« La Poésie catholique en Allemagne - Oscar de Redwitz » : différence entre les versions
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{{journal|La Poésie catholique en Allemagne – M. Oscar de Redwitz|[[Auteur:Saint-René Taillandier|Saint-René Taillandier]]|[[Revue des Deux Mondes]] T.15, 1852}}
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/765]]==
:I. ''Amaranth (Amaranthe''), Mayence, 1852. - II. ''Maehrchen [Légende''), Mayence, 1850. - III. ''Gedichte (Poésies''), Mayence, 1852, par M. Oscar de Redwitz.▼
▲:I. ''Amaranth (Amaranthe''), Mayence, 1852.
Les événemens de ces dernières années ont été une crise heureuse dans la vie morale de l'Allemagne. Malgré le calme apparent des esprits à la veille de 1848, et quoique les partis extrêmes, en religion et en politique, fussent revenus des violences qui avaient signalé leurs débuts, toutes les mauvaises passions, toutes les erreurs détestables qui se cachent sous le nom d’''humanisme'' faisaient secrètement leur chemin. Ceux qui dénonçaient l'athéisme démagogique comme le plus grand fléau des lettres allemandes étaient taxés d'exagération. N'était-ce pas attribuer trop d'importance à une école sans prestige? Les jeunes hégéliens n'étaient qu'une bande d'aventuriers, comme il y en a toujours à la suite des grandes expéditions. Puisque l'Allemagne s'avançait tout entière à la conquête d'une société plus juste et d'institutions plus libérales, comment s'étonner qu'une troupe d'enfans perdus se livrât en dehors des rangs à toute sorte de folles équipées? Comment s'en alarmer surtout? La grossièreté seule des conclusions devait décréditer de tels systèmes. Ainsi parlaient, il y a cinq ans, les esprits inattentifs, ainsi s'endormaient eux-mêmes ceux qui ne voulaient pas être réveillés, et cependant le mal gagnait de proche en proche. Les révolutions ont mis brusquement à découvert ces influences malsaines, elles ont fait éclater tout ce qui s'agitait dans l'ombre à l'abri de cette sécurité trompeuse; maintes apparitions sinistres ont eu lieu, mais finalement l'explosion a purifié l'atmosphère. Il est permis de regretter, dans la politique, bien des choses qui ont suivi cette catastrophe, bien des réactions salutaires qui ont dépassé le but et repris ce qui était légitimement gagné : dans l'ordre tout autrement sérieux de la pensée et de l'existence morale, il n'y a rien à regretter. La crise était nécessaire, et elle a été féconde. Pour beaucoup d'intelligences, une vie nouvelle a daté de ce moment; aussitôt l'orage fini, de suaves odeurs ont parfumé la nature. ▼
▲Les événemens de ces dernières années ont été une crise heureuse dans la vie morale de
S'il est une expérience qui doive humilier notre orgueil, c'est de voir combien tout grand fait, tout changement mémorable dans les choses d'ici-bas profite rarement à celui qui en a eu l'initiative. Quand Hegel nous montre son dieu se servant de la liberté de l'homme pour accomplir ses évolutions terribles, et qu'il s'écrie avec une sombre éloquence : « Toute action se retourne contre son auteur et le tue, » cette parole a surtout un sens métaphysique dans sa bouche; appliquez-la aux événemens de la vie intellectuelle et morale, et voyez comme les temps de révolution se chargent d'en justifier la profondeur! La liste serait longue des partis et des doctrines qu'une victoire passagère a tirés de l'obscurité pour les frapper de mort au grand jour. On peut s'étonner à bon droit que la littérature allemande avant 1848 ait subi si complaisamment la sourde tyrannie de l'athéisme. Ni les penseurs élevés ni les écrivains habiles ne lui manquaient; mais, soit indifférence pour un péril qu'on ne croyait pas si rapproché, soit timidité en face d'adversaires à qui toutes les armes étaient bonnes, on ne vit pas un seul penseur ou un seul poète opposer une résistance éclatante aux docteurs du mensonge. Quelle saveur aurait eue une œuvre franchement et naïvement chrétienne au milieu de ces écrits de toute sorte où l'orgueil se donnait carrière! Comme une telle inspiration aurait été féconde! Comme le poète aurait pu y retrouver d'anciennes richesses germaniques et y puiser des beautés toutes neuves! Personne ne l'essaya. Les arts du dessin conservèrent seuls la tradition chrétienne, qui semblait effacée des lettres. Les critiques avaient beau proclamer la mort de la poésie religieuse et l'avènement de je ne sais quel art nouveau où l'homme remplaçait Dieu : les peintres, placés en dehors de ce mouvement et