« Bretons de Lettres » : différence entre les versions
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prix de 4 francs pour la ville. Son imprimeur
était Alphonse Marteville ; le libraire chargé
de la vente était Blin, place du Palais, il s'
beaux-arts et programme''. J'ai parcouru avec
plaisir<ref> Je n'en ai quelques numéros ; la seule collection
à M. Frédéric Sacher, qui a bien voulu me la communiquer
aimablement.</ref> la collection des deux premières
partie satirique ; beaucoup de vers. La plupart des articles ne sont pas signés ; cepen-
dant, peu à peu les jeunes rédacteurs s'habituent à la publicité et y prennent goût ; ils ti-
rent leurs masques les uns après les autres ;
parmi les poètes, je relève le nom de
une pièce ''Le Poète'', 5 décembre 1837. « Aujourd'hui, disent les ''Étincelles, Le Foyer'' paraît en
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avec des larmes ! Il annonce la mort supposée
du journal ; le 17 décembre, il ressuscite en
rose et une pièce intitulée : ''Passion et
cette mort.
Dans le numéro du 7 janvier, je remarque
une poésie d'H. Lucas, « notre spirituel
La littérature Bretonne est représentée dans
le numéro du 11 janvier par une traduction
du ''Kanomp oll an dero de Brizeux ; le 21
Rose blanche ». Puis ce sont des vers de Keram
brun encore, d'Ernest Turin, d'Émile Langlois,
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spirituel et parfois mordant.
Le numéro du 20 décembre 1838 est
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:Avis important : on s'abonne,
:Sans jamais souffrir de refus
:En payant cinq francs par personne<ref>Le prix avait augmenté et le libraire vendeur était
:Et par la poste un franc de plus.
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:Que Maillet met en ordre et range par étages...
et des promenades. La poésie lyrique est
On annonce, en vers toujours, le bal du
''Cercle musical'', la première soirée du ''Concert
Musard'', la représentation du cirque. Le compte
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:Pour la dernière fois s'imprime. A. Marteville.
Hâtons-nous de dire que ''Le Foyer'' devait
J'en ai des numéros de l'année 1847, qui
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sais, mais sans doute pour des plaisanteries
qu'il ne crut pas devoir signer de son nom et
que pendant longtemps il n'aima pas à
La Faculté multiplia les avertissements au
cours de cette année 1838-1839.
Leconte de Lisle avait pris sa seconde
LECONTE DE LISLE ÉTUDIANT 105
trimestre, les admonestations ne lui
Civil) et Saiget (Droit Romain) constataient de
nombreuses absences et les signalaient sans
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aimable plaisanterie du Doyen ; il ne se rendit
pas à son invitation ; le châtiment ne se fit pas
attendre : le 2 mars, il était averti qu'il
1838 et qu'il était mandé de nouveau pour
« le jeudi 21 mars courant, à midi et demi,
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avisait le Recteur que, par délibération en
date de la veille, Charles Leconte de Lisle avait
perdu une inscription « pour son défaut d'
ses parents. » Le 24 mars, M. Liger, son répondant en recevait la nouvelle.
Leconte de Lisle prit l'inscription d'avril ;
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et Villiers de l'isle Adam s'étaient rendus coupables du même
oubli.</ref>. Le 21 juillet, Leconte de Lisle et ses
camarades délinquants étaient invités à
17 août, notification était faite au Recteur et
aux familles de la radiation sur les registres
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deux inscriptions sur trois qu'il avait prises,
bouda l'étude du Droit jusque vers la fin de
l'année (1839). Dans les premiers jours de
inscription ; i| dut en faire la demande officielle. Son père, informé de tout ce qui s'était
passé pendant l'année scolaire, avait donné
ordre de lui couper les vivres ; Charles s'y
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raison de suivre les recommandations de son
père. Il doit se trouver encore fort heureux
d'avoir une chambre et une pension que
« J'eusse désiré, ajoute-t-il dans cette lettre
à son oncle en date du 10 décembre 1839, que
mes lettres à Bourbon fussent accompagnées
des preuves de ma bonne volonté à
malheureusement. » Il veut dire que l'autorisation ministérielle ou rectorale ne suivrait
pas, aussi vite qu'on l'espérait, le mouvement
de sa bonne volonté.
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Ses protestations, d'ailleurs, n'avaient point
ému le farouche Maire. Il avait eu tort
accordée, notre étudiant avait pris, le 14 janvier 1840, une inscription « pour faire suite à
cette prise en janvier 1839, celles de novembre 1838 et d'avril 1839 » ayant été radiées.
{{Mme}} Liger se faisait, auprès de {{Mme}} Louis Leconte, la messagère de la bonne nouvelle : elle
garantissait les excellentes dispositions de
Charles et implorait un adoucissement aux
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grand besoin, et il serait à craindre que, si on
loi refuse tout, il pourrait se dégoûter de son
droit qu'il suit dans le moment très
Il y avait même, peut-on penser sans trop
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1852 », il deviendrait « ce qu'il voudrait ! » À
lui « d'orienter son budget » comme il pourra ;
la somme de 1,200 francs ne sera pas
et nourriture, deux cents pour vêtement, le
reste pour les cours et livres, etc.. »
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francs par mois, pendant trois mois, au bout
desquels il aura trouvé un moyen de se suffire
à lui-même..... « Soit cœur se serre » en
« cette décision sévère, » et il la doit « même à
son fils, » qu'il soutiendrait « dans son
veut bien « oublier, » mais il ne veut pas
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qu'il nous écrive ; sa pauvre mère souffre
beaucoup de son silence. La honte de nous
avouer sa paresse l'a retenu sans doute ;
conduit bien, que conséquemment, il peut
nous écrire sans nous parler de ses fautes. »
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Lisle ait obéi au désir de son père ; pendant
cette année 1840, il n'écrivit pas à Bourbon.
