<sup>52</sup>]]. La sculpture
et malgré la beauté de
de la largeur de style et de la belle entente de
dans la sculpture de
franche, moins hardie, et surtout beaucoup moins originale. Ces
aptitudes
diverses devaient persister bien plus tard, et jamais la sculpture de
la Normandie, du Maine et de
cathédrales de Paris, de Laon et
dans les détails, une maigreur qui, au XIV<sup>e</sup> siècle, dégénèrent en sécheresse.
En Bourgogne, au contraire, la sculpture
dans
posées par
nuit à
développait dans
qui est la marque
seulement le principe de la sculpture décorative qui se modifie au sein
de ces populations de deux ou trois provinces de la France,
le système
aux profils. Il y a là un fait si exceptionnel, si anormal dans
arts,
Supposons
départements voisins, des architectes se mettent en tête et aient le
talent de produire un art inusité, soit comme structure, soit comme
système de proportion et de décoration, conçu
entièrement
neuves, leurs projets ne sortiraient même pas du bureau
nombreux rouages administratifs à travers lesquels il leur faudrait passer.
Les conditions de liberté pour les artistes, en tant
point celles du citoyen. Un état social peut être très-oppressif pour le
citoyen, mais très-favorable au développement de la liberté chez
l’artiste.
La réciproque a lieu. Quand les artistes, dans la société, forment
une sorte de caste dont tous les membres sont égaux, ils se trouvent
dans les meilleures conditions du développement libre de
caste, ils acquièrent au sein de
comme
individu, le principe de toute caste étant
en font partie, le contraire de la hiérarchie,
siècle,
municipal, si puissant à cette époque. Les règlements qui furent rédigés
au XIII<sup>e</sup> siècle pour donner une existence légale aux corporations sont
la preuve que ces corporations fonctionnaient, car jamais la loi ne
précède
le fait; elle le reconnaît et le règle
dont
membres, comme artistes,
aucune
hiérarchie. Ces ateliers, ces familles se réunissaient, discutaient les
intérêts collectifs de la corporation, les établissaient en face de
féodal, mais
méthodes
pied
ou de dignités de nature à leur donner une autorité prépondérante dans
la corporation. On comprend comment un pareil état social devait être favorable
au développement et au progrès très-rapide de
ou le génie de chaque membre éclairait la corporation, mais
ni des doctrines ni des méthodes. Aussi
le fidèle miroir de cet état social des artistes. Une expérience réussit-elle,
aussitôt on la voit répandre ses résultats, et être immédiatement suivie
nous en avons la preuve au XIII<sup>e</sup> siècle,--que
dans certaines familles, le père instruisait son fils ou son neveu. Les
connaissances se transmettaient ainsi dans des corporations composées
connaissances considérées comme le privilège de la caste
divulguées dans le public; et leur transmission non interrompue dans
ou la famille, du patron à
comment
nous ne possédons aucun traité écrit sur les matières
de la fin du XII<sup>e</sup> siècle au XVI<sup>e</sup>. Des moines pouvaient écrire ces traités, et
nous en possédons un, celui de Théophile, qui date du milieu du XII<sup>e</sup> siècle
très-vraisemblablement,
de la menuiserie, etc.;
monastères, parce
couvent à
membres laïques des corporations
non-seulement
et de leur savoir, mais devaient éviter même de rien écrire, pour ne
pas donner au vulgaire les recettes, les méthodes admises dans
cahier de notes prises partout et sur tout, depuis des procédés de tracés
Villard discute, il pose des questions; son cahier est un <i>memento</i>, pas
autre chose.
Ligne 4 794 :
démontre comment ces corporations devaient nécessairement agir dans
une sphère absolument libre; car, à moins de supprimer la corporation,
comment lui imposer un goût, des méthodes? Force était
républicaine, où les voix
due à une longue expérience, au génie ou au simple mérite personnel.
Une organisation pareille pouvait seule changer en quelques années la
face des arts, sans
eu la volonté), fût en état
imprime un caractère
des écoles laïques du XII<sup>e</sup> siècle,
avec le passé: que ce passé soit le romain, dont les monuments ne
manquaient
pas en France,
arts gréco-romains ou syriaques, les écoles laïques le repoussent comme
structure, comme aspect des masses, comme proportions, comme
décoration.
Nous ne croyons pas utile, arrivé au huitième volume de ce
<i>Dictionnaire</i>, de répondre à
gothiques
été une imitation des arts romains.
plus facile de retourner franchement au romain, qui en diffère si peu,
que de
rompait même avec les traditions des arts antiques fusionnés dans le
roman,
sur une raison supérieure à toute autre.
Voilà ce
chose à ce mouvement
active, violente, aussi bien contre
contre le système théocratique et le système féodal. Cette école, une
fois maîtresse dans le domaine de
arts, ne devrait rappeler un passé dont on ne voulait plus. Aussi, avec
quel empressement les grandes villes du Nord
leurs vieilles cathédrales pour en bâtir de nouvelles! Rien ne leur coûte
pour effacer la dernière trace de cet art roman développé au sein des établissements
monastiques!
les populations des villes
cela est certain: mais les monuments sont là; leur caractère, les
détails dont ils se couvrent, leur structure, parlent pour ces premières
corporations
avec tout un passé. La franc-maçonnerie, le compagnonnage des
charpentiers,
sont un dernier débris de ces associations laïques, sortes
d’initiations
dont les résultats, longtemps présentés comme
la barbarie et de
manifeste des premiers efforts
le retour de son esprit national, sur des monuments dus à son
propre génie et
signaient-ils que bien rarement leurs œuvres, ces premiers maîtres de
du génie national débarrassé de tant de traditions décrépites, et cette
signature a sa valeur.
Ligne 4 857 :
avoir soumis logiquement à ce principe tout un système de proportions,
de profils, de tracés, avaient conservé quelque chose de la décoration romane,
aux yeux de la foule ils étaient liés encore à
font-ils nulle concession:
en constituer une nouvelle, ils étudient curieusement les végétaux qui
croissent dans les champs et dans les bois. La statuaire romane est reléguée
dans le passé; ils observent la nature et la considèrent sous un
aspect
nouveau: ce
à reproduire en
Une fois sur cette voie, si rigoureuse que fût la constitution de la corporation,
son organisation toute républicaine devait la pousser sans arrêts
vers le progrès. Malheureusement, dans les choses
en nous élevant promptement à
sculpture, comme chez les Grecs, après avoir idéalisé la nature, veut
sans cesse
il arrive à cette école ce qui arrive à toutes les constitutions
basées sur la liberté de la pensée, même lorsque celle-ci recherche la
quintessence en toute chose, et abandonne
vague, pour le réel: longtemps
et jamais
conception ou même dans
une période de splendeur, est toujours la conséquence de
l’asservissement
de la pensée. Nous en avons la triste preuve dans les monuments
romains. À la fin de
travaux, sans que
cessé un seul jour de sculpter ou de bâtir,
de véritables barbares, mais jeunes, vigoureux et ayant
eux, pour effacer les traces de ces arts séniles qui ne sauraient plus
rien produire.
Pendant que
dans
flottaient entre les traditions romanes et ces innovations, dont elles
ne comprenaient pas
soit comme décoration, et
ou le style
dans le pays. Ainsi, à Poitiers, les parties de la cathédrale bâties pendant
les dernières années du XII<sup>e</sup> siècle font apercevoir des réminiscences
non douteuses de la sculpture décorative gréco-romaine de Syrie,
à côté
arcatures des collatéraux de la nef, bâtis de 1190 à 1205, présentent
cette juxtaposition des deux styles.
Quant à
départements
de la Haute-Marne, de la Haute-Saône et
un style de sculpture qui se rapprochait sensiblement du style
bourguignon,
mais avec une dose de traditions gallo-romaines plus prononcée.
Possédant de beaux matériaux, cette contrée élève des édifices
dont
chaîne de plateaux élevés qui
en passant par Saulieu, Beaune, Autun, Paray-le-Monial et Charlieu.
Mais, sur cette ligne, on peut distinguer deux écoles de sculpture: celle
de la haute Champagne, dont le foyer est à Langres, qui continue assez
tard les traditions romaines, et celle de la Bourgogne, qui
promptement. Toutefois, en suivant le style roman,
de la haute Champagne est évidemment, à la fin du XII<sup>e</sup> siècle, stimulée
par les progrès des écoles de
exécution plus large, un modelé plus savant et plus ferme, sans
recourir
franchement à la flore. Ces ornements (fig. 57 et 58), qui proviennent
de la cathédrale de Langres (fin du XII<sup>e</sup> siècle), indiquent
cette école, balançant entre les traditions romanes et les nouveaux principes
admis par les sculpteurs de
</div>
[[Image:Sculpture.cathedrale.Langres.png|center]]
<div class=prose>
Le fragment (fig. 57)
avec un modelé plus délicat, plus voisin de la nature;
davantage de la flore quant à
est un peu postérieure au chapiteau (fig. 57), et date des premières années
du XIII<sup>e</sup> siècle; mais alors la flore, dans la sculpture de
était demeurée maîtresse et inspirait toutes les compositions.
Ce
mouvement; ce qui pourrait
monastiques qui, si longtemps, avaient été la lumière de ces
contrées. Car il faut observer que près des grandes abbayes, le style nouveau
dû aux artistes laïques se répand difficilement.
fait exception à cette règle, et semble au contraire rivaliser avec
de Saint-Denis, jusque vers la fin du XII<sup>e</sup> siècle, pour sortir de la tradition
romane.
construction date de 1190 environ, est, relativement à la structure, très-avancée,
et
même pas, dans cette sculpture, le respect constant pour
monumental
si profondément empreint dans celle de Notre-Dame de Paris.