soustraits à ces influences pernicieuses, entretinrent avec grâce le dépôt de la pensée chrétienne telle que l'imagination germanique l'a conçue. Quand on voyait la poésie allemande, sur les pas des Herwegh et des Freiligrath, s'écarter chaque jour davantage des frais domaines où elle est née, quand on voyait la grâce spiritualiste des ancêtres bafouée par tant de voix injurieuses, il était impossible de ne pas songer aux ascétiques dessins d'Owerbeek, aux œuvres si suaves de Steinlé, ou bien à ces compositions charmantes dans lesquelles M. Louis Richter groupe si harmonieusement les enfans et les mères. Comment donc quelque poète n'a-t-il pas fait avec une pleine conscience de son œuvre ce que ces talens aimables accomplissaient d'instinct? Il fallait sans doute que la démagogie hégélienne parût victorieuse un instant pour être plus complètement détruite. Ce qui est certain au moins, c'est que les désordres de la pensée publique provoquèrent enfin cette réaction trop lente. Puisque Henri Heine lui-même allait protester si gaiement contre le haut clergé de l'athéisme, il était bien temps, que les ames croyantes et les cœurs simples eussent un poétique interprète dans la mêlée des opinions aux prises. Cet interprète ne leur a pas manqué. A l'heure même où la démagogie allemande est sortie de l'obscurité des systèmes pour s'emparer du monde réel, un livre a obtenu tout à coup un de ces succès immenses qui sont des événemens littéraires. L'auteur était inconnu; il débutait entre l'émeute de Dresde et l'agonie furieuse du parlement de Francfort, et depuis trois ans, au milieu des préoccupations les plus graves, il a opéré un charme qui se prolonge encore : la quatorzième édition de son livre vient de paraître. Quelle est cette œuvre accueillie avec un si rapide enthousiasme à l'heure où les ''humanistes'' saluaient dans les émeutes et les guerres civiles l'enfantement laborieux du monde nouveau? C'est une œuvre tout enfantine. Les gracieux dessins de Steinlé et de Richter semblent y prendre une voix et se mettent à chanter. On ne saurait rien imaginer de plus candide, de plus tendre, de plus soumis, de plus humblement affectueux, rien de plus contraire, en un mot, à l'arrogance hégélienne.▼
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être réveillés, et cependant le mal gagnait de proche en proche. Les révolutions ont mis brusquement à découvert ces influences malsaines, elles ont fait éclater tout ce qui s’agitait dans l’ombre à l’abri de cette sécurité trompeuse ; maintes apparitions sinistres ont eu lieu, mais finalement l’explosion a purifié l’atmosphère. Il est permis de regretter, dans la politique, bien des choses qui ont suivi cette catastrophe, bien des réactions salutaires qui ont dépassé le but et repris ce qui était légitimement gagné : dans l’ordre tout autrement sérieux de la pensée et de l’existence morale, il n’y a rien à regretter. La crise était nécessaire, et elle a été féconde. Pour beaucoup d’intelligences, une vie nouvelle a daté de ce moment ; aussitôt l’orage fini, de suaves odeurs ont parfumé la nature.
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Un caractère remarquable de cette humilité, c'est qu'elle a conscience de sa force, et que l'auteur l'oppose avec une certaine résolution à l'orgueil effréné fie ceux qu'il veut combattre. De plus, le poète a la prétention de faire une œuvre strictement catholique. Il ne craint pas les écarts bien naturels où l'art peut induire le cœur le plus rigide; il dédaigne les avertissement de Boileau, et croit que les mystères des chrétiens sont susceptibles d’''ornemens égayés''. A la manière des artistes du moyen-âge, il appelle Jésus-Christ le maître du chant et l'instituteur des poètes. Ce sont les poètes sacrés qui doivent reconstruire la cathédrale renversée par tant de secousses violentes; il faut au monde des lyres nouvelles et de nouvelles harmonies. A l'œuvre, compagnons! ne me laissez pas travailler seul au saint édifice que je bâtis : chantons, chantons, et que l'église catholique se relève!▼
