« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Voûte » : différence entre les versions
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Tout d’abord un fait doit fixer l’attention de l’observateur qui examine
les voûtes construites sous l’empire par les Romains
apportée dans la construction de ces voûtes. Si grands bâtisseurs
qu’ils fussent, les Romains apportaient dans leurs travaux des principes
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Caracalla, de Dioclétien, la basilique de Constantin à Rome, etc., on est
tout d’abord disposé à croire qu’il a fallu, pour former ces vastes concrétions,
un énorme cube de bois, des cintrages d’une puissance prodigieuse
par suite, des dépenses provisoires perdues, considérables.
Cependant une étude plus attentive de ces voûtes fait bientôt reconnaître
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à une charge. Les nerfs D ont été posés à l'aplomb de chaque cintre et
formés de grandes briques carrées. Ces nerfs ont été disposés ainsi que
l'indique le détail X, avec des doubles briques
de manière à pouvoir couler dans la rainure laissée entre elles des
planches P normales à la courbe. Le long de ces planches considérées
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d'arc. Les constructeurs romains posèrent donc les cintres de charpente
diagonaux suivant la ligne vraie de pénétration, puis ils placèrent sur
la courbe des cintres des
de distance en distance, des intervalles
à mesure qu'on approchait du sommet de l'arc. Sur ces veaux le maçon
posait alors l'arc diagonal perpendiculaire au plan diagonal (voy. en B).
La section de cet arc est figurée par le carré
la différence
doubles écornées étaient posées, ainsi que l'indiquent les trapèzes
leur bord suivant la direction horizontale des deux cylindres. On obtenait
ainsi la structure indiquée en E. Deux rangs de ces briques parallèles
aux plans des voûtes permettaient de poser en
(comme il a été montré dans l'exemple précédent) permettaient de
bander les entretoises
parallèles aux plans des voûtes servaient à tracer et à maintenir l'arête,
faite en même temps que l'enduit. S'il s'agissait d'une coupole, ou les
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[[Image:Construction.voute.romaine.2.png|center]]
<div class=prose>
Cette structure des voûtes présentait donc les avantages suivants
1° économie de cintres
cependant les accidents qui résultent d’une interruption momentanée
dans le travail
car, pour remplir les cellules de blocage, il n’était besoin que
de manœuvres
des cellules, et même avant ce remplissage, si l’on tenait à remployer
les cintres ailleurs, puisque la croûte composée de briques à plat
suffisait et au delà pour recevoir ces remplissages des cellules
pendant la durée du travail, ce qui permettait d’éviter les ruptures
qui se manifestent dans une construction absolument homogène et qu’il
faut un certain temps pour compléter
concrétion parfaite. Dans la construction des très-grandes voûtes, qui,
par leur développement même, ne peuvent être fermées en un court
Ligne 150 ⟶ 151 :
se produisirent pendant la construction de la coupole de Sainte-Sophie
de Constantinople, d’une manière tellement grave, qu’il fallut recommencer
l’opération
comme leurs devanciers. Après la construction de la coupole de Saint-Pierre
de Rome des déchirures se manifestèrent. Il est aisé de concevoir
comment des surfaces courbes de cette étendue, maçonnées peu à peu,
présentent, après l’achèvement du travail, des parties parfaitement sèches
et
compressibles. C’est à cette inégalité dans la
et par suite dans la compressibilité de ces surfaces, qu’il faut attribuer
les désordres que l’on signale dans les grandes voûtes de maçonnerie
Ligne 164 ⟶ 165 :
même de la voûte et les propriétés de sa courbure, ce qui est facile, on
peut prendre tout le temps nécessaire pour remplir les intervalles laissés
entre cette ossature
son équilibre, subit ses tassements sans être gênée, sans se déchirer.
Cette méthode devait conduire tout naturellement les constructeurs
Ligne 170 ⟶ 171 :
voûtes sphériques. Voici pourquoi. Pour faire une voûte sphérique, il
est nécessaire d’établir des cintres rayonnants divisant la demi-sphère
par côtes, comme les degrés de longitude divisent la terre
couchis qui vont d’un cintre à l’autre donnant des lignes droites, il en
résultait, ou que la voûte était composée d’une suite de plans, ou qu’il
Ligne 182 ⟶ 183 :
quelle puissance il eût fallu donner à ces cintres, et comme il eût
été nécessaire d’assurer leur parfaite immobilité pendant un laps de
temps très-considérable
vu le nombre de leurs assemblages, travaillent de telle sorte, que, malgré
toutes les précautions, un cintrage de cette importance s’affaisserait
Ligne 193 ⟶ 194 :
affaissements partiels, le problème sera résolu, et l’on ne courra aucun
risque, car le décintrage de la voûte se réduira à un enlèvement de
pièces de bois dont la fonction sera devenue insignifiante
faire sans qu’il y ait à prendre ces précautions délicates, faute desquelles
il peut survenir une catastrophe. Dans les constructions, il ne faut jamais
que l’oubli d’une précaution, une maladresse puissent occasionner un
sinistre
doit être livré au hasard ou à la chance plus ou moins heureuse. C’était
bien évidemment ainsi que les architectes romains entendaient élever
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Piranesi a donné une gravure de la construction de la coupole du
Panthéon de Rome
planche, car de son temps, pas plus qu’aujourd’hui, on n’en pouvait
reconnaître exactement la structure. Nous pensons que le système qu’il
indique est celui de l’extrados de la coupole qu’il aura pu voir pendant
qu’on réparait la couverture de plomb
visible à l’extérieur devait se reproduire à l’intérieur
n’est pas possible, si l’on considère la disposition de cet intérieur et
l’épaisseur de la voûte, qui, près de la lunette, n’a pas moins de 1<sup>m</sup>,50.
Les briques que l’on peut voir à l’extrados ne traversent certainement
pas l’épaisseur de la voûte
loin, nous dirons que ces deux ossatures doivent être absolument différentes,
et nous allons expliquer pourquoi. Quand les Romains construisaient
un arc-doubleau, une tête de berceau portant charge, ou même
un arc de décharge, ils avaient le soin de procéder ainsi que l’indique
la figure 3 en A
l’arc environ en rangs de briques liaisonnées, puis les deux quarts
restant en rangs de briques extradossées. Comme ils construisaient les
Ligne 230 ⟶ 231 :
arc eût été bandé, ils auraient maçonné le reste de l’épaisseur de l’arc
de briques liaisonnées, en se servant du premier arc comme d’un cintre
très-suffisamment résistant
exception, les parties supérieures des arcs-doubleaux ou de décharge
sont maçonnées en rangs de briques extradossées. Cette méthode était
Ligne 238 ⟶ 239 :
dans les culées F, G, par suite d’une commotion telle, par
exemple, qu’un tremblement de terre, ou un tassement, cet arc se
rompra à l’extrados en H, et à l’intrados à la clef, en I
viendront dès lors agir sur les deux arêtes K et sur l’arête L, lesquelles,
si la charge est forte, s’épaufreront de telle sorte, que le segment
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et le désordre moins considérable que dans l’exemple B. On comprend
donc pourquoi ces arcs de brique sont toujours extradossés dans leur
partie supérieure, c’est-à-dire dans la partie qui porte la charge
pour conserver une certaine élasticité que ne pouvaient avoir des arcs
homogènes dans leur épaisseur. Ce principe appuyé sur l’observation,
Ligne 258 ⟶ 259 :
Conformément à la méthode expliquée dans la figure 1 et par les raisons
données plus haut, il était nécessaire qu’une coupole comme celle
du Panthéon fût rapidement
que les Romains tenaient à faire légers et avec des bois courts autant que
possible, afin d’éviter les dépenses inutiles, les difficultés de pose et le
Ligne 273 ⟶ 274 :
caissons dans son pourtour et qui laissaient entre eux vingt-huit bandes
pleines comme autant de côtes qui se perdent dans la partie unie de la
calotte comprise entre le point
indiquent la place des cintres de charpente C aboutissant à une lanterne
de charpente composée de vingt-huit poteaux et de deux fortes enrayures.
Ligne 295 ⟶ 296 :
vus du centre de l’édifice sur le pavé. C’est-à-dire (voyez en R le détail
de la section de l’un des caissons de la deuxième zone) que l’œil du
spectateur placé au centre de l’édifice sur le sol aperçoit les listels
toute leur largeur, les coupes de leurs épaisseurs tendant à ce point
visuel. Le cintrage ainsi disposé, il s’agissait de trouver la méthode la
Ligne 301 ⟶ 302 :
calotte hémisphérique. Le détail de cette opération est expliqué dans la
figure 5. En A sont les cintres. Pour relier les courbes et pour poser les
entretoises, des liens
pour des plates-bandes. Ces liens portent chacun deux entailles qui reçoivent les entretoises E, lesquelles sont entaillées à mi-bois en
recevoir les cerces de doublures C. Des planchettes-couchis
les deux entretoises et reposent en feuillure. Il reste donc des châssis
vides F qu’il s’agit de fermer. Or, l’ossature de la charpente ainsi combinée,
Ligne 317 ⟶ 318 :
<br>
ordinaires sur le châssis, composé des entretoises et des cerces de doublures,
on posa un autre châssis saillant
châssis également saillant
retraite, un panneau de planches. En coupe, ces trois châssis et le panneau
donnaient le profil indiqué en R dans la figure 4
indiqué en saillie sur le cintrage le moule du caisson. Les maçons pouvaient
dès lors exécuter très-rapidement leur travail, comme l’indique
Ligne 332 ⟶ 333 :
était beaucoup plus mince qu’il ne l’était le long des membrures.
Ce blocage cellulaire formait alors comme autant de voûtains carrés
compris entre les nerfs côtiers, ou longitudes, et les bandes
latitudes, de brique. Cette première opération, qui pouvait être rapidement
terminée, formait une croûte très-résistante, bien pondérée,
Ligne 350 ⟶ 351 :
qu’explique la figure 6. De toutes les grandes coupoles connues et
encore entières, celle du Panthéon d’Agrippa est la seule qui ne soit pas
lézardée. Celle de Sainte-Sophie a dû être restaurée à plusieurs reprises
celle de Saint-Pierre de Rome est fissurée d’une manière assez grave<span id="note4"></span>[[#footnote4|<sup>4</sup>]].
Nous croyons donc que c'est grâce à ce système double que la coupole
Ligne 401 ⟶ 402 :
des voûtes romaines pour mieux faire saisir certaines analogies entre
ce système et celui adopté en France vers le milieu du XII<sup>e</sup> siècle. Analogies
de principes, comme on va le voir, non de formes
une fois de plus que des principes vrais, établis sur une observation
juste et un raisonnement logique, ne sont point une entrave dans l’art de
Ligne 407 ⟶ 408 :
À la fin de l’empire déjà, ces méthodes employées dans la construction
des voûtes s’étaient altérées
régulièrement les procédés admis dans les édifices romains
jusqu’aux Antonins. À Byzance, les grandes voûtes de l’église de
Ligne 419 ⟶ 420 :
en Occident. Ce phénomène se produisant au moment des premières
croisades, il était assez naturel d’attribuer ce brusque développement
à une influence orientale
jusqu’à ces dernières années ne venaient guère confirmer ces conjectures
à priori, lorsque M. le comte Melchior de Vogüé entreprit un
Ligne 431 ⟶ 432 :
à une civilisation gréco-romaine présentent un caractère particulier.
