« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Contre-courbe » : différence entre les versions

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| width=33% style="background: #ffe4b5" | <center>[[Dictionnaire raisonné de l'architecturel’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index alphabétique - C|Index alphabétique - C]]</center>
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| width=33% style="background: #ffe4b5" | <center>[[Dictionnaire raisonné de l'architecturel’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index Tome 4|Index par tome]]</center>
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=== CONTRE-COURBE ===
s. f. C'estC’est le nom que l'onl’on donne aujourd'huiaujourd’hui aux
courbes renversées qui terminent un arc en tiers-point à son sommet.
Les contre-courbes forment l'extrémitél’extrémité supérieure d'und’un arc en accolade
(voy. [[Dictionnaire raisonné de l'architecturel’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 1, Accolade|Accolade]]). C'estC’est pendant le XIV<sup>e</sup> siècle que l'onl’on voit poindre les
contre-courbes au sommet des arcs aigus. Elles ne prennent d'abordd’abord que
peu d'importanced’importance, puis peu à peu elles se développent et deviennent un
des motifs les plus riches de l'architecturel’architecture gothique à son déclin. On voit
déjà des contre-courbes surmonter les archivoltes des fenêtres éclairant
les chapelles au nord de la cathédrale d'Amiensd’Amiens, et ces chapelles datent
de 1375.
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Voici comme se tracent les contre-courbes; en règle générale, les
contre-courbes prennent d'autantd’autant moins d'importanced’importance que les arcs sont
plus aigus. Ainsi (1) soit un arc brisé ABC, ayant les centres des deux
courbes en A et B: c'estc’est un arc en tiers-point parfait. Dans ce cas, les
contre-courbes ne prennent guère naissance qu'auqu’au cinquième de la courbe
en D. Tirant une ligne de B en D et la prolongeant jusqu'àjusqu’à sa rencontre avec
l'axel’axe OX de l'arcl’arc, puis une seconde ligne de A en D également prolongée,
on élève une perpendiculaire sur le milieu de la ligne DE. La rencontre de
cette perpendiculaire avec la ligne AD prolongée donne le point F, qui est
le centre d'uned’une des contre-courbes, lesquelles devront dès lors se toucher
au point E. Si l'arcl’arc est moins aigu et que ses centres soient placés aux
points G qui divisent la base de cet arc en trois parties, chaque courbe
sera divisée en quatre parties, et la naissance de la contre-courbe sera
en H. On procédera comme ci-dessus, tirant une ligne IH prolongée
jusqu'àjusqu’à sa rencontre avec l'axel’axe OX, puis une seconde ligne GH prolongée;
on élèvera une perpendiculaire sur le milieu de la ligne HK, et la rencontre
de cette perpendiculaire avec la ligne GH prolongée donnera en L le
centre de la contre-courbe. Si l'arcl’arc est plein cintre ou surbaissé, ainsi
qu'ilqu’il arrive fréquemment au commencement du XVI<sup>e</sup> siècle (tracé P),
la contre-courbe prendra naissance en R, moitié du quart de cercle ST,
et, employant la même méthode, on obtiendra la contre-courbe RV. Les
profils de l'archivoltel’archivolte étant UU'UU’, l'opérationl’opération devra être faite sur l'arêtel’arête Z
du membre saillant de cette archivolte; on obtiendra ainsi le tracé Y, de
manière que les différents membres <i>a</i> des moulures aient leur contre-courbe
pénétrant dans la courbe maîtresse. Quant à l'espacel’espace <i>b</i>, il ne se
creuse pas habituellement plus profondément que le nu <i>d</i> du mur, et il
se décore d'ornementsd’ornements, de bas-reliefs, ou reste plat; le membre saillant
seul de l'archivoltel’archivolte forme la contre-courbe. Au XVI<sup>e</sup> siècle, on
rencontre
souvent des archivoltes à contre-courbes brisées, ainsi que l'indiquel’indique le
tracé Q, les rayons <i>gh</i>, <i>i</i>R étant égaux entre eux. Ce sont ces abus des
formes de l'artl’art gothique qui ont été repoussés avec raison par les architectes