Ces artistes de Vézelay
</div>
[[Image:Sculpture.cathedrale.Langres.2.png|center]]
<div class=prose>
servent
savent faire les sculpteurs parisiens. Certains ornements sont
et
avec une sorte de recherche, la souplesse et les détails de la plante. Mais
la sculpture bourguignonne (et
arts de
par incontinence. Ses œuvres ont,
vierge; elles poussent avec une vigueur insoumise, qui, bien souvent,
produit des exemples
chapiteaux des colonnes monolithes du sanctuaire (fig. 59) ont une largeur
de style, une fermeté dans
exceptionnelle au milieu des autres sculptures. Ce serait pour le mieux
si toute la décoration était ainsi traitée; mais, à côté de ces masses si
Ligne 4 973 :
[[Image:Chapiteau.sanctuaire.Vezelay.2.png|center]]
<div class=prose>
En tant
et
le caractère monumental, qui tient essentiellement à
de la même époque, à Notre-Dame de Paris, à Laon, à Saint-Quiriace de
Provins; etc., on ne pourrait signaler ce mépris pour
nous nous en tenons à
dans le modelé, une délicatesse dans le coup de ciseau, dont rien
à cette époque.
que dans la pierre dure; elle abandonne les matériaux tendres vers
1180 pour ne les reprendre que vers 1230. La pierre tendre, même fine,
Ligne 4 988 :
sculpture qui peut être comparée, comme netteté, à la belle
ornementation
grecque sur marbre, et qui a sur celle-ci
et mieux entendue comme effet décoratif. Nous ne savons si les Grecs
ont fait de la sculpture
composition, puisque les seuls exemples qui nous restent, provenant de
monuments petits généralement, paraîtraient maigres et plats, appliqués
Ligne 4 998 :
ciseau grec.
Produire un effet voulu à
moins dispendieux, est certainement le problème
architectes de tous les temps. Trouver un système
prête son concours à
aussi bien que
quelques privilégiés. Or, si
de nos provinces, on reconnaîtra bientôt que la plus pauvre église de
village, le moindre hospice appartenant à cette période de rénovation,
possèdent une décoration sculpturale en parfaite harmonie avec la
structure, et que cette ornementation (parfois
a toujours
sculpture, le paysan et le seigneur retrouvent des formes qui leur sont
familières, des détails inspirés des plantes qui couvrent leurs champs,
Ligne 5 015 :
Disposés avec sobriété sur les parties de la construction qui se prêtent
seules à les recevoir, les ornements variés, mais soumis à la loi
par leur origine commune, produisent le plus grand effet possible, ne
serait-ce que par le contraste entre leur richesse et la simplicité vraie
de la structure au milieu de laquelle ils viennent se poser. La place
donnée à un ornement est pour les neuf dixièmes dans
et les artistes qui, dans nos églises de la fin du XII<sup>e</sup> siècle, sculptaient
ces larges chapiteaux sur des colonnes monostyles, à une hauteur
très-médiocre, savaient bien ce
riche qui pourtournait
dispensait-elle de
toute autre décoration? Il suffisait de quelques rappels, de quelques
points dans les parties élevées, tels que les chapiteaux à la naissance des
voûtes, les clefs, pour donner à
richesse.
Quand on veut se rendre compte du rôle donné à la sculpture
dans les édifices du moyen âge de cette époque, on est fort surpris
de son peu
si
sculpture est répandue sans
cette profusion, ni de deviner pourquoi tel ornement est placé ici ou là,
au faîte ou à la base, à
libre ou sous les voûtes et planchers
profitant de la lumière directe du soleil, elle procède par plans nettement
accusés; tandis
diffuse, elle adopte un modelé plus doux, elle évite les trop fortes,
saillies.
Du jour où
ornements sculptés, elle devait peu à peu se rapprocher de la réalité.
Interprétés
de distance, le progrès vers
précieux.
dernières
années du XII<sup>e</sup> siècle,
délicat, se maintenant entre les exigences monumentales et
de la nature, se prête difficilement, à cause de la délicatesse même des
principes admis, à la grande sculpture décorative. Charmante sur des
chapiteaux, sur des jambages ou des tympans de portes, placée près de
Augmentant les dimensions des monuments au commencement du
XIII<sup>e</sup> siècle, les artistes prennent, pour leurs profils, pour leurs ornements,
une échelle plus grande.
sculpturale, et
arrivent à satisfaire à ces exigences
que pour faire grand--nous disons <i>grand</i>, et non point <i>gros</i>--en ornementation
sculptée,
Toute ornementation de convention, comme est la plus grande partie de
la sculpture romaine et de la sculpture romane, ne peut être grandie impunément.
En augmentant
dans le difforme. Nos artistes modernes ont le sentiment de cette difficulté;
aussi
du sol reproduisent le parti, le modelé et
décorent des soubassements.
En recourant à la flore, les maîtres
non-seulement de varier à
de
Il faut voir comme ils savent, avec une même feuille, par exemple,
Ligne 5 082 :
trouvent dans la nature elle-même les éléments convenables en raison
des dimensions ou des situations différentes. À ce point de vue, la sculpture
génie, bien que cette façade
sur
quant à la façon
par une loi qui ne souffre pas
du XIII<sup>e</sup> siècle, plus
plus les détails sont sacrifiés aux masses. Nous avons fait cette observation
déjà à propos de la statuaire.
est très-détaillé, très-finement modelé;
simple,
large, les masses sont accentuées, les saillies vivement senties.
Ligne 5 096 :
[[Image:Bandeau.facade.occidentale.cathedrale.Amiens.png|center]]
<div class=prose>
La façade occidentale de la cathédrale
anciennes,
fournit de beaux exemples de cette entente des effets. Le bandeau
Ligne 5 107 :
la différence de composition et de modelé entre ces deux ornements. Le
premier, délicatement modelé, fourni de détails, est encore assez près
de
sommet
</div>
[[Image:Frise.facade.occidentale.cathedrale.Amiens.png|center]]
<div class=prose>
Cette sculpture date de 1230 environ.
connaissance des effets.
de
exemples de ce mélange sur cette même façade de la cathédrale
dans
de cette arcature, qui eussent paru très-maigres, réduits à leur
tracé géométrique, sont renforcés par des ornements et des animaux qui
Ligne 5 126 :
[[Image:Sculpture.arcature.cathedrale.Amiens.png|center]]
<div class=prose>
Cet exemple est remarquable à plus
pour le dessinateur de combiner ce mélange de formes architectoniques,
de le faire interpréter par des exécutants, puisque cette composition
mise en place a demandé le concours de
pierre, du sculpteur
Les morceaux sculptés ou non sculptés étant tous terminés avant la
pose,--ne
pratique du bâtiment pour comprendre les difficultés de montage et de
mise en place
de
1<sup>m</sup>,50,--ne présentant pas de prise, puisque toutes ses faces sont parementées
et que celle de devant est couverte de sculptures très-saillantes.
Avec nos engins perfectionnés, nous ne parvenons pas toujours à placer
des pierres simplement épannelées, sans épaufrures. Comment donc
prenaient ces bâtisseurs du moyen âge pour élever et placer de pareils
blocs complétement achevés, sans endommager les moulures et les
reliefs?
Comment les préservaient-ils pendant
supérieures?
Il y a là matière à méditations, surtout si
rapidité extraordinaire avec laquelle certains édifices étaient élevés<span id="note54"></span>[[#footnote54|<sup>54</sup>]].
de 1210 à 1230, que
Les façades des cathédrales de Paris,
certaines parties de Notre-Dame de Chartres, de la cathédrale de Laon,
les tours de la façade occidentale notamment, montrent avec quelle
entente
de la composition les maîtres savaient rattacher la sculpture à
de leurs patrons.
Il existait alors plusieurs séries
nous obtenons avec les plus grandes difficultés. Il y avait les
tailleurs de pierre ordinaires, tâcherons, qui, sur le tracé de
taillaient les pierres à parement simple; des ouvriers plus habiles
faisaient les profils avec moulures; puis venaient les tailleurs
qui taillaient et sculptaient les pièces comme celles que nous présente la
figure 63. Mais tous ces ouvriers de mérite différent entendaient le trait,
chose que nos sculpteurs
a la preuve de cette façon de procéder: 1º par les marques de tâcherons,
2º par la nature de la taille ou du brettelage, qui diffère dans les trois cas.
Ligne 5 171 :
celles des tâcherons de parement. Quant aux morceaux portant sculpture,
la bretture est beaucoup plus fine, et surtout moins large; puis ils sont
dépourvus de signes.
les tailleurs de pierre ordinaires, ce que démontrent certains fragments
non sculptés et posés tels quels par urgence.
Il ne paraît pas que les tailleurs
dans les représentations de ces sortes de travaux,
des vitraux, dans des vignettes de manuscrits et des bas-reliefs, on ne
voit jamais de modèles figurés, mais des panneaux.
ne répétant jamais exactement le même motif, il est évident
ne suivaient point un modèle. Dans des ornements courants mêmes,
comme des feuilles ou crochets de bandeaux et corniches, chaque
ornement
est traité suivant la largeur de la pierre, et sur vingt feuilles, semblables
comme type, il
Pour ces ornements courants, on voit comment on procédait. Un
Ligne 5 190 :
sur chaque morceau; puis, des ouvriers copiaient librement ce type.
