« Melænis » : différence entre les versions

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==__MATCH__:[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/11]]==
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/11]]==
 
CHANT PREMIER
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Le héros de ces vers, et je vous dirai comme
Il fut d’un sénateur le produit clandestin.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/12]]==
<poem>
 
« Tout beau ! dit le censeur, aux poses magistrales.
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Aux sons entrecoupés des flûtes de Sicile,
Et, sous la lampe d’or aux mobiles rayons,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/13]]==
<poem>
Luire le frein d’argent que mordent les lions ;
Mais garder sa pudeur est chose difficile,
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Le fleuve ne sait pas quelle source est sa mère,
L’aigle a perdu son nid quand il monte au soleil !
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/14]]==
<poem>
 
Paulus avait vingt ans ; noble et beau de figure,
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Toutes les qualités que marquent les auteurs :
L’oeil ferme, le poumon solide, la prestance
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/15]]==
<poem>
Du corps, et la vertu qu’il faut aux orateurs ;
De façon qu’il savait, selon la circonstance,
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Chaque jour, à ses pieds, écouter en silence,
Grave, le style en main, la tablette aux genoux.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/16]]==
<poem>
 
Quant au docte Paulus, son âme était remplie
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Comme son propre enfant avait nourri Paulus,
— Sans doute par pitié, car je n’en sais pas plus — ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/17]]==
<poem>
Elle avait entouré son enfance débile
De tendresse et d’amour, puis dans la grande ville
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Précisément le jour où je prends l’aventure,
Paulus allait la voir, et nous irons aussi.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/18]]==
<poem>
 
Lesbie, et vous, Néère, adorables sirènes,
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Sonnèrent en tombant avec un bruit d’airain,
Et la vieille apparut une torche à la main.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/19]]==
<poem>
Ses cheveux, çà et là, flottaient sur ses traits pâles,
Une tunique noire enveloppait son sein,
Ligne 156 ⟶ 181 :
Tel, sous ses blancs cheveux, le front de Staphyla
Resplendit tout à coup, quand Paulus lui parla ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/20]]==
<poem>
 
Et lui tendant la main : " Tu peux entrer, dit-elle,
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Sur le pavé sonore, on entendait le bruit
De leurs pas inégaux se perdre dans la nuit ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/21]]==
<poem>
La lampe, sous la voûte, en fumant se balance,
Des ailes battent l’air ; des yeux ronds, en silence,
Ligne 191 ⟶ 222 :
Le serpent se tortille ; on dirait qu’en ce lieu,
Paulus est un ami que l’on connaît un peu.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/22]]==
<poem>
 
La caverne s’ébat ; la sorcière est joyeuse.
Ligne 209 ⟶ 243 :
Comme fait une mère auprès de son enfant,
Elle lui rappelait les jours de Campanie,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/23]]==
<poem>
Les rires et les pleurs, à l’aube de la vie,
Tous ses rêves passés ; — mais le point important
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Les hommes et les dieux s’abriter sous ton aile,
O puissance inconnue, ardente Volupté !
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/24]]==
<poem>
 
Il allait, il allait ; dans leur cellule assises,
Ligne 244 ⟶ 284 :
La seule déité que l’on n’adore pas,
Tant de dieux opposés s’attachent à nos pas
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/25]]==
<poem>
Que l’esprit haletant retombe sur lui-même ;
Mercure avec Thémis a d’étranges débats,
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Pour le somme est meilleur que l’herbe de Virgile,
Et tous les beaux gazons où broute le troupeau.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/26]]==
<poem>
 
Il est plus triste encore de coucher dans la rue,
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« Comme le ventre rond d’un prêtre salien,
« Les chambres et les lits ; une ombre, par Hercule !
«
« Ne s’y logerait pas ; bonsoir ! " Le vestibule
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/27]]==
<poem>
Ne s’y logerait pas ; bonsoir ! " Le vestibule
S’éclaira cependant, et Paulus pensa bien
Que le son des écus lèverait tout scrupule.
Ligne 296 ⟶ 346 :
La cause fut gagnée, et, sans plus de murmure :
« Les gens se presseront, dit l’hôte, entrez, seigneur ! »
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/28]]==
<poem>
 
