« Bretons de Lettres » : différence entre les versions

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prix de 4 francs pour la ville. Son imprimeur
était Alphonse Marteville ; le libraire chargé
de la vente était Blin, place du Palais, il s'in-intulait : ''Le Foyer, journal de littérature, musique,
tulait : ''Le Foyer, journal de littérature, musique,
beaux-arts et programme''. J'ai parcouru avec
plaisir<ref> Je n'en ai quelques numéros ; la seule collection com-complète que je connaisse des deux premières années appartient
plète que je connaisse des deux premières années appartient
à M. Frédéric Sacher, qui a bien voulu me la communiquer
aimablement.</ref> la collection des deux premières an-années. Elle contient, sous le titre ''Étincelles'', une
partie satirique ; beaucoup de vers. La plupart des articles ne sont pas signés ; cepen-
nées. Elle contient, sous le titre ''Étincelles'', une
dant, peu à peu les jeunes rédacteurs s'habituent à la publicité et y prennent goût ; ils ti-
partie satirique ; beaucoup de vers. La plu-
part des articles ne sont pas signés ; cepen-
dant, peu à peu les jeunes rédacteurs s'habi-
tuent à la publicité et y prennent goût ; ils ti-
rent leurs masques les uns après les autres ;
parmi les poètes, je relève le nom de Keram-Kerambrun, le premier qui brave la publicité avec
une pièce ''Le Poète'', 5 décembre 1837. « Aujourd'hui, disent les ''Étincelles, Le Foyer'' paraît en
brun, le premier qui brave la publicité avec
une pièce ''Le Poète'', 5 décembre 1837. « Aujour-
d'hui, disent les ''Étincelles, Le Foyer'' paraît en
 
 
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avec des larmes ! Il annonce la mort supposée
du journal ; le 17 décembre, il ressuscite en
rose et une pièce intitulée : ''Passion et Résur-Résurrection du Foyer'', nous conte les épisodes de
rection du Foyer'', nous conte les épisodes de
cette mort.
 
Dans le numéro du 7 janvier, je remarque
une poésie d'H. Lucas, « notre spirituel com-compatriote » : ''La Bretagne''.
patriote » : ''La Bretagne''.
 
La littérature Bretonne est représentée dans
le numéro du 11 janvier par une traduction
du ''Kanomp oll an dero de Brizeux ; le 21 jan-janvier, c'est une romance d'Émile Langlois, « La
vier, c'est une romance d'Émile Langlois, « La
Rose blanche ». Puis ce sont des vers de Keram
brun encore, d'Ernest Turin, d'Émile Langlois,
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spirituel et parfois mordant.
 
Le numéro du 20 décembre 1838 est parti-particulièrement amusant ; il est tout en vers depuis la manchette jusqu'à la signature de l'imprimeur :
culièrement amusant ; il est tout en vers de-
puis la manchette jusqu'à la signature de l'im-
primeur :
 
 
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:Avis important : on s'abonne,
:Sans jamais souffrir de refus
:En payant cinq francs par personne<ref>Le prix avait augmenté et le libraire vendeur était main-maintenant Molliex.</ref> ;
tenant Molliex.</ref> ;
:Et par la poste un franc de plus.
 
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:Que Maillet met en ordre et range par étages...
 
et des promenades. La poésie lyrique est re-représentée par ''Prière'', d'Émile Langlois.
présentée par ''Prière'', d'Émile Langlois.
 
On annonce, en vers toujours, le bal du
''Cercle musical'', la première soirée du ''Concert
Musard'', la représentation du cirque. Le compte- rendu du théâtre est aussi en vers ; et le vo-
rendu du théâtre est aussi en vers ; et le vo-
 
 
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:Pour la dernière fois s'imprime. A. Marteville.
 
Hâtons-nous de dire que ''Le Foyer'' devait re-renaître de ses cendres et reparaître à des intervalles divers.
naître de ses cendres et reparaître à des in-
tervalles divers.
 
J'en ai des numéros de l'année 1847, qui
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sais, mais sans doute pour des plaisanteries
qu'il ne crut pas devoir signer de son nom et
que pendant longtemps il n'aima pas à rap-rappeler.
peler.
 
La Faculté multiplia les avertissements au
cours de cette année 1838-1839.
 
Leconte de Lisle avait pris sa seconde ins-inscription en janvier 1839 ; pendant ce second
cription en janvier 1839 ; pendant ce second
 
 
LECONTE DE LISLE ÉTUDIANT 105
 
trimestre, les admonestations ne lui manqué-manquèrent pas. Les professeurs MM. Richelot (Code
rent pas. Les professeurs MM. Richelot (Code
Civil) et Saiget (Droit Romain) constataient de
nombreuses absences et les signalaient sans
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aimable plaisanterie du Doyen ; il ne se rendit
pas à son invitation ; le châtiment ne se fit pas
attendre : le 2 mars, il était averti qu'il per-perdait par défaut son inscription de novembre
dait par défaut son inscription de novembre
1838 et qu'il était mandé de nouveau pour
« le jeudi 21 mars courant, à midi et demi,
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avisait le Recteur que, par délibération en
date de la veille, Charles Leconte de Lisle avait
perdu une inscription « pour son défaut d'as-assiduité aux cours et qu'avis en serait donné à
ses parents. » Le 24 mars, M. Liger, son répondant en recevait la nouvelle.
siduité aux cours et qu'avis en serait donné à
ses parents. » Le 24 mars, M. Liger, son ré-
pondant en recevait la nouvelle.
 
Leconte de Lisle prit l'inscription d'avril ;
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et Villiers de l'isle Adam s'étaient rendus coupables du même
oubli.</ref>. Le 21 juillet, Leconte de Lisle et ses
camarades délinquants étaient invités à com-comparaître devant la Faculté, le 14 août. Le
paraître devant la Faculté, le 14 août. Le
17 août, notification était faite au Recteur et
aux familles de la radiation sur les registres
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deux inscriptions sur trois qu'il avait prises,
bouda l'étude du Droit jusque vers la fin de
l'année (1839). Dans les premiers jours de dé-décembre, il se décida à prendre une nouvelle
inscription ; i| dut en faire la demande officielle. Son père, informé de tout ce qui s'était
cembre, il se décida à prendre une nouvelle
inscription ; i| dut en faire la demande offi-
cielle. Son père, informé de tout ce qui s'était
passé pendant l'année scolaire, avait donné
ordre de lui couper les vivres ; Charles s'y
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raison de suivre les recommandations de son
père. Il doit se trouver encore fort heureux
d'avoir une chambre et une pension que cer-certainement il ne mérite pas. »
tainement il ne mérite pas. »
 
« J'eusse désiré, ajoute-t-il dans cette lettre
à son oncle en date du 10 décembre 1839, que
mes lettres à Bourbon fussent accompagnées
des preuves de ma bonne volonté à recom-recommencer mon droit, mais il n'en sera pas ainsi
malheureusement. » Il veut dire que l'autorisation ministérielle ou rectorale ne suivrait
mencer mon droit, mais il n'en sera pas ainsi
malheureusement. » Il veut dire que l'autori-
sation ministérielle ou rectorale ne suivrait
pas, aussi vite qu'on l'espérait, le mouvement
de sa bonne volonté.
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Ses protestations, d'ailleurs, n'avaient point
ému le farouche Maire. Il avait eu tort pour-pourtant de ne pas y croire. Aussitôt l'autorisation
accordée, notre étudiant avait pris, le 14 janvier 1840, une inscription « pour faire suite à
tant de ne pas y croire. Aussitôt l'autorisation
cette prise en janvier 1839, celles de novembre 1838 et d'avril 1839 » ayant été radiées.
accordée, notre étudiant avait pris, le 14 jan-
{{Mme}} Liger se faisait, auprès de {{Mme}} Louis Leconte, la messagère de la bonne nouvelle : elle
vier 1840, une inscription « pour faire suite à
cette prise en janvier 1839, celles de novem-
bre 1838 et d'avril 1839 » ayant été radiées.
{{Mme}} Liger se faisait, auprès de {{Mme}} Louis Le-
conte, la messagère de la bonne nouvelle : elle
garantissait les excellentes dispositions de
Charles et implorait un adoucissement aux
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grand besoin, et il serait à craindre que, si on
loi refuse tout, il pourrait se dégoûter de son
droit qu'il suit dans le moment très exacte-exactement ».
ment ».
 