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grace spiritualiste des ancêtres bafouée par tant de voix injurieuses, il était impossible de ne pas songer aux ascétiques dessins d’Owerbeek, aux œuvres si suaves de Steinlé, ou bien à ces compositions charmantes dans lesquelles M. Louis Richter groupe si harmonieusement les enfans et les mères. Comment donc quelque poète n’a-t-il pas fait avec une pleine conscience de son œuvre ce que ces talens aimables accomplissaient d’instinct ? Il fallait sans doute que la démagogie hégélienne parût victorieuse un instant pour être plus complètement détruite. Ce qui est certain au moins, c’est que les désordres de la pensée publique provoquèrent enfin cette réaction trop lente. Puisque Henri Heine lui-même allait protester si gaiement contre le haut clergé de l’athéisme, il était bien temps, que les ames croyantes et les cœurs simples eussent un poétique interprète dans la mêlée des opinions aux prises. Cet interprète ne leur a pas manqué. À l’heure même où la démagogie allemande est sortie de l’obscurité des systèmes pour s’emparer du monde réel, un livre a obtenu tout à coup un de ces succès immenses qui sont des événemens littéraires. L’auteur était inconnu ; il débutait entre l’émeute de Dresde et l’agonie furieuse du parlement de Francfort, et depuis trois ans, au milieu des préoccupations les plus graves, il a opéré un charme qui se prolonge encore : la quatorzième édition de son livre vient de paraître. Quelle est cette œuvre accueillie avec un si rapide enthousiasme à l’heure où les ''humanistes'' saluaient dans les émeutes et les guerres civiles l’enfantement laborieux du monde nouveau ? C’est une œuvre tout enfantine. Les gracieux dessins de Steinlé et de Richter semblent y prendre une voix et se mettent à chanter. On ne saurait rien imaginer de plus candide, de plus tendre, de plus soumis, de plus humblement affectueux, rien de plus contraire, en un mot, à l’arrogance hégélienne.
▲Un caractère remarquable de cette humilité,
« A l'œuvre! et prenez confiance! Apportez vos harpes et vos glaives! Ne me laissez pas construire seul le monument; trop lourde pèserait ma tâche! ▼
▲« A
« Que Dieu daigne bénir notre école ! Les disciples, c'est moi qui les appelai, non pas du haut de la chaire du maître : je veux être un disciple, moi aussi.▼
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▲« Que Dieu daigne bénir notre école ! Les disciples,
« Celui qui trône dans l'empire des esprits, celui-là est notre maître, c'est l'éternel seigneur et maître, c'est notre sauveur Jésus-Christ! »▼
▲« Celui qui trône dans
Telle est la confiance de ce juvénile enthousiasme; l'écrivain arbore fièrement sa foi, et il a l'ambition d'en devenir le poète. N'est-ce pourtant qu'une reproduction des écoles qui déjà, par des procédés divers, ont essayé de créer une poésie catholique ? On a vu, au commencement de ce siècle, deux manières de comprendre cette tâche : les uns se rangeaient sous la bannière de M. de Maistre, et, jetant l'injure à l'esprit moderne, relevaient insolemment les âges théocratiques; les autres cherchaient dans ces vieux siècles un mysticisme plein de grâce, ils se créaient un moyen-âge de fantaisie, et ils y marchaient au milieu d'éblouissemens continuels. Cette dernière école est l'école dite romantique au-delà du Rhin, l'école des Clément de Brentano et des Achim d'Arnim. L'ouvrage dont nous parlons n'aurait pas eu le succès qui l'a couronné, s'il ne se fût distingué par quelque nouveauté charmante; il fallait surtout qu'il fût approprié à la situation et qu'il répondît au besoin des ames. Ni l'altière arrogance de M. de Maistre, ni le mysticisme artificiel de Clément de Brentano ne pouvaient convenir à l'Allemagne après les crises qu'elle venait de traverser; elle était trop souffrante pour supporter les invectives amères, elle était trop fatiguée de l'abus des systèmes pour se plaire encore aux mystiques raffinemens. L'ouvrage qui l'a charmée brille par une grâce tranquille et sereine. Point de prétentions, point d'efforts; c'est la simplicité d'une ame qui s'ouvre à la lumière, c'est le calme d'une journée qui commence. Un célèbre écrivain, M. Berthold Auerbach, vient de publier un roman sous le titre que Dante avait donné au récit de son adolescence; il l'a appelé gracieusement ''Vie nouvelle, Neues Leben'', et il a tâché d'y peindre les émotions de l'Allemagne au moment où elle entre dans cette carrière que les derniers événemens lui ont faite. Vie nouvelle, c'est bien en effet le mot de la situation présente. Il faut une nouvelle existence à cette Allemagne, qui, sous l'influence de tant de sophistes, en est venue à se renier elle-même. Ses traditions se sont rompues, son génie s'est voilé, le pays des idéales rêveries et des contemplations sublimes s'est perdu dans le matérialisme, comme le Rhin se perd dans les sables. Où irait-on plus loin dans cette voie? Au-dessous