Paulus suivit son guide au fond d’un réduit sombre,
Ligne 314 ⟶ 367 :
Comme la fleur éclose aux fentes des vieux murs,
Une femme était là qui, jeune et radieuse,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/29]]==
<poem>
Se détachait en blanc sur les groupes obscurs.
D’un sistre recourbé sa main capricieuse,
Ligne 331 ⟶ 387 :
Et, sur sa gorge nue, un collier de métal
Sonnait comme la grêle en une nuit d’orage.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/30]]==
<poem>
 
Retenant son haleine, et la couvant des yeux,
Ligne 349 ⟶ 408 :
Paulus était parfait ; sa chevelure noire
Ondulait sur son front, son regard plein de feu
Etincelait parfois comme celui d’un dieu ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/31]]==
<poem>
parfois comme celui d’un dieu ;
Il avait un sourire aux belles dents d’ivoire :
Ni grand, ni trop petit, il tenait le milieu.
Ligne 366 ⟶ 429 :
Paulus, en souriant, prit ses mains dans la sienne :
« Je sais tuer aussi, dit-il, je suis rhéteur ! »
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/32]]==
<poem>
 
Mot profond, en effet ! j’ignore si la belle
Ligne 384 ⟶ 450 :
« D’un amour inconnu qui ne s’éteindra pas !
« Parle ! Veux-tu quelqu’un qui s’attache à tes pas,
« Qui,
« Qui, le jour, qui, la nuit, t’étreigne en sa pensée ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/33]]==
<poem>
le jour, qui, la nuit, t’étreigne en sa pensée ;
« Une esclave fidèle, une femme insensée
« Qui donnera son sang pour dormir dans tes bras ? »
Ligne 400 ⟶ 470 :
Melaenis demeurait à la troisième échelle.
— Paulus avait vingt ans, Melaenis était belle.
Magnanimes lecteurs, n’en prenez de souci !</
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/34]]==
<poem>
poem>
 
 
CHANT DEUXIÈME
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/35]]==
<poem>
DEUXIÈME
 
<poem>
Ligne 412 ⟶ 490 :
Et sur son front superbe, ainsi qu’une couronne,
Tremblent les astres d’or et glissent les éclairs.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/36]]==
<poem>
 
Ce chêne monstrueux, Titan aux larges hanches,
Ligne 430 ⟶ 511 :
Le caprice des camps forge les empereurs ;
Mais, outre l’art divin qu’il reçut en partage,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/37]]==
<poem>
Il faut au cuisinier les pénibles labeurs,
La science profonde, et que, dès son jeune âge,
Ligne 447 ⟶ 531 :
Et quand la mûre est bonne, et pourquoi l’homme sage
Dans les prés seulement, cueille les champignons.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/38]]==
<poem>
 
Aussi bien qu’Hippocrate, il discute et critique
Ligne 465 ⟶ 552 :
Mais en ce siècle où l’or achète les serments,
Quand dans un coffre-fort toute gloire est éclose
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/39]]==
<poem>
Et qu’en foule s’en vont les nobles sentiments,
Le cuisinier parfait sait, avant toute chose,
Ligne 482 ⟶ 572 :
Un mulet trop brûlé fait osciller l’empire ;
Plus ou moins de gingembre importe aux nations !
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/40]]==
<poem>
 
Et tandis que le front du candidat ruisselle,
Ligne 500 ⟶ 593 :
Que Bacca, cuisinier de Marcius l’édile ;
Et ma lyre apprendrait à nos petits-neveux
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/41]]==
<poem>
Son pays, sa cité, le nom de ses aïeux,
Si l’oubli, ce linceul de toute gloire utile,
Ligne 517 ⟶ 613 :
Et, depuis l’âge d’or, on n’avait pas vu d’homme
Qui digérât si bien, Lucullus excepté.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/42]]==
<poem>
 
Si l’on ne mange pas, que faire dans la vie ?
Ligne 535 ⟶ 634 :
Comme pour Cléopâtre, esclaves gracieux,
Mes songes m’ont tendu ce breuvage des dieux
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/43]]==
<poem>
Qui, sous ses flots mordants, roulait des perles fines.
Oh ! Les larges repas, oh ! Les fêtes divines,
Ligne 552 ⟶ 654 :
Notre homme aurait jeté sa bague dans le fleuve,
Qu’au ventre des poissons il en eût trouvé deux.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/44]]==
<poem>
 