Il y avait même, peut-on penser sans trop
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1852 », il deviendrait « ce qu'il voudrait ! » À
lui « d'orienter son budget » comme il pourra ;
la somme de 1,200 francs ne sera pas dépas-dépaszée : « Cinq ou six cents francs pour logement
zée : « Cinq ou six cents francs pour logement
et nourriture, deux cents pour vêtement, le
reste pour les cours et livres, etc.. »
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francs par mois, pendant trois mois, au bout
desquels il aura trouvé un moyen de se suffire
à lui-même..... « Soit cœur se serre » en écri-écrivant cela, mais il doit à sa nombreuse famille
vant cela, mais il doit à sa nombreuse famille
« cette décision sévère, » et il la doit « même à
son fils, » qu'il soutiendrait « dans son inqua-inqualifiable conduite, s'il se montrait faible. » Il
lifiable conduite, s'il se montrait faible. » Il
veut bien « oublier, » mais il ne veut pas
 
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qu'il nous écrive ; sa pauvre mère souffre
beaucoup de son silence. La honte de nous
avouer sa paresse l'a retenu sans doute ; dis-dislui, je t'en prie, que nous oublions, s'il se
lui, je t'en prie, que nous oublions, s'il se
conduit bien, que conséquemment, il peut
nous écrire sans nous parler de ses fautes. »
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Lisle ait obéi au désir de son père ; pendant
cette année 1840, il n'écrivit pas à Bourbon.
Les registres de la Faculté de Droit nous ap-apprennent qu'il prit une inscription, qui fut
prennent qu'il prit une inscription, qui fut
notée comme sa troisième, le 14 avril ; puis
une autre, la quatrième, le 14 juillet<ref>Il avait été mandé encore une fois devant la Faculté, le
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ne figure pas sur la liste des étudiants appelés à nouveau pour
le 12 août. « à l'effet de purger le défaut prononcé contre eux,
le 13 juin. »</ref> la cin-cinquiète, le 14 novembre ; à la fin de l'année
quiète, le 14 novembre ; à la fin de l'année
1840, son premier examen n'avait pas été subi.
Il fut néanmoins autorisé par le Doyen à
prendre sa sixième inscription, le 15 janvier
1841, et invité à se présenter à la session d'exa-examens de ce mois.
mens de ce mois.
 
Le 29 janvier 1841, Charles Leconte de Lisle
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Ce n'était pas brillant, mais c'était suffisant ;
Charles Leconte de Lisle était donc « bachelier
en droit ». On dut fêter cet heureux événe-événement, avec les camarades, dans la boutique
ment, avec les camarades, dans la boutique
de l'horloger Alix où se réunissait le Cénacle,
car Leconte de Lisle, moins misanthrope qu'à
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Un album qui m'a été communiqué par
M. Orain et qui lut celui d'Édouard Alix, con-contient des dessins et des vers de Leconte de
tient des dessins et des vers de Leconte de
Lisle et de ses amis d'alors.
 
Des dessins de Guiheneuc et de Victor Le-Lemonnier. Des vers, ''Laissez chanter l'Oiseau'' du
monnier. Des vers, ''Laissez chanter l'Oiseau'' du
même Lemonnier, dessinateur et poète ; ''Mes
Vœux'', deux quatrains de Villeblanche ; deux
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temps après son élection à l'Académie, Leconte
de Lisle me pria d'intervenir près d'un éditeur
et d'un écrivain rennais pour leur faire dé-défense de sa part de publier un recueil projeté
fense de sa part de publier un recueil projeté
par eux et qui contenait ses vers de jeunesse.
 
Leconte de Lisle me reparla quelquefois de
cet incident, mais ses idées sur ce point sem-semblaient s'être modifiées. Ces exhumations possibles avaient fini par le faire sourire. Un jour
blaient s'être modifiées. Ces exhumations pos-
sibles avaient fini par le faire sourire. Un jour
même, cet impeccable alla jusqu'à me dire,
comparant ses débuts si lents aux habiletés
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Ils sont un peu moins amoureux et un peu
moins tristes que les autres ''Romances'' des fu-futurs inconnus, écrites sur l'album d'Alix, et
turs inconnus, écrites sur l'album d'Alix, et
dont voici quelques extraits :
 
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D'ailleurs, nous allons trouver d'autres vers
du Maître, et non plus inédits ceux-là, mais
sauvés de l'oubli, juste ou injuste, par l'im-impression. Ce fut, en effet, pendant cette même
pression. Ce fut, en effet, pendant cette même
année 1840 que Leconte de Lisle fonda à
Rennes la revue littéraire ''La Variété''.
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rencontrer des adeptes et le résultat de ses
travaux des encouragements et des lecteurs.
Jusqu'à ce jour, Rennes, placée dans des con-conditions si favorables sous ce rapport, n'a néanmoins laissé paraître qu'une tiédeur déplorable. Foyer resplendissant de lumières et
d'incontestables talents, elle a sans cesse semblé les méconnaître et abandonné à d'autres
ditions si favorables sous ce rapport, n'a néan-
moins laissé paraître qu'une tiédeur déplo-
rable. Foyer resplendissant de lumières et
d'incontestables talents, elle a sans cesse sem-
blé les méconnaître et abandonné à d'autres
le soin de les apprécier. D'où vient ce mal ?
D'un individualisme mal entendu, d'une sorte
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« Aussi voyez ce qui advient de cet isolement
funeste ; aussitôt qu'un jeune talent se sent
assez de vigueur pour aspirer à quelques suc-succès, à un peu de renommée, vite il tourne les
cès, à un peu de renommée, vite il tourne les
yeux vers Paris, vite il y transporte son bagage
 
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littéraire, quelque minime qu'il soit et, après
quelques années écoulées, nous nous éton-étonnons, lorsqu'un beau jour, les feuilles de la
nons, lorsqu'un beau jour, les feuilles de la
capitale viennent nous apprendre que nous
avons négligé une perle qu'elle a soigneuse-soigneusement recueillie en son sein et nous apporte
toute faite une réputation d'artiste ou d'écrivain qui fût morte pour nous sous notre indifférentisme glacial ; après cela plaignez-vous
ment recueillie en son sein et nous apporte
toute faite une réputation d'artiste ou d'écri-
vain qui fût morte pour nous sous notre indif-
férentisme glacial ; après cela plaignez-vous
de la centralisation parisienne, si vous l'osez.
 
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Le prix de l'abonnement est de 6 francs par an pour Rennes
et 7 fr. 20, franc de port, par la poste, pour les départements.
On s'abonne à Rennes, chez Molliex, libraire, éditeur du ''Dic-Dictionnaire de Bretagne'', rue Royale.
tionnaire de Bretagne'', rue Royale.
 
« Bon accueil donc à la nouvelle feuille littélittéraire et puisse-t-elle, en ouvrant la voie à
raire et puisse-t-elle, en ouvrant la voie à
 
 
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L'article était long mais bienveillant pour la
nouvelle Revue, mal écrit mais animé d'un
souffle généreux. Je l'attribuerais volontiers.,
pour toutes ces raisons, au poète Yves Tennaëc,
vulgò M. Chèvremont, qui collaborait à l'Auxi-Auxiliaire''.
liaire''.
 
Le premier numéro de ''La Variété'' parut le
1er avril 1840. Un prolesseur de la Faculté des
Lettres, M. Alexandre Nicolas, accepta d'écrire
l'''Introduction'' et de présenter les jeunes rédac-rédacteurs au public. Il ne manquait pas en même
temps de tracer sa voie, à « cette milice adolescente, à ces enfants de la croisade. »
teurs au public. Il ne manquait pas en même
temps de tracer sa voie, à « cette milice ado-
lescente, à ces enfants de la croisade. »
 
Cette voie est uniquement celle du chris-christianisme. Le monde grec ne fut qu'injustice,
tianisme. Le monde grec ne fut qu'injustice,
déraison, égoïsme, cruauté, dit M. A. Nicolas.
« Le monde romain fut un peu meilleur, mais
il fut matérialiste comme lui. » Le Christ est
venu délivrer les hommes et rappeler l'huma-humanité « à sa dignité primitive ». Il faut donc
nité « à sa dignité primitive ». Il faut donc
« saluer avec attendrissement et respect cette
loi du progrès que le christianisme a dévoilée
au monde ; » il faut faire de la doctrine chré-chrétienne la base de la politique, des sciences,
tienne la base de la politique, des sciences,
de la législation et des beaux-arts. La nouvelle
Revue doit être un foyer « de toutes les nobles
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a des luttes à soutenir ; des mains coupables
veulent éteindre le feu sacré, les « adorateurs
de la pierre et du bois » relèvent la tête ; le
Paganisme n'est pas mort.
 
