« César Cascabel/Deuxième partie/Chapitre II » : différence entre les versions

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On voit dans quelle mesure s'était aggravée la situation, déjà si inquiétante depuis la perte de l'attelage. Il n'était plus possible de gagner Numana, même en abandonnant la voiture. Ce n'était plus des crevasses que l'on aurait pu tourner, c'étaient des passes multiples qu'il n'y avait aucun moyen de franchir, et dont l'orientation changeait suivant les caprices de la houle. Et puis, ce glaçon qui entraînait la ''Belle-Roulotte'', et dont il n'y avait pas à enrayer la marche, combien de temps résisterait-il au choc des lames, qui venaient se briser sur ses bords ?<br>
Non ! Il n'y avait rien à faire ! Tenter de se diriger, de manière à rallier le littoral sibérien, cela était au-dessus des forces humaines. Le bloc flottant irait ainsi tant qu'un obstacle ne l'arrêterait pas, et qui sait si cet obstacle ne serait pas la banquise même aux extrêmes limites de la mer Polaire !<br>
Vers deux heures de l'après-midi, au milieu de l'assombrissement qu'accroissaient les traînées de brouillard, secouées dans l'espace, l'obscurité était déjà suffisante pour limiter la vue dans un très court rayon. Abrités et tournés du côté qui regardait le nord, M. Serge et ses compagnons demeuraient silencieux. Qu'auraient-ils pu dire puisqu'il n'y avait rien à tenter ? Cornélia, Kayette et Napoléone, enveloppées de couvertures, se blottissaient étroitement les unes contre les autres. Le jeune Sandre, plus surpris qu'inquiet, sifflotait un air. Clou s'occupait de remettre en ordre les objets déplacés par la secousse à l'intérieur des compartiments. Si M. Serge et Jean avaient conservé leur sang-froid, il n'en était pas ainsi de M. Cascabel, qui s'accusait d'avoir entraîné tout son monde dans une pareille aventure.<br>
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