« Ainsi parlait Zarathoustra/Première partie/De la nouvelle idole » : différence entre les versions

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Ce sont des destructeurs, ceux qui tendent des pièges au grand nombre et qui appellent cela un État : ils suspendent au-dessus d'eux un glaive et cent appétits.
 
Partout où il y a encore du peuple, il ne comprend pas l'État et il le déteste comme le mauvais oeilœil et une dérogation aux coutumes et aux lois.
 
Je vous donne ce signe : chaque peuple a son langage du bien et du mal : son voisin ne le comprend pas. Il s'est inventé ce langage pour ses coutumes et ses lois.
 
Mais l'État ment dans toutes ses langues du bien et du mal ; et, dans tout ce qu'il dit, il ment - et tout ce qu'il a, il l'a volé.
 
Tout en lui est faux ; il mord avec des dents volées, le hargneux. Même ses entrailles sont falsifiées.
 
Une confusion des langues du bien et du mal - je vous donne ce signe, comme le signe de l'État. En vérité, c'est la volonté de la mort qu'indique ce signe, il appelle les prédicateurs de la mort !
 
Beaucoup trop d'hommes viennent au monde : l'État a été inventé pour ceux qui sont superflus !
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Voyez donc comme il les attire, les superflus ! Comme il les enlace, comme il les mâche et les remâche.
 
"Il n'y a rien de plus grand que moi sur la terre : je suis le doigt ordonnateur de Dieu" - ainsi hurle le monstre. Et ce ne sont pas seulement ceux qui ont de longues oreilles et la vue basse qui tombent à genoux !
 
Hélas, en vous aussi, ô grandes âmes, il murmure ses sombres mensonges. Hélas, il devine les coeurscœurs riches qui aiment à se répandre !
 
Certes, il vous devine, vous aussi, vainqueurs du Dieu ancien ! Le combat vous a fatigués et maintenant votre fatigue se met au service de la nouvelle idole !
 
Elle voudrait placer autour d'elle des héros et des hommes honorables, la nouvelle idole ! Il aime à se chauffer au soleil de la bonne conscience, - le froid monstre !
 
Elle veut tout ''vous'' donner, si ''vous'' l'adorez, la nouvelle idole : ainsi elle s'achète l'éclat de votre vertu et le fier regard de vos yeux.
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Vous devez lui servir d'appât pour les superflus ! Oui, c'est l'invention d'un tour infernal, d'un coursier de la mort, cliquetant dans la parure des honneurs divins !
 
Oui, c'est l'invention d'une mort pour le grand nombre, une mort qui se vante d'être la vie, une servitude selon le coeurcœur de tous les prédicateurs de la mort !
 
L'État est partout où tous absorbent des poisons, les bons et les mauvais : l'État, où tous se perdent eux-mêmes, les bons et les mauvais : l'État, où le lent suicide de tous s'appelle - "la vie".
 
Voyez donc ces superflus ! Ils volent les oeuvresœuvres des inventeurs et les trésors des sages : ils appellent leur vol civilisation - et tout leur devient maladie et revers !
 
Voyez donc ces superflus ! Ils sont toujours malades, ils rendent leur bile et appellent cela des journaux. Ils se dévorent et ne peuvent pas même se digérer.
 
Voyez donc ces superflus ! Ils acquièrent des richesses et en deviennent plus pauvres. Ils veulent la puissance et avant tout le levier de la puissance, beaucoup d'argent, - ces impuissants !
 
Voyez-les grimper, ces singes agiles ! Ils grimpent les ununs sur les autres et se poussent ainsi dans la boue et dans l'abîme.
 
Ils veulent tous s'approcher du trône : c'est leur folie, - comme si le bonheur était sur le trône ! Souvent la boue est sur le trône - et souvent aussi le trône est dans la boue.
 
Ils m'apparaissent tous comme des fous, des singes grimpeurs et impétueux. Leur idole sent mauvais, ce froid monstre : ils sentent tous mauvais, ces idolâtres.
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Là où finit l'État, là seulement commence l'homme qui n'est pas superflu : là commence le chant de la nécessité, la mélodie unique, la nulle autre pareille.
 
Là où ''finit'' l'État, - regardez donc, mes frères ! Ne voyez-vous pas l'arc-en-ciel et le pont du Surhumain ?
 
 
 
Ainsi parlait Zarathoustra.