« Poètes et romanciers modernes de la Grande-Bretagne - Thomas Hood » : différence entre les versions
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{{journal|Poètes et romanciers modernes de la Grande-Bretagne - Thomas Hood|[[Auteur:Paul-Émile Daurand-Forgues|E.-D. Forgues]]|[[Revue des Deux Mondes]] T.20 1847}}
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Avant d'étudier les ouvrages d'un poète ''humoriste'' par excellence, il conviendrait peut-être de chercher à définir ''l'humour'', cette forme particulière, cette nuance presque insaisissable de ce qui, chez nous, s'appelle esprit. Pourquoi et comment, de sa signification primitive empruntée aux Latins, - eau, substance liquide, - ce mot intraduisible en est-il venu à désigner une qualité, un instinct si l'on veut, une force selon quelques-uns, selon d'autres une maladie de l'intelligence? Il faut chercher l'explication de cette bizarrerie dans les notions de la physiologie humaine telles qu'elles existaient au moment où la philosophie moderne cherchait et façonnait son idiome. Reprenant la tradition médicale à peu près au point où Hippocrate l'avait laissée, les doctes esculapes de la renaissance attribuèrent aux divers sucs élaborés dans l'alambic vital une action directe sur les mouvemens, les dispositions de l'ame. Pour le vulgaire, toute idée doit prendre corps, sous peine de rester incomprise ; et, comme les médecins ne sont pas précisément portés à faire prédominer l'intelligence sur la machine physique, il se fit alors une confusion assez naturelle entre les divers états de l'ame et les humeurs de toute espèce auxquelles on accordait une importance si considérable. De là mille locutions qui n'ont d'autre origine que cet amalgame curieux entre l'organisme physique et l'organisme intellectuel : ''Flegme, colère, sang-froid, atrabilaire, mélancolie'', et tant d'autres mots que Cabanis lui-même n'aurait pu rendre plus expressifs, plus nettement, plus explicitement matérialistes. De là aussi l'introduction du mot ''humeur'' dans le vocabulaire métaphysique : bonne humeur fut synonyme de gaieté, mauvaise humeur de tristesse. Les Italiens appellent ''humorista'' l'homme dominé par l'humeur du moment, le capricieux, l'obstiné. Les Anglais à leur tour, - et il y a long-temps de cela, - créèrent leur mot ''humourist'', que je trouve ainsi défini dans un lexique de 1747 : ''Full of humours, whimsies, or conceits''; - rempli d'humeurs (c'est-à-dire de caprices), de boutades chimériques, d'imaginations folles, d'entêtemens inexplicables. Puis, un beau jour, - peut-être à propos de Butler et d’''Hudibras'', peut-être à propos de Burton, l'analyseur de la mélancolie, ou de John Bunyan et de son ''Pilgrim's Progress'', - cette expression, qui servait à définir le caractère, s'appliqua, par une déduction facilement comprise, au tempérament intellectuel, à l'excentricité littéraire, et ''l'humour'' devint, par une série de curieuses métamorphoses, certain égotisme de la pensée complètement affranchie, certaine effusion des sensibilités maladives, certain cynisme des intelligences solitaires, certain tour d'esprit naturellement bizarre, justement remarqué comme un caractère à part de la littérature anglaise, où surabonde peut-être cette individualité de l'écrivain, si rare ailleurs.▼
Avant d’étudier les ouvrages d’un poète ''humoriste'' par excellence, il conviendrait peut-être de chercher à définir ''l’humour'', cette forme particulière, cette nuance presque insaisissable de ce qui, chez nous, s’appelle esprit. Pourquoi et comment, de sa signification primitive empruntée aux Latins, — eau, substance liquide, — ce mot intraduisible en est-il venu à désigner une qualité, un instinct si l’on veut, une force selon quelques-uns, selon d’autres une maladie de l’intelligence ? Il faut chercher l’explication de cette bizarrerie dans les notions de la physiologie humaine telles qu’elles existaient au moment où la philosophie moderne cherchait et façonnait son idiome. Reprenant la tradition médicale à peu près au point où Hippocrate l’avait laissée, les doctes esculapes de la renaissance attribuèrent aux divers sucs élaborés