Comme il vide avec art la coupe ciselée !
Ligne 570 ⟶ 675 :
Etalent aux regards, sous le pampre joyeux,
Des satyres velus, des nymphes fugitives,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/45]]==
<poem>
Et Paphos, et l’Olympe, et la table des dieux ;
Hébé penche l’amphore aux lèvres des convives,
Ligne 587 ⟶ 695 :
Ses lobes parfumés, et, d’étage en étage,
Montaient l’amande verte et le raisin jauni.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/46]]==
<poem>
 
Au front des conviés le vin jetait sa flamme :
Ligne 604 ⟶ 715 :
Oh ! Moi, tout ce que je veux,
C’est une maîtresse aimée,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/47]]==
<poem>
C’est ma barbe parfumée
Et des fleurs dans mes cheveux !
Ligne 621 ⟶ 735 :
Ne dise : " La coupe est vide,
" Ami, tu ne boiras plus !… »
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/48]]==
<poem>
 
Puis, glissant à travers les rumeurs incertaines,
Ligne 639 ⟶ 756 :
Sans régler le trajet, j’ai mis ma barque à flot.
Paulus arrive là, pour le bien de la chose,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/49]]==
<poem>
Mais le bon goût voulait qu’on le nommât plus tôt ;
Les savants en riront ; quant à moi, je suppose
Ligne 657 ⟶ 777 :
Qui de l’urbanité suivait toutes les lois ;
 
Il
Il savait des talents faire la différence,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/50]]==
<poem>
savait des talents faire la différence,
Interrogeant son monde avec discernement,
Le rhéteur sur les mots, l’histrion sur la danse,
Ligne 674 ⟶ 798 :
« De la chaîne éternelle invisibles anneaux :
« Ils vont de l’homme aux dieux, fendant les vagues pures
«
« De l’éther, messagers des biens comme des maux ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/51]]==
<poem>
De l’éther, messagers des biens comme des maux ;
« Ils dirigent la foudre, inspirent les augures,
« Et tracent dans le ciel la route des oiseaux.
Ligne 691 ⟶ 819 :
Mon lecteur de bâiller quand il vient de me lire ;
Mais on n’empêche pas un rhéteur de parler.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/52]]==
<poem>
 
Il se leva tout droit, dans une pose antique,
Ligne 709 ⟶ 840 :
Il serra ses deux poings en murmurant tout bas ;
Mais Paulus était loin, Paulus n’entendit pas ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/53]]==
<poem>
Comme un torrent des monts qui brise sa barrière,
Comme la lave chaude au sortir du cratère,
Ligne 727 ⟶ 861 :
« La rouille au fer, le doute à nos opinions… »
 
« — Et Platon ?" dit le Grec. "— M’y voici. — Point d’ambages !
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/54]]==
<poem>
M’y voici. — Point d’ambages !
« — Je cherchais, dit Paulus, une transition.
« Et d’abord, je ferai cette concession
Ligne 744 ⟶ 882 :
« De degrés en degrés arrive jusqu’en haut ;
« Mais il reste lui-même, et quel que soit son lot,
«
« Conserve du passé la trace indélébile… »
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/55]]==
<poem>
Conserve du passé la trace indélébile… »
« — Vous étiez, dit le grec, un âne ! — Et vous un sot !
« Par Pollux ! — Par Hercule ! — Arrêtez, fit l’édile.
Ligne 761 ⟶ 903 :
« Et j’estime, à propos des lois de la nature,
« Que toute la sagesse est de les violer !
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/56]]==
<poem>
 
« La vie est comme un marbre à l’écorce rugueuse,
Ligne 779 ⟶ 924 :
« Avait l’intention de me former géant ;
« Elle faisait son coup et j’allais m’allongeant.
«
« C’est l’art qui m’a sauvé d’une telle envergure,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/57]]==
<poem>
C’est l’art qui m’a sauvé d’une telle envergure,
« Et si je suis mignon d’esprit et de tournure,
« C’est qu’en un moule étroit on me mit tout enfant.
Ligne 796 ⟶ 945 :
Et les doctes soupeurs à la face animée,
La patère à la main, buvaient comme des dieux.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/58]]==
<poem>
 
Or, tandis qu’alentour chacun faisait merveille,
Ligne 814 ⟶ 966 :
Et du triclinium se retira sans bruit.
Le clepshydre de verre, où le temps se mesure,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/59]]==
<poem>
Dans l’ombre, goutte à goutte, avait versé minuit,
De façon que Paulus, par l’avenue obscure,
Ligne 832 ⟶ 987 :
Puisqu’on est bien ici, pourquoi chercher ailleurs ?
 