Dans leur structure, les éléments grec et romain ne sont pas juxtaposés,
comme il arrive dans les édifices de la Rome impériale
sous l’influence de l’esprit clair et logique du Grec. Nous avons maintes
fois fait ressortir cette singulière disposition de l’architecture romaine
de l’empire<span id="note7"></span>[[#footnote7|<sup>7</sup>]], qui ne considérait l’art grec que comme une décoration
quasi indépendante de la structure
romain, on peut enlever cette parure empruntée à l’art grec sans affecter
l’organisme, pour ainsi dire, de la bâtisse romaine.
Les édifices gréco-romains de la Syrie centrale procèdent tout différemment
les deux structures grecque et romaine se prêtent un mutuel
concours
corps complet dans toutes ses parties. L’arc et la plate-bande ne sont
plus réunis en dépit de leurs propriétés, ainsi que cela se voit si fréquemment
Ligne 448 ⟶ 449 :
influence sur les Occidentaux, qui se précipitèrent en masses compactes
dans ces contrées à la fin du XI<sup>e</sup> siècle. Il ne s’agissait plus de suivre de
loin les traditions affaiblies de l’art impérial
les villes déjà abandonnées, mais encore debout, du Hauran, une architecture
nouvelle pour eux, claire dans ses expressions comme une leçon
Ligne 484 ⟶ 485 :
lorsqu’ils prétendaient établir des voûtes sur le plan de la basilique
romaine (voyez [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 1, Architecture religieuse|Architecture Religieuse]]), la vue d'un édifice comme la
basilique de Chagga,
conformes à ces dispositions,
dont ils disposaient, par une voûte en berceau sur la nef centrale, par
des voûtes d'arête sur les nefs basses, et par un demi-berceau sur le
Ligne 494 ⟶ 495 :
[[Image:Coupe.basilique.Chagga.png|center]]
<div class=prose>
La coupe de la basilique de Chagga (fig. 9) donne le tracé A
travées du plan étant projetées en
leurs édifices par des pentes assez roides pour recevoir de la tuile, et ne
pouvant par conséquent employer le système de dallages des architectes
Ligne 538 ⟶ 539 :
du monument syrien. Quant aux difficultés de détail dont nous
venons de parler, voici en quoi elles consistaient tout d’abord. Les piles
de la basilique de Chagga (voy. en
puisque ces piles ne reçoivent que deux arcs-doubleaux, et que l’archivolte
qui unit ces piles naît en pénétration au-dessus de la naissance
Ligne 549 ⟶ 550 :
perspectif (fig. 10). Il y avait là un embarras, une de ces difficultés de
détail dans l’art du constructeur, qui contraint bientôt celui-ci, pour peu
qu’il raisonne, à trouver une solution satisfaisante
ont pratiqué cet art et qui ne se contentent pas d’à peu près, qui veulent
trouver la solution vraie, savent combien ces recherches entraînent à
Ligne 556 ⟶ 557 :
des premières années du XII<sup>e</sup> siècle, que l’on reconnaît la puissance de
cet enseignement logique puisé en Orient par nos maîtres français de
cette époque. D’abord ces maîtres raisonnent ainsi
arcs-doubleaux et deux archivoltes naissant au même niveau, et qu’entre
ces arcs-doubleaux et ces archivoltes il faut (sur leur extrados) bander
des voûtes d’arête, il est de toute nécessité que la pile donne exactement
la section des claveaux de ces arcs, qu’ils trouvent sur elle leur
place, par conséquent la section carrée ne peut convenir pour la pile
alors ils tracent la pile H (voyez figure 9). Ainsi les arcs-doubleaux
trouveront leur assiette en
naîtront dans les angles rentrants
extrados de ces arcs. Mais bientôt, quand les monuments voûtés prennent
plus d’ampleur, ces architectes reconnaissent que les archivoltes qui
Ligne 570 ⟶ 571 :
d’épaisseur que les arcs-doubleaux qui n’ont pas de charge, que ces
naissances de voûtes d’arête dans les angles demandent, ou un appareil
spécial, ou affament la pile en réduisant les tas de charge
les piles suivant le plan K. Les archivoltes se dégagent en
des latéraux en
voûtes d’arête
claire-voie du triforium, et le grand arc-doubleau du berceau central,
ayant la largeur
colonne engagée. Mais les archivoltes
épaisseur plus grande que n’est l’espace
de la voûte doit s’élever verticalement jusqu’au moment où l’épaisseur
des claveaux se dégage de cette arête
encore une colonne engagée au devant des pilastres des archivoltes et
de l’arc-doubleau postérieur, afin d’avancer les claveaux de ces arcs de
Ligne 595 ⟶ 596 :
faits pour franchir des espaces trop larges pour être couverts par des
plates-bandes ou par des charpentes, dans un pays où les bois longs
étaient rares
précédent, ou des pannes. C’est ce qui nous fait dire que ces artistes
syriens avaient su allier, mieux que ne l’avaient fait les Romains, l’arc
et la plate-bande. Les architectes occidentaux ont conservé les arcs-doubleaux
comme l’ossature naturelle de tout édifice bâti de pierre
entre ces arcs, ils ont bandé des voûtes suivant la tradition
romaine, soit en berceau, soit d’arête.
Ligne 618 ⟶ 619 :
voûte d’arête. Or, c’est ce principe de structure qu’adoptent généralement
nos architectes occidentaux dans la construction de leurs voûtes
d’arête à la fin du XI<sup>e</sup> siècle
les voûtes de la nef de l’église abbatiale de Vézelay, qui datent des premières
années du XII<sup>e</sup> siècle, et ce n’était pas sans raison que ce parti
Ligne 661 ⟶ 662 :
Nous avons dit que les Romains évitaient autant que possible les
pénétrations de berceaux de voûtes, comme présentant des difficultés
et des pertes de temps pour le constructeur. Les Romains, en effet,
cela ressort de l’étude de leurs monuments,
sur le temps, c’est-à-dire qu’ils prétendaient, tout en bâtissant de
manière à assurer une parfaite solidité et une longue durée aux constructions,
Ligne 670 ⟶ 671 :
voûtée, ils tenaient la clef de ce berceau pénétrant au-dessous de la
naissance du berceau qui eût dû être pénétré. Exemple (fig. 13), soit
une galerie A voûtée en berceau
à la première était bandé, sa clef C au-dessous de la naissance du
berceau D. Le Colisée à Rome, les arènes d’Arles et de Nîmes présentent
Ligne 678 ⟶ 679 :
visible, non-seulement dans les arènes d’Arles et de Nîmes, mais aussi à
l’aqueduc du Gard et dans beaucoup d’autres édifices de l’empire.
Il est clair que cette méthode économisait le temps et la dépense
il n’était besoin que d’un panneau pour les tailleurs de pierre, et à chaque
joint, d’un cintre de charpente, au lieu d’une suite de couchis sur
Ligne 685 ⟶ 686 :
Les architectes du moyen âge usèrent parfois de ce procédé, notamment
en Provence, où ils avaient sous les yeux les exemples de l’antiquité
mais les plans qu’ils adoptaient pour certaines parties d’édifices,
comme les bas côtés pourtournant les sanctuaires des églises, bas côtés
Ligne 694 ⟶ 695 :
voûtes. Les Byzantins avaient essayé de construire des voûtes reposant
sur des colonnes et formant des pénétrations de cylindres, de cônes ou
d’ellipsoïdes
ne procèdent que par tâtonnements, et ne donnent. pas comme résultat
une méthode géométrique pouvant être formulée. Malgré les difficultés
Ligne 705 ⟶ 706 :
Il faut reconnaître même que cette longue suite d’essais ne contribua
pas médiocrement à développer le système d’où procède la voûte d’arête
du XIII<sup>e</sup> siècle
imaginables en n’employant toujours qu’un même procédé.
Ligne 723 ⟶ 724 :
section carrée, dès les premiers temps de l’époque impériale et peut-être
même sous la république, pour couvrir des citernes, des étages
inférieurs. Ces voûtes ne possédaient pas d’arcs-doubleaux
demi-cylindres se croisant à angle droit, conformément au plan (fig. 14).
</div>
Ligne 746 ⟶ 747 :
qui se présente. Dans un sanctuaire porté par des colonnes (fig. 15),
ou, si les tailloirs des chapiteaux sont carrés, comme en A, les archivoltes
sont plus larges en
des claveaux de ces archivoltes soient parallèles, les tailloirs des colonnes
doivent donner des trapèzes en projection horizontale, comme en B.
Dans le premier cas, ces archivoltes sont des portions de cônes
second, elles sont prises dans un cylindre
de trapèzes, si la courbe du sanctuaire n’est pas très-développée, sont
d’un effet très-désagréable à l’œil, et donnent des angles aigus qui résistent
mal à la charge. Vus sur la diagonale, ces chapiteaux paraissent
plus saillants d’un côté que de l’autre, et semblent mal reposer sur les
fûts (voyez en D). On essaya donc de s’en tenir aux tailloirs carrés
au lieu de bander les voûtes normales à la courbe du sanctuaire sur
une surface conique, on maintint leurs clefs sur une ligne horizontale,
et la courbe
plein cintre
et de
le berceau annulaire.
</div>
Ligne 767 ⟶ 768 :
C’est ainsi que sont construites les voûtes du collatéral du sanctuaire
de l’église de Notre-Dame du Port, à Clermont (fig. 16). Mais (voyez le
plan A) si l’on voulait que l’arc
fût plein cintre, le diamètre
que le diamètre
niveau très-supérieur à celui de la naissance de l’arc
élévation faite perpendiculairement à l’axe XO donnait la projection
tracée en B.
coupe faite suivant OX, on obtenait la projection tracée en D, la naissance
de l’archivolte suivait sur le sommier S la ligne ponctuée
voûtes ainsi conçues ne pouvaient être tracées sur l’épure avec rigueur
on ne les obtenait que par des tâtonnements et une méthode empirique.