Je ne vois pas, pour ma part, un seul Allemand que je voulusse qualifier d'humoriste, non pas même Tieck, l'écrivain-fée, pas même Jean-Paul, le papillon in-folio, ''der Einzige'', comme ils l'appellent; pas même Hoffmann, dont l'idiosyncrasie névralgique, en ses morbides exaltations, ne s'affranchit jamais des procédés littéraires, et qui garde je ne sais quelle méthode jusque dans les plus étranges hallucinations de la fièvre. Or, ce défaut d'individualisme sincère, d'audacieux abandon, remonte bien haut en Allemagne, car on l'a reproché aux ''Minnesingers'' eux-mêmes, qui étaient pour la plupart de véritables érudits, paraphrasant volontiers ''l'Énéide'', comme Henry de Veldeck, ou tout au moins prêts à subir un examen en règle, comme les plus humbles maîtres-chanteurs. Ceux-ci, on le sait, n'étaient jamais admis dans leurs ''Saengerzünfte'' (confréries lyriques) sans avoir fourni leur chef-d'oeuvre d'épreuve, leur ''Satz'', composé dans des formes toujours les mêmes; espèce de tryptique en vers, dont chaque compartiment était tracé d'avance, et emprisonnait la fantaisie du poète. Quant aux auteurs de mystères carnavalesques (''Fastnacht's Spiel''), ils écrivaient aussi dans des conditions où le véritable humoriste ne s'est jamais trouvé. Ni Hans Foltz le barbier, ni Hans Rosenblutt l'enlumineur, ni le cordonnnier Hans Sachs, ne pouvaient donner carrière, sur les tréteaux de Nuremberg, à cette intime liberté de pensée dont le spectateur illettré n'aurait compris ni les brusqueries, ni l'apparente incohérence, ni les éclairs passagers. Cependant, puisque j'ai nommé Hans Sachs, il faut bien revenir sur une sentence trop absolue, et reconnaître que, s'il y a dans toute l'ancienne littérature allemande quelques étincelles d’''humour'', elles sont éparses dans les ''Schwänke'', ou fabliaux, au nombre de mille sept, dont il a rempli en partie les trente volumes écrits de sa main.▼
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Je ne vois pas, pour ma part, un seul Allemand que je voulusse qualifier d’humoriste, non pas même Tieck, l’écrivain-fée, pas même Jean-Paul, le papillon in-folio, ''der Einzige'', comme ils l’appellent ; pas même Hoffmann, dont l’idiosyncrasie névralgique, en ses morbides exaltations, ne s’affranchit jamais des procédés littéraires, et qui garde je ne sais quelle méthode jusque dans les plus étranges hallucinations de la fièvre. Or, ce défaut d’individualisme sincère, d’audacieux abandon, remonte bien haut en Allemagne, car on l’a reproché aux ''Minnesingers'' eux-mêmes, qui étaient pour la plupart de véritables érudits, paraphrasant volontiers ''l’Énéide'', comme Henry de Veldeck, ou tout au moins prêts à subir un examen en règle, comme les plus humbles maîtres-chanteurs. Ceux-ci, on le sait, n’étaient jamais admis dans leurs ''Saengerzünfte'' (confréries lyriques) sans avoir fourni leur chef-d’œuvre
En Italie, peu ou point d'humoristes. Est-ce un humoriste que l'élégant et pédant Boccace? ou Poggio Bracciolini, le résurrecteur de la belle latinité? ou ce moqueur d'Arioste? ou cet insolent Arétin? L'âpre satire que Machiavel lança contre les ''frati'', cette ''Mandragola'' qui fut jouée devant un pape et qui plus tard eût été brûlée au pied du Vatican, est-ce de ''l'humour''? Quand Pulci, dans son ''Morgante Maggiore'', se moque des poètes malavisés qui mêlaient à leurs absurdes légendes des dissertations théologiques plus absurdes encore; quand, sous prétexte de railler l'abus des textes religieux, il s'en prend quelque peu à la religion elle-même, fait-il oeuvre d'humoriste ou de sceptique désabusé? Il réagit, comme Cervantès, par la parodie, contre une influence passagère; il proteste, au nom du bon sens, contre les excès d'une littérature conventionnelle. C'est un homme de goût, un critique spirituel, un censeur délicat, tout ce qu'il y a de moins humoriste au monde. Gozzi ne l'est pas davantage : lisez plutôt ses charmans Mémoires. Ceux de Casanova prouvent de reste que ''l'humour'', dérèglement d'imagination, n'a rien de commun avec le libertinage sensuel.▼
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▲En Italie, peu ou point
Je ne contesterais pas volontiers à l'Espagne ce qu'il y a de véritablement humoristique dans son génie national. Les naïvetés du ''Romancero'', quelques détails de gueuserie dans les romans et nouvelles picaresques, quelques-unes de ces rodomontades dont on faisait jadis collection, ou des proverbes tant aimés de Sancho Pança, portent assez ce caractère particulier, cette empreinte individuelle dont nous cherchons les traces de tous côtés. On les retrouve aussi chez nous, et dans les ''Cent Nouvelles'' d'Anthoine de Lasalle, et dans Rabelais, bien que sa plaisanterie tumultueuse, le bruit des grelots qu'il agite pour étourdir son monde, soient précisément le contraire de cette épigramme discrète, dérobée, tranquille et pour ainsi dire en sourdine, qui est le trait le plus distinct de ''l'humour'' anglaise. Par accident, on remarquera quelques traces d’''humour'' chez Théophile de Viau, chez Saint-Amant, chez les poètes débraillés, viveurs, impies, à franches lippées. Tallemant des Réaux a conservé des mots, - ceux de Mme Cornuel par exemple, - que le doyen de Saint-Patrick eût reconnus pour compatriotes. Saint-Simon en a plusieurs, détachés à l'emporte-pièce de ces conversations un peu solennelles où cependant le trait humain, l'originalité d'un chacun, ne laissaient pas d'éclater par-ci, par-là. D'après ce qui il nous apprend, Lauzun devait être un humoriste, et des plus redoutables. Rappelez-vous seulement ce qui il osa risquer pour savoir à quel point il pouvait compter sur les bons offices de Mme de Montespan et pour la punir d'avoir voulu le jouer. L'homme qui, dans un transport d'ambition déçue, hasarde de pareils coups de tête n'aurait hésité devant aucun appel de la fantaisie.▼