— L’amour, me direz-vous, est chose délectable ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/60]]==
<poem>
L’amour, me direz-vous, est chose délectable ;
Mais un repas d’édile a bien son beau côté ;
Epicure, le soir, trouve l’amour blâmable
Ligne 849 ⟶ 1 008 :
Je jure par les dieux que je cède à regret ;
Paulus, dans les jardins, marche d’un pied discret ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/61]]==
<poem>
La brise, autour de lui, souffle sa tiède haleine,
Tandis qu’au bord des cieux la lune se promène
Ligne 866 ⟶ 1 028 :
C’est l’heure où, succombant à de molles étreintes,
Diane, aux buissons verts, suspend son carquois d’or ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/62]]==
<poem>
 
C’est l’heure des baisers, sous le feuillage humide ;
Ligne 884 ⟶ 1 049 :
Reprit la douce voix aux sons harmonieux,
« Tant de trouble sied-il aux habitants des cieux ?
«
« Je ne suis qu’une femme et j’en ai la faiblesse !
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/63]]==
<poem>
Je ne suis qu’une femme et j’en ai la faiblesse !
« Un mot me fait pâlir, un seul regard me blesse,
« Ami, tu le sais bien, quand il part de tes yeux ! »
Ligne 901 ⟶ 1 070 :
Et la bottine rouge, à pointe retroussée,
D’un croissant d’émeraude ornait son pied charmant.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/64]]==
<poem>
 
Phébé, du fond des cieux, donnait en plein sur elle.
Ligne 919 ⟶ 1 091 :
« Marcia ! Marcia ! Garde ces riches voiles
« Que prendrait Arachné pour une de ses toiles !
«
« Le luxe à ta beauté ne saurait faire tort ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/65]]==
<poem>
Le luxe à ta beauté ne saurait faire tort ;
« Uranus, à ton front, suspendrait ses étoiles,
« Que tes yeux en éclat les passeraient encor !»
Ligne 936 ⟶ 1 112 :
« Puis je te voulais seul, à l’ombre, face à face,
« Cachant dans mon amour ta popularité !
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/66]]==
<poem>
 
« Car il me faut, vois-tu, pour que mon cœur chancelle,
Ligne 954 ⟶ 1 133 :
Leurs regards dans la nuit se cherchent, leurs cheveux
Se mêlent dans le vent, — ainsi qu’au bord des cieux
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/67]]==
<poem>
Deux arbres l’un vers l’autre inclinant leur feuillée,
Ou comme deux oiseaux, voyageurs amoureux,
Ligne 971 ⟶ 1 153 :
« chez moi… dans ma maison… la fille d’un édile !…
« Un histrion pour elle !… O sang de mes aïeux ! »
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/68]]==
<poem>
 
Le vieux patricien frappait du pied la terre ;
Ligne 989 ⟶ 1 174 :
Et Marcius, tournant comme un loup dans sa cage,
Allait de l’un à l’autre. " Oh ! Le crime est flagrant !
«
« On boit mon vin de Crète, et, pour dessert, on prend
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/69]]==
<poem>
On boit mon vin de Crète, et, pour dessert, on prend
« Ma fille ! Et l’on se rit du bonhomme, je gage,
« Qui chante fleurs en tête, et soupe en conquérant !…
Ligne 1 006 ⟶ 1 195 :
Sont à Vénus — Qu’un dieu le sauve ! Car l’édile
Cherche, pour l’arrêter, les moyens les plus sûrs :
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/70]]==
<poem>
 
