« La Princesse de Clèves (édition originale)/Quatrième partie » : différence entre les versions

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Monſieur de Nemours penſa expirer de douleur en préſence de celle qui luy parlait. Il la pria vingt fois de retourner à madame de Clèves, afin de faire en ſorte qu’il la vît ; mais cette perſonne luy dit que madame de Clèves luy avoit non ſeulement défendu de luy aller redire aucune choſe de ſa part, mais meſme de luy rendre compte de leur converſation. Il fallut enfin que ce prince repartît, auſſi accablé de douleur que le pouvoit eſtre un homme qui perdoit toutes ſortes d’eſpérances de revoir jamais une perſonne qu’il aimoit d’une paſſion la plus violente, la plus naturelle & la mieux fondée qui ait jamais été. Néanmoins il ne ſe rebuta point encore, & ii fit tout ce qu’il put imaginer de capable de la faire changer de deſſein. Enfin, des années entières s’étant paſſées, le temps & l’abſence ralentirent ſa douleur & éteignirent ſa paſſion. Madame de Clèves vécut d’une ſorte qui ne laiſſa pas d’apparence qu’elle pût jamais revenir. Elle paſſçait une partie de l’année dans cette maiſon religieuſe, & l’autre chez elle ; mais dans une retraite & dans des occupations plus ſaintes que celles des couvents les plus auſtères ; & ſa vie, qui fut aſſez courte, laiſſa des exemples de vertu inimitables.
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