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quelques mots qui voulaient dire que lui seul avait un pardon à implorer, et que, quand même elle aurait la bonté de lui faire grâce, il ne se pardonnerait jamais à lui-même sa conduite sacrilège envers elle et envers ce généreux Anglais qu’il avait offensé. Quand les premiers élans de sa joie furent un peu calmés, M. Falkland lui parla en ces termes :

« Comte Malvesi, j’éprouve un plaisir extrême d’avoir pu ainsi, par des moyens pacifiques, désarmer votre ressentiment et assurer votre bonheur ; mais je dois vous avouer que vous m’avez mis à une rude épreuve. Mon humeur est tout aussi fière et tout aussi peu endurante que la vôtre ; je ne serais pas toujours aussi sûr de la contenir ; mais j’ai considéré que j’avais le premier tort ; vos soupçons étaient mal fondés, mais ils n’étaient pas déraisonnables. Nous nous sommes trop permis de jouer sur les bords du précipice. Connaissant la faiblesse du cœur humain et les usages actuels de la société, je n’aurais pas dû rechercher avec autant d’assiduité cette personne enchanteresse. Il n’y aurait eu rien d’étonnant qu’ayant tant d’occasions de la voir, et faisant le précepteur avec elle comme je l’ai fait, je me fusse trouvé pris au piège avant de m’en apercevoir, et qu’il se fût glissé dans mon cœur des sentiments que je n’aurais pas été le maître de vaincre. Je vous devais donc une réparation pour l’imprudence de ma conduite.

» Mais les lois de l’honneur sont rigoureuses, et il y avait à craindre qu’avec tout le désir que j’ai d’être votre ami, je ne me visse obligé d’être votre