« Sur la teinture de Bestuchef » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
m typo
m rectification 400 --> 4 000
Ligne 14 :
Le général, à son retour à Paris , vendit, comme produit de son invention, cette teinture à un louis le flacon d'une demi-once, sous le nom dé gouttes d'or du général Lamotte, élixir d'or, élixir blanc.
 
Comme ce médicament acquit rapidement une grande célébrité, il fut bientôt en faveur à la cour, et en usage<ref>Outre cette teinture, le comte en donnait également une autre, sans couleur, sous le nom de Gouttes blanches : nous ne parlerons point de cette dernière , parce qu'elle n'était, comme nous le verrons plus bas autre chose que du bon éther muriatique.</ref> chez tous ceux qui pouvaient le payer; le Roi même accorda au général Lamotte le débit, exclusif du médicament , lui donna une pension annuelle de 4004 000 francs, et l'éleva au grade de major-général. Une récompense aussi brillante, un écrit qui parut en 1751 , et qui n'était rempli que d'attestations de guérison, le présent que fit Louis XV de deux cents flacons de celte teinture au Pape , alors malade de la goutte, présent porté à Rome par une personne de marque ; toutes ces choses ne firent que répandre encore davantage la réputation des fameuses gouttes , mais déterminèrent en même temps le comte Bestuchef à comparer la teinture de Lamotte avec la sienne. Il la trouva, quant à l'essentiel , de la même nature , mais la saveur plus âpre. Il vit aussi qu'elle déposait un peu d'oxyde de fer, parce que Lembke n'avait probablement pu donner toutes les manipulations à observer, ou parce que le général Lamotte avait voulu abréger le procédé.
 
Après la mort de ce dernier, plusieurs chimistes français s'efforcèrent inutilement d'imiter cette teinture recommandée comme spécifique dans les maladies des nerfs , les paralysies, les crampes, les rhumatismes, l'épilepsie , l'hypocondrie , etc., et qui avait déjà fixé depuis long-temps l'attention des chimistes, en ce qu'elle offrait un phénomène alors nouveau en chimie , celui de se décolorer au soleil, et de reprendre sa couleur jaune à l'ombre. Séduits par le prix exorbitant de cette teinture, tous étaient persuadés que c'était à l'or qu'elle devait ses vertus. Baume prétendit que la teinture blanche et la teinture jaune se préparaient en faisant une dissolution d'or dans l'acide nitro-muriatique : on précipitait l'or par la potasse , on dissolvait l'oxyde précipité dans l'acide nitrique , et l'on distillait avec l'alcool. La liqueur du récipient était la teinture blanche, et le résidu la teinture jaune. Comme on distribuait cette espèce de préparation pour la véritable teinture, ou gouttes d'or de Lamotte, cela explique pourquoi le directeur-margraff' de Berlin , et le Pharmacien de la cour de Pétersbourg ''Jean George Model'', reçurent, l'un et l'autre , un éther sulfurique tenant de l'or. Il est vraisemblable que Boerhaave avait opéré sur la teinture véritable; ce qui semble le prouver, c'est qu'il a essayé de l'imiter en faisant digérer de l'acide muriatique dulcifié sur du sulfate de fer calciné.