▲Je ne contesterais pas volontiers à
De nos jours, en France, la réputation d'humoriste a tenté plus d'un conteur, plus d'un moraliste, plus d'un critique; mais, s'il est une qualité que tout l'art et toute la bonne volonté du monde ne peuvent donner, c'est justement cette insaisissable acutesse de l'esprit, cette singularité innée de l'expression qui, sans aucune affectation, sans aucune recherche apparente, avec toutes les graces de la négligence, tous les avantages de la spontanéité, montrent sous un jour bizarre, inattendu, les contrastes les plus familiers, les vérités les plus triviales, quelquefois les paradoxes les plus usés. Aussi tout notre savoir-faire et nos plus habiles pastiches n'ont-ils guère abouti qu'à d'ingénieuses contrefaçons; et s'il fallait à toute force trouver chez nous aujourd'hui un humoriste de quelque valeur, ce n'est pas dans la littérature proprement dite, mais parmi les réformateurs, les utopistes contemporains, qu'on serait bien avisé de le chercher. Ceci soit dit pour établir nettement la différence que nous mettons entre l'esprit, jeu brillant de la pensée, et ''l'humour'', qui a ses racines au coeur même de l'individu; ou mieux, ''l'humour'', c'est l'individu lui-même, donnant sa physionomie distincte et saisissante à tout ce qui sort de sa bouche ou de sa plume.▼
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d’''humour'' chez Théophile de Viau, chez Saint-Amant, chez les poètes débraillés, viveurs, impies, à franches lippées. Tallemant des Réaux a conservé des mots, — ceux de Mme Cornuel par exemple, — que le doyen de Saint-Patrick eût reconnus pour compatriotes. Saint-Simon en a plusieurs, détachés à l’emporte-pièce de ces conversations un peu solennelles où cependant le trait humain, l’originalité d’un chacun, ne laissaient pas d’éclater par-ci, par-là. D’après ce qui il nous apprend, Lauzun devait être un humoriste, et des plus redoutables. Rappelez-vous seulement ce qui il osa risquer pour savoir à quel point il pouvait compter sur les bons offices de Mme de Montespan et pour la punir d’avoir voulu le jouer. L’homme qui, dans un transport d’ambition déçue, hasarde de pareils coups de tête n’aurait hésité devant aucun appel de la fantaisie.
▲De nos jours, en France, la réputation
Chez les Anglais, cette incarnation de l'homme dans ses écrits ou dans ses paroles est légitimée par de nombreux et glorieux exemples. J'ai déjà parlé de Butler et de Burton; mais Chaucer, mais Shakespeare, - noms plus illustres, - furent aussi des humoristes. Johnson, si pompeux, si dogmatique lorsqu'il monte dans sa chaire et secoue sa perruque olympienne, le grand Johnson enfin nous a laissé dans son ''Dictionnaire'' et dans les curieux ''Mémoires'' de Boswell de beaux exemples d’''humour'' brutale, farouche, rappelant Timon l'Athénien et tout ce que Denys d'Halycarnasse nous a conservé des sarcasmes cyniques. La lettre de ''remerciemens'' de Johnson à lord Chesterfield, qui l'avait dédaigné pauvre et le complimentait fameux, est un modèle du genre. Avec des instincts tout différens, le doux ''Elia-Lamb'' appartient au même ordre d'écrivains, et je ne voudrais pas d'autres preuves que ''l'humour'' est un don du ciel parfaitement indépendant de la volonté, car Lamb est devenu original en cherchant à copier les autres. Son ambition fut de retrouver le vers abondant, sonore, nerveux, des anciens dramaturges anglais; et pour résultat de ses efforts, - avortés d'ailleurs, - il obtint cette prose exquise, parfumée d'archaïsme, brillante d'incrustations d'emprunt, et qui néanmoins est sienne tout autant que le style de Montaigne est sien. Il cherchait sa place à côté du vieux Marlowe, de Heywood, de Tourneur, de Ford, de Webster; il la trouva marquée à côté de Sterne et de Swift, - deux grands humoristes, - avec une sensibilité moins vive que celle du premier, avec moins d'âpre ironie que le second, et possédant de plus qu'eux une sérénité, une quiétude, une candeur monacale, rehaussées par une pointe de raideur emphatique, une nuance d'aimable pédanterie, qui rappellent les manies inoffensives d'un vieillard spirituel. Les Anglais ont créé tout exprès un mot pour cette qualité qui ressemble à un défaut, pour ce défaut qui vaut mieux que bien des qualités : ils l'appellent ''quaintness. Quaint'', du français ''coint'', veut dire en même temps orné, poli, façonné, mignard, et tout cela jusqu'à fleur de ridicule, parce qu'à cette recherche, à ce soin de plaire se mêle le goût des choses hors d'âge, des agrémens surannés. La ''quaintness'' n'est pas ''l'humour'', il s'en faut bien, mais elle peut indiquer une tendance d'esprit éminemment favorable au développement de cette puissance exquise et rare. Supposez un homme de talent qui s'appliquerait aujourd'hui à écrire de petites lettres comme celles de Voltaire aux d'Argental, ou d'Horace Walpole à Mme du Deffand, et vous aurez l'idée de la ''cointise'' en question. Charles Nodier, çà et là, s'y laissait aller.▼
