« Bretons de Lettres » : différence entre les versions
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Charles Leconte de Liste quitta l'île
droit en France. Il laissait ses parents désolés de son départ. « J'ai beau chercher à me
faire une raison de son absence, écrivait son
père, quand son souvenir me revient, et il me
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ami, n'être jamais obligé de te séparer de tes
enfants à d'aussi immenses distances ; cela
nuit au bonheur de la vie. » Avant de s'
Faculté de droit, Charles devait passer quelque temps chez son oncle, M. Louis Leconte,
avoué à Dinan. C'était le plus proche parent
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fils pendant le temps de ses études, en lui
donnant tout pouvoir pour l'administration du
budget et la direction de la vie du jeune
La correspondance échangée entre les
les notes que j'ai prises dans les archives de
l'Université et dans les journaux et revues de
Rennes, — notes et correspondance éclairées
ou complétées par quelques lettres de Charles
Leconte de Lisle et par des souvenirs de
pendant près de six années, les traces du
mauvais étudiant qui devait être un grand
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première rectification s'impose.
« Trois ans, il demeura à Rennes, sous
<center>
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« Paris, novembre 1807,
« Monsieur, vous venez de publier un
vous me faites l'honneur de citer mon témoignage et que vous croyez pouvoir relever
dans mes souvenirs quelques légères inexactitudes, je crois vous être agréable en mettant
sous vos yeux le document dont je me suis
servi. Je le tire des notes autographes que
Leconte de Lisle avait bien voulu écrire pour
me renseigner: « Mon père d'origine
et cadette. Le nom est ainsi orthographié
dans les anciens papiers de famille : Le
Conte de Lisle, branche aînée ; Le Conte
de Préval, cadette. Les Préval n'ont gardé
que le nom patronymique, J'ai réuni, le
titre.....
Venu en France à 3 ans, retourné à
<center>
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près de trois années dans la vie du Maître.
Tout d'abord, quelques mots sur les
ne seront pas inutiles, pour rectifier tant
d'erreurs accumulées sur ces deux points.
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son petit-fils Thomas, son arrière petit-fils
Charles. Un des fils de celui-ci fut Thomas,
« aïeul paternel de Leconte de Lisle au
Le fils de Thomas fut Jean, qui vivait dans
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se conserver longtemps dans la famille, » et
que pourtant M. Louis Leconte, le maire de
Dinan, ne parvint pas à se faire concéder
Ce Michel Leconte de Préval, qui était
frontières de la Bretagne. Parmi d'autres enfants, il eut un fils Jacques Leconte, sieur
de Préval, qui fut l'arrière grand-père de
Leconte de Lisle. Il fit ses études de médecine
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:Va loin de cet autel porter tes faux serments.
Le patriote poète n'en fut pas moins
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ce fut en vers encore qu'il manifesta sa joie.
Les ''Souvenirs'' de M. Néel de Lavigne
de leur auteur.
Son fils fut Charles-Guillaume Jacques, né
en 1787. Il n'avait pas terminé ses études de
médecine quand, en 1813, il fut nommé
chute de l'Empire, il quitta son poste, et, en
1816, il se décida à partir pour lîle Bourbon.
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des XVII{{e}} et XVIII{{e}} siècles, pour se distinguer
entre frères et cousins et n'impliquaient pas
même une prétention à la noblesse ; ils
d'une terre,
La terre de l'isle est située sur les anciennes
paroisses de Saint Samson de l'Isle et de
roisse de Pleine-Fougères, au diocèse de Rennes. Elle relevait autrefois de l'évêché de Dol
et des moines de Marmoutiers. Une vieille
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Couësnon, de vastes marais couverts d'eau
pendant l'hiver, la cathédrale de Dol d'un
côté, le mont Saint-Michel de l'autre, les
la mer et Saint-Malo, voilà les horizons à vol
d'oiseau de cette région où est enclose la
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à Dinan, Bretons tout à fait.
C'est par un mariage avec la fille de Fran-
çois Estienne, acquéreur de cette terre et qui
en prit le nom, que Michel Leconte de Préval
devint propriétaire de la petite terre de l'Isle.
Le premier qui en porta le nom fut son petit-fils Charles-Marie, grand-père de notre poète.
Bien que ''légalement'' ce nom ne lui appartint
pas, il le porta si constamment que son fils,
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</center>
''dit'' de Lisle. Aussi quand le chirurgien
son nom presque ''légitimement'' constitué et désormais en fit-il sa signature incontestée,
avec la seule variante de l'apostrophe mise
ou omise à ''Lisle''.
