« Poètes et romanciers modernes de la France/Charles Loyson, Jean Polonius, Aimé de Loy » : différence entre les versions
Contenu supprimé Contenu ajouté
mAucun résumé des modifications |
m Typographie |
||
Ligne 2 :
{{journal|Poètes et romanciers modernes de la France - Charles Loyson, Jean Polonius, Aimé de Loy|[[Auteur:Charles Augustin Sainte-Beuve|Sainte-Beuve]]|[[Revue des Deux Mondes]] T.22, 1840}}
La série entreprise, il y a quelques années, dans cette ''Revue'', un peu au hasard
::Tout prince a des ambassadeurs,
::Tout marquis veut avoir des pages,
et
Il y a plus : on peut, en thèse générale, soupçonner
Et
Pour M. Hugo, il récidive, et avec éclat assurément ; mais voilà tout. De trop ingénieuses, de trop brillantes et à la fois bienveillantes critiques ont accueilli son récent volume pour que nous nous permettions
Cependant la foule des survenans conquiert, possède de plus en plus le matériel et les formes de
Charles Loyson, né en 1791, à Château-Gontier, dans la Mayenne, fit ses études avec distinction au collège de Beaupréau. Il entra à
Sa renommée littéraire a souffert, dans le temps, de ses qualités politiques ; sa modération lui avait fait bien de vifs ennemis. Attaché à un pouvoir qui luttait pour la conservation contre des partis extrêmes, il avait vu, lui qui le servait avec zèle, ses patriotiques intentions méconnues de plusieurs. Cette fièvre même de la mort
::O Biran, que ne puis-je en ce doux ermitage,
Ligne 27 :
::Dans tes sages leçons apprendre à me connaître,
::Et, de ma propre étude inconcevable objet,
::De ma nature enfin pénétrer le secret !
::Lorsque mon ame en soi tout entière enfoncée,
::A son être pensant attache sa pensée,
Ligne 33 :
::Théâtre en même temps, spectacle et spectateur,
::Comment puis-je, dis-moi, me contempler moi-même,
::Ou voir en moi le monde et son auteur suprême ?
::Pensers mystérieux, espace, éternité,
::Ordre, beauté, vertu, justice, vérité,
::Héritage immortel dont
::
::Vous feront reconnaître à mes yeux incertains
::Pour de réels objets ou des fantômes vains ?
::
::
::Fier sceptique, réponds : je me sens, je me voi ;
::Qui peut feindre mon être et me rêver en moi ?
::Confesse donc enfin une source inconnue,
::
::
::Et pour te subjuguer
::Que peut sur sa lumière un pointilleux sophisme ?
::Descarte en vain se cherche au bout
::En vain vous trouvez Dieu dans un froid argument,
::Toute raison
::Il est une clarté plus prompte et non moins sûre
:Qu’allume à notre insu
::Et qui, de notre esprit enfermant
::Est pour nous la première et dernière raison.
Voilà, ce me semble, de la belle poésie philosophique,
::…… Tu cours les grandes routes
::Cherchant la vérité pour rapporter des doutes.
A M. Viguier, qui craignait de le voir quitter la poésie pour la prose polémique, il répond
::Diras-tu que jadis les affaires publiques
::Offrirent plus
::Juvénal, flétrissant
::Exhalait en beaux vers ses chagrines humeurs ;
::Je le sais ; mais tout change, et, de nos jours, pour cause
::L'''ultrà Sauromatas'' se serait dit en prose <ref> Ces deux vers sont volontiers cités, sans
Celui qui dès sa naissance <br />
Fut soumis à la puissance <br />
Ligne 75 :
Des combats fuyant la gloire, <br />
Aux fastes de la victoire <br />
A la voix de la Fortune,<br />
Il
Tenter les gouffres mouvans, <br />
Ni, sur la foi des étoiles, <br />
Livrer
A
::Sinon tu pourrais bien voir au Palais-Royal
Ligne 89 :
::Je mette de côté la rime et la césure
::Et déroge un moment à mes goûts favoris,
::
On pourrait multiplier les citations de tels traits ingénieux ; mais ses inspirations les plus familières en avançant, et pour nous les plus pénétrantes, sont celles où respire le pressentiment de sa fin.
::Vivite feliees, memores et vivite nostri,
::Sive erimus, seu nos fata fuisse velint.
::Quelle faveur inespérée
::
::Quel secourable Dieu, du ténébreux séjour
::Ramène mon ombre égarée ?
::Oui,
::
::La cruelle douleur, par degrés assoupie,
::Paraissait
::Et de ma pénible agonie
::Les tourmens
::Que comme dans la nuit parvient à notre oreille
::Le murmure mourant de quelques sons lointains,
::Ou comme ces fantômes vains
::
::Figure vaguement à nos yeux incertains.
::Vous
::Merveilles de crainte et
::
::Sur des bords inconnus je croyais entrevoir.
