« La Colline inspirée/XVII » : différence entre les versions

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= CHAPITRE XVII L’ANNÉE NOIRE =
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Bien qu’il eût, toute sa vie, obstinément tourné son visage vers le ciel, le vieillard, maintenant presque octogénaire, était courbé, cassé comme ceux qui ont passé leurs jours à lier la vigne ou bien à arracher les pommes de terre. Il portait son éternel pardessus sur sa lévite noire ; un feutre à larges bords jetait de l’ombre sur ses yeux étincelants ; un gros cache-nez de laine entourait son cou ; une immense gibecière, retenue aux épaules par une large courroie en cuir jaune, lui battait sur les reins. Elle était gonflée des armes célestes, croix de grâce et théphilins dont il s’était largement pourvu, en prévision de la tragédie divine qui allait se dérouler…
 
On se le montrait Quelques-uns ricanaient, un petit nombre se scandalisaient, mais ce n’était pas un mouvement d’horreur qu’éprouvait à son endroit cette foule exaltée : chez la plupart, il touchait des parties obscures de l’âme ranimées par la tristesse qui s’exhale d’un malheur national et par le caractè
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recaractère de cette journée de supplication. Et les prêtres eux-mêmes, répandus par centaines dans cette foule, disaient : « Le voilà donc, ce fameux Léopold Baillard ! » d’un ton où il entrait plus de curiosité que d’animosité.
 
Quant à lui, l’ancien prêtre-roi de Sion, quel haut sentiment n’a-t-il pas de sa présence au milieu de cette procession « suppliante » et « expiatoire » sur le plateau de la Vierge ! Constamment il s’est tenu au premier rang, auprès de M. Buffet, président de l’Assemblée nationale, en face des sept évêques et du cardinal, et maintenant que l’heure du sermon est arrivée, il est debout au pied de l’estrade où l’orateur, au milieu du vent qui s’est remis à souffler en tempête, apparaît dominant la multitude qui se presse pour l’entendre.