Cependant l’archivolte
pas de la voûte, devait porter le mur de l’abside et ne pouvait être
faite de
en pierres appareillées. Dès lors on conçoit les difficultés qui assaillaient
les constructeurs. À proprement parler, il n’y a pas d’archivoltes ici,
Ligne 785 ⟶ 786 :
reconnut donc bientôt qu’il y avait avantage à distinguer l’archivolte de
la voûte, à la rendre indépendante. Mais alors comment faire porter les
sommiers de ces archivoltes sur les tailloirs carrés des chapiteaux
trouver leur assiette et la naissance des voûtes
(fig. 17) (voyez en A). Les archivoltes sont projetées en DD. Nous traçons
les sommiers, ou le premier claveau de ces archivoltes en
restera, entre leur extrados, que le tas de charge
la naissance de la voûte. Mais comme les naissances des archivoltes
sont plus élevées que celle de la section de la voûte annulaire, il en
résultera que, si l’on veut que les arêtes partent du tailloir, ces arêtes
se détacheront des verticales
S’il y avait de bonnes raisons pour poser des archivoltes indépendantes
de la voûte, on en devait trouver de tout aussi bonnes pour bander les
arcs-doubleaux partant de la colonne isolée pour aboutir à la colonne
engagée du collatéral
des voûtes tournantes en divisant le berceau annulaire primitif par
travées. Mais où loger, sur le tailloir carré, le sommier, le premier claveau
de cet arc-doubleau
les deux premiers claveaux d’archivoltes et le premier claveau d’arc-doubleau,
indépendants, sur le tailloir du chapiteau, il nous faudra, ou
donner peu de lit à chacun de ces claveaux, ou augmenter beaucoup la
surface supérieure du tailloir, et dans ce cas il restera deux angles de ce
tailloir inoccupés
en dehors de l’axe de la colonne et tendront à faire incliner celle-ci.
De plus (voyez le tracé perspectif B’), les naissances des archivoltes
Ligne 815 ⟶ 816 :
<br>
il restera au-dessus de la naissance de cet arc un triangle T vertical, et
l’arête de la voûte ne pourra commencer qu’en
de la pénétration P viendra toucher l’extrados de l’arc-doubleau. Il n’est
pas besoin d’insister sur le mauvais effet de cette combinaison. Si (voy.
Ligne 821 ⟶ 822 :
composé par la pénétration des lits de ces arcs, ceux-ci ne deviendront
indépendants que lorsque leur courbure d’extrados se détachera de la
verticale
niveau (voyez le tracé perspectif C’), nous aurons encore en
vertical qui déportera la naissance de l’arête en
cherchaient les formes les mieux appropriées à l’objet, ces arêtes déportées,
ne naissant pas dans le fond de l’angle rentrant, ayant l’air de
Ligne 829 ⟶ 830 :
satisfaisante. Ces archivoltes et arcs-doubleaux reposant en bec de flûte
sur le tailloir ne présentaient pas une structure conforme aux principes
de la voûte portée sur des arcs saillants
de ces arcs conserve sa forme et sa dimension dans la totalité de
son développement. Les maîtres essayèrent donc d’autres combinaisons,
Ligne 840 ⟶ 841 :
un peu en encorbellement sur ce tailloir, de manière à le dégager. Cependant
la structure des voûtes elles-mêmes avait suivi ces progrès. Faites
d’abord de
en pierre, puis on essaya de les construire entièrement en
taillés, appareillés. Pour des appareilleurs qui n’étaient pas familiers
avec l’art du trait,
n’était point aisé de tracer l’appareil de voûtes d’arête tournantes
aussi ces premières voûtes appareillées présentent-elles les coupes les
plus bizarres, les expédients les plus naïfs. À défaut d’expérience, ces
Ligne 852 ⟶ 853 :
abandonner un seul jour la voie tracée dès leurs premiers essais. Leurs
déductions s’enchaînent avec une rigueur de logique dont on ne saurait
trouver l’équivalent à une autre époque
particulièrement que l’on constate la persistance des constructeurs à
poursuivre les conséquences d’un principe admis.
Ligne 861 ⟶ 862 :
de 1125 à 1130. Portées du côté du sanctuaire sur des colonnes monostyles,
les voûtes de ce collatéral possèdent déjà des arcs-doubleaux
séparatifs et des archivoltes dont les naissances sont au même niveau
il en résulte que les voûtes d’arête naissent dans l’angle rentrant formé
par les extrados de ces arcs qui sont
à peu près, parce que l’architecte a triché afin de dégager, autant que
faire se pouvait, les naissances de ces arcs sans charger trop inégalement
Ligne 871 ⟶ 872 :
a, de plus, doublé ces archivoltes du côté du collatéral, afin
de surhausser les voûtes, et de faire que l’extrados de cet arc doublant
eût un rayon plus étendu. De
rayon
grand que ne sont les rayons des archivoltes et arcs-doubleaux. Aussi
l’architecte a-t-il placé la naissance de ce formeret au-dessous de celle
Ligne 880 ⟶ 881 :
qui du reste est favorable à l’introduction de la lumière. Il s’agissait
de bander les voûtes qui n’ont point encore d’arcs ogives (diagonaux).
Ces voûtes étant construites en
a procédé ainsi que l’indique la perspective (fig. 19). Il a enchevêtré les
claveaux à la rencontre des berceaux formant arêtes au moyen de coupes
Ligne 906 ⟶ 907 :
système de structure entièrement nouveau, on élevait l’abside de l’église
de Brioude. Là le système annulaire, sans arcs-doubleaux, est encore
admis
la voûte, qui se compose d’un berceau annulaire pénétré par des berceaux
normaux à la courbe du sanctuaire, et formant, par conséquent, des
Ligne 913 ⟶ 914 :
pénètrent le berceau annulaire. Mais ce qui doit faire l’objet d’un
examen attentif dans ces voûtes, c’est qu’elles sont complètement
appareillées et non plus construites en blocages ou en
ou encore en
de l’église Saint-Louis de Poissy.
Ligne 956 ⟶ 957 :
d’une membrure et de remplissages rendus aussi légers et aussi inertes
que possible. Nous avons donné les deux raisons principales qui avaient
fait adopter ce parti
la seconde, l’avantage de bander les voûtes suivant une méthode rapide
qui assurait l’homogénéité de leur structure, une égale dessiccation des
Ligne 964 ⟶ 965 :
l’épaisseur même de la voûte, comme ils noyaient des arcs-doubleaux
dans l’épaisseur des berceaux et des côtes dans l’épaisseur des coupoles.
Cette méthode était judicieuse, inattaquable au point de vue de la solidité
l’était-elle autant au point de vue de l’art
objet de ne dissimuler aucun des procédés de structure qu’elle emploie,
mais au contraire de les accuser en leur donnant les formes convenables,
il est évident que les Romains ont souvent méconnu ce principe
les voûtes enduites, recouvertes intérieurement de stucs et de peintures,
suivant des combinaisons indépendantes de la membrure, il était impossible
de savoir si ces voûtes possédaient ou non des arcs-doubleaux,
des nerfs dans leur contexture. Cette ossature résistante, jugée nécessaire
à sa stabilité, n’était pas toujours visible
dans la coupole du Panthéon, elle ne l’est pas dans les voûtes des
thermes d’Antonin Caracalla, dans celles de la basilique de Constantin,
Ligne 982 ⟶ 983 :
s’il s’agit d’appliquer leurs principes, ont-ils fait autre chose, dans
leur architecture, que de considérer la structure comme la raison déterminante
de toute forme
Et ces petits édifices de la Syrie centrale, dont nous avons parlé
plus haut, ne sont-ils pas la plus vive expression de ce sentiment du Grec,
Ligne 998 ⟶ 999 :
de ces petites cités semées sur le chemin de la Perse à Byzance.
Or, on peut le demander à tous les gens de bonne foi
principe de la structure des voûtes romaines, et s’inspirer de l’esprit
analytique du Grec, de son goût pour le vrai, de son sentiment inné de
la forme, pour, de ces éléments, constituer un système complet, n’est-ce
pas un progrès
système, si d’ailleurs on ne sait que reproduire la forme apparente de la
structure romaine, sans y prendre même ce qui en constitue le mérite
principal, l’économie des moyens et la simplicité d’exécution
pensons-nous, de poser ces questions, pour que chacun puisse déterminer
où s’est arrêté le progrès et où commence la décadence.
Ligne 1 012 ⟶ 1 013 :
artistes occidentaux du XII<sup>e</sup> siècle, est, à nos yeux, une des révolutions
les plus complètes, les mieux justifiées qui aient jamais été faites dans
le domaine de l’architecture. Que se sont-ils dit ces artistes
leurs voûtes, les Romains ont considéré deux objets, une ossature
et un remplissage neutre
tiré qu’une forme apparente, une concrétion, confondant ainsi la chose
qui soutient, la chose essentielle et la chose soutenue, inerte. Si l’intention
est excellente, si le résultat matériel est satisfaisant, le résultat,
comme art, est vicieux
de création, la fonction réelle de chaque membre doit être accusée par
une forme en rapport avec cette fonction. Si une voûte ne peut se soutenir
que par un réseau de nerfs, ce réseau n’est pas destiné par l’art
à être caché, il doit être apparent, d’autant plus apparent, qu’il est plus
utile. Les Grecs ont admis cette loi, sans souffrir
les architectes occidentaux aient fait ce raisonnement en plein XII<sup>e</sup> siècle,
nous ne l’affirmerons pas
cela nous suffit.
Les architectes romans avaient adopté tout d’abord la voûte en berceau
Ligne 1 046 ⟶ 1 047 :
dit, un moyen terme entre ces deux structures; ils rehaussèrent la voûte
d'arête à la clef, ainsi, du reste, que l'avaient fait les Byzantins (voyez
fig. 10). Mais,
l'art du constructeur,
byzantine le nerf noyé dans son épaisseur, le construisirent en matériaux
appareillés, résistants, et le posèrent sur le cintre de charpente; puis,
Ligne 1 061 ⟶ 1 062 :
logiques de ce système ne se font pas attendre. Dans la voûte
romaine, formée de cellules, comme nous l'avons vu figure 1 et suivantes,
le remplissage de ces cellules est
aucune courbure qui puisse en reporter le poids sur les parois des cellules.
Puisque les constructeurs du XII<sup>e</sup> siècle détachaient les nerfs de la voûte,
qu'ils en faisaient comme un cintrage permanent, il était naturel de
sens une courbure qui reportât réellement leur pesanteur sur les arcs.
Ainsi la
qu'il y avait d'espaces laissés vides entre les arcs. Du système concret
romain,
romaine,
donnant à chacun leur fonction réelle, arrivaient au système élastique.
Bien mieux, ils inauguraient un mode de structure par lequel on évitait
Ligne 1 097 ⟶ 1 098 :
des cintres permanents de pierre, était une idée ingénieuse, déduite de
la théorie romaine sur la solidité des voûtes; ce n'était pas un nouveau
principe: ce n'est pas un principe nouveau de faire saillir
le nerf noyé
considérer ces nerfs, ressortis de la voûte, comme une membrure indépendante,
et combiner, sur cette membrure, des successions de voûtes
Ligne 1 118 ⟶ 1 119 :
entre le principe de la coupole nervée, et le principe de la voûte
en arcs d’ogive, bien qu’en apparence ces deux voûtes aient le même
aspect<span id="note15"></span>[[#footnote15|<sup>15</sup>]], ou peu s'en faut ; il semblerait que nos développements à ce
sujet ne sont pas assez étendus, puisque de savants critiques n'ont pas
paru apprécier toute l'importance de cette différence. Cependant elle est
Ligne 1 151 ⟶ 1 152 :
sera impossible.
