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dans un vague insaisissable où elles emportent le prestige de la liberté, dont on attache soi-même la destinée à leur propre fortune ? C’est à l’extinction des débris des anciens gouvernemens qui forment les partis que le ministre paraît ajourner l’épanouissement de la liberté de son pays ; mais qu’entend-on par là ? et quand cet ajournement prendra-t-il fin ? Convient-il d’assigner aux plus nobles aspirations d’un peuple une échéance aussi indéterminée ? Instruits par l’histoire à voir le signe de la force sûre d’elle-même dans la politique de conciliation, non dans l’esprit d’exclusion, nous serions fort en peine de découvrir le profit que pourrait trouver le ministre d’un puissant gouvernement à ne voir dans une opposition électorale « qu’une coalition d’hostilités, de rancunes et de dépits contre les grandes choses de l’empire. » Y a-t-il donc un bien grand intérêt à s’exposer à rencontrer demain dans une coalition aussi durement qualifiée l’homme illustre que l’empereur lui-même appelait naguère l’historien national ? Notre surprise s’accroîtrait encore devant le passage de la circulaire qui expose la raison pour laquelle l’appui du gouvernement est retiré à quelques anciens députés, et qui semble accuser ces députés de n’être pas dévoués sans réserve et sans arrière-pensée à la dynastie impériale et à nos institutions. Quelle inculpation ! et à quoi sert-elle lorsque ceux qui en sont l’objet la contredisent avec énergie, lorsque par exemple, comme un de ces députés disgraciés, M. de Chambrun, ils demandent la liberté avec et par l’empereur ? Que gagne-t-on, après tout, à resserrer ainsi le cercle de ses amis par une pensée ombrageuse, au lieu de l’élargir au contraire par une libérale tolérance ? Enfin nous ne comprendrions pas de quelle utilité il serait de revenir, à propos d’une élection générale des députés, aux origines du gouvernement : une élection de députés n’est point un plébiscite. Depuis cette date, l’empire a fait de grandes choses au dehors, il a obtenu aussi dans l’ordre économique et matériel des résultats importans. En se laissant ramener par une préoccupation instinctive au point de départ du gouvernement, ne rappelle-t-on pas, sans y prendre garde, au pays qu’en matière de politique intérieure et de libertés publiques il est resté à peu près à la même place, et que, malgré le 24 novembre, il a bien peu marché encore depuis le 20 décembre ?

Voilà les inductions que nous tirerions flegmatiquement de la circulaire de M. de Persigny, si, écrite par un ministre étranger, nous y cherchions des lumières pour apprécier la situation d’un pays qui ne fût point le nôtre. Quant au débat que nous pourrions ouvrir de citoyen à ministre sur cet important manifeste, quant aux objections personnelles et françaises que nous pourrions opposer aux doctrines de M. de Persigny, nous savons trop ce qui est dû à un ministre militant, qui est dans son coup de feu, pour les produire en ce moment. Cette tâche d’ailleurs sera bien mieux remplie par les candidats qui vont adresser au peuple leurs circulaires électorales.

Déjà un grand nombre de circulaires de candidats dans lesquels le manifeste