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pour y exercer la médecine et y faire de la
culture. Il s'y était marié avec Mlle Elisée de
Riscourt de Lanux ; en 1818, Charles-Marie-René, qui fut le poète était né.
Quand il fut question d'envoyer Charles en
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</center>
connaître, je te prie, l'intérieur de ton
leur nom ? Que nous nous connaissions avant
de nous voir. »
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d'une nature tin peu sèche, d'une correction
bourgeoise un peu étroite, de principes un
peu durs. Il était peu fait, lui, l'homme d'
pour comprendre et pour diriger un jeune
homme librement élevé à Bourbon et déjà
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exquise faiblesse pour l'enfant exilé.
Elle marque, dès le début, les
minutieuses. Les moindres détails de la vie
de l'étudiant seront l'objet de soucis constants
et de recommandations pressantes. Si les
dire d'un biographe qui reçut les confidences
du Maître, ils l'ont, du moins, profondément
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l'Isle, est qu'il habite le quartier le plus aéré
et conséquemment le plus sain. Je suis loin
de vouloir et de pouvoir lui fournir un
encore que je ne veuille pas faire une dépense
folle, suis-je désireux que sa chambre soit
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nécessaires et commodes — on se plaît mieux
chez soi, quand on est bien logé — et bien
située pour l'air et la vue — c'est l'
« Il est peu difficile en nourriture. Quant
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chargée de son linge (celle chez qui il logerait,
par exemple), cela serait fort utile pour lui,
car nul, que je sache, ne porfa plus loin l'
L'excellent père lient à ce que son fils
« soigne son costume : il se respectera
« Je n'ai pas le désir, écrit-il, qu'il soit un
fashionable, mais cependant je serais
mon ami, y de nner la main, sans permettre
l'excès contraire, qui jusqu'ici n'a jamais été
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</center>
dans ses goûts, mais que je désapprouve au-
tant que la négligence. Qu'il soit de nc
mis se respecte toujours plus que celui qui
en raison de son mauvais maintien ne craint
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d'être bien mis à Rennes, à cette époque, voici
ce qu'en écrivait, à la date du 12 février 1838,
le chroniqueur des Modes du Journal. ''L'
peloté. La jupe ne dépasse pas le dessous des
genoux, elle n'est pas fendue et l'ampleur par
derrière est formée par deux gros plis grevés.
La taille est très longue et d'une largeur
garnis de velours... Le paletot est très bien
porté ; les habits à la française sont une
botte passent de mode ; on revient aux pantalons droits ; en négligé, on porte encore
quelques pantalons à plis. Les chapeaux n'ont
pas varié : fond ballonné avec rebords plus
larges devant et derrière que sur les côtés. »
On n'en demandait pas tant au jeune
telles fantaisies. Son père semble pourtant
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qui le force à sortir des habitudes de trop
de laisser aller qui lui sont naturelles. Si je
me sers du mot ''rang'', je veux dire tout
qu'il était ici de voir le monde. Nous craignons qu'il vive trop retiré, ce qui est toujours peu avantageux pour un jeune homme,
lorsqu'il est destiné, si rien ne s'y oppose, à
entrer dans la magistrature. »
Mais ce n'était pas tout d'habiter un
fréquenter la bonne société, et d'avoir la tenue d'un homme du monde, Charles Leconte
de Lisle devait encore, au gré de ses parents,
se teinter d'art, non pas sans
en lui-même, mais pour ce qu'il peut ajouter
d'agrément au bonheur d'une vie bourgeoise.
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Dinan est prié par lettre d'y tenir la main.
« Malheureusement, Charles n'est pas encore musicien; fais en sorte qu'il le devienne ;
tu en conçois tout l'agrément, toi qui as le
bonheur de l'être. Indique-lui un bon maître,
car presque toujours, en ces sortes de
Le chapitre des plaisirs était prévu dans ce
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pluies », et l'hiver le préoccupe.
