« Histoire et description naturelle de la commune de Meudon » : différence entre les versions
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Grâce à ce que le soleil vient presque tous les jours dorer les coteaux de Meudon, et à la puissance d'un engrais connu sous le nom de gadoue que fournissent les rues de Paris, et qui, s'il fume bien la terre, ne parfume guère, il faut l'avouer, l'air du pays, on récolte, dis-je, du vin très convenable pour les personnes qui veulent s'exciter l'appétit. Il est très apéritif et possède un certain bouquet ou goût de terroir qui n'est pas à dédaigner ; avec du soin on en fait un vin clairet très agréable ; et, afin de rassurer mes lecteurs qui pourraient m'opposer celui de Surêne, je m'empresse de leur rappeler qu'au dire de Pline les vins de la Gaule ont été autrefois recherchés en Italie : c'est qu'à cette époque on visait moins à la quantité aux dépens de la qualité, qu'aujourd'hui.
L'olivier d'Europe (''Olea
::''Vous n'étalez pas moins d'appas,''
::''Ombrages chéris de Pallas !''<ref>''Ode'' précitée.</ref>
Cependant j'aime mieux supposer que ces ombrages chéris de Minerve ne sont autre chose que ceux des chênes consacrés à Jupiter, son père.
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Passons maintenant en revue les principaux arbres que la nature et la main des hommes ont disséminés sur tout le territoire de Meudon.
La belle propriété du général
Indépendamment de tous ces arbres résineux au feuillage invariable comme celui des palmiers, d'autres végétaux, encore plus étrangers qu'eux, y réussissent à merveille. Ainsi, l'on voit le tulipier du Japon, égaler presqu'en hauteur les arbres de la forêt, et se couvrir de larges corolles rougeâtres autour de la Mare-Adam, dont le centre est occupé par un cyprès chauve (''Taxodium distichum'') de l'Amérique septentrionale, que l'on a bien tort d'élaguer. Je n'ai pas besoin de parler des catalpas ; dans les jardins de Bellevue, ils confondent partout leurs larges feuilles avec les feuilles profondément digitées du marronnier ; aux thyrses panachés de ce magnifique végétal de l'Inde<ref>: 0h ! que j'aime à vous voir, bois aux larges feuillages <br /> :: Dont l'Inde embellit ses rivages!..
Comme partout ailleurs, on remarque dans la forêt de Meudon de très beaux chênes séculaires ; les plus remarquables se trouvent dans les lieux bas, et surtout près de la porte de Clamart ; mais rien n'égale celui de Doisu, connu aussi sous le nom de chêne de Henri III : c'est assurément l'un des plus anciens arbres de la forêt, si même il n'en est pas le doyen. A le voir isolé, on le prendrait pour un de ces chênes que les habitants de l'Épire consacraient à Jupiter. Il se trouve près d'un pavillon que Henri IV a habité, et qui s'est bien conservé jusqu'à présent, quoiqu'il ne soit cimenté que par un torchis, le plâtre n'étant pas connu à cette époque.
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C'est ainsi que, dans le violent ouragan qui eut lieu le 18 juillet 1841, une grande partie des baliveaux qui restaient d'une coupe voisine du carrefour du Belvéder, et exposés à toute sa fureur, furent déracinés, brisés ou renversés. La cause avait été si puissante, que les troncs de plusieurs de ces arbres, bien qu'ils fussent des chênes dans toute leur vigueur, étaient comme tordus sur eux-mêmes et réduits en lanières. Il y avait aussi deux ou trois chênes de grande dimension renversés, avec une motte de terre énorme qu'ils avaient entraînée dans leur chute.
Ayant eu l'idée de rechercher si les vents pouvaient laisser une empreinte profonde au sein même de la forêt de Meudon, j'en ai précisément acquis la preuve dans le voisinage du lieu où il avait abattu tant d'arbres. La forêt, sur ce point élevé de 164 mètres au dessus du niveau de la mer, et de 44 mètres seulement au dessus du pavé de Versailles, forme un cul-de-sac dont l'ouverture, dirigée du sud-est au nord-ouest, regarde cette ville ; et, pour le dire en passant, c'est précisément la direction que suivent en Europe les vents les plus violents et les plus constants. A mon grand étonnement, j'ai donc reconnu que les chênes, même les plus gros, épars sur le penchant occidental de cette vallée, se trouvaient dans les mêmes conditions que les arbres des côtes de la Manche exposés a toute la fureur des tempêtes ; en effet, leur tête, au lieu d'être pyramidale, s'infléchit et prend une forme que je ne saurais mieux comparer qu'à celle d'un bonnet phrygien , dont la pointe serait tournée vers la colline ; ou bien à celle d'un balai de bouleau qui aurait servi quelque temps dans le même sens, disposition surtout frappante dans les arbres des côtes ; l'action violente et prolongée des vents de nord-ouest sur ce point de la forêt, favorisée encore par la disposition de la vallée, est donc des plus manifestes. Nous avons eu occasion de constater nous-même en Islande et en Laponie<ref>Voyez pages 61 el 366 de la partie géologique et botanique du voyage en Islande el au
Puisque je me suis déjà permis de donner quelques conseils d'économie forestière, j'appellerai encore l'attention sur la terre de bruyère et l'arrachement des mauvaises plantes que son exploitation entraîne.
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* Phallus impudicus.
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Observation. Ce champignon, qui ressemble si bien par sa forme à la truffe, et connu aussi sous le nom de truffe jaune ou de truffe de cerf, parce que ces animaux la recherchent, dit-on, à l'époque du rut, a été récemment découvert par M. Chambellant, garde-général, dans la forêt de Meudon, en faisant défoncer une allée près du Mail ; il a été aussi recueilli le long des murs du clos de ce nom, par M. Loron jeune qui le cultive. N'oublions pas de rappeler que ce Sosie végétal déjà observé à Fontainebleau, au bois de Boulogne, et dans lequel beaucoup de personnes, qui ont horreur des champignons de couche, se plaisent, par une singulière contradiction, à ne voir qu'une véritable truffe
* Lycoperdum lividum.
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