« La Case de l’oncle Tom/Ch XLIII » : différence entre les versions

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Quant aux formes extérieures du spectre, les rapports variaient beaucoup, grâce à une coutume fort répandue parmi les noirs — et aussi parmi les blancs — de fermer les yeux en pareille occasion, et de se cacher la tête sous des couvertures, des jupons, ou tout autre voile à proximité de la main. Or, qui ne sait que quand les yeux du corps donnent leur démission, les yeux de l'esprit n'en sont que plus éveillés et plus perçants. Il y avait donc bon nombre de portraits en pied du fantôme, tous attestés et garantis ressemblants, bien que, comme il arrive souvent des portraits, il n'y eut entre eux d'autre analogie que le costume classique des revenants, le grand ‘’drap blanc’’. Les pauvres esclaves, peu versés dans l'histoire ancienne, ne savaient pas que Shakespeare eût consacré ce détail pittoresque, en disant :
 
<div style="font-size: 90%">« Les morts enveloppés de draps parcouraient les rues de Rorne, poussant des gémissements et des cris inarticulés{{refl|1}}. »</div>
 
Cette rencontre est un fait curieux de pneumalogie, que nous signalons à l'étude des spiritualistes.
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Par une bizarre coïncidence, le matin qui suivit la nuit où le fantôme apparut pour la première fois à Legris, on trouva la porte de la maison ouverte, et quelques nègres aperçurent deux ombres blanchâtres, glissant le long de l'avenue qui conduisait au grand chemin.
 
Un peu avant le lever du soleil, Emmeline et Cassy firent une halte dans un bouquet d'arbres près de la ville. Cassy, vêtue de noir, portait le costume des créoles espagnoles. Un voile, jeté par-dessus son chapeau et surchargé de broderies, lui cachait le visage. Il avait été convenu qu'elle passerait pour une dame créole, et Emmeline pour sa femme de chambre.
 
Cassy, vêtue de noir, portait le costume des créoles espagnoles. Un voile, jeté par-dessus son chapeau et surchargé de broderies, lui cachait le visage. Il avait été convenu qu'elle passerait pour une dame créole, et Emmeline pour sa femme de chambre.

Élevée dès son enfance au milieu de gens distingués, Cassy se trouvait en parfait rapport de langage, de manières, d'aspect, avec le rôle qu'elle avait pris. Ce qui lui restait encore de joyaux et de riches vêtements lui permit de compléter son personnage.

Elle s'arrêta dans le faubourg de la ville, à un magasin où elle avait remarqué des malles à vendre. Elle en acheta une, et pria le marchand de la lui faire porter. Ainsi, escorté d’un domestique qui voiturait son bagage sur une brouette, d'Emmeline qui la suivait chargé de son sac de nuit et de divers paquets, elle fit son entrée dans la petite auberge en femme de qualité.
 
La première personne qu'elle y rencontra fut George Shelby ; il attendait le passage du bateau.
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— Oh ! mon Dieu ! » s'écria Cassy, et elle tomba sans connaissance sur le plancher.
 
George et madame de Thoux s'empressèrent autour d'elle ; quoiqu'ils ne comprissent rien à cet évanouissement, ils en étaient troublés, et tirent en conséquence toutes les gaucheries ordinaires en pareil cas. Dans son zèle George renversa un pot à l'eau et cassa deux verres. Les dames rassemblées au salon, apprenant que quelqu'un s'était évanoui, obstruèrent les portes, interceptèrent l'air autant que possible ; bref, tout ce qui n'aurait pas dû se faire se fit.