« Poètes et Romanciers modernes de l’Italie – Ugo Foscolo » : différence entre les versions
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{{journal|Poétes et romanciers modernes de l’Italie – Ugo Foscolo|[[L. Etienne]]|[[Revue des Deux Mondes]] T.7, 1854}}
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/906]]==
<center>Ugo Foscolo et sa correspondance. ''Opere complete di Ugo Foscolo'', Florence, Lemonnier, 1850-1854</center>
Un des caractères les plus généraux de la littérature italienne durant sa décadence a été le défaut absolu
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/907]]== de l’école de Parini. Son chef était un enfant du peuple né sur les bords du lac de Pusiano, devenu prêtre un peu par besoin, un peu par goût pour les lettres, un peu aussi malgré lui. Employé comme précepteur dans des maisons patriciennes, il observa les mœurs de l’aristocratie milanaise, et fit des peintures admirables de cette noblesse condamnée aux vices par le désœuvrement. Les Italiens, stimulés
La poésie civique dut quitter les régions sereines de la philosophie et de la morale ; elle se jeta dans le torrent de la politique active. Les disciples de Parini sont républicains : ils firent des odes pindariques pour rallier les peuples sous le drapeau de l’indépendance ; ils écrivirent des tragédies, comme on fait des harangues à la tribune, et changèrent le théâtre en club ; ils payèrent de leur personne, chose nouvelle en Italie, nouvelle à force
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/908]]== vieux prêtre de Milan, vint trop tôt pour avoir sa part des souffrances ; mais il vécut et mourut loin de sa patrie. Torti et Ugo Foscolo, pieux élèves du poète patriote, furent proscrits. L’un a rendu le dernier soupir à Gênes en 1852, au sein de la généreuse hospitalité du Piémont ; l’autre a traîné à travers l’Europe ses tristes infortunes, et repose depuis vingt-cinq ans dans le cimetière Cette école poétique se distingue
Ugo Foscolo nous occupera seul
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/909]]== de cette illusion, la vie de Foscolo prenait un faux air de roman, et il était livré au mélodrame. Tout était fatal dans son existence, tout était mauvaise fortune, tout était péripéties. Le vrai Foscolo, ce
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/910]]== mêler aux intérêts de la patrie. Il acceptait si pleinement les dogmes de celle école Et pourtant il y a quelque chose de noble dans cette espèce de suicide ; il est le produit
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/911]]== la méritent par leur éloquence, Un grand nombre de ces lettres se sont produites dans le public ; un plus grand nombre encore sont, à ce Et cependant cette Quirina, dont il eut les bonnes grâces pendant deux semaines, fut toujours pour lui la plus dévouée des amies ; non-seulement elle lui pardonna de l’avoir quittée, mais elle ne l’oublia jamais dans l’exil ; elle fut sa providence et sa ressource dernière ; elle payait ses créanciers et souvent
Prenons-le par exemple en Suisse après la chute de Napoléon et du royaume
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/912]]== renoncé à une pension Un jeune banquier de Zurich était venu passer l’été à Hottingen, dans la commune où résidait le poète ; il voyait souvent Foscolo, et prenait de lui des leçons
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/913]]== quatre ou cinq heures. Loin de nous la pensée
::Et sous des noms romains faisant notre portrait,
::Peindre Caton galant et Brulus dameret.
Si nous diminuons un peu la gloire de Foscolo, ce qui pourra déplaire à ses admirateurs passionnés en Ilalie, nous ne tenons pas pour légitime le jugement
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/914]]== n’eut de basse jalousie contre ses rivaux en littérature, jamais il Après avoir fait ces corrections à l’effigie courante et comme de Foscolo, il ne nous reste
::Un langage sonore, aux douceurs souveraines,
::Le plus beau qui soit né sur des lèvres humaines ;
elle était plutôt la langue des apophthegmes lacédémoniens : chose nouvelle en Italie, un poète avare de ses vers et laconique ! Xénophon et Plutarque furent ses premiers livres. Rentré dans Venise avec sa mère, il
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/915]]== chose Foscolo quitta Zante à l’âge où l’on entre dans l’adolescence.