Par quels artifices de pénétrations pourrait-on voûter les chapelles
Par des coupoles
reposassent sur des arcs, établir des pendentifs, et alors prendre une
hauteur considérable. D’ailleurs ces pendentifs biais, irréguliers, produiraient
un très-mauvais effet. En établissant son plan, l’architecte de
l’abside de Saint-Denis savait comment il allait le voûter
plus vrai, c’était le système de voûtes à employer qui lui donnait les
dispositions de son plan. D’abord le cercle intérieur qui lui sert à tracer
le périmètre de la chapelle rencontre en
monostyle
entre elles. Ayant tracé l’arc-doubleau
milieu de l’axe
puis il trace les arcs-doubleaux
indépendants
leur naissance. Mais (et c’est là où apparaissent les conséquences forcées
du nouveau système adopté), s’il eût tracé ces arcs en plein cintre,
Ligne 1 171 ⟶ 1 172 :
niveau, puisque ces arcs sont de diamètres très-différents, et alors surgissaient
les difficultés que nous avons signalées plus haut pour fermer
les remplissages triangulaires voûtés
eussent été placées au même niveau, leurs clefs atteignaient des niveaux
très-variables. L’architecte emploie donc l’arc en tiers-point ou brisé,
qui lui assure toute liberté pour donner aux clefs les niveaux convenables.
Ainsi, le rabattement B indique en
l’arc-doubleau
en
celle
que les clefs des deux arcs-doubleaux
ligne de niveau, inférieure à celle des trois clefs
ossature, à bander les triangles voûtés, lesquels reposent sur ces arcs en
tiers-point. Les lignes de clefs de ces remplissages aboutissent nécessairement
au point culminant de chacun de ces arcs et donnent les projections
ponctuées
se présentait dans la partie pleine de la chapelle.
L’architecte avait dû percer les fenêtres D, non pas au milieu de la
courbe
contre-fort C. Or, l’archivolte de cette fenêtre tenant lieu de formeret, sa
clef se trouve en
le triangle
archivolte et celui de la branche d’arc
maçon chargé de bander la voûte sur le triangle
E montre en F comment cette petite difficulté fut résolue. Le remplissage
voûté commence comme commencerait une coupole sur une
partie circulaire
s’élève, va chercher l’extrados de l’archivolte et celui de la branche
d’arc ogive. En G, une projection horizontale indique la disposition des
rangs de
arcs. Sur le tracé perspectif E on voit que les archivoltes des fenêtres
faisant fonction de formerets pénètrent dans la branche d’arc ogive
Ligne 1 205 ⟶ 1 206 :
ogives de la chapelle sont à un niveau plus bas que les naissances des
autres arcs, et que, par suite, les tailloirs des chapiteaux descendent d’une
assise (voy. en
étudiés, le système est complet, franc
est acquise, et de ce premier essai il est facile d’arriver aux
conséquences les plus étendues. Le tracé perspectif E montre bien que
les remplissages triangulaires en
sur les nervures, sont bandés sur leur extrados, et que celles-ci remplissent
exactement, à Saint-Denis déjà, l’office de cintres permanents portant
Ligne 1 215 ⟶ 1 216 :
pour la tradition, peut-être aussi par un défaut de confiance absolue en
la bonté du système nouveau, les clefs des formerets et arcs-doubleaux latéraux sont tenues plus bas que celles des arcs ogives, afin de laisser
encore à la réunion des voûtains triangulaires une forme générale
Ce parti persista jusqu’aux premières années du XIII<sup>e</sup> siècle.
Ligne 1 226 ⟶ 1 227 :
approfondi. M. Challe, au Congrès scientifique d’Auxerre de 1859, a
parfaitement établi que la cathédrale de Sens ne pouvait avoir été reconstruite
après l’incendie de 1184
été commencée par l’archevêque Henri de France dès son intronisation,
c’est-à-dire en 1122, dix ans avant le narthex de l’église abbatiale de
Ligne 1 234 ⟶ 1 235 :
textes disent qu’il commença cet édifice, mais ils ne disent pas à quel
moment de son épiscopat cette fondation eut lieu. Or, c’est en 1137 que
l’abbé Suger commence la reconstruction de son église
trois mois il avait achevé le chœur. En admettant que la cathédrale
de Sens soit contemporaine de l’église de Saint-Denis, on y travaillait
Ligne 1 254 ⟶ 1 255 :
à porter seulement les arcs de recoupement de ces voûtes hautes, les
arcs ogives des voûtes basses se placent assez gauchement sur ces piles.
Les arcs ogives rabattus en D ont leurs deux branches inégales, celle
étant plus courte que celle
une colonnette pour recevoir cette branche
dans la hauteur du sommier de l’arc-doubleau et de l’arc formeret
(voy. le tracé perspectif G)
différence de longueur entre les deux branches des arcs ogives. Ces
branches d’arcs ogives reposent d’autre part sur la saillie du tailloir des
Ligne 1 264 ⟶ 1 265 :
tenant aux grosses piles. Bien que les arcs-doubleaux C soient plein
cintre, les archivoltes E de la nef sont en tiers-point (voy. leur rabattement
en E’). D’ailleurs les clefs des arcs ogives atteignent un niveau
supérieur au niveau des clefs des arcs-doubleaux et des archivoltes
sorte que ces voûtes sont fortement bombées et construites en
taillés, comme il a été dit ci-dessus. Ce mélange du plein cintre et de
l’arc en tiers-point pour les arcs-doubleaux et archivoltes ne se trouve
Ligne 1 279 ⟶ 1 280 :
étudier, en ce qu’il éclaircit plusieurs questions touchant la construction
de ces parties importantes de nos édifices de la fin du XII<sup>e</sup> siècle. Ces
voûtes hautes sont sur plan carré avec arc-doubleau de recoupement
méthode adoptée, sauf de rares exceptions, pour les nefs de la seconde
moitié du XII<sup>e</sup> siècle et du commencement du XIII<sup>e</sup><span id="note17"></span>[[#footnote17|<sup>17</sup>]]. À Sens, cette disposition
des voûtes hautes est parfaitement accusée par la forme et la
dimension des piles. Les arcs ogives (arcs diagonaux) PM sont plein
cintre<span id="note18"></span>[[#footnote18|<sup>18</sup>]]; leur rabattement est en
est rabattu en
formerets (anciens), ils étaient plein cintre et sont rabattus en
que la courbe d'extrados de l'arc ogive (rabattue) vient rencontrer
en
de sorte que la ligne des clefs du remplissage triangulaire M
(en projection horizontale) est donnée par la courbe d'extrados
Le demi-triangle M
construit suivant le mode propre à ce genre de voûtes, c'est-à-dire par
une suite de rangs de moellons concentriques. C'est là un point qu'il
Ligne 1 298 ⟶ 1 299 :
encore les architectes de la première période dite gothique.
Cependant les rangs de moellons de ces remplissages sont posés parallèlement
à la ligne M
en entier sur les arcs-doubleaux et arcs ogives. Mais on pourra
objecter que les formerets plein cintre n'existant plus et ayant été remplacés
Ligne 1 310 ⟶ 1 311 :
<div class=prose>
En E, est tracée la coupe, suivant le grand axe, de cette portion
de voûte. Les colonnettes
et dans les travées du chœur les branches
ont été laissées au-dessous des formerets surélevés à la fin du XIII<sup>e</sup> siècle.
Ces éléments suffiraient pour indiquer la hauteur et la forme précise
des anciens formerets au XII<sup>e</sup> siècle. Mais voici qui vient encore appuyer
notre restitution. Tout le long de la nef, la corniche F du XII<sup>e</sup> siècle est
conservée
cintre qui reposent sur une arcature qui autrefois s’ouvrait nécessairement
au-dessus des voûtes, ainsi que l’indique la coupe G. La corniche F
était surélevée pour permettre aux entraits de la charpente de passer
au-dessus de l’extrados des voûtes
et de l’air sous le comble. Dans le chœur de l’église abbatiale de Vézelay,
qui date de 1180 à 1190, les formerets sont également plein cintre et
Ligne 1 327 ⟶ 1 328 :
des formerets plein cintre surbaissés. Il n’y a donc rien dans cette disposition
qui ne soit conforme à la structure des voûtes des édifices voisins
de Sens ou appartenant à la même province. La ligne ponctuée
indique la place des formerets refaits à la fin du XIII<sup>e</sup> siècle, formerets
qui enveloppent de grandes fenêtres à meneaux dont les archivoltes
viennent aujourd’hui pénétrer les restes de l’arcature autrefois ajourée
au-dessus des voûtes. La figure 25 donne cette arcature à l’extérieur
les traces encore en place et de nombreux fragments permettent de
la restituer sans difficultés<span id="note19"></span>[[#footnote19|<sup>19</sup>]]. En perçant les nouvelles fenêtres, les architectes
Ligne 1 349 ⟶ 1 350 :
Il ressort de cette étude que les voûtes hautes de Saint-Étienne de
Sens étaient très-bombées, présentaient des triangles concaves fortement
inclinés vers l’extérieur
de la forme génératrice donnée par la coupole, quant au tracé, bien
qu’ils eussent déjà adopté le mode de structure des voûtains triangulaires
de remplissages reportant les charges sur les arcs-doubleaux et
formerets
pour les voûtes des collatéraux, plus anciennes, et pour les voûtes hautes
des chœurs de Vézelay et de Notre-Dame de Châlons-sur-Marne, qui sont
du même temps, ou peu s’en faut, que celles hautes de la cathédrale de
Sens. Les triangles prenant pour base les formerets, ayant à Sens été
refaits à la fin du XIII<sup>e</sup> siècle,
n’aient point été modifiés,
les rangs de
la ligne des clefs (voy. figure 24). Il serait possible que les rangs de
des clefs
par rangs horizontaux, puisque la ligne
l’arc ogive (extrados), et que, par conséquent, ce demi-triangle
une tranche de sphère pénétrée par le formeret. Cette structure eût été
assez étrange et exceptionnelle pour qu’on ne puisse l’admettre. Cependant
Ligne 1 374 ⟶ 1 375 :
et notamment des espaces triangulaires, entre piles, ainsi qu’on
le peut voir autour du chœur de la cathédrale de Paris. Le sanctuaire
de Notre-Dame de Paris est enveloppé d’un double collatéral (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Construction|Construction]], fig. 44)
développée que la première, et la troisième que la seconde, l’architecte
a multiplié les points d’appui de manière à présenter toujours des arcs
d’ouvertures à peu près égales. La figure 26 donne une travée A du
sanctuaire de Notre-Dame de Paris, le premier collatéral B et la seconde
précinction C de colonnes monocylindriques. D sont les archivoltes
E, les arcs-doubleaux concentriques
et G les arcs-doubleaux diagonaux. Tous ces arcs sont en tiers-point, de
sorte que leur brisure, leur point culminant est en
en
Pour voûter ces surfaces triangulaires, le constructeur a réuni les
extrados des points culminant des arcs F et G par des courbes ou lignes
de clefs bombées
parallèles à ces lignes de clefs, les triangles
la méthode ordinaire, chacun de ces rangs de
extrados des branches d’arcs O
de clefs
supérieur aux points culminants
E, puisque les arcs-doubleaux rayonnants et diagonaux F et G
