« Périclès/Traduction Guizot, 1862 » : différence entre les versions
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{{didascalie|(Entre la fille d'Antiochus.)}}
{{personnage|Périclès : }}Voyez-la venir, parée comme le printemps. Les grâces sont ses sujettes, et sa pensée, reine des vertus, dispense la gloire aux mortels. Son visage est le livre des louanges, où l'on ne lit que de rares plaisirs, comme si le chagrin en était expulsé pour toujours, et que la colère farouche ne pût jamais être la compagne de sa douceur.
{{personnage|Antiochus : }}Prince Périclès...
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</poem>
Triste alternative de cette dernière ligne ! Mais, ô vous, puissances qui avez donné au ciel d'innombrables yeux pour voir les actions des hommes, pourquoi n'obscurcissent-ils pas sans cesse leurs regards, si ce que je viens de lire en pâlissant est véritable ? {{didascalie|(Il prend la main de la princesse.)}} Beau cristal de lumière, je vous aimais et vous aimerais encore si cette noble cassette ne contenait pas le crime ; mais je dois vous dire... Ah ! mes pensées se révoltent, car il n'est pas honnête homme celui qui, sachant que le crime est en dedans, touche la porte. Vous êtes une belle viole, et vos sens en sont les cordes. Touchée par une main légitime, votre harmonie ferait abaisser les cieux et rendrait les dieux attentifs. Mais touchée avant votre temps, c'est
{{personnage|Antiochus : }}Prince Périclès, ne la touchez pas, sous peine de perdre la vie. C'est un point aussi dangereux pour vous que le reste. D'après notre loi, votre temps est expiré : ou devinez, ou subissez votre sentence.
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{{personnage|Périclès : }}Voilà ce qui bannit le sommeil de mes yeux, le sang de mon visage ; voilà ce qui remplit mon cœur d'inquiétudes, quand je pense aux moyens d'arrêter cette tempête avant qu'elle éclate. Ayant peu d'espoir de prévenir ces malheurs, je croyais que le cœur d'un prince devait les pleurer.
{{personnage|Hélicanus : }}Eh bien ! seigneur, puisque vous m'avez permis de parler, je vous parlerai franchement. Vous craignez Antiochus, et vous n'avez
{{personnage|Périclès : }}Je ne doute pas de ta foi ; mais s'il voulait empiéter sur mes droits en mon absence ?
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{{personnage|Cléon : }}Ma Dionysa, nous reposerons-nous ici pour essayer, par le récit des malheurs des autres, d'oublier les nôtres ?
{{personnage|Dionysa : }}Ce serait souffler le feu dans l'espoir de l'éteindre ; car celui qui abat les collines trop hautes ne fait qu'en élever de plus hautes encore.
{{personnage|Cléon : }}
{{personnage|Dionysa : }}Je ferai de mon mieux, ô mon père !
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{{didascalie|Périclès entre tout mouillé.}}
{{personnage|Périclès : }}Apaisez votre colère, étoiles furieuses du ciel ; vent, pluie et tonnerre, souvenez-vous que l'homme mortel n'est qu'une substance qui doit vous céder, et je vous obéis comme ma nature le veut. Hélas ! la mer m'a jeté sur les rochers, après m'avoir transporté sur ses flots de rivage en rivage et ne me laissant d'autre pensée que celle d'une mort prochaine. Qu'il suffise à votre puissance d'avoir privé un prince de toute sa fortune ; repoussé de cette tombe humide, tout ce qu'il demande c'est de mourir ici en paix.
{{didascalie|(Entrent trois pêcheurs.)}}
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{{personnage|Troisième Pêcheur : }} Eh bien ! maître, ne l'avais-je pas dit en voyant ces marsouins bondir. On dit qu'ils sont moitié chair et moitié poisson. Le diable les emporte ! ils ne paraissent jamais que je ne pense à être noyé ; maître, je ne sais pas comment font les poissons pour vivre dans la mer.
{{personnage|Premier Pêcheur : }} Eh ! comme les hommes à terre : les gros mangent les petits. Je ne puis mieux comparer nos riches avares qu'à une baleine, qui se joue et chasse devant elle les pauvres fretins pour les dévorer d'une bouchée. J'ai entendu parler de semblables baleines à terre, qui ne cessent d'ouvrir la bouche qu'elles n'aient avalé toute la paroisse, église, clochers, cloches et tout.
{{personnage|Périclès : }}Jolie morale !
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{{personnage|Second Pêcheur : }} Pourquoi, mon camarade ?
{{personnage|Troisième Pêcheur : }} Parce qu'elles m'avaleraient aussi, et qu'une fois dans leur ventre, je branlerais si fort les cloches qu'elle finirait par tout rejeter, cloches, clochers, église et paroisse. Mais si le bon roi Simonide était de mon avis...
{{personnage|Périclès : }}Simonide !
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{{personnage|Troisième Pêcheur : }} Nous purgerions la terre de ces frelons qui volent les abeilles.