::Jam tandem Italiae fugientis prendimus oras ;
mais le fantôme de cette Italie espérée
Après deux années
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/916]]== croit plus à son drapeau ; son épée l’embarrasse, l’uniforme lui pèse, il En mettant quelques-unes de ces lettres dans son roman de ''Jacqves Ortis'', il crut y déposer une partie de son cœur même, et il avait raison ; jamais Foscolo ne fut poète par métier, La littérature
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/917]]== soit apparente, il Il y a dans Werther une admirable conception, qui, selon nous, fera toujours vivre ce roman :
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/918]]== de village, le séjour de Werther près du ministre ou la soirée aristocratique dans une ville Quand je parle de l’unité parfaite de Werther, je
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/919]]== pensées de ce malheureux, qui Nous pouvons maintenant passer à l’œuvre de Foscolo. Le premier caractère qui se présente à la lecture des ''Dernières Lettres de Jacopo Ortis'',
« Tu
Faut-il
« Non, chère enfant, tu
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/920]]== les malheurs des personnes les plus nécessaires à ma vie, les crimes des hommes, la certitude de mon perpétuel esclavage et de l’opprobre éternel Son dernier mot est inspiré de la même intention, et
« Si
Thérèse
''Jacques Ortis'' ne contient pas le même degré de vérité qui est dans ''Werther''. Il est vrai surtout pour un temps et pour un pays. De nos jours, la passion politique se mêle à presque tous nos sentimens ; du premier au dernier échelon de la société, les affections des hommes prennent la couleur de leurs opinions, et les artisans eux-mêmes, quand ils aiment ou
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/921]]== l’Italie de 1800 beaucoup plus que pour nous. Ce désespoir qui lui met le poignard à la main lui est inspiré par les misères de son pays. «
Ce
De nos jours, où l’excès du métier littéraire rend si précieuses les œuvres désintéressées qui sont nées spontanément, sans les provocations de l’argent ou de la renommée, les ''Lettres de Jacques Ortis'' méritent toute notre attention. Voilà un livre qui
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/922]]== des pensées qui l’obsédaient, et sans aucune espèce de calcul, il jeta ses pensées sur le papier. ==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/923]]== Thérèse, Après ces explications, il devient inutile de discuter la question de l’imitation de ''Werther'' ; nous avons toutes les confidences de Foscolo dans la notice bibliographique insérée à la suite de l’édition de Londres en 1814, et dans ses lettres, surtout dans celle
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/924]]== de l’Olympe, que défendait Boileau, ont livré leurs derniers combats. Est-il nécessaire de dire que le renom de ''Jacques Ortis'' La plus célèbre de ses pièces est assurément celle de ''i Sepolcri (les Tombeaux''). L’usage avait cessé
« Une loi nouvelle place
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/925]]== ministre sacré, ô Thalie, qui dans sa pauvre demeure, en chantant, Nous avons dit
« Les cyprès et les cèdres imprégnaient les zéphyrs de pures exhalaisons, et répandaient, durant un âge éternel, sur les urnes des morts une éternelle verdure ; des vases précieux recueillaient les larmes fidèles. Les amis enlevaient une étincelle au soleil pour illuminer la nuit souterraine, parce que les yeux de l’homme, en mourant, cherchent le soleil, et toutes les poitrines envoient leur dernier soupir à la lumière qui fuit. Les fontaines versant des eaux lustrales nourrissaient les amarantes et les violettes sur le funèbre gazon, et celui qui se posait sur une tombe pour offrir une libation de lait et raconter ses peines à quelque mort chéri sentait se répandre autour de lui un parfum tel
Malgré ces beaux passages, nous ne pouvons admirer cette pièce des ''Tombeaux'' sans réserve : elle tourne souvent à l’érudition ; les souvenirs mythologiques, historiques et littéraires
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/926]]== Lycophron ; mais le chef- « Pieuse folie, qui rend les jardins des cimetières placés hors des villes si chers aux jeunes filles anglaises ; là elles sont conduites par l’amour
Ce héros,
Le roman de ''Jacques Ortis'' avait gagné les cœurs des jeunes gens à ce Vénitien qui trouvait des couleurs si ardentes pour exprimer l’amour et le patriotisme. Le peu de poésies
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/927]]== aux loisirs On sait que le poète piémontais était médiocrement doué du génie dramatique : il avait la vigueur de la pensée et la forte peinture des caractères ; mais il ne connaissait pas le développement des passions, ses personnages raisonnent et
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Quelques années plus tard, avec les révolutions survenues en Italie, les conditions du théâtre changèrent ; ces drames
''Ricciarda'', peinture des divisions et des guerres civiles de l’Italie an moyen âge, était un appel à la nation tout entière, un tableau de
