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de la femme qui les inspire, et ce n’est certes pas pour la mienne que ce pauvre Arthur est mort !
<section begin=s1/>de la femme qui les inspire, et ce n’est certes pas pour la mienne que ce pauvre Arthur est mort !<section end=s1/>
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Entre la petite rivière du Loing et la Seine, s’étend une vaste plaine bordée par la forêt de Fontainebleau, par les villes de Moret, de Nemours et de Montereau. Cet aride pays n’offre à la vue que de rares monticules ; parfois, au milieu des champs, quelques carrés de bois qui servent de retraite au gibier ; puis, partout, ces lignes sans fin, grises ou jaunâtres, particulières aux horizons de la Sologne, de la Beauce et du Berri. Au milieu de cette plaine, entre Moret et Montereau, le voyageur aperçoit un vieux château nommé Saint-Lange, dont les abords ne manquent ni de grandeur ni de majesté. C’est de magnifiques avenues d’ormes, des fossés, de longs murs d’enceinte, des jardins immenses, et les vastes constructions seigneuriales, qui pour être bâties voulaient les profits de la maltôte, ceux des fermes générales, les concussions autorisées, ou les grandes fortunes aristocratiques détruites aujourd’hui par le marteau du Code civil. Si l’artiste ou quelque rêveur vient à s’égarer par hasard dans les chemins à profondes ornières ou dans les terres fortes qui défendent l’abord de ce pays, il se demande par quel caprice ce poétique château fut jeté dans cette savane de blé, dans ce désert de craie, de marne et de sables où la gaieté meurt, où la tristesse naît infailliblement, où l’âme est incessamment fatiguée par une solitude sans voix, par un horizon monotone, beautés négatives, mais favorables aux souffrances qui ne veulent pas de consolations.

Une jeune femme, célèbre à Paris par sa grâce, par sa figure, par son esprit, et dont la position sociale, dont la fortune étaient en harmonie avec sa haute célébrité, vint, au grand étonnement du petit village, situé à un mille environ de Saint-Lange, s’y établir vers la fin de l’année 1820. Les fermiers et les paysans n’avaient point vu de maîtres au château depuis un temps immémorial. Quoique d’un produit considérable, la terre était abandonnée aux soins d’un régisseur et gardée par d’anciens serviteurs. Aussi le voyage<section end=s2/>