de la renaissance, et il faut dire que c'estc’est presque toujours sur ces
abus que l'onl’on veut juger cet art, qui certes pouvait se passer de recherches
d'autantd’autant moins motivées qu'ellesqu’elles contrarient l'appareill’appareil et gênent le
constructeur. Mais les architectes des derniers temps du moyen âge
avaient été amenés peu à peu à surmonter les arcs brisés de ce membre
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horizontale. Les arcs brisés eux-mêmes leur semblaient contrarier, par
leur courbe terminée au sommet, les lignes ascendantes des édifices; il
fallait que ces arcs arrivassent, comme toutes les parties de l'architecturel’architecture,
à la ligne verticale. On est toujours disposé à l'indulgencel’indulgence pour les artistes
qui, bien qu'engagésqu’engagés dans une voie fausse, rachètent le vice du principe
par une exécution parfaite et un certain goût dans les détails. C'estC’est ce qui
arrive lorsque l'onl’on examine nos édifices de la fin du XV<sup>e</sup> siècle. Sans
approuver les abus dans lesquels ils tombent, la recherche dans la
combinaison des formes, on est souvent séduit par le charme qu'ilsqu’ils ont
su répandre dans les infinis détails de ces combinaisons. Les artistes de
l'Îlel’Île-de-France ont été les seuls qui, à cette époque de décadence, aient
su conserver une certaine modération; chez eux on aperçoit toujours la
marque d'und’un goût épuré, même à travers leurs erreurs. Et pour ne parler
ici que des contre-courbes surmontant les archivoltes, nous les voyons
dans cette province privilégiée, donner à cette singulière innovation des
formes, des proportions relatives, que l'onl’on ne pourrait trouver ailleurs.
Ils se gardent d'appliquerd’appliquer les contre-courbes à de grandes archivoltes, ce
qui est toujours d'und’un effet lourd et disgracieux; ils les tracent seulement
au-dessus d'arcsd’arcs secondaires, et souvent ils dissimulent leur aiguïté supérieure
en rectifiant quelque peu la courbe donnée par le trait de compas.
Il nous suffira d'und’un exemple pour faire ressortir cette observation. Dans
la cour du charmant hôtel de la Trémoille que nous avons vu démolir en
1841 (non sans regrets, car cette destruction a été un acte de vandalisme
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dont la partie saillante était portée sur deux colonnes<span id="note1"></span>[[#footnote1|<sup>1</sup>]]. Une
archivolte
surmontait ces deux points d'appuid’appui, et elle était taillée à
contre-courbure.
(Voir ci-contre la fig. 2.) On voit qu'iciqu’ici l'architectel’architecte a tracé les
contre-courbes, non point seulement au moyen de deux traits de compas,
mais en rectifiant l'aiguïtél’aiguïté, ainsi que nous venons de le dire. Cette archivolte
n'an’a qu'unqu’un mètre environ d'ouvertured’ouverture et n'estn’est point appareillée en
claveaux; sa partie supérieure est prise dans une seule assise reposant
sur deux sommiers. Ce n'estn’est donc qu'unequ’une décoration, et les
contre-courbes
marient adroitement le sommet de l'arcl’arc avec les nombreux
membres verticaux dont la tourelle est garnie du haut en bas. Il en est
de cet exemple comme de toute œuvre d'artd’art: chacun peut connaître la
règle, mais il n'yn’y a que les artistes de goût qui savent l'appliquerl’appliquer comme
il convient. Dans les monuments nombreux du XV<sup>e</sup> siècle qui couvrent la
France et l'Allemagnel’Allemagne, les contre-courbes sont rarement tracées avec
autant de finesse; leurs naissances, placées trop bas ou trop haut, écrasent
l'arcl’arc inférieur ou ne se marient pas avec ses branches. Ajoutons que les
contre-courbes ne produisent jamais un bon effet que lorsqu'elleslorsqu’elles
surmontent
des arcs d'und’un petit diamètre.
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[[Image:Contre.courbe.hotel.Tremoille.png|center]]
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<span id="footnote1">[[#note1|1]] : Quelques fragments de cet hôtel sont aujourd'huiaujourd’hui déposés dans l'avantl’avant-cour de
l'Écolel’École des beaux-arts.