Cette méthode est dévoilée par la présence de morceaux exécutés entre
tous avec une rare perfection et par des mains habiles.
de ces pièces exceptionnelles, comme de grands chapiteaux, ou des
gargouilles, ou des compositions un peu compliquées, prenant une
certaine
importance, elles étaient confiées à ces maîtres tailleurs
Beaucoup de sculptures de
tout à travers les ornements et parfois même les figures. Mais
tant que les corporations conservèrent leur organisation intacte. Chaque
ouvrier finissait
ou un tailleur
terminait la pièce, qui était enlevée par le bardeur et posée par le
maçon, qui seul se tenait sur les échafauds. On ne peut disconvenir
pour mettre de
conséquent les chances
avait tout prévu
pour que ces rouages pussent fonctionner. Sous ce rapport, il
à tirer vanité des progrès que nous avons faits.
animaux, si fréquents dans
sculpture de la fin du XII<sup>e</sup> siècle, reparaissent dans la décoration extérieure des
édifices. À côté de la flore, ils forment une faune ayant sa physionomie
Ligne 5 221 :
espèces dont, par luxe, les grands seigneurs gardaient des individus
dans leurs palais, tels que lions, panthères, ours, etc.; les autres appartiennent
au règne fabuleux si bien décrit dans les bestiaires.
le <i>griffon</i>, la <i>wivre</i>, la <i>caladre</i>, la <i>harpie</i>, la <i>sirène</i>, le <i>basilic</i>, le <i>phénix</i>,
le
Ligne 5 229 :
parements extérieurs des édifices, et particulièrement de nos grandes
cathédrales? Il ne faut pas perdre de vue ce que nous avons dit
précédemment à propos des tendances de
Ceux-ci étaient comme le résumé de
<i>Cosmos</i>, une encyclopédie, comprenant toute la création,
non-seulement dans sa forme sensible, mais dans son principe intellectuel. Là encore
nous retrouvons la trace effacée, mais appréciable encore, du
panthéisme splendide des Aryas. Le vieil esprit gaulois perçait ainsi à travers
le christianisme, et revenait à ses traditions de race, en sautant
bond par-dessus
est vrai, toutes ces traditions conservées à
il les règle, il
furent si fort en vogue à la fin du XII<sup>e</sup> siècle et jusque vers le milieu du
XIII<sup>e</sup>, au moment même où
qui se répandent sur nos cathédrales et participent au concert universel,
semblent être une dernière lueur des âges les plus antiques de notre
race. Tout cela est bien corrompu, bien mélangé des fables de Pline et
des opinions de la dernière antiquité païenne, mais ne laisse pas moins
percer des traditions locales et beaucoup plus anciennes. Ce
ici le lieu de discuter cette question, nous ne devons nous occuper que
du fait: or, le fait,
de nos grandes cathédrales, sur ces monuments où tout
naturel et surnaturel, physique et immatériel, se développe comme dans
un livre.
consume en recueillant les rayons du soleil et renaît de ses cendres, représente
Jésus-Christ se sacrifiant sur la croix et ressuscitant le troisième
jour. Le phénix est décrit par les anciens, mais il est difficile de ne pas
reconnaître dans ce mythe
recueillir particulièrement ces animaux fabuleux, leur ait donné une
forme symbolique, en ait fait des mythes même, en appropriant ces
mythes à
rappelaient des traditions locales encore persistantes?
naturel que les clercs, reconnaissant la puissance encore vivace de ces
traditions, aient cherché au moins à leur donner un sens symbolique
chrétien?
à la construction des grandes cathédrales, aient permis la représentation
de ces mythes transformés, à
aient interdit
Et, en effet, si ces animaux abondent sur les façades des cathédrales du
commencement du XIII<sup>e</sup> siècle, ils font absolument défaut à
sauf de rares exceptions. Il
intérieures de Notre-Dame de Paris, de Notre-Dame
en rencontre quelques-uns sur les chapiteaux de la nef de la cathédrale
de Reims. Or, ces trois églises, et particulièrement celle de Paris, présentent
à
Cette faune innaturelle possède son anatomie bien caractérisée, qui
lui donne une apparence de réalité. On croirait voir, dans ces bestiaires
de pierre, une création perdue, mais procédant avec la logique imposée
à toutes les productions naturelles (voy. [[Dictionnaire raisonné de
XIII<sup>e</sup> siècle ont produit en ce genre des œuvres
valeur, et sans nous étendre trop sur ces ouvrages, nous donnerons ici,
comme échantillon, la tête
de Paris (fig. 64), que certes un artiste grec ne désavouerait pas. Il est
difficile de pousser plus loin
</div>
[[Image:Tete.gargouille.Sainte.Chapelle.Paris.png|center]]
<div class=prose>
Vers 1240, il se produit dans la sculpture
statuaire, un véritable épanouissement. Ainsi les frises, les chapiteaux,
les bandeaux, les rosaces, au lieu
monumental, ne sont bientôt plus que des formes architectoniques sur
lesquelles le sculpteur semble appliquer des feuillages ou des fleurs.
Ligne 5 298 :
[[Image:Sculpture.portail.nord.cathedrale.Troyes.png|center]]
<div class=prose>
cathédrale
de Troyes, est la dernière limite de
régulières avec application de la flore réelle aux détails. Ici ces feuilles
se trouvent dans la flore des champs, mais
appartient à
dans la campagne, avec sa tige, et sera appliqué sur le nu du
bandeau
Ligne 5 309 :
piles du tour du chœur présentent encore la régularité de composition
architectonique, avec appoint de feuillage pris sur la nature. Les crochets
eux-mêmes, simples bourgeons avant cette époque (1230), semblent
feuilles (fig. 66). Un peu plus tard, comme à la sainte Chapelle de Paris
(1240 à 1245), la plupart des chapiteaux ne présentent que des bouquets
Ligne 5 317 :
[[Image:Chapiteau.choeur.cathedrale.Troyes.png|center]]
<div class=prose>
En présence de cette marche rapide de
de la perfection de
sait ce que
composition monumentale, ou de cette imitation adroite, souple et
ingénieuse
de la nature, cherchée par les artistes du milieu du XIII<sup>e</sup> siècle.
Cependant rien, à notre avis,
claire, habilement composée, et déjà tout empreinte de
la flore, qui se voit dans la nef de la cathédrale de Paris.
de cette sculpture est en parfaite concordance avec celle des profils et de
Mais il était de
se fixer. Partant de
bien que dans la statuaire, il fallait aller en avant, poursuivre le mieux,
et, en le poursuivant, atteindre le réel. Prenant la nature pour point de
départ, de
à
modèle, on
souvent dans le laid. Disons cependant que cette robuste école de
sait se maintenir dans les limites du goût, et
du moyen âge, même alors que
la Bourgogne, la Champagne, tombaient dans le maniéré et le laid.
On confond avec trop peu
déclin. Les figures bouffonnes et maniérées à
dans les Flandres, en basse Bourgogne, en Picardie, empêchent de voir
nos œuvres réellement françaises de la même époque, œuvres que le
Ligne 5 351 :
meilleurs temps.
À dater de 1250,
peut plus monter. Il réunit alors au style élevé, à la sobriété des moyens,
à
naturalisme qui laisse encore un champ large à
que soient les belles œuvres de sculpture à dater de la seconde
moitié du XIII<sup>e</sup> siècle
regard de regret en arrière, de ne pas revenir vers cet art tout plein
séve qui déborde, qui parle tant à
perfections inconnues. Toute production
delà de la limite imposée par
plus voisin de la perfection que
par excellence. Le souvenir que
est pour
qui
la réalité! Est-ce à dire pour cela que ces œuvres sont au-dessous
de
première cause. Pour que ce phénomène psychologique se produise, il
est deux conditions essentielles: la première,
été enfantée sous la domination
est que celui qui voit ait
de
avec les idées du moment. Depuis le XVII<sup>e</sup> siècle, nous voulons
bien
guère songé à lui trouver ce public sans la sympathie compréhensive
duquel
idée, un besoin intellectuel.
Il est évident que pendant le moyen âge il existait entre
public un lien étroit. Le moyen âge
de sculptures pour plaire à une coterie,
le dernier hameau.
Il avait sa place dans le château et sur la plus humble maison du petit
bourgeois; et ce
et le château, barbare dans
du citadin. Non:
était toujours une œuvre
vrai,
faisait jamais défaut et elle était comprise de tous. On ne trouvait nulle
part alors, sur le sol de la France, de ces ouvrages monstrueux, ridicules,
Ligne 5 397 :
ans, loin des grands centres. Le langage des arts est devenu une langue
morte sur les quatre cinquièmes du territoire, non parce que la population
la pensée humaine qui rétrécit le champ de son développement au lieu
de
pour lesquels on prétend la réserver.
Une des gloires de nos écoles laïques du XIII<sup>e</sup> siècle,
comme dans
le vulgarise de nouveau. On ne décrète pas plus le goût
par de prétendus encouragements: car encourager le goût,
encourager <i>un</i> goût; encourager <i>un</i> goût,
arbre
des arts; il ne donnait ni récompenses, ni médailles; il ne
s’inquiétait
point de savoir si, dans ses domaines, on apprenait le dessin, si
modelait la terre et si
spéciales, et
unique de Louis XIV se substitue à
du grand roi prétend régenter
un critérium du goût,
plus
médicaments et réconfortants, sans pouvoir un seul jour lui rendre jeunesse et santé.
La puissance productive de
la sculpture, tient du prodige. Après les guerres du XV<sup>e</sup> siècle, après les
luttes religieuses, après les démolitions dues aux XVII<sup>e</sup> et XVIII<sup>e</sup>
siècles,
après les dévastations de la fin du dernier siècle, après
après les bandes noires, il nous reste encore en France plus
Au commencement du XII<sup>e</sup> siècle, la bonne statuaire est
se forment, et leurs rameaux ne
milieu du XIII<sup>e</sup> siècle, les œuvres remarquables abondent; un monde
de méthode, et de pauvres églises, des maisons, des châteaux de petite
apparence, contiennent parfois des ouvrages de sculpture
excellente
exécution,
répandus
partout, et la sculpture semblait être un art de <i>première
nécessité</i>.