« Au mur ! Courez au mur ! Il n’est pas loin encore,
Ligne 1 024 ⟶ 1 216 :
« — Finirez-vous ? " hurla l’édile frémissant.
— Il eut beau s’emporter, Paulus était absent.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/71]]==
<poem>
Sa colère dès lors ne connut plus d’entrave,
Il saisit un épieu, sur le sable gisant :
Ligne 1 041 ⟶ 1 236 :
Je reconnais pourtant, véridique poète,
Qu’il en blessa beaucoup, mais n’en tua que deux !
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/72]]==
<poem>
 
Comment on l’entraîna, ce n’est point notre affaire.
Ligne 1 059 ⟶ 1 257 :
Sans plus se soucier du Fatum inconstant ;
Il sortit du jardin. Nous en ferons autant ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/73]]==
<poem>
Ma Muse, abeille folle, à tout buisson s’arrête ;
Mais du sort de Paulus le lecteur s’inquiète,
Ligne 1 076 ⟶ 1 277 :
Car le bon Marcius, comme un honnête édile,
Avait, pour le temps chaud, sa villa de Tibur.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/74]]==
<poem>
 
Or, le groupe inconnu qui s’agitait dans l’ombre
Ligne 1 094 ⟶ 1 298 :
Jura d’être discret et s’éloigna soudain ;
Gaiement les pièces d’or lui sonnaient dans la main.
Melaenis à l’écart se tenait en silence ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/75]]==
<poem>
l’écart se tenait en silence ;
Chacun, sans qu’on la nomme, eût reconnu, je pense,
Celle qu’un soir Paulus trouva sur son chemin ;
Ligne 1 111 ⟶ 1 319 :
« Te verront dans la nuit, ô Paulus ; et ma haine
« Etreindra ta jeunesse, en ses réseaux brûlants.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/76]]==
<poem>
 
« Comme la tombe aux morts je te serai fidèle !
Ligne 1 129 ⟶ 1 340 :
« Te vint de me laisser, ton désir assouvi,
« Comme on jette aux bouffons une coupe vidée,
« Comme
« Comme on brise un hochet après qu’il a servi.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/77]]==
<poem>
on brise un hochet après qu’il a servi.
« La chose, par Hercule ! était bien décidée !
« Et peut-être, en effet, que la matrone a ri !…
Ligne 1 146 ⟶ 1 361 :
« O nuit au front d’ébène ! Et vous, blanches compagnes,
« Etoiles qui roulez par d’éternelles lois !
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/78]]==
<poem>
 
« Flots du lac Stygien, puissances solitaires,
Ligne 1 155 ⟶ 1 373 :
 
 
CHANT TROISIÈME
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/79]]==
TROISIÈME
<poem>
J’ai bâti quelquefois ce projet fantastique
Ligne 1 163 ⟶ 1 383 :
Debout sur le sommet du Janicule antique,
La campagne derrière, et le Tibre devant.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/80]]==
<poem>
 
Je disais : "A demain ! " Mais on a ses paresses,
Ligne 1 181 ⟶ 1 404 :
Les aqueducs lointains dessinent leurs arceaux
Les palais blancs, assis par groupes inégaux,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/81]]==
<poem>
Se détachent en foule aux crêtes des collines ;
Et le Tibre, au soleil, roulant ses blondes eaux,
Ligne 1 198 ⟶ 1 424 :
Et parfois des cités fuyant l’haleine impure,
Vous dormiez sur la mousse, à côté des pasteurs.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/82]]==
<poem>
 
C’est là ce qui vous fait ces notes inquiètes
Ligne 1 216 ⟶ 1 445 :
Jusqu’au mont Viminal il gravit d’une haleine.
Parfois il lui semblait entendre à ses côtés
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/83]]==
<poem>
Des murmures lointains, des pas précipités ;
De mille visions sa tête toute pleine
Ligne 1 233 ⟶ 1 465 :
« Que la corde, dit-il, pour accrocher ma vie ! »
Et son corps s’affaissa sur ses membres perclus.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/84]]==
<poem>
 
Déjà, comme des yeux entr’ouvrant ses tavernes,
Ligne 1 251 ⟶ 1 486 :
Il descendit le mont. Près du temple de Flore,
Une vieille, accroupie à côté d’une amphore,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/85]]==
<poem>
Dans un poêlon cassé faisait frire des pois ;
Paulus l’effraya tant par son souffle sonore,
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Il ne put recouvrer la pensée et la vue
Que sur le Pincius, la colline aux jardins.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/86]]==
<poem>
 
