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leur accorder que la stricte exécution du blocus continental entraînait la réunion de la Hollande à l’empire, mais pas seulement cette réunion-là : c’est l’Europe entière, la Russie comprise, qui aurait dû être annexée. D’autre part ils oublient que ni Louis ni son peuple « ne pouvaient agir autrement, » que l’annexion, si elle eût duré dans les conditions où elle se fit, eût tout simplement réduit à l’état de désert ou de marécage un pays où personne n’aurait trouvé les moyens de vivre, et qu’un commerce en réalité très entravé, très contrarié, très, amoindri, comme il l’était sous le régime de Louis, répondait au seul but raisonnable que l’on pût se flatter d’atteindre auprès des Anglais, c’est-à-dire que les commerçans anglais devaient bientôt appeler de tous leurs vœux une paix qui leur permettrait de trafiquer en grand et non plus seulement par petites échappées.

Une émouvante catastrophe rehaussa encore les mérites de Louis Bonaparte auprès de son peuple. Lors de la débâcle des glaces de 1809, il arriva ce qui arrive souvent sur les fleuves néerlandais : les glaçons flottans qui viennent du sud s’accumulent sur les bancs de glace situés plus bas qui n’ont pas encore dérapé, et ne tardent pas à former un barrage transversal derrière lequel les eaux s’amassent. Le danger qui menace les digues protectrices de la contrée voisine est alors très grand. Tantôt les eaux les dépassent en hauteur, tantôt, et c’est le cas le plus fréquent, détrempées par le dégel, pressées par cette masse liquide, heurtées par les blocs de glace, elles s’effondrent et livrent passage aux flots dévastateurs. Telle fut la cause qui, en janvier 1809, détermina l’inondation du Betuwe, grande lie située entre le Leck et le Wahal [1]. Des villages entiers furent envahis soudainement ; la ville de Gorcum elle-même faillit disparaître. On dut abattre des maisons pour improviser une digue assez forte pour protéger le reste de la ville. Le roi se montra cette fois encore à la hauteur de son devoir. Bien que souffrant, il se rendit en hâte sur le théâtre de l’inondation, présida aux travaux que la population, tout entière sur pied, opposait au fléau qui grandissait d’heure en heure, contribua à sauver des centaines de malheureux, en soulagea directement un grand nombre et remonta le moral de tous. Il courut même de véritables dangers, sa voiture ayant failli être emportée avec la digue, envahie par les glaçons. Le peuple hollandais, dont l’inondation est l’ennemie intime, fut enchanté de son roi dans cette circonstance. De nos jours, le roi Guillaume III, qui a dû payer de sa personne dans des cas semblables, s’est acquis

  1. On sait que ces noms de fleuves désignent simplement des bras du Rhin qui, avant d’arriver à la mer, perd son nom dans toutes ses branches, excepté dans celle qui se dirige vers Leyde.