À ce moment du développement de
un haut degré de perfection. Que
transsept de
du portail de droite de la cathédrale
de Notre-Dame de Paris, la sculpture des portails de Reims et
on pourra se faire une idée du développement que prenait
règne de Louis IX. Jamais
loin. Au milieu de tant
</div>
[[Image:Statue.portail.Saint.Etienne.Auxerre.png|center]]
<div class=prose>
Cependant nous présentons ici une des statues du portail occidental
de Saint-Étienne
côtés de David. La tête et les mains ont été brisées. On
rendu le nu sous les draperies. Jamais on
attitude
simple, aisée. Il
physique. Cette femme se porte à merveille. Or, toutes les statues de ce
portail, et les sibylles notamment, ont la même valeur. Il est clair que
ces statuaires
antiques,
mouillés.
roidissent ou
porté, laissant voir toutes les délicatesses des mouvements
de 1250,
de
Nous ne soutiendrons pas que les habits du XIII<sup>e</sup> siècle ne fussent pas
plus favorables à la statuaire que les nôtres, mais les artistes ne reproduisaient
guère les vêtements de leur temps
drapaient leurs figures suivant leur goût, leur fantaisie, et jamais on ne
sut mieux, sinon dans la belle antiquité grecque, donner aux draperies
le mouvement, la vie,
</div>
[[Image:Statue.cathedrale.Carcassonne.png|center]]
Ligne 5 487 :
Et quand même ces artistes reproduisaient les vêtements portés de
leur temps, avec quel art savaient-ils les arranger, leur donner la noblesse,
le style, sans
XV<sup>e</sup> siècle<span id="note58"></span>[[#footnote58|<sup>58</sup>]]. Cette statue (fig. 68), placée sur le tombeau de
Pierre de Roquefort, dans
représente un chanoine, est petite nature<span id="note59"></span>[[#footnote59|<sup>59</sup>]]. Aucune école de statuaire
l’aumusse
est arrangée sur la tête, autour du cou et devant la poitrine, dont
le manteau est relevé par le bras droit, révèle un artiste consommé.
Disons que cette statue est taillée dans un grès dur, difficile à
travailler.
Mais aucune matière
marbre des tombeaux de
XIV<sup>e</sup> siècle, sont achevées avec une délicatesse de ciseau, une souplesse
dans la manière dont sont traités les accessoires, supérieures à ce
nos meilleurs praticiens.
Le moyen âge ne
marbre, le bois, il éleva un grand nombre de monuments de bronze
coulé et de cuivre repoussé. Presque toutes ces œuvres
au creuset pendant le XVIII<sup>e</sup> siècle et en 1793. Il ne nous en reste
connaître que les artistes des XII<sup>e</sup>, XIII<sup>e</sup>, XIV<sup>e</sup> et XV<sup>e</sup> siècles avaient poussé
très-loin
sont des chefs-
du premier ordre<span id="note61"></span>[[#footnote61|<sup>61</sup>]]. Toutes deux représentent des évêques grandeur
naturelle, ronde bosse, couchés sur une plaque de cuivre décorée
d’accessoires.
Le tout est fondu
les crosses étaient des pièces rapportées.
Il existait à Saint-Denis une tombe de Charles le Chauve, datant de la
fin du XII<sup>e</sup> siècle, en bronze coulé et émaillé.
Braisne contenait un grand nombre de ces monuments de bronze
émaillés
et dorés<span id="note62"></span>[[#footnote62|<sup>62</sup>]]. Nous ne savons comment ces artistes du moyen âge
prenaient pour émailler des statues de bronze grandes comme nature;
cela nous paraît impossible
son tombeau, à Saint-Denis, était vêtue
émaillé en bleu sur le bronze, avec semis de fleur de lis
siècle avait fabriqué un grand nombre
décoration des édifices. Suger parle des grilles de bronze
fondre pour
un magnifique fragment
dans le sanctuaire de
XII<sup>e</sup> siècle; on ne saurait voir de fonte plus pure et une ornementation
mieux appropriée à la matière<span id="note64"></span>[[#footnote64|<sup>64</sup>]]. Enfin, il existe un assez grand nombre
de bustes de cuivre ou
de reliquaires, qui sont
possédaient
des autels, des baldaquins en bronze fondu et repoussé, émaillé
et doré
Ces objets de bronze étaient habituellement fondus en grandes pièces
et à cire perdue. Il fallait bien que ce travail ne sortît pas des procédés
ordinaires, car il existait en France une grande quantité de statues tombales
ou autres, en bronze,
collection Gaignères
des églises en signalent de tous côtés. Il est évident que la plupart de
ces œuvres de métal, grandes ou petites, étaient fondues à cire perdue,
car, outre que le moine Théophile mentionne
monuments existants indiquent que la fonte venait sans bavures,
puisqu’on
partout. Si la ciselure intervient, ce
broderies, obtenir des gravures délicates, mais nulle part on ne voit la
trace de la lime, de la râpe ou du grattoir.
que les imagiers du moyen âge avaient pris
figures de cire de grandeur naturelle,
Or, ces figures étaient faites sur des noyaux de terre séchée, suivant
le procédé indiqué par Théophile. Le procédé pour fondre est le même.
Ligne 5 562 :
des bronzes antiques, et comme le sont aussi les belles statues françaises
de la renaissance, parmi lesquelles on citera celles de Henri II et de
Catherine de Médicis de
figures, la
fonte
Or, ces figures sont fondues
Mais le moyen âge
cherche sans cesse, il simplifie, modifie et améliore avec une telle activité,
chaires, fonts baptismaux, croix de carrefour, lutrins, margelles de
puits, tombes, candélabres, etc., il avait adopté un procédé mixte qui
permettait
comme un mannequin vêtu
mannequin
de bronze, on posait successivement des habits de dessus, faits au
marteau, des armes, des bijoux de bronze ciselé, des couronnes et tous
les ornements constituant une riche parure.
quelques-unes des statues qui ornent le tombeau de Maximilien à
Innsbrück; et bien que ce monument ne date que du XVI<sup>e</sup> siècle, nous
Ligne 5 585 :
en Allemagne, mais en France.
de bronze façonnées au marteau ou simplement embouties,
modelées avec
artistes du moyen âge pouvaient-ils satisfaire à toutes les exigences de
Le siècle de Louis XIV, qui avait la prétention
tout retrouvé, admit
en bronze de grandes pièces en France<span id="note65"></span>[[#footnote65|<sup>65</sup>]]. Sans vouloir en rien diminuer
le mérite de ces industriels, nous ne pouvons admettre
<i>retrouvé</i> les procédés de fonte; ils
un mode rarement employé: et cela
objets
statues
alors employé. Il fallait <i>battre des pièces</i> sur un moulage ou
sur
faire un noyau, rassembler avec grand soin les pièces autour du noyau, et
couler du bronze dans
précieux
des cires perdues; ceux-ci se contentèrent dès lors de façonner un modèle
en terre que
Mais comme il est très-difficile, sinon impossible, de battre des
pièces sur une statue entière et de les rassembler exactement, on coupe
les statues en plusieurs morceaux et
puis on rassemble ces pièces par des tenons, des goupilles et des rivets.
Or, jamais, par ce procédé, le bronze ne conserve cet ensemble, cette
unité
coutures, les bourrelets réservés pour
passer sur tout cela la lime, le burin, contenter les parties faibles; si bien
que la statue fondue ne reproduit
maître. Nous ne voyons pas trop ce que
de permettre au premier modeleur venu de faire faire un bronze par un
fondeur.
Mais quand il faut que
fasse lui-même le noyau de terre de sa figure,--car ce noyau est la
partie essentielle,--veille à ce que ce noyau façonné en argile et paille
hachée soit bien séché; quand, après cela, il faut revêtir cette grande maquette
après avoir ménagé des évents et des jets, faire recouvrir tout cela
épaisse couche de terre préparée exprès, la bien envelopper et cercler,
chauffer
avoir combiné le mélange de ses métaux et avoir fait faire un fourneau,
couler la matière en fusion dans le vide
il y a là tout un labeur pénible, chanceux, une suite de calculs et de combinaisons,
une idée arrêtée dès le commencement du travail et suivie
pas à cette dure besogne, nous le voulons bien; mais au total
perdu, car les fontes du moyen âge, aussi bien que celles de
et de la renaissance, sont supérieures comme pureté et légèreté à celles
qui sortent
France, pendant le moyen âge, on fit
italiens, ne croyaient pas faire une chose extraordinaire
réussi à couler une grande pièce. Ils ne croyaient pas utile, pour faire
valoir leurs œuvres,
de mémoire, comme le fit plus tard Benvenuto Cellini à propos de
son <i>Persée</i>. Ils avaient tort, et
servir
que le bruit, en pareil cas,
On ne cessa jamais de fondre des objets en bronze dans les Gaules, et
du temps de César déjà nos ancêtres étaient habiles à ouvrer les métaux.
Les rapports fréquents avec
des perfectionnements dans cette industrie si ancienne en France, et il ne
faut point être surpris de trouver des fontes du XII<sup>e</sup> siècle, qui surpassent
en beauté tout ce
de cette époque, qui faisait partie de la collection Soltykoff, et qui
fut acheté pour
pièce rapportée, présente une suite
le tout ajouré et
Il provenait de la cathédrale du Mans.
Jusque vers le milieu du XIII<sup>e</sup> siècle, si la statuaire échappe en France
au naturalisme absolu, les diverses écoles ne
pas égal; quelques-unes maintiennent assez tard une sorte
tandis que celle de
plus en plus exacte de la nature. Il est même certains édifices dans lesquels,
probablement, on employait de vieux sculpteurs, qui possèdent
une statuaire relativement arriérée ou empreinte
plus admis au moment de leur construction. Ainsi, la cathédrale de
Laon, dont la façade ne peut être antérieure à 1200, même dans la construction
Ligne 5 670 :
statues qui ont conservé un caractère archaïque bien prononcée. Les artistes,
auteurs de ces ouvrages, sont pénétrés des exemples de peintures
grecques. Il y a dans
recherche de la symétrie qui rappelle les vignettes des manuscrits grecs.
