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<center>Le père Mathew</center>
Depuis
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/837]]== nouvelle patrie, Quelques détails sur les
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/838]]== avec la meute, mangeant à leurs repas un veau rôti tout entier Dans les classes inférieures,
Un peuple intelligent ne se livre pas en masse à de tels excès sans
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/839]]== un penchant inné à On pourrait sans doute se demander si le gouvernement anglais
Avant de faire
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/840]]== depuis Les sociétés de tempérance sont
En Amérique, les sociétés de tempérance ont été établies et sont restées sous la direction des ministres protestans, le protestantisme étant la religion dominante. De là,
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/841]]== par les ministres protestans, mais depuis long-temps le mouvement est passé sous la direction catholique. Le docteur calviniste Becker, prédicateur célèbre en Amérique, venait de publier six sermons en faveur de la tempérance. Ces sermons arrivèrent en 1829 par hasard à Belfast, et tombèrent entre les mains de quelques hommes éclairés, tels que le docteur Harwey, le professeur Edgard, le révérend M. George et M. Carr de New-Ross. Ils comprirent
Les premières sociétés irlandaises s’étaient simplement proposé d’amener le peuple à renoncer au whisky. On ne proscrivait pas l’usage du vin, de l’ale, du porter et de la bière en général ; seulement on recommandait d’en user avec modération. D’ailleurs, ces boissons se trouvaient,
Les premières sociétés irlandaises s'étaient simplement proposé d'amener le peuple à renoncer au whisky. On ne proscrivait pas l'usage du vin, de l'ale, du porter et de la bière en général; seulement on recommandait d'en user avec modération. D'ailleurs, ces boissons se trouvaient, par leur prix élevé, à peu près interdites de fait aux basses classes. Les doctrines de la tempérance modérée ne se transformèrent en celles de l'abstinence absolue que vers la fin de 1836, en Angleterre, lorsque M. Liverey de Preston et quelques autres philanthropes essayèrent de les introduire parmi les populations des districts manufacturiers de Birmingham, Leeds et Manchester. La différence comparative du prix de l'eau-de-vie en Irlande et en Angleterre devait nécessairement amener cette modification. En Irlande, le whisky n'étant chargé que de droits assez faibles, se vendait à bon marché; quelques sous suffisaient au paysan pour s'enivrer pendant toute une semaine. Rarement il avait le moyen d'acheter assez de bière pour arriver au même résultat; il suffisait donc de lui interdire simplement le whisky. En Angleterre, au contraire, en raison des droits plus élevés dont sont frappées les liqueurs alcooliques, c'était la bière qui revenait à meilleur marché au peuple. Il arriva que bien des gens qui prêtaient le serment de tempérance, s'en tenant à la lettre, ne touchaient ni à l'eau-de-vie ni au ''gin'', mais continuaient de s'enivrer avec de la bière. On comprit qu'un serment ainsi conçu manquait son but, la tempérance modérée fut remplacée par l'abstinence absolue ou le ''teetotalism''. Un forgeron de Birmingham (son nom n'a pas été conserve) fut le premier à proposer cette réforme radicale. Dans un ''meeting'' tenu par les membres de la société de tempérance de la ville, le forgeron débuta par une sorte de confession publique : « Depuis que j'ai prêté le serment, dit-il, je ne bois plus de ''gin'', il est vrai, mais je bois de l'ale et du porter, et je m'enivre tout comme auparavant. Je sens donc que je ne pourrai jamais me corriger, si je ne prends l'engagement de renoncer à toutes les boissons enivrantes. » L'honnête orateur était bègue; arrivé à la péroraison, il s'écria de l'accent le plus solennel : ''I am a t-t-totaler'', comme s'il eût dit : ''Je suis t-t-tout-à-fait abstinent''. Il voulait dire ''totaler'', mais sa prononciation défectueuse lui avait fait ajouter une syllabe, et le mot du forgeron bègue est resté pour exprimer l'abstinence absolue, qui dès-lors fut appelée ''teetotalism''.▼