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bien décidés à partir en guerre pour défendre
l'idée chrétienne<ref>Il n'est peut-être pas inutile de noter en outre que, parmi
les vignettes qui ornent ''La Variété'', il en est une qui repré-représente un jeune homme dont la main s'appuie sur une croix ;
sente un jeune homme dont la main s'appuie sur une croix ;
une autre encore est une croix entourée des attributs de la
Passion ; une autre enfin est un calice avec la clef et le livre
symboliques.</ref>. Les trois chefs de cette
croisade étaient Mille{{Mlle}}, Bénézit et Leconte de
 
Ce ne fut pas en vain, d'ailleurs, qu'ils
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118 BRETONS DE LETTRES
 
avaient prononcé le grand nom de Château-Châteaubriand, et l'illustre vicomte, invoqué par eux,
leur adressait quelques paroles d'encouragement, un peu désenchantées. Mais la jeunesse
briand, et l'illustre vicomte, invoqué par eux,
leur adressait quelques paroles d'encourage-
ment, un peu désenchantées. Mais la jeunesse
a des chaleurs d'illusion et d'enthousiasme où
se fondent toutes les glaces de l'expérience et
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dans la société. Tous mes vœux seront pour
votre Revue littéraire. Il y a aujourd'hui en
Bretagne trois ou quatre talents dont les preu-preuves sont faites et qui seront sans doute très
ves sont faites et qui seront sans doute très
disposés à vous prêter secours dans vos belles
études. »
 
Je ne sais si cette façon de passer la main
tout en bénissant fut goûtée par nos enthouenthousiastes : du moins déclarent-ils que la lettre
siastes : du moins déclarent-ils que la lettre
était « honorable » pour eux, et, comme ils
avaient la foi, Leconte de Lisle et ses deux
amis redoublèrent de zèle chrétien et d'ardeur
littéraire, en faisant appel « aux talents in-inconnus ». Ils déclarèrent même que les béné-
connus ». Ils déclarèrent même que les béné-
 
 
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LECONTE DE LISLE ÉTUDIANT 119
 
fices — ô naïfs ! — de la Revue seraient consa-consacrés à des œuvres de bienfaisance. À ''La Variété''
crés à des œuvres de bienfaisance. À ''La Variété''
« les paroles seront aumônieuses, les pensées
seront la propriété de l'indigent » et tous ain-ainsi, « riches et pauvres, poètes et puissants, »
si, « riches et pauvres, poètes et puissants, »
collaboreront à l'accomplissement d'une bonne
pensée. Les marches de l'autel, on le voit,
furent ainsi les premiers degrés que franchit
le jeune poète pour arriver au fouriérisme,
au bouddhisme, au panthéisme et au natura-naturalisme. La charité et la fraternité chrétiennes
furent son premier idéal : il a aimé le catholicisme autant qu'il devait le haïr plus tard, et
lisme. La charité et la fraternité chrétiennes
cela servirait à justifier ses amis et ses exécuteurs testamentaires d'avoir voulu l'ombre de
furent son premier idéal : il a aimé le catholi-
cisme autant qu'il devait le haïr plus tard, et
cela servirait à justifier ses amis et ses exécu-
teurs testamentaires d'avoir voulu l'ombre de
la croix pour sa tombe et pour son œuvre,
puisqu'ils lui firent des obsèques religieuses
et qu'ils ont publié son poème ''La Passion''. Ne
faut-il pas ajouter aussi que ses haines s'étaient
bien atténuées à la fin et que, dans ses der-derniers vers, Jean Dornis a voulu voir « un acte
niers vers, Jean Dornis a voulu voir « un acte
de foi. » On peut dire sans exagération que
''La Variété'' fut, de toute manière, un véritable
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120 BRETONS DE LETTRES
 
continuèrent de livraison en livraison. La col-collaboration de Leconte de Lisle<ref>Les autres collaborateurs étaient Émile Langlois, Charles
laboration de Leconte de Lisle<ref>Les autres collaborateurs étaient Émile Langlois, Charles
Vergos, Édouard Turquety, A. Lefas, Julien Rouffet, P. de
Labastang, P.-E. Duval, Camille Maugé, Charles de l'Hormay,
Pitre Werbel, J.-M. Tiengou, Besnon, etc...</ref>, était de moins
longue haleine, mais ne fut pas moins impor-importante ; elle comprend cinq poèmes, trois études
tante ; elle comprend cinq poèmes, trois études
littéraires et deux nouvelles.
 
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études que Leconte de Lisle avait entreprises
sous l'impulsion heureuse de Charles Labitte,
dont les cours à la Faculté des Lettres obte-obtenaient un très vif succès. Ces articles sur
naient un très vif succès. Ces articles sur
''Hoffmann et la a Satire fantastique, Sheridan et l'Art
comique en Angleterre, André Chénier et la Poésie
lyrique à la fin du XVIII{{e}} siècle étaient « l'essai
consciencieux d'une trilogie raisonnée ; » il s'a-agissait « de faire entrevoir la réaction littéraire
gissait « de faire entrevoir la réaction littéraire
fondamentale qui se rattache » à ces trois noms
en Allemagne, en Angleterre et en France.
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nous devons les interroger, mais seulement
comme des témoins d'un état d'esprit et d'un
état d'âme que nous aimerions à fixer nette-nettement. Quelque contradiction qu'il y ait entre
les croyances du poète à vingt ans et ses négations d'homme mûr, quelque variation que ses
ment. Quelque contradiction qu'il y ait entre
les croyances du poète à vingt ans et ses néga-
tions d'homme mûr, quelque variation que ses
théories littéraires aient dû subir avec le
temps, on ne doit rien écarter de ce qui peut
Ligne 3 842 ⟶ 3 757 :
personnelle, sans qu'il soit possible d'en nier
la sincérité. Ce qui frappe dans tous ses poèmes
de cette époque, ce sont ses convictions reli-religieuses, très ardentes. Pour Leconte de Lisle,
alors, le progrès de l'humanité est lié au christianisme ; c'est des yeux de Jésus qu'a jailli
gieuses, très ardentes. Pour Leconte de Lisle,
alors, le progrès de l'humanité est lié au chris-
tianisme ; c'est des yeux de Jésus qu'a jailli
« l'aurore du monde ; » c'est « son sang sacré
qui a fécondé l'avenir ; » c'est lui qui a doté
Ligne 3 858 ⟶ 3 771 :
Les mots « Dieu, ange, prière, foi, espoir
divin, impiété, soleil de Dieu, espérance, azur
divin, âme immortelle, but sacré, œuvre di-divine, temps religieux, » tombent tout naturellement de sa plume. Quand il s'adresse à
Lamennais, il l'appelle « prophète ; » c'est
vine, temps religieux, » tombent tout natu-
rellement de sa plume. Quand il s'adresse à
Lamennais, il l'appelle « prophète; » c'est
 
::... Son geste sauveur qui désigne dans l'ombre
Ligne 3 875 ⟶ 3 786 :
sont là de simples formules poétiques, de purs
développements lyriques. C'est d'un accent
bien personnel qu'il adjure Lélia de se rappe-rappeler les jours de sa jeunesse, où « son hymne
ler les jours de sa jeunesse, où « son hymne
d'innocence cherchait Dieu dans le ciel ; » qu'il
lui demande de maudire l'orgueil qui fil d'elle
Ligne 3 883 ⟶ 3 793 :
pour remonter au ciel. En vain dira-t-on qu'il
ne partageait pas les idées de M. Nicolas dans
l'''Introduction'' de ''La Variété'' ou de ses collabo-collaborateurs dans leur programme. La prose de
rateurs dans leur programme. La prose de
 
 
Ligne 3 919 ⟶ 3 828 :
Leconte de Lisle a écrit :
 
« LAMARTINE : Imagination abondante ; intelli-intelligence douée de mille désirs ambitieux et nobles
gence douée de mille désirs ambitieux et nobles
 
 
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de la Grêce païenne, l'ennemi du Christianisme,
n'apparaît pas encore dans l'écrivain de ''La
Variété'', peut-être parviendrons-nous à décou-découvrir, dans les théories littéraires de Leconte
de Lisle à cette époque, le germe de l'originalité artistique du chef de l'École Parnassienne.
vrir, dans les théories littéraires de Leconte
de Lisle à cette époque, le germe de l'origina-
lité artistique du chef de l'École Parnassienne.
 
Dans son étude sur Hoffmann, il s'attache à
prouver que ce « génie bizarre et enthousiaste »
fut cependant « éminemment et incontestable-incontestablement moral. » Il le défend, comme d'une injure,
ment moral. » Il le défend, comme d'une injure,
de l'accusation d'avoir « mené une vie errante
et sauvage, » et constate avec empressement
qu'il occupait « une position élevée et hono-honorée, » qu'il était accueilli « dans la haute société
rée, » qu'il était accueilli « dans la haute société
et y exerçait une influence proportionnée à
la profondeur de son talent. ». Ce qui sur-surprendra moins, c'est qu'en louant les œuvres
« de ce créateur d'une nouvelle forme de satire, » il condamne « les fantaisies incroyables et les caprices fous » de ses imitateurs.
prendra moins, c'est qu'en louant les œuvres
« de ce créateur d'une nouvelle forme de sa-
tire, » il condamne « les fantaisies incroya-
bles et les caprices fous » de ses imitateurs.
 
 
Ligne 3 963 ⟶ 3 864 :
En terminant, il demande à M. Henri Heine de
prendre la direction du mouvement allemand,
« pour ramener l'esprit enthousiaste de mé-mélancolie outrée aux beautés plus réelles d'une
lancolie outrée aux beautés plus réelles d'une
pensé sévère. » Et comme il ajoute que « les
jeunes écrivains font tous leurs efforts main-maintenant pour se laisser guider par le cachet qui
tenant pour se laisser guider par le cachet qui
leur est propre et se confient avec plus de foi
à leurs tendances particulières, » on pourrait,
peut-être déjà pressentir sous cette formule,
— si peu nette soit-elle, — la première expres-expression d'une personnalité qui se cherche et le
sion d'une personnalité qui se cherche et le
rêve d'une réaction contre les devanciers.
 
