« Christel (éd. RDDM) » : différence entre les versions
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{{journal|Christel|[[Auteur:Charles Augustin Sainte-Beuve|Signé : S.-B.]]|[[Revue des Deux Mondes]] T.20, 1839}}
Durant
Après quelques légers changemens
Les deux personnes qui venaient occuper cette humble et assujettissante position, et passer de longues journées sans murmure à ces fenêtres monotones et en vue de cette grille de bois, étaient bien loin de
Il y avait deux mois environ que la mère et la fille remplissaient
Un jour, une après-midi, pendant que sa mère, au sortir du dîner, sommeillait dans son fauteuil, comme il lui arrivait souvent (et
Le comte Hervé était trop occupé de ce
Amour, Amour, qui pourra sonder un seul de tes mystères ? Depuis la naissance du monde et son éclosion sous ton aile, tu les suscites toujours inépuisés dans les cœurs et tu les varies. Chaque génération de jeunesse recommence comme dans Eden, et
::Ah !
::Aussitôt
::Et
::Où le Ciel, en naissant, a destiné les ames <ref> Molière, ''princesse
Dante, Pétrarque, ces mélodieux amans, ont pu noter
::Tout me vint de
::Au lieu
::
::Les tortueux délais
::La langueur irritante où se bercent les sens ;
::Tourmens moins glorieux, moins beaux, moins innocens,
::Mais plus réels au fond pour la moelle qui crie,
::
Chacun à son tour se croit le mieux aimant et le plus frappé. La jeunesse va penser que ces chers orages ne sont complets que pour elle ; attendez !
Pourquoi Christel aima-t-elle le comte Hervé ? Pourquoi du second jour
Ces lettres perpétuelles faisaient comme un feu qui circulait par ses mains et qui rejaillissait dans son cœur. Le courrier de Paris arrivait vers deux heures et demie, à
Elle
Quel était-il, cet amour qui occupait tant le comte Hervé, qui
On
Quand la correspondance allait bien, quand les cachets de Paris marquaient une ''pensée'' (car décidément, si royalistes
Mais si les lettres de Paris tardaient,
Oh ! si alors, un peu après, quelque pauvre jeune fille paysanne venait apporter, en la tournant dans ses mains, une lettre de sa façon pour un soldat du pays, et là remettait, pour
Vers ce temps, un jeune homme, fils
Pourtant ; depuis drs mois déjà que le comte Hervé venait plusieurs fois par semaine, il ne
::Sur ce pays si vert, en tous sens déroulé,
::Où se perd en forêts
Il y avait assez de monde le long de la route ; de loin on vit venir, à cheval, le comte Hervé ;
Que fait donc, à certains momens, le cœur, et quelles sont ses distractions étranges ! Absorbé sur un point et comme aveugle, tout à côté il ne discerne rien. Mille fois, du moins, dans ces vieux romans tant goûtés, on voit le page, messager
Christel avait
Comment donc oublier à son tour ? Comment se fuir elle-même,
::Dieux ! que ne suis-je assise à
Mais non, encore non ; sa cage la tient ; il faut
Six longs mois
La pauvre mère sommeillait-elle alors ? Elle se taisait dans son fauteuil du fond, et palpitait, à en mourir, autant que sa chère enfant. Que faire ? Plus souffrante depuis quelques jours, elle était dans une presque impuissance de se lever. Un mouvement brusque eût éclairé sa fille,
Une troisième fois, il revint, et il
Bien souvent, entre les sentimens humains qui se pourraient compléter et satisfaire dans un mutuel bonheur, il y a pour
Christel reprit ses sens avec lenteur ; elle vit, en rouvrant les yeux, Hervé près
Un singulier et touchant concert tacite
La dure saison ne fut cependant pas dénuée, pour eux,
::On
a dit un poète ; mais il est doux de se reconnaître, de faire pas à pas des découvertes dans une vie amie comme dans un pays sûr, de jouir jour par jour de ce nouveau, à peine imprévu, qui ressemble à des réminiscences légères
Hervé, certes, aimait Christel :
Le printemps revenait ; avril, dès le matin, perçait avec sa pointe égayée, et les rayons autour des bourgeons, et les oiseaux à la vitre, se jouaient comme au jour où Christel, il y avait juste un an, avait remarqué les lettres fatales pour la première fois.
Dès le lendemain, Hervé emmena la mère et la conduisit au château de sa famille, où tous les égards délicats, et de sa part un soin vraiment filial,
Et
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