des Feuerbach et des Stirner, il n'y a plus rien, on a touché le fond de l'abîme. Il est bien temps que l'Allemagne se cherche enfin et se retrouve. Avec le poète aimable qu'elle a si cordialement accueilli, il semble déjà qu'elle revienne à l'enfance. Plus lard, bientôt sans doute, elle sera redevenue assez maîtresse d'elle-même pour se mesurer de nouveau avec les questions viriles; au lendemain des secousses violentes, elle semble n'aspirer qu'au repos. La faiblesse naïve dont celle poésie catholique est empreinte était précisément la vertu magique dont elle avait besoin pour rompre les maléfices démoniaques. Un enfant a protesté, et sa voix, comme un exorcisme, a dissipé les influences maudites. Tel est le sens de ce gracieux récit d’''Amaranthe'' adopté par l'Allemagne avec une sympathie si unanime; telle est l'originalité de ce poète, M. Oscar de Redwitz, dont le nom s'est placé tout à coup au premier rang parmi les noms les plus aimés.▼
▲Telle est la confiance de ce juvénile enthousiasme ;
M. Oscar de Redwitz-Schmoelz est né, le 28 juin 1833, à Lichtenau, petite ville voisine d'Ansbach, au centre de la Franconie bavaroise. Il appartient à une ancienne famille du pays. Son père, M. Louis de Redwitz, a rempli long-temps des fonctions considérables dans l'administration publique; sa mère, Anne de Miller, est la nièce d'un poète, Jean-Martin de Miller, qui a laissé un honorable souvenir dans l'histoire littéraire. Tout jeune encore. M. Oscar de Redwitz quitta sa ville natale pour la Bavière rhénane. Il séjourna à Kaiserslautern d'abord, puis à Spire, et enfin aux frontières mêmes de la France, dans la province des Deux-Ponts, où son père avait été appelé. C'est là que s'écoula son enfance. Après avoir terminé, au collège de Wissembourg, en Alsace, des études commencées à Spire, il alla passer cinq années à l'université de Munich, où il s'occupa surtout de philosophie et de jurisprudence. Revenu à Spire en 1846, il s'y prépara à la carrière de jurisconsulte, selon les désirs de sa famille; mais la poésie s'était déjà emparée de son ame; il menait de front, avec une ardeur extrême, et les travaux réguliers du droit, et la pratique enthousiaste de l'art auquel il avait l'ambition de consacrer sa vie. Son père mourut au printemps de 1848. Toute l'Allemagne était en feu; de généreuses espérances, des aspirations patriotiques frayaient la route aux utopies ridicules et aux convoitises sauvages. Réduit à l'isolement par le coup qui venait de le frapper, le jeune poète ressentit plus fortement, au sein de ses afflictions domestiques, les tourmens de la vie sociale. La poésie lui offrait un refuge, il s'y enferma avec piété. La poésie n'est trop souvent qu'une chose extérieure à l'artiste, un emploi artificiel de l'intelligence où le sentiment moral n'a qu'une médiocre part; elle était mêlée pour lui, dès le début, à toutes les émotions de la vie. Qui peut dire si sa tristesse particulière, jointe aux publiques inquiétudes, n'eût pas nui à la sérénité de son inspiration? Heureusement pour l'écrivain, cette même année 1848 lui apporta des consolations précieuses. Quelques mois après la mort de son père, il se fiança à une jeune fille dont la douce influence est très visible dans son poème d’''Amaranthe''. C'est auprès d'elle, à une petite distance de Kaiserslautern, dans une paisible maison de campagne cachée sous une forêt de sapins, que M. de Redwitz composa la meilleure partie de son poème. Il a décrit lui-même le tranquille bonheur de ces jours privilégiés dans une introduction ajoutée à la deuxième édition de l'ouvrage. Le titre de la pièce est ''le Retour dAmaranthe''. Le poète, en se séparant de son œuvre, avait envoyé avec confiance sa simple et chaste héroïne au milieu de la société bouleversée, et il la voit revenir toute joyeuse dans la vallée des sapins :▼
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questions viriles ; au lendemain des secousses violentes, elle semble n’aspirer qu’au repos. La faiblesse naïve dont celle poésie catholique est empreinte était précisément la vertu magique dont elle avait besoin pour rompre les maléfices démoniaques. Un enfant a protesté, et sa voix, comme un exorcisme, a dissipé les influences maudites. Tel est le sens de ce gracieux récit d’''Amaranthe'' adopté par l’Allemagne avec une sympathie si unanime ; telle est l’originalité de ce poète, M. Oscar de Redwitz, dont le nom s’est placé tout à coup au premier rang parmi les noms les plus aimés.
