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Bardous et qui chantent la louange et le brime en s’accompagnant sur des instruments semblables aux lyres ; ils ont des philosophes et des théologiens très honorés qu’ils appellent druides. Ils ont aussi des devins, qui sont en grande vénération. Strabon mentionne que chez tous les peuples celtiques presque sans exception se retrouvent trois classes d’hommes qui sont l’objet d’honneurs extraordinaires, à savoir : les bardes (bardoi), les vates (ouateis) et les druides (druidai). César ne nous parle que des druides (druidae).
Les noms de barde et de druide sont conservés dans les langues celtiques. L’ancienne Irlande connaissait trois ordres de lettrés : les bardes, bard, les druides drui, druad, et les filé. Ces derniers qui sont à la fois devins, juges et poètes étaient répartis en diverses classes d’après le nombre d’histoires épiques qu’ils pouvaient raconter. Les noms de barde et de druide n’ont pas trouvé une explication satisfaisante dans les langues celtiques. Il est probable que les auteurs grecs qui écrivent drouidai ont transcrit le nom latin druidae. L’étymologie par le grec drus, chêne, qui faisait des druides « les hommes des chênes » a tenté bien des écrivains depuis Pline l’ancien
Quant aux autres noms donnés par les auteurs de l’antiquité, aucun ne semble celtique ; semnothéos est un adjectif grec que l’auteur regardait évidemment comme une explication de druidès ; euhages semble être l’adjectif grec eu-agês « vénérable » synonyme de semnothéos ; ouateis, dont on a fait en français ovates est tout simplement une transcription grecque du latin vates.
Les druides, pour les auteurs de l’antiquité, constituent une des classes d’hommes qui sont le plus honorés chez les Celtes. Ils ne se confondent ni avec les bardes, ni avec les devins, ni avec les vates. Les bardes sont des poètes auteurs de panégyriques ou de satires ; ils chantent sur la lyre les exploits des héros
Au sens large, on comprend sous le nom de druides à peu près tous les hommes à carrière libérale. « Dans toute la Gaule, nous dit César, il y a deux classes d’hommes à compter et à être honorées : l’une celle des druides, l’autre celle des chevaliers ». Tandis que les chevaliers constituent l’élite de l’armée gauloise, les druides ne vont pas à la guerre et sont exempts de tout service militaire. Ils prennent part à l’exercice du pouvoir public aussi bien que les chevaliers : ainsi Diviciacus qui, à ce que Cicéron nous apprend, était un druide, mène une vie assez peu différente de celle de son frère Dumnorix qui n’était pas druide, et est très mêlé aux affaires politiques de son temps. Il ne s’agit donc pas d’une classe sacerdotale, à plus forte raison, comme on l’a dit, d’un clergé gaulois. César parle dans un passage des sacerdotes
Pour désigner, à l’époque gallo-romaine, les prêtres affectés aux cultes locaux, il y avait un mot qui est sans doute celtique, gutuater. Les inscriptions nous apprennent qu’il y avait à Mâcon un gutuater de Mars et à Autun des gutuater du dieu Anvalos. La confusion du gutuater et du druide n’est faite que chez Ausone, qui d’ailleurs se sert dans un autre passage, pour désigner un prêtre de Belenus, de l’expression Beleni aedituus
L’institution druidique n’était pas originaire de Gaule. Elle avait été, pensait-on, créée en Grande-Bretagne et de là avait été transportée en Gaule. Les Gaulois qui voulaient la connaître plus à fond se rendaient le plus souvent de l’autre côté de la Manche. Nous n’avons aucun renseignement ancien sur le druidisme de Grande-Bretagne. Le druidisme irlandais seul peut donner matière à des rapprochements avec les notions que nous fournissent les écrivains de l’antiquité sur les druides de la Gaule. D’après César, qui semble parler des druides en général plutôt que des druides de son temps, les druides remplissent des fonctions religieuses, éducatives, judiciaires, politiques. Nous allons les étudier successivement sous ces divers aspects.