Charles ne
de bois de plus ou de moins. » Non pas qu'on
le croie « une demoiselle, mais on travaille
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« J'aime encore mieux, écrit M, Leconte de
l'Isle, sa santé que sa science. Nous
essentiellement besoin qu'il se porte bien pour
être heureux. »
Et comme s'il se rendait compte que ce sont
beaucoup et de bien minutieuses
rées, le bon père s'en excuse de ucement auprès de son cousin :
« Tu songeras que c'est un père qui envoie
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Hélas ! que ne pouvait-il déléguer, avec
son autorité, un peu de sa tendresse : mais
Charles Leconte de Lisle ne devait pas
de ses parents, et la vie à Rennes allait être
pour lui bien différente de celle de Bourbon.
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la vérité sur son fils. Si elle est pénible, il
tâchera d'y remédier. Qui n'a pas commis des
fautes dans la vie ? Encore vaut-il mieux
dans la bonne voie, quand il est égaré. »
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plaisirs et de ses leçons particulières, non
qu'il soit aucunement capable d'en mésuser,
mais il est si étourdi qu'il laisserait son
affaires, il est digne de toute confiance ; lui
aussi sera un honnête homme. »
Ligne 534 ⟶ 474 :
</center>
En même temps qu'ils prouvent la
Leconte de l'Isle, ces extraits de sa correspondance, ainsi que ceux qui suivront, ont un
autre intérêt et plus grand pour nous, c'est
de nous permettre de connaître le caractère
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Charles Leconte de Lisle avait écrit à ses
parents, du cap de Bonne-Espérance, une
du mois de juillet 1837. Ils n'avaient pas reçu
d'autres nouvelles de lui : peut-être, le bateau
n'avait-il pas fait escale à Sainte-Hélène,
les navires anglais qui avaient touché à l'Île
de France n'avaient rien apporté et personne
n'avait entendu parler du voyageur.
M. Leconte de l'Isle écrivit alors à son
<center>
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mais il prenait prétexte de son inquiétude
pour prier l'oncle de Charles de bien lui
nouvelles. « Une négligence de sa part à nous
écrire ferait bien souffrir sa pauvre mère et
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Cette lettre, datée du 3 juillet 1837, est
pleine d'émotion. La mort de deux
huit mois de distance, l'arrivée à Bourbon
d'un Malouin, le capitaine Moucet,
joints au départ de son fils et au manque de
nouvelles, ont remué au cœur de l'exilé les
vieux souvenirs du pays natal.
C'est que M. Leconte de lisle ne se
Bourbon. Il avait placé, de manière à l'avoir
toujours sous les yeux, une ''Vue de Dinan'' que
lui avait envoyée Louis Leconte. « Je suis fort
aise, lui écrivait-il, de la revoir tous les jours,
encore qu'elle soit bien gravée dans mon
du même auteur. « Les 4.000 lieues qui nous
séparent ne m'enlèveront jamais mon
Son projet bien arrêté était de rentrer au
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</center>
pays. C'est avec le capitaine Moucet qu'il
mort de Mlle Robinot, de Dinan, il s'en désole ;
il se faisait « un plaisir de la compter au
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Moucet qui regagnait Saint-Malo, M. Leconte
de l'Isle disait toute son impatience d'avoir
des nouvelles. Cette lettre, datée du 12
Gardien''. Avec quelle joie les parents de
Bourbon connurent l'arrivée de leur fils dans
la famille de son oncle et le bon accueil qui
lui avait été fait. L'avoué de Dinan
nommé maire. Le reste de la lettre était moins
agréable à lire et quelques points noirs étaient
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</center>
à la « coquetterie, un peu de vanité et d'
Dès le 27 novembre, M. Leconte de l'Isle
pas seulement pour la cordialité de leur accueil, c'était même, c'était surtout pour la
tutelle morale qui s'exerçait déjà par des
observations, quoique peut-être prématurées,
sur le caractère de Charles. Il a besoin
cet amour-propre qu'on lui signale. « Soit
faiblesse de père, soit changement chez Charles,
je ne m'en étais pas aperçu. Il aime la
tant ce triste pays où je suis exilé avait jeté
d'abandon dans son âme, dans sa tenue. Les
excès ne valent rien ; je serais aussi peiné
qu'il s'occupât trop de sa mise que je serais
contrarié qu'il se négligeât. » On devine
excès, l'excellent homme pencherait plutôt
pour un peu de coquetterie. « Un costume
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ferme en quelque sorte, à mon avis, l'entrée
des réunions trop faciles où l'on contracte
de mauvaises habitudes, » Un point sur
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</center>
nécessité de mettre de l'ordre dans les
lui d'en fournir le compte à son tuteur. Sans
doute, il arrivera souvent à Charles de faire
infraction à cet article de son règlement de
vie : le désordre, l'insouciance du lendemain,
l'absence des idées d'économie « sont si
où, même pour un homme d'ordre, le mal
est contagieux. Ce sera à son oncle « qui a si
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haute situation » à laquelle il va être appelé !