Cette influence se montre même dans le choix des sujets, dans les draperies,
dans quelques accessoires tels que sièges, dais, etc. À Notre-Dame
de Reims, la porte nord du transsept,
de ce style des peintures grecques, bien que cette porte soit postérieure
de quelques années à
aux traditions romanes ou byzantines. Un fait indique combien
nouvelle réagissait contre ces traditions. En faisant des fouilles devant la
porte centrale de Notre-Dame de Paris, on a trouvé une certaine quantité
de fragments
jour du jugement, comme celui que
sculpture est empreinte du style archaïque du XII<sup>e</sup> siècle;
pierre en est toute fraîche, sans aucune altération produite par le temps.
Ce bas-relief avait été supprimé peu après avoir été achevé, pour être
remplacé par le sujet actuel, dû à des artistes de la nouvelle école. Et
en effet, lorsque
le Christ, deux anges, la Vierge et saint Jean, on remarque dans le faire
de ces statues colossales des différences notables. Le Christ et un des
anges, celui qui porte les clous, appartiennent déjà à
vers le naturalisme, tandis que la Vierge, le saint Jean et
porte la croix sont encore des sculptures archaïques; cependant il était
impossible matériellement
milieu des trois autres. Elles ont dû être posée ensemble.
Ligne 5 699 :
preuve. Le naturalisme a déjà fortement pénétré cette statuaire qui date
de 1240 environ. Cependant, à propos de ce portail, il faut signaler des
indécisions que
représentent la Visitation, sont inspirées comme composition et exécution
des draperies, de la statuaire romaine, dont il existait
Reims de nombreux débris. On ne trouve pas dans ce portail cette unité
de style qui, sauf
Notre-Dame
de Paris, frappe dans la statuaire de
celle de Bourgogne, si belle déjà au commencement du XII<sup>e</sup> siècle, conserve
sa liberté
ou de la sculpture
hardi, vivant, sont les caractères de cette école. Il ne faut pas lui demander,
au moment de
contenu, la distinction, qui forment les qualités de
Elle cherche les grands effets, et elle les obtient. La sculpture
bourguignonne participe peut-être plus
l’architecture;
on peut se rendre compte de cette qualité en voyant les compositions des pignons des églises de Vézelay et de Saint-Père<span id="note66"></span>[[#footnote66|<sup>66</sup>]]. Cette
sculpture
est, dans tous les monuments de cette province, grande
relativement à
au lieu de
entrain qui placent cette école au premier rang dans
</div>
[[Image:Statue.pignon.occidental.eglise.Vezelay.png|center]]
Ligne 5 727 :
[[Image:Statue.pignon.occidental.eglise.Vezelay.2.png|center]]
<div class=prose>
Nous donnons (fig. 69) une tête
dimension
colossale qui garnissent le sommet du pignon occidental de
de Vézelay<span id="note67"></span>[[#footnote67|<sup>67</sup>]]. Le caractère de cette physionomie ne rappelle en rien la
statuaire de
traits qui contraste avec le calme des têtes de
tête de Vierge, provenant du même portail (fig. 70)<span id="note68"></span>[[#footnote68|<sup>68</sup>]], présente un type
particulier que nous ne retrouvons, ni dans la statuaire de Paris, ni dans
celle de Reims,
désordre de la coiffure, le réel cherché dans les traits, et
large, par plans vivement accusés, signalent le style de cette statuaire
bourguignonne vers le milieu du XIII<sup>e</sup> siècle. En même temps nous
Ligne 5 743 :
époque. Les qualités de la statuaire se retrouvent dans cette
ornementation plantureuse, largement modelée, et qui semble prendre vie sous
le ciseau de
même en plein XIII<sup>e</sup> siècle, voyons la sculpture de la salle synodale de
Sens, bâtie vers 1240, presque en même temps que le pignon occidental
de Vézelay. Sens est Champagne, mais la salle synodale fut bâtie par un
architecte de Paris, avec des matériaux de Paris, et, ce qui paraît vraisemblable,
à
des groupes des chapiteaux extérieurs des grandes fenêtres (fig. 72).
Certes, le naturalisme en sculpture ne peut guère être poussé plus loin:
quelle différence de style entre cette sculpture et celle du chapiteau de
Vézelay, et comme, en partant
des caractères
cette sculpture de Sens, avec plus
recherche plus exacte de la nature, une exécution plus souple. Si nous
entrons dans la sainte Chapelle du Palais, à Paris, trouverons-nous
encore
plus de finesse dans
d’interpréter
la nature.
</div>
[[Image:Chapiteau.pignon.occidental.eglise.Vezelay.png|center]]
<div class=prose>
Nous ne saurions trop le redire, ces époques brillantes de
cela même
sauraient
obtenue par la première observation raisonnée de la nature, elles
arrivent à
manière et à ses exagérations. Quand
prend
voit des formes séduisantes, il
à deviner encore plus
puissants pour qui
ses déductions, ses à-peu-près, sont bien loin de la réalité; il se
passionne pour son modèle, il lui trouve chaque jour des aspects
Ligne 5 780 :
des qualités charmantes qui lui échappaient. Alors la traduction
devient de plus en plus littérale. De créateur (créateur de seconde main)
il devient copiste; il est subjugué par la divinité qui
nos écoles du XII<sup>e</sup> siècle.
</div>
[[Image:Chapiteau.salle.synodale.Sens.png|center]]
<div class=prose>
Mais dans ce naturalisme de la sculpture,
Si fait: la composition,
recueillis
dans les champs, comptent pour quelque chose, et en cela nos
artistes, le naturalisme admis, sont encore des maîtres.
Pour la statuaire, il se manifeste un besoin de formules; on
plus alors, il est vrai, le mode hiératique, traditionnel, mais on sent la
nécessité, quand
erreurs. Bien entendu, les chefs-
de génie pour en produire, se préoccupent médiocrement de ces règles.
Mais
formule des règles pour le commun des artistes. Dans
de Honnecourt, qui date du milieu du XIII<sup>e</sup> siècle, on voit apparaître
et le dessin des figures, et même des ornements. Il y a toute raison de
croire que ces méthodes, fort anciennes
et avaient été transmises en Occident par
les peintres grecs de Byzance. Leur apparition dans le recueil de croquis
de Villard de Honnecourt
parce
commencement du XIII<sup>e</sup> siècle, avaient un caractère hiératique.
</div>
Ligne 5 818 :
Nous avons dit comme les imagiers du moyen âge avaient su observer
et rendre le geste dans les compositions des figures. Si grossière parfois
que soit
nous donnent la clef des formules adoptées pour arriver à ce résultat.
La géométrie,
corps humain, des animaux; elle sert à établir certaines proportions relatives
des figures; lui-même le dit et fournit quelques exemples pris en
courant<span id="note70"></span>[[#footnote70|<sup>70</sup>]]. Du temps de Villard, donc, les imagiers possédaient ces méthodes
pratiques qui, si elles ne peuvent inspirer
empêchent le pratricien de tomber dans des fautes grossières. Un
de ces dessins à la plume, que nous reproduisons ici (fig. 73), indique
Ligne 5 830 :
de vignettes de manuscrits, avec des dessins sur vitraux, et même avec
des statues et des bas-reliefs, nous sommes amenés à reconnaître
l’emploi
général, pendant les XIII<sup>e</sup> et XIV<sup>e</sup> siècles, de ces moyens
géométriques
propres à donner aux figures, non-seulement leurs proportions,
mais la justesse de leur mouvement et de leur geste, sans sortir de la
donnée monumentale qui fait que ces figures
la fermeté des lignes architectoniques; et, fait intéressant, les résultats
obtenus par ces procédés rappellent les dessins des vases grecs les plus
anciens. Une sorte de canon, reproduit grossièrement par Villard,
semble admis<span id="note71"></span>[[#footnote71|<sup>71</sup>]]. Le rectifiant, comme proportions, à
meilleures
statues, et notamment celles placées à
occidentale de la cathédrale de Reims, nous obtenons la figure 74. La
ligne AB, hauteur totale de la figure humaine, est divisée en sept parties.
La partie supérieure est occupée par la tête et le cou dégagé des
épaules. Soit CD
2/9 de la hauteur
AB. Le point E étant le milieu de la ligne CD, on fait passer deux
lignes <i>af</i>, <i>be</i>, par ce point E; du point <i>g</i> deux
autres lignes <i>ge</i>, <i>gf</i>, sont tirées.
La ligne <i>b</i>> donne la longueur de
sur la ligne <i>ik</i>. La longueur du pied est égale aux 5/9
partie. Les
masses du canon ainsi établies, voici comment procèdent les imagiers
Ligne 5 859 :
[[Image:Croquis.Villard.de.Honnecourt.3..png|center]]
<div class=prose>
Premier exemple (75): il
La ligne <i>be</i> (du canon, fig. 74) est verticale, dès lors
géométrique est incliné de <i>o</i> en <i>p</i> (fig. 75). Le mouvement des épaules,
du torse, suit cette inflexion.
droite se trouvent sur la verticale. Une figure doit-elle monter (second
exemple),
se trouve sur la ligne inclinée <i>st</i>, tandis que la ligne du cou est sur
la ligne <i>lm</i>; dans ce mouvement, le torse conserve la verticale.
troisième fait voir, toujours en conservant le même tracé géométrique,
comment une figure peut être soumise à un mouvement violent. Le
personnage
est tombé: il se soutient sur un genou et sur un bras, de
bras il pare un coup qui lui est porté; la tête est ramenée sur la verticale.
deux premiers.
Ligne 5 882 :
mouvement.