Les fonctions religieuses des druides consistaient : surtout à assister aux cérémonies et à s’occuper des sacrifices publics et privés
La divination était au nombre des sciences qu’ils pratiquaient. Diviciacus annonçait l’avenir tant par l’observation des oiseaux que par conjecture
A l’époque de Pline, la magie est en grande faveur en Gaule, et les druides, dont il interprète le nom par magi, sont pour lui des sortes de sorciers et de féticheurs dépositaires de secrets magiques et de recettes médicales. Ce sont les druides gaulois qui prétendent que le lycopodium selago préserve des accidents et que la fumée en est utile pour toutes les maladies des yeux. Ce sont eux qui regardent le gui du rouvre comme sacré. Enfin ils ont indiqué les prescriptions à remplir pour s’emparer de l’œuf de serpent. Il faut le jeter en l’air, le recevoir sur une saie avant qu’il ait touché à terre ; s’enfuir à cheval, car les serpents poursuivent jusqu’à ce qu’ils rencontrent un cours d’eau.
Tout cela doit être fait à une certaine époque de la lune. Cet œuf fait gagner les procès et donne accès auprès des souverains. Toutefois Pline rapporte qu’un chevalier du pays des Voconces qui en portait un dans sa tunique fut, sans motif, mis à mort par l’empereur Claude
Si les sacrifices et la divination sont dans l’antiquité deux pratiques religieuses importantes, les secrets magiques, dont au temps de Pline les druides sont les dépositaires, étaient laissés à des sorciers peu estimés. Comment concilier l’idée que les druides étaient des philosophes à la fois physiciens et moralistes avec le rôle assez méprisable que leur fait jouer Pline le naturaliste ? On peut sans doute s’expliquer cette contradiction en tenant compte de la différence des dates. Entre l’époque de César et celle de Pline se placent le règne de Tibère qui supprima les druides : Tiberii Caesaris principatus sustulit druidas eorum et hoc genus vatum medicorumque
Les druides d’Irlande nous apparaissent surtout comme des magiciens, et des prophètes. Ils prédisent l’avenir, ils interprètent les volontés secrètes des fées, ils jettent des sorts. A l’aide de formules et d’incantations, ils peuvent trouver l’endroit où se cache une personne, accabler un ennemi de toute sorte de maux, faire lever entre deux armées un brouillard épais, faire tomber de la neige, changer le jour, en nuit, rendre grosse une femme stérile. Ils connaissent les breuvages qui font oublier. Ils ont le pouvoir d’imposer des obligations, geis, dont il est impossible de s’écarter et rendre tabous certains objets. Ces geis sont très divers ; tantôt c’est un guerrier qui reçoit la défense de dire son nom à un adversaire ; Mael Duin ne peut emmener trois compagnons en sus d’un nombre déterminé par un druide ; il était interdit à Noïsé de venir en Irlande, en temps de paix sauf avec trois hommes : Cûchulainn, Conall et Fergus. Fergus avait reçu pour loi de ne jamais refuser une invitation et de ne pas quitter un festin avant qu’il ne fût terminé. Cûchulainn était obligé de ne jamais passer près d’un foyer sans s’y arrêter et y accepter à manger ; il lui était interdit de manger du chien. Les prédictions des druides ont pour objet tantôt la naissance, la gloire ou les malheurs futurs d’un enfant ; l’effet meurtrier d’une arme une vengeance dont un vaincu menace son vainqueur.
Il est rarement question de sacrifices en Irlande ; toutes, les mentions d’offrandes aux dieux ont été, semble-t-il, supprimées des textes irlandais ; mais on trouve dans les gloses le mot gaélique qui signifie victime et sacrifice et dans une Vie latine de saint Patrice, il est dit qu’à la Fes Temrach ou « Festin de Tara » non seulement les princes de tout le royaume, les grands et les chefs de provinces, mais aussi les maîtres des druides, druidum magistri, s’assemblaient pour immoler des victimes aux idoles. Aux funérailles d’un chef on tue, sur la tombe ses animaux ; c’est le même usage que chez les Gaulois du temps de César
Mais quel rapport offrent les prodiges de contes populaires que nous venons de rapporter avec l’ancienne religion des Celtes ? Les druides irlandais se meuvent tantôt dans un monde de féerie où l’imagination du conteur crée les prodiges les plus incroyables ; tantôt dans une société peu civilisée où les pratiques de sorcellerie semblent tenir lieu de toute croyance religieuse. Le fétichisme n’y occupe guère de place sans doute parce que les rédacteurs chrétiens des épopées irlandaises en ont fait disparaître tout ce qui pouvait rappeler l’idolâtrie. Peut-être la religion des Gallo-romains a-t-elle quelques traits communs avec cet ensemble de superstitions qu’avaient conservé les Irlandais des premiers siècles de notre ère. Il est peu probable que les druides du temps de César n’aient été comme leurs confrères d’Irlande que des sorciers et des faiseurs de prestiges. Le druide Diviciacus, en tout cas, ne différait guère, semble-t-il, pour la culture intellectuelle, des Romains instruits de son temps.