▲M. Oscar de Redwitz-Schmoelz est né, le 28 juin 1833, à Lichtenau, petite ville voisine
« Je m'appuie silencieusement à la fenêtre cintrée, dans la vieille et solitaire métairie tout environnée d'une noire forêt de sapins, et je contemple au dehors les spectacles de l'automne. Nul bruit de rues qui trouble ma rêverie; je n'entends que les feuilles sur les murailles tapissées de vignes qui craquent au souffle léger du vent. Du côté de la forêt, à l'extrémité des bruyères, le brouillard s'enveloppe de ses voiles blanchâtres, et là-haut, au milieu de nuées grises qui se pressent, navigue gravement une troupe de grues. C'est l'automne. Que m'importe? dans ces murs solitaires, le printemps reste épanoui pour moi avec ses splendeurs, ses parfums et sa paix. En vain je vois tomber l'une après l'autre les feuilles desséchées; ici, une petite fleur cachée continue de fleurir pour moi. Si les oiseaux se taisent, je me chante à moi-même mes chansons. Pour le chanteur, il n'y a jamais d'hiver; aussitôt qu'un printemps est fini, un nouveau printemps recommence.▼
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composa la meilleure partie de son poème. Il a décrit lui-même le tranquille bonheur de ces jours privilégiés dans une introduction ajoutée à la deuxième édition de l’ouvrage. Le titre de la pièce est ''le Retour dAmaranthe''. Le poète, en se séparant de son œuvre, avait envoyé avec confiance sa simple et chaste héroïne au milieu de la société bouleversée, et il la voit revenir toute joyeuse dans la vallée des sapins :
▲« Je
« Tout à coup on frappe doucement à ma porte. - Entrez!... béni soit le ciel! c'est toi! Dieu te ramène à moi si promptement! ô Amaranthe, c'est toi, ma fille! - et soudain embrassemens, longs baisers, pleurs de joie qu'on ne peut retenir. - Eh bien ! chère fille, parle vite, quelle a été la destinée dans le monde? - Alors elle me tient embrassé avec une grâce enfantine, elle me regarde en souriant, puis son visage, peu à peu devient grave, et elle me dit : « Fidèle aux recommandations que tu m'as faites en me bénissant au départ, protégée par ton bouclier et ton glaive, je suis allée, dans le vaste monde. Partout .où je dirigeais mes pas dans les contrées allemandes, la tempête furieuse mugissait; mais j'avais la confiance d'un enfant, et, comme tu me l'avais ordonné, je traversais la tempête. Les places, les rues retentissantes, c'était mon devoir de les éviter avec soin; mais, dès que je trouvais une maison silencieuse, je frappais et demandais à entrer. Alors plus d'une main chère et loyale m'introduisait au sein de la demeure. Là je donnais d'abord tes complimens de bienvenue aux femmes, aux femmes allemandes, aux pieuses créatures. Puis j'illuminais les chastes regards des clartés du pur amour, je faisais couler des yeux des mères de douces larmes de tendresse. Si un cœur honnête était malade de ses illusions perdues, j'étais heureuse de le rafraîchir avec les souffles de la forêt. Plus d'une ame m'a remerciée des heures toutes divines dont je l'ai fait jouir avec mes chants; plus d'un jeune homme, le cœur plein, m'a chargée pour toi de ses saluts... »▼
▲« Tout à coup on frappe doucement à ma porte.
L'écrivain qu'un succès si complet a autorisé à parler de la sorte se peint ici lui-même avec cette naïveté cordiale qui est le charme de ses vers. Cette chaste figure, si enfantine et cependant si résolue, qui a parcouru l'Allemagne à travers la mêlée révolutionnaire et y a semé tant de bonnes pensées, c'est bien la ressemblante image de sa poésie. C'est au printemps de 1849 que l’''Amaranthe'' de M. de Redwitz s'est mise en route; c'est quelques mois après qu'elle venait s'abriter un instant sous le toit du poète et lui rendre compte de son message. Quel poème si nouveau, doit-on se dire, quelle invention si originale a pu distraire les âmes en ces mois terribles où, de Dresde au Palatinat et de Berlin à la Hongrie, l'insurrection sanglante provoquait des vengeances sans pitié? A ne considérer que le fond des choses, il n'y a rien là de très nouveau à coup sûr; ce n'est pas une de ces œuvres hardies qui commandent l'attention et dominent les cris de la multitude; c'est simplement, à travers mille faiblesses, la grâce allemande des vieux âges depuis long-temps perdue et tout à coup retrouvée, la grâce des ''Minnesinger'', la candeur des Wolfram et des Hadloub, une poésie ingénue, cordiale, empressée, qui s'introduit sans efforts, qui frappe, qui entre, qui presse la main tremblante de son hôte ou essuie son visage baigné de larmes. Qu'on se garde bien de blâmer chez elle l'inexpérience de l'art, l’embarras du plan, l'indécision des épisodes : dans les tableaux qu'elle va peindre, le sentiment seul est tout. Poésie confiante et bénie! Si vous y voyez le sourire vrai et le charme incomparable de l'enfance, ne lui demandez pas autre chose; elle a senti d'instinct ce qui pouvait rafraîchir les ames, et vous avez le secret de son prestige.▼
L’écrivain qu’un succès si complet a autorisé à parler de la sorte se peint ici lui-même avec cette naïveté cordiale qui est le charme de ses vers. Cette chaste figure, si enfantine et cependant si résolue, qui a parcouru l’Allemagne à travers la mêlée révolutionnaire et y a semé tant de bonnes pensées, c’est bien la ressemblante image de sa poésie.
