« Le Bec en l’air/La Vaniteuse Localité » : différence entre les versions

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— Mais enfin, mille tonnerres de cré tonnerre, vous commencez à me raser, avec vos grands hommes !... Est-ce ma faute, à moi, s’il n’est jamais né le moindre grand homme dans notre pays !
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Quelques édiles s’étaient mis en tête d’ériger sur la principale place de Bizemoy une statue, ou tout au moins un fort buste.
 
D’autres, peu exigeants, se seraient, à la
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rigueur, contentés d’une bonne plaque commémorative.
 
On avait mis M. le maire en demeure de découvrir un grand homme né natif de Bizemoy-sur-Loreille, mais M. le maire n’avait rien trouvé du tout.
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— Je ne vous dis pas, ripostait le pauvre maître ; mais, moi, je ne connais aucun grand homme né chez nous, et j’avoue ne pas m’en désoler autrement. Une ville peut très bien se passer de statues.
 
— De statues, peut-être, mais de plaques commémoratives ! Il m’est pénible, à moi,
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citoyen de Bizemoy-sur-Loreille, de penser que ma localité ne possède même pas une plaque commémorative, une de ces plaques comme on en rencontre parfois sur des maisons dans de petites bourgades de sept ou huit cents habitants !
 
— C’est, en effet, intolérable ! appuya la majorité turbulente du Conseil.
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Le seul personnage vaguement notoire originaire de Bizemoy était un nommé Poncelet, qui fut gouverneur de Carcassonne sous Henri IV.
 
Malheureusement, ce personnage ayant un
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beau jour livré la ville à l’armée belge (contre une petite somme d’argent), peut-être ne convenait-il pas de perpétuer la mémoire de ce gentleman dont, d’ailleurs, la femme avait eu une fâcheuse tendance à se mêler de ce qui ne la regardait pas.
 
La population de Bizemoy-sur-Loreille fut atterrée : pas même une plaque commémorative à coller quelque part !
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À Bizemoy-sur-Loreille, vivait, en une coquette
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petite maison de la rue Saint-Michel, un vieux général de brigade en retraite, le général Dumachin (Jean-Baptiste-Auguste), un de ces héroïques débris qui, à l’instar du colonel Ramollot, ne se consolent pas de voir le gouvernement s’obstiner à recruter l’armée dans le civil.
 
Ce vieux brave était venu là vivre tranquillement de sa retraite.
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La foule s’écarta, respectueuse.
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Et le maire, sans un mot, mais avec une émotion visible, dirigea, de son doigt tendu, le regard du général vers une plaque de marbre fraîchement vissée au-dessus de la porte.