Les registres de la Faculté de Droit nous
notée comme sa troisième, le 14 avril ; puis
une autre, la quatrième, le 14 juillet<ref>Il avait été mandé encore une fois devant la Faculté, le
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ne figure pas sur la liste des étudiants appelés à nouveau pour
le 12 août. « à l'effet de purger le défaut prononcé contre eux,
le 13 juin. »</ref> la
1840, son premier examen n'avait pas été subi.
Il fut néanmoins autorisé par le Doyen à
prendre sa sixième inscription, le 15 janvier
1841, et invité à se présenter à la session d'
Le 29 janvier 1841, Charles Leconte de Lisle
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Ce n'était pas brillant, mais c'était suffisant ;
Charles Leconte de Lisle était donc « bachelier
en droit ». On dut fêter cet heureux
de l'horloger Alix où se réunissait le Cénacle,
car Leconte de Lisle, moins misanthrope qu'à
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Un album qui m'a été communiqué par
M. Orain et qui lut celui d'Édouard Alix,
Lisle et de ses amis d'alors.
Des dessins de Guiheneuc et de Victor
même Lemonnier, dessinateur et poète ; ''Mes
Vœux'', deux quatrains de Villeblanche ; deux
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temps après son élection à l'Académie, Leconte
de Lisle me pria d'intervenir près d'un éditeur
et d'un écrivain rennais pour leur faire
par eux et qui contenait ses vers de jeunesse.
Leconte de Lisle me reparla quelquefois de
cet incident, mais ses idées sur ce point
même, cet impeccable alla jusqu'à me dire,
comparant ses débuts si lents aux habiletés
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Ils sont un peu moins amoureux et un peu
moins tristes que les autres ''Romances'' des
dont voici quelques extraits :
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D'ailleurs, nous allons trouver d'autres vers
du Maître, et non plus inédits ceux-là, mais
sauvés de l'oubli, juste ou injuste, par l'
année 1840 que Leconte de Lisle fonda à
Rennes la revue littéraire ''La Variété''.
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rencontrer des adeptes et le résultat de ses
travaux des encouragements et des lecteurs.
Jusqu'à ce jour, Rennes, placée dans des
d'incontestables talents, elle a sans cesse semblé les méconnaître et abandonné à d'autres
le soin de les apprécier. D'où vient ce mal ?
D'un individualisme mal entendu, d'une sorte
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« Aussi voyez ce qui advient de cet isolement
funeste ; aussitôt qu'un jeune talent se sent
assez de vigueur pour aspirer à quelques
yeux vers Paris, vite il y transporte son bagage
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littéraire, quelque minime qu'il soit et, après
quelques années écoulées, nous nous
capitale viennent nous apprendre que nous
avons négligé une perle qu'elle a
toute faite une réputation d'artiste ou d'écrivain qui fût morte pour nous sous notre indifférentisme glacial ; après cela plaignez-vous
de la centralisation parisienne, si vous l'osez.
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Le prix de l'abonnement est de 6 francs par an pour Rennes
et 7 fr. 20, franc de port, par la poste, pour les départements.
On s'abonne à Rennes, chez Molliex, libraire, éditeur du ''
« Bon accueil donc à la nouvelle feuille
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L'article était long mais bienveillant pour la
nouvelle Revue, mal écrit mais animé d'un
souffle généreux. Je l'attribuerais volontiers
pour toutes ces raisons, au poète Yves Tennaëc,
vulgò M. Chèvremont, qui collaborait à l'
Le premier numéro de ''La Variété'' parut le
1er avril 1840. Un prolesseur de la Faculté des
Lettres, M. Alexandre Nicolas, accepta d'écrire
l'''Introduction'' et de présenter les jeunes
temps de tracer sa voie, à « cette milice adolescente, à ces enfants de la croisade. »
Cette voie est uniquement celle du
déraison, égoïsme, cruauté, dit M. A. Nicolas.
« Le monde romain fut un peu meilleur, mais
il fut matérialiste comme lui. » Le Christ est
venu délivrer les hommes et rappeler l'
« saluer avec attendrissement et respect cette
loi du progrès que le christianisme a dévoilée
au monde ; » il faut faire de la doctrine
de la législation et des beaux-arts. La nouvelle
Revue doit être un foyer « de toutes les nobles
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a des luttes à soutenir ; des mains coupables
veulent éteindre le feu sacré, les « adorateurs
de la pierre et du bois » relèvent la tête ; le
Paganisme n'est pas mort.