Le poème de M. Oscar de Redwitz, comme presque tous les poèmes des ''Minnesinger'' et des maîtres chanteurs, commence avec une grâce toute printanière. - La forêt est verte et parfumée, les oiseaux chantent dans les arbres, les ruisseaux courent sur la mousse; mille petites fleurs, au fond de la vallée et sur la lisière du bois, ouvrent leurs corolles humides que va sécher le soleil. Cette forêt, c'est la Forêt-Noire; cette vallée, c'est la vallée du Neckar. Le poète était naturellement attiré vers ces contrées heureuses; c'est au bord du Neckar et sous les ombrages du Schwarzwald que les plus aimables des ''Minnesinger'' du XIIIe siècle ont semé leurs mélodies; c'est là encore que le groupe harmonieux conduit par Uhland et Justinus Kerner a cultivé tant de précieuses Fleurs. Il y a comme une invisible magie dans ces beaux lieux. A travers les défaillances que nous révèle son œuvre, M. de Redwitz a eu du moins le mérite de ressentir ces enchantemens avec une ame de poète; il est vraiment sous le charme. La forêt est toute remplie pour lui de conseils inattendus; il y a dans le frémissement des feuilles, dans le murmure de la source, dans le vol léger des phalènes, un langage dont il comprend tous les mystères. Il renouvelle sans efforts ces sujets maintes fois traités, tant ses sympathies sont vraies, tant il ouvre son ame avec bonheur aux mille bruits confus des matinées d'avril!▼
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▲Le poème de M. Oscar de Redwitz, comme presque tous les poèmes des ''Minnesinger'' et des maîtres chanteurs, commence avec une grâce toute printanière.
La poésie catholique en Allemagne, lors même qu'elle se pique d'orthodoxie et de sévérité, n'a jamais de tendance à l'ascétisme; elle essaierait en vain de maudire la nature. La rigueur janséniste, qui voit partout le piège tendu à l'humaine faiblesse, parle une langue inintelligible au compatriote d'Albert Durer et de Goethe. Un disciple des Wolfram d'Eschembach et des Walther de Vogelweide pourra-t-il jamais admettre que cette nature tant aimée, ces bois, ces prés, ces coteaux du Neckar chargés de vignes en fleurs, aient subi comme nous l'influence du péché d'Adam? Bien loin de là, il y voit partout le sourire de Dieu. La poésie allemande ne connaît pas même cette grave tristesse d'un cœur pieux qui, sans maudire le monde comme une embûche, le compare avec regret aux domaines où nulle fleur ne se fane. Il y a un bien touchant passage dans l’''Hexameron'' de saint Basile. L'évêque de Césarée se promène dans la campagne, et, voyant fleurir des roses, il s'apitoie sur leur destinée : « Vous avez été condamnées comme nous, s'écrie-t-il, condamnées à naître et à vous flétrir. Si le péché de l'homme n'eût bouleversé la nature, vous vous seriez éternellement épanouies dans le paradis terrestre, sans craindre ni la morsure de l'insecte ni l'haleine meurtrière du vent. » Ce paradis terrestre, ce monde que la malédiction n'a pas encore frappé, la poésie allemande ne le regrette pas; il semble qu'elle le possède et qu'elle en jouisse. Si sévère que soit l'intention dogmatique de l'auteur, il conduira toujours Jésus-Christ par des chemins embaumés au sein d'une nature toute pleine d'incantations, et la doctrine qu'il veut propager y laissera naturellement quelque chose de sa rigueur. Je sens qu'une vertu est sortie de moi, disait le Sauveur le jour où Madeleine eut arrosé ses pieds avec des parfums; au contraire, c'est merveille de voir comme cette poésie des races du Nord, dès qu'elle se reprend aux inspirations religieuses, y mêle aussitôt, sans le plus léger scrupule, ce qui alarmerait ailleurs un esprit vigilant. Sa tradition est restée celle du moyen-âge, particulièrement du moyen-âge germanique. Rappelez-vous la plénitude de cœur qui débordait chez saint François d'Assise en des hymnes si chastement ardentes et qui enveloppait l'univers dans ses