::Tandis que mon
::
::Et dans la vie enfin je rentre avec effort.
::Mais nul impunément ne voit de tels mystères,
::Le jour me rend en vain ses clartés salutaires,
::Je suis sous le sceau de la mort !
::Marqué de sa terrible empreinte,
::Les vivans me verront comme un objet de deuil,
::Vain reste du trépas, tel
::Qui fume encor près
::Pourquoi me renvoyer vers ces rives fleuries
::Dont
::Pourquoi me rapprocher de ces têtes chéries,
::Objet de tant
::Hélas ! pour mon ame abattue,
::Tous lieux sont désormais pareils.
::Je porte dans mon sein le poison qui me tue ;
::Changerai-je de sort en changeant de soleils ?
::
::Mes amis, il suffit : je suivrai vos conseils,
::Et je mourrai du moins dans les bras de ma mère.
Charles Loyson vit paraître les vers
::Te quoque Virgilio comitem non aequa, Tibulle,
::Mors juvenem campos misit ad Elysios.
A quelque distance, une pyramide de marbre noir entre les ifs rappelle le souvenir de Lucain, mort à vingt-six ans,
::…… Me solum invadite ferro,
::Me frustra leges et inania jura tuentem.
::…… Ah ! ne frappez que moi,
::Moi qui brave le crime et combats pour la loi.
Deux colombes sous un saule pleureur figurent les ''Baisers'' de Jean Second, mort avant sa vingt-cinquième année. On voit
::Dormez sous ce paisible ombrage,
::O vous pour qui le jour finit dès le matin,
::Mes hôtes, mes héros, mes semblables par
::Par les penchans, peut-être aussi par le destin,
::Dormez, dormez dans mon
Les trois articles suivans sont employés à
Charles Loyson salua la venue de Lamartine
Jean Polonius, à qui nous passons maintenant,
Aux diverses époques, les hommes du Nord ont eu cette facilité merveilleuse à se produire dans notre langue, mais toujours
La langue poétique intermédiaire dans laquelle Jean Polonius se produisit, a cela
::Réveille-toi, beau Luth ! entends du pin sauvage
::Frissonner les rameaux,
::Et
::De ces jeunes bouleaux.
::Seul, tu restes muet, et le vent qui
::De la cime des ifs
::A peine de ton sein tire par intervalle
::Quelques sons fugitifs.
::Le lierre chaque jour
::Et ses nœuds étouffans
::Par degrés chaque jour éteignent le murmure
::De tes derniers accens.
::Ah ! si la main de
::Ranimaient tes concerts,
::Avant que pour jamais les restes de ton ame
::
::Être selon mon cœur, hâte-toi,
::Viens si tu dois venir
::Hâte-toi ! chaque jour enlève à ma jeunesse
::Ce
Les seconds chants
Le style, le style, ne
::
Sans doute ; mais
::Ambrosiae que comae divinum vertice odorem
::Spiravere ; pedes vestis defluxit ad imos,
::Et vera incessu patuit Dea……….
Je veux voir, même au milieu des langueurs élégiaques, ce ''pedes vestis defluxit ad imos'', cette beauté soudaine du vers qui
Aimé De Loy a eu également plus de sensibilité que de style ; il est de cette première génération de poètes modernes, qui
::Me voici dans Rio, mon volontaire exil,
::Rio, fille du Tage et mère du Brésil.
::
::Mécène
::Et sous les bananiers, à mes regrets si chers,
::La fille des Césars <ref>
::Hélas ! que de chagrins le rang suprême entraîne !
::Que de pleurs contenus dans les yeux
::
::Elle me dit un jour : « Ce sol est un
::Elle
::Quel vent a moissonné la rose de
::Ah !
::
::
::Et les périls étaient mes plaisirs de poète.
::De
::Quelle mer
::Rouler au gré des vents et des lames sonores ?
::Et que sont devenus mes hôtes des Açores ?
::Enfans de Saint-François, sous
::Reparlez-vous encor du fils de
::Avez-vous souvenance, ô mes belles recluses,
::De ces vers lusitains échappés à mes muses ?
Il y a dans les vers de De Loy, souvent redondans, faibles de pensée, vulgaires
Revenu en France dès 1824, on
Il serait injuste
<center> LES REGRETS.</center>
::Malheur à
::Qui
::
::
::Le cœur est né pour ces échanges,
::Notre ame y double son pouvoir :
::Et pour nous, comme pour les anges,
::
::Le poète aimé
::Compte aussi des jours de douleur,
::Mais les pleurs sont le bain de
::Les beaux vers naissent de nos pleurs !
::Ah ! celui que
::
::Le malheur est une vieillesse
::Qui précède les cheveux blancs.
::La terre est un séjour
::
::Nous descendons le cours
::Où mille objets frappent nos yeux
::
::On ne
::Mais une voix
::Marche ! marche ! et tout disparaît.
Pardon, au milieu de cette période de
|