« Histoire et description naturelle de la commune de Meudon » : différence entre les versions

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« Parlons maintenant des corbeaux ; les corneilles y arrivent en bandes à la fin du mois d'octobre ; et, après avoir passé la journée en plaine, elles retournent coucher particulièrement dans le grand golis situé près de la Grange-Dame-Rose. Le plus grand nombre s'éloigne vers la lin de février, et il en reste fort peu pendant l'été ; pourtant il y en a qui ne quittent jamais la forêt de Meudon. Il ne m'est jamais arrivé d'y voir le véritable corbeau ; je n'y ai remarqué que la corbine, le freux et la corneille mantelée.
 
« II est inutile de dire que les pies, ainsi que les geais, sont très nombreux ; tout le monde sait que ce sont des oiseaux très nuisibles dont on ne saurait trop purger les forêts<ref>S'ils détruisent parfois le gibier, il n'en est pas moins vrai que, dans bien des circonstances, ils rendent de grands services à l'agriculture, en faisant leur proie habituelle des insectes ennemis de nos moissons, de nos vergers verger, etc. Le pastanrpasteur BréliimBréhim recommande expressément d'épargner les coucous , les mésanges, les pies, et même les fourmis rousses.</ref>. Le geai est on ne peut plus remarquable à l'époque de ses amours ; il n'est pas de cris d'oiseaux qu'il ne sache imiter pour plaire à la femelle ; je l'ai entendu contrefaire si bien la buse et le corbeau, que je m'y suis laissé prendre plusieurs fois. On peut dire qu'il faut beaucoup d'habitude pour n'être pas la dupe de ses galantes imitations.
 
« On voit aussi, principalement en hiver, beaucoup de pigeons-ramiers dans la forêt de Meudon, où ces oiseaux se rassemblent par bandes. Le jour ils vont dévaster les champs environnants, et le soir retournent percher sur la cime des grands arbres.Les tourterelles viennent aussi nicher dans la même forêt, mais elles disparaissent pendant l'hiver. Le coucou y arrive vers le 15 avril ; quoique assez craintif de sa nature, cet oiseau est rempli d'audace quand il entend les cris de sa femelle. On se sert de ce moyen pour les approcher à portée de fusil. Le coucou revient chaque année dans le canton qui l'a vu naître, et il est rare de voir plusieurs couples habiter les mêmes localités, d'où l'on peut inférer que cet oiseau est très jaloux. Il est bien vrai qu'il se sert quelquefois du nid des autres oiseaux, car j'ai recueilli un jeune coucou dans celui d'une fauvette.
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« Tels sont, je crois, à peu près les oiseaux propres à la forêt de Meudon. Il me reste à présent à parler des oiseaux de passage qui se rencontrent fréquemment sur les eaux de cette forêt. L'étang des Fonceaux étant sans contredit celui où l'on trouve le plus d'oiseaux aquatiques, je vais m'y attacher plus particulièrement.
 
« Je dirai d'abord qu'aucun oiseau n'y séjourne toute l'année. Au commencement d'avril , les judelles y arrivent en assez grand nombre, ainsi que les poules d'eau ; on y voit aussi une foule de plongeons ; quelques canards s'y rendent également à la même époque. Tous ces oiseaux y font leurs nids et y demeurent jusqu'au mois de septembre, si ce n'est le canard qui part aussitôt que les halbrans sont en état de voler. C'est au mois de septembre que la bécassine s'y rencontre souvent, et que les canards prennent l'habitude d'y venir coucher tous les soirs en masse. Ces palmipèdes m'ont paru assez intéressants pour entrer ici dans quelques détails à leur égard :
 