sont tracés sur un plus grand diamètre, et que leurs clefs se trouvent,
par cela même, plus élevées déjà que celles
culminants
fictives ont été tirées de
courbes par lesquelles doivent passer les rangs de
égales suivant l’épaisseur des rangs de
divisions égales a été fait sur la courbe
qui ont réuni ces points ont donné les joints des rangs de
que présente la structure tracée en H et en P. Ainsi ces triangles concaves
viennent-ils reposer leur poids sur les arcs de pierre qui réunissent
Ligne 1 419 ⟶ 1 420 :
sphérique ou côtelée, ou plutôt poser sous ces voûtes des cintres
permanents de pierre, au lieu de cintres provisoires de charpente, c’était
une idée nouvelle
de cet article, sortir le squelette englobé dans l’épaisseur de la
voûte romaine pour le laisser apparaître sous cette voûte
non plus seulement comme un renfort, mais comme un support, et
bientôt l’unique support
de la voûte elle-même et permettre l’emploi de tous les systèmes possibles
de voûtage. Toutefois les déductions étendues de ce système ne se
présentent que successivement. Ainsi, la voûte d’arête byzantine bombée
étant donnée, renforcer les lignes de pénétration de surfaces courbes
au moyen d’arêtes de pierre sous-jacentes
les arcs noyés dans l’épaisseur des lignes de pénétration, pour les placer
sous ces lignes, afin de reposer les triangles de la voûte
c’est évidemment la première idée qui se présente à l’esprit des constructeurs
au XII<sup>e</sup> siècle
byzantine, noyé dans son épaisseur, pour le placer sous cette voûte, ne
modifie pas la voûte
voilà tout. Or, il faut trouver la place propre à recevoir cette
ossature
d’assiette. C’est en effet ce qui arriva. Soit (fig. 27) un sommier A de
voûtes d’arête bombées byzantines, portées sur des piles isolées. Le
constructeur a l’idée de sortir les arêtes de brique
de ces voûtes, pour maçonner la voûte non plus autour de ces nerfs,
mais au-dessus. L’opération qui se présente tout d’abord est celle-ci
il écorne les angles du sommier, et pose, non plus en brique, mais en
pierres appareillées, les claveaux
fait sortir des faces
ainsi modifié occupera donc une surface
occupée par le sommier de la voûte primitive. Il faudra, dès lors, ou
que le chapiteau prenne un évasement considérable, ou que la pile soit
Ligne 1 451 ⟶ 1 452 :
qu’il était nécessaire de réduire autant que possible les points d’appui
dans les intérieurs des édifices. Le nouveau système adopté paraissait
donc en contradiction avec cette nécessité admise. On évasa les chapiteaux
mais n’osant pas porter toute la saillie de ces arcs ressortis, en
encorbellement sur le nu des piles, on ajouta à celles-ci, non pas une
Ligne 1 491 ⟶ 1 492 :
À la cathédrale de Senlis, dont la construction est peu postérieure à
celle de l’église de Saint-Denis (partie de l’abside), on voit que l’architecte a cherché à faire pénétrer l’arc ogive des chapelles dans l’arc-doubleau d’ouverture. La figure 29 donne en A la pile d’angle de ces chapelles (peu profondes comme celles de l’église de Saint-Denis). L’arc-doubleau
d’entrée est en
colonne destinée à l’arc-doubleau. Le tracé perspectif B montre en
arc-doubleau et en
de ces deux arcs ne sont plus indépendants, mais sont pris dans les
mêmes assises jusqu’au niveau
groupent de plus en plus, se pénètrent, ce qui permet de diminuer d’autant la section des piles qui les portent. Les arcs se resserrant en faisceau,
ne sont plus, de fait, un renfort, une ossature pour porter la voûte, mais
Ligne 1 506 ⟶ 1 507 :
enchaînées. Telle est, en effet, la propriété des principes admis
en toute chose, qu’ils deviennent une source féconde, nécessaire, fatale
de déductions. C’est pourquoi nous répétons sans cesse
compte des formes, si vous ne les trouvez pas de votre goût, mais adoptez
un principe et suivez-le
qui n’aiment guère à se soumettre à un principe, parce qu’il oblige
l’esprit à raisonner, espèrent donner le change au public en prétendant
que les études sur notre architecture française du moyen âge ont pour
résultat de faire adopter des formes surannées. En tout ceci il ne s’agit
pas de formes, il s’agit d’une méthode
il est vrai, les architectes pour qui toute méthode est considérée comme
une entrave au développement de l’imagination, ou, pour parler plus
Ligne 1 521 ⟶ 1 522 :
hautes de la cathédrale de Sens présentent en somme l’apparence de
coupoles côtelées. Les constructeurs n’osent pas encore tenir les clefs
de ces grandes voûtes,
de formerets,
les voûtes hautes du chœur, terminées avant 1190, sont beaucoup
moins bombées que celles de Saint-Étienne de Sens. Il est clair que plus
Ligne 1 530 ⟶ 1 531 :
Il résulte de cette disposition un emploi inutile de matériaux, une
ordonnance lourde qu’il faut occuper par une claire-voie, si l’on prétend
l’alléger
En remontant les clefs de tous les arcs au même niveau, il n’y
avait plus à poser au-dessus des formerets que la corniche et le bahut
Ligne 1 553 ⟶ 1 554 :
le relâchement de ces larges surfaces courbes, et l'on cherchait à
les renforcer entre les arcs-doubleaux et les arcs ogives par des arcs,
auxquels on donna jusqu'au XVI<sup>e</sup> siècle le nom de
Ces arcs supplémentaires venaient aboutir à la lierne posée de la clef de
l'arc-doubleau à la clef de l'arc ogive. C'est peut-être à la voûte centrale
Ligne 1 562 ⟶ 1 563 :
Nous présentons (fig. 30) le plan du quart de cette voûte. Au centre C
est une clef en lunette pour le passage des cloches de la flèche. Les liernes
sont projetées en
milieu des tiercerons. En AB, nous avons tracé le rabattement des arcs-doubleaux;
en GE, celui des arcs ogives; en GF, celui des tiercerons,
Ligne 1 571 ⟶ 1 572 :
pas moins posés parallèlement aux lignes de clefs, c'est-à-dire aux
liernes, et les tiercerons ne sont là qu'un nerf pour renforcer ces rangs
de moellons vers le milieu de leur courbure, dont la lierne
flèche.
</div>
Ligne 1 577 ⟶ 1 578 :
<div class=prose>
En Angleterre, l’adoption de ce système s’était combinée avec une
disposition particulière à cette contrée, de rangs de
(voyez [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Construction|Construction]], fig. de 62 à 72); ce qui amena des combinaisons
de voûtes tout à fait différentes de celles admises par l'école
Ligne 1 592 ⟶ 1 593 :
donne un exemple remarquable de ce genre de structure (fig. 31). En A,
est projeté le quart du plan de cette voûte, percée d’un œil pour le
passage des cloches. De
</div>
[[Image:Detail.voute.cathedrale.Bayeux.png|center]]
Ligne 1 599 ⟶ 1 600 :
liernes projetées en GE. Ces liernes horizontales ne sont point appareillées
en plates-bandes, leur grande longueur et leur faible section ne
l’ont pas permis
qui viennent ainsi les soutenir comme une ligne de clefs. La section H
fait comprendre cet appareil. Dans leur plus grande courbure, c’est-à-dire
près de l’arc-doubleau, les rangs de
les lignes
naturellement la courbure beaucoup plus plate
pincée par la butée de ces rangs de
leur point de jonction. En pareil cas, les remplissages triangulaires sont
plutôt des portions cylindriques que des concavités, comme dans
Ligne 1 614 ⟶ 1 615 :
ces rencontres d’arcs avec la clef-œil. La clef-œil est composée de huit
morceaux. Les quatre qui correspondent aux arcs ogives sont naturellement
maintenus à leur, place par la coupe normale à l’arc
qui correspondent aux liernes sont maintenus également par une coupe
oblique
à l’intrados, de
pas plus que ceux qui le précèdent, ne peut choir, puisqu’ils sont
les uns et les autres pincés et maintenus par les triangles des remplissages,
à la queue
qui renforcent les arrivées des branches d’arcs et des liernes, et empêchent
ainsi les ruptures qui, se produisant au collet, occasionneraient
Ligne 1 645 ⟶ 1 646 :
Nous avons vu qu’en France, ou plutôt dans l’Île-de-France, déjà au
milieu du XII<sup>e</sup> siècle, les remplissages des voûtes en arcs d’ogive sont
fermés au moyen de rangs de
(en projection horizontale) aux formerets, de telle sorte que ces
rangs de
clefs, ou ligne faîtière. Pour obtenir ce résultat, nous avons montré
(voyez [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Construction|Construction]], fig. 55) comment l'appareilleur traçait sur l'extrados
Ligne 1 667 ⟶ 1 668 :
Il était nécessaire donc que l'ouvrier chargé de cette besogne fût assez
intelligent, eût une dose d'initiative suffisante, pour pouvoir disposer
concaves à l'intrados et plus épais, par conséquent, au milieu du rang
qu'aux deux extrémités. Il y avait dans ce mode de procéder un
près
et pratique de l'Anglais, lequel prétend ne rien livrer au hasard dans
l'ordre des choses qui peuvent être matériellement prévues et définies.
Ligne 1 678 ⟶ 1 679 :
rangs de moellons de remplissage, non plus en un nombre égal de
divisions, mais en divisions égales. Ainsi (fig. 33), soit une voûte d'arête
sur plan carré; le rabattement du formeret étant
ogive
grand nombre de largeurs de rangs de moellons sur l'arc ogive que sur
le formeret. Réunissant donc les points
de ces rangs de moellons qui en
des clefs. Le poseur pourra ainsi n'avoir à placer que des moellons également
épais; les lignes de joints s'inclineront vers l'arc ogive, bien que
Ligne 1 701 ⟶ 1 702 :
française (voyez en A le triangle B), d’autres présentent pour la combinaison
des remplissages la projection C. Cette combinaison est obtenue
par le procédé suivant
les rangs de
à cette ligne
sur la ligne des clefs
présenté dans la figure 33. Parfois aussi, dans d’autres voûtes, à Ely
notamment, les rangs de
aux branches d’arcs ogives, comme le montre le triangle G, et se
chevauchent toujours sur la ligne des clefs ou se réunissent en sifflets.
Ligne 1 713 ⟶ 1 714 :
Les voûtes du transsept de l’église de Westminster, qui datent de 1230
environ, sont faites conformément au tracé indiqué dans le triangle D et
dans la figure 33
du formeret F (voyez le tracé perspectif P, fig. 34) et sur l’arc ogive O.
Cet arc ayant un plus grand développement que le formeret, il y a donc
plus de divisions sur l’arc ogive que sur ce formeret, et les rangs de
ogive. Il n’y a pas de lierne transversale pour masquer le chevauchage
des rangs de
déjà, comme l’indique la figure, de M en N. La naissance de la
courbe des formerets étant en R, c’est-à-dire beaucoup au-dessus de la
naissance des arcs ogives, il y a donc en
partie du tas de charge, et de la ligne
constructeur a élevé une surface trapézoïdale
moulin). Ce n’est donc qu’à partir de la ligne
ont été faites à la fois sur le formeret et sur la branche d’arc ogive.