Ce mépris pour la bohême de lettres se
marque de nouveau dans les opinions de Le-Leconte de Lisle sur Sheridan ; son mépris aussi
conte de Lisle sur Sheridan ; son mépris aussi
pour l'improvisation littéraire s'y affirme. Le
huilant auteur comique aurait pu être un
« réformateur» ; il ne l'a pas voulu, dit-il. » Cet
écrivain indolent prodiguait avec trop de faci-facilité les éclairs de son esprit pour qu'il se souvînt de son génie. Les bizarreries artistiques
lité les éclairs de son esprit pour qu'il se sou-
vînt de son génie. Les bizarreries artistiques
de sa vie privée rejaillissaient sur ses œuvres ;
il composait par saccades. » L'esprit aussi, qui
« s'allie rarement au génie, » est un obstacle
que Sheridan ne sut pas franchir et qui l'em-empêcha de fournir toute sa course. Il ne faudrait
pêcha de fournir toute sa course. Il ne faudrait
pas croire cependant que Leçon le de Lisle
 
Ligne 3 998 ⟶ 3 892 :
126 BRETONS DE LETTRES
 
réclamât de l'écrivain une correction exagé-exagérée ; il donne en passant, à propos de Cumberland, un coup de plume à Casimir Delavigne,
« le premier de nos poètes corrects, si toutefois il n'est pas le seul à l'être, » et qui sembla
rée ; il donne en passant, à propos de Cumber-
land, un coup de plume à Casimir Delavigne,
« le premier de nos poètes corrects, si toute-
fois il n'est pas le seul à l'être, » et qui sembla
avoir encore un double tort aux yeux du jeune
critique, celui d'être spirituel, — on venait de
Ligne 4 009 ⟶ 3 900 :
demande qui réveillera la littérature anglaise
endormie. Le sommeil lui semble profond,
tandis qu'en France, il salue « le génie régé-régénérateur de Victor Hugo. »
nérateur de Victor Hugo. »
 
Le nom de Victor Hugo, prononcé avec sym-sympathie, nous amène à rechercher quelles étaient
pathie, nous amène à rechercher quelles étaient
les idées de Leconte de Lisle sur la poésie. Il
les a formulées dans son étude sur Chénier.
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LECONTE DE LISLE ÉTUDIANT 127
 
perçu ou justement méprisé par ceux qui con-conservaient religieusement les saintes traditions
servaient religieusement les saintes traditions
de la véritable poésie. » Le XVIII{{e}} siècle n'est
intéressant qu'à son agonie et seulement pour
sa double réaction politique et littéraire. Cor-Corneille et André Chénier « se touchent comme
intelligences primitives, spontanées, originales. » Chénier aussi est un fils de Ronsard,
neille et André Chénier « se touchent comme
intelligences primitives, spontanées, origina-
les. » Chénier aussi est un fils de Ronsard,
« le seul poète du XVI{{e}} siècle et qui a conquis
la gloire de n'avoir pas été compris par Boi-Boileau. » André Chénier est « le Messie » et, s'il
leau. » André Chénier est « le Messie » et, s'il
avait eu le sentiment chrétien, il ne lui eut
rien manqué pour atteindre la perfection du
Ligne 4 049 ⟶ 3 934 :
n'a-t-il pu faire revivre que « la forme éteinte,
l'expression oubliée... La facture de son vers,
la coupe de sa phrase, pittoresque et énergiénergique, ont fait de ses poèmes une œuvre nou-
que, ont fait de ses poèmes une œuvre nou-
velle et savante, d'une mélodie entièrement
ignorée, d'un éclat inattendu...» Lebrun-PinPindare, Lefranc de Pompignan, Lamotte, Marmon-
tel et Dorai avaient « jeté la honte et la médiocrité sur l'inspiration lyrique; ces incapables et ces insensés » avaient profané la poésie.
dare, Lefranc de Pompignan, Lamotte, Marmon-
tel et Dorai avaient « jeté la honte et la mé-
diocrité sur l'inspiration lyrique; ces incapa-
bles et ces insensés » avaient profané la poésie.
Chénier parut ! Le présent fut relié au passé
et se nouait à l'avenir. De son amour, de son
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Iambes, mais tombée en de telles loques dans ses dernières
poésies qu'il était désormais impossible de se méprendre sur la
nature de l'animal. »</ref>, le senti-sentiment de la méditation, ou de l'harmonie, l'ode,
ment de la méditation, ou de l'harmonie, l'ode,
l'iambe... Notre littérature actuelle n'a d'autre
sève primitive que lui ; sans lui nous ne pos-posséderions pas aujourd'hui ce qui fait l'envie
séderions pas aujourd'hui ce qui fait l'envie
du monde contemporain. »
 
J'ai tenu à conserver à ces opinions de la
vingtième année leur expression même, si imimparfaite et si naïve soit-elle parfois ; dans ces
bouillonnements, ce sont des germes qui fermentent. Leconte de Liste, dès cette époque,
parfaite et si naïve soit-elle parfois ; dans ces
était ''plein d'idées'', selon le mot de Beaumarchais. À vrai dire, il n'avait pas encore choisi
bouillonnements, ce sont des germes qui fer-
mentent. Leconte de Liste, dès cette époque,
était ''plein d'idées'', selon le mot de Beaumar-
chais. À vrai dire, il n'avait pas encore choisi
parmi elles ni fait la part de ce qu'il en devait
conserver, mais, à vingt ans, ce qui importe
c'est d'amasser un nombreux bagage, ne fut-ce que pour suffire à tout ce qu'il faut en jeter par dessus bord, pendant la traversée.
ce que pour suffire à tout ce qu'il faut en je-
ter par dessus bord, pendant la traversée.
 
À la fin de son article sur André Chénier,
Leconte de Lisle écrivait ceci :
 
« Nous entreprendrons maintenant d'exa-examiner successivement le théâtre français depuis son origine jusqu'à Corneille et Molière,
miner successivement le théâtre français de-
puis son origine jusqu'à Corneille et Molière,
 
 
Ligne 4 101 ⟶ 3 973 :
 
et le Théâtre italien, depuis le XVI{{e}} siècle...
Délicatesse, finesse et souvent excès d'une ima-imagination enthousiaste et exaltée ; peu de profondeur sans doute mais beaucoup d'esprit ;
plus de propension à prendre en traits saillants le bizarre et le ridicule, que de mûres
gination enthousiaste et exaltée ; peu de pro-
réflexions, que de caractères fortement dessinés, quede graves tableaux de mœurs ; telles
fondeur sans doute mais beaucoup d'esprit ;
plus de propension à prendre en traits sail-
lants le bizarre et le ridicule, que de mûres
réflexions, que de caractères fortement dessi-
nés, quede graves tableaux de mœurs ; telles
seront les principales manières de voir qui
donneront lieu à une nouvelle série d'esquisses
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de Tigre'', épisodes de sa vie à Bourbon et de son
passage au Cap, qui témoignent, la première,
d'une sensibilité très vive, l'autre, d'une ten-tentative, pas très heureuse d'ailleurs, dans la
manière humouristique et cavalière de certains conteurs à la mode d'alors. Elles sont
tative, pas très heureuse d'ailleurs, dans la
sans intérêt au point de vue du séjour de Leconte de Lisle à Rennes.
manière humouristique et cavalière de cer-
tains conteurs à la mode d'alors. Elles sont
sans intérêt au point de vue du séjour de Le-
conte de Lisle à Rennes.
 
Le 11 mars 1841, en ce mois qui vit mourir
Ligne 4 135 ⟶ 4 000 :
130 BRETONS DE LETTRES
 
contre lui la perte conditionnelle d'une inscrip-inscription et il était marqué « sur la liste des étudiants qui seraient interrogés plus sévèrement
tion et il était marqué « sur la liste des étu-
diants qui seraient interrogés plus sévèrement
à leur examen. » Le 22 juillet, il était encore
appelé devant les professeurs et ne compa-comparaissait pas : la perte par défaut était donc
raissait pas : la perte par défaut était donc
prononcée et devenait définitive, le délinquant
ayant négligé de se pourvoir. Je note encore
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nouveau, » le 23 juillet 1812, frappé de « perte
conditionnelle » et inscrit « sur la liste de
sévérité. » Dans l'intervalle, il avait pris quaquatre inscriptions, les 15 avril, 15 juillet, 15 novembre 1841 et le 13 avril 1842. Celle-ci fut
tre inscriptions, les 15 avril, 15 juillet, 15 no-
vembre 1841 et le 13 avril 1842. Celle-ci fut
la dernière et la Faculté comprit qu'elle n'avait
plus à mander devant elle celui qui n'y vou-voulait pas revenir. On se borna à prévenir la famille qu'il n'avait pas pris l'inscription de juillet, comme on l'avait avertie qu'il avait omis
lait pas revenir. On se borna à prévenir la fa-
mille qu'il n'avait pas pris l'inscription de juil-
let, comme on l'avait avertie qu'il avait omis
de prendre celle de janvier.
 