« Tous les soirs, à la brune, il en arrivait aux Fonceaux une cinquantaine qui y passaient la nuit, et le lendemain, dès la pointe du jour, ils se retiraient, je n'ai jamais pu savoir en quel endroit<ref>Quant à moi, je suis porté à croire que c'est dans les bras de la Seine formés par les îles Séguin et Billancourt au Bas-Meudon.</ref>. Il est pourtant bien certain que c'étaient les mêmes qui revenaient chaque soir ; car, ayant voulu en tuer quelques-uns, je les avais amorcés avec du mou de veau, et tous les soirs ils venaient s'abattre à l'endroit même où j'avais coutume de leur en jeter.
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« Nous n'avions jamais entendu dire que la grenouille fût susceptible de s'apprivoiser, de venir à la voix, de se laisser toucher, de prendre de la mie de pain, quoique jouissant toujours de la plus complète liberté dans un grand bassin, en compagnie d'autres grenouilles et de nombreux poissons de la Chine ; c'est cependant ce que j'ai été à même de voir un grand nombre de fois, ainsi que beaucoup d'autres personnes.
 
« Lorsque madame Panckoucke, dont l'amabilité ne le cède en rien au mérite de l'artiste-peintre, assistait au déjeuner de ses poissons dorés, une belle grenouille verte ne tardait pas à paraître et à se pavaner au milieu d'eux, en cherchant à leur disputer quelques miettes<ref>J'ai été moi-même témoin d'un fait exactement senblable dans la propriété de M. Joly, aux Capucins.</ref>. Madame Ernestine P....... 1'appelait-elle doucement, la ''batracienne'' venait au bord du bassin, y appuyait ses pattes de devant, et attendait qu'on voulût bien lui donner un peu de mie trempée ; elle se laissait alors toucher et caresser par les daines dans les mains desquelles elle se glissait volontiers ; enfin, on pouvait la sortir de l'eau et la transporter assez loin sans qu'elle parût s'inquiéter ni chercher à fuir. »
 
 
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Je dois aussi à M. Georges E........ la plupart des détails qui vont suivre concernant ces animaux.
 
« Ce sont principalement des carpes et des perches qui peuplent les étangs de Meudon ; dans celui des Fonceaux, on ne peut y prendre les premières à la ligne que du mois de février au 1<sup>er</sup> juin ; passé cette époque, les efforts du pêcheur deviennent inutiles. La perche mord à l'hameçon toute l'année. Dans l'étang de Vilbon, il n'y a que de petites carpettes qui n'atteignent jamais une grande dimension, soit que cela tienne à leur nature, soit plutôt que l'eau, selon l'avis d'un habile pêcheur, M. Dumont, ne convienne nullement à la carpe ; toujours est-il qu'elles passent pour être bossues. On y remarque aussi une foule de poissons rouges (''Cyprinus auraïusauratus'')<ref>Ces cyprins qui font l'ornement de nos bassins, les moins carnassiers des poissons et dont l'espèce est pour ainsi dire devenue domestique, paraissent posséder le sens de l'ouïe à un degré assez élevé. Lorsque madame Panckoucke, m'a également rapporté M. Guérin Bléneville, approchait de sa pièce d'eau pour donner à manger aux poissons et à sa grenouille favorite, à une distance d'où elle ne pouvait être vue, il lui suffisait d'appeler pour que la gent aquatique arrivât par bandes nombreuses, tandis qu'à toute autre voix elle restait indifférente.</ref>. Dans l'étang de Trivau, il y a beaucoup de brochets, de grosses carpes et de tanches ; tous les poissons y sont fort beaux. Dans celui des Écrevisses on trouve aussi de la carpe, du brochet, et ce qui est assez singulier, là où se montre ce poisson vorace et destructeur, il y a beaucoup de blanchaille. Dans l'étang Vert qui l'avoisine, on rencontre les mêmes poissons que dans celui de Vilbon, c'est-à-dire des carpettes, ce qui me porte à croire que telle est la nature de cette espèce de carpe, de rester rabougrie ; quelques tanches s'y voient de temps en temps ; mais généralement le poisson y est tort petit. »
 