Il est facile de reconnaître qu’ici le praticien n’a pas eu d’autre idée
que de simplifier son travail au moyen de ces divisions égales sur les
deux arcs, de poser des rangs de
et d’éviter ainsi la taille de ces
français. Les conséquences de l’adoption de ce procédé simplificateur
ne se firent pas attendre.
Dans la voûte française, les remplissages de
courbes en tous sens, concavités reportant leur poids sur les nerfs de
pierre, sur les cintres permanents. Chaque triangle de la voûte française
Ligne 1 747 ⟶ 1 748 :
leur courbe propre) des couchis de planches, il est évident que ces couchis,
ayant une égale largeur dans toute leur étendue, donneraient exactement
la figure que reproduit le tracé P (fig. 34)
pourraient se réunir parallèlement suivant la ligne des clefs du triangle,
mais se chevaucheraient.
Ligne 1 753 ⟶ 1 754 :
Les Anglais ont-ils fait des voûtes originairement composées d’arcs de
pierre ou de courbes de bois, sur lesquelles ils auraient posé des madriers,
des couchis, en un mot
en Angleterre, dans le cloître de la cathédrale de Lincoln, entre autres
exemples, des voûtes ainsi construites et qui datent du XIV<sup>e</sup> siècle. Il ne
Ligne 1 763 ⟶ 1 764 :
voûte française ne peut en aucune façon se prêter à l’emploi de planches
ou de madriers, puisqu’il eût fallu tailler chacun d’eux pour lui donner
plus de largeur au milieu qu’aux extrémités
anglais primitif indiqué ci-dessus permet la mise en œuvre du bois
bien plus, il l’indique, il en est une conséquence. Les dérivés des exemples
précédents viennent encore accuser cette préoccupation des constructeurs.
Ligne 1 772 ⟶ 1 773 :
Dès le XIII<sup>e</sup> siècle, les liernes apparaissent, puis les tiercerons. Les
liernes étaient une conséquence toute naturelle du chevauchement des
rangs de
d’une grande portée du moins
le fléchissement de ces rangs de
et qui semblent figurer des couchis. Ces plans courbes dans
un sens, mais nullement concaves ou très-peu concaves,
rangs de
d’être maintenus dans le milieu de leur développement, pour ne point
se déformer, s’infléchir
cette éventualité.
Bientôt les conséquences de ce principe conduisent à des combinaisons
d’arcs dont nous ne trouvons pas, en France, les analogies
toujours un mode simplificateur qui est la cause de ces combinaisons.
Ligne 1 816 ⟶ 1 817 :
<div class=prose>
Les tiercerons venaient aboutir de la naissance au milieu des liernes,
en
espaces
intermédiaire. Ils établirent donc les contre-tiercerons
au milieu des demi-liernes, en
arc de la voûte française possède sa courbe particulière, qui est toujours
une portion de cercle, sauf de rares exceptions. Si donc, en se conformant
à ce principe, le constructeur anglais avait dû adopter pour chacun
de ces arcs,
particulière, il lui eût fallu tracer
des deux tiercerons
contre-tiercerons
courbes. De plus, en admettant que, comme dans la voûte française,
tous ces arcs eussent été des portions de cercle, ou il eût fallu que leurs
Ligne 1 833 ⟶ 1 834 :
Dans le premier cas, il existait, entre le chapiteau de la pile et la naissance
de la courbe des arcs ayant la plus faible base, une verticale
gênante pour placer les
par les Anglais
structure, se détacher, comme on peut le voir dans quelques-unes de ces
voûtes primitives, notamment dans les chœurs des cathédrales d’Ely et
Ligne 1 843 ⟶ 1 844 :
Ainsi (fig. 35) l’arc ogive étant la plus longue courbe, c’est elle qu’on
trace au moyen d’un premier arc de cercle
de cercle
clef. Bien entendu, le centre de cette seconde courbe se trouve sur le
prolongement de la ligne passant par le point
fait, toutes les courbes des autres arcs sont données. Tous ont une base
plus courte que celle de l’arc ogive. Donc, rabattant le contre-tierceron
celle-ci viendra rencontrer en
de ce contre-tierceron sera donc la courbe
rencontrera la courbe maîtresse en
donc la courbe
en
courbe maîtresse en
donc la courbe
long triangle, tierceron dont la courbe sera donnée de
aussi pour l’arc-doubleau
Ces clefs atteignent toutes des niveaux différents. Pour tracer les
liernes transversales
et de prendre sur ces perpendiculaires des longueurs égales à
à
des tiercerons avec la lierne
courbe que tous les autres arcs, on procédera comme ci-dessus. Nous
rabattrons la ligne
perpendiculaire qui, rencontrant la courbe maîtresse en V'' donnera la
courbe
la hauteur
hauteur
la projection longitudinale des branches de liernes
</div>
[[Image:Plan.voute.medievale.anglaise.2.png|center]]
Ligne 1 882 ⟶ 1 883 :
mais les conséquences au point de vue de la structure sont importantes.
D’abord, puisque nous n’avons qu’une seule courbe composée pour tous
les arcs
moins étendu d’une même courbe composée, les panneaux d’appareil
d’un arc peuvent servir pour tous les arcs
autour de la verticale élevée dans l’axe de la pile
passer par un même plan courbe, puisqu’ils ont tous la même courbe,
donnent à l’extrados une forme conoïde concave en manière de pavillon
de trompette, qui simplifie singulièrement la pose des
remplissage. Si bien (voy. fig. 36) qu’en traçant la projection horizontale
de cette voûte, on voit comment se peuvent poser aisément les rangs
de ces
bardeaux posés entre des nervures de charpenterie. Mais la suite de
déductions logiques qui avait amené les constructeurs anglais à considérer
Ligne 1 908 ⟶ 1 909 :
de remplissage, et la queue de ces contre-liernes arasant l'extrados de
ces moellons. On observera que l'arc C (qui est ici l'arc ogive) possède
en D une joue plus large au-dessous de la contre-lierne qu'en
motive la position verticale de cette contre-lierne, et ce qui est parfaitement
conforme aux conditions de résistance de ces arcs, lesquels n'ont
Ligne 1 919 ⟶ 1 920 :
La clef H divise la branche d'arc AO en deux parties égales, et, pour
poser la clef I, on a réuni les points BH, AK, par des lignes, ainsi qu'on
le voit en M. Ces deux lignes ont coupé le tierceron en deux points
divisant en deux cet espace
</div>
[[Image:Detail.clef.de.voute.anglaise.png|center]]
Ligne 2 000 ⟶ 2 001 :
<div class=prose>
Cependant les constructeurs anglais ne s’en tinrent pas à la voûte que
nous venons de donner (fig. 35 et 36)
époque, c’est-à-dire au commencement du XIV<sup>e</sup> siècle, avoir, avec des
arcs formés de courbes composées, des liernes sur un plan horizontal et
Ligne 2 012 ⟶ 2 013 :
chacun de ces arcs sur la ligne AC considérée comme base, et, de ces
points de rabattement, élevant des perpendiculaires sur la base, la
ligne
chacun de ces arcs, on trace les segments F
centres en
son centre en
centre en
sur un même plan de niveau, et par conséquent les liernes CD, CB, sont
horizontales. Cependant les sommiers des arcs possèdent tous la même
Ligne 2 022 ⟶ 2 023 :
dont les courbes sont différentes. Une fois ce niveau K échappé,
il y a une si faible différence entre les courbures des arcs, que les rangs
de
à la méthode indiquée précédemment.
</div>
Ligne 2 030 ⟶ 2 031 :
incline vers une méthode de plus en plus mécanique. Soient en
ABCD un quart de voûte carrée, et en EBFG un quart de voûte barlongue.
Dans la première, l’arc ogive est l’arc AD
est l’arc EG. Ayant admis, comme le montre la figure 36, que les tiercerons
doivent être multipliés, afin de ne plus considérer les remplissages
Ligne 2 039 ⟶ 2 040 :
dans l’exemple 36, mais nous décrirons le quart de cercle BC pour le
quart de la voûte carrée, et nous diviserons ce quart de cercle en parties
égales. Par les points diviseurs faisant passer des lignes A
nous aurons la projection horizontale des tiercerons d’un huitième de la
voûte. Dès lors les angles DA
et les panneaux compris entre leurs côtés semblables. Nous étrésillonnerons
ces tiercerons par des contre-liernes
l’exemple figure 36, mais ici tracées de telle sorte que leurs points de
rencontre se trouvent sur les quarts de cercle BC,
adopter pour tous ces arcs une seule et même courbe composée, comme
dans l’exemple fig. 35, ou nous voulons que les liernes BD, DC, soient
de niveau. Dans le premier cas, nous prenons l’arc ogive AD comme
étant le plus étendu, nous le rabattons sur la ligne A’D’, nous élevons la
perpendiculaire D’D«
traçons, au moyen de deux centres, la courbe composée A’D«
comme il a été dit ci-dessus
et les reportant sur la ligne A’D’en A’
points,
rencontreront la courbe A’D
les hauteurs sous clef de chacun des arcs A
pour la lierne DC, la projection verticale C'''D'''. Mais si nous prétendons
poser ces liernes de niveau, alors il nous faudra chercher, au moyen du
procédé indiqué figure 38, les courbes A’K, A’
toujours pour les sommiers la même courbe A’
S’il s’agit d’une voûte barlongue, dont le quart est EBFG, nous procédons
exactement de la même manière que pour la voûte carrée
l’arc formeret EF et les tiercerons joignant ce formeret étant
plus courts que ne l’est le formeret et ne le sont les tiercerons A
A
nous n’adoptions qu’une seule courbe) plus basses que dans la voûte
carrée, c’est-à-dire que les points hauteurs de ces clefs seront en
pour le formeret EF, en
E
donnera la projection verticale F’D'''. Mais si nous voulons que les
liernes de cette voûte barlongue soient de niveau, alors il faudra chercher
les courbes composées comme ci-dessus, et la courbe du formeret
EF rabattue en A’I conservera toujours une partie de la courbe primitive inférieure de A’en
On voit ainsi comment sont donnés, par l’application d’un principe
de construction déduit rigoureusement, ces arcs brisés en lancettes A’I,
ou surbaissés composés A
des nefs anglaises voûtées, ces fenêtres étant circonscrites par l’arc
formeret. Cependant, à ces courbes engendrées tout naturellement par
un procédé de structure, on a voulu trouver les origines les plus saugrenues.