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bien décidés à partir en guerre pour défendre
l'idée chrétienne<ref>Il n'est peut-être pas inutile de noter en outre que, parmi
les vignettes qui ornent ''La Variété'', il en est une qui
une autre encore est une croix entourée des attributs de la
Passion ; une autre enfin est un calice avec la clef et le livre
symboliques.</ref>. Les trois chefs de cette
croisade étaient
Ce ne fut pas en vain, d'ailleurs, qu'ils
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118 BRETONS DE LETTRES
avaient prononcé le grand nom de
leur adressait quelques paroles d'encouragement, un peu désenchantées. Mais la jeunesse
a des chaleurs d'illusion et d'enthousiasme où
se fondent toutes les glaces de l'expérience et
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dans la société. Tous mes vœux seront pour
votre Revue littéraire. Il y a aujourd'hui en
Bretagne trois ou quatre talents dont les
disposés à vous prêter secours dans vos belles
études. »
Je ne sais si cette façon de passer la main
tout en bénissant fut goûtée par nos
était « honorable » pour eux, et, comme ils
avaient la foi, Leconte de Lisle et ses deux
amis redoublèrent de zèle chrétien et d'ardeur
littéraire, en faisant appel « aux talents
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LECONTE DE LISLE ÉTUDIANT 119
fices — ô naïfs ! — de la Revue seraient
« les paroles seront aumônieuses, les pensées
seront la propriété de l'indigent » et tous
collaboreront à l'accomplissement d'une bonne
pensée. Les marches de l'autel, on le voit,
furent ainsi les premiers degrés que franchit
le jeune poète pour arriver au fouriérisme,
au bouddhisme, au panthéisme et au
furent son premier idéal : il a aimé le catholicisme autant qu'il devait le haïr plus tard, et
cela servirait à justifier ses amis et ses exécuteurs testamentaires d'avoir voulu l'ombre de
la croix pour sa tombe et pour son œuvre,
puisqu'ils lui firent des obsèques religieuses
et qu'ils ont publié son poème ''La Passion''. Ne
faut-il pas ajouter aussi que ses haines s'étaient
bien atténuées à la fin et que, dans ses
de foi. » On peut dire sans exagération que
''La Variété'' fut, de toute manière, un véritable
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120 BRETONS DE LETTRES
continuèrent de livraison en livraison. La
Vergos, Édouard Turquety, A. Lefas, Julien Rouffet, P. de
Labastang, P.-E. Duval, Camille Maugé, Charles de l'Hormay,
Pitre Werbel, J.-M. Tiengou, Besnon, etc...</ref>, était de moins
longue haleine, mais ne fut pas moins
littéraires et deux nouvelles.
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études que Leconte de Lisle avait entreprises
sous l'impulsion heureuse de Charles Labitte,
dont les cours à la Faculté des Lettres
''Hoffmann et la a Satire fantastique, Sheridan et l'Art
comique en Angleterre, André Chénier et la Poésie
lyrique à la fin du XVIII{{e}} siècle étaient « l'essai
consciencieux d'une trilogie raisonnée ; » il s'
fondamentale qui se rattache » à ces trois noms
en Allemagne, en Angleterre et en France.
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nous devons les interroger, mais seulement
comme des témoins d'un état d'esprit et d'un
état d'âme que nous aimerions à fixer
les croyances du poète à vingt ans et ses négations d'homme mûr, quelque variation que ses
théories littéraires aient dû subir avec le
temps, on ne doit rien écarter de ce qui peut
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personnelle, sans qu'il soit possible d'en nier
la sincérité. Ce qui frappe dans tous ses poèmes
de cette époque, ce sont ses convictions
alors, le progrès de l'humanité est lié au christianisme ; c'est des yeux de Jésus qu'a jailli
« l'aurore du monde ; » c'est « son sang sacré
qui a fécondé l'avenir ; » c'est lui qui a doté
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Les mots « Dieu, ange, prière, foi, espoir
divin, impiété, soleil de Dieu, espérance, azur
divin, âme immortelle, but sacré, œuvre
Lamennais, il l'appelle « prophète ; » c'est
::... Son geste sauveur qui désigne dans l'ombre
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sont là de simples formules poétiques, de purs
développements lyriques. C'est d'un accent
bien personnel qu'il adjure Lélia de se
d'innocence cherchait Dieu dans le ciel ; » qu'il
lui demande de maudire l'orgueil qui fil d'elle
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pour remonter au ciel. En vain dira-t-on qu'il
ne partageait pas les idées de M. Nicolas dans
l'''Introduction'' de ''La Variété'' ou de ses
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Leconte de Lisle a écrit :
« LAMARTINE : Imagination abondante ;
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de la Grêce païenne, l'ennemi du Christianisme,
n'apparaît pas encore dans l'écrivain de ''La
Variété'', peut-être parviendrons-nous à
de Lisle à cette époque, le germe de l'originalité artistique du chef de l'École Parnassienne.
Dans son étude sur Hoffmann, il s'attache à
prouver que ce « génie bizarre et enthousiaste »
fut cependant « éminemment et
de l'accusation d'avoir « mené une vie errante
et sauvage, » et constate avec empressement
qu'il occupait « une position élevée et
et y exerçait une influence proportionnée à
la profondeur de son talent. ». Ce qui
« de ce créateur d'une nouvelle forme de satire, » il condamne « les fantaisies incroyables et les caprices fous » de ses imitateurs.
