« Souvenirs d’Écosse/Glasgow » : différence entre les versions

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::Of things in heaven and earth both thee to bless <ref> Le saumon qui habite la mer, le chêne majestueux qui s’élance de la terre, l’oiseau placé sur ses branches qui vole dans l’air, te présagent, ô Glasgow ! des prospérités sans nombre. Ainsi, tant que l’air, ou la mer, ou la terre fertile, donneront au poisson, au chêne et à l’oiseau, nourriture ou naissance, le ciel te donnera les biens les plus durables ; c’est ce qu’annonce la cloche qui appelle les fidèles à la prière. L’anneau est le gage du mariage des choses célestes et terrestres réunies pour te bénir.</ref>.
 
Pennant, qui visita Glasgow en 1769, nous apprend que cette ville était, de toutes les villes du second ordre qu’il avait vues, l’une des mieux bâties. A cette époque, Glasgow ne se composait encore que des quartiers de ''High Street'' <ref> Glasgow a son High-Street, comme Édimbourg, et la position des deux rues est analogue, c’est-à-dire inclinée du sommet à la base d’une longue colline, avec cette différence qu’à Glasgow l’inclinaison est de l’est à l’ouest, et à Édimbourg de l’ouest à l’est.</ref>, des quartiers de la ''Gallow-Gate'' et de la ''Trongate''. Le quartier de High-Street,
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High-Street, qui descend de la cathédrale à la Trongate, est le plus ancien de la ville ; il avait été bâti sur la pente rapide d’une colline et présentait, de cette façon, une plus facile défense contre les incursions des montagnards. Vers 1450, lors de la fondation de l’université, le nombre des habitans de Glasgow ne dépassait guère 1,700 à 2,000, et les maisons de la ville ne couvraient que le tiers de la colline, dominée par la cathédrale ; c’était, à peu de chose près, ce qui compose aujourd’hui la partie supérieure de High-Street. En 1484 ; on éleva une église en l’honneur de la Vierge, à l’endroit où est aujourd’hui Tron-Church, et la ville fit quelques progrès de ce côté ; plus tard, elle offrit la forme d’une croix dont High-Street était la branche supérieure, le marché au sel la branche inférieure, et la Trongate et la Gallow-Gate les branches latérales. Dans le siècle dernier, après l’heureuse tentative de Patrick Gibson, l’accroissement de la ville fut rapide ; la sécurité, produite par la paix et le désarmement des clans des montagnes permit aux habitans de descendre dans la vallée. Glasgow commença donc à s’étendre le long de la rive droite de la Clyde. Vers la fin du dernier siècle, et au commencement de celui-ci, son étendue devint prodigieuse ; deux grandes villes neuves, l’une vers le nord, l’autre vers l’ouest, furent accolées à l’ancienne ville ; l’une d’elles, la ville de l’ouest, fut une ville de commerce ; les négocians n’y eurent guère que leurs comptoirs et leurs fabriques, et s’établirent surtout dans la partie la plus occidentale de ce nouveau quartier. La ville du nord, bâtie sur le penchant de plusieurs collines inclinées vers le midi, fut le quartier aristocratique. C’est là que s’établirent les gens qui avaient fait fortune, les professeurs et la noblesse des environs. Les grands commerçans y avaient leurs maisons, où ils venaient se reposer le soir des ennuis de la fabrique et du comptoir. Une partie de la ville de l’ouest, la plus voisine de la rivière, fut aussi habitée par les marins, les employés de la navigation et les gens du port ; cette partie de la ville longe la Clyde au-dessous du New-Bridge sur une étendue de plus d’un mille. Le New-Bridge, qui conduit au ''New-Glasgow'', sur la rive gauche de la Clyde, est un pont construit en fer et ressemble en grand au pont des Arts à Paris.
 
