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seulement à quoi l’on est arrivé par le cours forcé du papier des banques départementales.
<section begin=s1/>seulement à quoi l’on est arrivé par le cours forcé du papier des banques départementales.


Le ministre des finances est d’ailleurs surchargé de nécessités qui l’obligent souvent d’aller au plias pressé avant d’aller au plus essentiel. Il y a des charges quotidiennes qui grèvent lourdement le trésor ; le trésor a dû se mettre aux lieu et place de l’industrie privée pour alimenter une population sans travail, dont le chiffre s’élève chaque jour. Ce désoeuvrement forcé de la multitude double pour ainsi dire le poids dont elle pèse sur toutes les questions politiques. Le pays s’habituera sans doute à voir l’ouvrier régulièrement occupé quitter cependant sa tâche pour intervenir, à l’heure et au jour fixés, dans tous les actes communs de la vie du citoyen. Le pays aura, nous l’espérons, à se féliciter du concours universel de ses enfans, aussitôt que tous rempliront leurs devoirs publics selon des règles prescrites et dans un ordre respecté ; mais, il faut le dire, le pays s’inquiète à bon droit en voyant ces masses oisives promener encore aujourd’hui un triomphe qu’elles grossissent à force de le célébrer. Ce triomphe, qui est devenu celui de la France entière, elles s’accoutument trop à le regarder toujours comme leur propriété exclusive. Elles ne prennent pas ainsi une juste notion de leurs droits incontestables ; elles les exagèrent jusqu’à contester ceux des autres. Il est pourtant, nous en sommes sûrs, au milieu même de ces masses profondes, des esprits naturellement justes, capables de redresser cette direction mauvaise. Nous voyons avec une satisfaction toute particulière les sages rédacteurs de ''l’Atelier'' adresser à leurs camarades des conseils dont personne ne saurait égaler l’autorité. C’est à eux surtout, c’est à tous les travailleurs sensés qu’il appartient de prêcher la liberté de la presse et la liberté de la discussion ; c’est à eux que l’une et l’autre doivent le plus profiter.
Le ministre des finances est d’ailleurs surchargé de nécessités qui l’obligent souvent d’aller au plias pressé avant d’aller au plus essentiel. Il y a des charges quotidiennes qui grèvent lourdement le trésor ; le trésor a dû se mettre aux lieu et place de l’industrie privée pour alimenter une population sans travail, dont le chiffre s’élève chaque jour. Ce désoeuvrement forcé de la multitude double pour ainsi dire le poids dont elle pèse sur toutes les questions politiques. Le pays s’habituera sans doute à voir l’ouvrier régulièrement occupé quitter cependant sa tâche pour intervenir, à l’heure et au jour fixés, dans tous les actes communs de la vie du citoyen. Le pays aura, nous l’espérons, à se féliciter du concours universel de ses enfans, aussitôt que tous rempliront leurs devoirs publics selon des règles prescrites et dans un ordre respecté ; mais, il faut le dire, le pays s’inquiète à bon droit en voyant ces masses oisives promener encore aujourd’hui un triomphe qu’elles grossissent à force de le célébrer. Ce triomphe, qui est devenu celui de la France entière, elles s’accoutument trop à le regarder toujours comme leur propriété exclusive. Elles ne prennent pas ainsi une juste notion de leurs droits incontestables ; elles les exagèrent jusqu’à contester ceux des autres. Il est pourtant, nous en sommes sûrs, au milieu même de ces masses profondes, des esprits naturellement justes, capables de redresser cette direction mauvaise. Nous voyons avec une satisfaction toute particulière les sages rédacteurs de ''l’Atelier'' adresser à leurs camarades des conseils dont personne ne saurait égaler l’autorité. C’est à eux surtout, c’est à tous les travailleurs sensés qu’il appartient de prêcher la liberté de la presse et la liberté de la discussion ; c’est à eux que l’une et l’autre doivent le plus profiter.<section end=s1/>
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<section begin=s2/><center>Histoire de l’esclavage dans l’antiquité</center>

''Histoire de l’esclavage dans l’antiquité'', par H. Wallon <ref>3 volumes in-8) ; Paris, 1848, chez Dezobry et Madeleine, rue des Maçons-Sorbonne, 1. </ref>. — Ce livre n’est point un ouvrage de circonstance. Fruit de patientes recherches et de longues méditations, tout y porte l’austère et mâle empreinte dont la science marque les œuvres durables. C’est sans doute une heureuse rencontre pour un écrivain qui a consumé ses veilles à chercher des armes contre l’esclavage jusque dans les plus lointains et les plus obscurs monumens du passé, que son livre paraisse la veille d’une révolution destinée à porter le dernier coup à la plus sacrilège des institutions ; mais, si cette coïncidence est une bonne fortune pour M. Wallon, il est aisé de voir qu’il n’a point couru après elle, et c’est justement pour cela qu’il la mérite et que nous l’en félicitons.

L’histoire de l’esclavage dans l’antiquité est un des plus grands sujets qui pût tenter la curiosité d’un érudit et la raison d’un philosophe. Il demande à la fois des recherches précises et une sagacité profonde. C’est tout un ordre immense de faits essentiels à coordonner ou à découvrir, et, du point de vue où l’historien se trouve placé en les recueillant, son regard pénètre si avant dans les entrailles des anciennes sociétés, que personne ne peut et ne doit assigner mieux que lui les causes des révolutions qui les ont agitées, les principes de dissolution qui ont amené leur décadence et leur ruine. Ajoutez à cela que ce magnifique sujet est resté neuf, ou peu s’en faut. L’Allemagne et la France ont exploré, il est vrai,<section end=s2/>