{{personnage|Périclès : }}Comme ces pêcheurs, d'après le marécageux sujet de la mer, peignent les erreurs de l'homme et de leurs demeures humides ils passent en revue tout ce que l'homme approuve et invente. Paix à vos travaux, honnêtes pêcheurs.
{{personnage|Second Pêcheur : }} Honnête !... bonhomme, qu'est-ce que cela ? Si c'est un jour qui vous convienne, effacez-le du calendrier, et personne ne le cherchera.
{{personnage|Périclès : }}Non, voyez, la mer a jeté sur votre côte...
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{{personnage|Second Pêcheur : }} Quelle folle d'ivrogne est la mer, de te jeter sur notre chemin !
{{personnage|Périclès : }}Un homme que les flots et les vents, dans ce vaste jeu de paume, ont pris pour balle, vous supplie d'avoir pitié de lui ; il vous supplie, lui qui n'est pas habitué à demander.
{{personnage|Premier Pêcheur : }} Quoi donc, l'ami, ne peux-tu mendier ? Il y a des gens dans notre Grèce qui gagnent plus en mendiant que nous en travaillant.
{{personnage|Second Pêcheur : }} Sais-tu prendre des poissons ?
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{{personnage|Périclès : }}Je n'ai jamais fait ce métier.
{{personnage|Second Pêcheur : }} Alors tu mourras de faim ; car il n'y a rien à gagner aujourd'hui, à moins que tu ne le pêches.
{{personnage|Périclès : }}J'ai appris à oublier ce que je fus ; mais le besoin me force de penser à ce que je suis, un homme transi de froid ; mes veines sont glacées et n'ont guère de vie que ce qui peut suffire à donner assez de chaleur à ma langue pour implorer vos secours. Si vous me les refusez, comme je suis homme, veuillez me faire ensevelir quand je serai mort.
{{personnage|Premier Pêcheur : }} Mourir, dis-tu ? que les dieux t'en préservent. J'ai un manteau ici, viens t'en revêtir ; réchauffe-toi : approche. Tu es un beau garçon ; viens avec nous, tu auras de la viande les dimanches, du poisson les jours de jeûne, sans compter les poudings et des gâteaux de pomme, et tu seras le bienvenu.
{{personnage|Périclès : }}Je vous remercie.
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{{personnage|Périclès : }}Quoi ! tous les mendiants sont-ils fouettés ?
{{personnage|Second Pêcheur : }} Non pas tous, l'ami ; car si tous les mendiants étaient fouettés, je ne voudrais pas de meilleure place que celle de bedeau ; mais notre maître, je vais tirer le filet.
{{didascalie|(Les deux pêcheurs sortent.)}}
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{{personnage|Périclès : }}Pas trop.
{{personnage|Premier Pêcheur : }} Je vais vous le dire : cette ville s'appelle Pentapolis, et notre roi est le bon Simonide.
{{personnage|Périclès : }}Le bon roi Simonide, avez-vous dit ?
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son bon gouvernement.
{{personnage|Périclès : }}C'est un heureux roi, puisque son gouvernement lui mérite le titre de bon. Sa cour est-elle loin de ce rivage ?
{{personnage|Premier Pêcheur : }} Oui-dà, monsieur, à une demi-journée ; je vous dirai qu'il a une belle fille ; c'est demain le jour de sa naissance, et il est venu des princes et des chevaliers de toutes les parties du monde, afin de jouter dans un tournois pour l'amour d'elle.
{{personnage|Périclès : }}Si ma fortune égalait mes désirs, je voudrais me mettre du nombre.
{{personnage|Premier Pêcheur : }} Monsieur, il faut que les choses soient comme elles peuvent être. Ce qu'un homme ne peut obtenir, il peut légitimement le faire pour... l'âme de sa femme.
{{didascalie|(Les deux pêcheurs rentrent en tirant leur filet.)}}
{{personnage|Second Pêcheur : }} À l'aide, maître, à l'aide, voici un poisson qui se débat dans le filet comme le bon droit dans un procès. Il y aura de la peine à le tirer. Ah ! au diable !-Le voici enfin, et il s'est changé en armure rouillée.
{{personnage|Périclès : }}Une armure ! mes amis, laissez-moi la voir, je vous prie. Je te remercie, fortune, après toutes mes traverses, de me rendre quelque chose pour me rétablir ; je te remercie quoique cette armure m'appartienne et fasse partie de mon héritage ; ce gage me fut donné par mon père avec cette stricte recommandation répétée à son lit de mort : Regarde cette armure, Périclès, elle m'a servi de bouclier contre la mort (il me montrait
ce brassard) ; conserve-la parce qu'elle m'a sauvé ; dans un danger pareil, ce dont les dieux te préservent, elle peut te défendre aussi. Je l'ai conservée avec amour jusqu'au moment où les vagues cruelles, qui n'épargnent aucun mortel, me l'arrachèrent dans leur rage ; devenues plus calmes, elles me la rendent. Je te remercie ; mon naufrage n'est plus un malheur, puisque je retrouve le présent de mon père.
{{personnage|Premier Pêcheur : }} Monsieur, que voulez-vous dire ?
