« Histoire d’Agathon ou Tableau philosophique des moeurs de la Grèce - Tome 2 » : différence entre les versions

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=== CHAPITRE VI. Indocilité d’Agathon. ===
 
HIPPIAS, qui vendit de se donner tant de peine, se croyoit en droit de prétendre a la reconnoissance d’Agathon. Ses efforts pour le rendre sage lui sembloient mériter des remercimens. Mais, il faut l’avouer, il avoit affaire à <!--Page 103-->un homme qui n’émitn’étoit guère capable de voir l’importance de ce service, ou de sentir la beauté d’un systéme si opposé à ses sentimens imaginaires. Il fut donc bien trompé dans son attente, quand, après avoir cafécessé de parler, Agathon lui fit cette courte réponse. « Tu m’as fait un fort beau discours, Hippias. Tes observations sont très -fines, tes conséquences bien amenées. Tes maximes sont fondées sur l’expérience, & je ne doute pas que la route que tu m’as tracée ne mene effectivement à cette félicité. On ne peut mettre dans un jour plus clair, la préférencepréference qu’elle te paroit mériter sur ma manière d’être heureux. Malgré cela, je ne me sens pas la moindre en<!--Page 104-->vie de l’être de cette façon. Je me connais & je peux t’assurer que jamais je ne deviendrai Sophiste que tu ne congédies tes Danseuses, que ta maison ne devienne un Temple public de Diane, & que tu ne te réfugies dans l’Inde pour te faire Bramine.»
HIPPIAS, qui vendit de se donner tant de peine, se croyoit en droit de prétendre a la reconnoissance d’Agathon. Ses efforts pour le rendre sage lui sembloient mériter des remercimens. Mais, il faut l’avouer, il avoit affaire à
 
Hippias rit de cette réponse, sans qu’elle lui en plût davantage. « Qu’as-tu donc à dire contre mon système? »
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:« Qu’il ne me convient pas.»
un homme qui n’émit guère capable de voir l’importance de ce service, ou de sentir la beauté d’un systéme si opposé à ses sentimens imaginaires. Il fut donc bien trompé dans son attente, quand, après avoir café de parler, Agathon lui fit cette courte réponse. « Tu m’as fait un fort beau discours, Hippias. Tes observations sont très fines, tes conséquences bien amenées. Tes maximes sont fondées sur l’expérience, & je ne doute pas que la route que tu m’as tracée ne mene effectivement à cette félicité. On ne peut mettre dans un jour plus clair, la préférence qu’elle te paroit mériter sur ma manière d’être heureux. Malgré cela, je ne me sens pas la moindre en-
 
:« Et pourquoi? »
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:« Parce que mon expérience & mes sentimens sont en contradidion avec tes conséquences.»
vie de l’are de cette façon. Je me connais & je peux t’assurer que jamais je ne deviendrai Sophiste que tu ne congédies tes Danseuses, que ta maison ne devienne un Temple public de Diane, & que tu ne te réfugies dans l’Inde pour te faire Bramine.»
 
:« Je l’avoue. Je voudrois bien sçavoir qu’elle est cette expé<!--Page 105-->rience, ce séntimentsentiment qui s’opposent à ce que tout le monde aprouve.»
Hippias rit de cette réponse, sans qu’elle lui en plût davantage.
 
:« Qu’as-tu donc à dire contre mon système? »
:« A quoi cela serviroit-il ? Tu voudrois probablement me prouver que ce sont des chiméres ? »
:« Qu’il ne me convient pas.»
 
:« Et pourquoi? »
:« Et si je le prouvaisprouvois ?&hellip;»
:« Parce que mon expérience & mes sentimens sont en contradidion avec tes conséquences.
 
:« Je l’avoue. Je voudrois bien sçavoir qu’elle est cette expé<!--Page 105-->rience, ce séntiment qui s’opposent à ce que tout le monde aprouve.»
:« Ce ne serait qu’à toi-même que tu l’aurois prouvé, ou plutôt, tu ne prouverois rien autre chose sinon que tu n’es pas Callias.
:« A quoi cela serviroit-il ? Tu voudrois probablement me prouver que ce sont des chiméres ? »
:« Et si je le prouvais ?&hellip;»
:« Ce ne serait qu’à toi-même que tu l’aurois prouvé, ou plutôt, tu ne prouverois rien autre chose sinon que tu n’es pas Callias.
:« Mais la question seroit de sçavoir si c’est Callias ou moi qui pense juste.»
:« Et qui en seroit le juge? »