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{{TitrePoeme|[[ Les Chants du crépuscule]]|Victor Hugo|À Louis B…}}
[[Catégorie:Victor Hugo]]▼
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/290]]==
<poem>
Ami, le voyageur que vous avez connu,
Et dont tant de douleurs ont mis le
Monta, comme le soir
Triste et seul, dans la tour lugubre et solitaire ;
Tour sainte où la pensée est mêlée au granit,
Où
Il gravit la spirale aux marches presque usées,
Dont le mur
Sans regarder les toits amoindris sous ses pieds ;
Puis entra sous la voûte aux arceaux étayés,
Où la cloche, attendant la prière prochaine,
Dormait, oiseau
Vaste et puissante cloche au battant monstrueux !
Un câble aux durs replis chargeait son cou noueux.
Y voyait
Les reflets sur ses bords se fondaient mollement.
Au fond tout était noir. De moment en moment
Sous cette voûte obscure où
On sentait remuer comme un lambeau sonore.
On entendait des bruits glisser sur les parois,
Comme si, se parlant
Dans cette ombre, où dormaient leurs légions ailées,
Les notes chuchotaient à demi réveillées.
Bruits douteux pour
Car même en sommeillant, sans souffle et sans clartés,
Toujours le volcan fume et la cloche soupire ;
Toujours de cet airain la prière transpire,
Et l'on n'endort pas plus la cloche aux sons pieux ▼
Que l'eau sur l'océan ou le vent dans les cieux !▼
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/291]]==
<poem>
La cloche, écho du ciel placé près de la terre !
Voix grondante qui parle à côté du tonnerre,
Faite pour la cité comme lui pour la mer
Vase plein de rumeur qui se vidé dans
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Hélas ! chaque passant avait laissé sa trace.
Partout des mots impurs creusés dans le métal
Rompaient
On distinguait encore, au sommet ciselée,
Une couronne à coups de couteau mutilée.
Chacun, sur cet airain par Dieu même animé,
Avait fait son sillon où rien
Ils avaient semé là, ceux-ci leur vie immonde,
Ceux-là leurs
Et tous
Tout était profané dans la cloche bénie.
La rouille
Sur le nom du Seigneur
Où le prêtre dit oui,
Lâche insulte ! affront vil ! vain outrage
Que fait tout ce qui passe à tout ce qui demeure !
Alors, tandis que
Et que sur les chemins gémissaient les essieux,
Que les champs exhalaient leurs senteurs embaumées,
Les hommes leurs rumeurs et les toits leurs fumées,
Il sentit, à
Comme un arbre inquiet qui sent confusément
Des ailes se poser sur ses feuilles froissées,
I
</poem>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/292]]==
<poem>
Seule en ta sombre tour aux faîtes dentelés,
O cloche suspendue au milieu des nuées,
Par ton vaste roulis si souvent remuées,
Tu dors en ce moment dans
Sous ta voûte profonde où sommeille le bruit !
Oh ! tandis
Silencieux aussi, contemple ton silence,
Sens-tu, par cet instinct vague et plein de douceur
Qui révèle toujours une
Une âme est près de toi, non moins que toi vibrante,
Qui bien souvent aussi jette un bruit solennel,
Et se plaint dans
II
Oh 1 dans mes premiers temps de jeunesse et
Lorsque ma conscience était joyeuse encore,
Sur son vierge métal mon âme avait aussi
Son auguste origine écrite comme ici,
Et sans doute à côté quelque inscription sainte,
Et,
Mais des passants aussi,
Qui vont toujours au
Qui, lorsque le hasard
Montent notre escalier et poussent notre porte,
Qui viennent bien souvent trouver
Et qui le font tinter pour
Les passions, hélas ! tourbe un jour accourue,
</poem>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/293]]==
<poem>
Pour visiter mon âme ont monté de la rue,
Et de quelque couteau se faisant un burin,
Sans respect pour le verbe " écrit sur son airain,
Toutes, mêlant ensemble injure, erreur, blasphême,
Où le nom du Seigneur, ce nom grand et sacré,
III
Mais
Les touche
Soudain, par toute voie et de tous les côtés,
De leur sein ébranlé, rempli
A travers leur surface, à travers leurs souillures,
Et la cendre et la rouille, amas injurieux,
Quelque chose de grand
Ce sera
Ta pensée, ô Seigneur ! ta parole, ô nature !