{{personnage|Périclès : }}Mes bons amis, je vous demande cette armure qui fut celle d'un roi, je la reconnais à cette marque. Ce roi m'aimait tendrement, et pour l'amour de lui je veux posséder ce gage de son souvenir. Je vous prie aussi de me conduire à la cour de votre souverain où cette armure me permettra de paraître noblement, et, si ma fortune s'améliore, je reconnaîtrai votre bienveillance ; jusqu'alors je suis votre débiteur.
{{personnage|Premier Pêcheur : }} Quoi ! voulez-vous combattre pour la princesse ?
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{{personnage|Périclès : }}Je montrerai mon courage exercé à la guerre.
{{personnage|Premier Pêcheur : }} Prends donc cette armure, et que les dieux te secondent.
{{personnage|Second Pêcheur : }} Mais, écoutez-nous, l'ami, c'est nous qui avons tiré cet habit du fond de la mer ; il est certaines indemnités. Si vous prospérez, j'espère que vous vous souviendrez de ceux à qui vous le devez.
{{personnage|Périclès : }}Oui, crois-moi. Maintenant, grâce à vous, je suis vêtu d'acier ; et, en dépit de la fureur des vagues, ce joyau a repris sa place à mon bras. Il me servira à me procurer un coursier dont le pas joyeux réjouira tous ceux qui le verront. Seulement, mon ami, il me manque encore un haut-de-chausse.
{{personnage|Second Pêcheur : }} Nous vous en trouverons ; je vous donnerai mon meilleur manteau pour vous en faire un, et je vous conduirai moi-même à la cour.
{{personnage|Périclès : }}Que l'honneur serve de but à ma volonté. Je me relèverai aujourd'hui, ou j'accumulerai malheur sur malheur.
{{didascalie|(Ils sortent.)}}
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{{personnage|Simonide : }}Les chevaliers sont-ils prêts à commencer le spectacle ?
{{personnage|Premier Seigneur : }}Ils sont prêts, seigneur, et n'attendent que votre arrivée pour se présenter.
{{personnage|Simonide : }}Allez leur dire que nous sommes prêts, et que notre fille, en l'honneur de qui sont célébrées ces fêtes, est ici assise comme la fille de la beauté que la nature créa pour l'admiration des hommes.
{{didascalie|(Un seigneur sort.)}}
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{{personnage|Thaisa : }}Mon père, vous aimez à mettre ma louange au-dessus de mon mérite.
{{personnage|Simonide : }}Cela doit être ; car les princes sont un modèle que les dieux font semblable à eux. Comme les bijoux perdent leur éclat si on les néglige, de même les princes perdent leur fleur si l'on cesse de leur rendre hommage. C'est maintenant un honneur qui vous regarde, ma fille, d'expliquer les vues de chaque chevalier dans sa devise.
{{personnage|Thaisa : }}C'est ce que je ferai pour conserver mon honneur.
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{{personnage|Simonide : }}Quel est ce premier qui se présente ?
{{personnage|Thaisa : }}Un chevalier de Sparte, mon illustre père. Et l'emblème qu'il porte sur son bouclier est un noir Éthiopien qui regarde le soleil ; la devise est : Lux tua vita mihi.
{{personnage|Simonide : }}Il vous aime bien celui qui tient la vie de vous. {{didascalie|(Un second chevalier passe.)}} Quel est le second qui se présente ?
{{personnage|Thaisa : }}Un prince de Macédoine, mon noble père ! L'emblème de son bouclier est un chevalier armé, vaincu par une dame ; la devise est en espagnol : Più per dulçura que per fuerça.
{{didascalie|(Un troisième chevalier passe.)}}
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{{personnage|Simonide : }}Et quel est le troisième ?
{{personnage|Thaisa : }}Le troisième est d'Antioche ; son emblème est une guirlande de chevalier, avec cette devise : Me pompæ provehit apex.
{{didascalie|(Un quatrième chevalier passe.)}}
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{{didascalie|(Un cinquième chevalier passe.)}}
{{personnage|Thaisa : }}Le cinquième a une main entourée de nuages, tenant de l'or éprouvé par une pierre de touche. La devise dit : Sic spectanda fides.
{{didascalie|(Un sixième chevalier passe.)}}
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{{personnage|Périclès : }}Princesse, je dois plus à la fortune qu'à mon mérite.
{{personnage|Simonide : }}Dites comme vous voudrez ; la journée est à vous, et j'espère qu'il n'est personne ici qui en soit envieux. En formant des
{{Personnage|Les Chevaliers : }}Le bon Simonide nous fait beaucoup d'honneur.
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{{personnage|Thaisa : }}Pour moi, c'est un diamant à côté d'un morceau de cristal.
{{personnage|Périclès : }}Ce roi est pour moi comme le portrait de mon père, et me rappelle sa gloire. Si des princes s'étaient assis autour de son
{{personnage|Simonide : }}Quoi donc ! vous êtes contents, chevaliers ?
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{{personnage|Thaisa : }}Qu'est-ce que cela me fait, mon père ?
