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de la dette passive et des coupons anglais ; s’il se tourne vers l’intérieur, il trouve un budget affligé d’un déficit de cinq cents millions de réaux, et de plus quelque chose comme une somme de dix-neuf cents millions de réaux due par le trésor à la caisse des dépôts et consignations. Il y a peu de jours, M. Barzanallana rassemblait les principaux capitalistes de Madrid porteurs de ces créances, et il s’est efforcé de leur persuader dans une pensée patriotique, pour soulager le trésor, d’échanger leurs titres contre des obligations hypothécaires des biens nationaux ; mais comme ces obligations étaient à longue échéance, qu’elles ne rapportaient d’ailleurs qu’un médiocre intérêt en comparaison de ce que rapporte l’argent à Madrid et même partout, le ministre des finances ne pouvait compter sur un grand succès. Il a donc été obligé de s’assurer les ressources premières du moment par d’autres opérations, par des emprunts. Seulement ce n’est là qu’un préliminaire. M. Barzanallana est un esprit habile et intelligent qui a pris son rôle au sérieux. Sa pensée paraît être de procéder à une liquidation véritable, d’attendre les chambres, d’exposer nettement, courageusement devant elles la situation financière réelle de l’Espagne, et, cette situation une fois constatée, de procéder, avec le concours du parlement, à une série de mesures destinées à élever le crédit de l’Espagne en lui rouvrant les bourses européennes, à créer au trésor des ressources permanentes par la réforme des impôts. En un mot, c’est toute une réorganisation financière et économique qui est projetée.

C’est là certes une pensée hardie, prévoyante et digne de réussir, mais dont la réalisation n’est possible, on le comprend, que si la politique lui vient en aide, si le nouveau gouvernement, par un large système de libéralisme, rallie toutes les forces vitales du pays, s’il fonde l’ordre sur la satisfaction de tous les instincts légitimes et de tous les intérêts. C’est toujours l’histoire de la bonne politique aidant à faire de bonnes finances. Comment M. Salaverria a-t-il conduit les finances espagnoles à l’état d’embarras où elles sont aujourd’hui ? C’est qu’à côté de lui il n’y avait point une bonne politique, c’est qu’on s’engageait étourdiment dans toute sorte d’aventures, comme celle de Saint-Domingue, auxquelles il a fallu suffire, et quand les ressources régulières ont manqué, on a dû recourir aux expédiens. Le terrain a manqué réellement sous les pieds du ministère O’Donnell, dont M, Salaverria était le grand financier ; ses successeurs ont été impuissans à relever cette situation, et ce sont toutes ces impuissances, toutes ces déperditions des ressources du pays, qui ont conduit au cabinet nouveau, auquel vient s’imposer naturellement une œuvre tout à la fois politique et financière. Comment le ministère Narvaez arriverait-il à réaliser cette œuvre, sur laquelle il paraît fonder son avenir, s’il se laissait atteindre par les antagonismes vulgaires, s’il reculait devant les nécessités les plus évidentes du temps, s’il hésitait encore à reconnaître l’Italie ou s’il allait surtout s’engager dans de nouvelles aventures, au Pérou ou ailleurs ? La première question pour lui et pour le pays est à l’intérieur. Avant