Les habitants de Meudon rapportent qu'un brochet énorme, de la grosseur d'un enfant de douze ans, existait,il y a plusieurs années, dans l'étang de Trivau et acquit sous le sobriquet de ''Papa Hoche'' une certaine célébrité. Quelque nageur ayant sans doute disparu à cette époque dans le même étang, qui a toujours passé pour être dangereux à cause de sa grande profondeur et des hautes herbes qui en tapissent le fond et s'y entrelacent, de bonnes femmes ne manquèrent pas de s'en prendre au poisson-monstre que l'on accusa d'être friand de chair humaine. Des pêcheurs du Bas-Meudon accoururent et essayèrent durant plusieurs semaines de prendre ce Minotaure aquatique ; il échappa à tous les filets et hameçons qu'on lui lendit. Quoi qu'il en soit, il n'en fallut pas davantage, et l'on doit s'en féliciter, pour que tous les nageurs de la commune abandonnassent l'étang de Trivau et donnassent la préférence à celui de Vilbon ou à tout autre de la forêt moins environné de dangers.
 
D'après le nom de ''Canal des Truites'', que portait une pièce d'eau, située près de l'étang de Chalais, dans l'enclos du haras, il est à croire que les eaux de la forêt sont assez vives pour que des poissons de la famille des saumons puissent s'y plaire.
 
 
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La forêt deMeudon, par son étendue et ses nombreux étangs, attire trop d'insectes, pour que l'entomologie n'occupe pas une grande place dans un ouvrage semblable à celui-ci ; mais j'ai craint, en développant ce sujet, de dépasser les bornes que je m'étais imposées. C'est pour cette raison que j'ai renoncé à donner mes propres observations faites à Meudon, sur les mœurs des fourmis, principalement de la fourmi fauve<ref>Mémoire présenté à l'Académie des sciences en 1841, et imprimé dans les ''Annales des Sciences naturelles'', septembre 1842.</ref> ; sur le dommage que certains insectes, notamment le ''Scolytus pygmœus'', font aux ormes et aux chênes, et sur des moyens proposés pour les en éloigner<ref>Mémoire présentée la même Académie en 1842, et imprimé dans les ''Annales des Sciences'', janvier 1843.</ref> ; sur les métamorphoses de la cétoine dorée au sein des grandes fourmilières ; sur les étuis de Frigane, composés de graines odorantes d'Œnanthefistulosa''Œnanthe fistulosa'' ; sur la lumière phosphorescente du lampyre, etc.<ref>Mêmes annales, 1843.</ref>. Je me bornerai donc, dans ce paragraphe, à n'appeler guère l'attention que sur un insecte nouveau découvert par M. Guérin Méneville.
 
Ce naturaliste, qui a fait goûter quelques bons conseils à M. Panckoucke pour la formation de son intéressant musée des productions naturelles de Fleury et de ses environs, a observé, dans la propriété même de cet amateur distingué, plusieurs insectes qu'on n'avait pas encore rencontrés autour de Paris.
 
M. Guérina principalement découvert dans les serres aux ananas, un coléoptère nouveau, appartenant à un genre fort curieux, représenté jusqu'alors par une seule espèce. Ce genre, qui porte le nom de Mynneclùxenus''Myrmechixenus'', avait d'abord été signalé au fonds des fourmilières, par M. Chevrolat dans la portion de ces nids qui conserve toujours une température assez élevée. L'espèce nouvelle semble avoir besoin de vivre dans des conditions analogues, car la température des serres aux ananas est même beaucoup plus élevée que celle du fonds des fourmilières. M.Guérin Méneville a nommé cette nouvelle espèce Myrmechirariorum''Myrmechixenus vaporariorum''<ref>MyrhechixbnusMyrmechixenus Vaporarioruhvaporariorum. ''Oblongus, flavoferrugineus ; capite thorace elytris que crebre-punclatispunctatis ; corpore subtus antennis pedibusque pallidioribus.'' — L. 0002 : 1. 0,0003000 3/4.</ref> : il en a donné une courte description dans son remarquable journal intitulé : la ''Revue zoologique de la Société Cuviérienne'', 1843, page 23, et une figure accompagnée d'une description plus détaillée, dans les ''Annales de la Société Entomologique de France'', 2<sup>e</sup> série, t. 1, p. 65, pipl. 2, fig. 1, (1843).
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