{{personnage|Simonide : }}Écoutez, ma fille, les princes doivent imiter les dieux qui donnent généreusement à tous ceux qui viennent les honorer. Les
{{personnage|Thaisa : }}Hélas ! mon père, il ne convient pas d'être si hardie avec un chevalier étranger. Il pourrait s'offenser de mes avances, car
{{personnage|Simonide : }}Quoi donc ! faites ce que je dis, ou vous me mettrez en courroux.
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{{personnage|Thaisa : }}Il vous rend grâces ; il s'appelle Périclès, chevalier de Tyr, qui en courant les aventures a perdu ses vaisseaux et ses soldats, et a été jeté sur cette côte par le naufrage.
{{personnage|Simonide : }}Maintenant, au nom des dieux, je plains son infortune et veux le distraire de sa mélancolie. Venez, chevalier, nous donnons trop de temps à de vains plaisirs quand d'autres fêtes nous attendent. Armé comme vous êtes, vous pouvez figurer dans une danse guerrière. Je n'admets
{{personnage|Périclès : }}Oui, seigneur, pour ceux qui veulent bien s'en contenter.
{{personnage|Simonide : }}Vous parlez comme si vous désiriez un refus. {{didascalie|(Les chevaliers et les dames dansent.)}} Cessez, cessez, je vous
{{personnage|Périclès : }}Je suis aux ordres de Votre Majesté.
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{{didascalie|Hélicanus entre avec Escanès.}}
{{personnage|Hélicanus : }}Non, non, mon cher Escanès, apprends cela de moi. Antiochus fut coupable d'inceste ; voilà pourquoi les dieux puissants se
{{personnage|Escanès : }}Voilà qui est étrange.
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{{personnage|Tous : }}Vive le noble Hélicanus !
{{personnage|Hélicanus : }}Soyez fidèles à la cause de l'honneur ; épargnez-moi vos suffrages, si vous aimez le prince Périclès. Si je me rends à vos
{{personnage|Premier Seigneur : }}Il n'y a qu'un fou qui ne cède pas à la sagesse ; et puisque le seigneur Hélicanus nous le conseille, nous allons commencer nos voyages.
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{{personnage|Simonide : }}Elle ne pense pas de même : parcourez cet écrit.
{{personnage|Périclès : }}Qu'est-ce que ceci ? Elle aime, dit cette lettre, le chevalier de Tyr. {{didascalie|(À part.)}} C'est une ruse du roi pour me faire mourir.
{{personnage|Simonide : }}Tu as ensorcelé ma fille, et tu es un lâche.
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{{personnage|Simonide : }}Cela me plaît si fort que je veux vous marier ; allez donc le plus tôt possible vous mettre au lit.
'''Fin du second acte.'''
{{Acte| troisième}}
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{{didascalie|Entre Gower.}}
{{personnage|Gower : }}Maintenant le sommeil a terminé la fête. On n'entend plus dans le palais que des ronflements, rendus plus bruyants par un estomac surchargé des mets de ce pompeux repas de noces. Le chat, avec ses yeux de charbon ardent, se tapit près du trou de la souris, et les grillons qu'égaye la sécheresse chantent sous le manteau de la cheminée. L'hymen a conduit la fiancée au lit, où, par la perte de sa virginité, un enfant est jeté dans le moule. Soyez attentifs ; et le temps, si rapidement écoulé, s'agrandira, grâce à votre riche et capricieuse imagination ; ce qui va vous être offert en spectacle muet sera expliqué par mes paroles. {{didascalie|(Pantomime. Périclès entre par une porte avec Simonide, et sa suite. Un messager les aborde, s'agenouille, et donne une lettre à Périclès. Périclès la montre à Simonide. Les seigneurs fléchissent le genou devant le prince de Tyr. Entrent Thaïsa, enceinte, et Lychorida. Simonide communique la lettre à sa fille. Elle se réjouit. Thaïsa et Périclès prennent congé de Simonide et partent ; Simonide et les autres se retirent.)}} On a soigneusement cherché Périclès à travers les pays les plus terribles et les plus sombres, aux quatre coins opposés du monde ; on l'a cherché avec soin et diligence, à cheval, sur des navires, et sans épargner aucuns frais. Enfin la renommée répond à ces puissantes recherches. De Tyr à la cour de Simonide on apporte des lettres dont voici la teneur : « Antiochus et sa fille sont morts. Les seigneurs ont voulu placer la couronne sur la tête d'Hélicanus ; mais il l'a refusée, se hâtant de leur dire, pour apaiser le tumulte, que, si le roi Périclès ne revient pas dans douze mois, il se rendra alors à leurs voeux. » Cette nouvelle, apportée à Pentapolis, y a ravi toute la contrée ; chacun applaudit et s'écrie : Notre jeune prince naîtra roi. Qui eût rêvé, qui eût deviné une semblable chose ? Bref il faut qu'il parte pour Tyr. Son épouse, enceinte, désire partir. (Qui s'y opposerait ?) Nous abrégeons le récit des pleurs et des regrets. Elle prend avec elle Lychorida, sa nourrice, et s'embarque. Le vaisseau se balance sur le sein de Neptune : la quille de leur vaisseau a fendu la moitié des ondes ; mais nouveau caprice de la fortune : le nord envoie une telle tempête, que, semblable à un cygne qui plonge pour se sauver, le pauvre navire est la proie de sa furie. La dame pousse des cris, et se voit près d'accoucher d'effroi. Vous allez voir la suite de cet orage, dont je ne ferai pas le récit, ne pouvant pas espérer de m'en acquitter dignement. Représentez-vous par l'imagination le vaisseau sur lequel le prince, ballotté par les flots, est supposé parler.