Dans ce dernier exemple, la ligne <i>ef</i> est horizontale. Il est clair
devaient se développer en géométral, sans raccourcis. Mais
dans la sculpture monumentale, dans les reliefs destinés à être placés
loin de
peinture, dans les vitraux. Les Grecs, au commencement de leur plus
belle époque, procèdent de la même manière, et les personnages des
métopes du Parthénon, des frises du temple de Thésée, sont tracés
</div>
[[Image:Croquis.Villard.de.Honnecourt.4.png|center]]
<div class=prose>
Examinons les dessins qui décorent les vases grecs, et nous verrons
que les artistes de
analogues à celles que nous présentons ici. Villard de Honnecourt trace
des figures avec des mouvements entièrement de profil qui sont obtenus
par des procédés géométriques: entre autres, un batteur en grange, dont
mouvement très-juste; des lutteurs, une femme ayant un genou en
terre, etc. Nous le répétons, ces méthodes ne pouvaient
des écarts; elles
ou
le style monumental dans la composition des sculptures,
la clarté dans
depuis le XVI<sup>e</sup> siècle.
Les statuaires du moyen âge exécutaient-ils les figures innombrables
qui garnissent leurs monuments, sur modèles? Nous ne le pensons pas.
excluent la présence du modèle en terre. Peut-être faisaient-ils
des maquettes à une petite échelle? Mais nous serions portés à croire
de ces deux sections, ils dégrossissaient la pierre en cherchant les détails
sur la nature même. On voit dans beaucoup de statues du XIII<sup>e</sup> siècle, à
côté
très-négligé;
cela
travail est égal, uniforme et souvent amolli par la traduction en pierre
Les monuments nous prouvent que les sculpteurs égyptiens,
faisaient des bas-reliefs modelés en creux, commençaient par dessiner
simplement leurs figures sur le parement,
silhouette et
ce modelé arrive à des délicatesses merveilleuses. Bien que nous sachions
que les artistes grecs, surtout après Phidias, faisaient des modèles en
cire ou en matières molles, il
à Phidias procédassent ainsi
de bois, de pierre ou de marbre; le géométral, toujours observé dans la
statuaire éginétique, ferait supposer au contraire que ces artistes primitifs
se contentaient du dessin pour procéder à
Déjà, vers la fin du XIII<sup>e</sup> siècle, on commence à sentir en France
souveraine de cette divinité
cruelle pour la veille
la statuaire, non-seulement les vêtements du jour, mais certains caractères
physiques qui sont regardés comme se rapprochant de la perfection.
On ne saurait se dissimuler que
formes du corps,
comme étant la suprême élégance. Cela
eux-mêmes sacrifièrent à cette déesse changeante.
Les statuaires du moyen âge
reproduction
du nu. Leurs figures étaient drapées, sauf de rares exceptions;
or,
nous ne voyons que trop, depuis le commencement du siècle, à quels
résultats fâcheux nos sculpteurs sont arrivés en concevant une figure vêtue
comme une figure nue, ou plutôt en cherchant à habiller un Apollon
ou un Antinoüs antique: rien
personnage nu et habitué à se mouvoir sans vêtements, une grâce
étrangère
à celle qui convient au personnage vêtu. Les anciens savaient cela,
aussi ont-ils donné à leurs figures habillées
gestes que ceux dont ils savaient si bien doter leurs figures nues.
Faute
fort gênées dans leurs vêtements
manteau dont on drape le maréchal de France comme le savant ou le
poëte qui peut dissimuler ce défaut de convenances.
Ligne 5 970 :
faire des figures vêtues; ils leur donnent les mouvements, les gestes familiers
aux gens habitués à porter tel ou tel habit. Aussi les vêtements de
leurs statues ont-ils
au costumier. Les nombreuses statues des tombeaux déposés à
Saint-Denis, des XIII<sup>e</sup> et XIV<sup>e</sup> siècles, parmi lesquelles nous citerons celles
de Louis et de Philippe, fils et frère de saint Louis, celles de Philippe le
Hardi,
provenant
du portail des Célestins; les statues du tympan intérieur de la
Ligne 5 980 :
à la cathédrale de Rouen, bien que déjà empreintes de la manière
affectée qui fait regretter le grand style du XIII<sup>e</sup> siècle, sont des œuvres
supérieures comme caractère, comme beauté
exécution. Dans la statuaire du tour du chœur de la cathédrale de Paris,
on trouve également quantité de très-bonnes figures, petite nature, qui
datent du commencement du XIV<sup>e</sup> siècle. Les calamités qui affligèrent
le royaume de France pendant tout le milieu de ce siècle ne permirent
guère de
leur enseignement, puisque nous les voyons reprendre un nouvel éclat
vers la fin du règne de Charles V. Ce prince, réellement amateur des
arts, les encourageant par le choix plutôt que par la quantité, fit élever
en peut juger par ce qui nous reste,--est fort bonne. Ce fut sous le
règne de ce prince que
septentrionale
du portail de la cathédrale
et très-pesant, destiné à arrêter les mouvements
dans cette tour
parois de ce contre-fort sont posées sept statues colossales religieuses et
historiques,
saint Jean-Baptiste, Charles V; le Dauphin, depuis Charles VI; Louis
finances, et Bureau de la Rivière, chambellan du roi<span id="note72"></span>[[#footnote72|<sup>72</sup>]]. En examinant ces
statues de la fin du XIV<sup>e</sup> siècle, comme toutes celles de cette époque, il est
facile de voir que
ce que le vêtement fût bien porté. Or, pour bien porter un vêtement long,
par exemple, il est nécessaire de donner au corps certaines inflexions qui
Ligne 6 009 :
mouvements
du torse, que la draperie colle sur certaines parties, flotte sur
vêtement,
du moins ce mérite. Ainsi la statue du cardinal de la Grange, que nous
citions tout à
mouvement du nu pour faire valoir le vêtement. Cependant
ce mouvement serait choquant pour un personnage
Ligne 6 018 :
porte plutôt que la jambe gauche; celle-ci cependant étaye
le torse, qui se porte en arrière pour faire saillir la hanche
droite.
de la pondération, pour un personnage qui
pas à se préoccuper du port
une copie de cette statue du cardinal de la Grange, qui
fait assez voir que le mouvement indiqué ci-dessus est
donné en vue
droit. Le personnage, suivant la mode du temps,
sur sa jambe gauche en écartant cette jambe, ramenant
un peu le genou en dedans et en ne
partie interne du talon. Le geste,
le caractère de la tête, sont
de la Rivière est, outre
non moins remarquable. Ces statues ont deux mètres et demi de hauteur.
</div>
Ligne 6 038 :
Charles V laissait dans sa famille un goût éclairé pour les arts, et, à
dater de ce règne, nous voyons les princes du sang royal se mettre à la
tête
de notre temps ne semblent pas avoir tenu assez compte. En
effet, le second fils de Charles V, Louis
du 23 au 24 novembre 1407, par le duc de Bourgogne, était un prince
aimant les arts avec la passion
démence de son frère Charles VI,
de 1392 à 1407, il gouvernait à peu près seul, avec la reine Isabeau de
Bavière, les affaires du royaume. Ce fut pendant cette période que
Louis
Pierrefonds, la Ferté-Milon, Vées;
de Mont-Épilloy, de Crespy, toutes forteresses importantes destinées à faire
du Valois un territoire inattaquable. Il est à croire que les finances du
royaume entrèrent pour une large part dans ces acquisitions et ces travaux;
mais ce qui nous importe seulement ici,
qui présida à toutes ces grandes constructions. Au point de vue de
elles sont largement conçues et traitées, ne participant en
aucune manière de la maigreur et de la recherche que
au style de cette époque.
elles semblent élevées sous la direction
profils sont
mièvreries de la fin du XIV<sup>e</sup> siècle. La statuaire qui reste encore à Pierrefonds,
au château de la Ferté-Milon, a toute
1400, on pourrait croire que cette statuaire date du règne de François I<sup>er</sup>.
Encore en trouve-t-on fort peu, à cette époque, qui ait cette largeur de
style et ce faire monumental. Des fragments de la statuaire du château
de Pierrefonds, le Charlemagne, le roi Artus<span id="note73"></span>[[#footnote73|<sup>73</sup>]],
de la tour de
œuvres de maîtres consommés dans la pratique de leur art, et tout remplis
en faisant sentir le nu sans affectation, et en donnant aux vêtements leur
aspect réel, aisé, sans recherche dans
tombales du commencement du XV<sup>e</sup> siècle sont
la renaissance
de Bavière, à Saint-Denis; celle
de Toulouse; celles des princes de la maison de Bourbon, dans
de Dijon, de Rouen,
Il est clair que cet art français de 1390 à 1410 était loin de la maigreur,
de la pauvreté que lui reprochent ceux qui vont chercher des
exemples de la dernière statuaire gothique en Belgique ou sur les bords
du Rhin.
statuaire; elle est ample, monumentale, admirablement composée et
exécution sobre et excellente. Les statues des preuses qui décorent les tours
existantes du château de la Ferté-Milon présentent les mêmes qualités.
décadence de cet art, tombant dans la recherche, mais qui possède son
caractère propre.