Chez les Anglais, cette incarnation de l’homme dans ses écrits ou dans ses paroles est légitimée par de nombreux et glorieux exemples. J’ai déjà parlé de Butler et de Burton ; mais Chaucer, mais Shakespeare, — noms plus illustres, — furent aussi des humoristes. Johnson, si pompeux, si dogmatique lorsqu’il monte dans sa chaire et secoue sa perruque olympienne, le grand Johnson enfin nous a laissé dans son ''Dictionnaire'' et dans les curieux ''Mémoires'' de Boswell de beaux exemples d’''humour'' brutale, farouche, rappelant Timon l’Athénien et tout ce que Denys d’Halycarnasse nous a conservé des sarcasmes cyniques. La lettre de ''remerciemens'' de Johnson à lord Chesterfield, qui l’avait dédaigné pauvre et le complimentait fameux, est un modèle du genre.
Il n'y a pas plus de trois ans qu'un écrivain, dont le goût fin et l'érudition variée sont rarement en défaut, parlait ici même de Charles Lamb comme du ''dernier des humoristes'' <ref> Voyez la livraison du 15 novembre 1842.</ref>. Qu'on nous permette de réclamer dès à présent, et sans attendre ce que l'avenir nous garde, contré cet arrêt trop absolu, trop définitif. Non, la sève britannique n'est pas épuisée; non, cette littérature insulaire, en dépit des bateaux à vapeur, des journaux toujours plus nombreux, du travail intellectuel savamment dominé par l'industrie, doit enfanter encore et long-temps de ces talens compactes, tout d'une pièce, résistans et rebelles, où les enseignemens extérieurs ne pénètrent qu'en se transformant; - imaginations indisciplinables dont aucune critique n'a raison, qu'aucun dédain ne fait reculer, qu'aucune ambition ne détourne de leur voie, et qui, comme un autre Hood, - Robin le proscrit, - à la cour du roi d'Angleterre, poussent à tout moment le cri du vagabond captif : ''Sherwood and liberty''! les forêts et la liberté!▼
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▲Il
Voyez plutôt : lorsque Lamb s'en allait, en 1834, Thomas Hood, encore mal connu, mais dont la popularité commençait pourtant à s'étendre, Thomas Hood prenait en main le sceptre de l'humour, - moitié plume, moitié marotte, - que la main défaillante d'Elia venait de laisser tomber. Ils s'étaient connus, ils s'étaient goûtés, j'en suis certain. Mes yeux viennent de tomber sur un des premiers encouragemens qu'ait reçus d'un écrivain sérieux le poète bouffon de ''Miss Kilmansegg'' et du ''Maître d'École irlandais'', l'éditeur du ''Comic Annual''. C'est une dédicace de Barry Cornwall (pseudonyme de Proctor), qui met sous l'invocation de Hood son fragment de poème chinois, ''les Généalogistes''. « Je désire, lui dit-il, que cet hommage public à vos hautes facultés poétiques vous excite à les mettre en oeuvre... Héraut de vos succès à venir, je ne me crois pas téméraire en les plaçant d'avance parmi les plus assurés et les plus dignes d'envie. » Or, Barry Cornwall était l'ami intime, le correspondant assidu de Lamb, et ce n'est rien hasarder que de leur supposer une commune sympathie pour ce talent ignoré qu'ils avaient peut-être découvert ensemble. D'ailleurs, et dès 1827, Thomas Hood ne répondait-il pas à cet appel par son ''Plaid des Fées d'été'', le plus long et le plus travaillé de ses poèmes sérieux, dédié à son ''cher ami'' Charles Lamb <ref> ''Hood's poems'', éd. Moxon, vol. II, p. 55. </ref>? Dans cet avant-propos épistolaire, il fait allusion à une intimité, à une affection assez étroites, bien que de date récente. Il est donc permis de croire que ces esprits de même ordre, ''congenials'', dirait un Anglais, - quoique si diversement doués, - s'étaient reconnus et cherchés à travers le 'monde. On peut admettre comme légitimes cette filiation, cette hérédité que nous invoquons dès le début au profit de Thomas Hood, plus populaire, à coup sûr, que Lamb ne l'a jamais été, mais dont la renommée ne se conservera pas autant, moins protégée contre le temps par les suffrages d'élite, par l'admiration des gens de goût.▼
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un autre Hood, — Robin le proscrit, — à la cour du roi d’Angleterre, poussent à tout moment le cri du vagabond captif : ''Sherwood and liberty'' ! les forêts et la liberté !