mystiques effusions. Rappelez-vous surtout l'audace involontaire de celui qui écrivait pour les Allemands les symboliques aventures de Parceval. Comme le moine d'Assise et comme Wolfram d'Eschembach, la poésie catholique, au-delà du Rhin, converse avec les petits oiseaux, elle a des familiarités charmantes avec les fleurs, avec les animaux paisibles, avec tout ce qui vit sous le soleil, et l’ame universelle lui parle par toutes les voix de la création. A coup sûr, il ne faut pas voir là du panthéisme ; n'est-ce pas toutefois un curieux spectacle que ce poète dont l'ambition est de relever l'art catholique, et qui commence par absoudre la nature avec la franchise d'Albert Durer? Ces innocentes hardiesses de M. de Redwitz ont un caractère bien allemand; il y a dans ses tableaux toute la candeur, et il faut ajouter, pour être complet, toute la témérité des vieux maîtres.▼
La poésie catholique en Allemagne, lors même qu’elle se pique
Au milieu de cette nature sereine, dans ces vallées du Neckar où refleurit si volontiers la grâce dés anciens jours, habite un jeune homme non moins ému que M. de Redwitz par toutes les séductions de cette contrée. Nous sommes au moyen-âge. C'est le temps où les chefs des ''Minnesinger'' vont s'abandonner à leur enthousiasme dans les luttes du château de la Wartbourg, c'est le temps où Henri Frauenlob va célébrer si noblement les femmes allemandes, où Gottfried de Strasbourg sera l'interprète des tendres rêveries, et Wolfram d'Eschembach le chantre des sublimes pensées. La poésie est partout. Ici elle règne chez les ducs et les landgraves, là elle s'épanouit dans le creux du sillon; elle embaume les retraites studieuses et les monastères des femmes, ou bien elle accompagne les Hohenstaufen dans leurs expéditions aventureuses. Le héros de M. de Redwitz a subi ces douces influences. Walther est son nom. Privé d'un père qu'il n'a pas connu, élevé par sa mère dans le château délabré de ses aïeux, le jeune chevalier vient d'atteindre l'âge où toutes les puissances intérieures s'éveillent impétueusement et veulent se donner carrière. A cheval, son faucon au poing, courant par vaux et par montagnes, Walther appelle avec impatience les occasions glorieuses où il pourra relever l'honneur de sa maison. Chose singulière pourtant, au milieu de ces ardeurs, il y a place dans son ame pour les sentimens les plus suaves et la plus touchante humilité : le fils des burgraves est aussi le disciple des chantres d'amour. Il chante sans cesse, il chante la joie des combats et le mépris du danger, il chante le bonheur de se sentir emporté à travers les monts et les plaines sur un coursier rapide; mais tout à coup, s'il pense à l'amour de sa mère, sa voix s'attendrit, il oublie les guerres enivrantes et ne songe plus qu'à la félicité du foyer domestique. Comme il devient humble! comme l'impétuosité fait place à la soumission la plus douce! comme il voit succéder aux images de batailles l'image rêvée de la petite chambre où demeurerait, solitaire et pieuse, la jeune fille qu'il prie Dieu de lui envoyer! Il s'écriait tout à l'heure : « Je suis comme le torrent; qui pourrait m'arrêter? Vains efforts! celui qui oserait l'essayer, je l'emporterais avec moi dans ma course et le traînerais sur le dos! » Écoutez-le maintenant; il est en extase devant son idéal, et il dit, les mains jointes :▼
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/772]]==
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==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/773]]==
allemand ; il y a dans ses tableaux toute la candeur, et il faut ajouter, pour être complet, toute la témérité des vieux maîtres.
▲Au milieu de cette nature sereine, dans ces vallées du Neckar où refleurit si volontiers la grâce dés anciens jours, habite un jeune homme non moins ému que M. de Redwitz par toutes les séductions de cette contrée. Nous sommes au moyen-âge.
