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n’ait sa charge ; les aristocraties du moyen-âge, qui ressemblaient fort peu à ce que l’on appelle les hommes de loisir, payaient en protection, à la société, et de leur propre sang, le pouvoir dont elles jouissaient.

L’ancien régime, en France, enlevait au travail, sous forme de fêtes religieuses, une bonne partie des jours de chaque année. L’exercice des droits politiques, y compris les devoirs de garde national et de juré, est loin d’exiger les mêmes sacrifices ; et d’ailleurs ne faut-il pas des lacunes, du repos dans le travail ? L’homme est-il une machine qui puisse fonctionner sans interruption ?

L’expérience prouve que le dévouement, dans le corps électoral, ne vient ni des plus riches ni des moins occupés. Si l’on se hâte aujourd’hui de faire fortune, ce n’est pas pour avoir le temps ni le droit de veiller au bien de l’état. Les enrichis tendent au repos. Ils veulent jouir en paix de leurs revenus, et échangent rarement, de gaîté de cœur, les soins domestiques contre les soucis du pouvoir.

Il ne faut pas repousser, il faut même appeler l’intervention des gens riches dans l’état. Mais qu’il soit bien entendu que, loin de posséder en propre quelque supériorité dans le maniement des affaires, ils se trouvent généralement destitués de cette force d’ascension qui est le grand titre de la démocratie.

La démocratie en France est maintenant une force régulière également propre à la guerre et à la paix. Elle est initiée aux vertus du gouvernement comme aux mystères de la science ; tout cela est tombé dans le domaine public, au moyen de la liberté de la presse et de l’égale admissibilité aux emplois. Pourvu que l’on ne descende pas au-delà des limites où se sont arrêtées les lumières, on peut donc étendre sans inconvénient le droit électoral.

Une bonne loi électorale est une question de statistique à résoudre. Elle se réduit à savoir combien il y a d’hommes dans le pays, capables de savoir ce qu’ils font en nommant un député. Mais comme la capacité politique n’est pas directement saisissable, on la présume à quelques signes ou garanties, de moralité et d’instruction. La propriété, l’industrie, les professions libérales, voilà les signes de la capacité dans le monde moderne ; et tout système d’élection qui ne les réunira point, péchera par sa base, quel que soit, d’ailleurs le nombre des, électeurs. En n’admettant qu’une seule classe dans, le corps électoral, l’on crée une nation officielle, une