''Ricciarda'', peinture des divisions et des guerres civiles de l’Italie an moyen âge, était un appel à la nation tout entière, un tableau de ses souffrances et une exhortation à la concorde. Les citations nous arrêteraient trop longtemps; elles ne prouveraient d'ailleurs que ce que nous voyons partout dans les écrits de Foscolo, l’idée de l’Italie toujours présente au poète comme au citoyen. Déjà dans ''Ajax'' on avait vu des arrière-pensées politiques fort éloignées peut-être de l’esprit de Foscolo; nous ne savons par exemple si, en dessinant le caractère indomptable d'Ajax, que l’intrigue d'Ulysse a privé des armes d'Achille, l’auteur avait réellement voulu indiquer aux spectateurs le général Moreau. On le crut, et cette persuasion avait redoublé les applaudissemens d'une part, mais aussi augmenté la froideur de l’autre. ''Ricciarda'' fut arrêtée par la censure, on l’accusait de réveiller les passions éteintes; mais, quand la censure se compose d'hommes de lettres, elle se compose de rivaux. Foscolo s'expliqua lui-même avec les ministres, et ''Ricciarda'' fut jouée. Cette pièce ne tint pas longtemps au théâtre. Ce n'est pas que le succès eût manqué au poète : tandis que Foscolo restait impassible au fond d'une loge et se drapait dans son stoïcisme, les applaudissemens, les cris appelaient en vain l’auteur sur la scène. A chaque entr'acte, les clameurs triomphales redoublaient; le public, faisant fonction de peuple souverain, entendait bien contraindre Foscolo à paraître devant la rampe. On crut un instant que le troisième acte ne pourrait commencer. Le ''podestat'', craignant le désordre, venait prier Foscolo de se laisser porter en triomphe; mais le poète était un véritable Zenon : il exposait sa pièce, il n'exposait pas sa personne; il fallut bien couper court à l’ovation, faute d'un triomphateur. Tandis que l’auteur de ''Ricciarda'' se comportait au fond d'une loge du théâtre de Bologne comme un héros de Plutarque, les événemens se précipitaient au dehors : on était au mois de septembre 1813; deux mois après, l’Italie était à deux doigts de sa ruine; ce n'était plus ni un temps ni un pays à jouer des tragédies. Foscolo retira ''Ricciarda'' du théâtre, et se prépara aux émotions d'un drame plus sérieux.▼
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Pour
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/930]]== d’enseigner la littérature nationale. Monti fut désigné par Napoléon pour la chaire Les biographes de Foscolo font trop disparaître de sa vicies luttes et les rivalités mesquines, pour le montrer toujours en présence
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/931]]== l’abri des petites passions de l’homme de lettres, petites partout, mais principalement en Italie. Foscolo était fort contre les grands coups ; il ne l’était pas contre les coups ::Iliacos intra muros peccatur et extra.
La postérité
Foscolo était prédestiné pour l’exil ; le traité de Campo-Formio
Foscolo était prédestiné pour l’exil; le traité de Campo-Formio l'avait chassé de Venise à Milan; les coteries littéraires l’avaient contraint de fuir la Lombardie; il habitait les rives de l’Arno, il s'était fait citoyen de Florence; il faisait ses délices de la langue et de la prononciation toscane, et aussi de la société des belles Florentines (car il paraît, au moins par ses lettres, que Florence était toujours digne de Boccace et du Décaméron); il mettait son bonheur à devenir Florentin, lorsque les désastres de 1813 vinrent le tirer de sa retraite. Foscolo se souvint qu'il portait une épée; il n'attendit pas qu'on le rappelât sous les drapeaux; il vint se mettre à la disposition du ministre de la guerre à Milan. Comme toutes les âmes généreuses, il était plus fidèle à l’adversité qu'à la bonne fortune. Nous devons le dire, puisque c'est de l’histoire, Foscolo n'aimait pas Napoléon; mais il n'était pas aveugle, et il avait le juste sentiment de ce que l’Italie devait à ce grand génie. Il ne voyait pas seulement les travaux accomplis, le commerce étendu, l’agriculture encouragée; il ne voyait pas seulement la route du Simplon et 500 millions jetés en Italie : tout autre conquérant, puissant et riche, en aurait pu faire autant; il voyait, et pour un homme qui ne recherchait ni ne voulait la faveur impériale, ce sera son honneur de l’avoir écrit partout, il voyait un royaume puissant fondé au cœur de l’Italie, gouverné avec des italiens, il voyait surtout une armée nationale formée dans un pays qui n'en avait pas eu depuis quatorze siècles; il voyait six millions d'Italiens appelés sous un étendard qui ne leur était pas étranger, aguerris, exercés à défendre leur patrie, apprenant, chose, hélas! bien nouvelle en Italie, à chérir un drapeau. Il le voyait, et la question de l’indépendance italienne lui semblait à moitié résolue. Sans doute il n'était qu'à moitié satisfait; le professeur d'éloquence, redevenu capitaine de cavalerie, n'avait qu'un demi-dévouement; il revenait au combat pour la cause de l’indépendance. Comme il voyait la mêlée recommencer, et qu'il devinait que tout allait être remis en question, il ne voulait pas que rien