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En terminant, il demande à M. Henri Heine de
prendre la direction du mouvement allemand,
« pour ramener l'esprit enthousiaste de
pensé sévère. » Et comme il ajoute que « les
jeunes écrivains font tous leurs efforts
leur est propre et se confient avec plus de foi
à leurs tendances particulières, » on pourrait,
peut-être déjà pressentir sous cette formule,
— si peu nette soit-elle, — la première
rêve d'une réaction contre les devanciers.
Ce mépris pour la bohême de lettres se
marque de nouveau dans les opinions de
pour l'improvisation littéraire s'y affirme. Le
huilant auteur comique aurait pu être un
« réformateur» ; il ne l'a pas voulu, dit-il. » Cet
écrivain indolent prodiguait avec trop de
de sa vie privée rejaillissaient sur ses œuvres ;
il composait par saccades. » L'esprit aussi, qui
« s'allie rarement au génie, » est un obstacle
que Sheridan ne sut pas franchir et qui l'
pas croire cependant que Leçon le de Lisle
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126 BRETONS DE LETTRES
réclamât de l'écrivain une correction
« le premier de nos poètes corrects, si toutefois il n'est pas le seul à l'être, » et qui sembla
avoir encore un double tort aux yeux du jeune
critique, celui d'être spirituel, — on venait de
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demande qui réveillera la littérature anglaise
endormie. Le sommeil lui semble profond,
tandis qu'en France, il salue « le génie
Le nom de Victor Hugo, prononcé avec
les idées de Leconte de Lisle sur la poésie. Il
les a formulées dans son étude sur Chénier.
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LECONTE DE LISLE ÉTUDIANT 127
perçu ou justement méprisé par ceux qui
de la véritable poésie. » Le XVIII{{e}} siècle n'est
intéressant qu'à son agonie et seulement pour
sa double réaction politique et littéraire.
intelligences primitives, spontanées, originales. » Chénier aussi est un fils de Ronsard,
« le seul poète du XVI{{e}} siècle et qui a conquis
la gloire de n'avoir pas été compris par
avait eu le sentiment chrétien, il ne lui eut
rien manqué pour atteindre la perfection du
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n'a-t-il pu faire revivre que « la forme éteinte,
l'expression oubliée... La facture de son vers,
la coupe de sa phrase, pittoresque et
velle et savante, d'une mélodie entièrement
ignorée, d'un éclat inattendu...» Lebrun-
tel et Dorai avaient « jeté la honte et la médiocrité sur l'inspiration lyrique; ces incapables et ces insensés » avaient profané la poésie.
Chénier parut ! Le présent fut relié au passé
et se nouait à l'avenir. De son amour, de son
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Iambes, mais tombée en de telles loques dans ses dernières
poésies qu'il était désormais impossible de se méprendre sur la
nature de l'animal. »</ref>, le
l'iambe... Notre littérature actuelle n'a d'autre
sève primitive que lui ; sans lui nous ne
du monde contemporain. »
J'ai tenu à conserver à ces opinions de la
vingtième année leur expression même, si
bouillonnements, ce sont des germes qui fermentent. Leconte de Liste, dès cette époque,
était ''plein d'idées'', selon le mot de Beaumarchais. À vrai dire, il n'avait pas encore choisi
parmi elles ni fait la part de ce qu'il en devait
conserver, mais, à vingt ans, ce qui importe
c'est d'amasser un nombreux bagage, ne fut-ce que pour suffire à tout ce qu'il faut en jeter par dessus bord, pendant la traversée.
À la fin de son article sur André Chénier,
Leconte de Lisle écrivait ceci :
« Nous entreprendrons maintenant d'
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et le Théâtre italien, depuis le XVI{{e}} siècle...
Délicatesse, finesse et souvent excès d'une
plus de propension à prendre en traits saillants le bizarre et le ridicule, que de mûres
réflexions, que de caractères fortement dessinés, quede graves tableaux de mœurs ; telles
seront les principales manières de voir qui
donneront lieu à une nouvelle série d'esquisses
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de Tigre'', épisodes de sa vie à Bourbon et de son
passage au Cap, qui témoignent, la première,
d'une sensibilité très vive, l'autre, d'une
manière humouristique et cavalière de certains conteurs à la mode d'alors. Elles sont
sans intérêt au point de vue du séjour de Leconte de Lisle à Rennes.
Le 11 mars 1841, en ce mois qui vit mourir
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130 BRETONS DE LETTRES
contre lui la perte conditionnelle d'une
à leur examen. » Le 22 juillet, il était encore
appelé devant les professeurs et ne
prononcée et devenait définitive, le délinquant
ayant négligé de se pourvoir. Je note encore
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nouveau, » le 23 juillet 1812, frappé de « perte
conditionnelle » et inscrit « sur la liste de
sévérité. » Dans l'intervalle, il avait pris
la dernière et la Faculté comprit qu'elle n'avait
plus à mander devant elle celui qui n'y
de prendre celle de janvier.
