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de perdition pourraient envoyer encore brûler à jamais en enfer !
de perdition pourraient envoyer encore brûler à jamais en enfer !


MONTFORT, ''pleurant comme la comtesse qu’il enlace de ses bras''. — console-toi, chère et sainte femme ! console-toi ! nous prierons pour ceux que ce forcené a damnés ; il a plu au Seigneur de me rappeler en ce jour à la vie… Je lui prouverai ma religieuse reconnaissance en employant à des ouvres pies une partie du butin que nous ferons à Lavaur ; oui, je fonderai des messes pour le repos de l’âme des hérétiques de cette ville, qui, grâce à la protection du ciel, va bientôt tomber au pouvoir de l’armée de la foi.
{{sc|Montfort}}, ''pleurant comme la comtesse qu’il enlace de ses bras''. — Console-toi, chère et sainte femme ! console-toi ! nous prierons pour ceux que ce forcené a damnés ; il a plu au Seigneur de me rappeler en ce jour à la vie… Je lui prouverai ma religieuse reconnaissance en employant à des œuvres pies une partie du butin que nous ferons à Lavaur ; oui, je fonderai des messes pour le repos de l’âme des hérétiques de cette ville, qui, grâce à la protection du ciel, va bientôt tomber au pouvoir de l’armée de la foi.


Cette ingénieuse idée de messe spécialement consacrées à la délivrance de l’âme de ces hérétiques, que Montfort se promettait d’exterminer ou de brûler bientôt, semble apaiser la douleur de la comtesse. Soudain un bruit lointain, tumultueux, dominé çà et là par le retentissement des clairons, s’entend dans la direction du camp. Montfort tressaille, se lève à demi sur sa couche, prête l’oreille et s’écrie : — Alix ! on sonne aux armes ! c’est une sortie des assiégés ! A moi, mes écuyers !… mon armure !… que l’on selle mon cheval ! — En disant ces derniers mots, le comte se dresse debout et à demi-nu sur son lit ; mais, affaibli par la fièvre et par la saignée, il est saisi de vertige, ses jambes se dérobent sous lui, il s’affaisse, et, en tombant, la bande enroulée autour de son bras se dénoue, la veine se rouvre, le sang jaillit de nouveau avec abondance. Karvel, courant à Montfort, étendu, presque inanimé sur sa couche, s’occupe d’arrêter l’effusion du sang, lorsqu’un écuyer, entrant précipitamment du dehors, s’écrie : — Monseigneur !… monseigneur !…
Cette ingénieuse idée de messe spécialement consacrées à la délivrance de l’âme de ces hérétiques, que Montfort se promettait d’exterminer ou de brûler bientôt, semble apaiser la douleur de la comtesse. Soudain un bruit lointain, tumultueux, dominé çà et là par le retentissement des clairons, s’entend dans la direction du camp. Montfort tressaille, se lève à demi sur sa couche, prête l’oreille et s’écrie : — Alix ! on sonne aux armes ! c’est une sortie des assiégés ! À moi, mes écuyers !… mon armure !… que l’on selle mon cheval ! — En disant ces derniers mots, le comte se dresse debout et à demi-nu sur son lit ; mais, affaibli par la fièvre et par la saignée, il est saisi de vertige, ses jambes se dérobent sous lui, il s’affaisse, et, en tombant, la bande enroulée autour de son bras se dénoue, la veine se rouvre, le sang jaillit de nouveau avec abondance. Karvel, courant à Montfort, étendu, presque inanimé sur sa couche, s’occupe d’arrêter l’effusion du sang, lorsqu’un écuyer, entrant précipitamment du dehors, s’écrie : — Monseigneur !… monseigneur !…


ALIX DE MONTMORENCY. — Quel est ce bruit de clairon ? Qu’y a-t-il ?
{{sc|Alix de Montmorency}}. — Quel est ce bruit de clairon ? Qu’y a-t-il ?


L’ÉCUYER. — Madame, les sires de Lascy et de Limoux se tenaient dans la chambre voisine, attendant les ordres du seigneur comte, lorsqu’un chevalier est accouru leur apprendre qu’une nombreuse troupe d’hérétiques avaient tenté de s’introduire, à la faveur de la
{{sc|L’écuyer}}. — Madame, les sires de Lascy et de Limoux se tenaient dans la chambre voisine, attendant les ordres du seigneur comte, lorsqu’un chevalier est accouru leur apprendre qu’une nombreuse troupe d’hérétiques avaient tenté de s’introduire, à la faveur de la