{{didascalie|(Gower sort.)}}
{{Scène| I}}
{{didascalie|Périclès sur un vaisseau en mer.}}
{{personnage|Périclès : }}Ô toi, dieu de ce vaste abîme, gourmande ces vagues qui lavent le ciel et la terre ; et toi, qui gouvernes les vents, enferme-les dans leur prison d'airain, après les avoir fait sortir de l'abîme ! Apaise ces tonnerres terribles et assourdissants ! Éteins doucement les agiles éclairs de soufre ! Ô Lychorida, comment se trouve ma reine ? Tempête, vomiras-tu sur nous tout ton venin ? Le sifflet du matelot est comme un faible murmure à l'oreille de la mort qui ne l'entend point. Lychorida, Lucina, ô divine patronne, et sage-femme, qui protège ceux qui gémissent dans la nuit, abaisse ta divinité sur ce navire battu par l'orage, abrège l'angoisse de la reine ! Eh bien ! Lychorida ?
{{didascalie|(Lychorida entre avec un enfant.)}}
{{personnage|Lychorida : }}Voici un être trop jeune pour un tel lieu, et qui, s'il était doué déjà de la pensée, mourrait comme je me sens près de le faire. Recevez dans vos bras ce reste de votre épouse inanimée.
{{personnage|Périclès : }}Que dis-tu, Lychorida ?
{{personnage|Lychorida : }}Patience ; seigneur, n'assistez pas l'orage : voici tout ce qui vit encore de notre reine... une petite fille ;
{{personnage|Périclès : }}
{{personnage|Lychorida : }}Patience, bon prince, même dans ce malheur.
{{personnage|Périclès : }}Maintenant que ta vie soit calme ! car jamais enfant n'eut une naissance plus troublée ! Que ta destinée soit paisible et douce, car jamais fille de prince ne fut accueillie dans ce monde avec plus de sévérité. Puisse la suite être heureuse pour toi ! tu as une naissance aussi bruyante que le feu, l'air, l'eau, la terre et le ciel pouvaient te la procurer pour annoncer ta sortie du sein qui te conçut ; et déjà même tu as plus perdu que tu ne gagneras dans la vie. Que les dieux bienveillants jettent sur elle un favorable regard.
{{didascalie|(Deux matelots entrent.)}}
{{personnage|Premier Matelot : }}Eh bien ! avez-vous bon courage ? Dieu vous conserve !
{{personnage|Périclès : }}J'ai assez de courage. Je ne crains pas la tempête, elle m'a fait le plus grand mal qu'elle pût me faire ; cependant, pour l'amour de ce pauvre enfant, je souhaite que le ciel s'éclaircisse.
{{personnage|Premier Matelot : }}Relâche les cordages ; allons donc... Souffle et fais tous tes efforts.
{{personnage|
{{personnage|Premier Matelot : }}Seigneur, la reine doit être jetée à la mer. La mer est si haute, le vent si violent qu'il ne se calmera que quand nous aurons débarrassé le vaisseau des morts.
{{personnage|Périclès : }}C'est une superstition.
{{personnage|Premier Matelot : }}Pardonnez-nous, seigneur ; c'est une chose que nous avons toujours observée sur mer, et nous parlons sérieusement ; rendez-vous donc, car il faut la jeter à la mer sans plus tarder.
{{personnage|Périclès : }}Faites ce que vous croirez nécessaire. Malheureuse princesse !
{{personnage|Lychorida : }}C'est là qu'elle repose, seigneur.
{{personnage|Périclès : }}Ô mon amie, tu as eu un terrible accouchement, sans lumière, sans feu ; les éléments ennemis t'ont complètement oubliée, et le temps me manque pour te rendre les honneurs de la sépulture ; mais à peine déposée dans le cercueil, il faut que tu sois précipitée dans les flots ! Au lieu d'un monument élevé à ta cendre et de lampe funéraire, l'énorme baleine et les vagues mugissantes recouvriront ton corps au milieu des coquillages. Lychorida, dis à Nestor de m'apporter des épices, de l'encre et du papier, ma cassette et mes bijoux. Dis à Méandre de m'apporter le coffre de satin. Couche l'enfant : va vite, pendant que je dis à Thaïsa un adieu religieux : hâte-toi, femme.
{{personnage|(Lychorida sort.)}}
{{personnage|Second Matelot : }}Seigneur, nous avons sous les écoutilles une caisse déjà enduite de bitume.