Ligne 4 159 ⟶ 4 016 :
plus affranchie des obligations imposées par
son père. Néanmoins, il ne rompt pas avec sa
famille ; il semble, au contraire, très préoc-préoccupé de la rassurer sur ses bonnes intentions
de travail et la parfaite correction de sa conduite. Le 7 fevrier 1841, il écrit à M. Louis
cupé de la rassurer sur ses bonnes intentions
de travail et la parfaite correction de sa con-
duite. Le 7 fevrier 1841, il écrit à M. Louis
Leconte :
 
Ligne 4 168 ⟶ 4 023 :
LECONTE DE LISLE ÉTUDIANT 131
 
« Votre lettre, mon cher oncle, m'a fait beau- de peine, La promesse que j'avais faite à ma
de peine, La promesse que j'avais faite à ma
tante de ne plus me défaire de mes vêtements
n'a pas été oubliée. Si vous avez été informé
que je persistais à vendre mes habits<ref>Avaient-ils ''l'élégance de ceux que décrit le chroniqueur
(Ses Modes, à l'''Auxiliaire Breton'' ? (l84ll841)
« Pour la toilette du matin, on porte l'habit en velours pen-pensée en grenat clair, boutonnant droit avec basques larges,
sée en grenat clair, boutonnant droit avec basques larges,
plates sur la hanche et poches de dessous, sans renoncer à
l'habit français.
Ligne 4 190 ⟶ 4 043 :
jambes et formant aussi la guêtre. »</ref>, on
vous a tait un infâme mensonge. Quant à mes
mauvaises connaissances, mon cher oncle, l'in-influence qu'elles exercent sur ma conduite se
fluence qu'elles exercent sur ma conduite se
réduit a me faire rester dans ma chambre
toute la journée, si ce n'est pour aller aux
Ligne 4 220 ⟶ 4 072 :
 
Mais M. Louis Leconte ne se fiait pas aux
promesses que les lettres de la Faculté ne con-confirmaient pas, tant s'en faut ! M. Leconte de
firmaient pas, tant s'en faut ! M. Leconte de
L'lsle annonçait bien un envoi d'argent à son
fils, mais de Dinan pas de nouvelles. Charles
Ligne 4 242 ⟶ 4 093 :
 
jours même silence. Au mois de septembre,
c'est une lettre désespérée. Il « manque abso-absolument de tout ; » il ne sait plus « même comment se faire la barbe ; » il a été obligé de recourir « à la bonne volonté » d'un ami « pour
lument de tout ; » il ne sait plus « même com-
ment se faire la barbe ; » il a été obligé de re-
courir « à la bonne volonté » d'un ami « pour
se procurer un peu de sirop, » attendu qu'il
avait la fièvre et que la soif le dévorait. » On
devrait bien comprendre pourtant la situation
d'un jeune homme qui, depuis longtemps, n'a-avait pas eu « un centime à sa disposition. »
vait pas eu « un centime à sa disposition. »
Il sait bien que ce sont là des « demandes
quelque peu honteuses, » mais la nécessité l'y
contraint. Son oncle venait de passer à Ren-Rennes, mais il n'avait pas osé lui présenter sa
nes, mais il n'avait pas osé lui présenter sa
requête de vive voix.
 
Les parents de Bourbon, cependant, avaient
repris un peu d'espérance. On croit au pro-prochain succès de la licence enfin conquise, et
chain succès de la licence enfin conquise, et
déjà on prie M. Louis Leconte de mettre en
avant ses amis pour obtenir une place de subs-substitut ou procureur du roi, ou de juge auditeur
titut ou procureur du roi, ou de juge auditeur
à Bourbon. Si Charles pouvait être nommé au
tribunal de Saint-Denis, ce serait le rêve ac-accompli ; car on voudrait bien le voir rentrer
dans sa famille ; « malgré ses forfaits, sa pauvre mère n'a pas d'autre pensée ; ainsi est
compli ; car on voudrait bien le voir rentrer
dans sa famille ; « malgré ses forfaits, sa pau-
vre mère n'a pas d'autre pensée ; ainsi est
fait le cœur des parents. » Pour arriver à ses
fins, M. Leconte de L'Isle écrit à un ancien
Ligne 4 281 ⟶ 4 123 :
« Simple élève de son père, écrit M. Leconte
de l'Iisle, il a dépassé son professeur ; il s'est
adonné à l'élude et est regardé comme capa-capable parmi les élèves. » Et il conclut, avec un
ble parmi les élèves. » Et il conclut, avec un
retour sur lui-même : « Adieu, mon ami ; plus
heureux que moi, tu ne vis jamais l'étranger
Ligne 4 292 ⟶ 4 133 :
::Et dulces semper reminiscitur Argos ! »
 
Puis sachant que les éloges paternels paraî-paraîtront entachés de partialité et ne prouvent pas
tront entachés de partialité et ne prouvent pas
grand chose, il donne pour caution du jeune
étudiant la bonne opinion qu'en a M. Louis
Leconte, près de qui Gesbert peut se rensei-renseigner, mais, craignant quelque mauvais renseignement de l'oncle, il lui écrit aussi pour
le prier d'oublier les torts de Charles. « La jeunesse a besoin d'indulgence, et, à notre âge, il
gner, mais, craignant quelque mauvais ren-
seignement de l'oncle, il lui écrit aussi pour
le prier d'oublier les torts de Charles. « La jeu-
nesse a besoin d'indulgence, et, à notre âge, il
sera probablement plus raisonnable ! » dit-il.
 
Hélas ! la raison ne venait pas, du moins
celle qu'espéraient les parents de Charles. Un
moment, pour expliquer l'abandon de ses étu-études de droit, Leconte «le Lisle parla de se faire
des de droit, Leconte «le Lisle parla de se faire
 
 
 
 
 
Ligne 4 316 ⟶ 4 149 :
 
inscrire étudiant en médecine. Cette fantaisie
dura peu : en réalité, il avait renoncé à la ma-magistrature et à toute autre carrière « bourgeoise. » Sa décision était prise d'être un
gistrature et à toute autre carrière « bour-
geoise. » Sa décision était prise d'être un
homme de lettres et rien que cela.
 
Pendant toute l'année 1842, Leconte de Lisle
vécut sans relations presque avec sa famille,
ne recevant plus d'elle que des subsides irréirréguliers., étudiant l'histoire et les langues, faisant quelques courses en Bretagne, tout entier à ses idées d'avenir. Ses parents le rap-
guliers., étudiant l'histoire et les langues, fai-
sant quelques courses en Bretagne, tout en-
tier à ses idées d'avenir. Ses parents le rap-
pelaient en vain près d'eux ; il faisait la sourde
oreille. De cette année datent ses premières
révoltes ouvertes contre la « société, » qu'exas-exaspéraient encore les remontrances de son père,
péraient encore les remontrances de son père,
les duretés de son oncle, et l'imbécillité de
quelques « bourgeois » de Rennes.
Ligne 4 336 ⟶ 4 163 :
Il projeta de dire à tous ces braves gens
ennuyeux, — magistrats et professeurs, — ce
qu'il pensait de leurs ridicules ; un «le ses ca-camarades de la Faculté, fils d'un riche notaire
pourtant, s'associa à lui pour fonder un journal satirique, ''Le Scorpion''. Le titre était menaçant et le premier numéro justifiait le titre,
marades de la Faculté, fils d'un riche notaire
paraît-il. Ce fut du moins l'opinion des imprimeurs de la ville, à qui les deux fondateurs,
pourtant, s'associa à lui pour fonder un jour-
Paul Duclos et Charles Leconte de Lisle, s'adressèrent, mais vainement à tour de rôle. L'un
nal satirique, ''Le Scorpion''. Le titre était mena-
çant et le premier numéro justifiait le titre,
paraît-il. Ce fut du moins l'opinion des impri-
meurs de la ville, à qui les deux fondateurs,
Paul Duclos et Charles Leconte de Lisle, s'a-
dressèrent, mais vainement à tour de rôle. L'un
 
 
Ligne 4 350 ⟶ 4 172 :
136 BRETONS DE LETTRES
 
d'eux, Ambroise Jausions, avec lequel des pour-pourparlers avaient été engagés, se déroba comme
parlers avaient été engagés, se déroba comme
les autres ; dès qu'il eut pris connaissance des
premiers manuscrits. Les deux journalistes
ne se tinrent pas pour battus ; ils firent som-sommation audit Jausions d'imprimer leur journal,
mation audit Jausions d'imprimer leur journal,
offrant de satisfaire, — Duclos le pouvait sans
peine, — à toutes les exigences et garanties
pécuniaires. L'imprimeur, ayant persisté dans
son refus, fut cité à comparaître devant le tri-tribunal civil de Rennes, le 28 décembre 1842
bunal civil de Rennes, le 28 décembre 1842
pour être condamné à imprimer ''Le. Scorpion'',
« à payer 1500 francs à titre de dommages-intérêts aux demandeurs, plus 20 francs par
intérêts aux demandeurs, plus 20 francs par
jour de retard. »
 
Me Provins, l'avocat des deux « pamphlétai-pamphlétaires, » se fondait sur l'article 7 de la Charte de
res, » se fondait sur l'article 7 de la Charte de
1830, qui accordait aux Français « le droit de
publier et faire tmpriiner leurs opinions. » Or,
Ligne 4 377 ⟶ 4 194 :
La cause fut renvoyée au lundi suivant pour
l'audition de Me Caron, avocat de M. Jausions.
Le dit Me Caron fut sévère : « L'esprit du jourjournal, dit-il, mérite la réprobation des gens de
nal, dit-il, mérite la réprobation des gens de
bien ; c'est ce qui explique et justifie le refus
 
Ligne 4 385 ⟶ 4 201 :
LECONTE DE LISLE ÉTUDIANT 137
 
de tous les imprimeurs de fournir leur con-concours au journal projeté. Le prospectus déjà
cours au journal projeté. Le prospectus déjà
imprimé et les articles proposés à l'impression
ne laissent aucun doute sur le caractère du
''Scorpion'', ou les personnages les plus recom-recommandables par leur position et les plus honorables par leur caractère sont l'objet des attaques les plus vives. En imprimant de pareilles
mandables par leur position et les plus hono-
rables par leur caractère sont l'objet des at-
taques les plus vives. En imprimant de pareilles
œuvres, les imprimeurs seraient complices et
bientôt le ministère public serait obligé de les
poursuivre... Le Tribunal ne peut les contrain-contraindre à accepter une telle responsabilité. »
dre à accepter une telle responsabilité. »
 
Tel fut aussi l'avis du procureur du Roi, M.
Malherbe et ses conclusions turent celles de
Me Caron. Le 9 janvier 1843, le Tribunal donna
gain de cause à l'imprimeur récalcitrant et dé-débouta Leconte de Lisle et Duclos de leurs présentions.
bouta Leconte de Lisle et Duclos de leurs pré-
sentions.
 