▲Voyez plutôt : lorsque Lamb
Humoristes tous deux, ils n'ont guère en commun que ce don de nature. Genre d'esprit, caractère, sensibilité, penchans littéraires, émotions, tendance idéale, tout est différent. Autant Élia est paisible, concentré, patient, délicat, tendre, affectueux; autant Thomas Hood est armé en guerre, énergique, primesautier, impétueux, bizarre, plein d'audace, de feu, d'irrévérence. L'un est presque dévot, l'autre incline à toutes les hérésies imaginables. Celui-là sympathise avec toutes les douleurs, même les plus humbles, et s'inquiétera fort bien, moitié pour rire, moitié tout de bon, de la ''mélancolie des tailleurs''. Il en fait le sujet d'un de ses piquans ''essais''. Celui-ci rit au nez des plus graves infortunes, et raille l'une après l'autre toutes nos infirmités, physiques ou morales, avec un cruel sang-froid, une ironie implacable et quelquefois brutale. Ce n'est pas qu'il n'ait aussi des accès de sensibilité fervente, de tristesse vraie, des élans de passion, des enthousiasmes sentis et sincères; mais, soit légèreté naturelle, soit qu'il s'interdise ces effusions qui le ramènent, malgré qu'il en ait, aux lieux-communs dont il s'est moqué hier, dont il se moquera demain, l'intrépide railleur, le bouffon sans merci, enfourchant de nouveau l'hippogriffe grotesque, recommence de plus belle son vol hasardeux.▼
Humoristes tous deux, ils n’ont guère en commun que ce don de nature. Genre d’esprit, caractère, sensibilité, penchans littéraires, émotions, tendance idéale, tout est différent. Autant Élia est paisible, concentré, patient, délicat, tendre, affectueux ; autant Thomas Hood est armé en guerre, énergique, primesautier, impétueux, bizarre, plein d’audace, de feu, d’irrévérence. L’un est presque dévot, l’autre incline à toutes les hérésies imaginables. Celui-là sympathise avec toutes les douleurs, même les plus humbles, et s’inquiétera fort bien, moitié pour rire, moitié tout de bon, de la ''mélancolie des tailleurs''. Il en fait
Où prendrait-il pied? où trouverait-il le terme de cette course sans but? S'il était un monde où il n'y eût ni vertus gourmées, ni vices insensés, ni beauté fière d'elle-même, ni laideur qui s'ignore, ni simplicité grossière, ni jargon politique habillant des idées creuses, ni cant religieux déguisant les plus vulgaires faiblesses, - où l'étalage de la richesse, du savoir, de la probité, le charlatanisme éhonté, les faux semblans de toute espèce n'excitassent pas chaque matin le rire bilieux du poète, - c'est là peut-être qu'il s'arrêterait. Mais vous chargeriez-vous de lui signaler un Éden pareil? Connaissez-vous sur le globe entier un pays, un peuple, que dis-je? une ville, un hameau, une chaumière, une famille, où le mauvais esprit conjuré n'apparaisse, où la satire ne trouve sa pâture? Voilà pourquoi, du premier pas au dernier, jeune homme effervescent et dédaigneux, vieillard morose et méprisant, de sarcasme en sarcasme, d'épigramme en épigramme, riant toujours et toujours triste, Hood a vécu, comme Yorick, dépensant à « mettre la table en joie <ref> ''To set the table on a roar''. </ref> » toutes les facultés d'un esprit singulièrement vigoureux : ''Infnite jest, most excellent fancy'', ce sont les propres paroles d'Hamlet, et nous ne saurions mieux faire que de les appliquer au talent de Hood, d'autant que cette «imagination très excellente » ne s'est pas complètement absorbée dans la tâche ingrate de parodier l'humanité, de jouer avec ses travers, ses vices mesquins, ses petitesses, ses mensonges. Souvent, entre une épigramme et un méchant calembour, on remarque chez lui des bouffées de sentiment qui donnent l'idée d'une ame haute et ravalée, d'une pierre précieuse sertie dans du plomb, et prise long-temps, trop long-temps, pour un vil morceau de verre aux couleurs équivoques. L'erreur se conçoit du reste; comment croire aux tendres soupirs d'Yorick, comment prendre au sérieux sa tête penchée, son attitude pensive, et cette larme inattendue qu'il retient, honteux de lui-même, au bord de ses paupières à demi closes? Il faut, pour ne pas soupçonner un piège dans ces airs rêveurs, se rappeler que ''l'humour'', ainsi que l'ont fait remarquer ceux qui l'ont le mieux définie, ne va guère sans un fonds de tendresse cachée, toujours près de se faire jour. « Ce n'est pas le mépris, a-t-on dit avec raison <ref> Dans un article sur la ''Vie de Jean-Paul Frédéric Richter'', de Heinrich Doering. ''Edinburgh Review'', année 1827, vol. XLVI. </ref>, c'est l'amour d'où elle procède le plus volontiers... Elle rit moins qu'elle ne sourit; et ses tranquilles sourires ont leur source bien plus avant que ceux de l'ironie pure. »▼
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▲Où prendrait-il pied ? où trouverait-il le terme de cette course sans but ?