{{personnage|Périclès : }}Je te rends grâces, matelot. Quelle est cette côte ?
{{personnage|
{{personnage|Périclès : }}Dirigeons-y notre proue avant de continuer notre route vers Tyr. Quand pourrons-nous y aborder ?
{{personnage|Second Matelot : }}Au point du jour, si le vent cesse.
{{personnage|Périclès : }}Oh ! voguons vers Tharse. Je visiterai Cléon, car l'enfant ne vivrait pas jusqu'à Tyr : je le confierai à une bonne nourrice. Va naviguer, bon matelot ; je vais apporter le corps.
{{didascalie|(Ils sortent.)}}
{{Scène| II}}
{{didascalie|Éphèse. Appartement dans la maison de Cérimon.}}
{{didascalie|Entrent Cérimon avec un valet et quelques personnes qui ont fait naufrage.}}
{{personnage|Cérimon : }}Holà ! Philémon.
{{didascalie|(Philémon entre.)}}
{{personnage|Philémon : }}Est-ce mon maître qui appelle ?
{{personnage|Cérimon : }}Allume du feu et prépare à manger pour ces pauvres gens. La tempête a été forte cette nuit ?
{{personnage|Le Valet : }} J'ai vu plus d'une tempête, et jamais une semblable à celle de cette nuit.
{{personnage|Cérimon : }}Votre maître sera mort avant votre retour : il n'est rien qui puisse le sauver. {{didascalie|(À Philémon.)}} -Portez ceci à l'apothicaire, et vous me direz l'effet que le remède produira.
{{didascalie|(Sortent Philémon, le valet et les naufragés.)}}
{{didascalie|(Entrent deux Éphésiens.)}}
{{personnage|Premier Éphésien : }}Bonjour, seigneur Cérimon.
{{personnage|Second Éphésien : }}Bonjour à Votre Seigneurie.
{{personnage|Cérimon : }}Pourquoi, seigneurs, vous êtes-vous levés si matin ?
{{personnage|Premier Éphésien : }}Nos maisons, situées près de la mer, ont été ébranlées comme par un tremblement de terre : les plus fortes poutres semblaient près d'être brisées, et le toit de s'écrouler. C'est la surprise et la peur qui m'ont fait déserter le logis.
{{personnage|Second Éphésien : }}Voilà ce qui cause de si bon matin notre visite importune ; ce n'est point un motif d'économie domestique.
{{personnage|Cérimon : }}Oh ! vous parlez bien.
{{personnage|Premier Éphésien : }}Je m'étonne que Votre Seigneurie, ayant autour d'elle un si riche attirail, s'arrache de si bonne heure aux douces faveurs du repos. Il est étrange que la nature se livre à une peine à laquelle elle n'est pas forcée.
{{personnage|Cérimon : }}J'ai toujours pensé que la vertu et le savoir étaient des dons plus précieux que la noblesse et la richesse. Des héritiers insouciants peuvent flétrir et dissiper ces deux derniers ; mais les autres sont suivis par l'immortalité qui fait un dieu de l'homme. Vous savez que j'ai toujours étudié la médecine, dont l'art secret, fruit de la lecture et de la pratique, m'a fait connaître les sucs salutaires que contiennent les végétaux, les métaux et les minéraux. Je puis expliquer les maux que la nature cause, et je sais les moyens de les guérir : ce qui me rend plus heureux que la poursuite des honneurs incertains, ou le souci d'enfermer mes trésors dans des sacs de soie pour le plaisir du fou et de la mort.
{{personnage|Second Éphésien : }}Votre Seigneurie a répandu ses bienfaits dans Éphèse, où mille citoyens s'appellent vos créatures, rendues par vous à la santé ;-non-seulement votre science, vos travaux, mais encore votre bourse toujours ouverte, ont procuré au seigneur Cérimon une renommée que jamais le temps...
{{didascalie|(Entrent deux valets avec une caisse.)}}
{{personnage|Le Valet : }}Déposez ici.
{{personnage|Cérimon : }}Qu'est-ce que cela ?
{{personnage|Le Valet : }}La mer vient de jeter sur la côte ce coffre, qui provient de quelque naufrage.
{{personnage|Cérimon : }}Déposez-le là, que nous l'examinions.
{{personnage|
{{personnage|Cérimon : }}Quoi que ce soit, le poids est des plus lourds : ouvrez cette caisse. L'estomac de la mer est surchargé d'or : la fortune a eu raison de le faire vomir ici.
{{personnage|Second Éphésien : }}Vous avez deviné, seigneur.
{{personnage|Cérimon : }}Comme elle est goudronnée partout ! Est-ce la mer qui l'a jetée sur le rivage ?
{{personnage|
{{personnage|Cérimon : }}Allons, ouvre-la. Doucement, doucement ; quel parfum délicieux !
{{personnage|Second Éphésien : }}C'est un baume exquis.
{{personnage|Cérimon : }}
{{personnage|Premier Éphésien : }}Chose étrange !