Soit par suite des préoccupations de sa
ne sais ; toujours est-il que M. Louis Leconte,
après cette lettre, ne de nna plus de ses
La famille de Bourbon patienta jusqu'au
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Qu'est-il de nc arrivé? L'étudiant aurait-il
commis quelque faute ? Mais, outre que Char-
<center>
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te peser trop, conclut-il. Je conçois combien
il faut de complaisance pour cela. Sa mère et
moi, nous vous en remercions bien
Ce qui augmentait l'inquiétude des parents
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rien reçu de lui !
« Il a eu tort, écrit avec un peu d'
notre amour pour lui ? Si loin, c'eût été cependant bien doux pour nous de recevoir de
ses nouvelles. » Et à la pensée de cet enfant
qu'il n'a pas embrassé depuis si longtemps,
l'attendrissement le gagne. Il faut que l'
par le souvenir, et on demande au cousin que
Charles fasse faire sa miniature par le
nécessaire. « Ce sera toujours pour eux un
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exagération blâmable » ont fortement blessé
son oncle ; bref, il est républicain et M. le
Maire n'entend pas que son neveu le
fectation et pose, et de dépenses exagérées
de toilette, et d'achats excessifs de livres. Il
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</center>
y a lieu de signaler enfin certains
tout la ''demoiselle'' qu'on lui avait annoncée.
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été si ''pure'', le mot est souligné dans une lettre
du 5 mai 1838 ; son caractère « si égal, si poli
avec tout le monde », qu'ils en sont
de voyage de Charles avaient tous « chanté
ses louanges » ; sa de uceur, son affabilité, son
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dans la société. Je n'en reviens pas, écrit M.
Leconte de l'Isle. Je m'y perds. Quant à sa
timidité, ou plutôt son caractère froid et
le temps, les femmes, la société le changeront
peut-être. »
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</center>
l'Isle, ses idées en politique exagérées au-delà de toute expression et tu es assez bon
enfant pour me demander comment j'ai pu
lui en inculquer de pareilles. Eh morbleu ! je
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jeunes gens. Cette exaltation de pensée tient,
comme chez les jeunes gens de son âge, à sa
jeune organisation ; ses idées religieuses
qu'il sait mieux soutenir son paradoxe. »
Certainement, le père ne prêtend pas
«impardonnable à son âge, mais il veut plaider la cause de son enfant, » lui conserver
l'affection de son oncle dont il a tant besoin ;
et, d'ailleurs, avec les années, tout cela s'
Il est clair qu'en défendant le jeune Charles,
M. Leconte de l'Isle veut éviter surtout de
moitié à toutes les accusations dont on charge
son fils. Il avait meilleure opinion de lui et
cette bonne opinion se trouvait encore confir-
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que M. Leconte de l'Isle dut se tenir à quatre
pour ne pas rabrouer son farouche cousin, il
serait à désirer quelle fût vraiment un
oncle de Charles étant « atteints de cette
infirmité, » quoi d'étonnant à ce que Charles
en souffrit également ? Aussi son père lui avait-il bien recommandé de ne jamais travailler le
soir, sans être éclairé par « deux grosses chandelles. » Ses économies de bouts de chandelle
« seraient contre lui. » Quant aux dépenses
exagérées, ne faut-il pas que sa chambre soit
bien située, bien aérée, les meubles simples,
mais en quantité suffisante ; sa mise
« constamment soignée. » Quant aux livres,
que M. le Maire soit juge de ce qui est utile ?