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plus affranchie des obligations imposées par
son père. Néanmoins, il ne rompt pas avec sa
famille ; il semble, au contraire, très
de travail et la parfaite correction de sa conduite. Le 7 fevrier 1841, il écrit à M. Louis
Leconte :
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LECONTE DE LISLE ÉTUDIANT 131
« Votre lettre, mon cher oncle, m'a fait beau
tante de ne plus me défaire de mes vêtements
n'a pas été oubliée. Si vous avez été informé
que je persistais à vendre mes habits<ref>Avaient-ils ''l'élégance de ceux que décrit le chroniqueur
(Ses Modes, à l'''Auxiliaire Breton'' ? (
« Pour la toilette du matin, on porte l'habit en velours
plates sur la hanche et poches de dessous, sans renoncer à
l'habit français.
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jambes et formant aussi la guêtre. »</ref>, on
vous a tait un infâme mensonge. Quant à mes
mauvaises connaissances, mon cher oncle, l'
réduit a me faire rester dans ma chambre
toute la journée, si ce n'est pour aller aux
Ligne 4 220 ⟶ 4 072 :
Mais M. Louis Leconte ne se fiait pas aux
promesses que les lettres de la Faculté ne
L'lsle annonçait bien un envoi d'argent à son
fils, mais de Dinan pas de nouvelles. Charles
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jours même silence. Au mois de septembre,
c'est une lettre désespérée. Il « manque
se procurer un peu de sirop, » attendu qu'il
avait la fièvre et que la soif le dévorait. » On
devrait bien comprendre pourtant la situation
d'un jeune homme qui, depuis longtemps, n'
Il sait bien que ce sont là des « demandes
quelque peu honteuses, » mais la nécessité l'y
contraint. Son oncle venait de passer à
requête de vive voix.
Les parents de Bourbon, cependant, avaient
repris un peu d'espérance. On croit au
déjà on prie M. Louis Leconte de mettre en
avant ses amis pour obtenir une place de
à Bourbon. Si Charles pouvait être nommé au
tribunal de Saint-Denis, ce serait le rêve
dans sa famille ; « malgré ses forfaits, sa pauvre mère n'a pas d'autre pensée ; ainsi est
fait le cœur des parents. » Pour arriver à ses
fins, M. Leconte de L'Isle écrit à un ancien
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« Simple élève de son père, écrit M. Leconte
de l'Iisle, il a dépassé son professeur ; il s'est
adonné à l'élude et est regardé comme
retour sur lui-même : « Adieu, mon ami ; plus
heureux que moi, tu ne vis jamais l'étranger
Ligne 4 292 ⟶ 4 133 :
::Et dulces semper reminiscitur Argos ! »
Puis sachant que les éloges paternels
grand chose, il donne pour caution du jeune
étudiant la bonne opinion qu'en a M. Louis
Leconte, près de qui Gesbert peut se
le prier d'oublier les torts de Charles. « La jeunesse a besoin d'indulgence, et, à notre âge, il
sera probablement plus raisonnable ! » dit-il.
Hélas ! la raison ne venait pas, du moins
celle qu'espéraient les parents de Charles. Un
moment, pour expliquer l'abandon de ses
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inscrire étudiant en médecine. Cette fantaisie
dura peu : en réalité, il avait renoncé à la
homme de lettres et rien que cela.
Pendant toute l'année 1842, Leconte de Lisle
vécut sans relations presque avec sa famille,
ne recevant plus d'elle que des subsides
pelaient en vain près d'eux ; il faisait la sourde
oreille. De cette année datent ses premières
révoltes ouvertes contre la « société, » qu'
les duretés de son oncle, et l'imbécillité de
quelques « bourgeois » de Rennes.
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Il projeta de dire à tous ces braves gens
ennuyeux, — magistrats et professeurs, — ce
qu'il pensait de leurs ridicules ; un «le ses
pourtant, s'associa à lui pour fonder un journal satirique, ''Le Scorpion''. Le titre était menaçant et le premier numéro justifiait le titre,
paraît-il. Ce fut du moins l'opinion des imprimeurs de la ville, à qui les deux fondateurs,
Paul Duclos et Charles Leconte de Lisle, s'adressèrent, mais vainement à tour de rôle. L'un
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136 BRETONS DE LETTRES
d'eux, Ambroise Jausions, avec lequel des
les autres ; dès qu'il eut pris connaissance des
premiers manuscrits. Les deux journalistes
ne se tinrent pas pour battus ; ils firent
offrant de satisfaire, — Duclos le pouvait sans
peine, — à toutes les exigences et garanties
pécuniaires. L'imprimeur, ayant persisté dans
son refus, fut cité à comparaître devant le
pour être condamné à imprimer ''Le. Scorpion'',
« à payer 1500 francs à titre de dommages-intérêts aux demandeurs, plus 20 francs par
jour de retard. »
Me Provins, l'avocat des deux «
1830, qui accordait aux Français « le droit de
publier et faire tmpriiner leurs opinions. » Or,
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La cause fut renvoyée au lundi suivant pour
l'audition de Me Caron, avocat de M. Jausions.
Le dit Me Caron fut sévère : « L'esprit du
bien ; c'est ce qui explique et justifie le refus
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LECONTE DE LISLE ÉTUDIANT 137
de tous les imprimeurs de fournir leur
imprimé et les articles proposés à l'impression
ne laissent aucun doute sur le caractère du
''Scorpion'', ou les personnages les plus
œuvres, les imprimeurs seraient complices et
bientôt le ministère public serait obligé de les
poursuivre... Le Tribunal ne peut les
Tel fut aussi l'avis du procureur du Roi, M.