{{personnage|Cérimon : }}Il est enveloppé d'un riche linceul et de sacs pleins de parfums. Un écrit ! Apollon, rends-moi habile à lire. {{didascalie|(Il déroule un écrit et lit.)}} « Je donne à connaître, si jamais ce cercueil touche à terre, qu'il contient une reine plus précieuse que tout l'or du monde, et quelle a été perdue par moi, roi Périclès. Que celui qui la trouvera, lui donne la sépulture ! Elle fut la fille d'un roi : les dieux récompenseront sa charité : ce trésor lui appartient. » Si tu vis, Périclès, ton cœur est déchiré de douleur. Ce cercueil a été fait cette nuit.
{{personnage|Second Éphésien : }}Probablement, seigneur.
{{personnage|Cérimon : }}C'est sûrement cette nuit ; car, voyez cet air de fraîcheur. Ils ont été des barbares, ceux qui ont jeté cette femme à la mer ! Allumez du feu ; apportez ici toutes les boîtes de mon cabinet. La mort peut usurper l'empire de la nature pendant quelques heures, et le feu de la vie rallumer encore les sens assoupis. J'ai entendu parler d'un Égyptien qui passa pour mort pendant neuf heures, et qui, à force de soins, revint à la vie. {{didascalie|(Un valet entre avec des boîtes, du linge et du feu.)}} Très-bien : du feu et du linge. Je vous prie, faites entendre un air de musique, quelque rudes que soient vos instruments. Ah ! tu remues, corps insensible !-Ici la musique. Je vous prie, encore un air. Seigneurs, cette reine est vivante. La nature se réveille. Une douce chaleur s'en exhale : il n'y a pas plus de cinq heures qu'elle est dans cet état. Voyez comme la fleur de la vie s'épanouit de nouveau en elle !
{{personnage|Premier Éphésien : }}Le ciel, seigneur, vous a choisi pour nous étonner par ses prodiges : votre réputation est éternelle.
{{personnage|Cérimon : }}Elle vit : voyez ; ses paupières, qui couvraient ces célestes bijoux perdus par Périclès, commencent à écarter leurs franges d'or. Ces diamants si purs vont doubler la richesse du monde. Ô vis et arrache-nous des larmes par ton histoire, belle créature !
{{didascalie|(Thaïsa fait un mouvement.)}}
{{personnage|Thaisa : }}Ô divine Diane, où suis-je, où est mon époux ? Quel est le lieu que je vois ?
{{personnage|Second Éphésien : }}N'est-ce pas étrange ?
{{personnage|Premier Éphésien : }}Merveilleux !
{{personnage|Cérimon : }}Paix, mes chers amis : aidez-moi, portons-la dans la chambre voisine. Préparez du linge. Donnons-lui tous nos soins, une rechute serait mortelle. Venez, venez, et qu'Esculape nous guide.
{{didascalie|(Ils sortent emportant Thaïsa.)}}
{{Scène| III}}
{{didascalie|Tharse. Appartement dans le palais de Cléon.}}
{{didascalie|Périclès entre avec Cléon, Dionysa, Lychorida et Marina.}}
{{personnage|Périclès : }}Respectable Cléon, je suis forcé de partir, l'année est expirée et Tyr ne jouit plus que d'une paix douteuse ; recevez, vous et votre épouse, toute la reconnaissance dont est rempli mon cœur : que les dieux se chargent du reste.
{{personnage|Cléon : }}Les traits de la fortune qui vous frappent mortellement se font aussi sentir à nous.
{{personnage|Dionysa : }}Ô votre pauvre princesse ! pourquoi les destins n'ont-ils pas permis que vous l'ameniez ici pour charmer ma vue ?
{{personnage|Périclès : }}Nous ne pouvons qu'obéir aux puissances du ciel. Quand je gémirais et que je rugirais comme la mer qui la recèle dans son sein, Thaïsa n'en serait pas moins privée de la vie. Ma petite Marina ! (je lui ai donné ce nom parce qu'elle est née sur les flots) : je la recommande à vos soins et je vous la laisse comme la fille de votre bienveillante amitié, pour qu'elle reçoive une éducation royale et digne de sa naissance.
{{personnage|Cléon : }}Ne craignez rien, seigneur, nous nous souviendrons pour votre fille du prince généreux qui nous a nourris de son blé, et les prières du peuple reconnaissant imploreront le ciel pour son libérateur. Si je me rendais coupable d'une ingrate négligence, tous mes sujets me forceraient à remplir mon devoir ; mais, si mon zèle a besoin d'être excité, que les dieux vous vengent sur moi et les miens jusqu'à la dernière génération.
{{personnage|Périclès : }}Je vous crois, votre honneur et votre vertu sont pour moi un gage plus sûr que vos serments. Jusqu'à ce que ma fille soit mariée, madame, j'en jure par Diane, que nous honorons tous, ma chevelure sera respectée des ciseaux. Je prends congé de vous ; rendez-moi heureux par les soins accordés à ma fille.