française, sans influence italienne. Les Valois, ces princes
Louis, Charles, et enfin celui qui devint Louis XII, avaient pris évidemment la tête des arts en France,
et, sous leur patronage,
une direction plus vraie, le mouvement du XVI<sup>e</sup> siècle. Témoin
hôtel de ville
assignerait une date beaucoup plus récente<span id="note74"></span>[[#footnote74|<sup>74</sup>]]. Cet édifice, dont la façade
est due au maître Viart, présente une ornementation charmante,
originale,
qui
entendue et surtout
François I<sup>er</sup>, alors que les arts
nos artistes. Pour en revenir au château de Pierrefonds, qui nous paraît
être le point de départ
les guerres et plus tard par
prend un caractère particulier. On ne trouve plus là de ces
sculptures
contraire,
destination et la place, claire, facile à saisir, et
se soumettre à une imitation absolue. Les beaux rinceaux de feuillages,
par exemple, qui entourent les grandes niches des preux, posées à
25 mètres du sol, et qui sont destinées à être vues de fort loin, ont
toute
un effet très-riche, sans confusion, défaut si commun dans
l’ornementation
du XVI<sup>e</sup> siècle. Il y avait donc, dès le commencement du XV<sup>e</sup> siècle,
à côté de la vieille école gothique qui se mourait, un noyau
une renaissance dans toutes les branches de
les malheurs des temps, cette école se maintenait, et la pratique de
loin de
Charles VII, ainsi que celle des édifices du temps de Louis XI, est parfois
large et bien composée, préférable sous ce rapport à la sculpture de la fin
du XIV<sup>e</sup> siècle, qui pèche par la maigreur et le défaut
cette ornementation est exécutée avec une habileté surprenante. À voir
les choses sans prévention,
XV<sup>e</sup> siècle qui forme nos artistes de la renaissance que les relations avec
Les écoles laïques qui, dès la fin du XII<sup>e</sup> siècle,
culture des arts, étaient parties
œuvres concourant à un ensemble monumental, et étude réfléchie de
la nature. Si ces écoles subirent à certains moments les influences de la
mode, ces écarts ne les détournaient pas de cette étude constante.
dans leur propre fonds
étrangers à leur essence. Elles ne se faisaient ni grecques, ni romaines,
ni byzantines, ni allemandes; elles suivaient leur voie, elles vivaient dans
leur temps, et leur temps les comprenait.
qui avait soutenu
du moyen âge, on ne saurait méconnaître son originalité; cette qualité suffit
à lui donner un rang élevé dans
art qui manque
fussent-ils faits aux meilleures sources, ne peut espérer conserver une
place dans le cours des siècles; il est bientôt effacé, et va remplir ces
limbes où demeurent dans
Le moyen âge a très-fréquemment coloré la statuaire et
sculptée.
conventionnelle. On retrouve, sur les figures de la porte de
de Vézelay dont nous avons entretenu nos lecteurs, un ton généralement
blanc jaunâtre; tous les détails, les traits du visage, les plis des
vêtements, leurs bordures, sont redessinés de traits noirs très-fins et très-adroitement
tracés afin
à Autun, à Moissac. Derrière les figures, les fonds sont peints en
brun rouge ou en jaune
blancs. Cette méthode ne pouvait manquer de produire un grand effet.
Rarement, dans la première moitié du XII<sup>e</sup> siècle, trouve-t-on des statues
colorées de divers tons. Quant aux ornements, ils étaient toujours peints
de tons clairs, blancs, jaunes, rouges, vert pâle, sur des fonds sombres.
soit placée à
Notre-Dame
de Corbeil, dont nous avons parlé au commencement de cet article, étaient peintes de tons clairs, mais variés, les bijoux rehaussés
Les statues du portail occidental de Chartres étaient peintes de la même
manière. Quelquefois même des gaufrures de pâte de chaux étaient appliquées
sur les vêtements, ainsi
de la cathédrale
figuraient des étoffes brochées ou des passementeries. Les nus de la statuaire,
à cette époque, sont très-peu colorés, presque blancs et redessinés
Ligne 6 171 :
Il va sans dire que la statuaire des monuments funéraires était peinte
avec soin, et
examiner les moyens de coloration employés. Nous avons vu les statues
des Plantagenets, à Fontevrault, entièrement couvertes de leur ancienne
peinture avant le transport de ces figures au musée de Versailles.
Le XIII<sup>e</sup> siècle ne fit que continuer cette tradition. La statuaire et
des portails de Notre-Dame de Paris, des cathédrales de
Senlis,
Chartres, étaient peintes et dorées. Et de même que la sculpture, la coloration
penchait vers le naturalisme. Toutefois cette peinture ne consistait pas seulement en des tons posés à plat sur les vêtements et les
nus:
opposées à la lumière, ou qui pouvaient accrocher des reflets trop brillants,
on reconnaît
vigoureux
en noir ou en brun donnent du relief au modelé, de la vie aux
nus. Ainsi dans les fonds des plis de robes bleu clair, le peintre a posé
un glacis roux;
la lumière, par des glacis froids obtenus par du noir. Des artistes qui ont
fait les admirables vitraux des XII<sup>e</sup> et XIII<sup>e</sup> siècles, avaient une connaissance
trop parfaite de
cette connaissance à la coloration de la sculpture. Et, à vrai dire, cela
en ce genre que
difficulté
en pareil cas est grande, au contraire, quand on veut conserver à
la sculpture sa gravité, son modelé, et que
chose que des poupées habillées.
beaucoup
dans cette peinture
même que celle adoptée pour les peintures à plat. Ainsi, par exemple,
dans les peintures à plat, les artistes du moyen âge mettent rarement
valeur;
sculpture, au contraire, à dater du XIII<sup>e</sup> siècle, ces artistes cherchent des
tons de valeurs pareilles, se fiant
neutralisent
la dissonance qui résulte de la juxtaposition de deux tons
valeur, et ces égales valeurs donnent aux reliefs une unité, une
grandeur
Cette étude peut être faite sur quelques monuments colorés qui
existent encore, comme par exemple le retable de la chapelle de
Saint-Germer
déposé au musée de Cluny, des tombeaux de
occidental),
de Notre-Dame de Reims (porte nord, masquée).
dans la grande sculpture extérieure que
de coloration pendant la première moitié du XIII<sup>e</sup> siècle. Une statue est-elle
revêtue
pour la robe et le pourpre pour le manteau, a préparé ses deux tons de
manière
une échelle chromatique de nuances; en supposant pour chaque couleur
une échelle de cinq nuances,
par exemple, les tons bleu et pourpre nº 3, mais bien rarement nº 2 et
nº 3. Ainsi ces colorations laissent-elles à la sculpture sa grandeur. Plus
Ligne 6 231 :
et un ton bleu foncé, vert blanchâtre et pourpre sombre. Aussi la sculpture
peinte, à dater de cette époque, perd-elle la gravité monumentale
tarda pas cependant à reconnaître les défauts de cette coloration heurtée,
vive, brillante et trop réelle, car vers la fin du XIV<sup>e</sup> siècle, tout en conservant
des tons de valeurs différentes sur une même statue, on couvrit si
bien ces tons de détails
les oppositions de couleurs et rendait de
la figure. Les colorations de la statuaire ou de la sculpture
au XV<sup>e</sup> siècle sont plus rares à
réservées pour les tombeaux, les retables, les meubles et bas-reliefs intérieurs.
Toutefois on trouve encore à cette époque des traces de colorations extérieures: ainsi les statues dont nous parlions tout à
ont été découvertes dans les ruines du château de Pierrefonds, et qui décoraient
les façades, les tours, étaient peintes, mais de trois tons
seulement:
le jaune, le brun rouge et le blanc. Presque toute la sculpture de
quelques traces des tons employés.
Ligne 6 254 :
Il faut reconnaître que la peinture appliquée à la sculpture lui donne
une valeur singulière, mais à la condition que cette application soit faite
avec intelligence et par des artistes qui ont acquis
de la couleur sur des objets modelés, effets, comme nous le disions
plus haut, qui ne sont point ceux produits sur des surfaces plates. Des
tons très-sombres, par exemple, qui seraient lourds et feraient tache sur
une peinture murale, prennent de
sur le vêtement
en clair sur un fond de niche brun rouge. Cette sorte de peinture demande
donc une étude spéciale, une suite
si
appliquée sur la sculpture détruit
ont posé du rouge ou du bleu au hasard sur des statues et que cela est
ridicule,
de tout temps peint la sculpture comme ils peignaient
ils ne sauraient cependant être considérés comme des barbares. Malgré
des abus,
encore une grande force vitale. La sculpture à cette époque
tant à dédaigner
importance; elle atteint
cette école sont sortis nos meilleurs artistes de la renaissance.
Pour conclure, il ne faut pas demander à
âge des modèles à imiter, pas plus
de la Grèce. Ce
ces arts se sont appuyés, les vérités
rendre les idées et les sentiments de leur temps. Faisons comme ils ont
fait, non ce
est toujours nouvelle et jeune, parce
celui
Le lever du soleil est toujours un spectacle émouvant et neuf; et si nos
premiers parents pouvaient dire que les cavaliers célestes, les Acwins,
précédaient le char de Sâvitri à la main
doigts de rose ouvrait les portes de
sortait des flots ou de la plaine; ne devrions-nous pas dire: «Dans leur
révolution, nos plaines, nos montagnes, de nouveau se présentent aux
rayons du soleil.» En faisant tomber de leur sphère surnaturelle tous les
mythes poétiques des Védas, de
aperçu, derrière ces personnifications des forces de la nature, des horizons
bien autrement étendus, et
de
sans
Soyons vrais: dans
la vie,
<br><br>
----
<span id="footnote1">[[#note1|1]] : Commencement
<i>Diatrib. in Euripid. fragm.</i>).
<span id="footnote2">[[#note2|2]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 1, Architecture monastique|Architecture Monastique]].
<span id="footnote3">[[#note3|3]] : Voyez
entre Alep et Antioche (<i>Syrie centrale</i>).
Ligne 6 318 :
<span id="footnote5">[[#note5|5]] : Il ne faut pas prendre ici la peinture grecque telle, par exemple, que les moines du
mont Athos
art tout de recettes, figé; les peintures des manuscrits des VIII<sup>e</sup>, IX<sup>e</sup> et X<sup>e</sup> siècles ont un
caractère plus libre et une tout autre valeur. Nous en dirons autant des peintures
grecques recueillies par M. Paul Durand.