Malherbe et ses conclusions turent celles de
Me Caron. Le 9 janvier 1843, le Tribunal donna
gain de cause à l'imprimeur récalcitrant et
Ce fut la dernière manifestation littéraire
de Leconte de Lisle à Rennes. À bout de
l'ennui d'une ville de province qui devenait
hostile peu à peu, il finit par céder au désir
de ses parents et s'embarqua pour retourner
à Bourbon, après un séjour de près de six
Il était de retour dans sa famille à la fin du
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Sans doute, quand le bateau quitta le port
de Nantes, Leconte de Liste eut un regard en
arrière, non pas pour dire adieu à cette
« À contempler sa large tête hâlée, ses traits hardis et
lèvres assez fortes, dessinées d'une ligne extraordinairement
nette et pure, tout cet ensemble athlétique que confirmait un
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Tout de même, Leconte de Lisle avait peu le type Breton
et Verlaine se faisait une singulière idée des caractères
P.-S. — Décidément, tout examiné, je ne puis admettre que
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Je viens de relire l'histoire de ce Collège publiée par M.
Bellier-Dumaine dans les ''Annales de Bretagne'', et j'y trouve
mon meilleur argument contre l'affirmation de l'historien lui-même. J'ai prouvé que Leconte de Lisle n'avait pu entrer à ce
Collège « avant le mois de février 1838 et y séjourner après
la fin de l'année scolaire, en tout six mois environ. » J'étais
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mois, et encore je demande une preuve de ce séjour.
J'ai suivi le Maître pendant ses études à Rennes, je l'ai
ne se bornent pas à des témoignages vagues ; qu'ils retrouvent
son nom sur le palmarès de 1833, ou dans les papiers du
Rien n'était plus facile à M. Beilier-Dumaine, qui a eu en
mains la « liasse de 1838, Arch. du Collège. » Faute de l'avoir
fait, il ne peut maintenir que Leconte de Liste ait suivi les
cours ni « pendant plusieurs années, » ce qui est
que je puisse faire aux affirmations qu'il à données.
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archives de Ploërmel, qui venge M. de Lamennais des attaques
injustifiées de Mgr La Romagère.</ref> pourtant
et ou la formation de son esprit venait de s'
France, où il rêvait de revenir pour ne plus
la quitter et qu'il devait remplir à jamais de
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M. Benjamn Guinaudeau vient de publier
un recueil de Premières poésies et de Lettres
intimes de Leconte de Lisle. (Fasquelle
La première de ces lettres est datée : Rennes,
janvier 1838 et la dernière : Rennes, octobre
1840. Ayant, le premier, raconté la vie d'
inconnus ou dénaturés jusque-là, j'ai parcouru
ces pages avec le plus vif intérêt. Je les lisais
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correspondance de famille, les archives uni-
versitaires, les journaux de l'époque. On
ces papiers ; dans le livre de M. Guinaudeau,
c'est Leconte de Lisle qui parle « en personne. »
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J'ai la grande joie de dire qu'il ne m'a pas
contredit. Toute cette correspondance du
étude, et c'est seulement d'une lumière plus
intense qu'elle éclaire la vie d'étudiant que
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Ainsi, après plus de quarante ans, c'était
« le jeune homme étranger qui demeure
trace dans le souvenir du Maître N. {{Mlle}},
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142 BRETONS DE LETTRES
l'auteur des ''Mémoires d'une Puce de Qualité''.
l'amitié lui était aussi chère que les vers lui
étaient harmonieux.
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comprenaient, « l'homme de son choix ! » le
cœur qu'il met « en dehors de bien d'autres ; »
celui que, dans un bel élan de lyrisme
le plus cher, son poète le plus admiré ! Il ne
se le rappelait plus ! L'amitié a de ces
le long de la vie ! Comme il est bizarre pourtant que ce soit justement par ce paquet de
lettres adressées à cet oublié que l'oublieux
ami soit réveillé de nouveau. ''Scripta manent''.
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1839. Et voilà qui fixe définitivement, comme
je l'avais pressenti, le séjour de Leconte de
Lisle à Dinan, « de février 1838 à la fin de l'
septième lettre est datée de Rennes, octobre
1838. Le candidat au baccalauréat a-t-il suivi
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mestre ? J'ai dit que c'était une tradition que
rien ne confirmait, et dans les lettres de
un mot, ne peut taire supposer qu'il fut même
externe à ce collège,
Nous voyons bien qu'il « mange avec la
idée avancée ; » c'est un état de contrainte
pour lui de vivre « parmi des êtres non
est probable que ces « notabilités non intelligentes » étaient les amis de son oncle, chez
lequel il ne dut demeurer que peu de jours.
Il écrit en effet, dans sa seconde lettre, encore
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rencontra « la femme la plus gracieuse, la
plus noble », telle enfin qu'un sonnet seul
peut en dire les charmes, sonnet tout
impassible qui écrit : « L'amour et moi, voyez-vous, c'est de l'eau sur une pierre : elle peut
la mouiller mais ne la pénètre jamais. »
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Nous voyons encore qu'il fait des vers, qu'il
en reçoit, qu'il s'intéresse à l'''Annuaire
qu'il se laisse distraire par « une partie de
masques et quelques bals » encore ; que l'image
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retour à Rennes ; le souvenir de {{Mlle}} C. et
M. B*** le poursuit et c'est en vers qu'il chante
son amour pour l'une d'elles, qui semble
« plus doux, plus frais, l'amour mystique,
l'amour de l'âme. »
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compagnons trois « peintres paysagistes de
Paris ; ils visitèrent « Kemperlé, l'Isole et l'Ellé,
que Brizeux a chantés, Scaër, le Faouet et
Pont-Scorff, qui étaient dans leurs désirs,
mais... le manque d'argent, je l'ai dit, les força
d'abréger leur voyage.
