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haute qui mène à l’union est un bonheur immense pour une nation. Ce bonheur nous a visités. La société cultivée et le peuple ont compris de même leur devoir de Slaves. L’Europe ne s’y est pas méprise, et elle suit avec inquiétude notre mouvement. Une idée politique consciente venant de notre peuple est pour elle une surprise extraordinaire. Elle pressent quelque chose de nouveau avec quoi il faudra compter. Nous avons grandi dans son estime. Les racontars, longtemps accrédités en Europe, sur la décomposition politique et sociale de la Russie, devraient être maintenant formellement démentis dans son jugement.
haute qui mène à l’union est un bonheur immense pour une
nation. Ce bonheur nous a visités. La société cultivée et le
peuple ont compris de même leur devoir de Slaves. L’Europe ne s’y est pas méprise, et elle suit avec inquiétude notre mouvement. Une idée politique consciente venant de notre peuple est pour elle une surprise extraordinaire. Elle pressent quelque chose de nouveau avec quoi il faudra compter. Nous avons grandi dans son estime. Les racontars, longtemps accrédités en Europe, sur la décomposition politique et sociale de la Russie, devraient être, maintenant formellement démentis dans son jugement.


Les officiers russes partent en grand nombre pour la Serbie et savent se faire tuer quand il le faut. L’affluence des officiers russes et des soldats russes dans l’armée de Tchernaïev est de plus en plus considérable. On dira : ce sont des gens sans feu ni lieu qui n’avaient rien à faire dans leur pays, de ces hommes perdus que les aventures attirent. Mais, outre qu’on n’a offert à ces « aventuriers » aucune espèce d’avantages pécuniaires, certains parmi eux ont nui à leur avancement en donnant leur démission, même provisoire. Beaucoup tombent sur les champs de bataille, mais ils continuent héroïquement leur œuvre. La jeune armée d’insurgés slaves créée par Tchernaïev commence à s’appuyer fermement sur eux. Ils rendent glorieux le nom russe en Europe, et leur sang versé nous unit à nos frères slaves. Ce sang versé ne sera pas oublié. Il leur sera compté. Non, ce ne sont pas des « aventuriers ». Ils ouvrent une ère nouvelle. Ils sont les pionniers de l’idée russe devant l’Europe.
Les officiers russes partent en grand nombre pour la
Serbie et savent se faire tuer quand il le faut. L’affluence
des officiers russes et des soldats russes dans l’armée de
Tchernaïev est de plus en plus considérable. On dira :
ce sont des gens sans feu ni lieu qui n’avaient rien à
faire dans leur pays, de ces hommes perdus que les
aventures attirent. Mais, outre qu’on n’a offert à ces
« aventuriers » aucune espèce d’avantages pécuniaires,
certains parmi eux ont nui à leur avancement en donnant
leur démission, même provisoire. Beaucoup tombent sur les champs de bataille, mais ils continuent héroïquement
leur œuvre. La jeune armée d’insurgés slaves créée par Tchernaïev commence à s’appuyer fermement sur eux. Ils rendent glorieux le nom russe en Europe, et leur sang versé nous unit à nos frères slaves. Ce sang versé ne sera pas oublié. Il leur sera compté. Non, ce ne sont pas des « aventuriers ». Ils ouvrent une ère nouvelle. Ils sont les pionniers de l’idée russe devant l’Europe.


Une figure russe qui s’est noblement dessinée, c’est celle du général Tchernaïev. Ses succès militaires ont été variables, mais il semble avoir eu le dessus partout. En partant pour secourir les Serbes, il a presque compromis
Une figure russe qui s’est noblement dessinée, c’est celle du général Tchernaïev. Ses succès militaires ont été variables, mais il semble avoir eu le dessus partout. En partant pour secourir les Serbes il a presque compromis sa carrière militaire jusque-là glorieusement suivie en Russie. Au début, en Serbie, il n’a voulu commander qu’un détachement peu important ; ce n’est que depuis peu qu’il a consenti à prendre le commandement en chef. L’armée qu’il a créée s’est formée de miliciens, de recrues et de citoyens paisibles qui n’avaient jamais
sa carrière militaire jusque là glorieusement suivie en Russie. Au début, en Serbie, il n’a voulu commander qu’un détachement peu important ; ce n’est que depuis peu qu’il a consenti à prendre le commandement en chef. L’armée qu’il a créée s’est formée de miliciens, de recrues et de citoyens paisibles qui n’avaient jamais