Ces courbes prétendaient imiter le bonnet d’un évêque, ou bien
elles avaient une signification mystico-symbolique
de la ligne droite au-dessus d’un certain point, elles devaient indiquer
la disposition de l’âme chrétienne, qui devient de plus en plus ferme
à mesure qu’elle s’élève vers le ciel
ces rêvasseries de tant d’auteurs qui ont écrit sur l’architecture du
moyen âge sans avoir à leur service les premiers éléments de la géométrie
Ligne 2 094 ⟶ 2 095 :
s’empressent de répéter ces pauvretés à l’endroit de la structure
gothique, et aiment bien mieux voir l’imitation d’un bonnet d’évêque
dans une courbe qu’un principe de structure
cas, ou l’aspiration de l’âme dispense de toute étude et de toute discussion,
et la voûte gothique passe ainsi au compte des niaiseries humaines
ce qui simplifie la question. Lorsqu’une seule courbe sert pour tous les
arcs d’une voûte, et si ces arcs pivotent sur la pile support, il est clair
Ligne 2 113 ⟶ 2 114 :
ce qui arriva. Il était conforme à la marche logique des procédés adoptés
par les constructeurs anglais de ne plus poser entre ces arcs des rangs
de
pierre, des dalles. Ce parti est adopté de l’autre côté de la Manche dès
le XV<sup>e</sup> siècle, soit sur des arcs disposés en pavillon de trompette, soit sur
Ligne 2 119 ⟶ 2 120 :
berceau. C’est ainsi qu’est construite la voûte de la chapelle de Saint-George,
à Windsor<span id="note26"></span>[[#footnote26|<sup>26</sup>]]. La figure 40 montre une de ces pyramides de
voûtes à l’extrados
A, et comment entrent dans ces feuillures les panneaux B de remplissage.
Les arcs tiercerons, compris entre les arcs ogives O, aboutissent
Ligne 2 128 ⟶ 2 129 :
ou la lierne qui réunit la clef E du formeret à la ligne DD’, est horizontale,
de telle sorte que les tiercerons compris entre les arcs ogives O et
ces formerets sont taillés sur des courbes différentes
tiercerons compris entre les arcs ogives, d’après la méthode indiquée
précédemment. Ainsi, dans cette voûte de la chapelle de Windsor,
plusieurs systèmes sont mis en pratique
de pyramides curvilignes, avec arcs pris sur des courbes différentes
(sauf pour les sommiers)
épais, comme des dalles clavées, enchevêtrées, complétant la voûte par
un berceau, dans sa partie supérieure. Plus tard encore les arcs sont
Ligne 2 155 ⟶ 2 156 :
quand on le suit avec méthode, il peut sortir des déductions très-variées.
Il est certain que du principe générateur de la voûte gothique on peut
tirer d’autres conséquences encore
avoir aucune bonne raison pour repousser ce principe excellent en lui-même,
et laissant à l’architecte la plus grande liberté quant aux applications
Ligne 2 163 ⟶ 2 164 :
Revenons à la voûte française. Nous l’avons laissée au moment où,
étant arrivée à son développement, elle permet de couvrir à l’aide des
arcs ou cintres permanents, portant des voûtains de
toutes les surfaces possibles. Ayant atteint au milieu du XIII<sup>e</sup> siècle un
degré de perfection absolu, conformément au mode admis dès le milieu
du XII<sup>e</sup> siècle, le système français ne se modifie plus
de l’arc-doubleau, des arcs ogives et formerets avec ou sans tiercerons
et liernes. Ce n’est guère que dans les provinces les plus septentrionales,
Ligne 2 174 ⟶ 2 175 :
aux arcs ogives et aux arcs-doubleaux jusqu’à la fin du XV<sup>e</sup> siècle. À ce
point de vue, comme procédé de structure, la voûte française ne se
modifie pas. Les perfectionnements ou innovations
innovation la conséquence logique d’un système admis tout d’abord
portent que sur les naissances de ces voûtes. Nous avons vu qu’en
Angleterre, au moyen des courbes composées, on avait évité les difficultés
Ligne 2 192 ⟶ 2 193 :
très-obtus, ou que les naissances de ces arcs fussent placées à des
niveaux différents<span id="note27"></span>[[#footnote27|<sup>27</sup>]]. C'est ce dernier parti qui prévalut, car les constructeurs
cherchaient à donner aux arcs en tiers-point d'un même édifice,
moins pour les arcs-doubleaux, formerets et archivoltes,
angles de brisure à la clef qui ne fussent pas trop inégaux. Les naissances
de ces divers arcs furent donc une de leurs plus grandes préoccupations.
Ligne 2 206 ⟶ 2 207 :
figure 41 donne la section horizontale de ce pilier sous les voûtes du
collatéral. L'archivolte de la partie parallèle à l'axe du chœur occupe
toute la largeur
près. La colonnette C monte jusqu'à la haute voûte, pour porter
un seul arc (voyez [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 2, Cathédrale|Cathédrale]], fig. 48), puisque nous sommes dans la
Ligne 2 225 ⟶ 2 226 :
tracé. En A, sont les grosses piles du sanctuaire; en B, les piles d'entrée
des chapelles. Les clefs C des arcs ogives sont posées au milieu de la
ligne
l'arc-doubleau d'entrée des chapelles au sommet de l'archivolte. Afin
de ne pas avoir en
projection horizontale, une courbure à l'arc ogive
s'établissent-ils plus également dans les deux triangles voisins
ayant pour bases l'arc-doubleau du collatéral et l'arc-doubleau d'entrée
Ligne 2 243 ⟶ 2 244 :
abbatiale de Saint-Ouen de Rouen prend un parti plus franc, plus
logique, bien qu’en apparence beaucoup plus compliqué (fig. 44). Les
archivoltes prennent tout l’espace
de la pile, moins le nerf C destiné à recevoir l’arc-doubleau et les arcs
ogives des voûtes hautes, et le profil de ces archivoltes n’est autre que
celui de la pile, ou, pour être plus exact, la section de la pile n’est autre
que la section de l’archivolte. L’arc-doubleau du collatéral n’est également
que le profil
arcs se pénètrent ainsi que l’indique le tracé perspectif. Il n’y a plus
de chapiteau, puisqu’il n’a plus de raison d’être, et les sommiers, à lits
Ligne 2 262 ⟶ 2 263 :
<div class=prose>
Ce sont là des conséquences rigoureuses du principe de la voûte
trouvée au XII<sup>e</sup> siècle
c’est-à-dire que les arcs remplissent toujours les fonctions de cintres
permanents recevant des voûtains de remplissage entre leurs branches,
Ligne 2 272 ⟶ 2 273 :
Dans l’article [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Construction|Construction]], il est dit comment, à l’aide de ce système
de voûtes, on peut couvrir toutes les surfaces, si peu régulières qu’elles
soient
biaises, rampantes, gauches, etc. Ce système français est donc essentiellement
pratique
et par conséquent il était plus raisonnable de chercher à le
perfectionner encore que de l’abandonner pour recourir au mode romain.
Ligne 2 280 ⟶ 2 281 :
chez nous sur les raisons qui militaient en faveur de notre système
de voûtes françaises, dont il était facile de tirer des conséquences de
plus en plus étendues. Philibert de l’Orme, dans son
été trouvées fort belles, et s’en voit de bien exécutées et mises en œuvre
en divers lieux du royaume, et signamment en ceste ville de Paris,
comme aussi en plusieurs autres. Aujourd’huy ceux qui ont quelque
cognoissance de la vraye Architecture, ne suivent plus ceste façon de
voulte, appellée entre les ouvriers
je ne veux despriser, ains plustot confesser qu’on y a faict et
pratiqué de fort bons traicts et difficiles. Mais pour autant que telle
Ligne 2 294 ⟶ 2 295 :
je descriray une voulte avec sa montée, telle que vous la pourrez voir
soubs la forme d’un quarré parfaict, autant large d’un costé que
d’autre, ou vous remarquerez la croisée d’ogives, etc.
que puissent prétendre les critiques plus ou moins officiels de notre
Académie des beaux-arts, au XVI<sup>e</sup> siècle encore, ces voûtes étaient considérées
comme
traditions, le langage des ouvriers est le plus certain). Or, comme l’architecture
du moyen âge dérive en très-grande partie du système de
Ligne 2 303 ⟶ 2 304 :
architecture française et reconnue comme telle du XII<sup>e</sup> au XV<sup>e</sup> siècle.
Mais le texte de Philibert de l’Orme est intéressant à plus d’un titre.
Notre auteur admet que ceux qui ont quelque «
«
exemple qu’il donne d’une voûte propre à couvrir un vaste vaisseau,
après ce préambule, est une voûte gothique en arcs d’ogive sur plan
carré, avec liernes et tiercerons. Quant aux exemples qu’il fournit «
la fin de son chapitre
par un plan quadrangulaire, voûtes qui ne peuvent être faites sur
de grandes dimensions, qui sont d’un appareil difficile, dispendieux,
qui sont très-lourdes, et poussent beaucoup plus que ne le font les voûtes
gothiques. Et en effet, jusqu’au commencement du XVII<sup>e</sup> siècle, les constructeurs
français, quelque «
vraye architecture
larges, avec arcs-doubleaux et arcs ogives
à Paris, en est la preuve, et elle n’est pas le seul exemple. La pratique
était en ceci plus forte que les théories sur «
n’ayant point trouvé mieux, on continuait à employer l’ancien mode,
jusqu’au moment
pour les grands vaisseaux, des berceaux de pierre avec pénétrations,
comme à Saint-Roch de Paris, comme à la chapelle de Versailles,
Ligne 2 325 ⟶ 2 326 :
Or, ce genre de voûtes est un pas en arrière, non un progrès. Les berceaux
ont une poussée continue et non répartie sur des points isolés
sont très-lourds, s’ils sont de pierre
pénétrations des baies dans leurs reins produisent des courbes très-désagréables,
que les Romains, avec juste raison, évitaient autant que
Ligne 2 335 ⟶ 2 336 :
âge, qui s’est développé depuis lui avec moins de bonhomie. En effet,
en marge du texte que nous venons de citer, il est dit en manière de
vedette
ainsi les voûtes gothiques) des voûtes,
Pourquoi, puisqu’il les approuve
et bien qu’il ne s’en aidât pas, il construisit, comme tous ses confrères,
des voûtes en arcs d’ogive, et il eut raison, car la plupart des
Ligne 2 344 ⟶ 2 345 :
Philibert de l’Orme prélude à la critique (si l’on peut donner ce nom
à un blâme irraisonné) de la structure du moyen âge. Depuis lui, cette
critique, quoique moins naïve, ne raisonne pas mieux
exclusive encore, et ne dirait pas, en parlant de la façon des voûtes du
moyen âge, «
Ce sont choses qu’on ne confesse plus au XIX<sup>e</sup> siècle, parce que les esprits
logiques de notre temps pourraient répondre
le mode a du bon, pourquoi ne vous en servez-vous pas
rien dire, ou battre l’eau, que de provoquer de pareilles questions.