lut résolu sans lui; il y allait pour le compte de l'Italie, et la cause de Napoléon ne lui devait pas grande reconnaissance. Néanmoins, outre qu'il était légitime à un Italien de tenir pour l’Italie, et que l’enfant de Zacynthe aurait pu dire comme Homère : «Le meilleur, l’unique parti est de combattre pour la patrie,» n'avait-il pas le mérite de comprendre que le sort de l’Italie était attaché à celui de l’empire, et qu'il fallait servir la cause générale, afin de sauver la cause particulière? Foscolo remplit son devoir jusqu'à la fin; officier, il vint se ranger sous le drapeau; Italien, il ne crut pas que sa fidélité dût traverser les Alpes. Après la chute du royaume d'Italie, il voulut donner sa démission de capitaine; la régence de Milan lui répondit par le brevet de chef d'escadron. Depuis ce jour jusqu'à son départ pour l’exil, il demeura spectateur des événemens, dans cette position intermédiaire qui sied aux hommes désintéressés, mais qui déchaîne contre eux les passions de tous les partis extrêmes. Dans une lettre inédite à la comtesse d'Albany, il fait une peinture piquante, quoique un peu vive, des divisions et des réactions de cette fatale année 1814.▼
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dans cette position intermédiaire qui sied aux hommes désintéressés, mais qui déchaîne contre eux les passions de tous les partis extrêmes. Dans une lettre inédite à la comtesse d’Albany, il fait une peinture piquante, quoique un peu vive, des divisions et des réactions de cette fatale année 1814.
« Ils
Ce juste-milieu
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/934]]== sur l’esprit de la foule, la nature même de la langue, qui est littéraire et savante, langue écrite plutôt que parlée, les empêche Ces vues particulières du cabinet sur l’ancien professeur
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/935]]== lit la ''Lettre apologétique'' écrite à Londres par Foscolo une année avant sa mort et publiée seulement en 1844 à Lugano, quand on y ajoute la correspondance qui vient ==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/936]]== sa sœur, « Mon honneur et ma conscience me défendent de prêter un serment que le présent gouvernement exige pour
En mettant le pied hors de l’Italie, Foscolo termina pour ainsi dire sa carrière. Depuis ce jour, sans doute il rêva le retour dans sa patrie et la continuation de ses travaux, mais le songe
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/937]]== Souvent il vivait à la campagne pour cacher sa misère et ne pas perdre son titre de ''gentleman'', qui était sa suprême espérance. « Je suis guéri, et je me retire à la campagne pour déguiser ma pauvreté à ceux qui
Foscolo travailla sans relâche, durant son exil, pour suffire à ses besoins, et ce résultat même, il ne l’atteignit jamais entièrement. Il faisait des articles pour la ''Revue
« Je pleure les facultés qui
Il entreprit des publications littéraires, par exemple une édition des classiques italiens ; tantôt les désastres
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/938]]==
Un instant Foscolo crut avoir conjuré la colère de la destinée ; les brillantes promesses de quelques libraires lui montraient un avenir plus riant ; ses lettres de cette époque contiennent de beaux songes dorés. Il rêva, comme un poète anglais, un ''collage'' à lui appartenant, des appartemens simples, mais commodes, et surtout bien clos, où sa nature méridionale pourrait trouver un peu de chaleur. Il en fit bâtir un à ses risques et périls, et en souvenir
Nous avons raconté la vie de Foscolo avec sa correspondance ; les trois volumes qui la composent sont assurément les plus intéressais de tout le recueil de ses œuvres. Nous avons déjà dit combien Foscolo aimait ses lettres ; ce goût particulier suffirait à prouver
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/939]]== y découvre à la fois l’âme du patriote et le cœur facile aux séductions de l’amour. En parcourant ses lettres, on trouve souvent à l’admirer, presque aussi souvent à le plaindre, presque jamais à l’accuser : mais toujours la nature La correspondance de Foscolo est toute confidentielle. Comme il
La comtesse
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/940]]== la couronne qui avait vaincu sur quelques champs de bataille, la veuve Foscolo avait une autre amie à Florence, assez jeune pour avoir tenté un cœur qui aimait à succomber, trop âgée cependant pour conserver un amour qui ne savait guère se fixer. Cette amie était une dame Quirina Maggiotti, pour laquelle ses tendres sentimens durèrent peut-être une quinzaine de jours, et qui lui voua une amitié inaltérable. Cette personne, désignée sous le nom de ''Donna Gentile'', traitée
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/941]]== au loin des gémissemens, pressentant que la réponse ne lui arriverait plus. Ugo Foscolo mourut
La destinée de Foscolo semble contenir un enseignement bien amer pour les Italiens qui ont embrassé la carrière des lettres. Voilà donc comment on finit quand on a respiré le beau ciel
L. ÉTIENNE.
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