Ce fut la dernière manifestation littéraire
de Leconte de Lisle à Rennes. À bout de res-ressources et las de cette vie de privations, dans
sources et las de cette vie de privations, dans
l'ennui d'une ville de province qui devenait
hostile peu à peu, il finit par céder au désir
de ses parents et s'embarqua pour retourner
à Bourbon, après un séjour de près de six an-années à Rennes.
nées à Rennes.
 
Il était de retour dans sa famille à la fin du
Ligne 4 431 ⟶ 4 238 :
Sans doute, quand le bateau quitta le port
de Nantes, Leconte de Liste eut un regard en
arrière, non pas pour dire adieu à cette Bre-Bretagne, qui était sa terre maternelle<ref>Verlaine a écrit :
tagne, qui était sa terre maternelle<ref>Verlaine a écrit :
 
« À contempler sa large tête hâlée, ses traits hardis et ré-réguliers, son grand front obstiné, son nez droit volontaire, ses
guliers, son grand front obstiné, son nez droit volontaire, ses
lèvres assez fortes, dessinées d'une ligne extraordinairement
nette et pure, tout cet ensemble athlétique que confirmait un
Ligne 4 442 ⟶ 4 247 :
 
Tout de même, Leconte de Lisle avait peu le type Breton
et Verlaine se faisait une singulière idée des caractères phy-physiques qui le constituent.
siques qui le constituent.
 
P.-S. — Décidément, tout examiné, je ne puis admettre que
Ligne 4 451 ⟶ 4 255 :
Je viens de relire l'histoire de ce Collège publiée par M.
Bellier-Dumaine dans les ''Annales de Bretagne'', et j'y trouve
mon meilleur argument contre l'affirmation de l'historien lui-même. J'ai prouvé que Leconte de Lisle n'avait pu entrer à ce
même. J'ai prouvé que Leconte de Lisle n'avait pu entrer à ce
Collège « avant le mois de février 1838 et y séjourner après
la fin de l'année scolaire, en tout six mois environ. » J'étais
Ligne 4 462 ⟶ 4 265 :
mois, et encore je demande une preuve de ce séjour.
 
J'ai suivi le Maître pendant ses études à Rennes, je l'ai re-retrouvé à Nantes : que ceux qui affirment qu'il fut élève à Dinan
trouvé à Nantes : que ceux qui affirment qu'il fut élève à Dinan
ne se bornent pas à des témoignages vagues ; qu'ils retrouvent
son nom sur le palmarès de 1833, ou dans les papiers du prin-principal ou dans les comptes de l'économat.
cipal ou dans les comptes de l'économat.
 
Rien n'était plus facile à M. Beilier-Dumaine, qui a eu en
mains la « liasse de 1838, Arch. du Collège. » Faute de l'avoir
fait, il ne peut maintenir que Leconte de Liste ait suivi les
cours ni « pendant plusieurs années, » ce qui est manifeste-manifestement impossible, ni même pendant trois mois, seule concession
ment impossible, ni même pendant trois mois, seule concession
que je puisse faire aux affirmations qu'il à données.
 
Ligne 4 487 ⟶ 4 287 :
archives de Ploërmel, qui venge M. de Lamennais des attaques
injustifiées de Mgr La Romagère.</ref> pourtant
et ou la formation de son esprit venait de s'a-achever, mais pour crier au revoir à cette
chever, mais pour crier au revoir à cette
France, où il rêvait de revenir pour ne plus
la quitter et qu'il devait remplir à jamais de
Ligne 4 511 ⟶ 4 310 :
M. Benjamn Guinaudeau vient de publier
un recueil de Premières poésies et de Lettres
intimes de Leconte de Lisle. (Fasquelle édi-éditeur, 1902).
teur, 1902).
 
La première de ces lettres est datée : Rennes,
janvier 1838 et la dernière : Rennes, octobre
1840. Ayant, le premier, raconté la vie d'étu-étudiant du Maître et fixé des dates et des faits
diant du Maître et fixé des dates et des faits
inconnus ou dénaturés jusque-là, j'ai parcouru
ces pages avec le plus vif intérêt. Je les lisais
Ligne 4 533 ⟶ 4 330 :
 
correspondance de famille, les archives uni-
versitaires, les journaux de l'époque. On par-parlait beaucoup de Leconte de Lisle dans tous
lait beaucoup de Leconte de Lisle dans tous
ces papiers ; dans le livre de M. Guinaudeau,
c'est Leconte de Lisle qui parle « en personne. »
Ligne 4 540 ⟶ 4 336 :
 
J'ai la grande joie de dire qu'il ne m'a pas
contredit. Toute cette correspondance du Maî-Maître avec Julien Rouffet vient confirmer mon
tre avec Julien Rouffet vient confirmer mon
étude, et c'est seulement d'une lumière plus
intense qu'elle éclaire la vie d'étudiant que
Ligne 4 560 ⟶ 4 355 :
 
Ainsi, après plus de quarante ans, c'était
« le jeune homme étranger qui demeure main-maintenant à Rennes » qui, seul, avait laissé sa
trace dans le souvenir du Maître N. {{Mlle}},
tenant à Rennes » qui, seul, avait laissé sa
trace dans le souvenir du Maître, N. Mille,
 
 
Ligne 4 568 ⟶ 4 362 :
142 BRETONS DE LETTRES
 
l'auteur des ''Mémoires d'une Puce de Qualité''. Le-Leconte de Lisle avait oublié Julien Rouffet, dont
conte de Lisle avait oublié Julien Rouffet, dont
l'amitié lui était aussi chère que les vers lui
étaient harmonieux.
Ligne 4 578 ⟶ 4 371 :
comprenaient, « l'homme de son choix ! » le
cœur qu'il met « en dehors de bien d'autres ; »
celui que, dans un bel élan de lyrisme ami-amical, il se prend a tutoyer ; son correspondant
cal, il se prend a tutoyer ; son correspondant
le plus cher, son poète le plus admiré ! Il ne
se le rappelait plus ! L'amitié a de ces infidé-infidélités comme l'amour. Que de choses on sème
le long de la vie ! Comme il est bizarre pourtant que ce soit justement par ce paquet de
lités comme l'amour. Que de choses on sème
le long de la vie ! Comme il est bizarre pour-
tant que ce soit justement par ce paquet de
lettres adressées à cet oublié que l'oublieux
ami soit réveillé de nouveau. ''Scripta manent''.
Ligne 4 592 ⟶ 4 382 :
1839. Et voilà qui fixe définitivement, comme
je l'avais pressenti, le séjour de Leconte de
Lisle à Dinan, « de février 1838 à la fin de l'an-année scolaire, en tout six mois environ. » La
née scolaire, en tout six mois environ. » La
septième lettre est datée de Rennes, octobre
1838. Le candidat au baccalauréat a-t-il suivi
Ligne 4 603 ⟶ 4 392 :
 
mestre ? J'ai dit que c'était une tradition que
rien ne confirmait, et dans les lettres de Le-Leconte de Lisle à son ami, rien non plus, pas
conte de Lisle à son ami, rien non plus, pas
un mot, ne peut taire supposer qu'il fut même
externe à ce collège,
 
Nous voyons bien qu'il « mange avec la plu-plupart des notabilités de la ville, hommes excellents, sans doute, mais dépourvus de toute
part des notabilités de la ville, hommes ex-
cellents, sans doute, mais dépourvus de toute
idée avancée ; » c'est un état de contrainte
pour lui de vivre « parmi des êtres non intel-intelligents » qu'il est obligé de ne pas froisser. Il
est probable que ces « notabilités non intelligentes » étaient les amis de son oncle, chez
ligents » qu'il est obligé de ne pas froisser. Il
est probable que ces « notabilités non intelli-
gentes » étaient les amis de son oncle, chez
lequel il ne dut demeurer que peu de jours.
Il écrit en effet, dans sa seconde lettre, encore
Ligne 4 629 ⟶ 4 413 :
rencontra « la femme la plus gracieuse, la
plus noble », telle enfin qu'un sonnet seul
peut en dire les charmes, sonnet tout plato-platonique d'ailleurs, s'il faut en croire le jeune
impassible qui écrit : « L'amour et moi, voyez-vous, c'est de l'eau sur une pierre : elle peut
nique d'ailleurs, s'il faut en croire le jeune
impassible qui écrit : « L'amour et moi, voyez-
vous, c'est de l'eau sur une pierre : elle peut
la mouiller mais ne la pénètre jamais. »
 