Ne nous étonnons donc pas de ce contraste déjà remarqué, de cet amalgame qui est, en quelque sorte, une loi naturelle; déplorons seulement l'erreur du vulgaire, qui ne sait pas concilier des impressions contradictoires et discerner, derrière tel ou tel masque bizarre, un penseur convaincu et sérieux, dont le hasard, l'éducation, les circonstances, la modestie peut-être, et peut-être la dure nécessité, ont fait un amuseur public, un rimeur de folies, un clown hasardeux, exécutant ses tours de souplesse sur l'élastique tremplin de la strophe sonore.▼
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ne va guère sans un fonds de tendresse cachée, toujours près de se faire jour. « Ce n’est pas le mépris, a-t-on dit avec raison <ref> Dans un article sur la ''Vie de Jean-Paul Frédéric Richter'', de Heinrich Doering. ''Edinburgh Review'', année 1827, vol. XLVI. </ref>, c’est l’amour d’où elle procède le plus volontiers… Elle rit moins qu’elle ne sourit ; et ses tranquilles sourires ont leur source bien plus avant que ceux de l’ironie pure. »
▲Ne nous étonnons donc pas de ce contraste déjà remarqué, de cet amalgame qui est, en quelque sorte, une loi naturelle ; déplorons seulement
Hood a eu cependant, - et nous l'avons déjà dit <ref> En parlant de ''la Comédie en Angleterre'', dans la ''Revue'' du 15 décembre 1846. </ref>, - l'honneur, très difficile pour lui, d'être pris au sérieux; mais il l'a eu trop tard pour échapper complètement aux conséquences de ce joyeux anathème que la foule ne manque jamais de lancer contre la gaieté de l'esprit, trop souvent confondue avec la frivolité morale; - il l'a eu vers la fin de sa carrière, lorsqu'un jour, dans une feuille satirique de Londres <ref> ''Le Punch'', journal ''illustré''. </ref>, parut cette ''Chanson de la Chemise'' qui fit tressaillir et pleurer le même jour tout un peuple. Ce court poème, - Béranger a des odes plus longues, - venait après bien des déclamations pathétiques sur le sort des classes laborieuses, après bien des pétitions au parlement, bien des pamphlets chartistes, bien des malédictions, prose ou vers, lancées contre la sévère domination de l'opulence par quelques-unes des victimes que broie en passant le char doré du Mammon britannique; mais ces idées, rebattues et triviales, n'attendaient, pour redevenir jeunes et fécondes, qu'une formule énergique, une occasion favorable. Semblables aux gaz répandus dans l'atmosphère souterraine des mines, elles flottaient çà et là, brumes invisibles, foudres cachées, qu'une étincelle, un jet de flamme suffirait pour faire éclater : elles reçurent de flood cet ébranlement qui, dans d'autres temps, eût été formidable, et n'a eu, de nos jours, que la valeur d'un symptôme inquiétant.▼
▲Hood a eu cependant,
Une jeune femme, vêtue de pauvres haillons, est au travail dans une chambre nue, glaciale, aux murs blanchis, au toit crevassé. Seule, silencieuse, le coeur gonflé de pensées amères, les freux rougis par des larmes qu'elle retient et qui parfois s'échappent, elle est là, depuis le matin; la nuit va venir, et la tâche du jour, - il s'en faut bien, - n'est pas accomplie. C'est alors que sa voix douloureuse s'élève ▼
▲Une jeune femme, vêtue de pauvres haillons, est au travail dans une chambre nue, glaciale, aux murs blanchis, au toit crevassé. Seule, silencieuse, le
« Travaille, travaille, travaille, misérable esclave! Travaille dès que le coq chante. Travaille quand les étoiles brillent. Travaille jusqu'à ce que le vertige gagne ton cerveau. Travaille jusqu'à ce que tes yeux alourdis s'obscurcissent. Travaille jusqu'à ce que le sommeil te dompte, et qu'en rêvant tu achèves ta misérable besogne.... »▼
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/718]]==
▲« Travaille, travaille, travaille, misérable esclave ! Travaille dès que le coq chante. Travaille quand les étoiles brillent. Travaille
Ne vous y trompez pas, il y a dans cette imprécation des familiarités saisissantes, des détails pittoresques que le génie timide de notre langue repousse, et qu'il faut renoncer à traduire. L'ouvrière parle en ouvrière dans l'original. Ces ''coutures'' qui absorbent sa vie, elle les nomme chacune par son nom :▼
▲Ne vous y trompez pas, il y a dans cette imprécation des familiarités saisissantes, des détails pittoresques que le génie timide de notre langue repousse, et
::Seam, and gusset, and band; ▼
▲::Seam, and gusset, and band ;
::Band, and gusset, and seam.
