« Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome11.djvu/204 » : différence entre les versions

mAucun résumé des modifications
mAucun résumé des modifications
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{tiret2|partici|pants}} de son essence et de sa béatitude. Ces êtres n’étaient pas : il voulut, et ils furent<ref>Voyez le ''Dictionnaire philosophique'', aux mots {{sc|Adam}}, {{sc|Alcorax}}, {{sc|Ange}}, {{sc|Ézour-Veidam}} ; et la neuvième des ''Lettres chinoises'', dans les ''Mélanges'' (année 1776).</ref>. »
{{tiret2|partici|pants}} de son essence et de sa béatitude. Ces êtres n’étaient pas : il voulut, et ils furent<ref>Voyez le ''Dictionnaire philosophique'', aux mots [[Dictionnaire philosophique/Adam|{{sc|Adam}}]], [[Dictionnaire philosophique/Alcoran|{{sc|Alcoran}}]], [[Dictionnaire philosophique/Ange|{{sc|Ange}}]], [[Dictionnaire philosophique/Ézour-Veidam|{{sc|Ézour-Veidam}}]] ; et
[[Lettres_chinoises_indiennes_et_tartares/Édition_Garnier#479|la neuvième]] des ''Lettres chinoises'', dans les ''Mélanges'' (année 1776).</ref>. »


On voit assez que cet exorde, véritablement sublime, et qui fut longtemps inconnu aux autres nations, n’a jamais été que faiblement imité par elles.
On voit assez que cet exorde, véritablement sublime, et qui fut longtemps inconnu aux autres nations, n’a jamais été que faiblement imité par elles.
Ligne 14 : Ligne 15 :
hommes.
hommes.


Il n’y a rien dans l’antiquité de si majestueux et de si philosophique. Ces mystères des brachmanes percèrent enfin jusque dans la Syrie : il fallait qu’ils fussent bien connus, puisque les Juifs en entendirent parler du temps d’Hérode. Ce fut peut-être alors qu’on forgea, suivant ces principes indiens, le faux livre d’Hénoch, cité par l’apôtre Jude, dans lequel il est dit quelque chose de la chute des anges. Cette doctrine devint depuis le fondement de la religion chrétienne<ref>Le serpent dont il est parlé dans la Genèse devint le principal mauvais ange. On lui donna tantôt le nom de Satan, qui est un mot persan, tantôt celui de Lucifer, étoile du matin, parce que la ''Vulgate'' traduisit le mot Hélel par celui de Lucifer (voyez ''Introduction'', paragraphe {{sc|xlviii}}). Isaïe, insultant à la mort d’un roi de Babylone, lui dit par une figure de rhétorique : ''Comment es-tu tombée du ciel, étoile du matin, Lucifer ?'' On a pris ce nom pour celui du diable, et on a appliqué
Il n’y a rien dans l’antiquité de si majestueux et de si philosophique. Ces mystères des brachmanes percèrent enfin jusque dans la Syrie : il fallait qu’ils fussent bien connus, puisque les Juifs en entendirent parler du temps d’Hérode. Ce fut peut-être alors qu’on forgea, suivant ces principes indiens, le faux livre d’Hénoch, cité par l’apôtre Jude, dans lequel il est dit quelque chose de la chute des anges. Cette doctrine devint depuis le fondement de la religion chrétienne<ref>Le serpent dont il est parlé dans la Genèse devint le principal mauvais ange. On lui donna tantôt le nom de Satan, qui est un mot persan, tantôt celui de Lucifer, étoile du matin, parce que la ''Vulgate'' traduisit le mot Hélel par celui de Lucifer (voyez ''Introduction'', [[Essai_sur_les_mœurs/Introduction#138|paragraphe {{sc|xlviii}}]]). Isaïe, insultant à la mort d’un roi de Babylone, lui dit par une figure de rhétorique : ''Comment es-tu tombée du ciel, étoile du matin, Lucifer ?'' On a pris ce nom pour celui du diable, et on a appliqué ce passage à la chute des anges. C’est encore le fondement du poëme de Milton. Mais Milton est bien moins raisonnable que le ''Shasta'' indien. Le ''Shasta'' ne pousse point l’extravagance jusqu’à faire déclarer la guerre à Dieu par les anges ses créatures, et à rendre quelque temps la victoire indécise. Cet excès était réservé à Milton.<p style="text-indent:1em">''N. B.'' Tout ce morceau est tiré principalement de M. Howel, qui a demeuré trente ans avec les brames, et qui entend très-bien leur langue sacrée. (''Note de Voltaire''.)</p></ref>.
ce passage à la chute des anges. C’est encore le fondement du poëme de Milton. Mais Milton est bien moins raisonnable que le ''Shasta'' indien. Le ''Shasta'' ne pousse point l’extravagance jusqu’à faire déclarer la guerre à Dieu par les anges ses créatures, et à rendre quelque temps la victoire indécise. Cet excès était réservé à Milton.<br />
&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;''N. B.'' Tout ce morceau est tiré principalement de M. Howel, qui a demeuré trente ans avec les brames, et qui entend très-bien leur langue sacrée. (''Note de Voltaire''.)''</ref>.