Son baccalauréat le préoccupe en ce
dit comment. Le bachelier trouve que « MM.
les examinateurs se sont montrés
donc son droit à Rennes.
Ce qui l'absorbe désormais, c'est la
qu'il veut faire de moitié avec Roufiet. Ce serait « l'ensemble raisonné et vraiment grand,
utile et beau, de toutes les niaises et insignifiantes publications du jour. » La partie du
cœur reviendrait de droit à Rouffet ; celle de
l'âme, il s'en chargerait. » Et il ajoute avec le
bel enthousiasme des vingt ans : « Ce serait
une œuvre immortelle dans son genre ! »
Rouffet accepte ; on échange les divers
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146 BRETONS DE LETTRES
De la poésie à l'amour, il n'y a qu'un pas ;
il ne faut donc pas s'étonner que Leconte de
Lisle en philosophe encore ; il s'élève de plus
en plus dans le bleu. « Jamais, écrit-il, je n'
Non pas qu'il soit insensible, certes ; il se
sent « capable d'éprouver en un mois tout
l'amour, toute la haine et toutes les
entière. » Et « avec tout cela » il est « excessivement malheureux. » Il y a de quoi !
Le Droit est pour quelque chose aussi dans
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les réprimandes incessantes de son « honoré
tonton, » qui ne lui verse pas l'argent « à
pleines mains. » Il y a des créanciers, en
En juillet 1839, il déclare qu'il abandonne
le Droit : j'ai noté toutes les menaces de la
Faculté ; elles eurent leur effet, comme les
prit une nouvelle inscription en janvier 1840.
En attendant, la préoccupation du volume de
vers absorbait nos deux correspondants.
cela « formera, avec les vers de Rouffet. « un
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''in octavo'' dans le genre de ceux de Turquety. »
Vendra-t-on la propriété littéraire ou cédera-t-on seulement la moitié des exemplaires au
libraire éditeur ?
Tous ces projets vont si bien que déjà il est
question d'un second livre : ''Les Trois
Lamartine et Hugo, Dante et Byron, en feront
le sujet ; il y aura exactement « quatre cent
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génie !
Mais la question matérielle ? Plusieurs
Leconte de Lisle penche pour la vente totale
au libraire, sous réserve d'une dizaine d'
si on s'adressera aux libraires de Lorient ou
de Rennes. Quant à Dinan, le poète n'y
en admettant qu'on fût capable de le faire, » et
quant à se voir éditer par souscription, il est
trop fier ; il aimerait mieux ne pas « faire
du Vulgaire. » Mieux vaut rester ignoré. Hélas !
il est probable que le volume ne verra jamais
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Leconte de Lisle écrit à Charles Gosselin, qui
répond « très poliment » qu'il est trop occupé
en ce moment pour rien entreprendre de
circulaire à quatre ou cinq libraires de Paris. »
Aussi faut-il se hâter à rassembler les pièces
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Comment s'appellera-t-il : ''Effusions poétiques.
Les Rossignols et le Bengali, Cœur et Âme, Deux
Voix du Cœur, Sourire et Tristesse'' ? Enfin le
il faut arriver à deux mille vers. Encore quatre pièces à faire !
Sur les entrefaites, depuis janvier 1840,
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davantage !
J'ai eu occasion de parler des théories
de Lisle étudiant ; ses ''Esquisses Littéraires'' dans
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''La Variété'' nous ont révélé sa pensée d'alors.
Les lettres publiées par M. Guinaudeau l'
de connaître l'opinion du jeune homme sur
Dumas, sur Lamartine, sur Hugo.
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enthousiasme par Leconte rie Lisle. Il défend
la pièce contre les critiques de Jules Sandeau ;
quant à lui, il l'admire au point de vue
ne pouvait être mieux tracé ; les vers sur le
christianisme sont admirables; les scènes de
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qu'il en parle. Il s'est « enfin décidé à le lire ;
ce n'a pas été sans peine. » Il y trouve du
vague prétentieux à côté de « morceaux
bien des longueurs qui affadissent « cet incorrect ouvrage. »
Deux hommes, croit-il, eussent lait de ''
chantre de Marie, » et son ami Julien Rouffet !
Oui, Julien Rouffet, à côté de qui Leconte de
Lisle « tremble de marcher, » lui, si pauvre de
tout ce que possède ce poète « et dont le
« à rire de sa folie. »
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citer textuellement :
« À part la mise en scène, qui déplaît
peu digne de l'auteur des ''Feuilles d'Automne'',
il y a dans cette pièce de magnifiques
peu ou point de règles. »
Mes conclusions sur l'état d'âme de l'
par ses lettres. Il est spiritualiste et chrétien.