L’heure était favorable et le lieu solitaire ;
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Qu’il a les bras très longs ; qu’avec des hyperboles
On ne se tirait point d’un semblable danger ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/87]]==
<poem>
Que, s’il ne tenait pas à jouer de sots rôles,
Il était temps de fuir la ville et les écoles ;
Ligne 1 303 ⟶ 1 547 :
« Il en tient ! — Il en a ! — Ferme sur les sandales !
— Gaulois, pourquoi me fuir ? J’en veux à ton poisson ! »
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/88]]==
<poem>
 
Le rhéteur aussitôt se souleva de terre
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Laissait voir ses genoux détachés avec art ;
Un petit casque noir, au chiffre de César,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/89]]==
<poem>
Descendait sur son front d’une façon comique ;
Il avait à l’oreille un anneau magnifique ;
Ligne 1 338 ⟶ 1 588 :
« — C’est un tort, compagnon, et quand on est de Rome,
« On sait juger des coups. Tu ne me connais pas ?
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/90]]==
<poem>
 
« On m’appelle Mirax." — Et moi, Paulus." — Je gage
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« Qu’elle parte d’un bond, comme un aigle puissant.
« Jeune homme, dit Mirax superbe et frémissant,
«
« Il faut jusqu’à la fin respecter sa nature ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/91]]==
<poem>
Il faut jusqu’à la fin respecter sa nature ;
« Celui-là sait mourir qui, pour sa sépulture,
« Se fait un beau linceul de pourpre avec son sang ! »
Ligne 1 373 ⟶ 1 630 :
« Et puis plus fièrement j’agitai ces entraves
« Qu’on ne changerait pas pour un sceptre de roi !
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/92]]==
<poem>
 
« Connais-tu cette vie effrayante et sublime,
Ligne 1 391 ⟶ 1 651 :
Parcourait du regard le rhéteur ébloui.
Paulus sentait sa vie à ce souffle ébranlée,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/93]]==
<poem>
Des horizons nouveaux s’entr’ouvraient devant lui ;
Alors, pour soulager son âme désolée,
Ligne 1 408 ⟶ 1 671 :
« On n’ira pas chercher le rhéteur, sois tranquille,
« Sous le casque de fer et le double cuissard ! »
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/94]]==
<poem>
 
Paulus suivit Mirax, prenant un moyen terme
Ligne 1 426 ⟶ 1 692 :
Et creusa le poteau sous ses coups assidus ;
Dans la botte de bronze il meurtrit ses pieds nus,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/95]]==
<poem>
La mentonnière d’or étreignit son visage.
Au bout de quelques mois il avait l’avantage
Ligne 1 443 ⟶ 1 712 :
Pour vous peindre en trois mots son régime ordinaire :
Il buvait et mangeait comme un gladiateur.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/96]]==
<poem>
 
Mirax avait raison : Paulus vécut sans crainte,
Ligne 1 461 ⟶ 1 733 :
Mirax, son vieil ami, plus grave et sérieux ;
Souvent, après la lutte, on les voyait tous deux
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/97]]==
<poem>
Appuyés sur l’épée ou le trident sonore,
Jeter des mots profonds que le vulgaire ignore,
Ligne 1 478 ⟶ 1 753 :
Mais tu ne venais pas à sa voix qui t’appelle ;
N’ayant plus rien au monde, il attendait la mort.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/98]]==
<poem>
 
Le hasard le servit ; l’école était placée
Ligne 1 496 ⟶ 1 774 :
Quand Paulus aperçut le bouffon de l’édile.
Il écarta la foule, et, debout près du nain :
«
« Je le connais, " dit-il, en étendant la main.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/99]]==
<poem>
Je le connais, " dit-il, en étendant la main.
A ce commandement le peuple fut docile,
Car le soleil frappait sur son casque d’airain.
Ligne 1 513 ⟶ 1 795 :
« Je te conterai tout… mais il faut qu’on l’ignore,
« Parlons bas !…Ta maîtresse… — Elle vous aime tant !
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/100]]==
<poem>
 