La renaissance, quoi qu’en dise Philibert de l’Orme, ne change donc
pas de système de voûtes pour les grands vaisseaux, et pour cause
mais elle compliqua ce système. Elle multiplia les membres secondaires
plutôt comme un motif de décoration que pour obtenir plus de
Ligne 2 362 ⟶ 2 363 :
siècles. Les voûtes hautes de l’église Saint-Eustache de Paris ne furent
faites que pendant les dernières années du XVI<sup>e</sup> siècle, elles ne sont pas
très-solides
arcs sont bandés en pierres inégales de lit en lit, ce qui, comme nous le
disions plus haut, est une cause de déformations. Parmi ces voûtes
Ligne 2 373 ⟶ 2 374 :
Nous donnons (fig. 45) la projection horizontale de la moitié de ces
voûtes, au chevet de l’église. L’arc-doubleau et l’arc ogive composent,
comme dans la voûte du moyen âge, l’ossature principale de la structure
mais les tiercerons qui partent de la pile pour se joindre au milieu
des liernes n’existent plus ici, et sont remplacés par des intermédiaires
une poussée latérale sur les flancs des formerets, ce qui est absolument
contraire au principe de la structure des voûtes gothiques,
et, qui pis est, au bon sens. Cette poussée est encore augmentée par les
arcs
(rabattus en AA’B) s’étaient-ils inclinés en dehors sous la pression
de ces arcs qui viennent les pousser en
arrivé si, au lieu de ces arcs
mais on n’aurait pas eu ce compartiment en étoile, et le désir de produire
une apparence nouvelle l’emportait sur ce que commandait
Ligne 2 390 ⟶ 2 391 :
le raisonné, à une forme issue du caprice de l’artiste. Bien d’autres
entorses à la raison se rencontrent dans cette voûte. Ainsi, nous avons
rabattu l’arc-doubleau en AC, et l’arc ogive A
AD contre-butant la clef du chevet, en AG. La rencontre de ce grand
arc AD avec l’arc ogive donne la clef H
tracé, le niveau de cette clef H est donné et se trouve en
ce niveau en
clef I est donné
ogive AE est tracé. Il faut donc que l’arc KI atteigne ce niveau I
le rabattons en KI
l’arc de cercle K
donne, sur la courbe K
niveau de la clef O en
butante AD passe en G, en
évidemment trop de l’horizontale et bute mal l’arrivée des arcs ogives
et liernes du chevet
et relevée, par suite le grand arc-doubleau KL s’était déformé.
La clef
sur le rabattement de l’arc ogive en
étant donnée en projection horizontale, son niveau est donné en
le rabattement du formeret, donc la longueur
l’arc
Quant aux liernes
la clef B du formeret à la clef
lierne est rabattu de
par rapport au niveau de la clef
rabattus les arcs ogives
de l’arc-doubleau), les branches des liernes en
en
dans un plan vertical, quelle que soit leur position par rapport à la
courbure des arcs principaux (voyez en P).
Ligne 2 429 ⟶ 2 430 :
la verticale, les joues de ces arcs secondaires, posés dans un plan vertical,
se trouvent l’une au-dessus, l’autre au-dessous de l’extrados de
l’arc principal
Pour sauver cette difficulté, les architectes de la renaissance tracent
une clef pendante à ces points de rencontre (fig. 46)<span id="note31"></span>[[#footnote31|<sup>31</sup>]]
qui se compose d’un corps cylindrique dans lequel viennent pénétrer
les divers arcs<span id="note32"></span>[[#footnote32|<sup>32</sup>]]. Les arcs secondaires étant, comme les arcs principaux, posés dans un plan vertical, l’extrados de la fausse lierne A arrive
horizontalement contre le corps cylindrique, tandis que l’extrados de
l’arc ogive B le pénétrerait en
côté de son sommet
point
remplissage
de ces arcs principaux en arrivant près de ces clefs, ainsi que l’indique
le supplément
ces points d’arrivée des liernes, fausses liernes ou faux tiercerons. Il y
aurait, par exemple, un décrochement en
puisque l’extrados du faux tierceron
de la fausse lierne A. On voit quelles complications de coupes produisaient
ces fantaisies des architectes de la renaissance, beaucoup plus
Ligne 2 465 ⟶ 2 466 :
Les arcs-boutants, par exemple, à cette époque, ne sont plus disposés
conformément aux lois de la statique et de l’équilibre des forces (voy.
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 1, Arc-boutant|Arc-boutant]])
les lits d’assises ne correspondent plus aux membres de l’architecture
les claires-voies, les meneaux, adoptent des formes contraires à la nature
et à la résistance des matériaux mis en œuvre. Il est évident que
Ligne 2 475 ⟶ 2 476 :
avec ces formes empruntées ailleurs. Les maîtres du XV<sup>e</sup> siècle étaient
meilleurs constructeurs, meilleurs praticiens et traceurs que ceux du
XVI<sup>e</sup>
ceux du XIII<sup>e</sup> l’emportaient-ils encore sur ceux du XIV<sup>e</sup>. Cependant
les appareilleurs du XII<sup>e</sup> siècle étaient des génies, si nous les comparons
Ligne 2 493 ⟶ 2 494 :
ces arcs doivent atteindre à la clef un même niveau) les courbes différentes
dans une partie seulement de leur développement, sont tracées
par un procédé très-simple
et ne sont reliés que par des entretoises d’un seul morceau, qui n’ont
qu’un rôle secondaire et ne peuvent en rien influer sur la courbe principale
admise pour les arcs
panneaux, aussi faciles à tracer qu’à poser. Dans les voûtes françaises,
nous voyons que les constructeurs en viennent à multiplier les arcs
les croisent, de telle façon que la courbure de ces arcs doit être distincte
pour chacun d’eux
niveaux donnés par le tracé préalable sur plan horizontal
sont dépendants les uns des autres, et que, par conséquent, ces constructeurs
ne sont plus les maîtres, ainsi, de donner à ces courbes les
flèches nécessaires en raison de leur fonction, de leur résistance ou de
leur action de poussée et de butée
français du XVI<sup>e</sup> siècle abandonnent un système judicieux et parfaitement
entendu (celui du XIII<sup>e</sup> siècle), pour se lancer dans des combinaisons
indiquées seulement par la fantaisie. Le réseau de la voûte
anglaise de la fin du XV<sup>e</sup> siècle est solide, méthodique
d’une longue expérience fidèle au principe posé. Le réseau de
la voûte française au XVI<sup>e</sup> siècle n’est pas solide, parce que les arcs qui
Ligne 2 526 ⟶ 2 527 :
Le pédantisme s’introduit dans l’art, et le vrai savoir, le savoir pratique,
fait défaut. On veut oublier et l’on oublie les vieilles méthodes,
les principes établis sur une longue expérience
que l’on pouvait perfectionner sans se lancer dans des théories enfantines
et très-superficielles. Il n’est pas douteux, rien qu’à examiner les monuments
Ligne 2 534 ⟶ 2 535 :
ils se servaient de la science, ainsi que les vrais savants s’en servent,
comme d’un moyen, non pour en faire parade. Les architectes de la renaissance
prenaient déjà le moyen pour la fin
en pareil cas, on possède une classe de théoriciens spéculatifs
passablement pédants, et en arrière une masse compacte ignorant les
Ligne 2 557 ⟶ 2 558 :
qu’on en peut faire. C’est pourquoi aussi nous ne cessons pas et nous
ne cesserons pas de tenter de développer cette étude, de faire entrevoir
ses applications, bien convaincu de cette vérité affirmée par l’histoire
que les corps ne sont jamais plus exclusifs qu’aux jours où ils sentent
leur pouvoir ébranlé.
Ligne 2 572 ⟶ 2 573 :
<span id="footnote3">[[#note3|3]] : La voûte du Panthéon d'Agrippa a 43 mètres 36 centimètres de diamètre.
<span id="footnote4">[[#note4|4]] : Il faut dire que ces deux coupoles sont élevées sur pendentifs
lézardes qui se sont produites dans la coupole de Saint-Pierre de Rome n’indique pas
que ces désordres soient dus uniquement à des tassements. Il y a eu ruptures dans la
Ligne 2 578 ⟶ 2 579 :
déchirures causées par des tassements se sont au contraire produites (et cela devait être)
à la base même de la demi-sphère, ce qui motiva la pose d’un cercle de fer à cette
base
zone en contre-bas de la lanterne sont au contraire suivant les latitudes, et produisent
une pression à l’intrados qui fit détacher des parties d’enduits et de mosaïques.
Ligne 2 590 ⟶ 2 591 :
à recourir aux travaux de M. Choisy sur cette matière.
<span id="footnote6">[[#note6|6]] : Voyez la
M. le comte Melchior de Vogüé. Baudry, éditeur.
<span id="footnote7">[[#note7|7]] : Voyez
<span id="footnote8">[[#note8|8]] : Voyez la
<span id="footnote9">[[#note9|9]] : L'exemple du temple de Diane de Nîmes est une exception. Il ne faut pas perdre
Ligne 2 611 ⟶ 2 612 :
<span id="footnote14">[[#note14|14]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Construction|Construction]], fig. 4.
<span id="footnote15">[[#note15|15]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Construction|Construction]], fig. 62 et suivantes jusqu’à la figure 72
<span id="footnote16">[[#note16|16]] : Voyez les
<span id="footnote17">[[#note17|17]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Construction|Construction]], [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Ogive|Ogive]], [[Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 9, Travée|Travée]].
Ligne 2 635 ⟶ 2 636 :
<span id="footnote21">[[#note21|21]] : La construction de cette voûte paraît dater de la fin du XIII<sup>e</sup> siècle, peut-être de 1270.
Elle fut réparée en partie plus tard, assez maladroitement, après l’incendie de la première
flèche
car les points de départ sont anciens.
Ligne 2 641 ⟶ 2 642 :
Anglo-Normands de la voûte du XII<sup>e</sup> siècle.
<span id="footnote23">[[#note23|23]] : Ce travail, inséré dans le premier volume des
britanniques, a été traduit, en 1843, par M. Daly, dans la
(t. IV), Le traducteur, dans l'introduction qui précède le texte de M. Willis, ne fait
pas ressortir les différences profondes qui séparent la structure des voûtes anglaises de
Ligne 2 650 ⟶ 2 651 :
<span id="footnote24">[[#note24|24]] : Salle voisine de la cathédrale d’Ely, côté nord, XIV<sup>e</sup> siècle.
<span id="footnote25">[[#note25|25]] : 0n a donné à cette forme la qualification de voûte en éventail
développe dans un seul plan
de cette dénomination.
<span id="footnote26">[[#note26|26]] : Voyez le mémoire de M. le professeur Willis,
âge
et les planches à l'appui.
Ligne 2 664 ⟶ 2 665 :
obtenir une construction irréprochable comme conception et comme exécution.
<span id="footnote29">[[#note29|29]] :
<span id="footnote30">[[#note30|30]] : Les arcs-boutants qui contre-butaient ces voûtes étaient mal combinés, comme il
arrive à presque tous les arcs-boutants de cette époque
contre-forts avaient été sapés à diverses époques
Il y a vingt ans, ces voûtes menaçaient ruine, il fallut les refaire. M. Piéplu, architecte
du département de l’Yonne, s’acquitta de ce travail avec beaucoup d’adresse, il y a quelques
années
d’ogive. Nous donnons ici les voûtes anciennes, relevées avant la démolition.
Ligne 2 677 ⟶ 2 678 :
<span id="footnote32">[[#note32|32]] : 2 Voyez [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 3, Clef|Clef]].
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