Ligne 4 640 ⟶ 4 422 :
 
Nous voyons encore qu'il fait des vers, qu'il
en reçoit, qu'il s'intéresse à l'''Annuaire Dinan-Dinannais'', où d'ailleurs il dédaigne de collaborer.
nais'', où d'ailleurs il dédaigne de collaborer.
qu'il se laisse distraire par « une partie de
masques et quelques bals » encore ; que l'image
Ligne 4 656 ⟶ 4 437 :
retour à Rennes ; le souvenir de {{Mlle}} C. et
M. B*** le poursuit et c'est en vers qu'il chante
son amour pour l'une d'elles, qui semble de-devenir une « passion positive. » Mais l'idéalisme reprend vite le dessus et, dans une lettre suivante, l'étudiant préconise l'autre amour
venir une « passion positive. » Mais l'idéa-
lisme reprend vite le dessus et, dans une let-
tre suivante, l'étudiant préconise l'autre amour
« plus doux, plus frais, l'amour mystique,
l'amour de l'âme. »
Ligne 4 679 ⟶ 4 457 :
compagnons trois « peintres paysagistes de
Paris ; ils visitèrent « Kemperlé, l'Isole et l'Ellé,
que Brizeux a chantés, Scaër, le Faouet et Gué-Guémenée. » Ils ne purent voir Auray, Carnac et
menée. » Ils ne purent voir Àuray, Carnac et
Pont-Scorff, qui étaient dans leurs désirs,
mais... le manque d'argent, je l'ai dit, les força
d'abréger leur voyage.
 
Son baccalauréat le préoccupe en ce mo-moment, il « compte être refusé. » Il se trompait et la lettre XII annonce qu'il est reçu. J'ai
ment, il « compte être refusé. » Il se trom-
pait et la lettre XII annonce qu'il est reçu. J'ai
dit comment. Le bachelier trouve que « MM.
les examinateurs se sont montrés extraordi-extraordinairement bienveillants » à son égard. Il fera
nairement bienveillants » à son égard. Il fera
donc son droit à Rennes.
 
Ce qui l'absorbe désormais, c'est la compo-composition d'un volume de vers, ''Le Cœur et l'Âme'',
qu'il veut faire de moitié avec Roufiet. Ce serait « l'ensemble raisonné et vraiment grand,
sition d'un volume de vers, ''Le Cœur et l'Âme'',
utile et beau, de toutes les niaises et insignifiantes publications du jour. » La partie du
qu'il veut faire de moitié avec Roufiet. Ce se-
rait « l'ensemble raisonné et vraiment grand,
utile et beau, de toutes les niaises et insigni-
fiantes publications du jour. » La partie du
cœur reviendrait de droit à Rouffet ; celle de
l'âme, il s'en chargerait. » Et il ajoute avec le
bel enthousiasme des vingt ans : « Ce serait
une œuvre immortelle dans son genre ! »
Rouffet accepte ; on échange les divers poé-poésies, on les classe.
sies, on les classe.
 
 
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146 BRETONS DE LETTRES
 
De la poésie à l'amour, il n'y a qu'un pas ;
il ne faut donc pas s'étonner que Leconte de
Lisle en philosophe encore ; il s'élève de plus
en plus dans le bleu. « Jamais, écrit-il, je n'ai-aimerai que mes idéalités ou plutôt mes impossibilités. »
merai que mes idéalités ou plutôt mes impos-
sibilités. »
 
Non pas qu'il soit insensible, certes ; il se
sent « capable d'éprouver en un mois tout
l'amour, toute la haine et toutes les espéran-espérances d'un homme qui y aurait consacré sa vie
entière. » Et « avec tout cela » il est « excessivement malheureux. » Il y a de quoi !
ces d'un homme qui y aurait consacré sa vie
entière. » Et « avec tout cela » il est « exces-
sivement malheureux. » Il y a de quoi !
 
Le Droit est pour quelque chose aussi dans
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les réprimandes incessantes de son « honoré
tonton, » qui ne lui verse pas l'argent « à
pleines mains. » Il y a des créanciers, en con-conséquence.
séquence.
 
En juillet 1839, il déclare qu'il abandonne
le Droit : j'ai noté toutes les menaces de la
Faculté ; elles eurent leur effet, comme les ré-réprimandes du « tonton, » car Leconte de Lisle
primandes du « tonton, » car Leconte de Lisle
prit une nouvelle inscription en janvier 1840.
En attendant, la préoccupation du volume de
vers absorbait nos deux correspondants. Le-Leconte de Lisle peut fournir huit cents vers :
conte de Lisle peut fournir huit cents vers :
cela « formera, avec les vers de Rouffet. « un
 
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''in octavo'' dans le genre de ceux de Turquety. »
Vendra-t-on la propriété littéraire ou cédera-t-on seulement la moitié des exemplaires au
t-on seulement la moitié des exemplaires au
libraire éditeur ?
 
Tous ces projets vont si bien que déjà il est
question d'un second livre : ''Les Trois HarmoHarmonie en Une, ou Musique, Peinture, et Poésie''. Raphaël et Rossini, Michel-Ànge et Meyerbeer,
nie en Une, ou Musique, Peinture, et Poésie''. Ra-
phaël et Rossini, Michel-Ànge et Meyerbeer,
Lamartine et Hugo, Dante et Byron, en feront
le sujet ; il y aura exactement « quatre cent
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génie !
 
Mais la question matérielle ? Plusieurs solu-solutions se présentent ; nos étudiants les envisagent.
tions se présentent ; nos étudiants les envisa-
gent.
 
Leconte de Lisle penche pour la vente totale
au libraire, sous réserve d'une dizaine d'exem-exemplaires pour chacun des auteurs. Il se demande
plaires pour chacun des auteurs. Il se demande
si on s'adressera aux libraires de Lorient ou
de Rennes. Quant à Dinan, le poète n'y vou-voudrait pas faire imprimer « une carte de visite,
drait pas faire imprimer « une carte de visite,
en admettant qu'on fût capable de le faire, » et
quant à se voir éditer par souscription, il est
trop fier ; il aimerait mieux ne pas « faire im-imprimer une ligne que de la devoir à la pitié
primer une ligne que de la devoir à la pitié
du Vulgaire. » Mieux vaut rester ignoré. Hélas !
il est probable que le volume ne verra jamais
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Leconte de Lisle écrit à Charles Gosselin, qui
répond « très poliment » qu'il est trop occupé
en ce moment pour rien entreprendre de nou-nouveau. Il faut s'adresser ailleurs ; on fera « une
veau. Il faut s'adresser ailleurs ; on fera « une
circulaire à quatre ou cinq libraires de Paris. »
Aussi faut-il se hâter à rassembler les pièces
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Comment s'appellera-t-il : ''Effusions poétiques.
Les Rossignols et le Bengali, Cœur et Âme, Deux
Voix du Cœur, Sourire et Tristesse'' ? Enfin le clasclassement est fait ; il y a quarante-trois numéros ;
il faut arriver à deux mille vers. Encore quatre pièces à faire !
sement est fait ; il y a quarante-trois numéros ;
il faut arriver à deux mille vers. Encore qua-
tre pièces à faire !
 
Sur les entrefaites, depuis janvier 1840,
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davantage !
 
J'ai eu occasion de parler des théories litté-littéraires et des opinions religieuses de Leconte
raires et des opinions religieuses de Leconte
de Lisle étudiant ; ses ''Esquisses Littéraires'' dans
 
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''La Variété'' nous ont révélé sa pensée d'alors.
Les lettres publiées par M. Guinaudeau l'ex-expriment plus fortement encore. Il est curieux
priment plus fortement encore. Il est curieux
de connaître l'opinion du jeune homme sur
Dumas, sur Lamartine, sur Hugo.
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enthousiasme par Leconte rie Lisle. Il défend
la pièce contre les critiques de Jules Sandeau ;
quant à lui, il l'admire au point de vue litté-littéraire et historique. Le caractère de Caligula
raire et historique. Le caractère de Caligula
ne pouvait être mieux tracé ; les vers sur le
christianisme sont admirables; les scènes de
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qu'il en parle. Il s'est « enfin décidé à le lire ;
ce n'a pas été sans peine. » Il y trouve du
vague prétentieux à côté de « morceaux char-charmants » et de« pages magnifiques, » mais il y a
bien des longueurs qui affadissent « cet incorrect ouvrage. »
mants » et de« pages magnifiques, » mais il y a
bien des longueurs qui affadissent « cet incor-
rect ouvrage. »
 
Deux hommes, croit-il, eussent lait de ''Jo-Jocelyn'' « un poème délicieux : Brizeux, « le doux
celyn'' « un poème délicieux : Brizeux, « le doux
chantre de Marie, » et son ami Julien Rouffet !
Oui, Julien Rouffet, à côté de qui Leconte de
Lisle « tremble de marcher, » lui, si pauvre de
tout ce que possède ce poète « et dont le sen-sentier est tellement vague » qu'il se prend parfois
tier est tellement vague » qu'il se prend parfois
« à rire de sa folie. »
 