<span id="footnote6">[[#note6|6]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de
<span id="footnote7">[[#note7|7]] : Voyez dans les œuvres de Dioscoride de la bibliothèque impériale de Vienne, manuscrit
Ligne 6 330 :
64, 70 de la bibliothèque impériale de Paris, X<sup>e</sup> siècle; les manuscrits de la bibliothèque
de Saint-Marc de Venise; celui conservé au Louvre. Beaucoup de vignettes de ces manuscrits
se font remarquer par la grandeur et
du geste et par la physionomie tout individuelle de certains personnages. Dans son
<i>Histoire des arts au moyen âge</i>, M. Labarte a reproduit fidèlement quelques-unes de ces
vignettes. Dans le même ouvrage on peut voir des copies
byzantin, obtenues par la photographie, qui forment, par leur caractère hiératique, un
contraste frappant avec ces peintures.
<span id="footnote8">[[#note8|8]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de
<span id="footnote9">[[#note9|9]] : Cette tête, comme toutes les sculptures de cet édifice, était peinte. On voit encore
la trace des prunelles
<span id="footnote10">[[#note10|10]] : Autant que possible ces dessins sont faits sur des moulages que nous possédons, ou
Ligne 6 349 :
cette question de la peinture de la statuaire.
<span id="footnote12">[[#note12|12]] : Voyez Aug. Thierry, <i>Lettres sur
sunt fabri lignarii, et ex hac arte mercedem capientes, semetipsos
alunt.» Socratis.
Ligne 6 363 :
occidentale) lequel date de 1140 environ.
<span id="footnote16">[[#note16|16]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de
<span id="footnote17">[[#note17|17]] : Nous
quelques-unes des têtes provenant
de cette porte, il nous est arrivé de les montrer à des sculpteurs, dans notre cabinet.
Frappés de la beauté des types et de
provenaient ces <i>chefs-
moulé sur une porte de Notre-Dame de Paris, immédiatement
la glace. Mais si, mieux avisés, nous disions que ces moulages venaient de quelque monument
était assez
barbare--
seulement ne permet pas
assez méchante action de les regarder. Tout au moins ce serait une bien mauvaise note.
Ligne 6 382 :
<span id="footnote19">[[#note19|19]] : Les planches jointes à cet article ont toutes été dessinées soit sur des estampages,
à la chambre claire, soit
âge uu caractère de beauté
flatteuse. Mais serait-elle vraie
peut conduire ceux qui
donc cette étude ne serait pas une mauvaise chose.
<span id="footnote20">[[#note20|20]] : Sur un édifice récent,
de la Vénus de Milo, autant que de statues. Sur
sculpteur de cet abus
mal payées!» Soit, mais alors
l’art.
<span id="footnote21">[[#note21|21]] : Il y a déjà plus de dix ans, notre belle statuaire des XII<sup>e</sup> et XIII<sup>e</sup> siècles a été moulée
pour être envoyée en Angleterre, et former des musées comparatifs du plus grand intérêt, à tous les points de vue. À la même époque nous avons offert
de moulages</i>, des épreuves de ces modèles pour en former à Paris un musée de statuaire
comparée. Il
<span id="footnote22">[[#note22|22]] : Nous ne nous servons pas du mot naïf qui nous semble appliqué fort mal à propos
quantité de détails, mais en rendant
cela
et très-sûr de ce
<span id="footnote23">[[#note23|23]] : Apocalypse de saint Jean, chap. VI, v. 8.
<span id="footnote24">[[#note24|24]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de
<span id="footnote25">[[#note25|25]] : Voyez le <i>Recueil de photographies
monuments de
publié par M. Fichot.
<span id="footnote26">[[#note26|26]] : Voyez la <i>Monographie de la cathédrale de Chartres</i>, publiée par Lassus, sous les
auspices du Ministre de
<span id="footnote27">[[#note27|27]] : Ce fait de vandalisme toléré par la police des villes
de posséder des Sociétés archéologiques qui lisent force mémoires, qui prêchent volontiers
contre les restaurations
bien aussi
perpétuelles de monuments uniques et de grande valeur? Des deux siècles, au
point de vue de
et qui possédait, dans de petites capitales de province, des artistes
capables de les exécuter,
Ligne 6 430 :
désœuvrés?
<span id="footnote28">[[#note28|28]] :
<span id="footnote29">[[#note29|29]] : <i>Alt-Christliche baudenkmale von Constantinopel</i>.
Ligne 6 440 :
architecte. Paris, Morel, 1864.
<span id="footnote32">[[#note32|32]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de
<span id="footnote33">[[#note33|33]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de
<span id="footnote34">[[#note34|34]] : IV <i>Évang. lat. Sax.</i> Bib. Cotton. Nero D. IV, p.
57. Brit. Museum, XII<sup>e</sup> s.
<span id="footnote35">[[#note35|35]] : Voyez
baudenkmale von Constantinopel...</i>, Berlin, 1854.
<span id="footnote36">[[#note36|36]] : Il faut dire que
mais ces deux écoles ne diffèrent entre elles que par la qualité de
poitevins étant très-supérieurs aux artistes saintongeois. Quant au style, il est le même
dans ces deux provinces.
<span id="footnote37">[[#note37|37]] : Il est clair que nous entendons ici
<span id="footnote38">[[#note38|38]] : Les monuments gallo-romains étaient très-abondants en Auvergne, notamment au Puy en Vélay.
Ligne 6 464 :
cathédrale au XIII<sup>e</sup> siècle.
<span id="footnote41">[[#note41|41]] : Chapiteaux de
XII<sup>e</sup> siècle. Nous devons ces dessins à M. Bœswilwald qui a bien voulu nous communiquer
les études très-détaillées faites par lui sur cet intéressant monument.
<span id="footnote42">[[#note42|42]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de
<span id="footnote43">[[#note43|43]] : Voyez, à ce sujet, les deux excellents articles de notre ami si justement regretté,
Ligne 6 477 :
guerres des croisades</i>, par M. Reinaud, 1829.
<span id="footnote45">[[#note45|45]] : Des colonnes monostyles des collatéraux de
<span id="footnote46">[[#note46|46]] : <i>Annales archéologiques</i>, t. XXIII, p.
Ligne 6 483 :
<span id="footnote47">[[#note47|47]] : Il faut observer ici comment les sculptures étaient faites en chantier dès cette époque,
On voit parfaitement que le raccord entre les deux portions
pierre, ne se fait pas exactement, ce qui
sculpter sur le tas.
Ligne 6 494 :
où ils se développent.
<span id="footnote50">[[#note50|50]] :
<span id="footnote51">[[#note51|51]] : Il
de Paris, bien
dans beaucoup
<span id="footnote52">[[#note52|52]] : Nous devons les dessins de ces fragments à
de M. Sauvageol.
<span id="footnote53">[[#note53|53]] : Chapiteaux du triforium.
<span id="footnote54">[[#note54|54]] : Ce
moyen âge. La nef et une grande partie de la façade de Notre-Dame de Paris furent
élevées en dix ans au plus; la nef de la cathédrale
de Coucy, si important, fut construit en peu
constructions ont été interrompues pendant des demi-siècles, faute de ressources, ou par
suite de malheurs publics, puis reprises, puis interrompues, puis continuées, on en conclut
le moyen âge, on construisait très-vite.
<span id="footnote55">[[#note55|55]] : On
nous avons perdu le vrai sens de
<span id="footnote56">[[#note56|56]] : Remarquons encore ici que, dans nos musées de Paris ou de province, dans nos
écoles, il
et
<span id="footnote57">[[#note57|57]] : Porte de droite, dont la partie inférieure date de 1250 à 1260.
<span id="footnote58">[[#note58|58]] : Il est entendu
école française, en laissant de côté les magots flamands, sur lesquels habituellement
on juge notre art.
Ligne 6 532 :
<span id="footnote60">[[#note60|60]] : On détruisit un grand nombre de monuments de bronze vers la fin du règne de
Louis XIV. Ce fut à cette époque que toutes les tombes de métal et les décorations du
chœur de Notre-Dame de Paris furent fondues, afin
chœur.
<span id="footnote61">[[#note61|61]] : Voyez
<span id="footnote62">[[#note62|62]] : Voyez la <i>Monographie de Saint-Yved de Braisne</i>, par M. Stanislas Prioux.
<span id="footnote63">[[#note63|63]] : La collection Gaignères
<span id="footnote64">[[#note64|64]] : Voyez, pour ces objets de bronze destinés à la décoration intérieure, le <i>Dictionnaire du mobilier</i>.
<span id="footnote65">[[#note65|65]] : Il en est de cette singulière prétention comme de beaucoup
On répète partout, par exemple, que la brouette a été inventée sous Louis XIV; or, il est
vingt manuscrits du XIII<sup>e</sup> et du XIV<sup>e</sup> siècle dont les vignettes présentent des brouettes beaucoup
moins grossières que celles de XVII<sup>e</sup> siècle. Le haquet est, dit-on
encore, inventé par
Pascal;
voit des haquets figurés dès le XIV<sup>e</sup> siècle.
<span id="footnote66">[[#note66|66]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de
<span id="footnote67">[[#note67|67]] : Ces statues mesurent 2<sup>m</sup>,15 (voy. [[Dictionnaire raisonné de
<span id="footnote68">[[#note68|68]] : Cette figure est placée à la droite du Christ.
<span id="footnote69">[[#note69|69]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de
<span id="footnote70">[[#note70|70]] : «Ci commence li force des trais de portraiture si con li
ars de iométrie les ensaigne
por legierement ovrer...» Ici commence la méthode du tracé pour dessiner la
figure ainsi que
pl. 34, 35, 36 et 37.)
<span id="footnote71">[[#note71|71]] : Voyez la planche 36 de
<span id="footnote72">[[#note72|72]] : Voyez la Notice de M. Goze, correspondant du Comité des arts et monuments, sur
Ligne 6 575 :
XIV<sup>e</sup> siècle, rendus avec une remarquable souplesse.
<span id="footnote74">[[#note74|74]] : Voyez
<span id="footnote75">[[#note75|75]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de
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