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bien ! »
Parti de Bourbon, le 11 mars 1837,
Charles Leconte de Lisle avait gagné Dinan,
où sa famille l'attendait. De Nantes, il avait
annoncé son arrivée « en cinq mots », et de
Dinan, il adressait à sa
Au commencement d'octobre, son oncle et
sa tante le conduisaient à Rennes pour y
chambre, dans la partie basse de la ville, au
bord de la rivière, non encore canalisée, au
n° 4 de la rue des Carmes. En dépit des
Rennes », ce qui avait déterminé le choix,
c'était le voisinage d'un parent des Leconte,
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Cet « oubli » contrariait vivement M. Le-
conte de l'Isle. « Il n'eût pas manqué d'y
robe, dont la société ne pouvait manquer de
lui être utile et la connaissance avantageuse. »
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Hélas ! c'était trop tôt parler de robe et de
magistrature ; il fallait d'abord, avant de faire
sont droit, obtenir le diplôme de bachelier ès-lettres, et les choses n'allèrent pas toutes
seules de ce côté. Cette formalité n'est pas
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sans ennuyer M. Leconte de l'Isle, qui n'en
comprend pas la nécessité. « Je compte sur
ton aide, écrit-il à son cousin, et sur tes
ridicule examen de baccalauréat. Je viens de
voir qu'il était essentiel d'être bachelier avant
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admis à prendre la première inscription de
Droit, il fallait encore, « autre sottise de ce
gouvernement, » pour être admis au
de l'Isle avait omis de munir son fils, au départ, de l'attestation nécessaire. Il fallut écrire
à Bourbon et l'année fut prise par ces difficultés.
Charles avait déjà fait en France un premier
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ans. »
D'autre part, je liens de M. Auguste Lacaus-
sade, compatriote du Maître et son collègue à
Ligne 1 005 ⟶ 880 :
la Bibliothèque du Sénat, que « Leconte de
Lisle et lui étaient élèves de la pension
bien voulu m'adresser les renseignements suivants dont je le
remercie :
Ligne 1 023 ⟶ 897 :
l'assertion de Leconte de Lisle, quant à son
âge, et lire qu'il arriva à Nantes, vers six ans,
— ce qui paraît plus naturel, d'ailleurs,
Et maintenant, le Maître a-t-il étudié au
collège de Dinan ? Une lettre de lui écrite à
Rennes, à la date du 12 janvier 1838, et dont
un extrait m'a été adressé par M. Rellier-Dumaine, le montre occupé à faire « démonter
entièrement pour remporter, » un grand bureau qui taisait partie de son mobilier de
Rennes, cherchant le moyen d'expédier ses
malles à Dinan et prenant soin « de payer
Ligne 1 042 ⟶ 912 :
</center>
tout » avant son départ, selon la
Il est probable que, prévoyant les difficultés
Ligne 1 063 ⟶ 932 :
C'est à cette époque qu'il faudrait rapporter
les témoignages tournis en faveur de son
l'''Hermine'', tome XVII, page 179.
Ligne 1 096 ⟶ 963 :
avaient dirigé ses études, avant qu'il les eût
continuées avec lui. » Enfin on voulut bien
passer sur ce manque « des formalités
qu'on lui faisait faire, » et lui permettre de
passer l'examen, les premiers jours de
Quels étaient ces maîtres, non désignés
d'une manière spéciale ? On s'en tira « d'une
manière générale » en inscrivant, au lieu du
nom de ces maîtres, sans
pension Brieugne, la mention : « Élève du ''
Tout conspirait d'ailleurs, contre ce pauvre
baccalauréat et « quelques difficultés » sem-
<center>
Ligne 1 117 ⟶ 981 :
blent être venues du candidat lui-même.
Charles se montrait peu soucieux de s'y
préparé d'avance, il ne crût inutile de peiner
sur des bouquins classiques, Déjà se
Ce serait la peinture qui aurait motivé sa
Ligne 1 131 ⟶ 992 :
Deux artistes de Paris, amis de son ami
Cliquot, l'avaient invité « à faire avec eux une
petite tournée » ; ce dernier l'engagea à
seul. Charles consentit à l'accompagner « certain de pouvoir revenir de suite » mais le
manque d'argent les retint en route et notre
étudiant en rupture d'études dut faire « treize
Ligne 1 196 ⟶ 1 055 :
Il le fut, en effet, le 14 novembre 1838, et
voici le certificat qui lui fut délivré en atten-
dant le diplôme,
COLLÈGE ROYAL DE RENNES
Je soussligné, proviseur du Collège Royal de
Commission du baccalauréat, certifie que l'elève
Leconte de l'Isle, né à Saint-Paul (de Bourbon), a été
Ligne 1 216 ⟶ 1 074 :
de Lisle. Je les ai copiées sur le registre du
baccalauréat de la Faculté des Lettres. Elles
ne manquent pas, sur certains points, de
Les voici :
Ligne 1 244 ⟶ 1 101 :
Voilà ! Maintenant, mélangez ces ''assez bien'',
ces ''médiocre'', ces ''passable'', ces ''suffisant'', ces
''faible'', et ces ''très faible'', vous avez le
d'Horace, le curieux de toutes les histoires
et de toutes les géographies, le philosophe,
Ligne 1 259 ⟶ 1 115 :
le jeune bachelier ne se plaignit pas. Si les
notes étaient « sévères, » il ajoutait en riant
qu'elles étaient « justes ». Deux lettres
et décembre 1838). Fort peu prépaie à son
baccalauréat, il n'était pas sans crainte. « Heu-
Ligne 1 278 ⟶ 1 133 :
faire. » L'aveu est gentil, pour un garçon de
vingt ans, dans sa naïveté qui charme, et il
conclut : « La ville de Rennes me plaît
le théâtre, une chambre tranquille, commode
et point d'amis !!! Que demanderais-je de
Ligne 1 285 ⟶ 1 139 :
Ce jour même, 14 novembre 1838, Charles
Leconte de Lisle prenait sa première
les archives.