Les druides étaient les éducateurs de la jeunesse gauloise. Attirés par leurs privilèges, dont le principal était l’exemption des impôts et du service militaire, beaucoup de jeunes gens allaient s’instruire auprès d’eux. Les uns y venaient de leur plein gré, les autres y étaient envoyés par leurs parents et leurs proches. Qu’y apprenaient-ils ? César ne le sait que par ouï-dire. On disait que ces jeunes gens avaient à retenir de mémoire un grand nombre de vers. Aussi quelques-uns restaient-ils une vingtaine d’années à s’instruire. Les druides pensaient que les matières de leur enseignement ne devaient pas être confiées à l’écriture. Le principal point de leur doctrine était que l’âme ne périt pas et qu’après la mort elle passe d’un corps dans un autre. Une foule de questions sur les astres et leurs mouvements, sur la grandeur du monde et de la terre, sur les lois de la nature, sur l’action et la puissance des dieux immortels faisaient partie de leurs doctrines et de leur enseignement
Les anciens avaient été frappés des analogies que présentait la doctrine des Grecs sur l’immortalité de l’âme avec l’enseignement de Pythagore. Aucun d’entre eux pourtant ne dit que les druides eussent eu des rapports avec Pythagore, ou ses disciples. Diodore de Sicile emploie les expressions « l’opinion de Pythagore prévaut chez eux, [chez les Celtes] »
L’enseignement druidique, qui fut en grande faveur tant que la Gaule resta indépendante, ne survécut pas longtemps à la conquête. Un sénatus-consulte, sous le règne de Tibère, supprima les druides, sustulit Druidas
Officiellement supprimés, les druides pendant quelque temps continuèrent à enseigner dans les forêts. L’ouverture des écoles romaines d’Autun
Chez les Irlandais, les druides sont entourés de nombreux disciples. Cathbad avait auprès de lui cent hommes qui sous sa direction apprenaient le druidisme, druidecht. Dans une des légendes hagiographiques rattachées à la vie de saint Patrice, deux druides sont chargés de l’éducation des deux filles du roi Loégairé. En quoi consistait l’enseignement druidique ? Une glose du Senchus Mor, recueil de jurisprudence irlandaise, nous apprend que les druides irlandais disaient que c’étaient eux qui avaient fait le ciel, la terre, la mer, le soleil, la lune, etc., et il est possible que ce soit là le dernier mot de cette cosmogonie druidique dont, sans la connaître, on s’est plu à vanter la profondeur scientifique. De plus, les druides enseignaient la magie, et les seuls écrits que la légende leur attribue sont des caractères oghamiques gravés sur quatre baguettes d’if qui servaient à des pratiques de divination. Quant à la doctrine de l’immortalité de l’âme, qui était généralement admise en Irlande avant le christianisme, il ne semble pas qu’elle fût spécialement enseignée par les druides irlandais. Les druides sont réputés les plus justes des hommes
M. d’Arbois de Jubainville a fait remarquer qu’il était naturellement impossible que les druides connussent de toutes les contestations publiques ou privées qui s’élevaient en Gaule. De plus, aucune des contestations entre Gaulois qui sont mentionnées dans le De bello Gallico n’est soumise au jugement des druides. Il est probable que César, reproduisant des textes plus anciens, parle ainsi d’un état social qui n’existait déjà plus à l’époque de la conquête des Gaules. On peut d’ailleurs faire remarquer que la juridiction des druides n’était pas obligatoire et qu’il n’y avait sans doute à se rendre une fois l’an à l’assemblée tenue sur le territoire des Carnutes que les plaideurs qui n’avaient pu s’accorder par aucun autre moyen. Toujours est-il que rien de semblable n’a été signalé en Irlande, et que ce sont les filé et non les druides qui interviennent dans les causes judiciaires.