« Vingt fois, sans vous trouver, j’ai couru par la ville ;
Ligne 1 531 ⟶ 1 816 :
Les temples où les dieux regardent les humains ?
Les grands tombeaux semés sur le bord des chemins ?
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/101]]==
<poem>
Les aqueducs, portant un fleuve sur l’épaule ?
L’obélisque étranger ? Les ponts ? Le capitole ?
Ligne 1 548 ⟶ 1 836 :
Pour mériter son nom, que la vertu sur terre
Sente toujours le bouc et ne se peigne pas.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/102]]==
<poem>
 
Si les bains sont fermés, où trouver le poète,
Ligne 1 566 ⟶ 1 857 :
Devant lui s’allongeaient les vastes corridors ;
Les exèdres couverts de dômes magnifiques
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/103]]==
<poem>
S’emplissaient vaguement des clameurs du dehors,
Tandis que sur des bancs l’école des stoïques
Ligne 1 583 ⟶ 1 877 :
Et le col allongé, par la longue avenue
Quatre esclaves portaient la litière aux pieds d’or !
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/104]]==
<poem>
 
Des valets escortant leur jeune souveraine
Ligne 1 601 ⟶ 1 898 :
Un de ces longs regards où l’âme tout entière
S’échappe… Seul, perdu parmi les assistants,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/105]]==
<poem>
Au-dessus de la foule il la revit longtemps,
Et son front retomba plus glacé qu’une pierre
Ligne 1 618 ⟶ 1 918 :
Qu’à l’empereur Auguste un bain froid fut utile
Et que dans un bain froid Marcellus trépassa.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/106]]==
<poem>
 
Paulus se décida pour la chambre aux étuves,
Ligne 1 636 ⟶ 1 939 :
Dans la salle aux parfums on lustra ses cheveux,
Les vases ciselés, les trépieds pleins de feux,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/107]]==
<poem>
Les drogues, les onguents, s’étalaient avec gloire
Sur une grande table en marbre précieux
Ligne 1 653 ⟶ 1 959 :
Sous le bois odorant qui couvre ta momie,
Ton cœur n’est pas plus froid qu’au temps de ta beauté !
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/108]]==
<poem>
 
Assise au bord du Nil, ô courtisane blonde,
Ligne 1 671 ⟶ 1 980 :
Il entra plein de doute et sortit plein d’espoir.
Des enfants, sous le xyste, exercés par devoir,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/109]]==
<poem>
Roulaient le cercle en cuivre ou fouettaient la toupie,
Tandis qu’un grand vieillard, couvert d’un manteau noir,
Ligne 1 688 ⟶ 2 000 :
Notre gladiateur oublia sa prudence :
« Salut, maître, " dit-il en élevant la voix.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/110]]==
<poem>
 
Le bon Polydamas, qui ne l’attendait guère,
Ligne 1 706 ⟶ 2 021 :
« Eheu ! dit le vieillard, les orateurs s’en vont !
« De ses vieux fondements le monde se déplace,
«
« Le corps se prostitue et l’esprit se corrompt ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/111]]==
<poem>
Le corps se prostitue et l’esprit se corrompt ;
« On bâtira le cirque au sommet du Parnasse ;
« Quand nous n’y serons plus, les baladins viendront !
Ligne 1 723 ⟶ 2 042 :
« — Maître, dit l’écolier, je ne sais pas au monde
« Syllogisme plus fort qu’un glaive bien pointu ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/112]]==
<poem>
 
« L’escrime est, après tout, la sœur de l’éloquence ;
Ligne 1 741 ⟶ 2 063 :
Et leva lentement son bras droit vers les cieux ;
Longtemps il demeura calme et silencieux
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/113]]==
<poem>
Sur les débris de l’art, comme l’homme d’Horace ;
Puis drapant sa tunique, il sortit de la place,
Ligne 1 758 ⟶ 2 083 :
Dont les titres divins étaient assez nombreux
Pour désigner les mois pendant l’année entière !
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/114]]==
<poem>
 
Il fit par le sénat décréter l’âge d’or,
Ligne 1 776 ⟶ 2 104 :
Inonda les gradins et les couloirs obscurs,
S’élevant par degrés le long des vastes murs,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/115]]==
<poem>
Ainsi qu’un vin fumeux dans la coupe écumante.
Le soleil, çà et là, sous la toile ondoyante,
Ligne 1 793 ⟶ 2 124 :
Il saluait la foule avec des airs splendides
Et s’épanouissait de satisfaction.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/116]]==
<poem>
 