Ligne 1 303 ⟶ 1 156 :
</center>
est datée, par erreur sans
manquait encore à cette date, il ne figure pas
au de ssier de Leconte de Lisle. Fut-il
autres étudiants est soigneusement épinglé
avec les autres pièces qui les concernent ; un
Ligne 1 315 ⟶ 1 166 :
faut attribuer ces variantes d'orthographe du
nom sur les registres des deux Facultés et ce
sont ces variantes sans
cause des dernières difficultés pour le
Quoi qu'il en soit, le 14 novembre 1838.
Ligne 1 323 ⟶ 1 173 :
à la Faculté des Lettres de Rennes.
« Encore que Rennes ne soit pas
Houssaye dans son discours de réception à
l'Académie Française, Leconte de Lisle s'y
Ligne 1 330 ⟶ 1 179 :
vivait. »
La ''Civitas Rubra'', l'ancienne ville aux
« une ville enchanteresse ! » M. Henri Houssaye n'est pas le premier à décocher contre
<center>
Ligne 1 341 ⟶ 1 188 :
la capitale de la Bretagne un de ces traits
malicieux que nous recevons et recueillons,
nous autres Rennais, avec une souriante
auprès des écrivains et des artistes ne date
pas d'aujourd'hui !
Ligne 1 348 ⟶ 1 194 :
Ce sont les Angevins qui ont commencé.
Baldric, évêque de Dol, appelait Rennes « un
nid de scorpions et un repaire de bêtes
S. Ropartz dans ses ''Poèmes de Marbode'' traduits en vers
français.</ref>. » Son compatriote et ami
Ligne 1 355 ⟶ 1 200 :
aimables, une satire contre notre ville, qui
s'aggrave de cela qu'il fut évêque de Rennes
(on aimerait à croire que ce poème fut
écrite en vers catapultins<ref>M. Léon Ernault, dans son livre ''Marbode, sa vie et ses
œuvres'', cite tel vers de notre évêque :
Ligne 1 362 ⟶ 1 206 :
qui pourrait servir d'inscription sur sa catapulte dirigée contre
Rennes ou d'épigraphe à ce méchant poème.</ref>. M. Henry Houssaye,
qui est un vrai lettré, ne les lira pas sans
consonne d'appui et la de uble assonnance et
la triple répétition pourraient faire envie aux
Ligne 1 394 ⟶ 1 237 :
C'est une boutade, a dit un Rennais,
Alphonse Marteville (1), qui en a essayé une
traduction, et cet ami et contemporain de
qu'habitait le jeune étudiant en droit : « Qui
reconnaîtrait aujourd'hui (vers 1840) la ville
Ligne 1 501 ⟶ 1 343 :
a senti la nécessité. En reproduisant le poème
de Marbode dans l'édition de 1708, il écrivait :
''Ne Redonenses indigenas, tot nominibus et
Nous ne voudrions pas, nous aussi, blesser
nos compatriotes, non moins vertueux et non
moins illustres maintenant qu'au dix-huitième
siècle... et avant ! car ce ''nunc'' de Beaugendre
n'est pas sans impertinence pour les
bout cependant du chapelet des méchancetés
débitées contre Rennes et les poètes vraiment
ont abusé contre nous de leur droit à l'
Elle est encore d'un compatriote Breton,
d'un Morlaisien, Charles Alexandre, celle
<center>
Ligne 1 547 ⟶ 1 385 :
:Semblent des mâts noyés dans l'océan des bois.
