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J’admets que l’on travaille en fabrique : je ne vois rien
J’admets que l’on travaille en fabrique : je ne vois rien
de mal à cela. Une fabrique peut souvent s’élever auprès de champs cultivés. Mais alors, que chaque ouvrier d’une fabrique ait à lui un jardin, ou plutôt qu’il y ait un jardin commun à tous. Le jardin ne nourrira pas tout le monde et l’ouvrier ne pourra sa passer de sa paye à la fabrique, mais qu’il ait au moins la joie de savoir que ses enfants croissent au bon air, sous des arbres, en pleine nature. Lui-même viendra se reposer dans son jardin après son travail. Qui sait si, plus tard, son jardin ne le nourrira pas ? Il n’y a pas à avoir peur des la briques.
de mal à cela. Une fabrique peut souvent s'élever auprès de champs cultivés. Mais alors, que chaque ouvrier d’une fabrique ait à lui un jardin, ou plutôt qu’il y ait un jardin commun à tous. Le jardin ne nourrira pas tout le monde et l’ouvrier ne pourra se passer de sa paye à la fabrique, mais qu’il ait au moins la joie de savoir que ses enfants croissent au bon air, sous des arbres, en pleine nature. Lui-même viendra se reposer dans son jardin après son travail. Qui sait si, plus tard, son jardin ne le nourrira pas ? Il n’y a pas à avoir peur des la briques.
Pourquoi ne les construirait-on pas au milieu de jardins ? Je ne sais pas comment tout cela se fera, mais il faut que cela arrive. Il faut un jardin. Les enfants ont besoin de l’odeur de la terre pour croître ; le pavé n’a rien de vivifiant. Il faut que les enfants sortent, en quelque sorte, de la terre comme de petits Adam, et il ne faut pas qu’à neuf ans, quand ils ont encore besoin de jouer, on les envoie dans un atelier malsain se dévier la colonne vertébrale au-dessus d’un métier et s’abrutir à adorer la stupide machine devant laquelle le bourgeois se met à genoux ; il ne faut pas que, dès cet age, on les expose à la corruption des fabriques, auprès desquelles Sodome et Gomorrhe étaient des lieux innocents. Si je vois quelque part le germe d’un meilleur avenir, c’est chez nous, en Russie. Pourquoi ? Parce qu’il y a, en Russie un principe demeuré intact dans le peuple, à savoir que la terre est tout pour lui, qu’il tire tout de
Pourquoi ne les construirait-on pas au milieu de jardins ? Je ne sais pas comment tout cela se fera, mais il faut que cela arrive. Il faut un jardin. Les enfants ont besoin de l’odeur de la terre pour croître ; le pavé n’a rien de vivifiant. Il faut que les enfants sortent, en quelque sorte, de la terre comme de petits Adam, et il ne faut pas qu’à neuf ans, quand ils ont encore besoin de jouer, on les envoie dans un atelier malsain se dévier la colonne vertébrale au-dessus d’un métier et s’abrutir à adorer la stupide machine devant laquelle le bourgeois se met à genoux ; il ne faut pas que, dès cet age, on les expose à la corruption des fabriques, auprès desquelles Sodome et Gomorrhe étaient des lieux innocents. Si je vois quelque part le germe d’un meilleur avenir, c’est chez nous, en Russie. Pourquoi ? Parce qu’il y a, en Russie un principe demeuré intact dans le peuple, à savoir que la terre est tout pour lui, qu’il tire tout de