Et son odieux travail, elle ne
::Till over the buttons I fall asleep
::And sew them on in a dream.
Tout le reste est sur ce ton,
::Stitch ! stitch ! stitch !
::In poverty, hunger, ''and dirt''
Et combien de mots ne faudrait-il pas pour rendre les deux vers qui suivent ceux-ci :
::Sewing at once, with a double thread
::A Shroud as well as a Shirt !
Pourtant, çà et là, éclatent des pensées tout-à-fait shakespeariennes :
« Que parlé-je de la mort ? Et pourquoi craindrais-je ce squelette sinistre, lui qui me ressemble, lui dont la faim
…
Oh ! rien
« Pleurer un peu soulagerait mon
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/719]]==
retenir mes larmes, car une larme voile le regard, et l’aiguille et le fil s’arrêtent alors !… »
Nous le répétons, ces excentricités, quelquefois sublimes, sont intraduisibles.
::It is not linen
::But human
::Gushing, rushing, crushing along,
::A very torrent of Man ;
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/720]]==
et, forts de leur masse compacte, pesante, irrésistible,
::That Human Movement contains within
::A Blood-Power stronger than Steam.
Jusque-là, rien de trop, si ce
« En avant, en avant,
Qui ne sent à quel point pareils calembours sont hors de saison, pareils jeux de mots déplacés, pareilles oppositions affectées et mesquines ? Qui ne comprendra tout ce
Ce titre vous dit assez
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/721]]== rajeunit ce qui est vieux <ref> ::Wrong, right ; base, noble ; old, young ; coward, valiant.<br/>
(''Timon of Athens''.)</ref> ; »
Et
Vous voyez
::
::
::In imperceptible water.
De temps en temps, il est vrai, le poète sent le besoin
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/722]]== gros, le corps fatigué, de danser sur la corde « avec une tunique brodée ::
::With as many blows as spangles.
Puis, quittant ces sombres images, il revient à miss Kilmansegg et à son enfance adulée, fêtée, caressée. Sa poupée en or, ses bonbons dans des cornets dorés, ses deux faisans au plumage splendide, ses poissons aux écailles étincelantes, nous éblouissent derechef. Nous entendons les flatteurs mercenaires qui
« Elle aimait les contes
Un beau jour, montée sur un cheval pur-sang, le plus beau, le plus coûteux étalon des trois royaumes, miss Kilmansegg est emportée par cet indocile animal. Après une course effrénée, qui nous a rappelé celle du célèbre John Gilpin, si bien décrite par Cowper, la riche héritière tombe, avec son impétueux coursier, devant le splendide magasin
« Or, bel or, noble métal ! Or rouge, or jaune, or battu ou fondu, poli, bruni, moulu, trait, frisé, tu charmes
Tel est, en effet,
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/723]]== préféreraient se séparer de « la chair de leur chair » et des « os de leurs os, » devenus tels par le sacrement du mariage. Une jambe de bois à miss Kilmansegg !
::Gold, gold, gold !
::And
::Like a man who is sawing marble.
Cependant la noble et riche assemblée
« Où donc est-elle ? où donc ? où donc ?
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/724]]== a retenti sur le parquet : « Et voici
Quelques années après ce triomphe fashionable, nous retrouvons miss Kilmansegg mariée à un chevalier
::For the bowing sir Jacob bail
::To Death - with his usual urbanity.
