« Becerrillo » : différence entre les versions

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Cette remarque, quoique faite à l'occasion d'un passage de la'' Peau de chagrin'', ne s'applique pas certainement à l'auteur du livre; la seule chose que j'aie l'intention de lui reprocher ici, c'est de choisir si mal ses autorités, quand il fait une citation relative à l'Amérique. C'est dans les ''Recherches philosophiques sur les Américains'' qu'il a pris le nom de ''Bérécillo''. Or, je dois l'avertir que, de tous les écrivains soi-disant philosophes, M. de Paw est celui qui a réussi à comprimer dans le plus petit espace possible le plus grand nombre de faussetés.
 
''Bérécillo'' ! ah! monsieur de Paw, si, avant d'écrire sur les Espagnols, vous aviez pris la peine d'apprendre leur langue, vous vous seriez du moins épargné cette bévue, et vous auriez trouvé dans le mot correctement écrit une foule de renseignemens que vous n'y soupçonniez pas. Pour moi, sur cette seule donnée, je me rendrais garant de la force du chien comme de sa vaillance. Je ne craindrais pas d'affirmer qu'élevé loin des villes, il avait appris de bonne heure à supporter les fatigues et les privations, et qu'avant de combattre des hommes, il s'était mesuré maintes fois contre de sauvages taureaux. (1)<ref> ''Becerrillo'', diminutif de ''becerro'' qui signifie un jeune taureau, est un de ces noms que les pâtres, en Espagne, donnent fréquemment aux chiens qui veillent avec eux sur les grands troupeaux de bœufs. Becerrillo, comme son nom l'indique, avait été élevé pour les travaux champêtres, les circonstances en firent un conquérant. Son fils, au contraire, fut, dès l'origine, destiné an métier de la guerre et fut salué, à sa naissance, du nom de petit lion, Leoncico.</ref>
 
Pour tout ce qui se rapporte aux premières années de Becerrillo, comme pour ce qui tient à l'enfance du grand Pizarre, nous sommes réduits à de simples conjectures. L'histoire ne nous les montre tous les deux que guerroyant en Amérique; mais, à partir de cette époque, les détails ne manquent pas, et les chroniqueurs mêmes, contre leur ordinaire, ont pris le soin de nous laisser un portrait de l'un et de l'autre.
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« J'ai dit qu'il gagnait part et demie d'arbalétrier, et toutes les fois qu'il entrait en campagne, son maître touchait régulièrement cette solde. Mais c'était un argent qu'on regardait comme bien employé, car lorsqu'il marchait avec la troupe, chaque homme sentait qu'il en valait deux. Les Indiens, de leur côté, avaient beaucoup plus peur de lui que des soldats, et ce n'était pas sans raison, puisque connaissant tous les détours des chemins, et étant d'ailleurs fort légers à la course, ils pouvaient se mettre en un instant hors de la portée des Espagnols, tandis qu'ils n'avaient pas l'espoir d'échapper aux poursuites du chien.
 
Becerrillo a laissé dans l'île une race d'excellens chiens, et dont plusieurs ont marché sur ses traces (2)<ref> Il existe encore des descendans de Becerrillo dans l'île de Cuba, île qui, bien que découverte avant celle de Porto-Rico, ne fut soumise qu'un peu plus tard. Deux de ces chiens se voient aujourd'hui à Londres dans le jardin de la Société zoologique. Ils ont, comme leur célèbre aïeul, le museau noir de jais et le reste de la robe d'un beau roux foncé. Pour la forme générale du corps, ils ressemblent au dogue anglais, ''canis familiaris anglicus''. Leur tête est courte et rappelle assez celle du boule-dogue, sauf par le front, qui est plus élevé et indique plus d'intelligence; ils ont les narines partagées par un sillon profond, disposition qui leur est commune avec plusieurs races, chez lesquelles le sens de l'odorat est très développé. Les autres caractères distinctifs sont des oreilles tombantes et qui ne se redressent jamais, des lèvres pendantes recouvrant la mâchoire inférieure, une queue de longueur moyenne, grêle et recourbée en haut, un poil court et bien couché; enfin un cinquième doigt, plus ou moins développé, au pied de derrière.</ref>; j'ai connu à la terre ferme un de ses fils, appelé Léoncico, qui appartenait à l'adelantade Vasco Nuñez de Balboa, et qui gagnait aussi la solde d'un bon homme de guerre et parfois même de deux. On payait cette solde à l'andelatade en or et en esclaves, et je puis assurer, comme en ayant moi-même été témoin, que le chien a gagné à son maître, tant en solde réglée qu'en parts de prises dans diverses expéditions, plus de 500 castillans d'or. Aussi était-ce un animal de rare mérite et qui faisait tout ce que j'ai dit de son père.
 
« Pour en revenir à notre Becerrillo, il fut tué dans une affaire contre les Caribes, affaire où sans lui le capitaine Arango périssait avec tout son monde. Notre brave chien avait réussi, non sans peine, à dégager la petite troupe d'Espagnols, et déjà il se lançait à la poursuite des fuyards, lorsqu'au passage d'une rivière il fut atteint d'une flèche empoisonnée qu'on lui lança de l'autre bord. Il mourut presque sur le coup.
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« Amen. »
 
 
(1) ''Becerrillo'', diminutif de ''becerro'' qui signifie un jeune taureau, est un de ces noms que les pâtres, en Espagne, donnent fréquemment aux chiens qui veillent avec eux sur les grands troupeaux de bœufs. Becerrillo, comme son nom l'indique, avait été élevé pour les travaux champêtres, les circonstances en firent un conquérant. Son fils, au contraire, fut, dès l'origine, destiné an métier de la guerre et fut salué, à sa naissance, du nom de petit lion, Leoncico
 
(2) Il existe encore des descendans de Becerrillo dans l'île de Cuba, île qui, bien que découverte avant celle de Porto-Rico, ne fut soumise qu'un peu plus tard. Deux de ces chiens se voient aujourd'hui à Londres dans le jardin de la Société zoologique. Ils ont, comme leur célèbre aïeul, le museau noir de jais et le reste de la robe d'un beau roux foncé. Pour la forme générale du corps, ils ressemblent au dogue anglais, ''canis familiaris anglicus''. Leur tête est courte et rappelle assez celle du boule-dogue, sauf par le front, qui est plus élevé et indique plus d'intelligence; ils ont les narines partagées par un sillon profond, disposition qui leur est commune avec plusieurs races, chez lesquelles le sens de l'odorat est très développé. Les autres caractères distinctifs sont des oreilles tombantes et qui ne se redressent jamais, des lèvres pendantes recouvrant la mâchoire inférieure, une queue de longueur moyenne, grêle et recourbée en haut, un poil court et bien couché; enfin un cinquième doigt, plus ou moins développé, au pied de derrière.
 
LECACHEUX.
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