Le rôle politique des druides dans l’ancienne Gaule nous est peu connu ; c’est seulement chez Dion Chrysostome que nous trouvons exprimée l’assertion que les rois ne peuvent rien décider sans les druides et qu’il serait juste de dire que ce sont eux qui commandent et que ces rois assis sur des trônes d’or, habitant de magnifiques demeures, sont leurs ministres et les serviteurs de leur pensée
Le meilleur commentaire du texte de Dion Chrysostome se trouve dans une épopée irlandaise intitulée l’Enlèvement des vaches de Cualngé. Cûchulainn le héros d’Ulster, après avoir essayé de repousser à lui tout seul l’invasion des hommes de Connaught, est grièvement blessé ; il se voit alors forcé d’envoyer prévenir le roi Conchobar et l’armée des Ulates du danger qui les menace. Le messager arrive en vue de la forteresse et s’écrie : « On tue, les hommes, on enlève les femmes, on emmène les vaches, ô habitants d’Ulster » ! Mais il n’obtient pas de réponse. Il va sous les murs de la forteresse et renouvelle son appel : «On tue les hommes, on enlève les femmes, on emmène les vaches, ô habitants d’Ulster ! » Et personne ne lui répond. Alors il s’avance encore ; il s’arrête sur la pierre des hôtes dans la forteresse et il répète : « On tue les hommes, on enlève les femmes, on emmène les vaches», et c’est alors seulement que le druide Cathbad ouvre la bouche : « Qui donc tue les hommes, qui enlève les femmes, qui emmène les vaches ? » Car, explique le narrateur, telle était la règle en Ulster : défense aux Ulates de parler avant le roi, défense au roi de parler avant son druide.
Un des sujets qui ont le plus passionné ceux qui, en l’absence de renseignements suffisants, essayaient de restituer le druidisme à l’aide des seules ressources de leur imagination est celui des druidesses. Velléda, qui a donné son nom à une des figures les plus dramatiques des Martyrs de Chateaubriand, est une prophétesse de Germanie
Il semble bien que cette histoire ne soit qu’un résumé de quelque récit fabuleux comprenant beaucoup d’éléments empruntés à l’histoire de Circé. Remarquons de plus que le nom de druidesse n’y est pas prononcé. Si nous n’acceptons qu’avec réserve le témoignage de Mela sur les vierges de Sein, nous ne trouvons qu’au IIIe siècle en Gaule des prophétesses appelées dryades. L’une aurait prédit en gaulois à Alexandre Sévère sa fin prochaine
Chez les Irlandais, il n’y a pas de druidesses, mais seulement des ban-filé qui comme les filé étaient à la fois devineresses et poétesses.
Une question importante, et dont l’étude constitue la principale originalité du livre d’Alexandre Bertrand sur la religion des Gaulois, est l’organisation intérieure du corps druidique. César nous dit seulement que les druides ont un chef qui a sur eux l’autorité suprême
En Irlande, il n’est question ni d’un chef suprême, ni d’une hiérarchie, ni de corporations druidiques. Les druides agissent isolément ou par deux ou trois. Ils sont mariés et vivent en famille chacun dans leur maison. Dans une Vie de saint Patrice on lit qu’un jour dix druides vêtus de blanc se réunirent contre l’apôtre de l’Irlande ; rien n’indique que ces druides constituassent une association. A. Bertrand rapprochant le texte d’Animien Marcellin de l’organisation actuelle des lamaseries du Tibet a supposé que les affiliés du plus haut grade, les druides, étaient astreints à vivre en communautés, entourés de leurs disciples et des membres inférieurs de la corporation. Une pareille organisation entraînait de toute nécessité l’établissement de grands centres d’habitation. Comme les lamaseries de la Tartarie et du Tibet, ces espèces d’oasis religieuses auraient été le dépôt de vieilles traditions médicales et industrielles et un centre des lois civiles. Il y aurait eu dans ces communautés le mélange de doctrines d’un sentiment religieux et moral très élevé, source d’une vie cénobitique des plus sévères, avec des superstitions grossières, des pratiques barbares, un charlatanisme révoltant dont les chefs des lamaseries ont parfaitement conscience tout en se sentant impuissants à les détruire. Enfin de telles communautés auraient représenté en petit toute une société : prêtres, professeurs, architectes, artistes, musiciens, médecins, missionnaires. Les grands monastères d’Irlande, d’Ecosse et d’Angleterre qui semblent sortir de terre spontanément à une époque où la Gaule n’en possède pas encore, ne seraient que des communautés druidiques transformées par le christianisme. A. Bertrand remarque que dans ces monastères ce n’est pas la religion, ce sont les sciences, les lettres, ce qu’enseignaient autrefois les druides, qui sont surtout florissantes : on y sait non seulement le latin, mais le grec ; on y calligraphie avec un art qui n’a jamais été dépassé.