Les chevaliers couverts de tuniques pareilles,
Ligne 1 811 ⟶ 2 145 :
Au centre de la danse éclatait le soleil ;
Les astres inconnus ceints d’un bandeau vermeil
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/117]]==
<poem>
Se groupaient dans l’espace en agitant leurs voiles ;
Les luths sonnaient toujours, et parmi les étoiles
Ligne 1 828 ⟶ 2 165 :
Et plus joyeusement semblaient rouler les mondes,
Quand la flûte amoureuse étalait ses soupirs.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/118]]==
<poem>
 
L’Olympe disparut ; puis une jeune fille,
Ligne 1 846 ⟶ 2 186 :
Tournant, tournant sans cesse alentour du vieillard,
Aiguillonnait ses sens du geste et du regard ;
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/119]]==
<poem>
Le spectacle touchait à la scène un peu vive
Où l’austère Caton, dans sa pudeur naïve,
Ligne 1 863 ⟶ 2 206 :
A chacun de ses noms lancés du vestibule,
Comme des flots troublés se remuaient longtemps :
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/120]]==
<poem>
 
« César ! — Aurélius ! — Lucius ! — Débonnaire !
Ligne 1 881 ⟶ 2 227 :
Et le vaste empereur, sous son grand pavillon,
Comme un dieu couronné, vint s’asseoir en silence.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/121]]==
<poem>
Sur une chaise d’or préparée à l’avance
On posa la massue et la peau de lion ;
Ligne 1 898 ⟶ 2 247 :
La grâce des lutteurs, et les glaives de bois
Qui voltigeaient dans l’air et frappaient en cadence.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/122]]==
<poem>
 
Le prélude ordonné se prolongea longtemps :
Ligne 1 916 ⟶ 2 268 :
Mirax au bras de fer, au glaive triomphant ;
Sans doute il dédaignait son adversaire agile,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/123]]==
<poem>
Lui, vieux gladiateur, en face d’un enfant ;
Le jeune homme écumait dans sa rage inutile
Ligne 1 933 ⟶ 2 288 :
Mirax, les yeux sanglants, roulait dans la poussière,
Tordant son cou nerveux dans le nœud qui le mord.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/124]]==
<poem>
 
« Il est pris ! Il est pris ! " dit la foule étonnée.
Ligne 1 951 ⟶ 2 309 :
Il tendit son cou nu sous l’acier du poignard,
Puis, tourné vers la foule, et d’une voix puissante :
«
« Frappe, enfant ! cria-t-il, et salut à César !… »
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/125]]==
<poem>
Frappe, enfant ! cria-t-il, et salut à César !… »
Le sang jaillit à flots par la gorge béante,
Et Mirax se souvint de tomber avec art.
Ligne 1 968 ⟶ 2 330 :
ll regarda longtemps fumer le sable humide,
Et, se courbant à terre, y trempa son poignard.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/126]]==
<poem>
 
Il semblait jeune encore ; une belle tournure,
Ligne 1 986 ⟶ 2 351 :
Mais un combat farouche, un sombre tourbillon,
Où, pour frapper au cœur, le fer cherche sa place,
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/127]]==
<poem>
Où chaque combattant rugit comme un lion ;
La poussière autour d’eux voltigeait dans l’espace ;
Ligne 2 003 ⟶ 2 371 :
Un samnite parut et mordit la poussière,
Puis un troisième encore, et d’autres après lui.
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/128]]==
<poem>
 
Six fois le croc de fer s’abattit sur l’arène,
Ligne 2 021 ⟶ 2 392 :
Et voulut la poser sur le front du vainqueur ;
Le léger tambourin, la flûte lydienne
</poem>
==[[Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/129]]==
<poem>
Jetaient leur note grêle à l’immense clameur :
« Son nom ! " criait le peuple en respirant à peine ;
Ligne 2 041 ⟶ 2 415 :
Il était franc d’allure, et portait à l’épaule,
Non la peau d’un renard, mais celle d’un lion !
=== no match ===
 
 
Il avait ses défauts ; qui n’en a, dans son âme ? —