{{personnage|Dionysa : }}J'ai aussi une fille ; elle ne me sera pas plus chère que la vôtre.
{{personnage|Périclès : }}Madame, je vous remercie et je prierai pour vous.
{{personnage|Cléon : }}Nous vous escorterons jusque sur le rivage, où nous vous abandonnerons au mystérieux Neptune et aux vents les plus favorables.
{{personnage|Périclès : }}J'accepte votre offre. Venez, chère reine. Point de larmes, Lychorida, point de larmes : pensez à votre jeune maîtresse dont vous allez désormais dépendre. Allons, seigneur.
{{didascalie|(Ils sortent.)}}
{{Scène| IV}}
{{didascalie|Éphèse. Appartement dans la maison de Cérimon.}}
{{didascalie|Entrent Cérimon et Thaisa.}}
{{personnage|Cérimon : }}Madame, cette lettre et ces bijoux étaient avec vous dans le cercueil : les voici. Connaissez-vous l'écriture ?
{{personnage|Thaisa : }}C'est celle de mon époux. Je me rappelle fort bien encore m'être embarquée au moment de devenir mère ; mais ai-je été délivrée ou non ? par les dieux immortels ! je l'ignore. Hélas ! puisque je ne reverrai plus mon époux, le roi Périclès, je veux prendre des vêtements de vestale et renoncer à toute félicité.
{{personnage|Cérimon : }}Madame, si c'est là votre intention, le temple de Diane n'est pas loin ; vous pourrez y passer le reste de vos jours ; et, si vous voulez, une nièce à moi vous y accompagnera.
{{personnage|Thaisa : }}Je ne puis que vous rendre grâces, voilà tout. Ma reconnaissance est grande, quoiqu'elle puisse peu de chose.
{{didascalie|(Ils sortent.)}}
'''Fin du troisième acte.'''
{{Acte| QUATRIÈME
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{{personnage|Dionysa : }}Allez-vous retomber dans l'enfance ?
{{personnage|Cléon : }}Je serais le souverain de tout l'univers que je le donnerais pour
que ce crime n'eût pas été commis.
naissance que par la vertu, il n'était pas de couronne qui ne fût digne de
toi !
lui le poison, c'eût été un exploit comparable aux autres. Que diras-tu
quand le noble Périclès réclamera sa fille ?
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que vous n'ayez la simplicité de me trahir, et, pour mériter un titre de vertu,
de crier : Elle a été égorgée.
{{personnage|Cléon : }}
abhorrent le plus.
{{personnage|Dionysa : }}Croyez-vous que les petits oiseaux de Tharse vont voler ici et
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seulement...
{{personnage|Lysimaque : }}Quoi, je te prie ?
{{personnage|Boult : }}
{{personnage|Lysimaque : }}Cela ne relève pas moins le renom d'un homme de ton
métier que cela ne donne à tant d'autres la bonne réputation d'être chastes.
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{{personnage|Boult : }}De pire en pire, notre maîtresse : elle a fait un sermon au
seigneur Lysimaque.
{{personnage|La Femme : }}
{{personnage|Boult : }}Elle fait cas de notre profession comme d'un fumier.
{{personnage|La Femme : }}Malepeste ! qu'elle aille se faire pendre.
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{{personnage|Lysimaque : }}Elle n'a jamais voulu faire connaître sa famille. Quand on
la questionnait là-dessus, elle s'asseyait et pleurait.
{{personnage|Périclès : }}
blessure, que j'éprouve une douleur quelconque, de peur que les torrents de
joie qui fondent sur moi entraînent tout ce que j'ai de mortel et
m'engloutissent. Oh ! approche, toi qui rends à la vie celui qui t'engendra ;
toi, qui naquis sur la mer, qui fus ensevelie à Tharse et retrouvée sur la
mer.
forte que celle du tonnerre : voilà Marina. Quel était le nom de ta mère ?
Dis-moi encore cela, car la vérité ne peut trop être confirmée, quoique
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{{personnage|Périclès : }}Je vous embrasse, seigneur. Donnez-moi mes vêtements, je
suis égaré par la joie de la voir. Oh ! que les dieux bénissent ma fille. Mais
écoutez cette harmonie.
car il semble douter ; dis-lui comment tu es ma fille. Mais quelle
harmonie !
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pour ma fille.
{{personnage|Thaisa : }}C'est sa voix, ce sont ces traits... vous êtes, vous êtes...
Périclès !
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{{personnage|Thaisa : }}Oh ! laissez-moi le regarder. S'il n'est pas mon époux, mon saint
ministère ne prêtera point à mes sens une oreille licencieuse.
êtes-vous Périclès ? Vous parlez comme lui ; vous lui ressemblez.
N'avez-vous pas cité une tempête, une naissance, une mort ?
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{{didascalie|(Elle lui montre une bague.)}}
{{personnage|Périclès : }}Oui, oui ; je n'en demande pas davantage.
bienfait actuel me fait oublier mes malheurs passés. Je ne me plaindrai pas,
si je meurs en touchant ses lèvres. Oh ! viens, et sois ensevelie une
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