La ville vieille s’élève en amphithéâtre sur le penchant d’une colline située à l’est de la ville manufacturière. La plupart des maisons situées dans les rues étroites, qui se groupent au sommet de la colline, sont bâties en encorbellement, comme les maisons du vieux quartier d’Édimbourg Ces maisons, dont quelques-unes sont d’une haute antiquité, ne semblent se soutenir que par miracle sur leur base étroite et vermoulue ; la cathédrale, le ''Town-Hall'' et les bâtimens de l’université les dominent fièrement de leurs masses solides et imposantes.
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On se figure aisément le désespoir de miss Flora, quand elle eut connaissance de la condamnation de son amant. N’écoutant que sa passion, elle alla trouver le magistrat auquel elle fit généreusement l’aveu complet de son amour pour Dixon, lui racontant comme à un confesseur toutes les circonstances de leurs entrevues nocturnes. « Il ne peut être coupable, s’écriait-elle en sanglottant, car toute cette nuit du vol, il l’a passée à mes côtés dans ma chambre ; j’étais près de l’ouverture de la haie quand il est entré dans la maison, et, quand il m’a quittée, je l’ai reconduit jusqu’à cette ouverture que j’ai refermée moi-même avec des branchages. »
 
Le magistrat écouta froidement cette déclaration de la jeune fille, « Vous aimez Dixon, lui dit le juge, il est naturel que vous vouliez le sauver, mais la justice ne peut admettre une déposition que dicte évidemment la passion : nul autre que Dixon n’a pu s’introduire dans la maison de votre père et commettre ce vol. Il est coupable, il l’a avoué ; justice sera faite ! , Miss Flora se retira en proie au plus violent désespoir, décidée à ne point survivre à son amant. Le ciel voulut que vers ce temps-là deux fameux voleurs fussent arrêtés et condamnés à mort, comme Dixon, pour divers vols commis avec effraction dans d’autres quartiers de Glasgow. Après leur condamnation, ils furent renfermés dans le même cachot que Dixon. Enchaînés chacun dans un coin de la prison, ils ne pouvaient ni s’approcher, ni se toucher, mais ils pouvaient se parler. Les nouveaux venus furent étonnés de l’extrême jeunesse et de la bonne mine de leur compagnon. Ils l’interrogèrent, et celui-ci leur raconta naïvement son histoire, que les malfaiteurs écoutèrent avec un singulier intérêt. - Comment ! tu es là pour le vol commis dans la maison du vieux Fraser P lui dit l’un d’eux quand il eut achevé. - Oui, c’est là mon seul crime. - Il serait plaisant de le laisser pendre, ajouta l’un des deux voleurs. - Il serait plus plaisant encore de montrer à ses juges combien ils sont stupides. - Que voulez-vous dire ? reprit le jeune homme. - Que nous seuls avons commis le crime, pour lequel tu es condamné, et pour lequel tu dois être pendu. - En vérité ! Oh ! par pitié, sauvez-moi ! - Volontiers, d’autant mieux que cela ne nous fera pas pendre une fois de plus ; mais cependant à une condition. - Laquelle ? - A la condition que tu rachèteras nos corps que Nichol le bourreau a sans doute déjà vendus aux chirurgiens de Glasgow. - Je vous le promets. - Et qu’ensuite tu feras dire deux messes catholiques pour chacun de nous ; car nous sommes Irlandais et bons catholiques. – Je vous
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vous le promets encore. - C’est bien ; maintenant appelle le geôlier : qu’il avertisse le magistrat, et nous allons tout lui dire.
 
Les deux misérables racontèrent en effet comment eux-mêmes avaient commis le vol dans la maison de Fraser, et avec des détails si précis, faisant même connaître l’endroit où une partie des objets volés étaient encore cachés, qu’il fallut bien les croire ; on s’empressa de mettre Dixon en liberté ; on lui offrit toutes les consolations et toutes les réparations possibles. Dixon ne demanda qu’une chose : l’abolition de la question. L’opinion publique se prononça avec tant d’énergie à l’appui de sa demande, que la cour de justice de Glasgow s’exécuta de bonne grace, et renonça pour jamais à l’emploi d’un moyen dont l’évènement venait de démontrer l’abus.