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citer textuellement :
 
« À part la mise en scène, qui déplaît géné-généralement, à part un style souvent grossier,
ralement, à part un style souvent grossier,
peu digne de l'auteur des ''Feuilles d'Automne'',
il y a dans cette pièce de magnifiques mor-morceaux poétiques... Du génie toujours ; mais
ceaux poétiques... Du génie toujours ; mais
peu ou point de règles. »
 
Mes conclusions sur l'état d'âme de l'étu-étudiant à cette époque sont plutôt corroborées
diant à cette époque sont plutôt corroborées
par ses lettres. Il est spiritualiste et chrétien.
C'est à ce titre qu'il fait quelques objections
à un poème de son ami. « Disciple du Christ,
avez-vous raison ?... Le désir de la mort, l'ou-oubli de ses devoirs humains, le découragement
bli de ses devoirs humains, le découragement
de la vie, n'est-ce pas un suicide moral ? » La
mort d'un jeune ami lui arrache cet aveu ;
« La foi d'un autre monde est d'un bien puis-puissant appui et je plains sincèrement celui qui
ne l'a pas. » Il rêvait même de faire profession de ses croyances, car il annonce dans ces
sant appui et je plains sincèrement celui qui
ne l'a pas. » Il rêvait même de faire profes-
sion de ses croyances, car il annonce dans ces
termes le second livre qu'il rêve :
 
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même conviction qu'il se confesse à cet égard ;
il se borne à dire, une seule fois et avec assez
d'irrévérence : « Comme je ne suis pas répu-républicain pour des prunes ! » Et il improvise des
blicain pour des prunes ! » Et il improvise des
vers aux Cendres de Napoléon ; les vers ne sont
pas bons et lui-même les traite de « fadaise. »
Ligne 4 909 ⟶ 4 647 :
 
« Imaginez-vous un front large et passionné ;
deux yeux noirs qui expriment ce qu'ils veu-veulent, une taille gracieusement brisée en avant,
une voix cadencée, grave et austère, harmonieuse et douce, un geste ardent, majestueux
lent, une taille gracieusement brisée en avant,
une voix cadencée, grave et austère, harmo-
nieuse et douce, un geste ardent, majestueux
et sévère, un jeu plein d'expansion, de force,
de naturel, de charme et d'intensité... ou plu-plutôt ne vous imaginez rien. Quels mots rendraient l'émotion irrésistible qui fait battre le
tôt ne vous imaginez rien. Quels mots ren-
draient l'émotion irrésistible qui fait battre le
cœur en lace de {{Mme}} Dorval. Il faut la voir et
l'entendre. »
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dit rien de Frédérik Lemaître. Et pourtant la
troupe locale même l'intéresse. « C'est un coup
du sort que nous possédions semblable mer-merveille en province ; nos acteurs ne seraient
nullement déplacés à Paris. Nous avons surtout Mercier, notre premier comique, qui est
veille en province ; nos acteurs ne seraient
nullement déplacés à Paris. Nous avons sur-
tout Mercier, notre premier comique, qui est
à cent pieds au-dessus de Valmont... Je suis
toujours aussi fou du théâtre ; cela ne va qu'en
Ligne 4 949 ⟶ 4 681 :
J'ai raconté la naissance de ''La Variété''. Il ne
semble pas que Leconte rie Lisle ait été parmi
les premiers directeurs ; il s'y intéresse pour-pourtant, sollicite la collaboration de Rouffet, mais,
tant, sollicite la collaboration de Rouffet, mais,
dès le second numéro, il est de la maison :
« Depuis trois jours, je fais partie du comité
de rédaction. » Aussi cela marchera mieux
désormais. La première livraison a été « com-composée de raccroc ; c'est un vrai galimatias, à
posée de raccroc ; c'est un vrai galimatias, à
l'exception de l'introduction par M. Nicolas,
qui est un fort beau morceau de style, et d'une
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petite pièce d'Alix, qui est aussi tort bien. »
 
Mais déjà la discorde sans doute avait sé-séparé les collaborateurs. Cette seconde livraison fut laite par Ch. Bénézit et Leconte de
paré les collaborateurs. Cette seconde livrai-
son fut laite par Ch. Bénézit et Leconte de
Lisle, qui y insérèrent chacun deux morceaux,
Celui-ci même se glisse, une troisième fois, à
l'abri d'un pseudonyme : ''Léonce''. Ce sont des
conseils à George Sand, à l'occasion de ''Cosima''.
La ''Revue Mensuelle'', dans les cinquième et si-sixième livraisons, est signée du même pseudonyme.
xième livraisons, est signée du même pseudo-
nyme.
 
D'ailleurs, les abonnements né marchent
pas et l'impression coûte cinquante francs par
mois. On se décide à demander le patronage
de Nodier, qui ne vint pas ; en revanche, Châ-Châteaubriand envoya une lettre et Turquety, des
teaubriand envoya une lettre et Turquety, des
vers. Leconte de Liste bat la caisse, on peut
le dire. Il faut que Rouffet s'abonne. « Sept
francs, ce n'est pas le diable. »
 
Pour comprendre ce zèle de ''Léonce''<ref>« Ajoutez un t et vous aurez Leconte, en faisant l'ana-anagramme, » écrit Leconte de Lisle.</ref>, sachez
gramme, » écrit Leconte de Lisle.</ref>, sachez
qu'on venait de le nommer Président du Comité
de rédaction. Il en est tout glorieux. « C'est
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Enfin Bénézit se marie (octobre 1840) et
Leconte de Lisle devient directeur de ''La Va-Variété''. Il la conduisit jusqu'aux lilas !
riété''. Il la conduisit jusqu'aux lilas !
 
J'avais noté la collaboration probable de
Leconte de Lisle au ''Foyer'' ; pourtant en feuil-feuilletant la rarissime collection de cette revue
letant la rarissime collection de cette revue
« aussi stupide qu'autrefois, » je n'y avais pas
trouvé la signature de Leconte de Liste. Une
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pour compléter sa nullité. »
 
J'ai trouvé aussi çà et là et avec grand plai-plaisir le témoignage des sentiments Bretons de
sir le témoignage des sentiments Bretons de
Leconte de Lisle. II demande à Rouffet, pour
''l'Annuaire Dinannais'', de lui adresser un poème
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voulu se faire « marchand de soupe. » Lui qui
avait tant de peine à décrocher les peaux d'âne,
il aspire à cette fonction de préparer la jeu-jeunesse à en recevoir.
nesse à en recevoir.
 
La chose devait avoir lieu à Quintin ; c'eut
été « un pensionnat qui pût faire toutes les
classes et dirigé suivant la méthode d'ensei-enseignement la plus large. » Houein, son associé,
gnement la plus large. » Houein, son associé,
va être reçu licencié ès lettres ; il faut 9,000 fr. ;
on commencerait l'année prochaine, en 1840,
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papier rose, doré sur tranche. Hein ! » Sans
doute, il ne manqua que les 9,000 francs !...
Déjà l'argent manquait pour affranchir les let-lettres et elles n'étaient pas dorées sur tranche
tres et elles n'étaient pas dorées sur tranche
ni sur papier rose !
 
Ligne 5 075 ⟶ 4 793 :
il écrit à R*** qu'il emportera le royaume
des cieux sur la foi de ceci : ''Beati pauperes
spiritu'', et il ajoute : « J'attends qu'il me remer-remercie et il me remerciera. »
cie et it me remerciera. »
 
À propos d'une passion que G*** a pu faire
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« J. G***, le pauvre d'esprit, qui après être
resté onze années dans l'étable universitaire,
mangeant des pensums en guise de foin, de-deviendra, j'en suis persuadé, directeur général,
membre de la Légion d'honneur, homme considéré, payant 200 francs de contributions !.....
viendra, j'en suis persuadé, directeur général,
membre de la Légion d'honneur, homme con-
sidéré, payant 200 francs de contributions !.....
Gloire aux Utiles !... Honte à vous, honte à
moi ! »
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LECONTE DE LISLE ÉTUDIANT 157
 
volume : je reste fidèle à mes intentions pre-premières en ne m'en occupant pas.
mières en ne m'en occupant pas.
 
En 1902, l'éditeur Fasquelle réunit en un vo-volume ces poèmes que Gosselin refusa en 1839.
lume ces poèmes que Gosselin refusa en 1839.
 
En se disculpant de les avoir publiés, en se
Ligne 5 136 ⟶ 4 849 :
 
Une promenade dite ''Les Murs'' et un fossé d'ancienne fortifi-
cation bornaient la rue des Carmes au sud. Non loin de là s'é-étendait Le Champ de Mars et sur un triste ruisseau se dressait
tendait Le Champ de Mars et sur un triste ruisseau se dressait
le solennel ''Pont aux Lions''. Tel se présentait alors, avec le
voisinage du Lycée, de Kergus et de Toussaints, le quartier
Ligne 5 147 ⟶ 4 859 :
 
Leconte de Lisle étudiant ..........................3
Villiers de l'isle Adam çlhrétienchrétien ............ 161
Hippolyte Lucas au Temple du Cerisier.. 199
Brizeux à Scaer ......................................241