Un Rennais, M. Raoul de la Grasserie,
pour sa ville natale :
Ligne 1 601 ⟶ 1 438 :
</center>
de son œuvre imprimée<ref>''Ait grand air'', poésies. </ref> ou inédite, le
mais de sa nature et surtout, — il n'a que cela
de commun avec M. de la Grasserie, — de son
Ligne 1 609 ⟶ 1 445 :
Son Thabor avec ses marronniers et ses
enfants, son Jardin des Plantes avec ses vieux
chênes et ses oiseaux, lui ont inspiré ses
Ah ! ce Thabor, Hippotyte Lucas aussi l'a
chanté dans ses ''Heures d'amour'', mais en
c'est elle qu'il suivait partout à travers Rennes
jusqu'à ''notre Musée''. Où M. Taine a vu des
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il cherche partout la bien aimée, et partout
il ne trouve qu'Elle; le reste est indifférent.
Les rues ou elle passe ne sont que ''vieilles'', l'
qu'elle franchit n'est que sombre.
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peu d'anachronisme dans cette admiration, la
régularisation de la place du Palais étant
toute moderne, mais le Palais, sans
méritait à lui seul cette stupeur élogieuse,
d'autant que le jeune voyageur était natif et
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quelque côté que vous tourniez vos pas, vous
rencontrez des allées verdoyantes ou des
embaumées. Aussi conçoit-on facilement, en
parcourant ses parcs publics, que Rennes ait
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Rennes qu'Évarisle Boulay-Paty, qui y fit son
droit, a écrit : « Pauvres villes, où point çà
et là un artiste inconnu, poète, peintre,
qu'elles sont tout à coup stupéfaites d'entendre proclamer grand homme, dans ce
Paris, le Capitale des Reaux-Arts ! Bonnes
gens de compatriotes, qui, après avoir
gueillissent de l'homme fait sans enthousiasme et qui, après avoir tenu l'aigle dans
leurs mains sans en reconnaître les plumes,
le voient avec étonnement planer haut et
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n'avez-vous pas profité du voyage fait pour
rester quelque temps dans la vieille ville qui
vous a inspiré des vers si jolis ? On aime,
passé ; on retrouve mille émotions dans les
lieux chéris autrefois. La belle jeunesse nous
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dit un de ses biographes, l'abbé Quérard, il
eût peut-être été l'un des plus grands poètes
de son siècle, » Mais, par modestie, sans
comme saint Mathurin qui aurait pu être le
Bon Dieu et ne voulut pas, le Vénérable Mont-
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Il est vrai que le souvenir du Canal est as-
socié par Boulay-Paty aux souvenirs chers « de
sa mère et de sa
:Elle, ma
Et, la rime y aidant un peu, — chez Boulay-
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de nos jours pour la seconde fois.
:Le beau qui meurt, poète, à tes pleurs
Et les pleurs de Boulay-Paty n'ont pas man-
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80 BRETONS DE LETTRES
taient sans
Manet a photographiés dans nos rues. Voyons
maintenant ce qu'il pense des Rennaises ; un
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Quant aux leçons d'histoire, il en aime l'étude,
ajoutait M. Leconte de L'isle ; une Faculté des
Lettres étant établie à Rennes, je ne
qu'il ne se rende à ces conférences avec plai-
sir. M. Salvandy a bien mérité de la patrie.
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que je suis, écrivait-il à la date du 10 juin
1839, silencieux que tu es toi-même, dans la
crainte sans
la tête, priant Dieu qu'il s'amende, plus en
état, à des distances pareilles, de pleurer,
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payé ça, mon cher confrère ? vous vous êtes
Et j'entends encore Leconte de Liste, me rapportant sa ré-
ponse, qui prenait des proportions épiques
- Confrère ! Confrère !… Le misérable ! riche comme il est
et poète comme il n'est pas !</ref> et dont la postérité ne connaîtra
jamais sans
diens, seuls, ont de ces honneurs-là ! — je ne
sais si on a retrouvé la flûte dont retentirent
les échos de sa chambre d'étudiant à Rennes,
et certaine pipe et certaines lunettes. Et ce-
pendant flûte, pipe et lunettes, car c'était une
pipe et des lunettes alors, ont joué un rôle
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Un de ses premiers ennuis lui est venu de
ces lunettes et de cette pipe : il dut ses pre-
mières joies musicales, — ses dernières sans
doute, car il goûtait peu la musique vers la fin
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