Oui, ce qui sortira, par sanglots, par éclairs,
Comme
Comme le jour à flots des urnes de
Ce
Du clocher toujours droit, du front toujours debout,
Ce sera
Tout ! les soupirs du
Le cri de ce qui monte et de ce qui
Le discours de chaque homme à chaque passion
La femme qui regrette et la vierge qui rêve ;
La vertu qui se fait de ce que le malheur
A de plus douloureux, hélas ! et de meilleur ;
L'autel enveloppé d'encens et de fidèles ; ▼
</poem>
Les mères retenant les enfants auprès d'elles ▼
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/294]]==
La nuit qui chaque soir fait taire l'univers ▼
<poem>
Et ne laisse ici-bas la parole qu'aux mers ; ▼
Les couchants flamboyants ; les aubes étoilées ; ▼
Les heures de soleil et de lune mêlées ; ▼
Et les monts et les flots proclamant à la fois
Ce grand nom
Et
Va de
Et ce cercle dont
Et
Que
IV
Oh 1
Le peuple dans la ville et
Et le sage attentif aux voix intérieures,
A qui
Court auprès de sa mère et lui montre les cieux ;
Sur tous ses maux cachés ;
Et le
Boivent au même vase un même enivrement ;
Et que la vierge, assise au rebord des fontaines,
Suspend sa rêverie à ses 79 rumeurs lointaines ;
Tous à la fois, la veuve en larmes, les marchands
Dont
Comme un champignon vil au pied
Et le croyant soumis, prosterné sous la tour,
Écoutent, effrayés et ravis tour à tour,
Comme
Comme on rêve au bruit sourd d'une mer écumante, ▼
</poem>
La grande âme d'airain qui là-haut se lamente !▼
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/295]]==
<poem>
V
Hymne de la nature et de
Hymne par tout écho sans cesse répété !
Grave, inouï, joyeux, désespéré, sublime !
Hymne qui des hauts lieux ruisselle dans
Et qui, des profondeurs du gouffre harmonieux,
Comme une onde en brouillard, remonte dans les cieux !
Cantique
Passer, chanter, pleurer par toutes les haleines,
Écumer dans le fleuve et frémir dans les bois,
A
Au bord du ravin sombre, au fond du ciel bleuâtre,
Hymne qui le matin
Et qui le soir
Verbe que dit la cloche aux cloches ébranlées,
Et que
Psaume immense et sans fin que ne traduiraient pas
Tous les mots fourmillants des langues
Et
Celui qui dit : je prie, et celui qui dit :
Et ce psaume éclatant, cet hymne aux chants vainqueurs
Qui tinte dans les airs moins haut que dans les
Pour sortir plus à flots de leurs gouffres sonores,
De
Toutes deux le diront
Pure comme le bruit des sources dans les bois,
Chaste comme un soupir de
Vierge comme le chant que chante chaque aurore.
Alors tout parlera dans les deux instruments
</poem>
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/296]]==
<poem>
D’amour et d’harmonie et d’extase écumants.
Alors, non-seulement ce qui sur leur surface
Reste du Verbe saint que chaque jour efface,
Mais tout ce que grava dans leur bronze souillé
Le passant imbécile avec son clou rouillé,
La couronne tronquée et devenue infâme,
Tout puisant vie et source en leurs vibrations,
Tout se transfigurant dans leurs commotions,
Mêlera, sans troubler
Un chant plaintif et tendre à leur voix magnifique !
Oui, le blasphême inscrit sur le divin métal
Dans ce concert sacré perdra son cri fatal ;
Chaque mot qui renie et chaque mot qui doute
Dans ce torrent
Et, pour faire éclater
Rien ne sera souillure et tout sera
VI
Oh !
Seigneur, pour vos regards dont le feu nous ranime
A
Qui, dès que votre esprit la touche, se délie,
Et sans même songer à son indigne affront,
Chante,
Voilà sur quelle pente, en ruisseaux divisée,
Grossie à chaque instant par des sanglots du
La nuit, que la tristesse aime comme une soeur, ▼
</poem>
Quand il redescendit, avait couvert le monde; ▼
==[[Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome II.djvu/297]]==
<poem>
Il partit ; et la vie incertaine et profonde
Emporta vers des jours plus mauvais ou meilleurs,
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Une âme en proie au sort, soumise et tout ensemble
Rebelle au dur battant qui la vient tourmenter,
De verre pour gémir,
</
Août 1834.
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▲[[Catégorie:Victor Hugo]]
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