« Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 1.djvu/472 » : différence entre les versions

BnFBoT (discussion | contributions)
m Robot : initialisation de la page à partir de l’OCR BnF
(Aucune différence)

Version du 30 juillet 2010 à 03:03

Cette page n’a pas encore été corrigée

’442 LE MERCURE

prouvera que la chose n’en vaut pas la peine, et le philosophe ne se tuera pas.

Et il ira faire le tour du monde, pour donner aux enfants de sa maîtresse le temps de croître, et pour revenir ensuite être leur précepteur, et leur apprendre la vertu comme à leur mère. Et il n’aura rien vu dans le tour du monde.

Et il reviendra en Europe.

Et cependant le mari’de sa maîtresse, qui sait toute leur intrigue, fera venir le bel ami dans sa maison.

Et la femme vertueuse sautera à son cou à son arrivée, et le mari sera charmé et ils s’embrasseront chaque jour tous les trois; et le mari leur fera de jolies plaisanteries sur leur aventure, et il les croira devenus raisonnables, et ils s’aimeront toujours avec transports, et ils prendront plaisir à se rappeler leurs tendresses et leurs voluptés et ils se serreront la main et ils pleureront..

Et le bel ami, étant dans un bateau seul avec sa maîtresse, voudra la jeter dans l’eau, et se précipiter avec elle. Et ils appelleront tout cela de la ’philosophie et de la vertu. Et à force de parler philosophie et vertu, on ne comprendra plus ce que c’est que vertu et philosophie.

Et la vertu, selon leurs maximes, ne consistera plus dans la crainte et la fuite du danger; elle consistera dans le plaisir de s’y exposer sans cesse et la philosophie ne sera plus que l’art de rendre le vice intéressant.

Et la maîtresse du philosophe aura quelques arbres et un ruis- seau dans son jardin, et appellera cela son Elysée et personne ne pourra comprendre ce que c.’est que cet Elysée. Et elle donnera tous les jours à manger à des moineaux dans son jardin et elle veillera sur ses domestiques mâles et femelles, pour qu’ils ne fassent pas les mêmes sottises qu’elle. Et elle soupera au milieu de ses vendangeurs, et même elle en sera respectée et elle teillera du chanvre avec eux, ayant son amant à ses côtés.

Et le philosophe voudra teiller du chanvre le lendemain le surlendemain, et toute sa vie.