« Les précurseurs Italiens - Massimo d’Azeglio » : différence entre les versions

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Avec ces impatiences de vivre et ces gaîtés de jeune homme, Massimo d’Azeglio était au fond une de ces natures bien douées qui ne sont pas faites pour s’émousser dans les plaisirs vulgaires, qui se forment et mûrissent vite. Il tenait de sa mère la bonne grâce, il avait reçu de son père une droiture instinctive, le sens du devoir et de l’honneur. Son intelligence était vive; les événemens se multipliaient et trouvaient en lui une âme franche, un esprit ouvert. L’éducation du jeune officier fut rapide. Comme tout le monde à Turin, il avait eu l’enthousiasme du premier moment de la restauration, il avait vu avec joie disparaître le régime français et renaître l’indépendance piémontaise; mais, sans être un grand politique, avec la vivacité de la jeunesse, il ne tardait pas à être choqué de tout ce qu’il y avait de mesquin et de puéril dans cette
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restauration qui semblait n’avoir d’autre pensée que d’effacer quinze ans d’histoire, dans cette exhumation de vieilles choses, de vieux bonshommes et d’un bigotisme suranné. « Mon enthousiasme du jour où sur la place Château je vis paraître le roi, dit-il, s’était infiniment refroidi, et ma sympathie pour tout ce système avait disparu entièrement. » Une chose surtout dans cette restauration froissait ses instincts d’équité naturelle. Lorsqu’il se voyait, lui officier imberbe, à côté de vieux soldats qui venaient de Moscou ou qui avaient bruni au soleil de l’Andalousie, et qui, pour rentrer dans l’armée piémontaise, avaient été obligés de perdre un grade, il était mal à l’aise, et il se sentait humilié lorsqu’il voyait ces vieilles moustaches commandées par des majors et des colonels qui ne savaient pas manœuvrer trois hommes, qui étaient réduits à réciter les commandemens militaires un papier à la main. Il avait le sentiment d’une injustice sociale et d’un ridicule. « La conséquence pour moi, dit-il, fut que je conçus une haine profonde pour la noblesse que je voyais au premier rang dans le gouvernement. » Il se désespérait naïvement d’être noble. De là à l’aversion raisonnée de tout privilège et au sentiment de l’égalité civile il n’y a qu’un pas.