Seule, abandonnée, tourmentée de vagues terreurs, notre héroïne verse des pleurs que le poète compare hardiment à des gouttes
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/725]]==
« Elle ne pensait guère, déposant ses joyaux,
« Et venant à poser
Elle
Nous savons tout ce
Dans
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/726]]== profonde, assise sur un orme récemment abattu et riant du néant de la vie, tandis « Nous avons, toute la nuit, écouté son souffle,
« Si basse était notre voix,
« Nos espérances démentaient nos craintes,
« Car, lorsque le matin parut obscur et voilé,
Lisez enfin le sonnet : ''It is not death'', où le poète exprime avec tant de bonheur la crainte de
Cette muse aux deux masques passait aisément des tristesses profondes aux joies bruyantes. Souvent elle alliait, dans une seule composition, les deux tendances opposées, et nous les trouvons heureusement mariées dans le portrait du ''Maître
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/727]]== récemment aux lecteurs de cette ''Revue''. Le collége de Kilreen, ouvert à tous les vents, et dans lequel six pauvres petits malheureux, divisés en six classes, apprennent, sous un maître déguenillé, tout ce que Dominie Dan leur peut inculquer de connaissances élémentaires, ressemble trait pour trait à ::Severe by ride, and net by nature mild,
Ligne 156 ⟶ 188 :
::But spoils the rod, and never spares the child.
Seulement il y a de plus, dans le croquis anglais, un double caractère de gaieté folle et de réflexion attristée. Par exemple, après avoir montré la terrible baguette du maître
« Point de tendres parens qui prennent garde aux cris de Phelim. Hélas ! son tendre père est au loin, gisant peut-être au fond de quelque cellier souterrain, la tête entamée par le bâton ou par le
Deux des poèmes de Hood, ''la Maison hantée'' et ''le Rêve
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/728]]== blafardes et sanglantes, toutes préparées pour quelque scène de meurtre, une lutte nocturne, que vous vous représentez malgré vous, et dont les traces vous entourent, mal cachées sous la poussière qui Grace à sir E. Lytton Bulwer,
Comme tous les esprits hardis, inventeurs, et peu disposés à subir le joug des traditions, de celles-là même qui commandent le respect, Hood dut choquer plus
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/729]]== qui fut pour Noé le gage de la réconciliation divine. Il était, certes, permis de protester, au nom du bon goût, contre un rapprochement si étrange, si violemment opéré ; mais, en le prenant pour texte « Je ne suis point un saint,
Les sarcasmes se succèdent ainsi, de plus en plus vifs, de plus en plus personnels, et toujours reparaît sous la plume de Hood ce dogme théiste
« Vous-même, ô Rae, pensez-y bien, vous auriez pu être grand prêtre de Mumbo-Jumbo !
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/730]]== l’orgueil de Londres et Nous ne suivrons pas le poète dans toutes ses véhémentes apostrophes contre les bigots, les fanatiques, les pharisiens, pour lesquels la religion
::When he that ruled them with a
::
::He found, concealed beneath a fair outside
::The filth of rottenness and worm of pride ;
::Their piety, a system of deceit ;
::Scripture
::The Pharisee the dupe of his own art
::Self idolised, and yet a knave at heart.
Remarquons aussi que plusieurs des plus populaires auteurs de
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/731]]== de Blifil, celle de Sheridan immolant Joseph Surface, cette contrefaçon du chevalier Grandisson, On
A mesure que les modes littéraires, les engouemens passagers du public se succédaient sous les yeux de Hood, cet impitoyable railleur était toujours, grace à la souplesse de son talent, en état de décomposer le style le plus nouveau, de ridiculiser, en
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/732]]== le prestige le plus fascinateur. Lorsque les fantaisies allemandes, les scènes du Hartz et du Brocken, les sorciers au poil rouge, les mineurs et les lutins de la mine occupent les romanciers et les poètes, il écrit ''la Forge'', caprice étrange qui rappelle à la fois le sabbat de ''Faust'' et le ''Saint Antoine'' de Callot. Les contes vénitiens de Byron et de Barry Cornwall lui inspirent ''le Rêve de Bianca'', qui «
Hood, lui, donne la parole à cet homme, qui, dit-il, est le bourreau.
«
Paraît un mendiant qui a survécu, lui aussi, à la ruine universelle, et ces deux hommes déjeunent tranquillement, au pied du gibet, sur notre planète expirante. Ils offrent les débris de leur sacrilège repas aux crânes béans qui parsèment la terre autour
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/733]]== ne lui a tant pesé ! Il donnerait tout au monde pour Ce que nous savons de la vie de Hood est en harmonie avec ce que ses ouvrages nous laissent entrevoir. Il était nerveux, irritable, capricieux, soupçonneux par momens, enthousiaste, aimant, sympathique à ses heures, et toujours spontané, toujours dominé par cette ''humour'' dont ses écrits portent
::
::To fly the
Ce triste jeu, il
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/734]]== sur les flancs de Quelques succès, bien tardifs, éclairèrent le soir de ce jour nuageux ; mais ceux qui le touchèrent le plus et
<center>HE SANG</center></br>
<center>THE</center></br>
<center>SONG OF THE SHIRT ! </center></br>
''Il a chanté la Chanson de la chemise'' ! Telle était, à son gré, la meilleure épitaphe dont on pût décorer son tombeau.
Depuis que Hood
E.-D. FORGUES.
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