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Le druidisme est-il dans l’antiquité une institution isolée dont l’analogue n’existe point ? Il semble bien que chez les Gètes il ait existé quelque chose de semblable. Jornandès, citant les Gétiques attribuées à Dion Cassius, nous dit que Philippe de Macédoine ayant envahi la Mésie, quelques prêtres, de ceux que les Gètes nomment pii, vêtus de robes blanches, les harpes à la main, s’avancèrent à la rencontre de l’ennemi, en chantant d’une voix suppliante pliante des hymnes en l’honneur des divinités protectrices de la nation. Et les Macédoniens troublés par l’apparition de ces hommes sans armes firent la paix ét retournèrent chez eux. Cette intervention des prêtres gétiques rappelle le texte de Diodore qui nous montre les bardes ou les druides apaisant deux armées en présence et se jetant au milieu des épées tirées et des lances en arrêt.
Strabon nous apprend qu’un ancien esclave de Pythagore, un Gète nommé Zamolxis, revenu chez ses compatriotes, y attira l’attention des chefs par les prédictions qu’il savait tirer des phénomènes célestes et finit par persuader un roi de l’associer à son pouvoir. Un des successeurs de Zamolxis, Dicaineos, enseigna aux Gètes l’éthique, et la logique ; il leur apprit les noms et la marche des astres, les propriétés des herbes, et par sa science leur inspira une telle admiration qu’il commandait non seulement aux hommes d’un rang modeste, mais aux rois eux-mêmes. En effet, choisissant dans les familles royales des hommes à l’âme noble et à l’esprit sage, il les persuada de se vouer au culte de certaines divinités et d’en honorer les sanctuaires
La corporation religieuse établie chez les Gètes par Dicaineos, l’enseignement qu’il donnait, la mission civilisatrice qu’il remplit, tous ces faits sont-ils comparables aux collèges druidiques, à leur doctrine philosophique, à leur rôle social ? Nous ne pouvons l’affirmer. Comnme le druidisme, la doctrine de Zamolxis a été rattachée par les anciens à l’influence de Pythagore. Y aurait-il eu une diffusion chez les peuples les plus divers des doctrines pythagoriciennes, ou la doctrine de Pythagore ne serait-elle qu’un aspect particulier d’un grand mouvement d’idées qui aurait pénétré le monde civilisé six siècles avant l’ère chrétienne ?
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Ainsi, les renseignements précis sur les divinités celtiques nous font défaut, et il nous est impossible de déterminer avec sûireté l’origine des coutumes religieuses des Celtes, ainsi que la part d’originalité qui leur revient dans les conceptions sanguinaires ou spiritualistes auxquelles on a attaché leur nom. Mais ce dont nous pouvons être sûrs, c’est que dans les usages traditionnels et les superstitions locales de notre pays, il en est qui remontent à l’époque des Gaulois. Le culte des pierres, le culte du feu, la croyance aux vertus merveilleuses des plantes, le culte des eaux sont sans doute antérieurs à l’arrivée des Celtes ; saurons-nous jamais quels éléments nouveaux les Celtes y ont introduit ? Si l’on parvient à dater les faits, on peut moins facilement dater les idées qui s’échangent et se modifient sans cesse ; depuis qu’il y a des habitants en Gaule, les idées religieuses se sont perpétuellement transformées sans qu’on ait toujours fait table rase des anciennes croyances pour en adopter de nouvelles ; des symboles représentés sur des statues gréco-romaines ; des superstitions encore vivantes de nos jours peuvent atteindre aux premiers âges de l’humanité. Malheureusement, dans ce cimetière des religions passées, les inscriptions sont frustes, les tombes sont vides, les fosses bouleversées et nous ne savons rien, sinon que nous marchons sur la poussière des morts.
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