C'est à ce titre qu'il fait quelques objections
à un poème de son ami. « Disciple du Christ,
avez-vous raison ?... Le désir de la mort, l'
de la vie, n'est-ce pas un suicide moral ? » La
mort d'un jeune ami lui arrache cet aveu ;
« La foi d'un autre monde est d'un bien
ne l'a pas. » Il rêvait même de faire profession de ses croyances, car il annonce dans ces
termes le second livre qu'il rêve :
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même conviction qu'il se confesse à cet égard ;
il se borne à dire, une seule fois et avec assez
d'irrévérence : « Comme je ne suis pas
vers aux Cendres de Napoléon ; les vers ne sont
pas bons et lui-même les traite de « fadaise. »
Ligne 4 909 ⟶ 4 647 :
« Imaginez-vous un front large et passionné ;
deux yeux noirs qui expriment ce qu'ils
une voix cadencée, grave et austère, harmonieuse et douce, un geste ardent, majestueux
et sévère, un jeu plein d'expansion, de force,
de naturel, de charme et d'intensité... ou
cœur en lace de {{Mme}} Dorval. Il faut la voir et
l'entendre. »
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dit rien de Frédérik Lemaître. Et pourtant la
troupe locale même l'intéresse. « C'est un coup
du sort que nous possédions semblable
nullement déplacés à Paris. Nous avons surtout Mercier, notre premier comique, qui est
à cent pieds au-dessus de Valmont... Je suis
toujours aussi fou du théâtre ; cela ne va qu'en
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J'ai raconté la naissance de ''La Variété''. Il ne
semble pas que Leconte rie Lisle ait été parmi
les premiers directeurs ; il s'y intéresse
dès le second numéro, il est de la maison :
« Depuis trois jours, je fais partie du comité
de rédaction. » Aussi cela marchera mieux
désormais. La première livraison a été «
l'exception de l'introduction par M. Nicolas,
qui est un fort beau morceau de style, et d'une
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petite pièce d'Alix, qui est aussi tort bien. »
Mais déjà la discorde sans doute avait
Lisle, qui y insérèrent chacun deux morceaux,
Celui-ci même se glisse, une troisième fois, à
l'abri d'un pseudonyme : ''Léonce''. Ce sont des
conseils à George Sand, à l'occasion de ''Cosima''.
La ''Revue Mensuelle'', dans les cinquième et
D'ailleurs, les abonnements né marchent
pas et l'impression coûte cinquante francs par
mois. On se décide à demander le patronage
de Nodier, qui ne vint pas ; en revanche,
vers. Leconte de Liste bat la caisse, on peut
le dire. Il faut que Rouffet s'abonne. « Sept
francs, ce n'est pas le diable. »
Pour comprendre ce zèle de ''Léonce''<ref>« Ajoutez un t et vous aurez Leconte, en faisant l'
qu'on venait de le nommer Président du Comité
de rédaction. Il en est tout glorieux. « C'est
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Enfin Bénézit se marie (octobre 1840) et
Leconte de Lisle devient directeur de ''La
J'avais noté la collaboration probable de
Leconte de Lisle au ''Foyer'' ; pourtant en
« aussi stupide qu'autrefois, » je n'y avais pas
trouvé la signature de Leconte de Liste. Une
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pour compléter sa nullité. »
J'ai trouvé aussi çà et là et avec grand
Leconte de Lisle. II demande à Rouffet, pour
''l'Annuaire Dinannais'', de lui adresser un poème
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voulu se faire « marchand de soupe. » Lui qui
avait tant de peine à décrocher les peaux d'âne,
il aspire à cette fonction de préparer la
La chose devait avoir lieu à Quintin ; c'eut
été « un pensionnat qui pût faire toutes les
classes et dirigé suivant la méthode d'
va être reçu licencié ès lettres ; il faut 9,000 fr. ;
on commencerait l'année prochaine, en 1840,
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papier rose, doré sur tranche. Hein ! » Sans
doute, il ne manqua que les 9,000 francs !...
Déjà l'argent manquait pour affranchir les
ni sur papier rose !
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il écrit à R*** qu'il emportera le royaume
des cieux sur la foi de ceci : ''Beati pauperes
spiritu'', et il ajoute : « J'attends qu'il me
À propos d'une passion que G*** a pu faire
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« J. G***, le pauvre d'esprit, qui après être
resté onze années dans l'étable universitaire,
mangeant des pensums en guise de foin,
membre de la Légion d'honneur, homme considéré, payant 200 francs de contributions !.....
Gloire aux Utiles !... Honte à vous, honte à
moi ! »
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LECONTE DE LISLE ÉTUDIANT 157
volume : je reste fidèle à mes intentions
En 1902, l'éditeur Fasquelle réunit en un
En se disculpant de les avoir publiés, en se
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Une promenade dite ''Les Murs'' et un fossé d'ancienne fortifi-
cation bornaient la rue des Carmes au sud. Non loin de là s'
le solennel ''Pont aux Lions''. Tel se présentait alors, avec le
voisinage du Lycée, de Kergus et de Toussaints, le quartier
Ligne 5 147 ⟶ 4 859 :
Leconte de Lisle étudiant ..........................3
Villiers de l'isle Adam
Hippolyte Lucas au Temple du Cerisier.. 199
Brizeux à Scaer ......................................241
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