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Le ''teetotalism'' fut très mal reçu en Irlande par un grand nombre de protestans qui avaient le plus contribué à répandre les idées de tempérance. Les uns consentaient bien à renoncer aux liqueurs, mais ils ne voulaient pas bannir le vin de leur table, alléguant, non sans quelque raison, que
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/843]]== qui ne tarda pas à se dissoudre. Plusieurs affiliés se retirèrent ; Jusqu’ici le mouvement de la tempérance avait été un mouvement exclusivement protestant, auquel avaient pris part quelques dissidens, gens honnêtes, toujours disposés à favoriser ce qui tend aux améliorations morales. Rien cependant
Les ''teetotalers'' protestans avaient un club à Cork ; par
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/844]]== s’attendre, et qui tenait entièrement à la position spéciale du père Mathew, vis-à-vis de la population de Cork, presque en totalité composée de catholiques. Le père Mathew jouissait depuis long-temps à Cork
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/845]]== Cork avec leurs familles pour prêter le serment. Dès
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/846]]== qu’ait été la marche ultérieure de cette réforme, il importe néanmoins de constater que dans le principe elle était purement religieuse et ==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/847]]== tiennent un ''meeting'', ==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/848]]== ivrognes, que leurs camarades Pendant mou séjour à Dublin, je fus
:: ''The stomach in a healthy state''.
:: ''The stomach of the drunkard''.-
:: ''The stomach o f the drunkard after the debauch''.
:: ''The state o f the stomach of the drunkard after death from delirium tremens''.
Ces planches étaient coloriées en couleurs très vives, exagérées à dessein par le peintre pour faire ressortir les ravages des boissons enivrantes et frapper vivement les esprits. Dans la foule des spectateurs, je reconnus le cocher dont je me servais habituellement, mon bottier, le colporteur de journaux et le domestique de ma pension ; enfin
Le président ouvrit le ''meeting'' en recommandant au public le décorum et le bon ordre avec
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/849]]== enfin assis fort modestement dans un coin de la plate-forme. Le président ajouta Mon quaker lui succéda, et, un numéro de l’''American temperance Union'' à la main, il rendit compte des progrès du ''teetotalism'' dans le Nouveau-Monde, et donna des détails sur un grand dîner diplomatique à New-York, où
Une salve de hurrahs des plus enthousiastes accueillit cette péroraison ; puis un Américain dont
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/850]]== boisson, mais même en user extérieurement, il avait la conviction que, sous peu, tous les apothicaires seraient obligés de fermer leurs boutiques. «
Enfin, tous les orateurs ayant parlé, le président leva la séance, après avoir appris à
Ces détails ont sans doute un côté ridicule ; mais, sous ces formes excentriques, il y a, je le répète, une conviction vraie et de grands résultats obtenus. Du reste, en pareille matière les chiffres sont une autorité
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/851]]== au greffier, qui le notait dans le registre de la société. Ceux des récipiendaires qui savaient écrire signaient de leur propre main ; ceux qui avaient les moyens de payer la médaille de la tempérance la recevaient en échange Le père Mathew
::He who fights and runs away,
::May live to fight another day, etc.
« Si vous vous sauvez de la mêlée
Plusieurs fois il fut interrompu pendant le dîner par des gens qui venaient demander le serment.
==[[Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/852]]== des ''teetotalers'' de Cork, Le père Mathew est né en 1790, à Jamestown, près de Cashel, dans le comté de Tipperary. Il compte parmi ses ancêtres deux généraux, cités honorablement par Sheridan dans la vie du doyen Swift. Resté orphelin en bas âge, il fut adopté par sa tante paternelle, lady Elizabeth Mathew, et fit ses études dans le séminaire de Maynooth. Les capucins de Kilkenny, avec lesquels il
Le père Mathew est de taille ordinaire ; il est fort actif et presque toujours en mouvement. On dirait un missionnaire du Paraguay prêt à monter à cheval.
On se demandera sans doute si les effets de la réforme
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