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« Je voudrais me glisser à toutes les fenêtres aussi délicatement
« Et la femme que je verrais la plus calme, la plus silencieuse, pieusement
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/774]]== occupée à de chastes songes, je lui prendrais les mains pour les mettre sur mon cœur, et je lui donnerais mon anneau. <center>II</center>
« Il ne faut à ma bien-aimée ni écrin de diamans, ni vêtemens de velours et
« Mais dans le trésor sacré de son cœur,
<center>III</center>
« Je ne demande pas pour son visage la beauté qui éblouit. Ce ne sont pas ses yeux, ce
« Afin que la seule vue de ses traits me remplisse
<center>IV</center>
« Je ne veux pas recevoir un gage de tes mains pour être assuré de ton cœur ; je ne veux pas de sermens qui te lient à moi, je ne veux pas de regards qui aie sourient amoureusement.
« Je veux seulement placer ma main sur la tête, et demander à ton ame comment elle est attachée au Seigneur ; cela seul me dira tout. »
Walther va partir pour la croisade avec
Le joyeux tableau de Walther galopant ainsi vers le pays de sa belle fiancée termine avec art ce premier chant. La piété ascétique et les libres élans
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/775]]== se Le second chant, à côté de ce portrait fier et candide, nous montrera la douce figure de
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/776]]== il se rappelle la mission Walther est arrivé en Italie. Le château du comte, père de Ghismonda,
Plus Walther est soucieux, plus la brillante comtesse redouble de séductions auprès de son fiancé.
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/777]]== Bernard. Laisse là le christianisme, dit Ghismonda à Walther ; ''sors libre et triomphant de la ténébreuse vallée du mythe, et monte avec moi sur la montagne de la vérité, au sein de la lumière sans voile ; Comment se terminera ce troisième chant ? Quels seront les rapports de Ghismonda et de Walther ? Il
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/778]]== crois au Dieu des chrétiens ? » Ghismonda se détourne de la croix avec dédain, M. de Redwitz
Telle est
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/779]]== poésie sublime ==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/780]]== est indécise, mais M. de Redwitz a eu le bonheur de répondre à cette tristesse vaguement répandue et de la charmer par ses vers.
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/781]]== gravier, et ses eaux immaculées vont traînant maintes souillures. Avec cette idée si simple, M. de Redwitz compose une sorte de légende comme les aimait Clément de Brentano, un de ces contes où la nature vit, où les choses ont une ame et conversent avec nous. Lui-même, il est fidèle aux préceptes Le succès de M. de Redwitz a été si complet,
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/782]]== que distingués. Parmi ceux qui ont mérité de fixer « Parce que nous confessons librement le christianisme, notre bouclier ; parce
« Parce que nous croyons, en toute pureté de cœur, à
« Parce que nous sommes saintement et ardemment dévoués à notre ami ; parce que
« Parce que nous ne refusons pas le respect au vieillard ; parce que nos pas nous conduisent dans
« Parce que notre poésie ne
« Les médians, troupe hideuse, dardent contre nous, en sifflant, leurs langues chargées de poison et
« Sifflez ! diffamez ! un jour, ce sera cette école de fidèles chanteurs qui sauvera notre société,
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/783]]==
« Quand on porte Dieu,
« Faites donc retentir vos luths au sein de la nuit profonde, chantez sans relâche, ô frères ! Les magnifiques rayons
On voit de quelle généreuse ardeur M. Oscar de Redwitz a enflammé ceux qui le suivent. Malheureusement le poème de M. Hermann de Béquignolles ne répond pas à ces promesses trop confiantes. Ce poème est intitulé ''Blondel. Hilarion'' représentait la foi en la Providence ; ''Blondel'' est le symbole du dévouement. Cette fois, le jeune écrivain a emprunté son sujet à
M. Oscar de Redwitz, au milieu des hommages qui
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/784]]== en vers des ''Niebelungen'', du ''Parceval'', du ''Titurel'', de ''Gudrun'', de ''Wieland le forgeron'', ont une saveur originale qui leur donne un caractère à part. Voilà le maître La manière !
==[[Page:Revue d’Achim d’Arnim, il reproduirait sans éclat leurs procédés poétiques, et finirait comme eux par devenir étranger à son siècle. M. de Redwitz Quelle sera la durée de ce travail des âmes révélé par le succès de M. de Redwitz ? Quel sera le sort de la poésie catholique en Allemagne ? Questions sérieuses, et qui touchent aux plus précieux intérêts de la pensée. Les chaleureuses sympathies excitées par le jeune écrivain semblent indiquer une transformation dont on peut attendre le développement avec confiance. Cette transformation
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