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esprit ; je n’avais eu que très-peu de commerce avec les hommes ; mais, dans ma résidence actuelle, mille motifs d’intérêt et de curiosité m’excitaient à étudier le caractère de mon maître, et je trouvais là un vaste champ pour mes conjectures et mes réflexions.

Il était impossible de mener une vie plus retirée et plus solitaire que la sienne. Les lieux de divertissement, les amusements ordinaires du monde n’avaient aucun attrait pour lui ; il évitait les lieux de réunion, et ne paraissait pas chercher un dédommagement de cette privation de la société dans les épanchements de l’amitié. Il semblait absolument étranger à tout ce qu’on nomme communément les plaisirs. À peine le voyait-on quelquefois sourire, et cette teinte de mélancolie qui annonçait les pensées douloureuses de son âme, ne l’abandonnait pas un seul instant. Cependant le fond de son caractère ne paraissait pas porté à une morosité misanthropique. Il était compatissant et rempli d’égards pour les autres, sans jamais, sortir toutefois de son maintien froid et réservé. Son extérieur et sa conduite étaient faits pour intéresser vivement tout le monde en sa faveur ; mais les démonstrations affectueuses qu’on aurait été tenté de lui faire, semblaient repoussées par l’air froid de son abord et son impénétrable réserve.

Tel était en général M. Falkland ; mais son humeur était extrêmement inégale. Cette disposition maladive, qui lui donnait en tout temps une habitude de sombre méditation, avait ses paroxysmes